Nous n'avons pas été beaucoup à couvrir la sortie en 2001 de Storie Nascoste le premier album disponible du groupe de prog italien The Old Castle. Mais vous trouverez quand même une chronique complète détaillée et documentée. Devinez où ? Dans ce livre Plongée au Cœur du Rock Progressif Italien ! C'est peut-être la raison pour laquelle, à vingt années d'écart, Gabriele Kiss s'est rappelé des quelques personnes qui avaient soutenues son groupe et qu'il les a contacté pour leur annoncer la bonne nouvelle : la sortie d'un nouvel album de The Old Castle.
Alors, je suis sympa, je vous fais une petite séance de rattrapage. Formé en 1995, dans les Marches à Tolentino, The Old Castle enregistre très rapidement un tout premier album auto-produit quasiment impossible à trouver déjà à l'époque (je ne vous parle même pas d'aujourd'hui !) intitulé Working travellers et sous-titré (good and progressive rock music). Le groupe se produit ensuite sur scène et connaît même son heure de gloire en assurant la première partie du concert d’Emerson Lake & Palmer en Sardaigne pendant l’été 1997. Un deuxième album est assez vite mis en chantier et sort en 2001, toujours en auto-production. Avec une volonté d’aller vers quelque chose de plus calme et de plus introspectif, The Old Castle fait évoluer son propos musical tout en restant dans un environnement progressif. Pour une partie, Storie nascoste penche nettement vers le Pink Floyd post Waters, celui de A momentary lapse of reason et surtout de The Division Bell avec parfois un mimétisme frisant la perfection. Pour le reste, les références sont aussi de qualité tout en ne s'éloignant jamais d'un registre pop prog FM. En résumé, c'est bon, très bon même sur les vingt premières minutes de cet album qui aurait mérité plus de considération.
Vingt ans plus tard, Gabriele Kiss, la tête pensante de The Old Castle, décide de faire revivre son groupe en repartant des idées laissées en plan, la formation n'ayant pas continué l'aventure, vous l'aviez compris. Même si des membres de l'époque apparaissent aux crédits, il a fallu que quelques nouveaux musiciens viennent apporter leur contribution. Wistful, le nouvel album est court, 36 minutes et les paroles sont cette fois en anglais. Si l'on met à part, les deux instrumentaux (on y reviendra), il apparaît vite évident que Gabriele Kiss va à l'essentiel, en donnant même l'impression par moments d'être pressé. La voix a un peu changé, et pour tout dire s'est pas mal patinée, mais l'énergie est toujours bien présente. "Return from fantasy" est une entame pied au plancher, tempo rapide, orgue en furie, guitare babilleuse. On est dans le registre d'un Deep Purple en roue libre. Pas très original mais bien pour se mettre dans l'ambiance. "Mario" permet d’entendre fugacement le chanteur lyrique Massimiliano Luciano. Il s'agit cette fois d'une longue épopée quasiment instrumentale que l'on qualifiera d'épic rock d'inspiration médiévale à la Jerry Cutillo (O.A.K.) survolée par la flûte d'un Stefano Conforti que l'on sent aussi à l'aise qu'un poisson dan l'eau. "Angel Fall" se présente comme le titre le plus direct et le plus facilement accessible. Entre néo-prog typé IQ et AOR des années 80 , le morceau vaut surtout par le solo final de guitare électrique qui évoque furieusement le Ritchie Blackmore de Rainbow en mode baladin. Avec "Hurt my heart", The Old Castle renoue avec ses vieux penchants rock FM, une fois encore on pense à GTR et Asia. C'est bien foutu et agréable à écouter avec une mélodie accrocheuse et des sonorités de synthés typées eighties. "Black sunday" est en fait une composition qui existait sur Storie Nascoste ("Giornate"). Elle est cette fois présentée avec un chant en anglais. Pour le reste, le morceau a été retravaillé avec une longue partie centrale, très réussie, basée sur une performance de Stefano Conforti à la flûte. Le seul bémol est lié à la partie de batterie de Jean-Luc Delmonac qui comme pour les pistes 1 et 2, utilise des samplers au rendu sec et dépourvu de chair. On préférera de loin le drumming d'Alberto Quacquarini présent sur tout le reste de l'album. "The camel" démarre sur un mode jazzy avec une succession de mesures aux tempos syncopés, Gabriele Kiss réussissant même à insérer plusieurs citations, dont une assez évidente, tirées de Six Wives of Henri VIII du sieur Wakeman (je vous laisse chercher,). Pour sa dernière partie, le morceau bascule soudainement dans un univers fantasmagorique et impressionniste. Pour finir, revenons aux deux instrumentaux. Si "Interlude for Jacky" reste un (court) moment sympathique mais anecdotique malgré sa progression très classique rappelant de loin une toccata bancale, "il mare" est d'un tout autre niveau. Ils 'agit de la véritable pièce de bravoure de cet album dont elle
justifie à elle seule l'acquisition. En un peu plus de six minutes,
Gabriele se charge de donner sa vision ou plutôt ses visions de la mer, est grandement secondé par Stefano Conforti, aussi convaincant à la flûte qu'au saxo, qui a pour mission de donner des couleurs merveilleuses à ce morceau qui est en fait une succession de petites pièces imbriquées les unes dans les autres. Pas vraiment une suite, plutôt une succession de tableaux dont certains évoquent EL&P pendant que d'autres rappellent furieusement certains passages du Hamburger Concerto de Focus ("Delitae Musicae").
J'ai été content de retrouver The Old Castle à deux décennies d'écart. La musique de Gabriele Kiss est sincère et sans prétention, loin très loin de l’esbroufe pathétique et du démonstratif fatiguant. Elle n'en est que plus attachante. Le prog c'est çà aussi !
Les musiciens : Gabriele Kiss (claviers, chant, basse), Stefano Conforti (saxophone, flûte), Jean-Luc Delmonac (batterie sur 1, 2 et 7), Roberto Gatta (guitare sur 7), Massimiliano Luciani (chant sur 2), Tonino Manochesi (guitare sur 1 et 2), Paolo Pagliari (guitare et basse sur 3 et 5), Alberto Quacquarini (batterie sur 3, 5, 6 et 8).
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