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vendredi 28 juillet 2023

Picchio dal Pozzo : in camporella

L'histoire de cet album aussi inattendu, pour ce qui concerne sa publication, qu'improbable dans son contenu, mérite d'être (une fois encore) racontée.
Il y a quatre ans environ, Paolo Griguolo a reçu, d'un expéditeur inconnu, un CD RW référencé "Valdapozzo 30/05/2004" qui contenait en fait une captation d'un concert donné effectivement à Valdapozzo à la date indiquée. Basée sur le même concept que l'album Pic_nic@Valdapozzo, enregistré peu avant, la performance avait cela de particulier qu'il s'agissait en fait d'une improvisation totale intégrant des samplers audio de la voix de Demetrio Stratos. L'hommage au grand chanteur ne prenait pas forcément l'orientation attendue dans le sens où les musiciens n'utilisaient, de la bande son du concert de 1979, que les parties vocales correspondant à des balbutiements, des murmures et des onomatopées typiques des expérimentations chères au Milanais. En écoutant le CD pirate, Paolo Griguolo a trouvé intéressant de reprendre cet enregistrement, d'effectuer le nettoyage indispensable et surtout, s'est amusé, à redécouper tout cela et à refaire des assemblages en fonction des fréquences dégagées. Un vrai travail de musicien frayant dans l'avant-garde la plus radicale, pour un résultat qui, s'il reste bien sûr froid et hermétique, n'en a pas moins un certain charme. Car, au-delà d'évidentes réminiscences évoquant un Rock In Opposition typé Picchio dal Pozzo, on entend aussi un jazz minimaliste, largement porté par le saxo de Claudio Lugo, qui donne ces couleurs si particulières à l'ensemble et aussi, il faut bien le dire, une certaine forme d’humanité. On trouvera une réelle profondeur à un morceau comme "Adagio con fuoco" au sein duquel plusieurs instruments naviguent en eau trouble, parfois clairement identifiables (le saxo bien sûr, des synthés, un piano, des percussions diverses...), mais parfois carrément mystérieux (glouglous aqueux compris). A savoir, que la deuxième moitié de ce long développement est une vraie réussite avec notamment la séquence plus électro.
Vous l'avez compris, c'était bien sûr le même concept qui avait servi de base à l'élaboration du monstre qu'était l'album Pic_nic@Valdapozzo. Mais de l'enregistrement studio d'origine (magnifique et envoûtant) il ne reste pas grand chose, à part "Pugni chiusi". Ce titre ayant un intérêt tout particulier puisqu'il s'agit au départ d'une chanson (un tube) de 1967 interprétée par le groupe I Ribelli au sein duquel on trouvait un certain...Demetrio Stratos au micro. Vous me croirez ou pas, mais bien qu'à des années lumières de son modèle d'origine, la version extrapolée de Picchio dal Pozzo évoque furtivement sa lointaine devancière. Quelques notes judicieusement reprises de la mélodie d'origine dans un rendu déstructuré bien sûr, mais aussi la résonance même de l'interprétation, sans parler des petits riffs malins à la guitare électrique de Paolo Griguolo, sont autant de références à la trame de base, avec en plus un phénomène étonnant mais voulu : plus le morceau avance plus le rapprochement se fait évident.
Cette expérience musicale dure à peine plus de quarante minutes mais elle a pour mérite de remettre les choses à leur place : Picchio dal Pozzo est un groupe à part dans l'univers du rock progressif italien, et sans rien renier de leurs origines, ces musiciens (éminents pour certains, cf. Aldo De Scalzi) sont capables de démontrer à la fois leur différence mais aussi, et peut être surtout, leur capacité à créer une matière réellement originale qui a du sens, ce qui n'est pas forcément si fréquent dans ce style d'exercice. Finalement, même si Picchio dal Pozzo n'a fourni réellement que quatre albums studio en presque un demi-siècle d'existence (Picchio dal Pozzo en 1976, Abbiamo tutti i suoi problemi en 1980, Pic_nic@Valdapozzo en 2004, enfin Camere Zimmer Rooms publié en 2001 et constitué d'inédits de 1977 à 1980), même si le groupe a pris à plusieurs reprises la forme d'un collectif de musiciens (parmi lesquels on retrouve Francesco Zago, Paolo Botta, Edmondo Romano), il s'avère que la formation gênoise impose sur la durée un nom (mais çà on le savait déjà). Mais surtout elle affirme sa propre approche de la manière de faire de la musique et d'assembler des sons, qui peut être quasiment considérée comme une pensée artistique aussi intègre que non conventionnelle, aujourd’hui encore incarnée par les deux survivants que sont Aldo De Scalzi et Paolo Griguolo. Voilà, c'était pour moi, l'occasion où jamais de reparler de Picchio Dal Pozzo. Il était temps, sero sed serio !      

Le groupe : Aldo De Scalzi (claviers,  samplers, programmation), Aldo Di Marco (batterie, percussions, samplers), Paolo Griguolo (guitare, guitare synthétiseur), Claudio Lugo (saxo soprano, samplers).

La tracklist :

1. Adagio con fuoco
2. Cottura lenta
3. Zanzare al pesto
4. Pugni chiusi

A ma connaissance, l'album n'est disponible sur le site de Cuneiform uniquement qu'en format lossless digital. 

Voici autrement le bandcamp du groupe :  Picchio dal Pozzo

 

 

samedi 15 juillet 2023

La Bocca della Verità : (Un)connected


Sept ans après leur premier album, Avenoth, les membres de La Bocca della Verità reviennent avec une nouvelle galette sobrement intitulée (Un)connected. Ils nous proposent soixante dix minutes de musique répartie en seize pistes dont une suite de plus de quinze minutes.
Malgré cette longue pause d'activité, les gars n'ont pas perdu la main. Le style est toujours aussi accrocheur. Il y a toutefois une évolution de taille puisque Jimmy Bax chante en anglais. Vous connaissez mon avis sur la question, je ne vais pas y revenir. Par contre, on comprend assez rapidement, à l'écoute des premiers morceaux, pourquoi ce choix radical. En effet, la volonté d'internationaliser le propos est ici manifeste. Elle se double d'une évidente aspiration à se mettre dans le sillage de groupes que l'on appellera " de référence", même ce n'est pas toujours le cas non plus, je vous rassure. Mais difficile de ne pas penser à Yes sur les premières mesures de "I'm gonna buy something", à Genesis avec "Lullaby of the ancient world" ou à Unitopia avec "Cryogenic Hope". Pas vraiment gênant car il y a largement de quoi faire dans cet album qui comprend de bons et de grands moments à commencer par une ouverture instrumentale, qui met d'emblée les gaz, dans un style très rendre-dedans à la F.e.M. Sur "Winter in our mind", la voix de Jimmy Bax fait des miracles et permet surtout de relever une chanson assez plate. Tout le contraire de "Hikkomori humanity" qui fonctionne sur le principe, efficace, des montagnes russes.
On est évidemment plus près de Neal Morse que de Banco mais bon, je pense que vous avez compris : cet album de LBDV a volontairement été pensé pour, à la fois, avoir une orientation résolument moderne, sonner rock et être compatible avec le public anglo-américain. Après, je dois dire qu'un titre comme "Blind trust" peut sans problème tirer la bourre à la concurrence anglo-saxonne justement. Nous avons bien sûr aussi la longue suite de rigueur, "Liquid suite", qui après un démarrage très West Coast, prend ensuite des airs d'épique métal prog avec un dernier tiers qui fait réellement la différence en embarquant tout sur son passage. Mention spécial au morceau "Returned (the Last Farewell") pour son côté réellement original : une très très belle chanson, interprétée à deux voix, sur un fond atmosphérique à la fois tendu et jazzy.
Pour ma part, je retiens ce titre ainsi que (et surtout) "Like a amphibious", la piste finale, juste magnifique, et je retourne avec plaisir écouter Avenoth. On s'est compris, je pense.

Le groupe : Fabrizio Marziani (chant lead, guitares), Jimmy Bax (claviers), Massimo Di Paola (claviers), Guglielmo Mariotti (basse, guitares), Ivan Marziani (batterie, percussions) + Ilaria Monteleone (chœurs), Filippo Marcheggiani (10)

La tracklist :

1. Connected Ouverture
2. Winter in our mind
3. Hikkomori humanity
4. I'm gonna buy something
5. Lullaby of the ancient world
6. Blind trust
7. Liquid Suite
8. [Un]connected
9. Returned (The Last Farewell)
10. Cryogenic hope
11. Like a amphibious

mardi 11 juillet 2023

Prog Italia n° 49 (FR/IT)

Devinez qui a participé au n° 49 (07/2023) de la prestigieuse revue Prog Italia pour l'édition spéciale dédiée aux 100 albums qui ont fait le rock en 1973 ? La chronique de l'Opera Prima de Rustichelli & Bordini est signée Louis de Ny ! Cette participation m'honore d'autant plus que les personnes sélectionnées représentent le gratin du rock progressif italien (musiciens, écrivains, journalistes). J'ai donc un grand plaisir à être, dans cette liste, aux côtés de gens que j'admire mais aussi, pour beaucoup, d'amis de longue date.

Voici la la présentation générale du rédacteur en chef himself, l'incontournable Guido Bellachioma:"PROG ITALIA 49 comprend le spécial 100 critiques pour l'année 1973. Il ne s’agit pas des 100 meilleurs albums "prog et relatifs" de cette année selon le jugement de «Prog Italia», mais de 100 critiques choisies librement par 100 personnes différentes, que j’ai voulu impliquer dans ce voyage tumultueux, afin d’avoir un regard transversal sur cette période. Nous pouvions facilement faire écrire dix critiques à dix collaborateurs du magazine, de sorte que l’objectif aurait été rapidement atteint, mais j’aime faire des choses difficiles. J'ai donc demandé à des journalistes qui habituellement n’écrivent pas pour nous (presse écrite, web, télévision, radio), musiciens, compositeurs, écrivains, disquaires, organisateurs de concerts, dessinateurs, etc., bref, des gens qui aiment la musique et qui, malgré des approches différentes, se sont profondément immergés dans l'année magique 1973".

 Voici donc la liste des 100 chroniques (+ 1) avec leurs auteurs.

100 recensioni 1973 + 1 (par ordre alphabétique des artistes)
1 Acqua Fragile: ACQUA FRAGILE (Guido Bellachioma)
2 Ainigma: DILUVIUM (Alessandro Seravalle)
3 Alphataurus: ALPHATAURUS (Fabio Capuzzo)
4 Ange: LE CIMITIERE DES ARLEQUINS (Alberto Nucci)
5 Area: ARBEIT MACHT FREI (Renato Scuffietti)
6 Brian Auger's Oblivion Express: CLOSER TO IT! (Claudio Simonetti)
7 Kevin Ayers: BANANAMOUR (Nino Gatti)
8 Banco del Mutuo Soccorso: IO SONO NATO LIBERO (Alessandro Pigozzi)
9 Peter Banks: PETER BANKS (Paolo Carnelli)
10 Franco Battiato: SULLE CORDE DI ARIES (Fabio Zuffanti)
11 Beck, Bogert & Appice: BECK, BOGERT & APPICE (Roberto Guarnieri)
12 Black Sabbath: SABBATH BLOODY SABBATH (Carmine Aymone)
13 Blue Oyster Cult: TYRANNY AND MUTATION (Alessandro Massara)
14 Budgie: Never TURN YOUR BACK ON A FRIEND (Giovanni Loria)
15 John Cale: PARIS 1919 (Andrea Chimenti)
16 Camel: CAMEL (Ezio Candrini)
17 Can: FUTURE DAYS (Federico Guglielmi)
18 Caravan: FOR GIRLS WHO GO PLUMP IN THE NIGHT (Giuliano Piccininno)
19 Cervello: MELOS (Lino Vairetti)
20 Billy Cobham: SPECTRUM (Andrea Pavoni)
21 Collegium Musicum: LIVE (Jessica Attene)
22 Cosmos Factory: COSMOS FACTORY (Roberto Lorici)
23 Lucio Dalla: IL GIORNO AVEVA CINQUE TESTE (Maurizio Di Tollo)
24 Miles Davis: BLACK BEAUTY – MILES DAVIS AT FILLMORE WEST (Giovanni Tommaso)
25 Fabrizio De Andrè: STORIA DI UN IMPIEGATO (Luigi Viva)
26 Ekseption: TRINITY (Donato Ruggiero)
27 ELP: BRAIN SALAD SURGERY (Beppe Riva)
28 Brian Eno: HERE COME THE WARM JETS (Franco Fabbri)
29 Faust: FAUST IV (Maurizio Malabruzzi)
30 Ivano Fossati: IL GRANDE MARE CHE AVREMMO ATTRAVERSATO (Giulio Casale)
31 Fripp & Eno: NO PUSSYFOOTING
32 Garybaldi: ASTROLABIO (Massimo Gasperini)
33 Genesis: GENESIS LIVE (Francesco Gazzara)
34 Genesis: SELLING ENGLAND BY THE POUND (Antonio De Sarno)
35 Gentle Giant: IN A GLASS HOUSE (Mauro Di Donato)
36 Gong: FLYING TEAPOT (Riccardo Bertoncelli)
37 Gong: ANGEL‘S EGG (Bruno Cavicchini)
38 Greenslade: GREENSLADE (Cristiano Roversi)
39 Greenslade: BEDSIDE MANNERS ARE EXTRA (Piergiorgio Pardo)
40 Gryphon: GRYPHON (Emanuele “Sterbus” Sterbini)
41 Peter Hammill: CHAMELEON IN THE SHADOW OF THE NIGHT (Simone Mazzilli)
42 Herbie Hancock: SEXTANT (David Nerattini)
43 Roy Harper: LIFEMASK (Massimo Bonelli)
44 Henry Cow: LEGEND (Alberto Popolla)
45 Hugh Hopper: 1984 (Paolo Carnelli)
46 Horslips: THE TÁIN (Gabriele Castiglia)
47 Jethro Tull: A PASSION PLAY (Gianluca Renoffio)
48 Jumbo: VIETATO AI MINORI DI 18 ANNI (Mox Cristadoro)
49 King Crimson: LARKS' TONGUES IN ASPIC (Giuliano Lott)
50 Kvartetten Som Sprängde: KATTVALS (Giuseppe Di Spirito)
51 Led Zeppelin: HOUSES OF THE HOLY (Marco Masoni)
52 Loy & Altomare: PORTOBELLO (Leandro De Sanctis)
53 Magma: MEKANÏK DESTRUKTÏW KOMMANDÖH (Carlo Camilloni)
54 Mahavishnu Orchestra: BETWEEN NOTHINGNESS AND ETERNITY (Lorenzo Rastelli)
55 John Martyn: SOLID AIR (Paolo Corciulo)
56 John Martyn: INSIDE OUT (Claudio Trotta)
57 McLaughlin & Santana: LOVE DEVOTION & SURRENDER (Gianpaolo Castaldo)
58 Metamorfosi: INFERNO (Gianluca De Rossi)
59 Museo Rosenbach: ZARATHUSTRA (Emanuele Kraushaar)
60 Neu!: 2 (Pivio)
61 New Trolls Atomic System: NTAS (Riccardo Storti)
62 Nicosia & C. Industria Musicale: UNA FAVOLA VERA (Vito Vita)
63 Nuova Idea: CLOWNS (Maurizio Becker)
64 Mike Oldfield: TUBULAR BELLS (Luca De Gennaro)
65 Le Orme: FELONA E SORONA (Alberto Moreno)
66 Osanna: PALEPOLI (Donato Zoppo)
67 Perigeo: ABBIAMO TUTTI UN BLUES DA PIANGERE (Guido Bellachioma)
68 Phoenix: CEI CE NE-AU DAT NUME (Alessandro Pomponi)
69 Pholas Dactylus: CONCERTO DELLE MENTI (Luca Varani)
70 Pink Floyd: THE DARK SIDE OF THE MOON (Marco Olivotto)
71 Procol Harum: GRAND HOTEL (Franco Vassia)
72 Queen: QUEEN (Valerio D’Onofrio)
73 Terry Reid: THE RIVER (Lorenzo Barbagli)
74 Renaissance: ASHES ARE BURNING (Jenny Sorrenti)
75 Rovescio della Medaglia: CONTAMINAZIONE (Valter Poles)
76 Roxy Music: FOR YOUR PLEASURE (Renato Massaccesi)
77 Roxy Music: STRANDED (Franco Brizi)
78 Rustichelli e Bordini: OPERA PRIMA (Louis de Ny)
79 Saint Just: SAINT JUST (Tonino Merolli)
80 Santana: WELCOME (Gianni Rojatti)
81 Tito Schipa Jr: ORFEO 9 (Paolo Ansali)
82 Klaus Schulze: CYBORG (Giampiero Wallnofer)
83 Semiramis: DEDICATO A FRAZZ (Pas Scarpato)
84 Pete Sinfield: STILL (Alessandro Staiti)
85 Soft Machine: SIX (Aldo De Scalzi)
86 Alan Sorrenti: COME UN VECCHIO INCENSIERE ALL'ALBA DI UN VILLAGGIO DESERTO (Stefano Senardi)
87 Styx: SERPENT IS RISING (Mirko Mancini)
88 Supersister: ISKANDER (Mario Giugni)
89 Tempest: TEMPEST (Gianni Della Cioppa)
90 Traffic: ON THE ROAD (Guido Bellachioma)
91 Trip: TIME OF CHANGE (Massimo Forni)
92 Uriah Heep: LIVE 1973 (Roberto Peciola)
93 L’uovo di Colombo: L'UOVO DI COLOMBO (Stefano Vicarelli)
94 Weather Report: SWEETNIGHTER (Luca Benporath)
95 Walter Wegmüller: TAROT (Mauro Furlan)
96 Who: QUADROPHENIA (Marco Zatterin)
97 Stevie Wonder: INNERVISION (Viola Nocenzi)
98 Yes: TALES FROM TOPOGRAPHIC OCEANS (Fabio Cerrone)
99 Yes: YESSONGS (Massimo Biagini)
100 Frank Zappa & The Mothers: OVER-NITE SENSATION (Giancarlo Trombetti)
101 IL MISTERO HATFIELD AND THE NORTH (Ernesto Assante)

 

"Un numero davvero unico, che andrà in edicola abbinato allo Speciale su Francesco Di Giacomo a 11,90 €. PROG ITALIA 49 è incentrato sullo speciale 100 recensioni targate 1973. Non si tratta dei 100 migliori album “prog e dintorni” di quell'anno secondo il giudizio di «Prog Italia», bensì di 100 recensioni scelte liberamente da 100 persone diverse, che ho voluto coinvolgere in questo viaggio burrascoso, in modo di avere uno sguardo trasversale al tutto. In realtà i dischi sono 101 e i recensori 98, io ne ho recensiti tre e Paolo Carnelli due, perché alcuni non hanno fatto in tempo a mandarcele. Potevamo facilmente far scrivere dieci recensioni a dieci collaboratori della rivista, in questo modo l’obiettivo sarebbe stato raggiunto velocemente, invece mi piace fare le cose difficili. Così l’ho chiesto a giornalisti che abitualmente non scrivono per noi (carta stampata, web, tv, radio), musicisti, compositori, scrittori, negozianti di dischi, organizzatori di concerti, disegnatori ecc. Insomma gente che ama la musica e che, pur con approcci diversi, si è immersa profondamente in un anno magico come il 1973. Alla fine anche una lista, divisa in ordine alfabetico, di alcuni dei moltissimi dischi che non sono stati recensiti (350)... un lavoro faticoso". Tutti quelli che hanno partecipato sono stati fondamentali per questo sguardo aperto, dal primo all’ultimo, e ognuno lo ringrazio dal profondo del cuore. Guido Bellachioma

 

 


mardi 4 juillet 2023

Franco Mussida : il pianeta della musica e il viaggio di lòtu

Franco Mussida reste pour moi une figure essentielle et incontournable du rock progressif italien pionnier.  Et cela, même s'il s'est volontairement mis en retrait de ce style musical depuis maintenant plusieurs années. Franco Mussida aura été, au même titre que Flavio Premoli, un inspirateur et un apporteur primordial dans la musique créée et jouée par son groupe Premiata Forneria Marconi. Ce constat n'est pas contestable ou alors avec beaucoup de mauvaise foi. Bien sûr, le comportement de Franco aurait pu être plus corporate lors de ses dernières années au sein de la PFM. Mais sans doute en raison d'une certaine lassitude bien compréhensible et surtout parce qu'il avait la volonté de se consacrer entièrement à son institut de musique, le Centro Professione Musica, fondé en 1984, Franco ne participait plus que "du bout des doigts" à l'aventure de son groupe historique. Bien. Est-ce une motivation pour désormais ignorer ce qu'il fait musicalement ? Je ne le crois pas. Est-ce une raison pour ne pas parler de son dernier opus ? Je suis sûr que non. Certes, jusque là Franco n'a pas été très prolifique dans ses productions solo et c'est un euphémisme que d'affirmer que les albums Racconti della tenda rossa (1991) et Accordo (1995) n'avaient pas convaincu. Mais presque vingt ans ont passé depuis ces craquages et ce retour de Franco s'annonce d'une autre eau. 

Car il pianeta della musica e il viaggio di lòtu se présente comme un condensé de toutes les musiques qui ont forgé et fait le musicien Franco Mussida mais aussi comme un testament musical. Il existe d'ailleurs un livre qui est sorti en 2019,  Il pianeta della musica, dans lequel Franco explique très bien tout ce qu'il veut exprimer et faire passer comme messages. Je le cite : " La Musique et la personne ne font qu’une, l’une habite l’autre et vice versa. Bien qu’elles s’aiment à la folie, au fond, elles se connaissent très peu. Elles se côtoient depuis toujours et montrent aujourd’hui les signes d’un couple en crise qui semble vivre ensemble seulement par habitude."

Je n'ai pas envie de jouer au jeu des sept ressemblances avec la PFM ( je sais, ce jeu n'existe pas, je viens de l'inventer), çà n'est pas le sujet de cette chronique et cela serait vraiment injustement réducteur par rapport à l'immensité des paysages sonores qui forment "la planète de la musique" imaginée par Franco. Il vous suffit de savoir que cet album est en même temps très loin de Premiata Forneria Marconi et en même temps très proche, tant la forte personnalité musicale de Franco rayonne partout où il est et où il joue. Quand on évoque cette forte présence d'un musicien confirmé et respecté, on peut aussi parler de signature distinctive et, à ce propos, il faut bien sûr inclure ce doigté merveilleux à la guitare, délié, soyeux, chantant. Me faire croire que son successeur, aussi doué soit-il, peut le remplacer dans la PFM, voire faire mieux (comme j'ai lu et entendu) est pour moi, depuis le début, une supercherie. La preuve est ici, flagrante, dans cet album qui renferme l'essence même de l'artiste Franco Mussida. Voilà pourquoi ce disque a mis autant de temps à se faire et à être publié. Nous sommes à l’extrême opposé de toute création forcée et commerciale. A maintenant soixante seize ans passés, Franco ne se sent obligé de rien sauf de devoir transmettre son savoir et son expérience, sauf à tenter de faire comprendre, à ceux qui sont prêts à recevoir son message, ce qu'est fondamentalement la musique. Dans cette posture philosophique proche d'une forme de sagesse universelle, le temps est une composante indissociable qui porte les notions de patience et d'accomplissement de soi. Autant de qualités qui ne font pas partie de notre monde moderne. Le mieux est d'ailleurs de terminer sur ces mots de Franco "Entendre de la musique aide à nous changer intimement, et par conséquent à changer le monde." 

L'écoute de cet album m'a fait vivre une expérience rare : la sensation de revenir à une source originelle découverte il y a maintenant presque cinquante ans. Merci pour cela et pour cette merveilleuse musique Franco.

Les musiciens : Franco Mussida (guitares, chant, récitatif), Paolo Costa (basse), Giovanni Boscariol (claviers), Tiziano Carfora (percussions),  Cindy Bailliu (chant sur 8), Giulia Lazzerini (chant sur 2 et 3), Marina Ferrazzo (chant sur 2 et 3), Paola Bertello (chant sur 8), Roberta Calia (chant sur 8), Silvia Laniado (chant sur 8) + Ensamble Mandolinistico sur 11 (dirigé par Sandro Mussida)

La tracklist

  1. Lòtu e il piano planetario
  2. L'oro del suono
  3. Il mondo in una nota
  4. Afromedindian blues
  5. Democrazia solidale
  6. Ti lascio detto
  7. Io noi la musica
  8. E tutto vero
  9. Il sogno e la strada
  10. Nini
  11. Incanto e amicizia
  12. Il lavoro della bellezza
  13. Alberi

dimanche 2 juillet 2023

Homunculus Res : ecco l'impero dei doppi sensi

Pour son cinquième album en dix années d'existence, le groupe Homunculus Res met les petits plats dans les grands. Inspirés depuis leurs débuts par Picchio Dal Pozzo et par tous les grands groupes de l'école de Canterbury à commencer par Caravan, Hatfield and The North, Egg, National Health et aussi par Soft Machine, les musiciens d'Homunculus Res sont complètement dans leur élément dans ce style de musique qui les habite au point de donner l'impression qu'ils sont capables de lui redonner une nouvelle jeunesse. Ce qui est de fait bien le cas avec ce nouvel album, ecco l'impero dei doppi sensi. J'en veux pour preuve le titre de départ, malicieusement intitulé "il gran finale", pour lequel vous allez vous frottez les oreilles en vous disant que Richard Sinclair chante en italien maintenant et que son cousin Dave l'accompagne à nouveau à l'orgue Hammond A100. Mais non, il s'agit bien de l'équipe d'Homunculus Res lancée à pleine vitesse. Vous aurez normalement le même genre de sensations pour la chanson suivante pourtant proche du pastiche : "Quintessenza la la". Je pense aussi à "Pentagono" et "Cinque sensi" qui sont de vrais numéros d'équilibriste, fonctionnant à la perfection entre une incroyable précision rythmique et une étonnante décontraction pour la partie mélodique, en un mot, épatant ! De fait, on a plus affaire à un groupe qui déroule au gré de ses envies créatrices (principalement celles de Dario D'Alessandro d'ailleurs puisqu'il a composé neuf des dix titres de cet album) sans trop se poser de questions existentielles du style "je vais essayer de sonner comme machin sur ce morceau". Non, avec les Siciliens d'Homunculus Res", ce serait plutôt : "Hé, les gars on finit vite ce morceau parce que j'ai une sacré bonne idée pour le suivant !". Et à ce petit jeu là, le groupe est fort, très fort même !'. Et çà marche. Car ces dix pièces sont toutes des petites perles de bonheur avec un tour de force répété à dix reprises qui consiste en des compositions mélodiques et fluides qui ont pourtant une complexité relatives dans les harmonies et les tempi. C'est en fait assez bluffant, car il ressort régulièrement un petit côté délicieusement pop qui ne tombe jamais dans la facilité, ce qui est assez évident sur l'irrésistible "Il bello e il cattivo tempo" qui évoque, au moins au début, les Beach Boys ou sur "Fiume dell'oblio" qui penche plus du côté des Kinks voire même des Beatles. Je doit vous parler aussi de "Doppi sensi" qui ferait sûrement plaisir à un certain Robert Wyatt avec une première partie baignant dans l'onirisme décalé alors que la seconde relève d'un avant-gardisme clairement revendiqué. Ce morceau de dix minutes, qui clôt opportunément l'album, en est incontestablement la plus belle pièce. Celle qui permet au groupe Homunculus Res de se hisser sans problème à la hauteur de ses illustres devanciers.
Il y a de plus une dimension supplémentaire dans cette musique : l'utilisation d'une lutherie aussi large qu’insolite d'instruments que l'on a peu l'habitude de rencontrer, même dans le rock progressif contemporain. Le surprenant "Viaggio astrale di una polpetta", qui oscille entre jazz et folk médiéval, est ainsi agrémenté d'une étonnante panoplie d'instruments à vent anciens qui lui donne un petit côté Gryphon plutôt sympathique. Plusieurs autres morceaux de cet album bénéficient également de cet équipement particulier. On comprend mieux alors les couleurs sonores, si particulières et si pittoresques, qui se dégagent de "Cinque sensi", "Fiume dell'oblio" et "Doppi sensi".

Voilà un disque frais, très facile d'abord et pourtant incroyablement fouillé avec une multitude d'idées et de trouvailles parfaitement exploitées et mises en musique (si je n'utilise pas cette expression maintenant, je ne l'utiliserai jamais !). A vous de découvrir toutes ces petites merveilles au gré de plusieurs écoutes successives, ce que la cinquantaine de minutes que dure cet album, supporte très bien.

Le groupe : Dario D'Alessandro (chant, guitare rythmique, claviers, glockenspiel, basse sur 1), Davide Di Giovanni (orgue, piano, synthés, basse sur 4), Mauro Turdo (lead guitare), Daniele Di Giovanni (batterie, percussions), Daniele Crisci (basse).
Les autres musiciens invités : James Strain (oud sur 1), Massimo Giuntoli (claviers sur 2), Giorgio Trombino (saxophone alto, flûte sur 2), Dominique D'Avanzo (chant, flûte, recorder, clarinette sur 4), Emanuele "Sterbus" Sterbini (chant sur 4), Marco Monterosso (guitare sur 5), Alan Strawbridge (chant sur 8), Giovanni Parmeggiani (Moog, synthétiseur Korg Polysix, Fender Rhodes sur 8), Giuseppe Turdo (cor français et cor anglais, hautbois, trompette sur 4 et 7), Dario Lo Cicero (flûte panaulon, flûte, basson, trombone, orgue de cristal sur 9 et 10), Mila Di Addario (piano à tangentes sur 8, angelica glass harmonica sur 10), Federico Cardaci (Arp Odyssey, Oberheim, Digitone, Memotron sur 10), Luciano Margorani (guitare sur 10), Andrea Cusumano (whistle sur 9), Enea Turdo (chant sur 10).

La Tracklist :

1. Il gran finale
2. Quintessenza la la la
3. Il bello e il cattivo tempo
4. Viaggio astrale di una polpetta
5. Fine del mondo
6. Pentagono
7. Parole e numeri
8. Cinque sensi
9. Fiume dell'oblio
10. Doppi sensi

C'est sorti chez Ma.Ra.Cash