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dimanche 10 janvier 2021

Ellesmere : Wyrd

Roberto Vitelli, que l'on avait rencontré précédemment comme bassiste et guitariste du groupe Taproban, s'est lancé depuis 2015 dans un projet solo baptisé Ellesmere. Après un premier album majoritairement acoustique de tonalité pastorale répondant au doux nom évocateur de Les Châteaux de la Loire, Roberto avait commis un second album beaucoup plus orienté "classic prog" avec une palanquée d'invités intervenant sur le dénommé Ellesmere II / From Sea and Beyond, avec entre autres Davy O'List (The Nice), Trey Gunn (King Crimson), Brett Kull (Echolyn), Daniele Pomo (Ranestrane) et l'inévitable David Jackson (Van der Graaf Generator). Pour son troisième album, il reproduit la même recette tant au niveau de l'orientation musicale prog, désormais clairement revendiquée, que de la réunion d'une équipe de rêve qui comprend cette fois Mattias Olsson (Anglagard, White Willow),Tony Pagliuca (Le Orme), Luciano Regoli (Raccomandata Ricevuta Riturno),  David Cross (King Crimson), Tomas Bodin (The Flower Kings), John Hackett, Fabio Liberatori (claviériste pas connu en France mais qui est une pointure réputée en Italie) et... David Jackson bien sûr ! Vous pouvez ajouter à cela une cover qui en jette. Elle est signée Rodney Matthews et succède avantageusement à celle de From Sea and Beyond (que l'on devait à Colin Elgie) qui avait un côté un peu trop kitch à mon goût. C'est loin d'être le cas de la pochette de Wyrd qui nous plonge dans un monde d'Héroic-Fantasy. Çà tombe très bien car "Challenge", le premier morceau est complètement raccord avec cet univers et l’album n'aurait pas pu mieux démarrer qu'avec ce type d'épic qui réunit le meilleur du prog anglo-saxon et du prog italien avec pour point commun une dimension symphonique romantique qui vous remue vraiment. Derrière, "The eery manor" est un titre plus torturé qui a évidemment de fortes réminiscences avec Ys d'Il Balleto di Bronzo mais aussi avec quelques passages du Felona e Sorona de Le Orme. Je dois dire que les claviers sont utilisés avec toute la maestria que requiert ce type d'exercice avec à l’arrivée, un effet saisissant.  "Endeavour" est, disons, plus atmosphérique. La ligne de chant manque à mon avis d'assurance, mais colle bien à la tonalité d'ensemble qui se veut mélancolique, au moins jusqu'à l'intervention furibonde d'un orgue énervé qui ouvre pour le saxo de l'ami David Jackson. Vous vous doutez bien qu'il ne faut pas trop chercher l'anglais sur ce terrain et son sax part rapidement dans des dérapages contrôlés dissonants dont lui seul a le secret. Les retours réguliers à des plages plus calmes et surtout la présence d'une pédale basse sur certaines séquences rappelle bien sûr Genesis. Malgré ses multiples variations d'ambiances et de tempi, le morceau a une certaine tenue à défaut d'une réelle cohérence. Arrive alors "Ajar" et sa longue intro en partie inspirée de celle de "Heart of the sunrise" (si si écoutez bien la section rythmique) de qui vous savez. La suite du titre a de quoi surprendre avec une succession de plans de claviers coupés par des riffs de saxo et des interventions de chœurs qui se veulent yessiens bien sûr. Le résultat nous amène plus du côté de Drama que de Relayer même si quelques passages tarabiscotés peuvent faire illusion. L'outro du morceau reprend le thème de l'intro avec, il faut le dire, une certaine réussite. Avec "Endless" le cinquième et dernier morceau, Roberto apporte la preuve qu'il peut encore faire mieux et monter le niveau d'un cran pour nous offrir ce qui est sans aucun doute l'apogée de cet album. En treize minutes et des poussières, Roberto propose un florilège de son savoir-faire autant pour ce qui concerne la partie compo, que pour les arrangements et bien sûr l'exécution. Cela donne une très belle première partie inspirée et mélodique à souhait dans une veine proche, une fois encore, de Genesis, mais aussi de ceux que l'on peut entendre chez les meilleurs groupes de néo-prog (ceux qui ont des claviéristes dignes de ce nom, suivez mon regard). Le morceau enchaine ensuite avec une deuxième section toujours instrumentale, superbe avec d'irrésistibles explosions orchestrées aux claviers. Nous arrivons ainsi, sans avoir ressenti de longueurs, sur une dernière partie de morceau étonnante qui bascule dans univers sonore électronique qui ne manque pas de surprendre.
Wyrd est surement la meilleure production à ce jour de Roberto Vitelli avec Ellesmere. Il va maintenant falloir tenir le cap et peut être envisager un nouvel album avec un chanteur plus emblématique. Ce serait bien.   

La tracklist :

  1. Challenge
  2. The eery manor
  3. Endeavour
  4. Ajar
  5. Endless

La formation : Roberto Vitelli (guitares, basses, pédale basse), Mattias Olsson (batterie), Fabio Bonuglia (claviers).   

Invités : Luciano Regoli (chant), Giorgio Pizzala (chant), Tomas Bodin (basse), John Hackett (flûte), David Cross (violon), Fabio Liberatori (claviers), Tony Pagliuca (claviers), David Jackson (saxophone).

Les liens utiles : 

Le bandcamp d'Ellesmere

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