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dimanche 27 février 2022

De Rossi e Bordini

  

Petit rappel pour les néophytes du genre : Carlo Bordini est le batteur historique de trois groupes qui comptent dans l'hsitoire du prog italien : Goblin, Cherry Five et Rustichelli e Bordini. Gianluca De Rossi est, quant à lui, depuis le début des années deux mille le leader et maître à penser du groupe Taproban.

Cela fait déjà plusieurs années que Carlo Bordini et Gianluca De Rossi collaborent ensemble, puisque dès 2008 ils avaient présenté un long épique "il pozzo dei giganti" sur la méga compilation Dante's inferno, The Divine Comedy Part 1. En 2010 ils proposaient "Dentro la Cerchia Antica (Paradiso XVI)" pour le dernier volet du projet Dante's inferno. En 2015, les mêmes ressuscitaient Cherry Five pour un album qui reprenait le titre  "il pozzo dei giganti"dans une version rallongée et plus travaillée mais aussi "Dentro la Cerchia Antica" et en complément "Manfredi (Purgatorio III)" leur permettant ainsi de présenter leur propre interprétation conceptuelle de la Divine Comédie. Ils sortent donc enfin un album sous leurs deux seuls noms évoquant bien sûr l'antique mais mythique  Rustichelli e Bordini.  

Carlo Bordini : batterie, percussions, récitatif

Gianluca De Rossi, claviers, pédales Taurus, voix

La tracklist :

2. La Porta Nel Buio (18:42)
3. Natività (4:57)
4. Cammellandia (12:58) 
 
Voilà le (très court) trailer pour nous faire patienter :  De Rossi e Bordini
 

 

 

 

lundi 14 février 2022

Nathan : Uomini di sabbia

Sortie du troisième album des liguriens de Nathan, après Nebulosa en 2016 et Era en 2018. Huit morceaux pour Uomini di Sabbia dont une longue suite de 15 minutes, "Eros". En cliquant sur les liens vous pouvez écouter deux morceaux : "Fatti non foste" et "Nel giardino di Maria". 

Quelques explications (en italien) par le groupe lui-même : 

Terzo album in poco più di cinque anni per i Nathan, formazione proveniente dalla città ligure di Savona capitanata dal duo Piergiorgio Abba / Bruno Lugaro, rispettivamente tastierista e cantante, autori di tutte le musiche e i testi. Musicalmente “Uomini di sabbia” riprende il percorso già intrapreso con il debutto “Nebulosa” (2016) e il successivo “Era” (2018), con chitarre energiche, atmosfere ‘genesisiane’ e composizioni costellate di tempi dispari; i brani sono ancora più complessi ma anche immediati al tempo stesso, grazie a una notevole attenzione alla produzione e ai suoni che rende l’ascolto scorrevole e privo di punti deboli. “Uomini di sabbia” non è un ‘concept album’ nel senso classico del termine, ma tutti i brani sono uniti da un tema comune: l’individuo, le sue debolezze e incapacità di opporsi ai soprusi - da cui la metafora della sabbia - ma anche il coraggio e lo spirito d’avventura che rendono l’uomo capace di ribellarsi alle ingiustizie; in sintesi, un’onesta rilettura di questi tempi difficili in chiave hard-prog rock, suggellata dalla lunga suite conclusiva “Egos”, incentrata sul tema del Grande Fratello e della libertà come utopia.
 

La tracklist :
1 Fatti non foste 4:41
2 Monoliti 7:05
3 Delirio onirico 7:55
4 Il pianto del cielo 3:56
5 Madre dei sortilegi 9:19
6 Nel giardino di Maria 6:28
7 L’acrobata 5:32
8 Egos 14:54

ZoneM : Sono dentro di me

Il faut un certain courage et une certaine dose d'inconscience pour se lancer en 2022 dans un projet conceptuel qui revendique une franche inclinaison pour l'horrifique aussi bien que pour le gothique et en tout état de cause pour le non conventionnel. C'est le challenge que relève pourtant Beppi Menozzi le claviériste d'Il Segno del Comando. Les autres membres de son groupe principal font d 'ailleurs partie de l'aventure (Diego Banchero à la basse, Fernando Cherchi à la batterie, Davide Bruzzi et Roberto Locanato aux guitares) au même titre que ceux de son autre formation, Jus Primae Noctis (Marco Fehmer au chant, Pietro Balbi à la guitare). Tout ce petit monde, augmenté d'encore quelques autres musiciens, participe à ce projet très personnel, imaginé par Beppi, basé sur une réflexion conceptuelle qui mérite réellement une recherche approfondie (qui se trouve être un sujet sur lequel je travaille en ce moment !) : l’idée que les sons que l'on perçoit ont le pouvoir d'activer des sensations primaires, notamment la peur. Ainsi, c'est l’amygdale, connu comme le noyau le plus ancien du cerveau humain, qui déclenche l’anxiété et la tension sans que la partie rationnelle de l’esprit puisse en avoir le contrôle. Les sons et la musique sont des vecteurs directs pour atteindre les couches les plus profondes du cerveau. Les sons le font à travers des bruits inattendus, des bruits non identifiables mais aussi des bruits naturels reconnaissables. La musique le fait en influençant le métabolisme et la fréquence cardiaque à travers le rythme et les dissonances qui entraînent l’auditeur hors de la zone de confort des sons familiers et attendus.

A partir de ce constat, Beppi Menozzi se lance dans un incroyable périple introspectif  qui incite fortement l'auditeur à faire ce voyage sonore les yeux fermés à l'écoute de ses réactions intimes en essayant de visualiser ce qu'il ressent,, ce que le titre de cet album indique clairement "sono dentro di me"("je suis en moi" ). Il va alors se trouver balloter entre des ambiances musicales évocatrices d'un certain type de  films (on va y revenir) et un style de musique plus communément prog. D'un côté les atmosphères cinématographiques évoquent les bandes son des gialli et des films d'horreur  de la grande époque des années soixante dix (l'énorme "Cospirazione" est un modèle du genre !). Il y a des évocations incroyables dans cet album avec des ambiances aussi bien à la John Carpenter ("Vulnerabile, bestia pt 3") qu'à la David Lynch ("Merrick")  ou encore à la Fabio Frizzi ("Amigdala"). De l'autre côté, les références au rock progressif émergent régulièrement évoquant Emerson Lake & Palmer ("Peshtigo") et même Peter Gabriel. On n'est pas complètement coupé non plus des styles, dark et torturés, habituellement développés par les deux groupes de Beppi Menozzi, Il Segno del Comando et Jus Primae Noctis avec des titres comme "Arkham" ou encore "Cthulhu". Enfin, si vous voulez juste vous faire plaisir, écoutez le technoïde et funky "Nessuna uscita", le genre de morceau après lequel moult musiciens permanentés des années quatre vingt ont couru sans jamais l'atteindre.

Le foisonnement de thèmes et l'alternance de titres, soit raisonnablement longs soit très courts, semblent résulter de la volonté délibérée de Beppi Menozzi qui veut privilégier la spontanéité de ses idées en faisant passer au second plan la forme. Tout cela afin de solliciter la mémoire la plus ancienne et la plus instinctive de l'auditeur, par des détails inaudibles rationnellement. En cela, le sentiment d’avoir affaire à un montage décousu prédomine, mais çà fait tellement plaisir d’être face à une œuvre ambitieuse et réellement originale. Car au final ce qui est le plus remarquable dans cet album, c'est bien ce sentiment d'avoir affaire à une succession de climats dérangeants et d'ambiances déstabilisantes qui obligent se réajuster en permanence avec la réalité. Expérience réussie pour moi donc !  

 

Musiciens et participants : Beppi Menozzi (chant, claviers, arrangements, composition, textes, production) Pietro Balbi (guitare), Diego Banchero (basse, texte) Alessandro Bezante (basse), Davide Bruzzi (guitare), Fernando Cherchi (batterie), Marco Fehmer (chant, guitare, composition, textes), Graziella Gemignani (quadri), Mauro Isetti (basse), Roberto Lucanato (guitare), Renzo Luise (guitare), Tommaso Maestri (guitare),Pietro Menozzi (guitare), Rita Menozzi (chant), Riccardo Morello (chant), Silvia Palazzini (chant), Paolo Puppo (graphisme, guitare), Mario Riggio (batterie). 

La tracklist :

  1. Nessuna uscita
  2. Arkham
  3. Cospirazione
  4. Eurimaco, il mentitore (bestia pt 1) 
  5. Cthulhu
  6. Polifemo (incubo pt 1)
  7. Amigdala
  8. Incubo pt 2
  9. Peshtigo
  10. Sono qui (bestia pt 2)
  11. Vulnerabile (bestia pt 3)
  12. Bestia pt 4
  13. Merrick
  14. Proci (bestia pt 5)
  15. Sono dentro di me
  16. Saigon

 Distribué par Black Widow Records



lundi 7 février 2022

Enten Hitti : Via Lattea

 

Avec Enten Hitti, j'en étais resté au très beau  A tutti gli uragani che ci passarono accanto chroniqué sur ce blog en mai 2020. Mais voilà que ce collectif de recherche musicale revient début 2022 avec Via Lattea. Cette fois les musiciens d'Enten Hitti sont partis chercher l'inspiration dans le patrimoine matrilinéaire de l'Homme et plus généralement dans ce qui est enfoui au plus profond de chaque homme : la transmission de la vie assurée à preuve du contraire par les femmes, n'en déplaise aux progressistes inconséquents de la Silicon valley. Via Lattea est donc le résultat de plusieurs voyages effectués dans les endroits où la culture de la "femme sacrée" a pris forme il y a plus de quatre mille ans. On parle là, aussi bien de Chypre, de la Crète, de la Turquie, que de l'Irlande, de l'Afrique du Sud ou encore de l'Indonésie. Les faits historiques et géographiques ont été librement réinterprétés et transformés en pièces musicales qui, tout en évoquant dans certains cas des univers musicaux spécifiques veulent avant tout saisir l’esprit du "féminin" dans son universalité. Via Lattea est donc un hommage à la qualité "féminine" et aux cultes de la Déesse Mère remis au goût du jour avec des moyens contemporains.  

Le style musical reste celui auquel les musiciens d'Enten Hitti nous ont habitué : ethnique, minimaliste, ambient pour un résultat éthéré, vaporeux avec une sensation de grande sensibilité à la fois hypnotique et évocatrice d'une forme de quête spirituelle. Car ne nous y trompons pas, ce qui distingue la musique d'Enten Hitti des trop nombreux rubans musicaux new age qui pullulent un peu partout, c'est bien cette profondeur dans le propos et cette évidente volonté permanente de donner du sens à chaque onde sonore produite. Je vous laisse écouter "Compassion of a star" (avec Paola Tagliaferro, Lorenzo Pierobon et Claudio Milano au chant) ou "What clouds now" (avec cette fois, la voix seule de Paola Tagliaferro) pour bien entendre ce que je veux vous faire comprendre. Magique serait peut-être le qualificatif qui résume le mieux Via Lattea (la voie lactée). 

Le groupe est formé de Pierangelo Pandiscia, Gino Ape, Giampaolo Verga et Jos Olivini auxquels sont venus se joindre quelques noms connus de la sphère prog italienne  + quelques musiciens amis invités : Juri Camisasca, Jenny Sorrenti, Vincenzo Zitello, Antonio Testa, Alio Die, Paola Tagliaferro, Claudio Milan, Gamelan Gong Cenik, Giulia Ermirio. 

dimanche 6 février 2022

Aquael : Anthology

 

En 1979,  le groupe Aquael voit le jour à Turin. Comme le clame haut et fort son leader, Maurizio Galia, il s'agit d'une des toutes dernières manifestations du prog italien des années soixante dix. Dans la configuration Aquael le groupe n'enregistre rien de probant et disparaît au profit quelques années plus tard de Maury e i Pronomi, une formation sœur toujours drivée par un Maurizio Galia aussi têtu que persévérant. Trois albums sont publiés de manière très confidentielle en autoproduction (quelques centaines de copies seulement sont vendues à chaque fois) : Ziqqurat nel canavese en 1997, Tanganica il passato ed il futuro en 2000 et (Ec)citazioni Neoclassische en 2004. Le dernier album, publié sorti par Mellow Records étant sans doute le plus abouti avec, pour l'occasion, un concept ainsi résumé : " A fantastic journey through the archetypes of our classical past with irony, amusement and a little bit of sadness". A la vérité, il s'agit toujours du groupe Aquael puisqu'on retrouve les mêmes noms de musiciens au générique. Mais la formation qui ne tenait que par le bon vouloir de Maurizio Galia va ensuite vite s'évaporer.

Dix ans plus tard et après avoir connu pas mal de soucis, Maurizio Galia décide de réaliser une compilation de titres piochés dans les trois albums de Maury e i Pronomi mais en reprenant le nom d'Aquael. L'album, intitulé Anthology, sort d'abord au format numérique avant qu'enfin en 2022, une édition vinyle soit pressée. Deux morceaux sortis uniquement en EP  en 2012 ("Murat Begins" et "Yokohama via Satellite") ont également été ajoutés. Ce qui permet d'avoir un condensé sympa et précieux de la carrière du groupe. 
Anthology propose ainsi dix morceaux qui résument assez bien le style d'Aquael/Maury e i Pronomi fait d'un mélange équilibré entre diverses influences du prog italien. On retrouve ainsi des relents de
Biglietto Per L'inferno, de Banco del Mutuo Soccorso, d'Il Balletto Di Bronzo et même de Murple ("Lei e Venezia"). Ajoutez à cela un zeste d'Ennio Morricone ("Le porte dell'averno") et vous aurez une idée assez précise de ce que donne cette compilation qui permet également découter une version alternative plus musclée de "Apollo, Minerva e l'etrusco". A titre personnel, je regrette juste l'absence de l'excellent "Oceano" qui rappelait assez Eloy et Omega. Mais il n'est pas question de bouder son plaisir car cette compilation contient de toute façon la quintessence de ce qu'a produit la formation turinoise, "Ziqqurat", "Fiato immortale" et "Lei e Veneziano" en étant clairement les fleurons. 

En main, l'objet est beau et coomme toujours, le graphisme très soigné est signé Maurizio Galia, normal c'est son métier. 

Les musiciens : Maurizio Galia (claviers, chant), Nicola Guerriero (guitares), Enrico Testera (basse), Sergio Cagliero (claviers), Marco Giacone Griva (guitare), Sylvia Delfino (chant), Carlo Bellotti (batterie), Sergio Ponti (batterie), Bruno Giordana (saxophone), Dino Pelissero (flûte)

La tracklist Anthology

1. Ziqqurat
2. Apollo, Minerva e l'etrusco
3. Fiato immortale
4. Le porte dell'averno
5. Yokohama via satellite
6. Murat Begins
7. Altri tempi
8. Lei e Venezia (*)
9. Part-time
10. Il cielo diviso (*)

(*) uniquement en téléchargement 

La tracklist Anthology - édition vinyle

Face A :
1. Ziqqurat
2. Altri tempi
3. Part-time

Face B :
1. Murat Begins
2. Yokohama via satellite
3. Meddley "Apollo", "Minerva e l'etrusco", "fiato immortale, "le porte dell'averno" ("Apollo" est une version alternative)


Vous pouvez écouter chaque morceau en cliquant sur son lien.

L'album peut être commandé chez Toast records