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dimanche 21 février 2021

Le coin des vinyles : ma vérité

J’avoue écouter indifféremment des CD et des vinyles, voire même des cassettes. Opposer un support à un autre me paraît totalement inutile. Quand vous savez comment, d’un côté, le son peut être travaillé, modifié, transformé à l’envie. Quand vous constatez, de l’autre côté, que la manière dont chacun perçoit le son dépend de tellement de facteurs dont certains sont totalement empiriques et sujets à interprétation. Il apparaît alors que les débats vinyles versus CD sont vains (surtout à l'ère du tout numérique dématérialisé) et peuvent durer indéfiniment en encombrant les pages des réseaux sociaux sans satisfaire personne.  

Pour ma part, quand je mets un vinyle sur la platine, il s’agit d’un  disque original pressé durant les années soixante et soixante dix (ce qui tombe bien car cela correspond à la période à laquelle les styles de musiques que j’écoute ont été produits), jamais de réédition, rarement de vinyle récent (sauf quand mes amis musiciens sortent une édition spéciale vinyle que je me fais alors une joie de posséder). L’inconvénient des vieux vinyles réside principalement dans le fait qu’il faut être prêt à affronter les inévitables crépitements et craquements, plus ou moins répétés et plus ou moins supportables selon l’état de l’exemplaire possédé. Mais au moins, je suis dans une logique qui est la suivante : si je choisis d’écouter un vinyle, c’est pour le son particulier qui sort de la lecture du sillon. Pour cela, et pour que tout soit en cohérence et que çà ait vraiment un sens, il faut que les données lues soient  à 100% analogiques. Qu’est ce que cela veut dire ? Pour moi, c’est très simple, cela signifie que toute la chaîne doit être analogique du début à la fin, en passant par toutes les étapes : enregistrement analogique, mixage analogique, mastering analogique et support analogique  (le vinyle donc). Il n’y a aucune position extrémiste là-dedans, juste le fait que je ne vois pas bien l’intérêt d’écouter ces rééditions vinyles récentes qui ne sont ni plus ni moins qu’une somme de données numériques transférées et gravées ensuite sur vinyle ; une hérésie pour ne pas dire une imposture, quand les informations n’ont pas été retraitées pour donner un rendu son plus moderne ou plus présentable, ou les deux, c‘est  selon ! Combien vous pariez que c’est justement le cas quasiment à chaque fois. Même les rééditions affichant une remastérisation à partir des bandes originales analogiques subissent un traitement numérique. Il ne peut en être autrement. Ceux qui imaginent entendre, avec une réédition actuelle, le son à l'identique du vinyle de l'époque peuvent y croire, mais la réalité est imparable. Ce qu'ils écoutent est peut-être bon au niveau son mais ce n'est pas celui de la source originelle. Au moins, ils ne pourront pas dire qu'ils ne savaient pas.

Car j’ajouterais aussi un élément supplémentaire, essentiel pour moi, que l’on oublie un peu trop dans l’affaire : les vinyles originaux ont été conçus par les ingénieurs du son de l’époque qui avaient un vrai savoir-faire en matière d’enregistrement et de mastering analogique. Je ne pense pas que ce soit le cas aujourd’hui, et même si cela l’était, la norme en matière de son a radicalement évoluée et un ingénieur du son actuel modélisera le master final en se basant automatiquement sur ces références modernes, les seules qu’il sait reproduire, non plus sur des tables de mixages constellées de potards qu’on maniait du bout des doigts mais bien sur des logiciels impersonnels.  Pas sûr que ce soit ce type de sonorités que je souhaite entendre quand j’écoute un vinyle. Bien sûr, il y a une multitude de vinyles qui sont sortis à leur époque avec un son pourri, mais bizarrement quand  vous tombiez sur ce genre de coucou (çà m’est arrivé bien sûr), vous n’aviez pas l’impression de vous êtes fait avoir. En général, vous étiez plus désolé pour le groupe ou l’artiste, en vous disant que ce drôle de son, étouffé ou à l’inverse clinquant, ne lui rendait pas justice. Alors qu’aujourd’hui, acheter trente euros une réédition pour entendre un son qui semble (qui est !) complètement trafiqué, là vous sentez bien l’arnaque. Au passage, je n’en peux plus de voir tous ces hipsters se la jouer « moi je ne crois que dans le vinyle », « moi je reconnais le son du vinyle », « moi, je crée un label pour faire des vinyles que je vais vendre très chers ». Réponse : "toi le hispter, tu restes chez toi à sniffer ton rail et tu laisses les hommes, les vrais, écouter leurs vinyles en chiquant leur bière". Je m’étais promis de ne pas lâcher de vapeur. Désolé c’est parti tout seul.

En résumé, si vous voulez écoutez des vieux albums  en vinyle, procurez vous une version d’origine, pas une réédition. Vous aurez le « vrai » son que vous cherchiez et en plus vous aurez le plaisir de l’objet sans le code barre au dos. Avec un peu de chance, vous aurez même le sticker RTL au verso et l'étiquette prix du Prisunic à 59 francs au verso.       

Si vous souhaitez en savoir plus sur les mystères du son vinyle mais aussi sur le business actuel du vinyle, je ne peux que vous conseiller de vous référer à l’étude que j’ai réalisée sur ce sujet et qui se trouve en préambule de mon livre Plongée au cœur du Rock Progressif Italien sorti en 2018 chez Camion Blanc.

Merci de m’avoir lu jusqu’au bout. A bientôt

Louis

4 commentaires:

  1. Bonjour,
    Je suis de ton avis . Le principal est la musique . Quelque soit le support, il reste la musique ( cd, vinyle, mp3 , cassette ).

    Max

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  2. Bonjour,
    Je suis de ton avis . Le principal est la musique . Quelque soit le support, il reste la musique ( cd, vinyle, mp3 , cassette ).

    Max

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  3. Votre vérité sur les vyniles est exactement la même pour moi. Cela ne me dérange pas d'avoir un crépitement, c'est d'origine (60/75) , il y a du "vécu" et je suis pour les CD la plus part du temps de nos jours. Votre publication est très juste. Merci Louis de Ny.
    Je feuillette souvent vos deux ouvrages qui sont une bonne source d'information.

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