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vendredi 18 avril 2025

Jus Primae Noctis : Man of air


Depuis sa création en 1991, Jus Primae Noctis est relativement stable avec ses trois membres présents depuis le début (Marco Fehmer,, Beppi Menozzi, Marco Riggio), et le guitariste Pietro Balbi qui a intégré la formation en 2009. Le groupe revendique cinq albums studio et deux live même si un seul, le dernier sorti en 2020 (Istinto) est disponible.
Cinq ans après Istinto, Jus Primae Noctis est donc de retour pour ce qui ressemble à un nouvel album (attendez vous allez comprendre !). Istinto avait été une très belle surprise révélant un groupe très au point capable de délivré un prog italien certes peu révolutionnaire mais par contre sacrément bien foutu avec des moments carrément addictifs.Alors avec Man of air, on s'impatiente un peu. Qu'est ce que ça va donner cette fois ? Avec ces titres en anglais, le groupe semble avoir de nouvelles ambitions. Mais dès les premières secondes de l'écoute, le suspens retombe. Il s'agit en fait de l'album Istinto réenregistré avec toutes les paroles chantées en anglais !
J'avoue avoir un peu de mal à comprendre l'intérêt de la démarche mais après tout ce sont les membres de la formation qui assument leur choix (enfin j'espère). Au passage, je m'explique un peu mieux pourquoi le nom du groupe est passé, sur la couverture, de Jus Primae Noctis à un JPN sibyllin.
Pour ma part, je ne saisis pas ce que tout cela rajoute de décisif au précédent enregistrement, à part peut être quelques parties instrumentales mieux finies (je pense aux parties de basse de Diego Banchero). Je veux bien être gentil mais là, je ne vois pas bien ce que je vais ajouter à mon analyse d'il y a cinq ans. Faut quand même pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages !
Je ne peux donc que vous renvoyer à ma chronique de l'album Istinto en 2020 ainsi qu'à l'interview des musiciens du groupe.
Pour compléter le tout, le groupe présente son titre "A Story" en vidéo, un film qui a été tourné avec la ville de Gênes et la côte ligure en toile de fond. Vous pouvez l'écouter et la regarder en cliquant sur le lien.
Désormais les membres de JUs Primae Noctis nous doivent un nouvel album 100 % original, isn't it ?

Le groupe : Marco Fehmer (chant, guitare), Beppi Menozzi (claviers), Mario Riggio (batterie), Pietro Balbi (guitare)
Musiciens additionnels : Alex “Pacho” Rossy (percussions sur 1, 2, 4, 6, 7 9, 11), Diego Banchero (basse sur  1, 2, 4, 5, 6, 7, 8, 11), Alessandro Bezante (basse sur 3), Marina Larcher (chant sur 7), Renzo Luise (guitare sur 7),  Matteo Scarpettini (percussions sur 7, 9, 11), Luca Scherani (claviers sur 11)

La tracklist :

1. Ouverture
2. Quarto ("Stasis", "Crisis", "Safe place")
3. The Institute Of Mental Health, Burning (including "The lighter")
4. In The Dark ("In the dark", "Revelation")
5. The First Time I Saw The Light
6. DDDDD
7. A Story ("Lost in my chemistry", "Prisoner")
8. Man Of Air And The Prey 
9. Kites
10. Urgency 
11. The Prop


Label : Nadir Music

 

mercredi 16 avril 2025

Stefania Graziani & Tony Carnevale : Hands

Tony Carnevale est toujours le bienvenu sur ce blog. Cette fois, il vient nous présenter un album qui est le résultat d'une longue relation humaine et artistique avec la musicienne Stefania Graziani. Hands. Il s'inscrit dans un projet plus global appelé anora qui est une sorte de plate-forme permettant la collaboration artistique en tant qu'échange d'expériences, de stimuli, de créativité et d'humanité.
Hands a été intégralement réalisé à deux mains (on va y revenir longuement), d'où son titre. Cette co-construction comprend la composition ainsi que l'exécution aux claviers et aux samplers.
Le disque présente onze pièces instrumentales pour piano et autres instruments. Le style musical oscille entre musique classique contemporaine et symphonisme moderne, avec également une proximité certaine avec l'univers des musiques de film.
Les morceaux ont été enregistrés en jouant les instruments ensuite échantillonnés un par un. C'est un processus de composition à la fois exigeant et total qui commence avec l’idée projetée et qui se termine avec le master final. D’un point de vue conceptuel, ce mode de construction peut être rapproché de la démarche multi-instrumentaliste de Mike Oldfield par exemple pour Tubular Bells. Sur le plan artistique, dans un sens plus général, c’est la proposition d’une approche de composition semblable à celle de la modélisation des matériaux malléables (comme le ferait un potier.), avec laquelle la forme finale se définit progressivement et simultanément avec la composition, une technique qui peut être également rapprochée de l’improvisation. 

En général, j'évite le track by track sur ces pages mais là il s'impose car il est éclairant sur ce qu'on voulu exprimer les deux musiciens.

"Nelle tue mani, part. 1" : une pièce centrée sur une cellule thématique du piano autour de laquelle l’orchestre tourne et se déplace avec un rythme serré mais en développant en même des thèmes larges qui interagissent les uns avec les autres.
"Uniti e distinti" : deux violons qui dialoguent, le piano semble faire le lien en permanence et une voix humaine en arrière-plan évoque des souvenirs lointains.
"Mare calmo sotto a un temporale" : une fin d'orage, le tonnerre gronde une dernière fois, et sous une pluie insistante le piano évolue dans des tonalités sombres, soulignés par les timbales et les phrases rythmiques d’une flûte et d’un violoncelle. Peu à peu, le retour au beau temps se fait. Des instruments viennent se joindre pour accompagner un crescendo exprimant le calme et la sérénité. 
"Lo scorrere dell’acqua" : un son répété, comme une goutte qui tombe, toujours avec la même force et au même tempo, des sons de voix humaines créent une atmosphère irréelle et onirique. Le piano est toujours la racine à partir de laquelle s’entrecroise un entrelacement de phrases thématiques du violon, du violoncelle, du hautbois, de la flûte et du duduk, en dialogue continu les uns avec les autres.
"Incontri possibili" : les notes de clavecin surprennent et font remonter l'auditeur dans le temps. "Incontri possibili" est un hommage au style de Johann Sebastian Bach mais aussi au flûtiste contemporain cette fois, Ian Anderson. Le morceau évoque alors une autre interprétation possible : l’intention de transcender les genres musicaux et de libérer la musique des définitions et des compartiments étanches.
"Il tempo del cuore" : le battement du cœur marque le tempo de cette pièce avec son atmosphère intime et calme, confiée au son d’une harpe. Le piano apparaît d'abord à l’arrière-plan, puis vient progressivement au premier plan dans la partie centrale de la pièce où il enveloppe complètement le son de la harpe.
"Nelle tue mani, part. 2" : il s'agit d'une reprise du morceau d’ouverture. On peut entendre la même cellule thématique du piano, qui ici évolue, module, s’intensifie rythmiquement dans un crescendo où le violon, le violoncelle et les instruments à vent font ressortir un nouveau thème romantique. 
"Il vento sognato" : des instruments à vent qui s'agitent peu à peu avec une flûte timide qui se met en mouvement. L'orchestre se fait entendre donnant vie à une symphonie maladroite. Ce mouvement presque ivre, qu’une caisse claire tente de redresser, culmine dans un crescendo intense et un accelerando qui ralenti progressivement jusqu’à s’effondrer.
" Nel castello di carta" : les notes d’un célesta nous ramène à des atmosphères oniriques, le son du vent, qui vient de la piste précédente, nous emmène dans un autre univers. À un certain moment, le piano rompt l’enchantement en courant, de plus en plus insistant, vers les aigus jusqu’au bout du clavier, puis en cascade vers la partie la plus profonde. Le calme revient, le son du célesta s’évanouit.
"Viaggio senza dove" : le son du piano vient créer une césure avec l’atmosphère plus enjouée qui précèdait. Le paysage est ici intime et calme. Rejoignant le piano, un violoncelle fait son apparition, répondant et phrasant jusqu’à une pause. La seconde partie de l’œuvre enchaîne immédiatement. Le piano et le violoncelle intensifient leur mouvement, tandis que les percussions ethniques augmentent la tension. Dans la section finale,  une chorale intervient créant un crescendo émotionnel fort.
"Passo a due" : dans la première séquence ans Tony donne le la, puis pour la seconde phase, Stefania prend la main, avant que Tony la suive en la soutenant. Les parties des deux pianos s’entrelacent alors.
A la fin de ce dernier morceau, on retient son souffle, en espérant que ce rêve musical va durer encore car il s'agit bien d'un moment rare de grâce que l'on vient de vivre. 
Une fois de plus Tony Carnevale livre une œuvre incroyablement belle et intense mais cette fois le mérite en revient autant à Stefania Graziani. Ce duo de talents forme une bien belle association artistique dont nous sommes heureux de profiter grâce à cette première œuvre commune qui nous est offerte comme un cadeau de bienvenue. 


La Tracklist :

1. Nelle Tue Mani
2. Uniti E Distinti
3. Mare Calmo Sotto A Un Temporale
4. Lo Scorrere Dell’Acqua
5. Incontri Possibili
6. Il Tempo Del Cuore
7. Nelle Le Tue Mani (sequel)
8. Il Vento Sognato
9. Nel Castello Di Carta
10. Viaggio Senza Dove
11. Passo A Due

Label : SOUNDTRACK Records.


vendredi 4 avril 2025

ENTEN HITTI : Mistiche ribelli

Il est avant tout utile de rappeler qu'Enten Hitti est une formation un peu à part. Il s'agit en fait d'un laboratoire de recherche dédié aux arts de la scène, créé en 1996 par Pierangelo Pandiscia et Gino Ape.
Pour ce septième album, leurs réflexions les ont amené à travailler sur des domaines très particuliers comme les expériences de rituels sacrés de guérison en Afrique du Nord, en Inde et au Moyen Orient. La musique ainsi créée s’inspire de sons archaïques provenant de sources sonores naturelles ancestrales. Ce véritable voyage mystique ouvre, une fois encore avec Enten Hitti à des expériences inédites qui prennent la forme de véritables sculptures sonores desquelles émanent des réminiscences de mélodies soufis, de chant de la nuit des indiens navajos, de mantras tibétains, de litanies liturgiques chrétiennes ou encore de chants occitans. La notion de musique ethnique est à la fois bien présente tout en apparaisant diluée dans un halo spirituel qui semble joué un rôle de catalyseur ou plutôt de chemin à suivre. Ce qui fait que, de manière assez étonnante, ces dix compositions, pourtant alimentées par des influences provenant d'horizons très différents, forment un tout homogène. Un peu comme s'il existait un langage universel primaire que les membres d'Enten Hitti avaient réussi à exhumer et à retranscrire.
La démarche artistique d'Enten Hitti est donc toujours aussi passionnante mais également tellement originale. Elle mérite la plus grande attention lors d'écoutes qui ne peuvent être réalisées que dans des conditions parfaites de calme et de recueillement. 
Avec Mistiche ribelli, Enten Hitti accouche d'un album aussi lumineux à l'extérieur qu'à l'intérieur. 

Enfin, au passage, si vous voulez en savoir un peu plus sur ce groupe atypique et sur ses deux derniers albums évoqués dans ce blog, voici le lien A tutti gli uragani che ci passarono accanto et Via Lattea.

Les musiciens :
Gino Ape : hautbois, flûtes, xylophone, piano, santoor, voix
Pierangelo Pandiscia : luth, gong, trompette, psaltérion à arc, percussions
Giampaolo Verga : violon
Carmen D’Onofrio : voix
Jos Olivini : accordéon, piano, harpe celtique, table tubes.
Invités : Gianfranca d’Adda et Vicky Ferrara (percussions), Vincenzo Zitello (viola et violoncelle), Dorothy Moscowitz Falaski (chant)

La tracklist :


    1. L’uomo di dio
    2. Mater mantra
    3. Carne della stessa carne
    4. Evren mantra
    5. Le consolazioni delle ninfee
    6. Mantra del soffio
    7. Oreade
    8. Mantra delle ombre
    9. Our needs of consolation
    10. Mantra delle onde

 Label : Lizard records