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samedi 17 décembre 2022

Barbara Rubin : The Shadows Playground

Une musicienne qui compose et interprète sa propre musique, c'est une sensibilité qui s'exprime. Quand la musicienne réalise son album quasiment seule avec ses propres moyens et qu'elle assure brillamment l'exécution de tous les instruments, il est alors évident que l'exercice relève d'une forme de catharsis. 

Vous vous demandez pourquoi je commence ma chronique comme çà. Très simple ! Avec son album Shadows Playground sorti en 2020, Barbara Rubin va chercher très loin en elle ce qu'elle a de plus intime. La technique et la maîtrise des instruments ne font pas tout, et pourtant, Dieu sait que Barbara est une pianiste et une violoniste hors pair. Ce qui compte pour moi dans cet album, c'est bien la musique et surtout ce qu'exprime Barbara. Il y a tout au long de ces neufs pièces une forme de combat permanent entre une force contenue, peut être même retenue, et une introspection profonde. Barbara donne ici l'impression de jouer, telle une acrobate de l'imaginaire, en équilibre sur un fil. Alors comment se repérer ? Comment savoir entre puissance et délicatesse, entre gravité et légèreté ? Concentrez-vous sur la voix de Barbara et plus généralement sur les parties vocales (il y a  aussi une voix masculine et des chœurs). Dans cet album, le guide est le chant. C'est lui qui vous indiquera ce que veut exprimer Barbara. Oui, mais il y a aussi les instrumentaux. Pour le magnifique "Sunrise promenade", la clé est dans les trente dernières secondes du morceau. Pour "Sleeping violin", l'intensité de cette pièce devrait vous guider. Enfin, le titre même de "La ballata degli angeli" résume parfaitement l’humeur de cette ballade qui est un vrai moment de grâce. Tout au long de cet album prégnant, les morceaux défilent tous plus beaux et plus fins les uns que les autres. le piano tisse des trames tour à tour mélancoliques, nostalgiques et suggestives. Les violons amènent ce supplément d'âme qui donne ainsi une vie propre à chaque morceau. Comment résister à la profondeur d'une composition comme "The Shadows playground" qui semble vouloir soudainement libérer toutes les énergies de sa créatrice.

Barbara Rubin a placé "Helen's word" en toute fin d'album et ce n’est pas un hasard car il s'agit de sa pièce maîtresse. Celle qui concentre tout ce que l'artiste a emmagasiné d'émotions et tout ce que la musicienne est capable d'exprimer en terme d'intensité. "Helen's Word" fonctionne comme un tableau de Jérôme Bosch. Écoutez bien ce morceau qui fait un peu moins de six minutes. Bluffant de par sa richesse harmonique et mélodique (la couleur modale des chœurs évoquant les modulations du chant byzantin, au début du titre), mais aussi de par sa densité et notamment avec sa succession de petits tableaux qui ont tous pour point commun une puissance évocatrice saisissante. Je connais plusieurs groupes de rock progressif qui, avec autant de matière, auraient fait une suite de vingt minutes pour un résultat peut être bien moins bouleversant.

Barbara est une artiste intègre et une musicienne talentueuse. Elle le démontre amplement avec The Shadow Playground. Mais, je vous conseille d'allez sur son site bandcamp pour mieux la connaître et la découvrir, vous risquez d'être très agréablement surpris par sa polyvalence. Je vous en donne deux superbes aperçus en avant-première : "Libera" et "Eyelids". Vous me remercierez plus tard !

Barbara Rubin : chant, violon, violon alto, piano, synthétiseurs, guitare, basse, batterie. Elle est accompagnée d'Andrea Giolo (chant et chœurs) et de Veronica Fasanelli (chant sur piste 9).

La Tracklist :

  1. Endless hope
  2. Seven
  3. La Maddalena
  4. Clouds
  5. Sunrise promenade
  6. The shadows playground
  7. Sleeping violin
  8. La ballata degli angeli
  9. Helen's word 

lundi 13 septembre 2021

Alias : The Second Sun

Alias est une groupe napolitain. C'est déjà un bon présage. Mais la formation comprend surtout une brochette de musiciens à la technique époustouflante avec notamment le batteur Fredi Malfi associé depuis plusieurs années à un autre grand groupe de Naples, le mythique Napoli Centrale de James Senese.  Le reste d'Alias se compose de Romilda Boccheti au chant et au claviers, d'Ezio Felaco à la basse et de Giovanni Guarreri à la guitare classique, tous trois membres fondateurs d'un autre groupe, l'Orchestra Multietnica Mediterranea. Et c'est sans doute là que se trouve la clé de compréhension de la musique que propose Alias. Car si Alias est un projet différent, il s'inspire sans aucun doute possible des travaux réalisés par l'Orchestra Multietnica Mediterranea avec toutefois une forme et un habillage différents, nous allons y revenir car les membres d'Alias nous réservent quelques surprises en la matière. En effet, selon le groupe, Alias propose une musique world-prog. Pourtant à l'écoute de cet album, cette définition paraît beaucoup trop restrictive. Dès le premier morceau "Red Six", une évidence s'impose : ces quatre musiciens  sont d'un calibre peu commun. Avec le renfort de Max Fuschetto au haubois (un des tous meilleurs actuellement dans sa spécialité), ils proposent un premier instrumental de haut vol, juste rehaussé des vocalises de Romilda Boccheti. Juste derrière, "Pitch Black" est la première des surprises annoncées. Imaginez un groupe de rock des sixties qui se lancerait dans une longue cavalcade intégrant au fur et à mesure tout ce qui lui passe par la tête, des tempos binaires accélérés, du jazz rock fou mais aussi des touches de musique électronique, le tout malaxé, secoué mais au final parfaitement maîtrisé, avec au milieu le chant de Romilda Bochetti qui s'impose d'emblée comme une grande voix jazzy. "Pitch Black" est un morceau addictif comme on en rencontre pas souvent avec ce niveau d'exécution. Le contraste est assez saisissant avec le très calme "Mediterraneo Prog", durant lequel le piano et la guitare classique déroulent un long ruban onirique tout juste interrompu par un intermède jazzy qui, outre un changement de tempo, propose une nouvelle performance vocale de Romilda Bochetti. A ce moment du disque, vous savez que vous irez jusqu'à la fin car à l'évidence il se passe quelque chose de réellement passionnant et que vous êtes en face d'une musique supérieurement intelligente. "Around the Universe" va à nouveau vous charmer avec sa rythmique de bossa qui revient régulièrement à plusieurs reprises. Morceau cool s'il en est, il n'en est pas moins truffé de changement de rythmes (avec quelques mesures impaires corsées) qui en font un joyau à plusieurs facettes. La ligne mélodique est ici chantée, soyeuse, presque amicale, elle attire irrésistiblement l’auditeur. L'instrumental  acoustique "Danza dei due Mondi" centré sur la guitare classique  de Giovanni Guarreri évoque rapidement une performance soliste de Franco Mussida, d'ailleurs le morceau prend au bout de trois minutes la forme d'une tarentelle, la partie mélodique étant jouée au synthé,  et il est alors évident que la PFM de "E festa" n'est plus très loin avec le même résultat exaltant à l'arrivée. Avec "The Second Sun" le groupe réussit, à la fois, à changer à nouveau radicalement d'ambiance et à nous étonner. Car ce que l'on entend ici n'est ni plus ni moins qu'une reprise du thème mélodique de "Stairway to Heaven" dans une adaptation toute en nuances aussi fascinante par la qualité des parties vocales (Romilda assure le chant et les chœurs) que par la longue digression centrale qui va vous emmener très loin et même beaucoup plus loin que vous l'imaginiez. Tendez l'oreille car il y a ici et là de courtes citations à ne pas rater (un indice pour vous aider, le King Crimson de "Cat Food"). Cette partie instrumentale est un modèle du genre, une des plus belles que j'ai jamais entendu. D'ailleurs tout le morceau est fascinant. Et quand je parle de pouvoir de fascination, que dire de "Samsara". la plongée dans le folklore méditerranéen est ici intense. La voix de Romilda Bochetti, puissante et enjôleuse, survole tout le morceau dont la dernière note volontairement placée en suspension laisse l'auditeur coi dans une forme de sidération. 

Avec The Second Sun, les musiciens d'Alias réussissent à captiver l'auditeur autant par une approche décalée de ce qu'ils appellent le world-prog que par des compositions qui présentent toutes un côté addictif voire carrément jouissif. Certes la couleur est affichée dès le départ : proposer une musique d'essence ethnique unissant le folklore principalement méditerranéen, le jazz, la musique classique et le rock. Mais ce qui compte ici, c'est le résultat dont on ne se lasse pas pour une bonne raison, c'est qu'il s'agit d'une musique à la fois inspirée et surtout à caractère universelle. Sa force est dans ces deux propriétés que l'on rencontre finalement assez rarement aujourd'hui y compris dans le rock progressif ! Vous aurez aussi remarqué qu'il n'y a pas de guitare électrique sur cet album.

On peut être à la fois dithyrambique et objectif. Je pense que c'est ce le cas pour ce superbe album, en marge du prog, on est d'accord. Décidément Naples nous offre toujours de belles surprises.      


La tracklist :

  1. Red Six
  2. Pitch Black
  3. Mediterraneo Prog
  4. Around the Universe
  5. Danza dei due Mondi
  6. The Second Sun
  7. Samsara

The Second Sun est un album autoproduit, je vous donc ici le lien bandcamp du groupe Alias

vendredi 16 avril 2021

Qirsh : Aspera Tempora, parte 1

Il faut parfois prendre du recul pour bien appréhender une création musicale et pour bien la sentir. Cela a été exactement le cas pour cet album dont j'ai fait plusieurs fois le tour avant de rentrer dedans. Ne me demandez pas pourquoi. La raison a ses raisons que la raison ignore ! Bien, après cette entrée en matière mi-figue mi-raisin (je le concède), nous y voilà enfin. Après quelques écoutes attentives de cet Aspera Tempora, il apparaît que les atmosphères sont sombres, les tempos sont lourds et les mélodies ne respirent pas souvent la joie, autant de caractéristiques qui nous amènent à positionner cette musique dans un créneau qui tient autant du doom prog que du dark ambient avec des traits de space rock à la Hawkwind ("Aer Gravis"). On comprend alors que les morceaux soient longs voire très longs pour "Rumor" (18 minutes) et "Oremus" (12 minutes et encore 8 minutes pour sa reprise), les musiciens prenant le temps d'installer des ambiances qui deviennent de plus en plus prenantes au fur et à mesure que les minutes passent jusqu'à embarquer complètement l'auditeur.  Les lignes de chant ne laissent que peu passer la lumière tant elles sont volontairement et délibérément, mélancoliques et tristes ("Anansi" excepté). Je ne vous parle même pas du chant en canon sur "Oremus" le bien nommé, qui tient plus de l'oraison  grégorienne. "Oremus" est d'ailleurs une pièce gothique remarquablement construite dont le côté horror/goth rock lui permettrait de servir sans problème de bande son à un giallo italien. Pour vous faire une idée de ce que cela donne au niveau stylistique, je ne saurais trop vous orienter vers la compilation E Tu Vivrai Nel Terrore publiée il y a quelques années par Black Widow. Vous y retrouverez beaucoup de similitudes et de traits communs. Nous sommes dans les mêmes recoins sonores, sombres et inquiétants, raisonnant en permanence de cris de désespoir et de lamentations sans fin. La consultation du booklet et des paroles permet de mieux comprendre ce qu'il y a derrière tout cela : une énumération ou plutôt une litanie des peurs supportées par l'Homme, peur de la solitude, peur du vide, peur de la douleur, peur des rumeurs, peur du jugement divin. La tonalité musicale et les arrangements ont été soigneusement étudiés pour générer l'angoisse et attiser les craintes qui sont inhérentes à la condition humaine.  Je dois dire que le résultat est assez réussi car, d'une part, tout se tient dans une unité de ton très dark et que, d'autre part, il y a du côté des musiciens une réelle volonté de construire une œuvre figurative ambitieuse. En cela, Aspera Tempora, parte 1 atteint son objectif. Il faut d'ailleurs souligner la production remarquablement à la hauteur, assurée par les membres du groupe eux-mêmes, une production à la fois précise et ample, avec beaucoup de profondeur mais aussi de rondeur, qui permet de passer les moments les plus dramatiques et oppressants sans ressentir aucune agressivité acoustique. Au passage, mention particulière à Leonardo Digilio pour ses sonorités de claviers en général (clavecin compris) et d'orgues liturgiques en particulier qui donnent à chaque fois la couleur et le relief nécessaires. Reste maintenant à attendre la deuxième partie de ces "temps difficiles", puisque les liguriens considèrent qu'ils n'ont pas encore fait le tour complet des affres de l'Humanité, en souhaitant que Aspera Tempora, parte 2 soit le parfait pendant du diptyque conceptuel ainsi formé. « Lasciate ogne speranza, voi ch'intrate » !

La tracklist : 

1. Rumors
2. Aer Gravis
3. Quel Momento
4. Hurt
5. Anansi
6. Oremus
7. Oremus (reprise)

Le groupe : Andrea Torello (basse), Daniele Olia (guitares, claviers, chant), Leonardo Digilio (claviers), Marco Fazio (batterie), Pasquale Aricò (chant), Michele Torello (guitares), Giulio Mondo (batterie)
Label:  Lizard Records (formats CD et digital)

 

dimanche 28 février 2021

Celeste : il principe del regno perduto

 

Celeste, dans le petit monde du Rock Progressif Italien, ce nom a une résonance toute particulière. Pour comprendre, il faut remonter en 1976 et écouter ou réécouter cet album mythique qu'est Principe di un Giorno. Même si en 1976, la messe était dite pour le prog italien (et pour le prog en général), il n'empêche que ce disque est considéré à juste titre comme une pièce maîtresse du prog italien. Je n'écris pas "rock progressif italien" car la musique de Celeste, c'est tout sauf du rock ! De la pop, du classique, du folk, oui, du rock, non. C'est d'ailleurs ce qui en fait la particularité et le charme. C'est fin, délicat et classieux comme du Errata Corrige mais en plus élaboré. Si vous voulez une illustration sonore au mot enchantement, écoutez Principe di un Giorno. L'année suivante (en 1977 donc), la formation s'est sabordér pour cause de divergence d'opinions quant au devenir du groupe. Son deuxième album mort-né ne sortira qu'en 1991 en CD chez Mellow Records, le label prog fondé par Mauro Moroni et Ciro Perrino, ancien membre de Celeste justement. C'est le même Ciro Perrino qui, quarante ans plus tard, a décidé de ressusciter Celeste. Grand bien lui en a pris. Car de nouvelles merveilles nous attendaient. D'abord avec Il Risveglio di Principe en 2019, très bien accueilli puis avec ce il principe del regno perduto qui semble clore un cycle dont les premières notes se perdent dans la nuit des temps prog. Juger cet album en se référant uniquement à son lointain ancêtre ne me semble pas être une bonne idée. Certes, Ciro Perrino revendique de faire revivre Celeste en conservant l'esprit originel du groupe, ce qui passe notamment par l'utilisation exclusive d'instruments de l'époque, mellotron compris. Mais en même temps, il est aujourd'hui le seul rescapé de cette très courte aventure et, entre temps, il a travaillé sur beaucoup d'autres projets musicaux sans même parler du fait qu'il n'était pas impliqué dans le processus de compositions sur Principe di un Giorno. Alors, oui on entend du mellotron (comme sur plein d'albums et pas que de prog) et quelques courts passages peuvent faire penser au premier disque, mais il principe del regno perduto, comme son prédécesseur, sont des créations à part entière qui s'analysent pour elles-mêmes. Ce que je vais faire illico !

Ce qui ressort tout au long de ces soixante trois minutes, c'est ce travail de composition qui ne laisse rien au hasard. Ciro Perrino sait écrire de la belle musique et çà s'entend. L'approche classique ne fait aucun doute avec une dimension symphonique ou de sinfonietta pour être plus exact, compte tenu du nombre limité d'instruments utilisés. Il n'empêche ! Quelle beauté et quelle majesté se dégagent de chacune de ces pièces. Je n'ai pas envie de faire des comparaisons oiseuses, car à ce niveau là ce serait faire injure à Ciro. Ce qui est sûr c'est que l'album est une succession de grands moments, à commencer par l'entame de "Baie Distanti" illuminée par la mélodie en apesanteur portée quasiment a cappela par Anna Marra.Vous constaterez que le développement du morceau, très différent de son introduction, n'a rien à lui envier tout en gardant une dimension onirique très marquée. "L'ultimo Viaggio del Principe", la longue suite de vingt quatre minutes est évidemment un rendez-vous à ne pas manquer. Ciro prend le temps d'installer et de développer son thème pour progressivement l'étoffer avant de le faire évoluer à plusieurs reprises avec à chaque fois un changement de tempo signifiant, correspondant à l'entrée de plusieurs instruments solistes mais aussi à l’apparition de parties lyriques. Affirmer qu'il s'agit d'une pièce maîtresse relève en l’occurrence du lieu commun. Je dirais pour ma part que nous avons affaire ici à une forme d'achèvement artistique pour son auteur qui réussit l'exploit de tenir pendant vingt quatre minutes sur un fil conducteur parfaitement identifié, contrairement à beaucoup de suites prog faites de  parties disparates accolées formant un tout plus ou moins homogène. Je vous laisse par contre découvrir la fin assez inattendue et pour tout dire mystique. Le titre suivant "(il) Ceruleo Sogno" fait d'ailleurs le lien avec une intro gardant une ambiance ésotérique assez proche avant de s'ouvrir sur un enchaînement de séquences lumineuses, avec encore une fois une trame mélodique qui s’incruste irrémédiablement dans votre cerveau jusqu'au thème final étiré à l'envie. La tonalité est volontairement plus romantique pour le nostalgique "Viola, Arancio e Topazio" dont le final violon/piano + voix d'Anna Marra devrait en toute logique vous tirer une petite larme. Nous sommes loin de la puissance contenue de l'instrumental "Il Passaggio di un Gigante Gentile" auquel succède "Tornerai Tramonto" tout en intensité émotionnelle. Le CD se termine avec un titre bonus qu'il aurait été vraiment dommage de rater. Car la fausse naïveté qui se dégage de "Nora" présenté - au moins au début - comme une jolie comptine folk cache bien son jeu et se révèle être en fait une merveilleuse mélopée envoutante qui avance sur un rythme impair, ce qui en fait tout le charme. 

Ciro Perrino atteint avec il principe del regno perduto une forme de plénitude artistique qui en fait une œuvre sans faille où tout paraît essentiel. Je le redis, ce qui fait la différence à chaque fois dans cet album, c'est la qualité des compositions et le soin apporté à leur exécution. Tout est en place au moment idoine, sans aucun développement inutile, et toujours avec la sonorité juste, celle qui permet de mettre en relief la trame. Pour cela, Ciro apporte beaucoup de soin au choix des instruments et à leurs exécutants. Vous noterez à ce sujet qu'il sait particulièrement bien s'entourer avec des musiciens qui ont quelques références comme le violoniste Sergio Caputo (cf. sa longue carrière solo), Francesco Bertone (accompagnateur, notamment aux côté de Gianmaria Testa), Enzio Cioffi (batteur dans St. Tropez, autre groupe culte de Ciro Perrino), Marco Canepa (qui est un fidèle aux côté d'Alan Simon) et enfin Anna Marra, Alessandro Serri et Edmondo Romano qui sont tous les trois des membres de Narrow Pass et d'Ancient Veil. Sans compter Ciro Perrino lui même qui, outre Celeste, a fait partie d'Il Sistema (à ses débuts), de St. Tropez, de La Compagnia Digitale et qui a produit un nombre important d’œuvres en solo qui méritent toutes d'être réécoutées ou même découvertes pour beaucoup de personnes qui lisent cette chronique. Je pense notamment à L'isola qui vous donnera quelques clés pour comprendre d'où vient il principe del regno perduto.

Pour le reste, Ciro vous fournira tous les détails lui-même dans une interview fleuve (en français et en italien) qui arrive très bientôt.

La tracklist

  1. Baie Distanti
  2. L'ultimo Viaggio del Principe
  3. (il) Ceruleo Sogno
  4. Viola, Arancio e Topazio
  5. Il Passaggio di un Gigante Gentile
  6. Tornerai Tramonto
  7. Nora

Le groupe : Ciro Perrino (claviers, chant), Francesco Bertone (basse), Enzo Cioffi (batterie), Sergio Caputo (violon), Marco Moro (instruments à vent), Mauro Vero (guitares)

Musiciens additionnels : Marco Canepa (piano), Paolo Maffi (saxophones), Anna Marra (chant sur 1, 2, 4 & 6), Edmondo Romano (instruments à vent), Alessandro Serri (chant sur 2, guitare électrique sur 6), Ciro Carlo Antonio Perrino (voix récitante sur 6).

Contacts et liens : 

pour écouter sur bandcamp

pour toute information ciroperrino1950@gmail.com

pour commander mellowrecords@libero.it



samedi 16 janvier 2021

Elisa Montaldo : Dévoiler (la chronique)

Dévoiler est le meilleur nom qu'Elisa Montaldo pouvait trouver pour son nouvel album solo (en plus c'est un joli mot français qui a pour moi une forte portée sensuelle). Car il s'agit d'une œuvre très personnelle qui se veut refléter une période bien particulière de sa vie. En cela, les quatorze titres présentés sont autant de photos instantanées de pulsions inspirantes, de moments bien précis ou encore d'émotions ayant eu besoin de prendre forme artistiquement parlant. Voilà pourquoi sur plusieurs chansons, les paroles doivent être appréciées autant que la musique. Dévoiler est donc une occasion unique de découvrir de nouvelles facettes de la riche personnalité artistique d'Elisa. De fait, cette Elisa nous ne la connaissons pas bien, même si elle nous avait déjà largement intrigués en 2015 avec Fistful of Planets part I si différent de ce à quoi elle nous avait habitué avec son groupe prog, Il Tempio delle Clessidre. Avec Dévoiler, Elisa lève donc un pan plus large du voile (c'est facile mais je garde l'image puisque c'est la plus juste et aussi la volonté d'Elisa). Cela commence d’ailleurs dès le premier morceau "Is that from Batman" avec lequel Elisa se présente seule devant nous avec son piano. Un peu comme si nous étions face à elle lors d'une de ses longues soirées durant lesquelles elle joue pour les clients d'un hôtel ou d 'un piano bar en intercalant quelques improvisation de son cru, entre des chansons connues. Elle va d'ailleurs procéder de la même manière avec nous puisque l'on retrouvera ces petites pièces au piano tout au long de l'album ("Wesak", "Lanterne", "Comptine d'un autre été, l'après-midi" une reprise de Yann Tiersen, auxquelles j'ajoute la délicieuse "Wine tastes better" certes chantée mais qui reste dans l'ambiance). Mais dès le deuxième titre, "Except for himself", vous allez vite comprendre qu'il s'agit de beaucoup plus que cela, tant cette chanson est un hit en puissance que n'aurait pas renié Kate Bush. Juste après " Il giorno che non ti aspettavi" doit être apprécié en imaginant qu'Elisa a composé ce morceau à la guitare pendant le premier confinement de 2020. Étonnant car la chanson dégage plutôt une atmosphère détendue voire apaisante loin du contexte lourd du moment (la version by the shore et son emballage bossa est pour le coup carrément légère et insouciante). Le titre le plus surprenant de Dévoiler est bien le clubby "So much more" dont les tendances technoïdes sont lissées par la douceur féminine d'Elisa  qui fait ici toute la différence. Un peu plus loin "I'm still here "est une reprise de la chanson de Tom Waits dont Elisa propose sa propre version réarrangée avec le concours précieux du fidèle Mattias Olsson (Anglagard) et terminée le jour de l'anniversaire de l'américain. C’est donc une sorte d'hommage assumé de quelqu'un qui compte en terme d'influence pour Elisa. Et puis, il y a les deux morceaux prog, et pas n'importe lesquels, puisqu'ils proviennent tous les deux de collaborations avec The Samouraï of Prog. "Washing the clouds" est une version alternative de celle qui se trouve dans Beyond the Wardrobe et "La magia et la Realtà" est tiré de Toki no kaze. Dans les deux cas, ce sont des compositions absolument incontournables qui bénéficient de tout le savoir faire de la fabrique The Samouraï of Prog.  Le pouvoir onirique de "Washing the clouds" opère dès les premières notes et ne vous lâche pas et prend même en intensité quand les Samouraïs rejoignent Elisa pour une deuxième partie instrumentale durant laquelle Steve Unruh se démultiplie au violon puis à la guitare électrique pour livrer à chaque fois une performance solo d’anthologie."La magia et la Realtà", est pour sa part un perpétuel enchantement, certes inspiré du maître japonais Hayao Myiasaki, mais qui porte bien la signature d'Elisa au point d'évoquer fortement l'approche mélodique que l'on trouvait sur plusieurs morceaux d'Il Tempio delle Clessidre, le violon et la flûte de Steve Unruh en plus. Enfin un mot pour "Dolce madre" qui est présentée dans une vieille version démo et qui méritera un jour de bénéficier d'un habillage plus somptueux et pourquoi pas orchestré. 

Vous l'avez compris  Dévoiler va vous faire connaître une autre Elisa, ici moins prog et moins rock mais plus intime et émouvante. Mais c'est bien la même artiste qui s'adresse à vous avec son talent unique et son envie de communiquer ses sentiments et ses rêve, d'exprimer ses émotions et de faire passer un message à travers sa passion viscérale pour la musique. Le temps que vous achetiez Dévoiler, que vous l'écoutiez tranquillement, Elisa aura fini Fistful of Planets, part II.  On se retrouve bientôt pour en parler.

La tracklist :

  1. Is that from Batman ?
  2. Except for himself
  3. Il giorno che non ti aspettavi
  4. So much more
  5. Wesak
  6. I'm still here
  7. Wine tastes better
  8. Lanterne
  9. Washing the clouds
  10. Comptine d'un autre été, l'après-midi
  11. Il giorno che non ti aspettavi (by the shore version)
  12. Goldrake
  13. Dolce Madre (old demo)
  14. La magia è la realtà (japanese version)
Les musiciens : Elisa Montaldo (claviers, piano, ukulélé, lyre, chant), Ignazio Serventi (guitare, basse, claviers sur 2, 3, 6), Paolo Tixi (batterie sur 2 &), Sara Accardi (chant sur 3), Giovanni Pastorino (claviers, programmation sur 4),  Mattias Olsson (batterie, claviers vibraphone sur 6), Hampus Nordgren-Hemlin (basse, guitare vibraphone sur 6), Matteo Nahum (guitare sur 7), Alberto Malnati (contrebasse sur 7), Stefano Guazzo (saxophone sur 7), Marco Bernard (basse sur 9 et 14), Kimmo Pörsti (batterie sur 9 et 14), Steve Unruh (guitare, violon, flûte sur 9 et 14), Paola Franciosi (chant sur 11), Sidney Rodrigues (guitare classique sur 14), Ruben Alvarez (guitare sur 14), José Medina (orchestration sur 14)

Les liens :

Une petite écoute rapide en ouvrant ce teaser

Pour commander l'album en version digitale ou en format physique CD, rendez-vous sur le site d'Elisa Montaldo en cliquant sur ce lien : Elisa Montaldo 

Vous pouvez aussi aller sur Spotify Elisa Montaldo's Mix

dimanche 10 janvier 2021

Ellesmere : Wyrd

Roberto Vitelli, que l'on avait rencontré précédemment comme bassiste et guitariste du groupe Taproban, s'est lancé depuis 2015 dans un projet solo baptisé Ellesmere. Après un premier album majoritairement acoustique de tonalité pastorale répondant au doux nom évocateur de Les Châteaux de la Loire, Roberto avait commis un second album beaucoup plus orienté "classic prog" avec une palanquée d'invités intervenant sur le dénommé Ellesmere II / From Sea and Beyond, avec entre autres Davy O'List (The Nice), Trey Gunn (King Crimson), Brett Kull (Echolyn), Daniele Pomo (Ranestrane) et l'inévitable David Jackson (Van der Graaf Generator). Pour son troisième album, il reproduit la même recette tant au niveau de l'orientation musicale prog, désormais clairement revendiquée, que de la réunion d'une équipe de rêve qui comprend cette fois Mattias Olsson (Anglagard, White Willow),Tony Pagliuca (Le Orme), Luciano Regoli (Raccomandata Ricevuta Riturno),  David Cross (King Crimson), Tomas Bodin (The Flower Kings), John Hackett, Fabio Liberatori (claviériste pas connu en France mais qui est une pointure réputée en Italie) et... David Jackson bien sûr ! Vous pouvez ajouter à cela une cover qui en jette. Elle est signée Rodney Matthews et succède avantageusement à celle de From Sea and Beyond (que l'on devait à Colin Elgie) qui avait un côté un peu trop kitch à mon goût. C'est loin d'être le cas de la pochette de Wyrd qui nous plonge dans un monde d'Héroic-Fantasy. Çà tombe très bien car "Challenge", le premier morceau est complètement raccord avec cet univers et l’album n'aurait pas pu mieux démarrer qu'avec ce type d'épic qui réunit le meilleur du prog anglo-saxon et du prog italien avec pour point commun une dimension symphonique romantique qui vous remue vraiment. Derrière, "The eery manor" est un titre plus torturé qui a évidemment de fortes réminiscences avec Ys d'Il Balleto di Bronzo mais aussi avec quelques passages du Felona e Sorona de Le Orme. Je dois dire que les claviers sont utilisés avec toute la maestria que requiert ce type d'exercice avec à l’arrivée, un effet saisissant.  "Endeavour" est, disons, plus atmosphérique. La ligne de chant manque à mon avis d'assurance, mais colle bien à la tonalité d'ensemble qui se veut mélancolique, au moins jusqu'à l'intervention furibonde d'un orgue énervé qui ouvre pour le saxo de l'ami David Jackson. Vous vous doutez bien qu'il ne faut pas trop chercher l'anglais sur ce terrain et son sax part rapidement dans des dérapages contrôlés dissonants dont lui seul a le secret. Les retours réguliers à des plages plus calmes et surtout la présence d'une pédale basse sur certaines séquences rappelle bien sûr Genesis. Malgré ses multiples variations d'ambiances et de tempi, le morceau a une certaine tenue à défaut d'une réelle cohérence. Arrive alors "Ajar" et sa longue intro en partie inspirée de celle de "Heart of the sunrise" (si si écoutez bien la section rythmique) de qui vous savez. La suite du titre a de quoi surprendre avec une succession de plans de claviers coupés par des riffs de saxo et des interventions de chœurs qui se veulent yessiens bien sûr. Le résultat nous amène plus du côté de Drama que de Relayer même si quelques passages tarabiscotés peuvent faire illusion. L'outro du morceau reprend le thème de l'intro avec, il faut le dire, une certaine réussite. Avec "Endless" le cinquième et dernier morceau, Roberto apporte la preuve qu'il peut encore faire mieux et monter le niveau d'un cran pour nous offrir ce qui est sans aucun doute l'apogée de cet album. En treize minutes et des poussières, Roberto propose un florilège de son savoir-faire autant pour ce qui concerne la partie compo, que pour les arrangements et bien sûr l'exécution. Cela donne une très belle première partie inspirée et mélodique à souhait dans une veine proche, une fois encore, de Genesis, mais aussi de ceux que l'on peut entendre chez les meilleurs groupes de néo-prog (ceux qui ont des claviéristes dignes de ce nom, suivez mon regard). Le morceau enchaine ensuite avec une deuxième section toujours instrumentale, superbe avec d'irrésistibles explosions orchestrées aux claviers. Nous arrivons ainsi, sans avoir ressenti de longueurs, sur une dernière partie de morceau étonnante qui bascule dans univers sonore électronique qui ne manque pas de surprendre.
Wyrd est surement la meilleure production à ce jour de Roberto Vitelli avec Ellesmere. Il va maintenant falloir tenir le cap et peut être envisager un nouvel album avec un chanteur plus emblématique. Ce serait bien.   

La tracklist :

  1. Challenge
  2. The eery manor
  3. Endeavour
  4. Ajar
  5. Endless

La formation : Roberto Vitelli (guitares, basses, pédale basse), Mattias Olsson (batterie), Fabio Bonuglia (claviers).   

Invités : Luciano Regoli (chant), Giorgio Pizzala (chant), Tomas Bodin (basse), John Hackett (flûte), David Cross (violon), Fabio Liberatori (claviers), Tony Pagliuca (claviers), David Jackson (saxophone).

Les liens utiles : 

Le bandcamp d'Ellesmere

Pour l'acheter chez BTF

dimanche 3 janvier 2021

Indra : Ceneri - Requiem per il Sogno Americano


C'est reparti pour une nouvelle année de découvertes en espérant que la cuvée 2021 sera autant porteuse de bonnes surprises pour le prog italien que la précédente. 

A la base, Indra est un trio de musiciens (Gianluca Vergalito, Mattia Strazzullo, Antonio Armanetti) qui porte un projet ayant à la fois des ambitions multiculturelles et pluri-artistiques. Comme souvent en Italie, le groupe élabore des œuvres "totales" qui outre la musique, comportent une part importante de textes (avec des récitants), ainsi qu'une chorégraphie scénique qui s'appuie sur des danseuses et la mise en avant de costumes. Le groupe a ainsi proposé en 2017 un premier spectacle (Fossili) qui fonctionnait déjà sur ce principe. En 2020, un nouveau projet a vu le jour avec un synopsis basé sur une histoire assez pessimiste et désespérée, celle d'un homme parti de rien qui tente de s'élever dans la société contemporaine et qui, malgré ses efforts finit par tomber dans la marginalisation, d'où le titre "Requiem pour le rêve américain". Le groupe a tout juste eu le temps de présenter Ceneri sur scène à deux reprises en août 2020 avant que la fenêtre de tir se referme pour cause de lockdown. 

Musicalement, écouter Ceneri, c'est accepter de faire un très joli voyage dépaysant durant lequel vous évoluerez dans une ambiance générale très soft jazz parfois swingante, avec un mélange d'apports ethniques assez diffus rarement typés, avec même une volonté délibérée de brouiller les pistes, ainsi l'utilisation parcimonieuse du sitar sur "Illusione" n'en fait pas un morceau connoté indien pour cela (l'intro indiquerait d'ailleurs plutôt une influence de Weather Report). On peut même parler de déstructuration au profit d'une World Music qui a le dos large. Le plus intéressant étant pour moi le travail réalisé sur les tempi et les étranges articulations polyrythmiques que se permettent (avec bonheur) les musiciens ("Taranta stomp" en est vraiment un bon exemple). Les lignes mélodiques restent très discrètes, pour ne pas dire passe-partout, et l'on comprend que la plupart des morceaux sont avant tout autant de séquences musicales servant de supports au déroulement de la partie scénique (vous en avez deux bonnes illustrations ici et là  !). Ce qui fait qu'à mon niveau, je retiens principalement "Taranta stomp" et "Erzezù ", deux pistes où il se passe vraiment quelque chose.

Il est rare que je m'arrête sur la couverture. Mais là je dois reconnaître que l'artwork - signé Gabriele Tullo - en jette. D'ailleurs toute la partie design est soignée que ce soit le livret ou même les petits stickers offerts avec le CD.

La Tracklist (vous pouvez écouter les titres en cliquant directement dessus) :

  1. Fenice
  2. La variante ascari
  3. Fuochi d'artificio
  4. Taranta stomp
  5. Erzezù
  6. Cuore
  7. Illusione
  8. Il viandante
  9. Caronte
  10. Manifesto  
La formation : Gianluca Vergalito (guitare, sitar, basse), Mattia Strazzullo (piano, claviers, synthé basse), Antonio Armanetti (batterie), Giuseppe Bianchi (récitation), Laura Esposito et Sara Ferrigno (danse)

LE CD autoproduit est distribué par Lizard Records

jeudi 31 décembre 2020

Witchwood : Before the Winter

Le nouvel album de Witchwood, Before the Winter est sorti le 20 novembre 2020. Il succède à Litanies from the Wood (2015) et à Handful of Stars (2016). 
Adepte du hard prog psyché revival 70' (ouf !), la bande à Ricky dal Pane a bien l'intention de rester fidèle à sa religion. Pour résumer, Witchwood c'est une recette très efficace : 1/3 de Whitesnake, 1/3 de Rainbow et 1/3 d'Uriah Heep. Même si on va voir plus loin que le temps passant, cette définition tient de plus en plus de la caricature. Mais il est vrai que le premier tiers de l'album, avec les titres "Anthem for a child", "A taste of Winter" et "Feelin", est bien dans cette lignée. Il faut pourtant constater, à l'écoute de cet album, que Witchwood prend de plus en plus de liberté avec ses illustres aînés et s'affirme à travers des titres plus personnels. A cet égard "A crimson moon" et surtout "Nasrid" sont significatifs d'un registre plus posé dans lequel le groupe souhaite se distinguer. Sur ces deux morceaux, il faut noter la présence de Diego Banchero (Il Segno del Comando) à la basse fretless. Arrêtons nous quelques instants sur l'instrumental "Nasrid". Avant tout acoustique, le morceau est porté par une guitare classique qui alterne accords égrenés et arpèges au demeurant assez simples. Une flûte pastorale discrète prend le relais et ouvre pour une très belle séquence de vocalises féminines. Cela vous rappelle une bande son de musique de film ? Plutôt un vieux western ? Normal, tant l'hommage à Ennio Morricone semble évident. A l'opposé,Witchwood s'attaque à du gros blues rock qui tâche avec "Crazy little lover" qui tient autant de Lucifer Friends que de Leaf Hound. En tout cas, çà envoie du pâté.
 Il y a aussi au milieu de cet album le vraiment très bon "Hesperus" qui se distingue autant par sa longueur (huit minutes trente) que par un pont central atmosphérique étonnant. Ah c'est aussi un morceau sur lequel il y a beaucoup de flûte (il y en a d'ailleurs sur d'autres titres de l'album). Mais çà ne ressemble pas à ce que fait Maitre Anderson. Je préfère préciser car quand je tombe sur une chro sur FB qui parle d'un morceau prog avec de la flûte, à chaque fois çà ressemble à du Ian Anderson. Alors oui Samuele Tesori est un excellent flûtiste mais non il ne joue pas comme Anderson. Ce n'est pas la même attaque ni la même manière de jouer. Il faut quand même savoir de quoi on parle quand on veut écrire sur la musique (désolé je suis un peu énervé à cause de mon réveillon du 31 décembre gâché par une saloperie de virus). Avec "Slow colours of shade" le groupe revient à un ton qu'on avait déjà entendu sur ses deux premiers albums : un long morceau de presque onze minutes qui prend son temps pour prendre son envol. Le tempo est lourd, les chœurs masculins sont dantesques, les riffs de guitare sont sommaires et heavy au point que l'on se demande comment la flûte arrive à se frayer un chemin dans cette atmosphère suffocante. La dernière partie du morceau est très explicite quant à l'origine de cette composition qui va bien sûr puiser son inspiration dans les bandes son des films et téléfilms italiens d'horreur des années soixante dix. 
Pour finir, nous avons en bonus sur le LP "Star Child" qui est une reprise de Tyrannosaurus Rex librement adaptée par le groupe. A mon modeste avis, cette version est supérieure à l'original que je n'ai jamais pu saquer. Mais je vais être honnête, la preuve que c'était une bonne compo puisque, plus de cinquante après (et oui, elle date de 1968 !), cela fait une bonne chanson.     
Après avoir bien écouté cet album, on peut sans aucune hésitation faire les trois constats suivants :
1 - Witchwood a un vrai-savoir en matière de hard prog épique
2 - les compositions sont vraiment bonnes et vous restent un bon moment en tête (écoutez la tuerie "No reason to cry", vous allez comprendre)
3 - il y a quarante cinq ans, le groupe aurait eu sa place dans les dix meilleures formations du genre.Yes Sir !  
 
La tracklist :
1. Anthem for a child
2. A taste of winter
3. Feelin
4. A Crimson moon
5. Hesperus
6. No reason to cry
7. Nasrid
8. Crazy little lover
9. Slow colours of shade
10. Child star ( bonus sur le LP)

Le groupe : Ricky dal Pane (chant, guitares, mandoline), Andrea Palli (batterie), Stefano Olivi (claviers), Luca Celotti (basse), Samuele Tesori (flûte et harmonica), Antonino Stella (guitare solo). 

Vous pouvez commander au choix le CD ou le double LP à cette adresse : Jolly Roger Records
 

mercredi 23 décembre 2020

Anandammide : Earthly Paradise (in italiano)

Ecco un gruppo ed un album che mi fa davvero piacere trovare in questa fine d’anno così particolare.

Prima di tutto il gruppo. Non è frequente nella cerchia del Prog italiano trovare dei musicisti francesi associati ad un progetto artistico. Figuratevi che non soltanto in questa formazione ci sono dei musicisti francesi, ma in più il gruppo ha come base Parigi! In realtà ne fanno parte tre strumentisti francesi, una violinista inglese (che declama un estratto del poema di William Morris “The Earthly Paradise”) ed un solo italiano. Nella fattispecie, si tratta di Michele Moschini, che abbiamo incontrato in altri tempi nel gruppo Floating State, autore di un solo album uscito nel 2003, già con Lizard Records (Thirteen tolls at noon). Piccolo aneddoto, quest’album conteneva un pezzo di ventidue minuti ed un altro di quarantaquattro minuti. Evidentemente questo genere di exploit non è appannaggio unico dei Flower Kings & co.
Michele ha dato vita a questo progetto musicale già nel 2007, poco tempo dopo il suo arrivo in Francia, ma c’è stato bisogno di attendere dieci anni e qualche concerto affinché Anandammide si concretizzasse discograficamente.

Ed ora la musica. Certo, sono più attratto dal buon vecchio rock progressivo, italiano se possibile, e qui abbiamo a che fare con un revival del folk britannico di fine anni sessanta/inizio anni settanta. Fantastico! Dal momento in cui si tratta di qualcosa di bello, mi interessa. Tanto più che c’è una moltitudine di particolarità e di sottigliezze da scoprire in questo album.

Tutta la musica ed i testi sono stati scritti da Michele, che è al contempo iniziatore di questo progetto e coordinatore artistico. Michele rivendica i Fairport Convention, i Pentangle e Donovan come sue principali fonti di ispirazione. Aggiungerei facilmente Steeleye Span e anche Nancy Elisabeth per il tono generale. Ritroviamo anche una esplicita tendenza alle ambientazioni medievaleggianti, per esempio sulla lamentazione medievale “Pilgrims of Hope” o sulla cantilena “Colette the Witch”, senza citare la cadenzata “Þórsmörk".  Il trovatore e poeta Walther von der Vogelweide è di fatto un’altra influenza principale di Michele. Forse la raffinatissima ballata medievale “Electric Troubadour”, che si conclude con un sublime canone cantato, è inconsciamente a lui dedicata.

Trovo che tutto regga in questo album. I pezzi si concatenano naturalmente in una forma di armonia che porta alla beatitudine e giustifica il nome del gruppo, Anandammide, la molecola del piacere (talvolta scritto con una sola m). Dovendo mettere in risalto qualche titolo, prenderei senza esitazione la dolce e pura “Lady of the Canyon”, oltre ad “Anandi” per le stesse ragioni ed in più per il suo lato pop psichedelico che mi piace tanto. Isolerei anche la sequenza Caravan con “Satori in Paris” e “Syd”, talmente in queste due canzoni il canto di Michele richiama le dolci intonazioni della voce di Richard Sinclair, con in più un flauto che accompagna e mette in rilievo la delicata linea melodica. Infine tengo per me “Iktsuarpok”, pezzo marcato dalla sonorità tanto superata quanto evocatrice di un’epoca ormai finita del vecchio organo Gem Jumbo. Una vera madeleine di Proust.
Ho parlato rapidamente della voce di Michele. Torno a parlarne perché questo ragazzo possiede un timbro vocale assolutamente strabiliante, assimilabile ad una tessitura di tenore leggero. Il suo modo di cantare, dolce e calmo, non attira l’attenzione immediatamente, ma gli ascolti ripetuti mettono in risalto la sua voce sino a creare un effetto magnetico. D’altronde lo stesso Loris Furlan afferma che la voce di Michele è senza dubbio una delle più belle che ha incontrato durante i suoi venticinque anni passati al timone della Lizard Records.
In questi tempi turbolenti che ci danno l’impressione di approssimarsi sempre più pericolosamente verso il caos, Earthly Paradise è un rifugio,  un’isola musicale dalla quale emanano pace e serenità. Ciò che si prova ascoltando questo album è più che un sentimento piacevole, è forza vitale!
 
 

La tracklist : (potete ascoltare su youtube i pezzi sottolineati)

  1. Singer of an empty day
  2. Earthly Paradise
  3. Lady of the Canyon
  4. Þórsmörk
  5. Anandi
  6. Electric Troubadour
  7. Pilgrims of Hope
  8. Satori in Paris
  9. Syd
  10. Iktsuarpok
  11. Colette the Witch

Il gruppo : Adrien Legendre (violoncello), Audrey Moreau (flauto), Michele Moschini (voce, chitarre, synth, organo, flauto dolce, tin whistle, batteria e percussioni), Stella Ramsden (violino, voce sulla traccia n. 1), Pascal Vernin (basso)  

Label : Lizard Records

Per ascoltare ed acquistare l’album cliccate su questo link bandcamp. Grazie da parte del gruppo.

Anandammide : Earthly Paradise


Voilà un groupe et un album qui me font bien plaisir en cette fin d'année si particulière.

Le groupe d'abord. Il n'est pas si fréquent dans le milieu du prog italien de trouver des musiciens français associés à des projets artistiques. Or figurez vous que non seulement dans cette formation, il y a des musiciens français, mais en plus elle est basée à Paris ! En fait, nous avons ici trois instrumentistes français, une violoniste anglaise (qui déclame un extrait du poème de William Morris sur "Singer of an empty day") et un seul représentant italien. En l’occurrence, il s'agit de Michele Moschini que nous avions rencontré en d'autres temps dans le groupe Floating State, auteur d'un unique album sorti en 2003, déjà chez Lizard Records (Thirteen tolls at noon). Pour la petite histoire cette galette comprenait un morceau de vingt deux minutes et un autre de quarante quatre minutes. Comme quoi, ce genre d'exploit n'est pas l'apanage unique des Flower Kings & co. Michele a démarré ce nouveau projet musical dès 2007, peu de temps après être arrivé en France. Mais il aura fallu attendre dix ans et quelques concerts pour qu'Anandammide passe à la concrétisation discographique. 

La musique ensuite. Certes, je suis plus attiré par ce bon vieux rock progressif, italien si possible, et là nous avons affaire à un resucée du folk briton de la fin des sixties/début des seventies. La belle affaire ! Du moment que c'est bon et beau, çà m'intéresse. D'autant plus qu'il y a une multitude de particularités et de subtilités à découvrir dans cet album.

Les morceaux ont été composés et écrits par Michele, qui est à la fois l'initiateur de ce projet et son coordinateur artistique. Michele revendique Fairport Convention, Pentangle et Donovan parmi ses principales sources d'inspiration. J'y ajouterais facilement Steeleye Span et même Nancy Elisabeth pour la tonalité générale. On retrouve aussi une franche inclinaison pour les ambiances moyenâgeuses, que ce soit, par exemple, tout au long de la complainte médiévale "Pilgrims of hope" ou encore avec la cantilène "Colette the Witch", sans parler du cadencé "Þ'orsmörk". Le trouvère et poète du Moyen-Age central, Walther von der Vogelweide est de fait une autre influence majeure de Michele. Peut-être que la très raffinée ballade médiévale "Electric Troubadour", qui se termine par une sublime partie de chant en canon, lui est inconsciemment dédiée. 

Je trouve que tout se tient sur cet album. Les morceaux s’enchaînent naturellement dans une forme d'harmonie qui porte à la béatitude justifiant ainsi le nom du groupe : Anandammide, la molécule du plaisir (avec un seul "m"). Si je dois ressortir quelques titres, je prends sans hésitation le doux et pur "Lady of the Canyon" ainsi que "Anandi" pour les mêmes raisons et en plus pour son côté pop psychédélique qui me ravit. J'isole aussi la séquence Caravan avec "Satori in Paris" et "Syd", tant le chant de Michel reprend à son compte, sur ces deux chansons, les douces intonations de la voix de Richard Sinclair. Avec aussi, sur ces deux titres, une flûte qui accompagne et rehausse à chaque fois la délicate ligne mélodique. Enfin je me garde juste pour moi "Iktsuarpok", morceau marqué par les sonorités surannées mais tellement évocatrices d'une époque révolue, d'un vieille orgue Gem Jumbo. Une vraie madeleine de Proust. J'ai parlé rapidement du chant de Michele. J'y reviens. Car ce garçon possède un timbre de voix tout à fait étonnant, assimilable à une tessiture de ténor léger. Sa manière de chanter douce et posée n'éveille pas immédiatement l'attention mais les écoutes répétées font ressortir sa voix jusqu'à créer un effet de magnétisme. C'est d’ailleurs Loris Furlan lui-même qui affirme que la voix de Michele est sans aucun doute une des plus belles qu'il ait rencontré au cours de ses vingt cinq années passées aux commandes de Lizard Records.   

En ces temps troublés qui nous donnent l'impression d'approcher de plus en plus dangereusement du chaos, Earthly Paradise est un refuge, un ilot musical duquel se dégage la paix et la sérénité. C'est plus qu'un sentiment agréable que l'on ressent à l'écoute de cet album, c'est du ressort du vital !

La tracklist : (vous pouvez écouter les titres surlignés)

  1. Singer of an empty day
  2. Earthly Paradise
  3. Lady of the Canyon
  4. Þ'orsmörk
  5. Anandi
  6. Electric Troubadour
  7. Pilgrims of Hope
  8. Satori in Paris
  9. Syd
  10. Iktsuarpok
  11. Colette the Witch

Le groupe : Adrien Legendre (violoncelle), Audrey Moreau (flûte), Michele Moschini (chant, guitares, synthé, recorder, tin whistle, batterie et percussions), Stella Ramsden (violon, chant sur 1), Pascal Vernin (basse)  

Label : Lizard Records

Pour écouter et acheter vous cliquez sur ce lien bandcamp du groupe. Merci pour eux.  



dimanche 20 décembre 2020

ma sélection des meilleurs albums de RPI pour 2020

 

Encore beaucoup de sorties cette année en prog italien avec une belle qualité d'ensemble, de beaux projets individuels et quelques franches réussites que l'on va bien sûr retrouver dans ma sélection 2020. J'en profite au passage pour remercier les artistes et les maisons de disques qui me font parvenir leurs copies avec une reconnaissance toute particulière pour ceux qui m'envoient une copie au format physique (CD ou vinyle). Ce sont ceux qui savent que j'ai vraiment du mal avec les supports dématérialisés. Encore merci à eux.
Ma sélection pour cette année 2020 est à la fois originale et surprenante dans la mesure où elle présente quatre évidences, qui sont aussi quatre valeurs sûres du prog italien, et cinq surprises que personne n'attendait.
TOP "1" 2020 S'il faut un vainqueur, alors la première place revient à LogoS et son album impeccable Sadako e le mille gru di Carta. Les Véronais atteignent avec cette œuvre un point haut de leur déjà longue histoire. Un très grand Bravo à eux !
Juste après, nous avons trois groupes confirmés du prog italien avec :
- La Maschera di Cera avec S.E.I.
- Ubi Maior avec Bestie Uomini e Dèi  
- Sintonia Distorta avec A piedi Nudi Sull'Arcobaleno 
Ils forment une belle haie d'honneur et sont vraiment très proches de LogoS, mais Sadako e le mille gru di Carta est réellement mon coup de cœur de l’année. 
Derrière, ce sont bien des surprises que je vous propos dans la mesure ou les cinq noms qui apparaissent étaient absolument inconnus de tous il y encore quelques mois. Vous pouvez ainsi vous pencher sérieusement sur les albums suivants (sans ordre spécial) : 
- les revenants de  Corpo avec  Corpo III
- Jus Primae Noctis et leurs très prometteurs Istinto
- le projet solo de Gianni Nicola malicieusement appelé Oh No it's prog (Oh No it's prog !)
- I Giullari di Corte dont j'espère que l'album Presa di Coscienza pourra bientôt être édité en format physique (peut être que cette mise en lumière les aidera, en tout cas je l'espère vraiment)
- et enfin, Cut the Tongue, l'album de fin d'année que l'on n'attendait pas, que l'on doit à Julius Project, un collectif de musiciens confirmés réunis autour d'un homme et de sa fille pour écrire quelques pages musicales d'une très belle histoire de famille.
Cela fait donc neuf albums distingués pour cette année qui se termine dans l'incertitude et la précarité pour beaucoup d'artistes. Je pense ici avant tout à eux en espérant que nous verrons tous en 2021 le bout de ce cauchemar. 
Pour ceux qui ne sont pas dans cette sélection, qu'ils n'oublient pas qu'il s'agit uniquement de mes goûts personnels, pas d'un concours ! Je pense particulièrement à Mesmerising (The Clutters Storyteller), Ancient Veil (Unplugged Live), Daniele Solo (Order or DisOrder), Instant Curtain (Let us tear apart), Métronhomme (tutto il tempo del mondo), O.A.K. (Nine Witches under a Walnut tree), OTEME (Un Saluto alle Nuvole), Monjoie (Love Sell Poor Bliss for Proud Despair), Notturno Concertante (Let Them say). J'ai aussi pris pris beaucoup de plaisir à l’écoute de ces albums.
Voici donc la liste de cette sélection de neuf albums avec la possibilité de lire ou relire à chaque fois ma chronique si vous cliquez sur le titre.
 
LogoS : Sadako e le mille gru di Carta (Andromeda Relix) (bandcamp de LogoS ici)

La Maschera di CeraS.E.I. (label : BTF.IT, AMS)

Ubi Maior :  Bestie Uomini e Dèi (label : BTF.IT, AMS)

Sintonia Distorta : A piedi Nudi Sull'Arcobaleno (label Lizard Records, le site du groupe ici)

Corpo : Corpo III  (label : Lizard Records)

Jus Primae Noctis : Istinto (label : Nadir Music)

Oh No it's prog : Oh No it's prog ! (Autoproduction, pour contacter Gianni Nicola c'est ici)

I Giullari di Corte : Presa di Coscienza (autoproduction, le bandcamp du groupe ici)
 
Julius Project : Cut the Tongue (autoproduction, c'est distribué par G.T. Music à cette adresse)

lundi 14 décembre 2020

Elisa Montaldo : Dévoiler

 

En attendant Fistful of Planets part II, vous pouvez déjà commander Dévoiler, l'album solo d'Elisa qui regroupe une collection de compositions originales, d'improvisations piano bar, de titres extraits de collaborations discographiques et de diverses démos. Elisa vous propose ainsi de découvrir plusieurs autres facettes de sa personnalité artistique. Un album moins prog, plus éclectique mais avec toujours le talent unique d'Elisa comme point commun à tous ces morceaux. Vous remarquerez au passage que le titre de l’album est en français ! 
Pour vous mettre l'eau à la bouche, une petite écoute en ouvrant ce teaser

Voici la tracklist complète :

  1. Is that from Batman ?
  2. Except for himself
  3. Il giorno che non ti aspettavi
  4. So much more
  5. Wesak
  6. I'm still here
  7. Wine tastes better
  8. Lanterne
  9. Washing the clouds
  10. Comptine d'un autre été, l'après-midi
  11. Il giorno che non ti aspettavi (the shore version)
  12. Goldrake
  13. Dolce Madre (old demo)
  14. La magia è la realtà (japanese version)

Pour commander l'album en version digitale ou en format physqie CD, vous allez directement sur le site d'Elisa Montaldo en cliquant sur ce lien : Elisa Montaldo 

Vous pouvez aussi aller sur Spotify Elisa Montaldo's Mix

dimanche 13 décembre 2020

Qohelet : Qohelet

 Je préfère vous prévenir tout de suite, l'écoute de ce CD ne va pas être une partie de rigolade. On peut déjà ressentir l'ambiance générale en regardant la couverture de l’album (*) et en se remémorant que Qohelet n'est ni plus ni moins qu'un livre (L'Ecclesiaste) et un personnage de l'Ancien Testament - "celui qui s’adresse à la foule" avec des affirmations du style : "Vanités des vanités, tout est vanités". Le genre de truc qui fait que tu t'excuses d'avoir gagné un prix d'excellence alors que t'as bûché comme un malade pour çà (je vous rassure, çà ne m'est jamais arrivé !).

Qohelet pour nous (pauvres de nous !)  c'est Alessandro Seravalle (Garden Wall et plus récemment Officina F.lli Seravalle) et Gianni Venturi (membre historique d'Altare Thotemico). Le premier  prend en charge la partie instrumentale (piano, synthés, samples). Le second est à la fois le grand maître des mots et l'émetteur de la voix d'outre-tombe que l'on entend. Le premier crée un fond sonore terriblement anxiogène pour que le second puisse installer et développer un récitatif qui vous tombe dessus comme si vous entendiez, recroquevillé au fond d'un trou noir, les prêches d'un Savanarole accusateur vous exhortant au bûcher des vanités ! En arrière plan, un fond musical qui oscille en permanence entre bruitages et collages sonores pour un rendu à la fois glauque et marécageux.

Gianni Venturi considère que cet album tient plus de la pièce de théâtre que du simple disque. Je dirais pour ma part qu'il s'agit d'une expérience quasi sensorielle qui veut nous amener à une rupture totale par rapport  à notre vécu et à nos habitudes, et ainsi nous faire prendre conscience de l'absurdité de notre existence. Pour arriver à leurs fins Alessandro Seravalle et Gianni Venturi nous forcent à emprunter la voie menant à un monde désenchanté qu'ils noircissent à l’extrême de manière à nous faire sentir et comprendre que ce monde est en fait le paradigme de l'enfer des vivants et que si nous frayons dans ce cloaque sans espoir d'en sortir, c'est de notre seule faute !

Il y a de grandes chances que le sentiment de malaise qui va s’emparer de vous au début de l’écoute de cet album perdure jusqu’aux dernières secondes. Franchement, je ne vois pas comment il pourrait en être autrement. Qohelet est une création expérimentale à la fois très torturée mais aussi très poétique qui nous oblige à réfléchir sur nous-mêmes et surtout sur ce qui est vraiment important et ce qui ne devrait pas l'être. En cela, elle est donc unique en son genre ! Prenez le comme tel. 

Label : Lizard Records

(*) La peinture ornant la pochette est signée Giovanni "Nino" Seravalle

vendredi 11 décembre 2020

Mesmerising : The clutters storyteller

Première écoute distraite (je dois le reconnaître) de cet album : une collection de chansons. C'est bon, c'est bien fait, c'est propre et c'est flatteur à l'oreille. Deuxième écoute : c'est pas mal fouillé finalement, avec des arrangements qui me plaisent vraiment beaucoup. Çà mérite une troisième écoute : il y a une musicalité globale qui me parle, des accents, notamment du côté du saxo et de la flûte mais aussi des sonorités de claviers, que j'ai impression de connaître. Et pour cause, au dos de la jaquette, la liste des musiciens qui jouent sur l'album : Fabio Zuffanti à la basse, Martin Grice aux instruments à vent, Giovanni Pastorino aux claviers, Simone Amodeo aux guitares et Paolo Tixi à la batterie. C'est en fait la squadra du Z-band qui est derrière Davide Moscato (créateur du projet Mesmerising). Les arrangements sont de Davide, Fabio et Giovanni. L'ingénieur du son est Robbo Vigo. Cet album est donc estampillé à 100% "prog génois". Voilà qui me met dans de bonnes dispositions pour écouter (très attentivement) une quatrième fois ce CD. Là, je dois dire que je suis subjugué : les compositions qui me semblaient relativement lambda au départ apparaissent tirées vers le haut grâce à l’interprétation tip top des instrumentistes, du fait d'arrangements réellement luxueux mais aussi grâce à la voix de Davide Moscato que je découvre au passage. Et ce n'est que justice que de s'arrêter un  moment sur lui car c'est son projet et ce sont ses compositions. Sa tonalité de voix est vraiment très agréable, puissante avec une tessiture vocale étendue qui fait régulièrement merveille jusqu'à flirter avec le lyrique ("False reality"). Ce garçon impose une réelle présence au chant et je n'ai que peu de doutes sur le fait qu'il a derrière lui une grosse expérience de performer. Musicalement, il faut aller chercher du coté d'une pop sophistiquée, de grande classe, baignant dans des ambiances de prog symphonique ce qui relativise d'autant le côté mainstream des lignes mélodiques au demeurant fort belles. Dans ce contexte, le chant en anglais est parfaitement raccord et je dirais même naturel. De manière surprenante, peut être aussi un peu troublante, j'ai quand même l'impression, pas désagréable du tout, d'entendre un album qui aurait pu être enregistré il y a très longtemps, une fois encore sans doute en grande partie à cause des arrangements. Mais pas que. Davide a dû écouter beaucoup de groupes pop/rock des années 70 qui l'ont marqué (Davide est né en 1977!). Ses nombreuses covers d'Alan Parson, Aerosmith, John Lennon, Elton John, Queen, Steppenwolf, Supertramp sont à cet égard autant de marqueurs très précis de ses influences auxquelles on peut rajouter sans problème Barclay James Harvest ou Procol Harum. Sa vision de ce que doit être une belle chanson pop, avec juste ce qu'il faut d'intensité rock, en est évidemment très imprégnée. Moi, çà me va bien car nous partageons la même culture musicale. Et quand Davide s'attaque au rock progressif en frontal, cela donne "Underground" qui est en fait une succession de séquences, formant une mini suite, reliées entre elles par une ligne de chant somptueuse. Tout y est : les variations de rythmes, les relances au piano,  les trilles à la flûte, le pont instrumental en tutti aventureux, les soli de guitare en décollage vertical. D'ailleurs puisqu'on parle de prog (quand même !), les oreilles les plus aguerries auront repéré quelques incursions, certes discrètes, dans l’univers musical de La Maschera di Cera, sur l'intro de "Feel..." par exemple ou encore à partir du break qui abouti à un changement de  tempo sur "The man who's sleeping". Preuve que la Zuffanti team n'a pas fait le voyage pour rien !
Le point fort de cet album réside incontestablement dans la force de ses mélodies animées d'une inspiration constante. Le summum en la matière, en terme d'intensité, se situant sûrement au niveau de deux morceaux qui se suivent : "The vortex" et " False reality", avec pour ce dernier une perfection formelle qui permet à Davide Moscato de se hisser sans problème au niveau de son modèle, Freddy Mercury.    
Il me reste à souhaiter le meilleur pour la suite à Davide avec pourquoi pas une nouvelle aventure musicale dans le rock progressif qu'il aura fait avancer à sa manière en empruntant une voie stylistique finalement plus originale qu'il n'y paraît au premier abord et qui demande surtout une grande justesse dans le ton et beaucoup de finesse dans la forme pour être parfaitement réussie. C'est le cas ici !  

  • 1 - Feel...
  • 2 - ...My dream
  • 3 - Ballad of a creepy night
  • 4 - Slave of your shell
  • 5 - Underground
  • 6 - The vortex
  • 7 - False reality
  • 8 - In a different dimension
  • 9 - The man who's sleeping
  • 10-The last time you called my name

Label : Lizard Records    

dimanche 6 décembre 2020

Julius Project : Cut The Tongue (recensione in italiano)

 

 

Senza il grande amore di una figlia per suo padre, questo album non avrebbe mai visto la luce. Alla fine degli anni ‘70, Giuseppe Chiriatti (Julius!) fa parte di un gruppo, i Forum, che conosce un certo successo dalle parti del Salento. Ma i brani che Julius compone tra il 1978 e il 1981 non trovano il gradimento degli altri membri del gruppo, che hanno cambiato nel frattempo il loro ambito per praticare un jazz rock più presentabile del prog ormai sorpassato. Julius mette quindi le sue composizioni in un cassetto. Ci riposeranno per 35 anni fino a che Bianca, la figlia maggiore [di Julius], le scopre e si rende conto che, invece di vecchi brani impolverati, suo padre aveva di fatto scritto una suite [di brani] che raccontava[no] una storia. Quella di un giovane ragazzo perso nella sua vita che ascolta dapprima la voce di un falso profeta che lo conduce verso la superficialità e le facili apparenze prima di sentire il bisogno di tagliare la lingua (Cut the Tongue) al suo uccello del malaugurio e di trovare un senso alla propria esistenza rifugiandosi nella solitudine e nella contemplazione di un cigno.
Se Bianca è stata la fata che ha dato il colpo di bacchetta magica per ridare vita a questo progetto, Paolo Dolfini è stato l’uomo della provvidenza. Accettando di fare di più che solo collaborare, Paolo ha fornito tutta la sua competenza e abilità musicale sia a livello delle tastiere che a quello della struttura (gli arrangiamenti). Paolo ha anche radunato una bella compagnia coinvolgendo altri membri dei Jumbo (Paolo Dolfini, Dario Guidotti, Daniele Bianchini) ma anche dei Maxophone (Marco Croci) e persino suo figlio Filippo alla batteria. Perché questo album è anche una storia familiare, con le figlie di Julius presenti nell’album: Bianca Berry, la maggiore (anche giornalista musicale) che assicura la voce solista e i cori su una gran parte di brani, e Martina (la più giovane) che impersona la voce del profeta in "Mask and Money".
L'inferno è lastricato di buone intenzioni, dice l’adagio. Era necessario che questa squadra improvvisata, giustamente piena di buone intenzioni, si mettesse al servizio di una creazione artistica che riuscisse bene per potere in seguito trasformarla in un’opera conclusa, presentabile della quale i genitori potessero essere fieri.
Tra opera rock e commedia musicale, particolarmente in "Mask and money", "Welcome to the meat grinder" "Wandering", Cut the tongue è prima di tutto un lavoro incantevole segnato dalla bellezza delle melodie semplici ma accattivanti sull’esempio dei Camel che restano un punto di riferimento in materia. Mi piace questo stile di pop progressivo che parla direttamente al vostro cuore ma che sa anche farvi drizzare le orecchie con dei passaggi più corposi (in "Welcome to the meat grinder", c’è davvero di che deliziarsi. Che grande brano!). Per quelli che amano i brani più tosti che danno energia, vi invito su "Speed kings" che ha tutto dell’hard prog epico e sul quale Marco Croci fa sentire la sua voce, molto bella secondo me. E siccome si parla del canto, Bianca Berry realizza una bella performance imponendosi con un timbro vocale pieno di candore che aderisce perfettamente al tono dell’insieme (ascoltate "We know were are two" o "Glimmers”, ogni volta è una pura delizia). L'altra sorpresa, per quanto riguarda il canto, è l’apparizione di una voce ben conosciuta da tutti i vecchi appassionati di prog, quella di Richard Sinclair in "Cut the tongue", una bellissima canzone, composta appositamente nel 2019 da Julius per uno dei nostri inglesi preferiti residente da tempo in Italia. Per tornare al lato prog, anche da questo lato c’è di che divertirsi, con in particolari gli strumentali "I see the sea" (con Julius all’Hammond e Paolo al Minimoog, prego) e "Wandering" che dovrebbero farvi alzare dalla [vostra] sedia.
Julius immaginava all’epoca in cui ha composto la sua saga che essa avrebbe un giorno avuto questa forma musicale? Sarebbe da porgli la domanda. In ogni caso, il risultato non può che essere come minimo all’altezza delle sue aspirazioni inconfessate. Tanto vale dirlo e affermarlo chiaro e forte: Cut the Tongue è un vero successo che bisogna gustare con tanto più piacere in quanto tutto ciò è giunto totalmente inatteso. (trad. Paolo Dolfini)

Tracklist :
1. The fog
2. In the room
3. You need a prophet
4. Mask and money
5. Welcome to the meat grinder
6. Speed kings
7. Clouds pt. 1
8. Clouds pt. 2
9. Cut the tongue
10.The swan
11.Island
12.We know we are two
13.I see the sea
14.Glimmers
15.Castaway
16.Wood on the sand
17.Wandering
18.Desert way

I musicisti: Bianca Berry (voce solista e cori in 1, 3, 6, 18), Filippo Dolfini (batteria e percussioni), Marco Croci (basso, voce solista e cori in 6), Dario Guidotti (flauto, voce solista in 3), Francesco Marra (chitarre), Mario Manfreda (chitarre), Paolo Dolfini (tastiere, cori, arrangiamenti), Julius (tastiere, voce solista in 1 e 16).
+ gli ospiti: Richard Sinclair (voce solista in 9), Martina Chiriatti (voce in 4), Egidio Presicce (sax tenore in 9), Daniele Bianchini (chitarra in 9), Flavio Scansani (chitarre in 14 e 17) 


Godetevi anche l'edizione, l'artwork e la confezione sono veramente curati.
In vendita presso GT Music

samedi 5 décembre 2020

Julius Project : Cut the Tongue (2020)

Sans le formidable amour d'une fille pour son père, cet album n'aurait jamais vu le jour. A la fin des années 70, Giuseppe Chiriatti (Julius !) fait partie d'un groupe, les Forum, qui connaît un certain succès du côté de Salente. Mais les morceaux que compose Julius entre 1978 et 1981 n'ont pas l'heure de plaire aux autres membres du groupe qui ont viré entre temps leur cuti pour pratiquer un jazz rock plus présentable que le prog désormais dépassé. Julius met donc ses compositions dans un tiroir. Elles vont y dormir pendant 35 ans jusqu'à ce que Bianca, la fille aînée de Julius tombe dessus et se rende compte qu'en fait de vieux titres poussiéreux, son père avait en fait écrit une suite de titres qui racontaient une histoire. Celle d'une jeune garçon perdu dans sa vie qui écoute d'abord la voix d'un faux prophète l'entrainant sur les chemins de la superficialité et des apparences faciles avant de ressentir le besoin de couper la langue (cut the tongue) à son oiseau de malheur et de trouver un sens à son existence en se réfugiant dans la solitude et la contemplation d'un cygne. 

Si Bianca aura été la fée donnant le coup de baguette magique pour redonner vie à ce projet, Paolo Dolfini en aura été l'homme providentiel. en acceptant de faire mieux que de collaborer, Paolo a  apporté tout sa science et son savoir-faire musical que ce soit au niveau des claviers ou de la mise en forme (les arrangements). Paolo a même rameuté du beau monde en faisant venir d'autres  membres de Jumbo (Paolo Dolfini, Dario Guidotti, Daniele Bianchini) mais aussi de Maxophone (Marco Croci) et même son fils Filippo à la  batterie. Car cet album est aussi une histoire de famille avec les filles de Julius présentes sur l'album : Bianca Berry, l'aînée (également journaliste musicale)  qui assure le chant lead et les chœurs sur une grande partie des titres et Martina (la cadette) qui fait la voix de prophète sur "Mask and Money".

L'enfer est pavé de bonnes intentions dit l'adage. Encore fallait-il que cette équipage de fortune, plein de bonnes intentions justement, se mette au service d'une création artistique qui tienne la route pour pouvoir ensuite la transformer en une œuvre aboutie, présentable dont ses géniteurs puissent être fiers.

Entre opéra rock et comédie musicale, tout particulièrement sur "Mask and money", "Welcome to the meat grinder" "Wandering", Cut the tongue est avant tout une œuvre enchanteresse marquée par la beauté de mélodies simples mais attachantes à l'instar d'un Camel qui reste une référence en la matière. J'aime ce style de pop progressive qui parle directement à votre cœur mais qui sait aussi vous faire dresser les oreilles par des passages plus corsés (sur "Welcome to the meat grinder", il y a vraiment de quoi se régaler. Quel grand titre !). Pour ceux qui aiment les morceaux plus enlevés qui dépotent bien, je vous donne rendez vous sur "Speed kings" qui a tout du hard prog épique et sur lequel Marco Croci fait entendre sa voix, fort belle ma foi. Et puisqu'on parle du chant, Bianca Berry réussit une jolie performance en s'imposant avec un timbre de voix qui colle parfaitement à la tonalité d'ensemble pleine de candeur (écoutez "We know were are two" ou "Glimmers", c'est à chaque fois un pur délice). L'autre surprise, question chant, est bien l'apparition d'une voix connue de tous les vieux amateurs de prog, celle de Richard Sinclair sur "Cut the tongue", une très belle chanson, composée spécialement en 2019 par Julius pour un de nos anglais préféré exilé en Italie. Pour revenir au côté prog, il y a là aussi de quoi se faire plaisir avec notamment les instrumentaux "I see the sea" (avec Julius au Hammond et Paolo au minimoog s'il vous plait) et "Wandering" qui devraient vous faire lever de votre chaise.

Julius imaginait-il à l’époque où il a composé sa saga qu'elle aurait un jour cette forme musicale. la question sera à lui poser. En tout cas, le résultat ne peut qu'être a minima à la hauteur de ses aspirations inavouées. Autant le dire et l'affirmer haut et fort : Cut the tongue est une vrai réussite qu'il faut savourer avec d’autant plus de plaisir que tout cela est totalement inattendu.

La tracklist :

  • 1. The fog
  • 2. In the room
  • 3. You need a prophet
  • 4. Mask and money
  • 5. Welcome to the meat grinder
  • 6. Speed kings
  • 7. Clouds pt. 1
  • 8. Clouds pt. 2
  • 9. Cut the tongue
  • 10.The swan
  • 11.Island
  • 12.We know we are two
  • 13.I see the sea
  • 14.Glimmers
  • 15.Castaway
  • 16.Wood on the sand
  • 17.Wandering
  • 18.Desert way

Les musiciens : Bianca Berry (chant lead et chœurs sur 1, 3, 6, 18), Filippo Dolfini (batterie et percussions), Marco Croci (basse, chant lead et chœurs sur 6), Dario Guidotti (flûte, chant lead sur 3), Francesco Marra (guitares), Mario Manfreda (guitares), Paolo Dolfini (claviers, chœurs, arrangements), Julius (claviers, chant lead sur 1 et 16).

+ les invités : Richard Sinclair (chant lead sur 9), Martina Chiriatti (voix sur 4), Egidio Presicce (sax tenor sur 9), Daniele Bianchini (guitare sur 9),  Flavio Scansani (guitares sur 14 et 17) 

Faites vous plaisir avec l'édition, l'artwork et le package sont vraiment soignés 

C'est en vente chez GT Music