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samedi 24 juin 2023

The Forty Days : Beyond the air

Deuxième album pour les Toscans de The Forty Days après The Colour of Change sorti en 2017. Le groupe dans son line-up actuel est actif depuis septembre 2015. Après la publication de son premier album, le groupe a pas mal tourné en live avec une série des concerts dans toute l’Italie et quelques performances dans des festivals cotés comme le 2Days + 1 de Prog of Veruno et le Porretta Prog.

Après, il y a eu cette foutue pandémie de COVID-19 qui a tout mis à l'arrêt. Le groupe a ensuite repris ses activités et enregistré ce deuxième album  chez Edoardo Magoni aux Studi Magnitudo à Ghezzano, comme pour le premier album. Beyond the air, c'est une fable. L'histoire d'un homme qui grandit au milieu de l’indifférence humaine. Sa souffrance le rend fou et c'est finalement l'affection de ses proches qui lui permettra de résoudre ses problèmes en s’adaptant, en quelque sorte, à ce mépris généralisé.

La musique de The Forty Days,  c'est du prog moderne qui flirte aussi bien avec la pop, le rock, le rock psychédélique ou encore l'art rock. Mais les musiciens revendiquent des influences en provenance de Porcupine Tree et Steven Wilson, de Pink Floyd (plutôt versant Gilmour), de Marillion, de Supertramp, de Led Zeppelin mais aussi de Calibro 35. Pour ma part, j'entends principalement un mix entre Porcupine Tree pour les 3/4 et Marillion pour 1/4. De manière générale, c'est bien foutu, plutôt accrocheur. Le groupe fait parfois quelques écarts bienvenus comme pour le quasi funky "Bi!", un instrumental réjouissant. Reste le cas du titre de fin, "In glid", qui a quand même  quelque chose de Radiohead. Mais, il faut le reconnaître, la chanson est belle.
C'est sorti le 9 juin 2023 chez Lizard Records.

Les musiciens : Dario Vignale (guitares, chant sur "B4 the storm", chœurs), Giancarlo Padula (claviers, chant), Giorgio Morreale (batterie), Massimo Valloni (basse) + Edoardo Magoni (guitare 8 cordes).

 La Tracklist

  1. Monday
  2. Under the trees
  3. The Fog
  4. Broken bars
  5. B4 the storm
  6. Bi!
  7. Beyond the air
  8. In glide

dimanche 18 juin 2023

Divae Project : Prog will never die

Guido Bellachioma (Prog Italia, Progressivamente) persiste et signe en continuant à faire vivre le Divae Project et en donnant ce nouveau rendez-vous aux fans inconditionnels de prog italien. Comme il le rappelle très bien "sans mémoire, il n'y a pas de futur". Vous avez, avec cette affirmation déjà entendue ailleurs, une idée précise de l'état d’esprit dans lequel est Guido pour ce Divae Project qui est, rappelons-le, une lointaine émanation du groupe romain Divae et de son album Determinazione sorti en 1995. Aujourd'hui, les musiciens formant le Divae Project sont différents mais l'idée générale reste la même : s'inspirer du passé pour se projeter dans le futur. Au passage, le projet intègre le principe de faire intervenir ponctuellement des gloires du prog italien. En 1995, c'était Gianni Leone (Il Balleto di Bronzo) et Lino Vairetti (Osanna) qui avaient été sollicités. En 2021 avec Stratosferico, c'était à nouveau Lino Vairetti (Osanna) mais aussi Enzo Vita (Il Rovescio della Medaglia), Pericle Sponzili (Reale Accademia di Musica), Elio Volpini (Flea, L'Uovo di Colombo, Etna), Paolo Lucini (Ezra Winston), Fabio Trentini (ex Le Orme) et Gianni Nocenzi (Banco del Mutuo Soccorso), pour les musiciens invités, avec des hommages  appuyés à Demetrio Stratos (Area), Giulio Capiozzo (Area) et Danilo Rustici (Osanna, Città Frontale, Luna, Uno).
Ce Prog will never die est lui en grande partie consacré à Banco del Mutuo Soccorso avec la présence appréciable des frères Nocenzi. L'album, uniquement publié en 33 tours vinyle (500 exemplaires) présente sur sa face A, trois instrumentaux composé par Davide Pistoni, l'artisan principal de ce disque. La face B est constituée de trois reprises de Banco del Mutuo Soccorso. 
Pour ce qui concerne la Face A "Tango Zoppo" ne trompe pas son monde. C'est bien un tango mais un tango façon prog qui fonctionne sur un rythme inhabituel en 11/4, donc absolument pas dansant. L'accordéon de rigueur est bien là mais il délivre des notes plutôt tristes. Il est épaulé par une guitare électrique qui déroule un très long solo en distorsion. Les deux instruments se relaient dans une bel harmonie. Surprenant mais très intéressant au final. "E pericoloso giocare con il fuoco" est une formidable tentative (réussie) de fusion entre le jazz rock (représenté par le jeu de guitare de Fabio Cerrone à la Alan Holdsworth) et le psyché prog (incarné par un synthé aux sonorités acides et au pitch bend nerveux). Accessoirement, çà groove sévère sur ce morceau avec une rythmique carrément funky. " Prog will never die" se veut être la suite prog de l'album. Après une très longue première partie romantique, très classique d'approche, jouée au piano sur fond de synthé, le court second mouvement se veut lui plus contemporain, impressionniste, avec un piano qui reste l'instrument principal. Arrive alors le troisième mouvement complètement ancré dans un rock progressif à la Banco justement ! Cela reste très mélodique avec des arrangements symphoniques et une guitare électrique positionnée en soliste. Le break de batterie permet de relancer la machine pour aborder une autre facette du style Banco, plus rock et rythmiquement plus nerveuse, ce qui a pour effet de déboucher sur un final très puissant, genre grand orchestre, qui enfle encore sur les toutes dernières mesures.
Pour la face B, il s'agit maintenant de retrouver Gianni Nocenzi (au piano bien sûr), accompagné du groupe Divae Project, pour une réinterprétation de "la città sottile". J'ai bien écrit réinterprétation, car effectivement Gianni semble avoir dépensé beaucoup d'énergie pour arriver à en proposer une version à la fois évoluée et fidèle à l'esprit de l'original. C'est de fait parfaitement réussi au point que l'on pourrait imaginer qu'il s'agit d'une version alternative. Le grand moment du morceau est bien sûr la partie centrale dans laquelle Gianni se retrouve seul à jouer une partition de piano totalement retravaillée et pensée avec une insertion de piano préparé, calé sur une octave, une expérience tout à fait satisfaisante. Mais j'aime aussi le gros chorus de guitare électrique qui suit et qui ne dénature absolument pas l'essence du morceau. La ballade intemporelle "750.000 anne fa...l'amore" est, elle, traitée sur un mode romantique poussé à l’extrême, le violon de Natalia Dudynska apportant la touche poignante et déchirante à cette chanson interprétée en trio seulement (piano, chant, violon), le groupe rock ne se permettant d'intervenir qu'à deux reprises, la première fois en 7/8, d'où ce côté soudainement sautillant, la deuxième en simple accompagnant. "Bambino" enfin, un morceau passé plutôt inaperçu et tiré de l'album Il 13, avec cette fois Vittorio Nocenzi qui offre une nouvelle introduction qui prend la forme d'un joli prélude joué sur un piano numérique avec pour épicentre un accord de 5ème mineur qui donne cette tonalité extrêmement romantique à l'ensemble, Vittorio étant ici étonnamment tout en retenue. La chanson en elle même est magnifiquement interprétée avec un chanteur, Luca Velletri, qui fait très bien le job sur l'ensemble des trois titres chantés (il met sa voix dans les traces de celle de Francesco Di Giacomo quand même !) et un bassiste que l'on connaît bien dans le prog, Fabio Trentini, qui assure une ligne de basse remarquablement chantante et expressive.
Il y a à l'évidence beaucoup d'émotion qui se dégage de la face B de ce disque avec des musiciens qui trouvent le juste dosage entre le respect de la tradition et l'apport de propositions restant loyales à l'esprit d'origine. En cela le Divae Project de Guido Bellachioma et Davide Pistoni est en phase avec sa ligne de conduite "apprendre de ses erreurs sans rien nier, en essayant de révéler des nouvelles frontières avec une énergie renouvelée". Nous y sommes encore cette fois. Bravo.


Les musiciens :
Davide Pistoni : claviers, piano, synthés, arrangements
Fabio Cerrone : guitares
Francesco Isola : batterie
Lorenzo Trincia : basse
Stefano Indino :accordéon (A1)
Luca Velletri : chant (B1, B2, B3)
Natalia Dudynska : violon (B2)
Fabio Trentini : basse (B3)

Gianni Nocenzi : piano (B1)
Vittorio Nocenzi : piano (B3)


La Tracklist :

A1 : Tango Zoppo
A2 : E pericoloso giocre con il fuoco
A3 Prog will never die

B1 : La città sottile
B2 : 750.000  anni fa...l'amore
B3 : Bambino

Vous pouvez commander votre exemplaire par Ma.Ra.Cash ou encore chez Vinyl Strike





samedi 17 juin 2023

Chardeau : Ombres & Lumières

C'est l'histoire d'un gars en France qui fait de la super musique avec des supers musiciens internationaux (le gratin on pourrait même dire) et dont personne ne parle (à part Didier Gonzalez dans Highlands Magazine). Méconnaissance ? Sans doute. Snobisme ? Je ne crois pas. Manque de culture ? Je n'espère pas ! Mélange des genres ? Probablement qu'une partie de la réponse est là. Car Chardeau, c'est autant jazz fusion, que prog, que pop, que rock, que chanson, que...Chardeau ! Pas facile à mettre dans une case puisqu'en France, on a la maladie de tout mettre dans des boîtes étiquetées. Tu rentres pas dans la boîte, tu veux faire le malin et passer d'une boîte à une autre, t'es mort !

Alors pourquoi, moi, je vous parle de Chardeau, et de son dernier album Ombres & Lumières, dans ce blog dédié au rock progressif italien ? Et bien pour trois raisons : d'abord Jean-Jacques Chardeau est un mec super sympa, ensuite (je l'ai déjà écrit) il fait de la super musique, enfin il y a une connexion avec le prog italien dans son dernier disque (vous allez comprendre bientôt).

Ombres & Lumières est la suite des aventures de l’Opéra Inter-Galactique Magical Mystery Man (Aka Chardeau lui-même) qui a fait l'objet d'un spectacle aussi démesuré que déjanté, présenté le 23 novembre 2019 à Plœmeur en Bretagne (oui Monsieur !) sous l'égide bienveillante d'Alan Simon avec une palanquée d'intervenants triés sur le volet : John van Eps, Michael Sadler, Jerry Goodman, John Helliwell, Christian Decamps, Francis Decamps, Kohann, Roberto Tiranti et Alan Simon bien sûr. Un truc de folie. 

Avec Ombres & Lumières, Chardeau fait encore plus fort à mon avis, et là je parle bien musique. Pour avoir bien écouté tout ce qu'il compose, joue, produit, je pense sincèrement qu'Ombres et Lumières est le meilleur album qu'il ait fait. Et çà commence dès "Donibane Lohitzun" que je rêverais d'entendre interprété par Corvus Corax dans une version pagan mais je vous rassure celle là est top, aux petits oignons je dirais même (je pense ici au travail incroyable sur les chœurs). Si je vous dis que je me la suis réécouté une dizaine de fois avant d'attaquer la deuxième piste, tellement c'était bon à entendre avec toujours chez Chardeau cette capacité à décoller sur le final ! J'avais pourtant intérêt à avancer car ce qui m'attendait derrière était du même niveau :
Le sublime "Eire" qui porte si bien son nom. Il faudrait mettre ce morceau comme générique du Festival Interceltique de Lorient tellement il est emblématique d'un rock celtique actuel (et là je sais de quoi je parle, gast!).
"Iceland and Fire" qui plonge carrément dans une forme de Rock in Opposition avant d'éclore magnifiquement pour une séquence rythmée en cha cha cha.
Le délicat et  romantique "Scandinavia" survolé, une fois encore, par le violon de Jerry Goodman. J'aime ce type de morceau où quand tu entends la musique, tu vois en même temps des paysages défiler et des ciels changer brusquement d'aspect (il y a aussi du jazz rock fusion dans ce morceau).
"Sur le Dam" où l'on retrouve le Chardeau onirique et charmeur.
"Over the Channel" qui s’inscrit dans la grande tradition de la pop anglaise ambitieuse, classicisante, et  orchestrée avec des chœurs incroyables à tomber par terre. Presque plus vrai que les références originales. 
"Belux Concerto" et sa sublime partition pour violoncelle, entre musique classique et musique de film, d'une beauté à couper le souffle.
"Swing Heil" dans un style jazz rock groovy qu'affectionne particulièrement Chardeau, un morceau à faire se déhancher un zombi.
"Tyrol Canon Snow Dance" qui, après une intro aux arrangements violons proches d'Electric Light Orchestra, vient titiller Peter Gabriel sur son terrain et d'atterrir en beauté sur un final très Beatles/Georges Martin. C'est dire si le monde de Chardeau est riche musicalement mais aussi en surprises.  
"Cliché Suisse" qui, comme souvent avec Chardeau, est une belle composition affublée d'un faux-nez. Mais enlevez les clochettes et tout ce qui relève du folklore helvète et vous aurez le reste, c'est à dire un superbe morceau de smooth jazz.
"Lisbon is dying" qui hésite entre les Moody Blues, Procol Harum et même Barclay James Harvest mais qui dans tous les cas, a un charme fou. 
"Reconquista" assez difficile à décrire mais qui vous scotche de bout en bout pendant plus de six minutes trente quand même. C'est écrit, joué et arrangé comme une musique de film avec de multiples rebondissements, de nombreux changements de rythmes et de climats, et çà marche, car c'est intelligemment pensé. C'est peut être çà le prog façon Chardeau, allez savoir ! 
Quant à "Seborga", il s'agit de se poser un moment car la piste est longue (11 mn 30) et ensuite car nous avons un rendez vous important en deuxième partie de ce titre. Pour le côté guide touristique, Seborga est une petite commune, située dans l'arrière pays Ligure à égale distance de Bordighera et de San Remo, avec plein de petites ruelles encaissées typiques des villages de cette région. La première partie du morceau se déroule sur un mode très contemplatif avec quelques accélérations judicieusement placées qui évitent un effet langueur (j'ai pas écrit longueur). Tout cela amène doucement mais sûrement l'auditeur à une deuxième section qui permet d'entendre une voix connue des fans de prog italien puisqu'il s'agit de Francesco Ciapica (Il Tempio delle Clessidre). Un chanteur italien avec une vraie voix de basse comme l’imaginait Chardeau avant d’enregistrer le morceau définitif. Et là, je peux vous dire que Francesco met le paquet. D'abord sur un mode mezzo, il se lâche ensuite formidablement au fur et à mesure que la fin du morceau avance. Content et fier d'avoir modestement contribué à faire entrer le rock progressif italien dans l'univers de Chardeau. 
Enfin "Edossa Fakelaki". La fin du voyage qui passe par la Grèce, ses bouzoukis et surtout ce folklore musical qui m'a toujours parlé comme s'il était inscrit dans nos gênes d'indo-européens. Chardeau en fait une espèce de danse virevoltante, entraînante et envoutante qui semble ne jamais vouloir finir.
Voilà, j'espère que je vous ai convaincu. En tout cas moi, je mets ce CD sur le haut de la pile pour un bon moment.

La Tracklist :

1 Donibane Lohitzue
2 Eire
3 Iceland & Fire
4 Scandinavia
5 Sur Le Dam
6 Over The Channel
7 Belux Concerto
8 Swing Heil
9 Tyrol Canon Snow Dance
10 Cliché Suisse
11 Lisbonne is Dying
12 Reconquista
13 Seborga
14 Edossa Fakelaki


La sortie officielle est prévue le 7 juillet 2023 avec le distributeur Cherry Red. Mais, j'ai mieux. Voici le site de Jean-Jacques, vous en profiterez pour découvrir en même temps  son univers aussi inclassable que fantasque :
Chardeau
Maintenant, c'est à vous de jouer !
 
Les musiciens :
Dans cet album vous retrouvez des intervenants prestigieux et d'autres moins connus mais tous "utilisés" au mieux de leur capacité, dont je vous ai mis la liste exhaustive ) à suivre. De toute façon, Chardau ne prend que les meilleurs !

- Claviers : Francis Décamps - Ange (5, 10), Bob Ramsey (6), Jeff Holmes (6, 7, 11, & Big Band 8), Guy Allison (12)
- Violons acoustique et électrique : Jerry Goodman - Mahavishnu Orchestra (2, 4, 5, 8, 13)
- Guitare acoustique, guimbarde, violon, violoncelle et mandoline : John McFee  - Doobie Brothers (2, 3, 5, 13)
- Sax : John Helliwell - Supertramp (8, 11, 12)
- Flûtes : Stéphane Guillaume (2, 5, 12)
- Trompette : Tom Bergeron (4, 9, 10, 12)
- Txistu & Xirula : Christophe Kutx (1)
- Violoncelle : Alan Weinstein (3, 4, 7, 9…) & MMM Orchestra
- Guitares : Hank Linderman (1), Jimmy Haun - Circa (4), Dave Gregory - XTC (12), John Jorgenson - Hellecasters (5, 8, 10, 13), Chris Pinnick - Chicago (6, 11), Mauro Cicozzi (2)
- Basses : Mark Andes - Spirit (5, 6, 9, 11, 13), Jason Scheff (1, 2, 8), Fifi Chayeb (4, 11), Nicolas Chelly (3, 10), Karim Rachedi (14)
- Batteries : Danny Seraphine - Chicago (1, 8), Pat Mastelotto - King Crimson (9, 12), Doane Perry - Jethro Tull (4), Mark Walker - Oregon (2, 3, 6, 11, 14)
- Percussions : Xavier Dessandre-Navarre (2, 5, 11, 13)
- Groupe Moreas (14) : Dimitri Mastrogioglou (bouzouki), Apostolos Moraitis (guitare), Costas Dourountzis (arrangement & programmation), Antoine Karacostas (enregistrement)
- MMM Orchestra : Emlyn Van Eps (violons), Alan Weinstein (violoncelle), Bruce Krasin (flûtes, clarinette & hautbois), Orlando Pandolfi (cor anglais)
- Swing Heil Big Band : Bruce Krasin (sax & flute), Tim Atherton (trombone), Jeff Holmes (trompette et piano)
- Voix & chœurs : Chardeau (1, 5, 8, 13), Christian & Tristan Décamps - Ange (8), Francesco Ciapica - Il Tempio delle Clessidre (13), Eric Troyer (6), Hank Linderman (11), Jeddrah Leiterding (2, 6, 9, 13), Eric Geisen (8)
- Chœurs Ascese (1) : Inigo Vilas, Fernando Boto, Anais Darguy, Isabelle Castillon.


Il Cerchio d'Oro : Pangea e le tre lune

Le 13 mai 2023, Pangea e le tre lune, le cinquième album du groupe Il Cerchio d'Oro est sorti chez Black Widow Records. Un drôle de parcours pour cette formation de Savona dont l’aventure a commencé en 1974 et qui a réellement émergée trente années plus tard en profitant du renouveau persistant du rock progressif italien. Son premier album marquant aura été Il Viaggio di Colombo qui m'avait à l'époque (en 2008) charmé. Depuis le groupe ligurien a fait beaucoup mieux avec Dedalo e Icaro en 2013, et surtout avec Il Fuoco Sotto la Cenere en 2017. Un rythme d'un album tous les cinq ans que la formation respecte à peu près avec ce nouveau disque qui est présenté comme un concept album dédié à la Pangée, cet énorme continent formé il y a à peu près trois cent millions d'années. Au passage, l'artwork a été réalisé par Armandi Mancini qui avant œuvré au début des années soixante dix pour des pochettes de The Trip, Il Rovescio della Medaglia, Raccomandata Ricevuta di Ritorno Quella Vecchia Locanda (1er album), The Trip ou encore Maurizio Monti. Il a également fait la couverture de l'album d'Il Giro Strano, Il pianeta della verità, pour la réédition 2021 par Black Widow Records.   

"Pangea" permet de retrouver immédiatement le Il Cerchio d'Oro que l'on aime. C'est fluide, çà coule, c'est mélodique et en même temps çà vous accroche et ne vous lâche pas pendant plus de huit minutes.L’équilibre est ici parfait en la chanson en elle-même et les parties instrumentales largement investies par les claviers de Franco Piccolini mais avec aussi déjà un Massimo Spica qui affirme sa présence à travers plusieurs chorus qui ont du caractère. C'est d'ailleurs lui qui a l’honneur d'ouvrir le titre suivant avec d'abord, un riff de six notes, simple mais efficace, répété à l'envie avant d’enchainer avec un long solo. Le chant de Piuccio Pradal n'intervient qu'à partir de la troisième minute avant de repartir sur une nouvelle séquence instrumentale poussée par la basse très en avant de Giuseppe Terribile. Le morceau à des accents space rock assez inhabituelles pour Il Cerchio d'Oro ( je parle ici de l'intro et la section finale instrumentale qui reprend l’ostinato de départ (E, E, D, B, D, E), mais ma foi, cela permet justement de découvrir une autre facette du groupe. 
Pour "Dialogo" Franco Piccolini délivre une superbe intro au synthé doublé d'un mellotron, rapidement rejoint par le revenant Donal Lax (Quella Vecchia Locanda) au violon. Quelle beauté dans cette ouverture à connotation symphonique prenant pour base une grille tonale celtique. C'est d'ailleurs pour cela que l'enchaînement avec la suite du morceau, résolument rock, surprend un peu. Gros solo d'orgue et riffs de guitare qui giclent bien avec en prime Donald Lax qui se met au diapason et Piuccio Pradal qui les rejoint pour poser sa voix dont le grain particulier est ici particulièrement approprié. Voilà, c'est çà le prog !
Quant à la magie du rock progressif italien, c'est juste après avec le superbe "Le tre lune". Une entrée en matière de rêve qui semble flotter dans l'air avec flute, arpèges à la guitare acoustique et chant à l'unisson par Pradal et les frères Terribile et c'est parti pour un long morceau épique qui alterne avec bonheur les cassures rythmiques et les variations de climat, le tout survolé par un Tolo Marton (Le Orme) dont le jeu blues rock est un vrai bonheur à entendre à chaque fois. Après le récitatif de Carlo Deprati, on bascule carrément dans le grandiose avec déjà une envolée de synthé magique signée Franco Piccolini, puis un pont instrumental tout en raffinement, et enfin on retrouve le trio de chœurs masculins pour un final qui termine dans une atmosphère quasiment de recueil.
Grosse sensation pour le morceau qui suit. "Dal nulla cosi" démarre par une énorme intro au synthé mise en relief par une frappe de batterie surpuissante de Gino Terribile. Avec la partie chantée qui déboule derrière, il est clair que ce titre est du Il Cerchio d'Oro pur jus. Un mélange de pop, de prog et de rock hyper mélodique pour une forme de morceau qu'affectionne particulièrement le groupe et dans laquelle il s'exprime pleinement. Au passage le solo de guitare électrique de Massimo Spica est vraiment chouette, d'une grande expressivité, entre lyrisme et virtuosité, avec juste derrière Franco qui vient mettre la touche finale au Moog. Superbe ! Ce n'est peut être pas ce que les musiciens d'Il Cerchio ont fait de plus original, mais c'est ce qu'ils font le mieux. Ce sont les meilleurs dans ce style.
Pour "E la vita inizio...", l'ambiance générale s'annonce d'emblée plus sombre. Le chant de Piuccio Pradal est d'ailleurs plus posé avec un ton carrément plus grave. Le milieu du morceau est marqué par l'apparition de Ricky Belloni (New Trolls) qui fait le show à la guitare électrique. Il fait bien reconnaître que son (court) solo est parfait dans un genre qui flirte avec le jazz fusion. Les deux dernières minutes sont pour Franco Piccolini qui se déploie sur ses différents claviers entre orgue et piano (dont les quelques notes m'évoquent le "Getzemani" de Latte e Miele).
Pour finir, et même si c'est un bonus, les vieux rockers dans l'âme d'Il Cerchio d'Oro se lâchent sur "Crisi", un gros hard rock des familles qui fait bien plaisir à entendre, et quand j'écris hard rock, on est en fait pas très loin du heavy métal à la Judas Priest (écoutez le solo de Massimo Spica si vous ne me croyez pas). C'est en fait l'orgue déchaîné de Franco Piccolini qui replace le morceau dans une ambiance Deep Purple/Rainbow. Merci pour ce sacré final inattendu les gars.  

Dans le prog italien, il y a les groupes anciens et plus récents dont j'apprécie avant tout la production musicale et que j'admire pour çà, et puis il y a les groupes que j'aime tout simplement car j'ai une affection particulière pour leurs musiciens et pour la personnalité que dégage la musique qu'ils jouent. C'est évidemment le cas d'Il Cerchio d'Oro.
Contrat rempli donc pour moi. J'attends maintenant le prochain album, si possible dans moins de cinq ans les gars (le temps passe un peu trop vite) !

Le groupe : Franco Piccolini (claviers), Piuccio Pradal (chant, guitare acoustique, chœurs), Gino Terribile (batterie, chant, chœurs); Giuseppe Terribile (basse, chant, chœurs), Massimo Spica (guitares)

Les invités : Ricky Belloni (guitare électrique), Donald Lax (violon), Tolo Maron (guitare électrique).

La Tracklist :

  1. Pangea
  2. Alla deriva
  3. Dialogo
  4. Le tre lune
  5. Dal nulla cosi
  6. E la vita inizio...
  7. Crisi (bonus)
     
Label : Black Widow Records
 

vendredi 16 juin 2023

Le Vele Di Oniride : La Quadratura del Cerchio (IT)

È sempre quando meno me lo aspetto che scopro una piccola meraviglia ben nascosta in mezzo a una pila di album da ascoltare. Sicuramente il prog italiano non finisce mai di stupire mentre altri gruppi girano in tondo ormai da qualche decennio. 
Per Le Vele Di Oniride la storia inizia per la prima volta nel 2006 con il gruppo Ellephant creato dal chitarrista Nello De Leo. Per diversi anni le composizioni subirono modifiche ed evoluzioni finché nel 2017 Nello decise che il periodo di gestazione era terminato e che questa musica era finalmente degna di apparire allo scoperto. Nascono le Vele Di Oniride. 
Come li potrei descrivere? Ricordate i F.E.M. con "Sulla Bolla Di Sapone" nel 2014 e "Mutazione" nel 2018, o ancora La Bocca della Verità nel 2016 con "Avenoth"? Ebbene, siamo nello stesso registro: un rock progressivo espressivo, carnoso, un po' oscuro che a volte incalza forte, eppure con fasi di respiro regolare, a volte onirico, a volte psichedelico, ma sempre di grande attualità nel soggetto. È così che devi immaginarti un brano come "Madri Di Niente, Figli Di Nessuno" che flirta con il doom e il dark prog, avvicinandosi anche per certi versi ai Deus Ex Machina. In ogni caso ne vien fuori un brano enorme che toglie il fiato con la sua intensità e la sua atmosfera pesante. Ascolta la lunga litania di cori spettrali al centro del brano... Per non parlare dell'organo furioso di Cristiano Costa, un vero assassino! La maturità di queste sette composizioni è sorprendente. "Sogni Infranti" installa il suono del gruppo in quello che sembra un sé intimo che si trasforma gradualmente in una maestosa sinfonia che acquista slancio e forza nel corso dei minuti, arrivando così alla parte cantata che fa scoprire la voce potente di Francesco Ronchi. "L'Illusione dell'Oblio" permette di cambiare marcia. È un pezzo pieno di contrasti che impone decisamente il gruppo tra i migliori del genere. Intelligente la sequenza con "Catarsi": scopriamo un gruppo che maneggia l'arte delle ballate dark ambient con una delicatezza che fa sognare. Il pezzo dura quasi otto minuti eppure il tempo scorre veloce, forse perché è appunto una canzone fuori dal tempo. Per inciso, la lunga sequenza strumentale, tra magnifico coro di chitarra e organo criptico, è da morire. Se "Apologia Di Reato" sembra fin dall'inizio più primitiva, in particolare la sezione basso/batteria che funziona come un vero e proprio rullo compressore, farete meglio ad aspettare la parte centrale spaziale e il finale in apoteosi per capire il brano. Con "Isolazione", la band torna a un formato-canzone che padroneggia alla perfezione: troviamo un riff di chitarra nell'intro che si può fischiare facilmente, delle strofe piene di emozione, un ritornello enfatico che fa subito decollare la canzone e un ponte molto neo-prog sul synth. In effetti tutto funziona bene ne Le Vele Di Oniride per una buona e semplice ragione: tutto è melodico. Questa traccia è semplicemente un potenziale successo. Come vi ho già ampiamente parlato di "Madri Di Niente, Figli Di Nessuno", andiamo direttamente al titolo finale. "Miraggi Remoti" parte pacato con un piccolo arpeggio di chitarra suonato in ostinato su un sottofondo di evanescenti synth pad. Il gruppo si muove tranquillo, con Francesco Ronchi che mette da solo nelle sue intonazioni l'intensità necessaria per dare rilievo al brano. Il brano in sè sembra in gran parte costruito attorno alla sua linea vocale. Il cambio avviene al quinto minuto con una fuga molto progressiva lanciata dalla chitarra elettrica rapidamente affiancata dalla batteria di Jacopo Cenesi che si occupa di accelerare il tempo e lanciare definitivamente questo magnifico volo prima di ritrovare la voce di Francesco Ronchi nella chiusa finale. 
La Quadratura del Cerchio è una bella sorpresa che non mi aspettavo. Eccoci di fronte a un prog oscuro, molto attraente, con le sue linee melodiche tese e le sue parti ritmiche variegate, servito da ritornelli di chitarra regolati al millimetro, tastiere prolisse ma mai stravaganti, e soprattutto una voce accattivante che impone il suo carisma contagioso e un'umanità che ti tocca.
Ancora una volta il prog italiano contemporaneo mi stupisce e giustifica tutto l'interesse e tutta l'attenzione che si deve dare a ciò che arriva da questo paese, decisamente fatto per portare la musica più bella che c'è. 
Il disco è stato pubblicato il 30 maggio 2023 dalla Lizard Records. 
 
La band: Francesco Ronchi (voce, cori), Nello De Leo (chitarre, synth, cori), Lorenzo Marani (basso), Jacopo Cenesi (batteria), Cristiano Costa (tastiere, synth, pianoforte) 
 
Tracklist:  
1. Sogni Infranti 
2. L'illusione di Oblio
3. Catarsi
4. Apologia Di Reato
5. Isolazione 
6. Madri di Niente, Figli di Nessuno 
7. Miraggi Remoti

mercredi 14 juin 2023

I Viaggi Di Madeleine : Tra Luce e Ombra (trad. It.)

 
Non sono sicuro di avere bei ricordi del primo album di questo gruppo, uscito nel 2019. Ma l'idea di dare una seconda possibilità a I Viaggi Di Madeleine è tanto più attuale in quanto, oltre a una mia legittima curiosità, la formazione leccese si presenta oggi con due soli componenti (il chitarrista Giuseppe Cascarano è intanto scomparso dalla circolazione) e con alcuni ospiti interessanti come rinforzi di cui ovviamente riparleremo proprio dopo questa presentazione generale.
Quindi si riparte per una nuova esperienza con I Viaggi Di Madeleine. E devo dire che l'apertura di "Migrazioni" è ancora molto rassicurante. E' uno strumentale che si bilancia non poco con un basso che schiaffeggia bene e soprattutto con un'onnipresenza di synth, Francesco Carella lega imperturbabilmente tutta una serie di riff e combinazioni che si incastrano benissimo. Senza rompere i mattoni, è ancora il tipo di inizio che ti dà fiducia. "Frequenze solari" conferma questa buona prima impressione con quello che deve essere definito un rock dallo swing irresistibile che Ian Gillan non negherebbe, con o senza Deep Purple peraltro, perché è proprio nello stile di predilezione che piace allo screamer inglese. La chitarra elettrica è tenuta da un musicista piuttosto famoso visto che si tratta comunque di Marco Ancona! Quanto al sax, è suonato da un maestro nella persona di Roberto Gagliardi. Questa seconda traccia è eccellente. Per il terzo round, il gruppo ha reclutato una leggenda del prog inglese, perché è proprio Richard Sinclair stesso a essere al basso e al canto (beh, alla voce per essere più precisi). Il pezzo con il suo oscillante swing jazz e l'atmosfera rilassata gli sta a pennello. L'inizio di Fender Rhodes è lusinghiero per l'orecchio. Ci divertiamo quindi molto con "Poker" che è più da prendere come un bel relax di cinque minuti, jodel compresi.
Bronx" potrebbe essere la controparte cupa della precedente "Poker". Anche qui il ritmo ha uno swing irresistibile ma si avverte un'atmosfera più pesante, presto confermata da un recitato decisamente inquietante, peraltro ammantato da sinistri lamenti. La seconda parte del titolo oscilla logicamente su una sequenza doom illuminata da un finale assolutamente magnifico all'organo (che suono!) con Francesco Carella che crea uno strato sonoro con un allucinato canto da predicatore. Con la quasi strumentale "L'ultima battaglia", siamo trasportati in un universo eroico-fantasy dalle sonorità medievali, il tutto abbastanza vicino allo stile di Nuova Era. Ancora una lunga sequenza centrale doomy viene a oscurare il pezzo ma, ancora una volta, mi piacciono i ritmi pulsanti che, nonostante la loro pesantezza, rimangono imperturbabilmente groovy e quindi fanno la differenza. "Androgino" costituisce un radicale cambiamento di umore. Poiché è una canzone triste, vicina alla disperazione, con un tempo lento con un basso che funge da struttura alla canzone e sintetizzatori utilizzati principalmente nell'accompagnamento di sottofondo. Il contrasto è di nuovo brutale con il brano successivo "Road Roller". Questa è una traccia ibrida tra rock spettinato e industrial destrutturato. È sia bizzarro che molto divertente. L'ospite di giornata, Pietro Sansonetti, non è da meno per il suo breve, ma incisivo, intervento alla chitarra elettrica.
Scrivere che "Nostalgia" abbia un nome appropriato è un eufemismo. Qui l'associazione Fender Rhodes/violino è di grande finezza. Per inciso, l'arco è tenuto da Francesco Del Prete e posso dirvi che è un grande momento e una vera performance prodotta dal nativo del Salento. Per capirsi bene, performance non significa necessariamente virtuosismo. Ascolta, capirai cosa intendo. Il pezzo sembra essere stato composto e realizzato per lui. "Nostalgia" è davvero un finale da sogno. Difficile sperare in meglio.
Con questo secondo album, il duo de I Viaggi Di Madeleine si inserisce definitivamente nel panorama del rock progressivo italiano con uno stile un po' a parte, a volte un po' eterogeneo, ma che merita tutto il nostro interesse.

I Viaggi Di Madeleine : Francesco Carella (chant, claviers, synthés, piano Fender Rhodes, basse, guitare acoustique), Giuseppe Quarta (batterie).

Ospiti : Richard Sinclair (3), Marco Ancona (2), Pietro Sansonetti (7), Francesco Del Prete (8), Roberto Gagliardi (2), Santi Spanna (4). 

Tracklist :

1 – Migrazioni 2 – Frequenze solari 3 – Poker 4 – Bronx 5 – L'ultima battaglia 6 – Androgino 7 – Road roller 8 – Nostalgie

mardi 13 juin 2023

I Viaggi Di Madeleine : Tra Luce e Ombra

Je ne suis pas sûr d'avoir gardé un grand souvenir  du premier album de ce groupe, sorti en 2019. Mais l'idée de donner une deuxième chance à I Viaggi Di Madeleine est d'autant plus pertinente que, en plus d'une légitime curiosité de ma part, la formation de Lecce se présente aujourd'hui avec seulement deux membres (le guitariste Giuseppe Cascarano a entre-temps disparu de la circulation) et avec quelques invités intéressants en renfort dont nous allons évidemment reparler juste après cette présentation générale..

C'est donc reparti pour une nouvelle expérience avec I Viaggi Di Madeleine. Et je dois dire que l'opener "Migrazioni" est quand même très rassurant. C'est un instrumental qui balance pas mal avec une basse qui claque bien et avec surtout une omniprésence des synthés, Francesco Carella enchaînant imperturbablement  toute une série de riffs et de combinaisons qui s'emboîtent réellement bien. Sans casser des briques, c'est quand même le genre de démarrage qui te mets en confiance. "Frequenze solari" confirme cette bonne première impression avec ce qu'il faut bien appeler un rock au swing irrésistible que ne renierait pas Ian Gillan, avec ou sans Deep Purple d'ailleurs, car c'est vraiment dans le style de prédilection qu'affectionne le screamer anglais. La guitare électrique est tenue par un musicien plutôt connu puisqu'il s'agit de Marco Ancona quand même !  Quant au saxo, il est joué par un maître en la personne de Roberto Gagliardi. Excellente cette deuxième piste. Pour le troisième round, le groupe a recruté un mythe du prog anglais, car c'est bien Richard Sinclair lui-même qui est à la basse et au chant (enfin aux vocaux pour être plus exact). Le morceau au swing jazzy chaloupé et à l'ambiance décontractée lui va comme un gant. L'entame au Fender Rhodes est flatteuse à l'oreille. On passe donc un très bon moment avec "Poker"qui est plus à prendre comme une détente sympa de cinq minutes, yodels compris. "Bronx" pourrait être le pendant sombre du précédent "Poker". Là aussi le rythme a un swing irrésistible mais on sent une atmosphère plus lourde, vite confirmée par un récitatif carrément inquiétant de surcroît ambiancé par des lamentos sinistres. La deuxième partie du titre bascule donc logiquement sur une séquence doom éclairée par un final à l'orgue absolument magnifique (quel son !), Francesco Carella en remettant une couche avec un chant de prêcheur halluciné. Avec le quasi instrumental "L'ultima battiglia", on est transporté dans un univers heroic-fantasy à consonance médiévale, le tout se rapprochant pas mal du style de Nuova Era. A nouveau, une longue séquence centrale doomy vient obscurcir le morceau mais, une fois encore, j'aime les rythmes impulsés qui, malgré leur lourdeur, restent imperturbablement groovy et qui font ainsi toute la différence. "Androgino" constitue un changement d'ambiance radicale. Puisqu’il s'agit d'une chanson triste, proche de la désespérance, au tempo lent avec une basse qui sert de structure au morceau et des synthés principalement utilisés en accompagnement de fond. Le contraste est à nouveau brutal avec la piste suivante "Road Roller". Il s'agit là d'un morceau hybride entre rock échevelé et indus déstructuré. C'est à la fois bizarroïde et très réjouissant. L'invité du jour, Pietro Sansonetti,  n'est pas en reste pour sa courte, mais incisive, intervention à la guitare électrique. Écrire que "Nostalgie" porte bien son nom est un euphémisme. Ici l'association Fender Rhodes/violon est d'une grande finesse. Au passage, l'archet est tenu par Francesco Del Prete et je peux vous dire que c'est un grand moment et une vraie performance que produit le natif de Salento. Pour que l'on se comprenne bien, performance ne veut pas dire obligatoirement virtuosité. Ecoutez, vous comprendrez ce que je veux dire. Le morceau semble avoir été composé et fait pour lui. "Nostalgie" est vraiment un final de rêve. Difficile d’espérer mieux.

Avec ce deuxième album, le duo d'I Viaggi Di Madeleine prend définitivement sa place dans le paysage du rock progressif italien avec un style bien à part, parfois un peu hétéroclite, mais qui mérite tout notre intérêt.

L'album sort le 21 juin chez M.P. & Records et est distribué par G.T. Music.         

Le groupe : Francesco Carella (chant, claviers, synthés, piano Fender Rhodes, basse, guitare acoustique), Giuseppe Quarta (batterie).

Invités : Richard Sinclair (basse, chant sur 3), Marco Ancona (guitare électrique sur 2), Pietro Sansonetti (guitare électrique sur 7), Francesco Del Prete (violon sur 8), Roberto Gagliardi (sax soprano sur 2), Santi Spanna (récitant sur 4). 

La tracklist :

1 – Migrazioni 2 – Frequenze solari 3 – Poker 4 – Bronx 5 – L'ultima battaglia 6 – Androgino 7 – Road roller 8 – Nostalgie

mardi 6 juin 2023

Le Vele Di Oniride : La Quadratura del Cerchio (FR)

C'est toujours quand je m'y attends le moins que je découvre une petite merveille bien cachée au milieu d'une pile d'albums à écouter. Décidément, le prog italien n'en finit pas d'étonner pendant que d’autres tournent en rond depuis quelques dizaines d'années maintenant.  

Pour Le Vele Di Oniride, l'histoire a commencé une première fois en 2006 avec le groupe Ellephant créé par le guitariste Nello De Leo. Pendant plusieurs années, les compositions ont subi des modifications et des évolutions jusqu'à ce qu'en 2017, Nello décide que la période de gestation était terminée et que cette musique était enfin digne d'apparaître au grand jour. Le Vele Di Oniride était né.  

Comment vous dire ? Vous vous rappelez F.E.M. avec Sulla Bolla Di Sapone en 2014 et Mutazione en 2018, ou encore La Bocca della Verità en 2016 avec Avenoth ? Et bien nous sommes dans le même registre : un rock progressif expressif, charnu, plutôt sombre qui appuie fort à l'occasion, avec pourtant régulièrement des phases de respirations, parfois oniriques, parfois psychédéliques, mais avec toujours une grande pertinence dans le propos. C'est comme cela qu'il vous faudra appréhender un morceau comme "Madi Di Niente, Figli Di Nessuno" qui flirte avec le doom et le dark prog, se rapprochant même par certains côtés de Deus Ex Machina. En tout cas, un titre énorme qui coupe le souffle par son intensité et par son atmosphère lourde en souffre. Écoutez la longue litanie de chœurs spectraux en milieu de piste. Et je ne vous parle même de l'orgue en furie de Cristiano Costa, une vraie tuerie !

La maturité de ces sept compositions surprend. "Sogni Infranti" installe le son du groupe dans ce qui ressemble à un entre-soi qui va progressivement se transformer en une symphonie majestueuse qui prend de l'ampleur et de la force au fil des minutes, amenant ainsi la partie chantée qui permet de découvrir la voix puissante de Francesco Ronchi. "L'illusione dell'Oblio" permet de passer la vitesse supérieure. Il s'agit d'un morceau tout en contrastes qui impose définitivement le groupe parmi les meilleurs.L’enchainement avec "Catarsi' est malin. On y découvre un groupe qui manie l'art de la ballade dark ambient avec une finesse qui laisse rêveur. Le morceau dure presque huit minutes et pourtant le temps passe vite, peut-être car il s'agit d'une chanson hors du temps justement. Au passage, la longue séquence instrumentale, entre chorus de guitare magnifique et orgue cryptique, est à tomber par terre. Si "Apologia Di Reato" semble d'emblée plus primaire avec notamment la section basse/batterie qui fonctionne comme un vrai rouleau compresseur, il est quand même bon d'attendre la partie centrale spacey et le final en apothéose pour comprendre le morceau. Avec "Isolazione", le groupe revient à un format chanson qu'il maîtrise à la perfection : un riff de guitare en intro que l'on peut siffler sans problème, des couplets emplis d'émotion, un refrain emphatique qui fait immédiatement décoller le morceau, un pont très neo prog au synthé, et çà passe. En fait, tout passe avec Le Vele Di Oniride pour une bonne et simple raison, c'est que tout est mélodique. Ce morceau est tout simplement un tube potentiel. Comme je vous ai déjà longuement parlé de "Madi Di Niente, Figli Di Nessuno", on passe directement au titre final, "Miraggi Remoti" qui démarre calmement avec un petit arpège de guitare joué en ostinato sur fond de nappes de synthé évanescentes. Le groupe déroule tranquillement, avec tout juste Francesco Ronchi qui met ce qu'il faut d'intensité dans ses intonations pour donner du relief au morceau. Le titre est d'ailleurs largement construit autour de sa ligne de chant. La bascule se fait à la cinquième minute avec un emballement très progressif lancé par la guitare électrique rapidement rejointe par la batterie de Jacopo Cenesi qui se charge d’accélérer le tempo et de lancer pour de bon cette magnifique envolée avant de retrouver la voix de Francesco Rocchi pour les dernières mesures.

La Quadratura del Cerchio est une belle surprise à laquelle je ne m'attendais pas. Voici un dark prog, oh combien attirant, avec ses lignes mélodiques tendues et ses parties rythmiques variées, servi par des chorus de guitares ajustés au millimètre, des claviers prolixes mais sans jamais en faire trop, et surtout une voix prenante qui impose son charisme contagieux et une humanité qui vous touche.

Une fois encore le prog italien contemporain m'aura émerveillé et aura justifié tout l'intérêt et toute l'attention qu'il faut porter à ce qui vient de ce pays, décidément fait pour porter la plus belle musique qui soit.

C'est sorti le 30 mai 2023 chez Lizard Records  

Pour le bandcamp du groupe, c'est ici.

Le groupe : Francesco Ronchi (chant, chœurs), Nello De Leo (guitares, synthé, chœurs), Lorenzo Marani (basse), Jacopo Cenesi (batterie), Cristiano Costa (claviers, synthés, piano)

La tracklist :

  1. Sogni Infranti
  2. L'illusione dell'Oblio
  3. Catarsi
  4. Apologia Di Reato
  5. Isolazione
  6. Madi Di Niente, Figli Di Nessuno
  7. Miraggi Remoti

vendredi 2 juin 2023

Conférence Giallo & Rosso au Forum des Images (Paris)

Si vous voulez venir, si vous pouvez venir, je vous attends avec plaisir. Mais c'est sur réservation avec un nombre de places limité à 100. Voici le le lien pour s'incrire.

https://www.facebook.com/events/3584670185094433/?ref=newsfeed