Après la sortie de cet album que
personne n’attendait, Endless Nights (voir ma chronique d’il y a
quelques jours), il était indispensable d’en savoir plus sur notre revenant
italien, Michele Conta, ancien membre historique de la Locanda delle Fate. Et
bien, vous ne serez pas déçus car la première interview exclusive de Michele
est pour les lecteurs de ce blog. Voici la version en français, la version en
italien devrait suivre bientôt.
Hello Michele, je suis tellement content d’avoir cet
échange avec toi. Alors évidemment la première question s’impose
d’elle-même : qu’as-tu fait pendant toutes ces années après la disparition
de la Locanda delle Fate en 1980 je crois ?
Salut Louis, durant toutes ces
années, j’ai travaillé à plein temps comme docteur et le temps dédié au piano
était en soirée après le dîner pour me relaxer un peu après ma journée de
travail.
Pourquoi avoir attendu si
longtemps pour faire cet album solo ?
En fait, après la fin de la
Locanda delle Fate, la disco et le punk ainsi que d’autres musiques de mauvaise
qualité s’imposaient de plus en plus, alors j’ai préféré quitté ce milieu.
As-tu gardé des contacts
amicaux avec les membres de la Locanda delle Fate ?
Les relations personnelles avec
les membres de la Locanda delle Fate sont bonnes. Avec certains d’entre eux,
nous nous appelons souvent au téléphone et nous nous voyons aussi. Tu sais,
j’ai rejoint le groupe alors que j’étais encore un gamin, j’avais à peine dix
sept ans et les autres membres de la formation étaient plus vieux que moi de
plusieurs années. Aussi, je les considère encore aujourd’hui comme des grands
frères à qui je demande des conseils.
Tu n’as jamais imaginé rejouer
avec la Locanda delle Fate ?
Au fil des ans, il y eu plusieurs
tentatives de réunion avec la Locanda mais qui n’ont jamais abouties. Le point
de désaccord venait du fait que certains musiciens du groupe voulaient
uniquement partir en tournée pour jouer les chansons du vieil album, alors que
moi je voulais faire un nouvel album. En fait, je préfère de loin le processus
de composition aux concerts !
As-tu pensé, un moment, à inviter des membres de la
Locanda delle Fate sur ton album ?
Pour les parties chantées du
disque, j’avais pensé demander à Leonardo (Sasso), mais Simone Lampedone
(l’ingénieur du son) m’a fait remarquer que le son aurait alors été trop proche
de la Locanda. Pour finir, j’ai choisi
la voix d’Ermanno Brignolo (le guitariste) car il vit à Sydney en Australie et,
objectivement, il a une prononciation parfaite de l’anglais.
Cet album est-il un prolongement de la Locanda delle
Fate ou quelque chose de complètement différent dans ton esprit ?
Tu trouveras inévitablement des
similitudes avec la musique de la Locanda, car comme tu l’as très bien noté
dans ta chronique, j’ai composé quatre des morceaux de Forse
le lucciole non si amano più. La différence essentielle avec la musique de
la Locanda delle Fate provient des arrangements qui sont moins baroques et donc
plus simples mais, je l’espère, tout aussi bons.
Quand as-tu composé les morceaux d’Endless nights ?
Comme je te le disais, pendant toutes ces années, durant
lesquelles je n’ai rien enregistré, je me suis contenté de jouer et de
composer. C’est Niko Papathanassiou (le frère du
grand Vangelis) qui m’a convaincu de faire ce CD. En fait, il vit à Volos en
Grèce et deux fois par an il revient à Milan pour voir ses deux filles (qui y
vivent). Il est arrivé qu’il prenne le train pour venir me voir quelques jours
à Asti. Ensemble, nous nous sommes remémorés le bon vieux temps entre deux
verres de vin. Il a alors écouté mes
dernières compositions. Il m’a donné son jugement et m’a convaincu de m’y
remettre pour de bon.
Comment définis-tu la musique
de ton album ? Est-ce du prog pour toi ?
A mon avis, ce que tu entends sur
mon disque fait toujours partie de ce genre de musique que vous définissez
depuis les années soixante dix comme du rock progressif. Les journalistes de
l’époque nous définissaient eux comme un groupe de rock méditerranéen ou de
rock romantique !
Pour moi, c’est tout simplement un
album fait de six chansons dans lequel je tente d’exprimer mes émotions et qui
ne laisse pas de place pour des phases gratuites de virtuosité.
Pourquoi avoir été enregistrer aux studios Abbey Road à
Londres ?
L’enregistrement de
l’album s’est fait en partie à Turin dans le studio de Simone Lampedone et
s’est poursuivi ensuite à Abbey Road. J’aime vraiment ces studios à Londres.
Quand tu les regardes de l’extérieur, du fameux passage piéton, ils ont une
apparence qui intimide n’importe quel musicien. Mais une fois à l’intérieur il
y a une belle ambiance à la fois professionnelle et amicale. La simplicité avec
laquelle les techniciens vous mettent à l’aise est surprenante. Mon ingénieur
du son favori est Frank Arkwrite car il essaie de comprendre le son que tu veux
tout en apportant sa personnalité.
Comment çà s’est passé avec Gavin Harrison ?
J’ai été très chanceux de pouvoir
rencontrer Gavin Harrison. Il est connu qu’il ne joue que sur des chansons qui
le touchent émotionnellement. Avant
d’accepter, il a donc voulu écouter mes compositions. Alors j’ai fait un tri et
je lui ai envoyé ma sélection de morceaux que j’avais choisis. Je dois t’avouer
que pour moi, c’était comme de passer un examen scolaire. Et puis nous avons
débuté l’enregistrement en commençant par
« E 'Nella Aria ... ». Je vais te faire une confidence :
il y avait une chanson qu’il n‘aimait pas beaucoup, alors il a préféré ne pas
la jouer.
Qu’est ce que tu écoutes comme
musique aujourd’hui ?
Actuellement, j’écoute de la musique de styles très
différents, même du classique. J’ai laissé tomber les vieux dinosaures
progressifs desquels j’ai beaucoup appris dans ma jeunesse (je pense à Genesis,
Gentle Giant, King Crimson etc…). Récemment, j’ai écouté Steven Wilson et
Pineapple Thief.
Qu’est ce que tu penses du milieu de la musique
aujourd’hui, des nouveaux médias (le streaming) et du business actuel ?
Dans les années récentes, la
technologie numérique a complètement changé la manière de faire de la musique
et de la produire. Les maisons de disques ont de moins en moins d’importance. A
mon avis, cela ne devrait pas effrayer les musiciens car cela permet d’établir
une relation plus directe avec l’auditeur (youtube etc…). Nous devons toujours
penser que tout change et évolue mais la création artistique et l’inspiration
seront toujours présentes en nous.
Vas-tu monter sur scène pour
jouer cet album et peut être d ‘autres vieux morceaux ?
Pour l’instant, j’ai seulement quelques représentations
live au piano de programmées. La plus importante est prévue pour la première
semaine de janvier (2020) à Londres.
On peut espérer un autre album
maintenant Michele ?
Les derniers mois ont été particulièrement positifs pour
moi d’un point de vue créatif, dans le sens où j’ai eu de nouvelles idées avec
parallèlement une évolution de mon style. Si les retombées de ce CD sont
bonnes, alors l’objectif serait de concrétiser ces nouvelles idées dans un
nouvel album, oui.
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