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mercredi 1 mai 2024

Riccardo Zappa : Gabri flies to Italy

 

Il est sans doute utile de présenter Riccardo Zappa qui, bien que portant un nom célèbre, reste un inconnu pour beaucoup. Né en 1951, Riccardo Zappa est un guitariste de formation avant tout classique. Il a émergé dans la deuxième partie des années soixante dix en proposant quatre albums solo de grande qualité dans un registre instrumental mêlant ses origines classiques, ses influences folk et son penchant pour une pop oscillant entre Mike Oldfield et Steve Hackett avec toujours, et c'est l'intérêt du bonhomme, une volonté de recherche et d'innovation. Il a de ce fait été associé à la musique progressive même s'il faudrait plus le considérer comme un électron libre, un performer ne représentant que lui-même. Celestion, sorti en 1977, est sûrement son meilleur album, mais Chatka (1978), Trasparenze (1980) et Haermea (1982) sont également des disques importants qui méritent attention. Tout en continuant à enregistrer des albums il a entamé une grande carrière de musicien professionnel accompagnant des artistes italiens aussi célèbres que Mina, Fiorella Mannoia, Mia Martini, Eros Ramazzotti, Eugenio Finardi ou encore Giorgio Gaber. A ma connaissance son dernier album solo datait de 2007 (Ali e radici) et l'homme se faisait discret. On l'avait toutefois revu en concert au festival Prog and Frogs en 2018. Depuis plus rien.
Ce nouvel album, son vingt quatrième, est donc une petite surprise. Gabri flies to Italy est dédié à Gabriel, le frère de Riccardo, album hommage donc, on l'aura compris.
Le disque commence par "Gabri Flies to Italy", une suite de plus de dix huit minutes qui s'avère très vite être une grande épopée instrumentale. Riccardo Zappa y joue de la guitare 6 cordes et de la 12 cordes mais aussi de la guitare électrique. Cette longue pièce alterne les passages proches de pièces classiques avec d'autres plus enlevés, les nappes plus mystiques quasi New Age avec des touches technoïdes, sans oublier les interventions d'un chœur donnant à plusieurs reprises un côté très musique de film à ces petites séquences idylliques (et morriconienne au moins pour la première d'entre elles). La force de Riccardo Zappa réside aussi dans son originalité. Là où "Harmonios" devait se dérouler tranquillement comme une gentille bluette popisante sur un rythme sud-américain à peine marqué , l'intervention soudaine d'un quatuor de mandolines en fait une pièce pittoresque faisant remonter des souvenirs de soundtracks de westerns de la fin des années soixante. Quant au romantisme, il revient dans la pièce "Sanvalentiniana" la bien nommée, dans laquelle Riccardo Zappa en donne sa propre lecture musicale qui ne manque pas de personnalité. Si vous voulez entendre Riccardo Zappa dans un exercice solitaire, proche d'une étude classique, alors écoutez "inno". C'est simple, c'est posé mais c'est surtout très beau. "Nimaster Ego " permet de retrouver le chœur à quatre voix évoluant avec grâce sur une rythmique programmée. Riccardo Zappa est devenu une référence, un maître (un statut parfaitement mérité au passage), pour plusieurs générations de guitaristes. Alors, il a proposé à ces derniers d’envoyer une seule note produite par leur instrument, afin de les regrouper et de les utiliser dans le morceau "Suonami una nota" qui est ainsi un patchwork de dizaines de notes produites par autant de guitaristes différents (quarante deux exactement). C’est la vision qu'a Riccardo Zappa de la relation qui peut être créée entre lui et d'autres musiciens en passant d’un contact virtuel à un autre, beaucoup plus réel et tangible celui là, puisqu'il est destiné à rester gravé dans la musique et le temps. Le résultat est assez bluffant même si Riccardo n'a fait que les ajouter à une composition déjà existante qui s'avère plutôt catchy (à l'échelle de ce que l'on entend sur le reste du disque bien sûr).
Cet album est beau moment de respiration. Il est fait d'atmosphères présentant des ambiances très lumineuses qui semblent vouloir s'épandre (et se répandre) dans l'espace sonore avec une dynamique remarquable. Riccardo Zappa n'essaie pas d'imposer à tout prix sa technique à la guitare, ce n'est pas une fin en soi pour lui, mais elle lui permet d'exposer avec assurance des thèmes avec une précision et une clarté qui font la différence à chaque fois.
Si vous avez zappé ce Zappa, il n'est pas trop tard, Gabri flies to Italy est une très belle occasion de vous rattraper.

La tracklist :

1) Gabri Flies to Italy (18:51)
2) Harmonios (4:32)
3) Sanvalentiniana (6:38)
4) Inno (4:34)
5) Suonami una Nota (4:41)
6) Nimaster Ego (3:18)
7) L'Attesa (2:28)

Label : M;P. & Records

Distribution : G.T. Music

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