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jeudi 29 septembre 2022

Caravaggio

 

Mai 2022 : l'album complet de Caravaggio est enfin mis en ligne sur bandcamp. Le premier bon point est pour la couverture du disque même si je trouvais celle proposée en 2020, pour la sortie des deux premiers titres "Joyful Graveyard" / "Before my eyes", beaucoup plus avenante. J'attendais d'ailleurs beaucoup de ce groupe après ce ballon d'essai entendu il y a deux ans. Dès la première écoute, il est clair que ces musiciens jouent bien et que la production est excellente. On retrouve donc le hard prog racé de "Before my eyes" qui m'avait tapé dans l'oreille il y a deux ans. Le titre suivant, "Not on me", reproduit plus ou moins le même schéma avec un accordéon en arrière plan et juste quelques riffs de guitare métal en plus. Il semble que cette omniprésence de l'accordéon soit la marque de fabrique du groupe puisqu'il est encore de la partie sur la très belle chanson "Joyful Graveyard" aux accents West Coast. En parlant de belle chanson, il est évident que "Guernica" est une réussite totale avec ce délicieux rythme en 6/8 discrètement souligné par des castagnettes. J'avoue que le groupe me perd un peu avec "Healing the leaders" pour qui ressemble assez à une incursion dans le post rock. La transition avec "Unlike dolphins" est assez étonnante tant ce titre développe un côté avenant presque aguicheur mais dieu que le break central, beaucoup plus rugueux, a de la gueule ! L'instrumental "Pompéi", volontairement très axé folklore méditerranéen, est un pur moment de délice avec ses voix flottantes, mais il a aussi pour lui d'avoir été composé et arrangé (les cloches, les castagnettes, les voix) dans l'esprit de ce que faisait les grands compositeurs italiens de musique de films des années soixante et soixante dix pour les bandes son des westerns. Ecoutez ce morceau en fermant les yeux, je vous garantie un effet saisissant de retour dans le temps à cette période bénie. Je retrouve ensuite ce qui me plaît le plus avec ce groupe. "Comfortable" est un titre accrocheur très plaisant et, une fois encore, l'adjonction d'un accordéon folklorique, tout au long du morceau, est vraiment très réussie mais ce qui fait vraiment la différence dans ce titre, c'est bien cette couleur bluesy larvée apportée par la voix chargée de soul de  Vittorio Ballerio. "Fix you" pourrait me faire un peu le même effet que "Not on me" et "Unlike dolphins" à la différence près que ce qui est mis en avant dans ce morceau est avant tout le côté chanson avec un pouvoir magnétique en partie dû à la présence de Courtney Swain, l’emblématique chanteuse de Bent Knee. Et il faut bien dire que cette reprise n'a rien à envier à l'original de Coldplay avec peut être même un supplément d'âme en plus. Il y a enfin la dernière piste qui vaut vraiment le détour. "Life watching" est un titre efficace, tout en retenue,  avec un refrain imparable. Cette fois, c'est la flûte qui vient rehausser le morceau de quelques trilles virevoltantes alors que ce sont les lignes de basse qui servent de fil conducteur à ce titre haut de gamme. Fin de parcours sur une très très bonne et belle note. Je pense réellement que ce groupe propose des solutions mélodiques et harmoniques très intéressantes et parfois même originales, si l'on se place dans le cadre plus réducteur du prog italien. Je crois également que ce groupe a un  gros potentiel et qu'il a encore, et c'est heureux, une nette marge de progression, notamment en affinant et en affirmant son style. Caravaggio fait partie des rares groupes actuels italiens qui peuvent prétendre incarner l'avenir du RPI. Cet album nous permet d'attendre sereinement et avec confiance la suite.  

Le groupe : Vittorio Ballerio (chant), Fabio Troiani (guitares, mandoline, bouzouki, programmations), Marco Melloni (basse), Alessio Del Ben (batterie)

Participations de :
Courtney Swain (Bent Knee): chant sur " Fix You "
Guido Block: chant sur "Not On Me" 
Simona Aileen: chant sur "Guernica" et "Pompeii"
Erika Carretta: chant sur "Comfortable"
Antonio Zambrini: flûte sur "Life Watching"
Nadio Marenco: accordéon sur "Before My Eyes"
Mauro Poeda: accordéon on "Joyful Graveyard"
Carmine Turilli (Krayl Accordion): accordéon sur "Not On Me and Guernica"
Massimo Mescia: piano sur "Not On Me"
Alex Sandro La Bua: percussions 

La tracklist


1.



2.
Not On Me 03:36



3.



4.
Guernica 08:04



5.



6.



7.
Pompeii 02:28



8.
Comfortable 05:26



9.
Fix You 04:43



10.

dimanche 25 septembre 2022

Habelard2 : punti di vista

Toujours fidèle à son rendez-vous annuel, Sergio Caleca nous livre le résultat de ses travaux musicaux réalisés à nouveau en solo avec sa collection d'instruments. ses programmations et son studio virtuel. Car cette fois encore Sergio est seul maître à bord de A à Z, ce qui sous-entend que c'est lui qui joue de chacun des instruments que l'on entend. Entièrement instrumental, ce nouvel album mêle (je devrais même dire "dilue") une fois de plus les styles de musique qu'affectionne Sergio, à savoir la pop/rock, le jazz, le classique et le folk, le tout agrémenté de quelques discrets éléments électroniques.

Petit décodage des treize titres, une fois n'est pas coutume :

" Punti di vista" : ballade hypnotique en 5/4 avec un bouquet final dramatique. Les nombreux instruments utilisés entrent en scène les uns après les autres, un peu à la manière d'un Mike Oldfield (synthé, basse, guitares, flûte, Wurlitzer, harpe, vibraphone, Mellotron, piano, orgue, string ensemble), d'ailleurs la tonalité générale du morceau n'est pas si éloignée que cela des grandes œuvres aventureuses de l'Anglais. 
" Discrepanza" : morceau alambiqué en 11/8 puis en 6/4, construit sur un ostinato entêtant suivi d'un refrain, puis l’enchainement se fait en douceur (quelques accords de guitare servent de pont) avec l'arrivée d'un second thème, le tout est ensuite trituré et malaxé avec beaucoup d'adresse.
" La teoria del complotto " : petite fantaisie folk avec un côté médiéval prononcé encore accentué par les timbres de harpe, de violon et de flûte. La fin du titre est très romantique.
" Stringato nel dire " : suite assez logique du morceau précédent avec une couleur folk rock très proche. C'est en fait la deuxième partie du titre "Stringa" qui apparaissait sur l'album 20 anni dopo sorti confidentiellement en 1994. La part belle est laissée aux guitares acoustiques, ce qui donne évidemment une couleur très laid back au morceau.
" Eloquente " : titre également construit sur un ostinato joué d'abord au piano avec, au fur et à mesure que le morceau avance, de nombreuses interventions d'instruments, notamment à vent (flûte, hautbois, clarinette, basson) mais aussi des cordes (pour le côté dramatique) permettant de varier l'intensité de l'interprétation de cette pièce qui ressemble assez à une passeggiata au rythme pompeux.
" Spigolature" : morceau syncopé en 10/4 avec un thème joué à la  guitare électrique repris d'abord à la flûte puis aux claviers, notamment par un orgue Wurlitzer. Le titre tire en longueur permettant ainsi à Sergio d'amener quelques variations et de courts développements. 
" I sogni nel cassetto " : curieux morceau de pop romantique qui fonctionne en 3/4 avec un étonnant enchaînement d'accords (Do sus 2, Do mineur et Do majeur). La partie finale est un long decrescendo.
" Tergiversando " : morceau efficace et facile d'accès (rythme en 4/4) d'inspiration rock US sudiste de par les accords et les riff utilisés, une sorte de "Jessica" mais en plus lent et plus sage..et en plus italien !
" Turpiloquio " : le côté légèrement sautillant est donné par le rythme en 5/4. L'enchaînement répété de deux thèmes (avec le premier thème, à la ligne de basse caractéristique, joué alternativement sur deux hauteurs de ton) remplace l'habituel couplet/refrain, en jouant aussi beaucoup sur l'alternance entre le mode majeur et le mode mineur, jusqu'à la reprise finale. Le résultat est très entraînant et dégage en même temps un sentiment d'apaisement.
" La media ponderata " : une ambiance jazzy très soft, des accords plaqués par paires, Mi mineur avec La mineur, Ré avec Sol, un rythme tout simple en 4/4, une belle échappée pour le thème final rien de compliqué, mais çà fonctionne parfaitement et surtout çà rayonne.
" Il bicchiere mezzo vuoto "  : un jeu d'allers-retours entre un même thème très simple, joué d'abord au piano (puis ensuite couplé avec la basse) alternativement en 13/4 puis en 6/4 ce qui donne ce swing si particulier qui semble ne jamais vraiment décoller, des ornementations ajoutées à la guitare électrique et à l'orgue.
" Il bicchiere mezzo pieno " : reprise du thème entendu sur le morceau précédent mais cette fois il s'agit d'un allegro en 8/4 avec un orgue Hammond très présent
" Gli scheletri nell'armadio" : il s'agit d'une jolie petite sonate pop avec divers claviers successivement identifiés (piano, orgue et Wurlitzer) qui se relaient pour jouer les thèmes solistes accompagnés par des instruments à cordes et à vent réunis en un discret orchestre accompagnant,

Comme à chaque fois avec Habelard2 (Sergio Caleca), la proposition musicale est convaincante. Le rendu est toujours propre avec beaucoup de fluidité et une certaine forme d'évidence qui cache le fait que les compositions sont parfois beaucoup moins simples qu'il n'y parait (voir mon décodage titre par titre). En résumé, c'est à nouveau un sans faute pour Sergio Caleca et donc un très bon album d'Habelard2. 

Voici son lien bandcamp : habelard2

Tracklist :

1. Punti di vista
2. Discrepanza
3. La teoria del complotto
4. Stringato nel dire
5. Eloquente
6. Spigolature
7. I sogni nel cassetto
8. Tergiversando
9. Turpiloquio
10. La media ponderata
11. Il bicchiere mezzo vuoto
12. Il bicchiere mezzo pieno
13. Gli scheletri nell'armadio

samedi 24 septembre 2022

Banda Belzoni : Timbuctu

Je vous passe le message du groupe Banda Belzoni :

Le nouvel album de Banda Belzoni s’appelle Timbuctu. Nous vous invitons à un autre voyage musical parmi les plateformes numériques, sur vinyle et aussi sur CD grâce à Maracash Records.
La sortie est prévue le 23 septembre 2022. Après le premier album Opera qui a été très apprécié et joué à partir de 2019, c’est une nouvelle étape importante pour le groupe drivé par Gigi Venegoni (Arti + Mestieri, Venegoni & Co) et Sandro Bellu (The Egonist), mais aussi un petit pas en avant pour l’humanité.
L’album comportera onze nouveaux titres (huit en version vinyle) et regroupera plusieurs invités très distingués que nous annoncerons en septembre (en fait, on peut le déduire de cette annonce !).
Cette fois, il s'agit de suivre le voyage en bateau de Giovanni Battista Belzoni de Gibraltar à Tombouctou. Pendant la traversée, à l’été 1823, le géant de Padoue retrace l’histoire de sa vie et la partage avec ses compagnons de voyage. C’est une profonde combinaison d’émotions et de passions. Il se souvient de ses séjours à Moscou et au Danemark, à Paris et à Londres. Il revit les grandes aventures, mais surtout les années passées avec Sarah, la femme bien-aimée, la compagne de toute une vie.
Le disque a été enregistré en automne 2021 aux studios Blumusica, à Turin.
La couverture est signée du maître Walter Venturi. Le premier dessin a été dessiné l’hiver dernier devant une assiette exquise de rigatoni dans un restaurant près de la gare Termini, à Rome. L'engouement a été immédiat et c'était parti. À l’origine dans le ciel il y avait l’œil d'Horus. Cependant, ceux qui l'on vu ont dit tout de suite "Alan Parsons!", à juste titre. Nous avons donc mis le symbole du « ciel ». Et la perspective s’est allongée. 

Pour rappel, le groupe Banda Belzoni est en fait l'association entre Gigi Venegoni et Sandro Bellu. Les autres intervenants sur cet album sont : Lino Vairetti (Osanna, chant sur 8), Franco Mussida (PFM, guitare), Andrea Pettinelli (Lo Zoo di Berlino, claviers), Mauro Mugiati (A Lifelong Journey, chanteur principal), Marta Caldara (Syndone, vibraphone et sylophone), Carlo Bellotti (batterie), Fulvio Bosio (basse), Paul Mazzolini (chant sur 6).

 
La tracklist : 
1. Sarah saraï, pt 1 (Gibilterra)
2. Intrigoni
3. Se mi oriento
4. Srivi con ogni carovana, pt 3
5. La città delle luce (instrumental)
6. Oltre il mare (chant : Paul Mazzolini)
7. Copenhagen
8. Latitudine zero (chant: Lino Vairetti)
9. La nuvola
10. Il discorso del Se (instrumental)
11. 1. Sarah saraï, pt 2 (l'approdo)
12. Sarah (bonus track - english version)

dimanche 18 septembre 2022

Phoenix Again : Vision

On connaît bien ici et on apprécie grandement Phoenix Again, le groupe de la fratrie Lorandi (voir tous les articles et interview qui lui sont consacrés sur ce blog). Après un quasi sans faute avec ses trois premiers albums, les Lombards avaient surpris tout le monde avec un Friends of spirit très typé, développant une forme de soft jazz latino et hispanisant, pas désagréable du tout mais finalement assez déroutant par rapport à ce à quoi la formation italienne nous avait habitué. Avec Vision, les membres de Phoenix Again semblent vouloir renouer avec tout ce que l'on aime dans ce groupe : à savoir un prog instrumental raffiné (seul " Propulsione " est un morceau chanté) très mélodique et fluide que l'on retrouve aussi bien dans la longue et magnifique "Ouverture" que dans "Moments of life", ce dernier titre étant traversé par des boucles de synthé dont les timbres rappellent Ozric Tentacles. Quelque part Phoenix Again est le pendant de Camel à quelques années d'écart. Mais ce positionnement qui reste relatif, car limité à cette manière toujours très douce d'approcher les thèmes ("Air", "Three Four"), n'exclut aucunement les rythmiques syncopées quand les musiciens ressentent le besoin de faire bouger leur musique, ce qui est le cas avec "Tryptich", un morceau qui déménage bien. Mais le groupe semble vouloir aller plus loin avec des titres plus ambitieux comme "Psycho" qui décolle vraiment. (enfin à l'échelle de Phoenix Again bien sûr) ou encore, dans un autre genre, "La Fenice alla corte" del Re", la pièce la plus sophistiquée de l'album. Mais le morceau qui sort réellement du lot est sans conteste "Propulsione". Articulé en deux parties, le titre démarre par une longue introduction avec une guitare électrique lancée dans une cavalcade épique, suivie d'une deuxième partie illuminée par une ligne de chant qui évoque irrésistiblement celle d'In the court of the crimson king" ; un titre vraiment sympa, riche de ses chœurs et de ses arrangements de cuivres. Changement de décor avec "Mamma RAI" qui apparaît comme une ballade romantique d'inspiration classique. Le morceau est en fait un enchaînement de citations de compositeurs classiques (Rossini et un concerto pour orgue d'Haendel) aux côtés desquels apparaît le plus contemporain Riccardo Lucciani avec un extrait de sa "Chanson balladée", placée en 3ème citation, avant d'entendre, ce qui ressemble à un joli moment de folie en toute fin de piste, avec une interprétation assez décapante, et pour tout dire très rock, du "Prélude" tiré du Te Deum de Charpentier .
Vision peut se voir, et surtout s'écouter, comme un délicat kaléidoscope sonore qui vous charmera pendant cinquante deux minutes avec des morceaux plus nuancés et moins décisifs que sur Look Out et Unexplored. Il s'agit sans aucun doute d'un choix artistique que nous respecterons même si nous gardons en mémoire la puissance contenue des titres comme "Adso da Melk", "Oigres" "Whisky" ou "Look out". Nous sommes en tout cas vraiment heureux de retrouver Phoenix Again à son meilleur niveau. Ce groupe poursuit un parcours discret que l'on voudrait justement mieux mis en avant. Espérons que c'est pour cette fois avec un nouveau label de distribution Ma.Ra.Cash.

Le groupe : Sergio Lorandi (guitares, chant), Marco Lorandi (guitares, chant), Antonio Lorandi (basses, chant), Giorgio Lorandi (percussions), Silvano Silva (batterie et percussions), Andrea Piccinelli (claviers).
+ Daris Trinca (glockenspiel sur 1), Annibale Molinari (cor sur 7), Lorenzo Poletti (trombone sur 7), Erika Marca (trompette sur 7), Giovanni Lorandi (chœurs sur 7), Karin Pilipp (chœurs sur 7), Simona Cecilia Vitali (chœurs sur 7), Alessandra Lorandi (chœurs sur 7).
 
La tracklist :

1. Ouverture
2. Moments of life
3. Triptych
4. Air
5. Psycho
6. La Fenice alla Corte del Re
7. Propulsione
8. Mamma RAI
9. Threefour


 
 
 

vendredi 16 septembre 2022

Banco del Mutuo Soccorso : Orlando, le forme dell'amore

Il y a deux groupes pour lesquels je n'arriverai jamais à m'habituer à l'absence de leur chanteur emblématique, Yes avec Jon Anderson et Banco del Mutuo Soccorso avec Francesco Di Giacomo. C'est comme çà ! Avec ce nouvel album de Banco, c'est encore pire car Vittorio Nocenzi en tentant une nouvelle fois de réactiver la magie du vieux Banco réussit au moins partiellement son pari. Car de fait cette fois, çà fonctionne plutôt bien dans l'ensemble, surtout au niveau des compositions qui renouent avec une marque de fabrique propre à Banco. Alors, que l'on soit bien d'accord, je n'ai rien contre Tony d'Alessio qui est un garçon très sympathique et un chanteur qui connaît son métier, mais à l'écoute de cet album, je ne m'y retrouve pas. Il y a des manques pour moi. Ou plutôt un manque. Alors je sais, çà ne fera pas revenir Francesco mais ce qui aurait été hors norme avec le gentil géant romain se révèle très ordinaire avec un autre chanteur, aussi méritant que soit Tony D'Alessio, je le redis. Ainsi sur un morceau comme "La pianura rossa", la puissance vocale de son prédécesseur et surtout son emphase font clairement défaut. Il n'y a plus dans la musique du Banco d'aujourd'hui cette intensité qui la caractérisait, qui faisait de chaque morceau une performance ultime. Ceci étant dit, Banco reste un groupe qui se place au-dessus de la mêlée avec des prestations live actuelles de grande qualité. Et quand j'écoute un titre comme "Cadere O Volare", oui c'est vrai, je crois pendant quelques minutes que le mythique Banco est revenu.  Alors, il ne faut pas m'en vouloir si je préfère écouter les instrumentaux "La maldicenza" et "Il paladino". Çà sort le 23 septembre chez Inside Out. Le CD fait près de 80 minutes et la pochette est très belle !

La tracklist :

1. Proemio
2. La pianura rossa
3. Serve Orlando adesso
4. Non mi spaventa più l'amore
5. Non serve tremare
6. Le Anime deserte del mondo
7. L'isola felice
8. La Maldicenza
9. Cadere O Volare
10. Il paladino
11. L'amore accade
12. Non credere alla luna
13. Moon suite
14. Come e successo che sei qui
15. Cosa vuol dire per sempre

Le groupe : Vittorio Nocenzi (piano, synthés, chant), Filippo Marcheggiani (guitares, chœurs),Nicola Di Già (guitares), Marco Capozi (basse), Fabio Moresco (batterie), Tony D'Alessio (chant)

Viola Nocenzi, la fille de Vittorio, chante sur "L'amore accade" et l'album a été écrit (musique et paroles) avec Michelangelo, le fils de Vittorio. Ce qui fait que cet album ressemble quand même pas mal à une affaire de famille !

mercredi 14 septembre 2022

Ezra Winston : Tertium non datur

Trente trois années séparent ce Tertium non datur de Myth of the Chrysavides publié en 1988 alors même que le groupe Ezra Winston avait déjà dix ans d'existence. Un deuxième album était sorti en 1990, le mythique Ancient Afternoons, peu après le groupe se séparait et ensuite, plus de nouvelle ! Officiellement en tout cas, car en fait les membres d'Ezra Winston ont continué à se retrouver épisodiquement jusqu'à refaire des concerts au début des années deux mille dont nous avons un témoignage sur cet album avec le titre "Dial-Hectic", un enregistrement live de 2004. Lors de ces rencontres, le groupe a enregistré à chaque fois quelques nouveaux morceaux mais il n'y a jamais eu de nouvel album. Il a donc fallu l'obstination et la persévérance de Guido Bellachioma, le pape italien du RPI, pour réussir à compiler ces titres sur un LP vinyle et le publier ensuite dans le cadre de son label prog de qualité Progressivamente. Ceci explique le nombre d'exemplaires limité du disque, mais çà ne justifie quand même pas que cet album soit passé sous les radars prog. A noter également qu'il était prévu une sortie CD en 2021 avec des morceaux en plus. Mais pour l'instant, Sœur Anne ne voit toujours rien venir !. Un scoop pour les lecteurs de ce blog : le groupe m'a confirmé que la version CD augmentée de nouveaux titres est bien en  cours de réalisation ! Côté chroniques, çà ne se bouscule pas non plus. Nous allons donc remédier à cette injustice illico presto !

Premier constat : tous les membres du groupe apparaissent sur l’album, ce qui est quand même un sacré exploit, même si Daniele Lacono n'assure qu'un titre à la batterie ("Mars Attacks"), les autres morceaux bénéficiant de la présence efficace d'Ugo Vantini, déjà rencontré avec le projet Divae et qui a aussi joué il y a quelques années avec Gianni Leone pour une des nombreuses reformations éphémères d'Il Balleto di Bronzo. 

Deuxième constat : nous avons droit à un très beau packaging avec un recto et un verso de couverture réalisés par la dessinatrice Lorenza Pigliamosche Ricci qui avait déjà fait celle de Dedicato a Frazz Live pour Semiramis. Et toujours avec, le livret Prog Rock Italiano de 8 pages (là c'est le n° 99) avec l'histoire du groupe, une interview et plein de photos inédites, du collector pour vrai fan de prog italien quoi !  La magnifique illustration en noir et blanc dessinée au fusain, en intérieur de pochette, est signé Giuliano Piccininno.

Ensuite, une question fondamentale, quasi existentielle, se pose : ce disque est-il à la hauteur de la légende que le groupe a réussi à instaurer en trois ans et deux albums, il y a déjà .... trois décennies ?

Réponse : je vous connais, vous attendez un oui libérateur ou un non crucificateur. Un peu de patience !

Pour commencer, disons que le côté pastoral à la early Genesis a en partie disparu au profit d'un prog plus trempé et plus affirmé mais qui reste quand même bien ancré dans ce qui se faisait à la fin des années 80/début des années 90 au point d'avoir l'impression d'avoir affaire à des musiciens qui utilisent toujours les mêmes synthés qu'à leurs débuts. Côté batterie, à l'évidence Ugo Vantini n'est pas là pour rigoler, sa frappe sèche et lourde apporte à la fois du muscle et du nerf à l'ensemble sans toutefois jamais dénaturer la musique d'Ezra Winston qui reste très raffinée même dans ses moments les plus rock ("Dial-Hectic" qui pourrait facilement être rapproché de Marillion période Fish ou du IQ des années 80). "Call up" vous fera immanquablement pensé à Jethro Tull, et c'est ma foi un bel hommage au groupe de Blackpool même si çà tape pas mal dans "Thick as a brick". "The rain comes" renoue avec le côté le plus sombre d'Ezra Winston, évoquant un autre vieux groupe italien des années 90, Men of Lake, avant d'évoluer dans sa deuxième partie vers une progression qui tient beaucoup de "I know what I like" de ...Genesis encore (et c'est pas fini). Dieu que cette longue séquence instrumentale fait du bien à entendre. Ce morceau est incontestablement la première belle surprise de cette galette. "Mars Attacks" est un titre crunchy qui fait penser au début au Yes période Trevor Rabin avec, ensuite très rapidement, en arrière plan, un étonnant relent de UK, alors que pour la partie centrale, le groupe ne peut s’empêcher de citer à nouveau Genesis dans le texte avec une longue évocation protéiforme de "The fountain of Salmacis". Voilà en tout cas un style de musique détonnant  de la part d'Ezra Winston. Pas désagréable mais surprenant quand même. Quant à "Odd one out", dernier titre en date enregistré en 2015, il est la preuve éclatante que le groupe a bien évolué au cours des années. C'est une fois encore très accrocheur avec un riff de guitare très crâneur et un chant très expressif, quasiment théâtral et pour tout dire très déluré. Ce qui s'apparente à l'évidence à une mini suite épique, avance sur un tempo marqué assez lourd qu'on aurait quand même voulu plus varié. La respiration arrive (enfin) sur la dernière partie ("Journey's end") avec un chant en canon qui renforce encore la couleur médiévale de cette fin de morceau. 

Alors la réponse ? Bien évidemment, au cours de ces trente dernières années, ces musiciens ont évolué artistiquement et humainement parlant. L'idée n'est pas de faire de comparaisons. Je pense notamment au monument "Ancient of an unknown town" sur Ancient Afternoons. Comment voulez vous rivaliser avec çà ! Disons que la magie des deux vieux albums a disparu au profit d'un genre de musique plus affirmé mais qui ne renie pas ses fondamentaux. Tenant compte du fait que ce disque est quand même une construction artificielle, le risque était plutôt qu'il manque une ligne directrice claire. Finalement, çà n'est pas le cas ou tout au moins, il n'existe pas de décalage stylistique flagrant entre les morceaux. 

Tertium non datur signifie en latin "le troisième n'est pas donné", ce que l'on pourrait traduire de manière "vulgaire" par ce troisième album n'était pas gagné. Ce qui est vrai, autant pour ce qui concerne le fait de réentendre enfin Ezra Winston mais aussi pour le seul exploit d'avoir réussi à réaliser ce LP (encore merci à Guido Bellachioma). Certes la magie des deux premiers albums n'est plus la même mais il reste le plaisir de retrouver un groupe solide qui propose cinq morceaux sans faille avec une multitude de très beaux moments. Voilà qui devrait largement suffire au bonheur des nostalgiques d'Ezra Winston. In praeteritum numquam moritur !

Le groupe : Fabio Palmieri (guitares), Mauro Di Donato (claviers, guitares, chant), Paolo Lucini (synthés, flute, basse, chant), Fabrizio Santoro (basse), Daniele Lacono (batterie) 

+ Simone Maiolo (basse), Andrea D'aprano (basson), Ugo Vantini (batterie), Stefano Pontani (guitares),

La tracklist du vinyle :

A1. Dial-Hectic (2004 - live version)
A2. Call up (2010)
A3. The rain comes (2000)

B1. Mars Attacks (1998)
- part 1 : Resistance is futile
- part 2 : The mothership
- part 3 : All good things
B2. Odd one out (2015)
- part 1 : Random thuoghts
- part 2 : Weird nightmares
- part 3 : Journey's end

jeudi 1 septembre 2022

Spécial Edmondo Romano


Le génois Edmondo Romano est un homme discret et un musicien que l'on connaît sans le savoir. Car ce multi instrumentiste particulièrement doué, spécialiste des instruments à vent (clarinettes, saxophones, flûtes, chalumeau...), est quelqu'un de très demandé. Qu'on en juge : il a participé à cent quarante disques et a joué pour de nombreux musiciens et groupes connus : les New Trolls, Picchio Dal Pozzo, Vittorio De Scalzi seul, Ares Tavolazzi ex Area), Mauro Pagani et même la PFM. Il a aussi fait partie de plusieurs formations de prog italien, et pas des moindres: d'abord Eris Pluvia à la fin des années quatre vingt (l'album Rings of Earthly Light en 1991) puis The Ancient Veil de 1995 à aujourd'hui (albums Ancient Veil, I am changing, New, Rings of earthly...live, Unplugged ...live), deux groupes qu'il a co-créé et dont le nom parlent aux amateurs de RPI. Mais il a aussi participé à beaucoup d'autres projets et albums dont plusieurs concernent Höstsonaten, une des formations menées par Fabio Zuffanti, qui au moins à ses débuts était très proche stylistiquement parlant d'Eris pluvia justement. Edmondo Romano est présent sur les albums Mirrorgames (1998),  Springsong (2002), Wintertrough (2008), Autumnsymphony (2009) ainsi que sur Merlin : The Rock Opera publié en 2000 sous le seul nom de Fabio Zuffanti.

Ce que l'on sait encore moins, c'est qu'Edmondo Romano a sorti deux albums solo qui lui permettent de démontrer toute l'étendue de son talent comme instrumentiste bien sûr mais aussi comme compositeur. Il est à chaque fois accompagné de musiciens de son niveau. Difficile de tous les citer, mais enfin on trouve quand même des pointures comme Gianfranco Di Franco (Franco Battiato, Franco Micalizzi), Ares Tavolazzi(ex Area), Arturo Stalteri (Pierrot Lunaire), Marco Fadda (Alan Simon, Excalibur), Kim Schiffo entre autres !

En marge du rock progressif, ces deux albums sont les reflets de ses aspirations les plus intimes avec à chaque fois une facette différente de l'artiste. Sonno Eliso (2012) baigne nettement dans des ambiances qui évoquent régulièrement les divers idiomes musicaux du bassin méditerranéen, côté Italie du sud et ses pourtours bien sûr mais Edmondo va aussi chercher ses influences un peu plus loin jusqu'à importer des évocations subtiles des Balkans ou même un air traditionnel de Turquie ("Preghiera"). Les compositions sont construites sur des structures solides rappelant soit une forme adaptée de musique de chambre (avec un nombre réduit d'instruments à vent et à cordes), soit (plus rarement) un jazz très doux, mêlant à chaque fois intimement une multitude d'éléments de folklore ethnique (tons, gammes, mélodies, rythmes) pour un résultat d'une richesse incroyable. Missive Archetipe (2014) garde le côté acoustique de son prédécesseur mais se révèle très vite beaucoup plus proche d'une forme de musique de chambre moderne (qui était déjà présente dans Sonno Eliso mais moins mise en avant), avec quelques incursions dans le R.I.O. ("Il giardino degli animali eterni"), même si la présence de Mare nostrum reste en permanence prégnante. Ce deuxième album est aussi l'occasion pour Edmondo d'ajouter quelques touches de voix féminines dont l’utilisation est tout simplement sublime entre féérie onirique ("Ahava"), murmures mystiques (" Di questo amore morite") et chant profane médieval (le début et la fin de "Vestire la tua pelle").

Mais que l'on écoute Sonno Eliso ou Missive Archetipe, on remarque à chaque fois la place laissée à la beauté des mélodies avec très souvent des interprétations recueillies, souvent introspectives, parfois lancinantes, jamais démonstratives. On comprend qu' Edmondo a ces thèmes musicaux en lui et qu'ils sortent naturellement de son subconscient pour prendre forme. Ce qui se révèle de sa musique est une forme de beauté naturelle, immanente qui s'apparente à une lumière que l'on ressentirait plus que l'on verrait, une perception d'ondes bienveillantes et rassurantes. Tout est doux, léger mais néanmoins profond. Il y a surtout une majorité de compositions complexes, fouillées et pourtant étonnamment fluides. 

Ma préférence va à Missive Archetipe, non pas que Sonno Eliso démérite bien au contraire (je pense aux émouvants et envoutants "Canto di lei" et "Nadi" par exemple mais aussi à "Sonno Eliso"), mais je crois que Missive Archetipe est encore supérieur autant par l'intensité tout en retenue de ses compositions que par sa capacité à transporter l'auditeur dans l'univers musical très personnel (j'allais écrire "privé") d'Edmondo justement. Je range Missive Archetipe à côté des meilleurs disques de Gatto Marte, Julverne, Univers Zero, Present et encore Aranis, c'est dire. Cet album est d'une beauté inouïe ("Petali di carne", "Questa Terra", "Massive Archetipe") tout au long des 43 minutes qui passent comme un rêve éveillé. Comment un chef d’œuvre de ce calibre peut-il être resté aussi (longtemps) méconnu ? 

Je me permets donc de vous conseiller de rattraper un retard bien excusable. il n'est jamais trop tard quand il s'agit de découvrir des gemmes de ce niveau.

Sonno Eliso

Missive Archetype

Tracklists des deux albums (vous pouvez écouter chaque titre en cliquant dessus) :

Sonno Eliso

1

 

Sonno eliso

2

 

Canto di lei

3

 

Preghiera

4

 

Corpo

5

 

Fiato

6

 

Intercessione

7

 

Rilucente

8

 

Canto di lui

9

 

Nadi

10

 

Trasfigurazione

11

 

Risucchio

12

 

Intelletto

13

 

Risonanza

Missive Archetipe

1

 

Petali di carne

2

 

Parabola

3

 

Carme

4

 

Ahava

5

 

Dato al mondo

6

 

Ninna Nanna

7

 

Il giardino degli animali eterni

8

 

Di questo amore morite

9

 

Diluvio

10

 

Questa Terra

11

 

Vestire la tua pelle

12

 

Missive Archetipe