Après la sortie de Decalogue of Darkness en 2018 (sans doute l’album le plus
poussé et le plus réussi de Daal), Alfio Costa et Davide Guidoni se sont retrouvés à
Rome en 2019 afin de mettre en route le prochain album de Daal. Une fois encore le covid est passé par là et a compliqué le processus créatif. Mais treize ans après ses début avec Disorganicorigami, Daal publie enfin son septième album studio, Daedalus. L’expression musicale de Daal a toujours comporté des thèmes sombres ou des descriptions de situations psychologiques difficiles. Même si elle est pleine d’influences littéraires, l’offre musicale du groupe est surtout instrumentale. La musique du Daal est personnelle, intime, mélancolique, évocatrice, parfois hypnotique et « désordonnée ». Elle est le résultat des sentiments de ses créateurs. Elle trouve toujours l’inspiration dans la réalité mais si elle en propose une vision le plus souvent fantaisiste.
Le groupe est toujours formé de Davide Guidoni à la batterie, Alfio
Costa aux claviers, Ettore Salati aux guitares et de Bobo Aiolfi à la
basse.
Le thème principal de l'album reprend bien sûr à son compte le mythe d’Icare avec ce comportement propre à l'Homme qui le pousse à dépasser ses propres limites, défiant ainsi les lois de la nature en se projetant dans l'inconnu. La recherche et l’expérimentation sans fin, caractéristiques fondamentales de la musique de Daal, trouvent un terrain fertile dans ce contexte. Avec Daedalus, les musiciens de Daal poursuivent leur voyage d’exploration en matière de composition avec en particulier un travail sur les contrastes et l'élaboration de fresques symphoniques sombres et mélancoliques. « Journey through the spiral mind, part 1 & 2 » est une suite divisée en deux parties qui ouvre et ferme l’album comme un cadre d’exploration sonore. Il s'agit d'un voyage musical à l’intérieur d’une spirale mentale avec l’idée qu'il doit sortir quelque chose de formel du chaos apparent entre matière, couleur et son. « Icarus Dream » est une réflexion sur le vol d’Icare, une métaphore de la volonté humaine qui dépasse les limites imposées par la nature ou, dans le cas de Daal, de sortir des frontières imposées par les schémas musicaux. « Labyrinth 66 » est une autre petite suite en deux parties, inspirée du labyrinthe de Cnossus. C’est une expérience de recherche sur le son informel et « fluide » dans la première partie, qui trouve sa propre forme dans la deuxième partie. « Painting Wings » est une vision de la musique exprimée en termes de couleurs, de lumières et d'ombres : "peindre ses ailes pour être ce qu’on veut être et se montrer comme on est vraiment, avant de voler ». « In my time of shadow » est une réflexion mélancolique toute simple sur notre existence et sur le sens de la vie : se regarder nu et être conscient de ses côtés sombres. « Minotaur » décrit par la musique le résultat de l’union monstrueuse entre Pasiphae et un taureau offert par Poséidon. « « Sunrise » et « Moonrise » représentent les deux éléments opposés de lumière, et de manière allégorique les contrastes et les similitudes de notre vie.
Daedalus est incontestablement un bon cru, un album empli de belles mélodies, d'ambiances prenantes et de soli enchanteurs, un album duquel semble sortir une forme de sagesse et de sérénité. Comme si les musiciens avaient trouvé la paix intérieur et s'étaient allégés au point de pouvoir enfin prendre leur envol.
La tracklist :
- Journey through the spiral mind, part 1
- Icarus dreams
- Painting wings
- Labyrinth 66, part 1 & 2
- In my time of shadow
- Journey through the spiral mind, part 2
- Minotaur (bonus track ltd. edition)
- Sunrise (bonus track ltd. edition)
- Moonrise (bonus track ltd. edition)
Vous pouvez écouter les 2 titres surlignés.