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dimanche 24 avril 2022

Mater a Clivis Imperat : Atrox Locus

Le rock progressif italien a aussi son côté obscur et ses penchants occultes et ce depuis ses premiers balbutiements puisque dès 1969, Antonio Bartoccetti avait ouvert la voie avec son groupe Jacula en proposant In cauda semper stat venenum, un album se voulant avant tout inspiré par les flashs ésotériques de son créateur aboutissant ainsi à une matière musicale, mélangeant allègrement le dark, le heavy, l'ambient, le doom et se faisant remarquer par son odeur de souffre mais aussi par son caractère décousue. Le genre s'est ensuite structuré, établissant ses propres codes, et a ainsi réussi a perdurer avec quelques noms emblématiques, Jacula bien sur, mais aussi Antoniux Rex (autre formation menée par Bartocceti) ainsi que l'incontournable Devil Doll pour ne citer que les plus connus sans oublier Malleus bien évidemment. Le label Black Widow records a fait beaucoup pour promouvoir ce style de musique, son patron Massimo Gasperini étant un fan absolu de tout ce qui se rapporte au dark heavy prog. Les albums de Jacula et d'Antonius Rex ont ainsi été publiés ou réédités, pour les plus anciens, chez Black Widow records qui a également produit un bon nombre d'autres groupes œuvrant dans la même veine (récemment La Janara). Le dernier en date, Mater a Clivis Imperat, n'est pas, loin de là, le moins intéressant d'une longue série. Son album Altrox Locus qui est sorti le 22 mars 2022 est même une divine surprise. 

Côté visuel, il est difficile, dès le premier coup d’œil,  de ne pas être attiré par la couverture qui en jette et qui évoque des souvenirs confus pour les fans de giallo et de films d'horreur italiens de la grande période des années 70. Et pour cause, elle est signée du regretté Enzo Sciotti (disparu l'année dernière) à qui l'on doit des affiches cultes pour les films eux aussi cultes de Mario Bava, Lucio Fulci et Dario Argento entre autres.  

Côté équipage, la formation comprend des musiciens expérimentés : Samael Von Martin vient de Death Dies et Tomas Contarato (alias Demian De Saba) de chez Evol, des groupes de Black métal à tendance satanique ! On est prévenu ! Avec l'énigmatique pianiste gothique Natalija Branko, le claviériste milanais Alessio Saglia et la chanteuse soprano Elisa de Marte de Padoue, le groupe est complété avec trois musiciens de talent de formation classique. 

Il est d'ailleurs bon de savoir que Mater a Clivis Imperat est une formation qui existe depuis 2008 et que cet Atrox locus est en fait la concrétisation de plusieurs projets précédents qui n'avaient pas abouti en leur temps. Il aura fallu de nombreuses années pour que ce concept musical arrive à maturité en trouvant enfin la bonne inspiration, les bons réglages mais aussi les musiciens idoines. Le résultat de ces années de tâtonnements est enfin là. Un monstre sonore de heavy rock occulte et de hard prog des seventies, fait d'un magma organisé d'orgues liturgiques, de riffs lourds de guitares électriques, de rythmes meurtriers, d'éclairs aveuglants giclant du noir absolu, de chœurs grégoriens, de chant lyrique et enfin de mises en scène théâtrales gothiques et dérangeantes. Une bande originale d’un film d'horreur, jamais réalisé, de laquelle émerge le mystère, l'angoisse, les passions, le sang, la désespérance, la mort. 

Bien évidemment, côté contenu, pas de surprise, il y a du lourd. Les ambiances alternent entre l'univers musical de Fabio Frizzi période Paura nella città dei morti viventi / L'Aldilà / Manhattan Baby ("Coemeterium" et sa reprise, "1974 Sorgi o Creatura", "Oblivium") et celui de Goblin (comprenant aussi Goblin Rebirth, 4Goblin et le Daemonia de Claudio Simonetti) pour le titre éponyme "Atrox Locus".  "Padova occulta (Nero Barocco)" plus orchestré et aux chorus de guitare acide, évoque Devil Doll mais aussi Lacrimosa, alors que "Homo intime pauper est" et  "Dominae oculi" nous ramènent à Jacula et à Antonius Rex . La surprise vient plutôt de l'instrumental "Witchcraft " qui tombe à point nommé pour détendre l’atmosphère plutôt lourde et austère de l'ensemble. Le morceau se présente comme une longue cavalcade heavy menée par une énorme performance d'Alessio Saglia à l'orgue Hammond, soutenue par une rythmique funky. Niacin aurait pu faire ce genre de titre. Puisque l'on est du côté hard prog, "Idalo tribus" est en plein dedans. Rien de très original pour ce court instrumental avec ses allers retours de riffs en trois accords, mais un bon moment pendant lequel le groupe se lâche sans se poser de questions. Je reste plus sceptique sur le simili symphonique "Vagaris" intégralement centré sur un tutti de cordes frottées dont l'exécution aux synthés donne dans un ton un peu daté (çà me rappelle les sons des Roland du début des années 80) et surtout la composition reste très sommaire sans jamais décoller et sans jamais accoucher d'un développement digne de ce nom. La reprise, en toute fin d'album, de "Coemeterium" dans une version alternative prenante et horrifiante, clôt magnifiquement ce disque qui aurait sans doute gagné à être un peu plus court. Mais, il ne s'agit pas de bouder son plaisir car nous avons ici un opus qui soutient la comparaison avec ses illustres références citées à plusieurs reprises tout au long de cette chronique. Sachez aussi que le prochain album est déjà en route et là il faudra vous attendre à une autre surprise de taille au générique !

Les musiciens : Isabella (chant, chœurs), Samael Von Martin (guitare, basse, claviers, chœurs), Tomas Contarato (batterie), Natalija Branko (piano), Alessio Saglia (orgue,Hammond, Moog) + la participation d'Elisa Di Marte (chant soprano) 

Black Widow Records propose l'album en trois déclinaisons : Compact Disc,  LP avec un livret de  20 pages, LP édition limitée (66 exemplaires) avec couverture “raw cardboard” et vinyle couleur + 2 posters + le livret de 20 pages + le téléchargement mp3

La tracklist :

1. Coemeterium
2. 1974 (Sorgi o Creatura)
3. Atrox locus
4. Padova occulta (Nero Barocco)
5. Atrox poena in corde suo est
6. Homo intime pauper est
7. Witchcraft
8. Dominae oculi
9. Oblivium
10. Meretrix Pacis Orba
11. Idola tribus
12. Vagaris
13. Coemeterium (Alternate Version)



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