Nous en étions resté à une formation qui proposait un post rock instrumental tournant le dos au passé pour mieux s'ouvrir sur des horizons nouveaux à l'instar de Laviantica, les deux groupes présentant d'ailleurs quelques similitudes stylistiques. Honnêtement, je ne vois pas ce nouvel album démentir cette définition, bien au contraire. A chair at the backdoor garde le même cap. Dès "Protect Us from the Truth", Giant The Vine installe à nouveau ses atmosphères énigmatiques, plutôt austères desquelles se dégagent une forme de spleen frisant parfois la neurasthénie. Voilà pourquoi on attend dans chaque morceau le trait de lumière qui en devient à chaque fois un éclair d'espoir; Pourtant, pour sombre qu'elle soit, cette musique s'impose par sa cohérence et aussi par sa mesure. Si vous écoutez attentivement "Jellyfish Bowl", vous constaterez comment chaque note est pesée au gramme près, comment chaque ligne est pensée comme un fil qui amène à un autre fil. Tout est ici essentiel, sans fioritures il est vrai, mais sans non plus de passages inutiles. Je l'ai toujours dit, l'art de la concision est l'art des sages. C'est aussi vrai en musique ( et pas toujours dans le prog justement !). Si vous commencez l'album par l'écoute de "The Heresiarch", vous allez me faire remarquer que ce court morceau est pour le coup très expansif et qu'il ne correspond pas à ce que je viens de vous décrire. Et bien, c'est à voir. Oui le langage est ici plus exubérant mais vous constaterez que les musiciens restent concentrés, voire même aimantés, sur un long chorus en développement dont ils ne s'écartent pas et que chaque membre alimente sans en rajouter. A contrario " The Inner Circle" vous entrainera dans le côté le plus intimiste de la musique du groupe. Enfin, nous avons en plat final "A Chair at the Backdoor", une pièce de résistance de 12 mn 24 exactement qui pourrait bien vous évoquer quelques beaux moments et quelques belles ambiances intimistes de Laughing Stock, le magnifique album de Talk Talk. Même si ce n'est pas voulu, ce n'est pas non plus complètement un hasard tant l'influence de Mark Hollis est revendiquée par Fabio Vrenna. Et si c'est un hommage à l'Anglais disparu trop tôt en 2019, et bien c'est un bel hommage car ce morceau est juste magnifique et là oui, le groupe lâche enfin les chevaux pour un emballement irrésistible, qui démarre à 6 mn 30, et que le saxophone de Gregory Ezechieli fait plus qu'accompagner. Il le magnifie. Vous noterez aussi que pour ce titre, les guitares électriques sonnent différemment. C'est plus rugueux, plus rock tout simplement.. Jusqu'au bout, ce morceau est prenant et passionnant. jusqu'à ses arpèges finaux de guitare acoustique qui prennent pour modèle ceux de l'intro.
Le groupe : Antonio Lo Piparo (basse), Daniele Riotti (batterie), Fulvio Solari (guitares, lap steel), Fabio Vrenna (claviers, Mellotron, guitares)
Musiciens additionnels : Ilaria Vrenna (piano sur 1,2,6), Simone Salvatori (piano sur 4), Gregory Ezechieli (saxophone sur 1,7)
La tracklist :
1. Protect Us from the Truth
2. Glass
3. The Potter's Field
4. Jellyfish Bowl
5. The Heresiarch
6. The Inner Circle
7. A Chair at the Backdoor
Le lien bandcamp du groupe, c'est ici.
Label : Luminol Records