Affichage des articles dont le libellé est Edmondo Romano. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Edmondo Romano. Afficher tous les articles

vendredi 1 mars 2024

Edmondo Romano : Religio


On connaît bien sûr Edmondo Romano comme membre créateur des groupes Eris Pluvia puis The Ancient Veil. On sait aussi qu'il a déjà publié sous son seul nom deux superbes albums, Sonno Eliso en 2012 et Missive Archetipe en 2014 qui ont fait l'objet d'un article il y a quelques temps sur ce blog "Special Edmondo Romano".  

Dix ans après Missive Archetipe, Edmondo Romano nous propose donc le troisième volet de ce qui semble bien être une vaste fresque explorant les différentes facettes de la condition humaine. L'artworek illustrant la pochette de l’album ainsi que le titre et la note qui le suit ("The Relationship of Man with the Visible and Invisible") sont assez explicites quant au sujet principal qu’Edmondo Romano veut exposer cette fois. Ce troisième chapitre traite le pan spirituel de l'être humain. Mais il faut toutefois préciser que l'approche d'Edmondo Romano dépasse le seul côté religieux pour évoquer aussi les aracanes de la conscience humaine qui passent également par ses racines et sa culture. Les titres des treize pistes vous en diront un peu plus sur le cheminement mystique emprunté par Edmondo Romano.

La solide équipe qui l'accompagne comprend beaucoup de musiciens qui ont l'habitude de travailler avec Edmondo dont le fidèle Alessandro Serri mais aussi Kim Schiffo, Ilaria Bruzzone ainsi qu'un certain Roberto Tiranti parmi les voix, un Roberto toujours aussi étonnant. Ecoutez la chanson "What I want to be" et dites à moi à quel timbre de voix, il vous fait penser. C'est assez bluffant.

On retrouve dans cet album une caractéristique qui apparaissait déjà de manière flagrante avec les deux précédents disques solo d'Edmondo Romano. En effet, le Génois s'affranchit de toute contrainte stylistique pour se permettre une totale liberté de création qui fait que d'un morceau à l'autre, on passe dans un univers musical complètement différent. Edmondo Romano peut se permettre ce genre d'acrobaties tant il maîtrise parfaitement les différents codes musicaux, qu'il s'agisse de courants et de mouvements comme le jazz, la musique contemporaine, le minimalisme, la M.E proche de Terry Riley, l'ambient ou encore de langages (musicaux) ethniques (balkans, Amérique du Sud, Orient et Extrême Orient) dont la forme la plus contemporaine, et la plus facile d'accès, reste la world music. 

Le résultat est d'une richesse folle et il faudrait des heures (et des pages) pour décortiquer chaque morceau. Ce n'est pas le but de cette modeste chronique qui n'est là que pour vous alerter sur cette sortie d'album et vous donner envie de l'écouter. Alors si vous êtes en quête d'une musique à la fois ambitieuse et dépaysante, totalement originale et nourrissante, cet album est fait pour vous. Pour rester dans le registre religieux (même si bon...je vais pas m'étaler sur mes convictions en la matière), ce disque s'écoute comme une messe. Si vous avez un doute, prenez le temps de savourer "in estasi" et "il colore del mio corpo", deux morceaux qui s'écoutent dans un état de total recueillement. Mais ne croyez quand même pas que l'on est dans le contemplatif extrême. Le déjà cité "What I want to be", la deuxième partie d"Agape" (magnifique !), l'insaisissable "La seduzione" et surtout "l'urlo eliso" devraient finir de vous convaincre de la grande beauté mais aussi du caractère indispensable de cet album. Une œuvre rare, tant par sa richesse que pas sa qualité intrinsèque, qui doit absolument trouver son public du fait de son caractère inclassable. Je compte sur vous !

Les musiciens :

Edmondo Romano: saxophones soprano et sopranino, clarinettes en si majeur, en do et en mi majeur, clarinette basse, duduk, chalumeau, low whistle, kanjira, claviers, programmations
Voix : Simona Fasano, Karin Selva, Giulia Beatini, Roberto Tiranti, Paola Cialdella, Vera Marenco, Lydia Giordano, Egle Doria, Silvia Napoletano, Edmondo Romano, Yoko Hanzai (narrateur sur 9)
Tina Omerzo: piano
Luca Falomi: guitare électrique
Alessandro Serri: guitare classique, basse acoustique
Roberto Piga, Teresa Valena: violons
Ilaria Bruzzone: violon alto
Kim Schiffo: violoncelle
Riccardo Barbera: contrebasse
Rodolfo Cervetto: batterie
Olmo Manzano: Percussions
 

La Tracklist :

01 - La creazione (4.07)
02 - Il sacrificio (2.16)
03 - What I want to be (7.27)
04 - In estasi (2.41)
05 - Agape (6.23)
06 - Il colore del mio corpo (3.20)
07 - La seduzione (3.38)
08 - Le tourment (3.44)
09 - Nel mio andarmene (4.06)
10 - La parola IO (4.30)
11 - La scelta (3.26)
12 - Ritus (5.08)
13 - L’urlo eliso (2.41)  

Çà vient de sorti chez Visage Records et c'est distribué par Egea Music.









samedi 4 novembre 2023

Ancient Veil: Puer Aeternus

Tout d'abord, répondons à la question : qui est Puer ? Puer est un être irréel. Il n'a pas d'existence physique, pas d’âge et pas de sexe défini. Il n'est ni un enfant, ni un adulte. Il existe dans un vide absolu et intemporel, une sorte d'Eden agréable, lumineux, une dimension qui pourrait être assimilée à un monde parfaitement stable où tout est figé, où les notions d'émotions et de désir sont absentes. Dans cet univers qui n'a ni début ni fin, Puer s’interroge sur sa condition éternelle. Dans cet album, il est pris comme postulat de départ que chacun d'entre nous peut être "Puer aeternus". En fait, chacun d'entre nous l'est en partie de par la disharmonie ressentie avec soi-même et, par conséquent, avec le monde extérieur. Chacun peut être cet éternel enfant doté d'immenses capacités mais qui préfère ne pas affronter ses transformations, incapable de grandir vraiment, de construire une vie en harmonie avec les autres et avec la nature.

Le thème ambitieux ainsi posé nécessitait de construire une œuvre artistiquement à la hauteur. Aussi pour exprimer pleinement et dignement toutes les subtilités de ce concept, les créateurs de ce projet ont mis les moyens aussi bien en terme de compositions que d'interprètes. Puer aeternus est un album qui évolue dans plusieurs directions mais qui, surtout, contient une musique progressive à la hauteur de ce que le rock progressif italien le plus exigeant peut produire, ce qui entend des références puisées dans la tradition aussi bien folklorique que médiévale, mais aussi une ouverture vers des contrées expérimentales ("La caduta sulla Terra" par exemple) voire même vers un jazz déstructuré d'obédience ouvertement avant-gardiste ("Il secondo tradimento") permettant à Martin Grice de réaliser une fois encore une performance hors norme.
Côté lutherie, comme toujours avec Ancient Veil, la palette d'instruments utilisées est incroyablement large. Ainsi l'approche acoustique se veut la plus riche possible. En effet, ce n'est pas pour rien que vous pouvez entendre de la guitare classique, diverses flûtes, des saxophones, une clarinette, un hautbois, du basson, du cor français mais aussi un quatuor à cordes et une section de cuivre. Vous reconnaîtrez que l'on n'est plus très loin d'un orchestre symphonique même si tous ces instruments nobles ne jouent pas en même temps. Et pourtant, loin d'être de la musique de chambre, vous constaterez que batterie, basse et percussions sont bien présents, là où il faut et quand il faut, et que l'orgue Hammond, et même un Moog, prennent à l'occasion, leur part dans l'espace musical imaginé par Edmondo Romano et son compagnon d'aventure de longue date, Alessandro Serri.

Il aura fallu trois ans aux membres du groupe pour élaborer et finaliser cet album qui est sans aucun doute ce que Ancient Veil aura fait de plus ambitieux à ce jour. Car il faut bien appelé un chat un chat, nous avons ici affaire à un opéra rock qui peut faire  penser, au moins dans l'esprit, au projet Merlin co-signé en 2000 par Fabio Zuffanti et Victoria Heward. Là s'arrête la comparaison car Ancient Veil a sa propre esthétique sonore héritée de la période Eris Pluvia et qui a été depuis développée et enrichie au point d'en faire une marque de fabrique haut de gamme (et oui ces musiciens sont sur le pont depuis plus de trente ans maintenant !).

Compte-tenu du concept et du format choisi, il est évidemment souhaitable d'écouter l'album dans son intégralité en respectant la progression logique des dix huit morceaux qui s'enchaînent d'ailleurs très naturellement. Je ne peux que vous conseiller de vous laisser aller à suivre tranquillement le déroulé de ce conte musical (le terme me parait d'ailleurs plus approprié que celui d'opéra rock). Les compositions sont toutes remarquablement écrites et les exécutants sont tous parfaits dans leur rôle. Ce qui ne gâche rien non plus est le choix du chant en italien (une première pour Ancient Veil) qui sied à merveille à cette musique qui se déploie et s'épanouit dans la plus parfaite sérénité. C'est sûr qu'on est ici aux antipodes de Rhaposdy in Fire ! 

Ceci étant dit, difficile de sortir un morceau plutôt qu'un autre car comme je vous l'ai indiqué, il s'agit avant tout d'une œuvre globale, chaque piste constituant une pièce indispensable d'un ensemble cohérent.  Mais je dois quand même dire que des morceaux du calibre de "La miseria del mondo" ou "L’ascesa di Hermes nel dio visibile" me laissent toujours pantois. Autant de groove distillé et de musicalité exprimée pour un résultat aussi original, c'est bluffant. Je dois également ajouter deux autres chansons pour lesquelles j'ai quand même un petit coup de cœur : d'abord "La saggezza della natura", un peu pour quelques passages chantés par Alessandro Serri (Kore) qui évoquent Angelo Branduardi, beaucoup pour ses parties magistrales de cordes frottées et à la folie pour Sophya Baccini qui vient poser sa voix magnifique sur ce titre, et aussi "Il distacco" qui permet de découvrir Lino Vairetti en Créateur et d'apprécier les interventions à la flûte qui sont de toute beauté, un modèle du genre pastoral. 

La réussite musicale évidente de cette album, mais surtout son caractère dramaturgique, méritent (exigent !) que ce projet prenne vie sur une scène à l'instar de The Rime of the Ancient Mariner  que Fabio Zuffanti avait monté sous la bannière Höstsonaten fin 2012  (album Alive in Theatre - 2013). Cela nous laisse le temps de savourer tranquillement ce disque comme il se doit car il le mérite amplement.

Sortie le 10 novembre 2023 chez Ma.Ra.Cash

Le groupe Ancient Veil : Alessandro Serri (vocaux, guitare classique, guitare acoustique, guitare 12 cordes, guitare électrique, flûte, harmonica, claviers, programmation), Edmondo Romano (alto soprano  tenor bass recorder, sax soprano et sopranino, chalumeau, clarinettes, low whistle, vocaux, Fabio Serri (piano, orgue Hammond, Moog, vocaux), Massimo Palermo (basse), Marco Fuliano (batterie)

Musiciens invités : Martin Grice (sax alto), Francesco Travi (basson), Natalino Ricciardo (cor français), Marco Gnecco (hautbois), Roberto Piga (premier violon), Fabio Biale (second violon), Ilaria Bruzzone (viola), Kim Schiffo (violoncelle), Olmo Arnove Manzano (percussions)

Intervenants par ordre d'apparition et rôle :

Simona Fasano : Nature
Alessandro Serri : Puer, Hermès, Kore
Lino Vairetti : le Créateur
Elisa Marangon : l'âme (anima)
Tony Cicco : le chantre
Roberto Tiranti : Crono
Fabio Serri : Mercure
Sophia Baccini : Toth
Edmondo Romano, Alessandro Serri, Simona Fasano : le chœur des Hommes


La tracklist :

01 - L’eterno tempo [Time eternal]
02 - Il distacco [The detachment]
03 - La caduta sulla Terra [The fall to Earth]
04 - La visione della parte mancante [The vision of the missing part]
05 - Nella stanza l’intera storia umana [In the room, the entire human story]
06 - Il senso dell’insensato [A sense of the senseless]
07 - La miseria del mondo [The misery of the world]
08 - La comprensione del tempo [The comprehension of time]
09 - Amore e potere [Love and power]
10 - L’ascesa di Hermes nel dio visibile [The rise of Hermes as the visible god]
11 - Il terzo millennio [The third millennium]
12 - La culla troppo stretta [The too narrow cradle]
13 - Il secondo tradimento [The second betrayal]
14 - Io e ombra [I and shadow]
15 - Puer aeternus [Puer aeternus]
16 - La reviviscenza [Resurgence]
17 - La saggezza della natura [The wisdom of nature]
18 - La nuova aurora [The new aurora]

jeudi 1 septembre 2022

Spécial Edmondo Romano


Le génois Edmondo Romano est un homme discret et un musicien que l'on connaît sans le savoir. Car ce multi instrumentiste particulièrement doué, spécialiste des instruments à vent (clarinettes, saxophones, flûtes, chalumeau...), est quelqu'un de très demandé. Qu'on en juge : il a participé à cent quarante disques et a joué pour de nombreux musiciens et groupes connus : les New Trolls, Picchio Dal Pozzo, Vittorio De Scalzi seul, Ares Tavolazzi ex Area), Mauro Pagani et même la PFM. Il a aussi fait partie de plusieurs formations de prog italien, et pas des moindres: d'abord Eris Pluvia à la fin des années quatre vingt (l'album Rings of Earthly Light en 1991) puis The Ancient Veil de 1995 à aujourd'hui (albums Ancient Veil, I am changing, New, Rings of earthly...live, Unplugged ...live), deux groupes qu'il a co-créé et dont le nom parlent aux amateurs de RPI. Mais il a aussi participé à beaucoup d'autres projets et albums dont plusieurs concernent Höstsonaten, une des formations menées par Fabio Zuffanti, qui au moins à ses débuts était très proche stylistiquement parlant d'Eris pluvia justement. Edmondo Romano est présent sur les albums Mirrorgames (1998),  Springsong (2002), Wintertrough (2008), Autumnsymphony (2009) ainsi que sur Merlin : The Rock Opera publié en 2000 sous le seul nom de Fabio Zuffanti.

Ce que l'on sait encore moins, c'est qu'Edmondo Romano a sorti deux albums solo qui lui permettent de démontrer toute l'étendue de son talent comme instrumentiste bien sûr mais aussi comme compositeur. Il est à chaque fois accompagné de musiciens de son niveau. Difficile de tous les citer, mais enfin on trouve quand même des pointures comme Gianfranco Di Franco (Franco Battiato, Franco Micalizzi), Ares Tavolazzi(ex Area), Arturo Stalteri (Pierrot Lunaire), Marco Fadda (Alan Simon, Excalibur), Kim Schiffo entre autres !

En marge du rock progressif, ces deux albums sont les reflets de ses aspirations les plus intimes avec à chaque fois une facette différente de l'artiste. Sonno Eliso (2012) baigne nettement dans des ambiances qui évoquent régulièrement les divers idiomes musicaux du bassin méditerranéen, côté Italie du sud et ses pourtours bien sûr mais Edmondo va aussi chercher ses influences un peu plus loin jusqu'à importer des évocations subtiles des Balkans ou même un air traditionnel de Turquie ("Preghiera"). Les compositions sont construites sur des structures solides rappelant soit une forme adaptée de musique de chambre (avec un nombre réduit d'instruments à vent et à cordes), soit (plus rarement) un jazz très doux, mêlant à chaque fois intimement une multitude d'éléments de folklore ethnique (tons, gammes, mélodies, rythmes) pour un résultat d'une richesse incroyable. Missive Archetipe (2014) garde le côté acoustique de son prédécesseur mais se révèle très vite beaucoup plus proche d'une forme de musique de chambre moderne (qui était déjà présente dans Sonno Eliso mais moins mise en avant), avec quelques incursions dans le R.I.O. ("Il giardino degli animali eterni"), même si la présence de Mare nostrum reste en permanence prégnante. Ce deuxième album est aussi l'occasion pour Edmondo d'ajouter quelques touches de voix féminines dont l’utilisation est tout simplement sublime entre féérie onirique ("Ahava"), murmures mystiques (" Di questo amore morite") et chant profane médieval (le début et la fin de "Vestire la tua pelle").

Mais que l'on écoute Sonno Eliso ou Missive Archetipe, on remarque à chaque fois la place laissée à la beauté des mélodies avec très souvent des interprétations recueillies, souvent introspectives, parfois lancinantes, jamais démonstratives. On comprend qu' Edmondo a ces thèmes musicaux en lui et qu'ils sortent naturellement de son subconscient pour prendre forme. Ce qui se révèle de sa musique est une forme de beauté naturelle, immanente qui s'apparente à une lumière que l'on ressentirait plus que l'on verrait, une perception d'ondes bienveillantes et rassurantes. Tout est doux, léger mais néanmoins profond. Il y a surtout une majorité de compositions complexes, fouillées et pourtant étonnamment fluides. 

Ma préférence va à Missive Archetipe, non pas que Sonno Eliso démérite bien au contraire (je pense aux émouvants et envoutants "Canto di lei" et "Nadi" par exemple mais aussi à "Sonno Eliso"), mais je crois que Missive Archetipe est encore supérieur autant par l'intensité tout en retenue de ses compositions que par sa capacité à transporter l'auditeur dans l'univers musical très personnel (j'allais écrire "privé") d'Edmondo justement. Je range Missive Archetipe à côté des meilleurs disques de Gatto Marte, Julverne, Univers Zero, Present et encore Aranis, c'est dire. Cet album est d'une beauté inouïe ("Petali di carne", "Questa Terra", "Massive Archetipe") tout au long des 43 minutes qui passent comme un rêve éveillé. Comment un chef d’œuvre de ce calibre peut-il être resté aussi (longtemps) méconnu ? 

Je me permets donc de vous conseiller de rattraper un retard bien excusable. il n'est jamais trop tard quand il s'agit de découvrir des gemmes de ce niveau.

Sonno Eliso

Missive Archetype

Tracklists des deux albums (vous pouvez écouter chaque titre en cliquant dessus) :

Sonno Eliso

1

 

Sonno eliso

2

 

Canto di lei

3

 

Preghiera

4

 

Corpo

5

 

Fiato

6

 

Intercessione

7

 

Rilucente

8

 

Canto di lui

9

 

Nadi

10

 

Trasfigurazione

11

 

Risucchio

12

 

Intelletto

13

 

Risonanza

Missive Archetipe

1

 

Petali di carne

2

 

Parabola

3

 

Carme

4

 

Ahava

5

 

Dato al mondo

6

 

Ninna Nanna

7

 

Il giardino degli animali eterni

8

 

Di questo amore morite

9

 

Diluvio

10

 

Questa Terra

11

 

Vestire la tua pelle

12

 

Missive Archetipe