jeudi 20 février 2025

Nuova Era : 20.000 leghe sotto i mari

Sortie attendue le 28 février du nouvel album de Nuova Era, après une très longue période de gestation. Le dernier album, Return to the castle, datait de 2016. Le groupe se présente toujours dans la même formation avec évidemment Walter Pini aux claviers, Alex Camaiti au chant, Rudi Greco à la basse, Maurizio Marra à la batterie.

Bonne nouvelle le chant est à nouveau en italien. Nuova Era revient au format déjà pratiqué pour Io e il tempo (1992) avec uniquement deux longs morceaux. Mais cette fois, Walter Pini met la barre encore plus haut avec une suite de 36 minutes alors que l'autre ("Nautilus") n’est "que" de 16 minutes. 

Si vous aimez Nuova Era, vous ne serez pas déçu, le groupe reste fidèle à son style avec malgré tout une production plus étoffée et quelques références intéressantes à de vieux groupes prog.

 


dimanche 16 février 2025

Diego Banchero Trio : Gathered lectures from a lifetime

En bientôt quarante de carrière artistique, Diego Banchero est devenu une vraie figure de la scène musicale gênoise. Au gré des différentes formations auxquelles il a participé, à commencer par Il Segno del Comando bien sûr, même s'il est bon d'ajouter Malombra, Ballo delle Castagne, Egida Aurea, Recondita Stirpe ou encore Zess et récemment Horror Bach pour être complet, il a exploré nombre de styles musicaux, parfois extrêmes, que ce soit le doom, le metal, le gothique ou encore le dark prog. Il était donc normal qu'à un moment Diego souhaite s’exprimer plus personnellement et qu'il fasse une sorte de synthèse de toutes ses expériences musicales qu'il considère comme autant de leçons apprises au cours de ces années, d'où ce mot "Lectures" dans le titre de l'album (Gathered lectures from a lifetime). Tout ceci est également en accord avec le fait que Diego entretient une vraie passion pour les livres et plus particulièrement pour tout ce qui touche à l'ésotérique.
Pour mener à bien ce projet personnel Diego a opté pour une formule sobre en associant deux fidèles acolytes (et amis) déjà présents dans plusieurs projets communs, Roberto Lucanato à la guitare et Fernando Cherchi à la batterie.L'enregistrement s'est fait au Nadir Studio à Gênes le 13 novembre 2023 en conditions live. Diego a ensuite pris le temps de peaufiner ses douze morceaux instrumentaux.
Exceptionnellement un petit éclairage sur chacun des titres s'impose.
"Looking for the pusher" est une composition originale jamais publiée auparavant qui se veut être la bande-son d'une scène d'un film policier dans laquelle un drogué cherche affreusement son dealer.
" Macabro suite " était déjà apparue en 1999 dans la compilation E Tu vivrai nel Terrore publiée par Black Widows Records. Elle s’inspire très largement d’une série télévisée italienne des années 70 intitulée Ho incontrato un'ombra.
"Le 4A" est un des titres de l'album L’Incanto dello Zero d'Il Segno del Comando.
" Vestale" est tiré du disque Derive publié en 2012 par le groupe Egida Aurea.
"One Winter Night" est un solo de basse inspiré par les sensations ressenties lors d'une nuit d'hiver.
"Metamorfosi" est un autre morceau d'Il Segno del Comando présent en version chantée sur l'album L’Incanto dello Zero.
"Il viaggio", fait partie de l'album Surpassing All Other Kings du groupe Ballo delle Castagne. Sa version chantée parle de la saga de Gilgamesh.
"Bloody Sunset" est un morceau composé pour la guitare par Roberto Lucanato.
"Magia postuma" est un très ancien morceau antérieur à la création d'Il Segno del Comando que l'on trouvait en bonus sur la réédition du premier album du groupe, un titre qui évoque les connexions entre le spiritisme et des ondes sonores.
"Messagero di pietra " est une chanson présente sur le premier album homonyme d'Il Segno del Comando en 1996. Elle évoque des moments de la série télévisée des années 70 dont le groupe a directement repris le nom (le messager de pierre est une statue qui garde des secrets).
"Polizei Blues"’est un morceau original jamais publié auparavant.  C'est à nouveau une bande-son imaginaire pouvant illustrer une scène d’un film policier avec une poursuite entre des gansters et la
police.
" Samba for a butterfly" est un solo de basse dédié à la femme de Diego.

Voilà pour le décodage des douze pistes de cet album. Le résultat est bluffant si l'on tient compte du fait que l'on a affaire à un trio basse/batterie/guitare sans aucun artifice. L'univers musical de Diego nous ramène au cœur même des années 70. A cette époque, il était de mise de mêler différents styles sans trop se poser de question : jazz rock, heavy rock, funk et rock psychédélique faisaient bon ménage. Du haut de ses 8 mn 45, "Messagero di pietra" est un exemple parfait de ce mélange réussi des genres. Car c'est exactement ce que reproduit DB3 cinquante ans après, avec en plus des ambiances très sombres qui rappellent certaines bandes-son qui illustraient les gialli et les films d'horreur de notre jeunesse (enfin de la mienne en tout cas !). Mais rassurez-vous (ou pas), loin de s'enfermer dans un style monolithique, DB3 propose douze pistes musicales composites qui forment un tout protéiforme. Bien sûr, il arrive que l'on pense à Il Segno del Comando. Normal puisque plusieurs titres sont issus du répertoire de son groupe amiral (voir détail des pistes plus haut). Bien sûr parfois aussi, ça penche plus vers le jazz fusion ("Magia postuma"), vers le funk ("Looking for the pusher") ou encore vers un blues rock débridé, ce qui est le cas de "Polizei blues", un morceau sur lequel les trois compères se lâchent bien quand même.
L'analyse, autant musicale qu'introspective, de cet album amène à penser que Diego Banchero a fait émerger consciemment ou inconsciemment tout ce qui l'a marqué non seulement dans sa carrière de musicien mais aussi dans son parcours de vie. En cela Gathered lectures from a lifetime est donc une sorte de reproduction sonore, le double musical de Diego en quelque sorte. Et au niveau musique pure, c'est un régal !

La tracklist :
  1. Looking for the pusher
  2. Macabro suite
  3. Le 4 A
  4. Vestale
  5. One winter night (bass solo)
  6. Metamorfosi
  7. Il viaggio
  8. Bloody sunset (guitar solo)
  9. Magia postuma
  10. Messagero di pietra
  11. Polizei blues
  12. Samba for a butterfly (bass solo)
     

L'album est sortie le 18 janvier 2025 sous le label Tricephale Independent Production. Il existe uniquement 200 copies du CD, pas une de plus ! Donc il faut faire vite. Pour commander votre exemplaire, il vous suffit de contacter directement Diego Banchero à cette adresse mail : diegobanchero@alice.it.


jeudi 13 février 2025

Néos Saint Just

Pour les nostalgiques du prog italien du début des années 70, voici donc le retour d'une grande figure de cette époque. Je vous parle là de Jenny Sorrenti qui avec son groupe Saint Just, nous avait régalé en 1972 et 1973 des albums de folk prog Saint Just et La casa del lago.
Ensuite Jenny avait un peu disparu des radars, très occupée à composer pour le théâtre mais aussi à étudier l’opéra et la musique médiévale. Elle en avait également profité pour renouer avec ses racines galloises (par sa mère) en réalisant trois albums : Medieval Zone, Com'è Grande et Enfermidade e Burattina en tentant de rapprocher la musique celtique avec la musique folklorique méditerranéenne.
Plus récemment, en 2011, elle avait refait une incursion dans le prog avec l'album Prog Explosion, publié sous le nom de Saint Just Again.
En 2025, Jenny s'associe au producteur et claviériste Tullio Angelini, pour un projet musical novateur. En effet, il s'agit d'une nouvelle voie que veut explorer Jenny Sorrenti. Sur la base  de ses recherches effectuées ces dernières années sur les expérimentations possibles de la voix et sur les approches d'une nouvelle forme de chanson, elle prend le risque de proposer une musique déroutante. Ce qui est bien le cas avec cet album. Car, sans vraiment être dans la musique expérimentale radicale, on ressent effectivement une volonté de sortir des carcans de la chanson pour utiliser la voix comme un instrument sonore ("Pneumatos", "Meraviglia"). Ce que l'on entend peut être assimilé à un flux avec un chant qui semble flotter dans un espace sonore ("Hidden things") et parfois même rebondir sur des murs invisibles ("in the presence of the entity"). Que l'on ne s'y trompe pas, les sept morceaux proposés sont parfaitement construits et portent des parties mélodiques souvent envoutantes. La voix de Jenny Sorrenti est toujours aussi belle et fascinante comme on peut le constater, notamment sur les deux chansons les plus proches d'un format classique "Sentire Davvero" et "The mirror inside me".  
Si tout est très beau et très réussi dans cet album,  je garde quand même une place à part pour "Psyché" qui me semble être une composition ultime qui condense toute la force créatrice recherchée par Jenny mais qui est également une chanson hypnotique, d'une beauté irréelle, de laquelle il est difficile de sortir.
Un retour de Jenny Sorrenti aussi inattendu et étonnant que magnifique.

Musiciens : Jenny Sorrenti (chant, claviers, piano), Tullio Angelini(loops, ME),Clive Bell (instruments divers), Sylvia Hallett (violon), Alessandro Pizzin (claviers), Robin Rimbaud (ME), Roberto Scarpa (piano), Kenny Wollesen.
 
La tracklist :
  1. Pneumatos
  2. Sentire davvero
  3. In the presence of the entity
  4. The mirror inside me
  5. Hidden things
  6. Psyché
  7. Meraviglia
     
Label : MoreMusic
Distribution : G.T. Music