samedi 7 juin 2025

Cafuné : Tra le corde dei racconti

Avec la sortie de ce premier album du groupe Cafuné, nous sommes clairement plus dans l'univers musical de la folk anglaise des années 60 et 70 que dans celui du rock progressif italien voir même du prog tout court. Mais je me dois de vous en parler car le line-up du groupe comprend Antonio Pincione, ancien membre des groupes Lethean et surtout Bededeum dont vous aviez pu lire sur ce blog, une chronique de l'album Oltre il sipario qui reste pour moi un modèle du genre. La présence d'Antonio Pincione est à elle seule un gage de qualité et de délicatesse.
Le mot "Cafuné" est un terme portugais intraduisible qui exprime la manière tendre de passer ses mains dans les cheveux de l'être aimé, de son conjoint, mais aussi d'un enfant, d'un bébé.
C'est bien cette douceur humaine que Cafuné veut faire passer dans son album qui est constitué de 9 chansons pour autant d'histoires musicales qui sonnent comme des contes ancestraux.
Car comme je l'évoquais en introduction, difficile de ne pas penser aux grandes références britanniques du genre à commencer par Pentangle, Fairport Convention, Fotheringay, Amazing Blondel mais aussi le vieux Jethro Tull grâce aux parties de flûtes jouées par Floriana Benedetti.
Si vous êtes preneurs de magnifiques ballades raffinées et de mélodies splendides évocatrices du temps passé et des terres lointaines du Mordor, et plus récemment si vous avez aimé Anandammide, alors cet album est fait pour vous. Il est toujours agréable de retrouver le charme d'un folk british à l'ancienne.

Le groupe : Antonio Pincione (guitares acoustiques, bouzouki), Irene Lippolis (chant), Chiara Vatteroni (harpe celtique), Emanuele Casu (basse), Floriana Benedetti (flûte, synthétiseur), Michele Vannucci (batterie, percussions). 

La tracklist :
1 - Cafuné
2 - Fata del Jazz
3 – La Huesera
4 – Aronte e la Sirena
5 - Follia
6 - Giordano
7 – Caligo
8 – Alhambra 1492
9 – Ninna Nanna

Sortie : 21 juin 2025

Label : M.P. & Records
Distribué par G.T. Music Distribution

jeudi 5 juin 2025

Phil Selvini & The Mind Warp : T.E.T.R.U.S.


Nouveau venu sur la scène prog italienne, Phil Selvini est un musicien qui pratique habituellement la guitare et le chant. Egalement compositeur, il publie aujourd'hui son premier album solo accompagné de son groupe : The Mind Warp.
Vous remarquerez une illustration de pochette qui représente un personnage qui semble être un improbable croisement entre un animal préhistorique et un monstre tout droit sorti d'un mauvais film de Sci-Fi. La petite bête répond au nom de T.E.T.R.U.S. qui est en fait un acronyme regroupant les mots suivants Time, Eternal, Try, Redemption, Unique, Shine. Même si la signification paraît un peu absconse, il semble qu'il s'agisse d'une sorte de message codé que doit délivrer le bestiau aux futurs civilisations qui peupleront la Terre. J'en profite pour préciser que cet artwork n'est pas une génération IA mais a bien un créateur humain, en l’occurrence l'artiste Francesco Mucciacito.
Avec T.E.T.R.U.S. Phil Selvini propose une musique qui rend hommage au rock progressif des années 70 (cf. notamment des allusions régulières à King Crimson) avec la volonté de créer des structures complexes et des chansons de longue durée pour ne pas dire étirées. Nous allons voir que c'est effectivement le cas avec, et c'est la bonne surprise (j'anticipe un peu), du très bon contenu musical. Pour beaucoup, les morceaux présentés ont déjà été préalablement joués par Phil Selvini avec d'autres groupes. C'est peut être ce qui donne cette maturité étonnante à l'ensemble de l'album duquel se dégage également une réelle profondeur.
"To Make Ends Meet" traite de l'aliénation et du contrôle des masses. Malgré des structures rythmiques nerveuses et heurtées, les ambiances développées gardent un côté lancinant à la fois attachant et déstabilisant. Dans la deuxième partie du morceau, plus onirique, le chant évoque Sigur Ros. Il y a dès ce premier titre quelques belles envolées qui augurent du meilleur pour la suite de l'album. Ce qui va être le cas ! "Reverie" est une composition instrumentale qui regorge de sonorités d'orgue vintage sans oublier une guitare électrique qui prend le lead mélodique. Le morceau est réellement passionnant et le rythme, ici très soutenu, ne fait qu'amplifier cette impression de cavalcade symphonique. Un vrai petit bonheur de 5 mn à lui tout seul. Le faussement calme "Riding In The Fog" se distingue par ses mélodies ascendantes et ses passages fantomatiques évoquant des délires nocturnes où les rêves se transforment en cauchemars. Il se dégage de ce morceau une force tranquille qui tient l'auditeur en haleine pendant plus de 8 mn quand même. La ligne de basse, lourde et omniprésente sans être envahissante, est particulièrement bien vue. Le  long chorus final de guitare électrique clôt en apothéose ce titre. Avec son piano mélancolique  et son chant introspectif, "The Last 48 Hours" fait penser à une élégie touchante et sincère de laquelle monte progressivement une sensation d'émotions difficilement contenues. L’enchainement avec la longue suite "The Mind Warp" se fait tout naturellement avec cette intro portée par ce piano toujours dépressif et ce chant plaintif régulièrement doublé. La suite du morceau se révèle heureusement plus vivante voire parfois même carrément très rock sur certaines séquences. Mais de manière plus générale, après ce que l'on pourrait appeler un faux départ de 3 mn 30, cette pièce baigne dans les sonorités vintage de guitares fuzz et surtout de claviers (piano, orgues, Mellotron, synthés) dont Selvini et Sebartoli font un usage intensif mais toujours parfaitement pertinent. Certains passages sont absolument sublimes et rappellent à nouveau Sigur Ros par leur pureté. S'il ne fallait retenir qu'un morceau de cet album, ce serait incontestablement cette suite à rebondissements remarquablement menée de bout en bout jusqu'à ce long final suffocant et pachydermique (oui il y a du doom là-dedans), dégageant une tension et un sentiment de puissance implacable comme je n'en avait pas ressentis depuis longtemps. Ce très long titre, proche de la demi-heure (26 mn 18), se révèle également beaucoup moins rétro-prog qu'on aurait pu l'imaginer. Je lui trouve même des accents de modernité parfaitement bienvenus. Je ne vous cache pas non plus qu'en écoutant ce morceau, j'ai pensé à Steven Wilson (il y a quelques rares moments qui s'approchent de ses travaux en solo notamment de The Raven that refuse dto sing) et je me suis fait la réflexion que les Italiens se hissaient largement à la hauteur de l'Anglais.
Enfin, une remarque concernant la voix de Phil Selvini qui s'avère être un réel plus à chaque fois qu'il intervient avec un chant en anglais qui prend ici tout son sens et se fond parfaitement dans le contexte de ces compositions.
Voilà qui fait de T.E.T.R.U.S. une belle découverte mais aussi un premier album très prometteur pour le devenir artistique de Phil Selvini & The Mind Warp. Je me dis qu'avec des musiciens de ce calibre, il y a encore de belles années à venir et de beaux moments à vivre pour le rock progressif.

The Mind Warp : Phil Selvini (guitares, chant, Mellotron, effets divers), Leonardo Spampinato (guitares), Davide Sebartoli (claviers), Francesco Scordo (basse), Leonardo Puglisi (batterie).

La tracklist

  1. To make ends meet
  2. Reverie
  3. Riding on the fog
  4. The last 48 hours
  5. The mind warp

Label : Luminol Records (http://www.luminolrecords.com


dimanche 1 juin 2025

Daal : Decoding the emptiness

Decoding the emptiness, le nouvel album studio de Daal sort exactement à la même date (14 mai 2025) que le live Waves from the underground. Voilà qui pose quand même largement la question, du coté du label du groupe, de la pertinence de ces deux mises sur le marché concomitantes. Mais après tout, Daal étant une groupe qui fait dans la qualité, on ne pourra que se réjouir de cette abondance soudaine d'offres musicales.
Car, une fois encore le travail réalisé par le duo Costa/Guidoni est de très belle facture. Tout au long de l'album et de ses huit pistes, on y trouvera ce qui fait la force de Daal : tout principalement des recherches d'atmosphères sonores inspirées par des états d'âme introspectifs mais aussi une manière très personnelle d'expérimenter dans la douceur, et enfin une volonté permanente de préserver une qualité mélodique qui de fait ne se dément jamais.
Au premier abord, l'univers musical de Daal pourra vous sembler un peu froid, en marge d'un prog nordique ("Mademoiselle X" évidemment !). De fait, la sensation est bien réelle même si une chanson comme "Twilight" vient tempérer cette impression.
Mais ce qui compte c'est le résultat et il se révèle vraiment à la hauteur. Il se pourrait même que Decoding the emptiness soit le meilleur album de Daal, en témoignent :
- la magnifique pièce " Horror vacui" aussi rugueuse dans ses moments tortueux qu'ensorceleuse dans ses phases plus calmes.
- l'imparable vortex sonore "Simulacea" qui semble vouloir vous engloutir avec ses contorsions reptiliennes.
- les 13 minutes d'émotions fortes délivrées par "D.O.O.M." qui n'est ni plus ni moins qu'un inexorable voyage sonore s'apparentant à des montagnes russes fait d'emballements soudains et de dépressions inattendues !
- l’énigmatique "Return from the spiral mind" qui recèle une multitude d'éclats moirés. Les amateurs du groupe relèveront d'ailleurs que ce titre est une relecture de la longue pièce de 22 minutes que l'on trouvait en 2 parties sur l'album précédent Daedalus.

Decoding the emptiness se savoure donc pour ce qu'il est, c'est à dire un album sans faille recelant moult moments de grande beauté, mais aussi comme une confirmation de l'excellence du savoir-faire du groupe Daal et plus particulièrement de ses deux maîtres à penser Alfio Costa et Davide Guidoni efficacement épaulés par Ettore Salati  et Bobo Aiolfi. Finalement l'évidence est là : Daal ne déçoit jamais !

Le groupe : Alfio Costa (piano, Fender Rhodes, orgue Hammond, Mellotron, Minimoog, Moog, synthés), Davide Guidoni (batterie, percussions, samplers), Ettore Salati (guitares), Bobo Aiolfi (basse).

Avec aussi : Joe Sal (chant sur 1) et Alphabeard (chant sur 3)

La tracklist

  1. Decoding the emptiness
  2. Attic clouds
  3. Twilight
  4. Horror vacui
  5. Simulacea
  6. Mademoiselle X
  7. D.O.O.M.
  8. Return form the spiral mind

jeudi 29 mai 2025

Albus Diabolus : Compendio Esoterico Elettronico

Normalement si vous suivez mon blog, vous connaissez maintenant bien Mater a Clivis Imperat, le groupe drivé par Samael von Martin. Si c'est le cas, il ne vous a pas échappé que la claviériste d'Il Tempio delle Clessidre, Elisa Montaldo, avait été associée à la réalisation des deux albums de cette formation assimilée au dark prog. Dans la continuité de cette collaboration, il était donc logique que les deux musiciens montent un projet commun. 
Voici donc Albus Diabolus !
Tremblez pauvres mortels car avec Compendio Esoterico Elettronico, vous entrez dans le monde des morts-vivants. Chaque note qui vibre provoque le malaise ("Homorphus", "Outro"), chaque son qui résonne évoque la peur ("Elettro sabba", "Potentissimis", "Noctua"). 
Derrière l'obscurité, Pandémonium existe donc réellement, cette ville où règnent Satan et ses pairs, le royaume des cérémonies occultes ("Albus diabolus", "Liturgica", "E cosi sia") et des rites ("Dada shining" "Rituale") dédiés au culte du diable blanc. Mais il y aussi une cantina, pas celle de Mos Eisley bien sûr, pourtant l'ambiance n'en est pas si éloignée. Incubes et succubes s'y trémoussent joyeusement ("Sommi spiriti") sur le dance floor.
Le projet musical porté par Albus Diabolus a le mérite de sortir des sentiers battus sans non plus être furieusement novateur. Car la base d'inspiration revendiquée par Samael est bien la synthwave des années 2010, elle-même héritée de la coldwave des années 80. Si l'on en restait là, votre serviteur serait sûrement au plus mal pour continuer cette chronique. Mais tout l'art de Samael et d'Elisa est justement de partir de ce susbstrat musical et d'y rajouter des doses de dark wave, de gothic ambient, d'electronic sounds et même de metal doom dans des proportions qui relèvent du secret d’alchimiste. Car si je prends les trois premiers morceaux qui ouvrent l'album mais aussi un peu plus loin "Elettro sabba", le résultat est absolument bluffant. Le concept atteint pour moi ses limites avec "Sommi spiriti" mais d'un autre côté il permet aussi des concrétions sonores inattendues comme "E cosi sia", "Noctua" et "Outro".
La manière de jongler entre ces différents genres musicaux, quand même très typés, est assez bien vu. Cette façon de perturber brusquement par des salves de guitares surpuissantes ou mieux par des montées orgasmiques d'orgue liturgique, ces atmosphères musicales d'un froid glacial, façonnées par des synthés et des boîtes à rythmes, donne des effets sonores assez saisissants.
Je ne sais pas si ce projet aura une suite mais ce qui est sûr, c'est que la collaboration entre Samael Von Martin et Elisa Montaldo, entamée avec Matera Clivis Imperat, entérinée avec Albus Diabolus, se révèle vraiment intéressante sur la durée. Le fait est que leurs univers musicaux se rejoignent, leur permettant ainsi d'aboutir à une complémentarité fructueuse mais aussi à une identité artistique commune qui pourrait être qualifiée de dark mood ésotérique. Alors, à quand un projet complètement axé Jacula/Antonius Rex ?

Le line up:
Il Diavolo (Samael Von Martin): chant lead, guitares, synthés, claviers, basse
Elisa Montaldo: chant, chœurs, claviers, synthés, programming, arrangements.
Simòn Fèrètro : guitare lead
Alessio Saglia : orgue d"église
Natalija Brankovic : récitante

La tracklist:
1. Albus Diabolus
2. Homorphus
3. Liturgica (en écoute en cliquant sur le titre)
4. Potentissimis
5. E Così Sia...
6. Dadashining
7. Elettro Sabba
8. Sommi Spiriti
9. Noctua
10. Rituale
11. Outro

Sortie prévue le 11 avril 2025 puis le 30 mai 2025 et une nouvelle fois reportée !

Label : My Kingdom Music

 


 

samedi 17 mai 2025

Paola Tagliaferro e La compagnia dell' Es : Il suono delle sfere - The sound of the spheres

Ces dernière années, Paola Tagliaferro a très souvent fait parler d'elle (en bien) en sortant des enregistrements rendant hommage aux chansons de Greg Lake. Mais Paola est avant tout une artiste complète à la spiritualité profonde. Pour mieux vous situer la dame, elle a ainsi collaboré avec Paul Roland, Paolo Tofani, Francesco Paolo Paladino, Claudio Milano, entre autres.
Cette fois, elle se propose de nous présenter un projet imaginé et construit sur le concept de l'ankh, la clé égyptienne antique qui représente la vie éternelle. Les textes, écrits par Paola, sont ainsi déclinés sur l'idée d'une approche du cosmos à travers ses pulsations et ses vibrations énergétiques. José Pulido est l'auteur des paroles de "Plutone". Quant à la poésie illustrant "Marte", elle est signée d'une de mes vieilles connaissances, Claudio Pozzani. Le tableau artistique est complété par une couverture allusive créée par une jeune illustratrice talentueuse, Fiamma Diletta Cremonese. Pour ce dessin, elle a pris pour base une photo de Paola pour en faire émerger une silhouette éthérée et puissante représentant la lumière du corps astral projetée vers les sphères célestes.
L'univers musical de Paola est fluide, calme et serein. Les pistes se succèdent avec une sensation d'harmonie permanente. La tonalité générale est très homogène tout en attribuant à chaque chanson sa propre personnalité avec parfois quelques surprises comme le symphonisme qui émane de "Pianeta degli anelli" ou encore l'orientation nettement jazzy appliquée à "Plutone". L'odyssée de Paola oscille entre le format chanson et l'influence d'un soft prog toujours amené par petites touches, "Mercurio" étant un bon exemple de cette manière de construire les morceaux avec, en l'espèce, de délicieuses sonorités de mellotron en arrière-plan. D'ailleurs, à l'écoute de l'album, on comprend que chaque musicien a su innover et apporter quelques traits d’originalité sur certaines parties. Ainsi Pier Gonella se fend d'un solo néo-baroque à la Malmsteen sur "Titani ghiacciati". Sur "Marte" qui détonne un peu avec un rythme plus affirmé et un chant beaucoup plus énergique de la part de Paola, le même Pier Gonella en profite pour délivrer un autre chorus dont il a le secret. Sur "Luna", c'est Luca Scherani qui illumine tout le morceau de ses synthés.
Dans Il suono delle sfere Paola se livre. La femme et l'artiste ne font qu'une. C'est sans doute pour cette raison que la sincérité de Paola transparaît à chaque instant de cet enregistrement. C'est aussi pour cela que sa musique a une âme qui confine même parfois à l'envoûtement comme sur "Giove". Dans tous les cas, c'est vraiment un moment de grâce que nous fait vivre Paola.
Ajoutons que l'album est présenté dans une édition bilingue Il Suono Delle Sfere / The Sound of the Spheres. Il sera déposé sur les plateformes digitales habituelle le 18 mai 2025 et il sera ensuite proposé en version CD à partir du 30 mai 2025 par BTF et Black Widow. 
 

La Compagnia dell’Es : Paola Tagliaferro (chant), Pier Gonella (guitares, basse), Luca Scherani (piano, claviers), Andrea Orlando (batterie).

La Tracklist :

  1. Ankh
  2. Luna
  3. Sole
  4. Mercurio
  5. Venere
  6. Marte
  7. Giove
  8. Titani ghiacciati
  9. Pianeta degli anelli
  10. Plutone

Label : OWL RECORDS

Voici les liens YT pour :

écouter l'album

voir la video de "Ankh, il viaggio"

 


vendredi 9 mai 2025

Raccomandata con Ricevuta di Ritorno : in fuga

 
Raccomandata con Ricevuta di Ritorno fait partie de ces formations italiennes ayant acquis une forme de statut culte en sortant un seul album durant les 70' avant de disparaître dans les limbes du prog italien. En ce qui concerne RRR (on va faire court avec le nom du groupe !), Per un mondo di cristallo, enregistré et publié en 1972, était plutôt un disque de milieu de tableau. Pas un chef d’œuvre certes mais un bon témoignage de ce qui se faisait à l'époque en Italie.En tout cas, l'affaire avait tourné court et l'on avait retrouvé, deux ans plus tard, le chanteur Luciano Regoli et le guitariste Nanni Civitenga dans la formation Samadhi, beaucoup plus convaincante à mon goût.
Après une très longue période sans nouvelle de RRR, ce sont les mêmes Regoli et Civitenga qui ont réactivé une première fois le groupe en 2010 avec à la clé un nouvel album studio, Il pittore volante, très éloigné au niveau style de son ancestral prédécesseur mais de très bonne tenue avec à l'évidence un très gros effort de créativité fourni aussi bien pour la musique que pour les arrangements et les paroles. Le groupe, mené par les deux mêmes musiciens, a ensuite publié un album live en 2015 (Live in Elba) et un EP en 2019 à l'occasion du Record Store Day (In rock). Ce In rock reste un disque assez surprenant avec une nouvelle évolution du  style, cette fois vers quelque chose de plus dark et plus lourd, la présence de John Macaluso derrière les fûts et la reprise de "Mr Crowley" venant confirmer cette orientation provisoirement heavy, Luciano Regoli faisant même parfaitement illusion en screamer hardos.   
Dire qu'en 2025, on attendait un nouvel album de RRR serait mentir. La publication de In fuga peut être être considérée comme une surprise.
Nous voilà donc avec ce CD entre les mains, emballé dans une très belle pochette signée Luciano Regoli (l'homme est également peintre), et six nouveaux titres à écouter. 
Dès l'entame de la première piste, "Incubo", le suspens disparaît. Regoli et Civitenga ont décidé de poursuivre dans la voie explorée avec In rock mais en mieux. On a affaire à un hard prog haut de gamme que l'on va retrouver à plusieurs reprises tout au long de l'album, à chaque fois enrichi par des interventions de saxophone (la classe sur "Ancora l'ombra") mais aussi de violon et de flûte. Le résultat est globalement intéressant, voire étonnant, avec une profusion de changements d''ambiances, le tout évoluant en permanence entre le clair et l'obscur, "Mary Reilly" étant un bon exemple de cette manière de souffler alternativement le chaud et le froid avec l'impression d'être embarqué en permanence dans un ascenseur émotionnel.  Les compositions sont convaincantes et font toutes leur petit effet à commencer bien sûr par le hard rock efficace d'Incubo qui enfonce tout sur son passage. Ce qui a toujours caractérisé RRR, c'est à dire une forme d'exubérance dans le propos, est ici parfaitement utilisé et maîtrisé, bien mieux à mon avis que sur les précédents enregistrements du groupe même si on est désormais loin d'un quelconque prog italien. Quelques repères ethniques et folkloriques sont par contre intégrés, je devrais dire dilués, dans certains morceaux, comme dans "Sognando" et "Nubiano", pour obtenir des sonorités plus corsées et chaudes pour un  magnifique rendu dans le cas de "Nubiano".  
Il faut également ajouter que Luciano Regoli semble au sommet de sa forme et que ses interventions vocales n'ont jamais semblé aussi puissantes et expressives.
Tout cela fait que je ne suis pas loin de penser que cet album est le meilleur de Raccomandata con Ricevuta di Ritorno !  

La tracklist :
  1. Incubo
  2. Mary Reilly
  3. Sognando
  4. Nubiano
  5. Ancora l'ombra
  6. Sandrina

Sortie le 9 mai 2025 en édition CD papersleeve et LP vinyle


 
 

dimanche 4 mai 2025

Wilson Project : Atto primo

Lors du festival Veruno 2023, Wilson Project avait fait une trop courte prestation au Forum 19. Depuis, je n'ai pas revu le groupe en concert, je le regrette d'autant plus que la formation, originaire de la jolie petite ville d'Acqui Terme, vient de frapper un grand coup. En effet, son second album, sorti récemment, se révèle être une merveille de rock progressif italien combinant le meilleur des atmosphères si particulières des années 70 à des sonorités plus modernes distillées toutefois avec beaucoup de discrétion.
A l'évidence, les quatre membres de Wilson Project sont autant inspirés par la longue tradition du prog italien que par la culture lyrique de leurs pays. Voilà pourquoi Atto Primo est présenté comme un hommage à l'opéra. De fait, chaque composition se réfère à une œuvre lyrique et à son compositeur.
Ceci étant précisé, je vous rassure, tout cela reste très prog mais il y a dans la musique de Wilson Project une manière très personnelle de mêler l'énergie et la luxuriance du rock progressif italien avec des atmosphères dramatiques permettant de produire des séquences dominées par une puissante tension émotionnelle. Dans cet univers, la chanteuse Annalisa Ghiazza évolue avec grâce et survole avec aisance son sujet.  Petit bout de femme mais grande capacités vocales. Même, si elle reste plutôt dans un registre mezzo, quand elle donne vraiment de la voix, c'est tout à fait réjouissant (cf. "Taiji" et encore "Bolshoi"). Elle est épaulée par trois musiciens efficaces et à ce sujet, les lecteurs plus sagaces auront remarqués qu'il n'y a pas de guitariste sans que cela ne crée, à aucun moment, un manque ou une frustration. Il faut dire qu'Andrea Protopapa se déploie de manière étonnante entre ses claviers et ses synthés. Il a notamment une manière tout à fait jubilatoire de faire fuser ses orgues mais aussi de faire sonner délicatement son piano. Nous avons ainsi régulièrement droit à des parties instrumentales de toute beauté (cf. "Ragnarok"). J'ajoute que la section rythmique n'est pas en reste et l'attelage Stefano Repetti à la basse) et Mattia Pastorino à la batterie est hyper solide, soutenant sans jamais faillir les constructions les plus alambiquées donnant tout leur intérêt aux six compositions (cf. "Duat" et son fantastique final).

Atto primo est un disque qui fait vraiment bien plaisir à entendre. Non seulement il entérine la très bonne impression laissée par Il viaggio da farsi, le premier album publié en 2022 mais il est produit par une équipe composée de très jeunes musiciens. Voilà qui donne beaucoup d'espoirs pour la suite du RPI actuel. Bienheureuse la péninsule italienne qui peut sortir autant de groupes talentueux. Car, bien évidemment avec ce second album Wilson Project se place parmi les groupes les plus prometteurs du prog italien. Mais, je le sens, ses membres peuvent faire encore beaucoup mieux. L'avenir du prog italien est en marche !

Le groupe : Annalisa Ghiazza (chant, aerophone), Andrea Protopapa (claviers), Stefano Repetti (basse),  Mattia Pastorino (batterie).

La tracklist :

  1. Ouverture
  2. Taiji
  3. Bolchoi
  4. Ragnarok
  5. Nionga
  6. Duat  
Sortie : 23 avril 2025
 

jeudi 1 mai 2025

Gazzara : Criminal sounds

Le compositeur et claviériste romain Francesco Gazzara nous avait régalé en 2022 avec son album Progression, un hommage brillant au rock progressif anglais en général et à Genesis en particulier.
Il revient cette fois avec un nouveau projet qui ne peut que me ravir. En effet Criminal sounds est bien, comme son sous-titre l'indique un voyage musical dans les films de flics et les spy movies des années 60 et 70. Et il ne s'agit pas de n'importe quel périple puisque Francesco Gazzara nous offre des interprétations de grands thèmes signés de John Barry, Dave Grusin, Lalo Schifrin ou encore de l'incontournable Ennio Morricone. Mais l'intérêt principal de l'affaire réside dans le fait que Criminal Sounds n'est pas un simple album hommage au genre en question mais bien une interprétation originale. En effet, un groupe de jazz/rock/funk typique se substitue aux ensembles orchestraux habituellement sollicités pour exécuté ces partitions en général plutôt fouillées. La formation réunie autour de Francesco Gazzara (Hammond, Rhodes, Mellotron et synthétiseur ARP) comprend de solides gaillards : Mauro Mirti à la batterie, Massimo Sanna à la basse, Bruno Previtali et James Gazzara aux guitares électriques. Avec son armada de claviers, Francesco Gazzara se charge quant à lui de traduire et de transformer les partitions écrites pour orchestre en un habillage sonore vintage et psychédélique. Et c'est plutôt très réussi !
L'album comprend quinze titres, autant dire quinze  highlights !
On démarre dans le velours avec  "Hung up on my baby", la chanson d'Isaac Hayes tirée de la B.O. du film policier Three Tough Guys. Puis le gros funk de "Gotcha!" déboule pour nous rappeler nos après-midi d’adolescence avec Starsky & Hutch à la télé. On enchaîne facile avec le "Three days of the condor" signé Dave Grusin, qui défile en mode funky cop avec le visage de Robert Redford en subliminal. Ensuite, c'est la grosse séquence Bullitt avec trois titres à suivre. A mon avis, il n'en fallait pas moins pour rendre un hommage mérité à la bande-son culte composée par Lalo Schifrin.  Un petit détour par le thème charmeur et envoutant de Serpico que l'on doit à  Mikis Theodorakis et il est temps d'attaquer la série des 007 avec ce que l'on peut appeler quatre véritables hits. Ma préférence dans le rendu va à "On her Majesty's Secret Service" dont Gazzara fait une relecture brillante avec l'ajout d'une partie rythmique au groove absolument impitoyable. Puis c'est l'incontournable titre principal de Mission impossible avec cette partition maline imaginée par Lalo Schifrin, mêlant astucieusement rythmique en 5/4 et enchainement d'accords en mode mineur avec évidemment un thème imparable pour couronner le tout. Le grand bonheur arrive (pour moi) avec les thèmes de Città violenta et d'Enquête sur un citoyen au-delà de tout soupçon qui ne font que mettre une fois de plus en lumière le style d'écriture si particulier d'Ennio Morricone, surtout quand on écoute ces morceaux au milieu de ceux créés par d'autres grands compositeurs du genre musiques de film. Gazzara termine en beauté avec "Profondo Rosso" qui a également dû rappeler des bons souvenirs à Bruno Previtali, l'ex membre de Daemonia et de New Goblin.      
Disons le tout net, tous ces morceaux sont exécutés à la perfection.  Il est même intéressant de constater que les parties orchestrales ne manquent pas du tout. Bien au contraire, certaines compositions prennent même un relief inédit, interprétées dans une version moins chargée et donc souvent plus nerveuse, avec en prime un sens du groove toujours bien présent. 
En résumé, l'écoute de Criminal sounds ce n'est que du plaisir...un tantinet nostalgique il faut bien le reconnaître.     

  1. Hung up on my baby
  2. Gotcha! 
  3. Three days of the condor
  4. Bullitt - Main theme
  5. Bullitt - Room 26
  6. Bullitt - The aftermath of love
  7. Honest cop
  8. Goldfinger
  9. Thunderball
  10. Diamonds are forever
  11. On her Majesty's Secret Service
  12. Mission impossible
  13. Città violenta
  14. Indagine su un cittadino al di sopra ogni sospetto
Label : Irma Records

vendredi 18 avril 2025

Jus Primae Noctis : Man of air


Depuis sa création en 1991, Jus Primae Noctis est relativement stable avec ses trois membres présents depuis le début (Marco Fehmer,, Beppi Menozzi, Marco Riggio), et le guitariste Pietro Balbi qui a intégré la formation en 2009. Le groupe revendique cinq albums studio et deux live même si un seul, le dernier sorti en 2020 (Istinto) est disponible.
Cinq ans après Istinto, Jus Primae Noctis est donc de retour pour ce qui ressemble à un nouvel album (attendez vous allez comprendre !). Istinto avait été une très belle surprise révélant un groupe très au point capable de délivré un prog italien certes peu révolutionnaire mais par contre sacrément bien foutu avec des moments carrément addictifs.Alors avec Man of air, on s'impatiente un peu. Qu'est ce que ça va donner cette fois ? Avec ces titres en anglais, le groupe semble avoir de nouvelles ambitions. Mais dès les premières secondes de l'écoute, le suspens retombe. Il s'agit en fait de l'album Istinto réenregistré avec toutes les paroles chantées en anglais !
J'avoue avoir un peu de mal à comprendre l'intérêt de la démarche mais après tout ce sont les membres de la formation qui assument leur choix (enfin j'espère). Au passage, je m'explique un peu mieux pourquoi le nom du groupe est passé, sur la couverture, de Jus Primae Noctis à un JPN sibyllin.
Pour ma part, je ne saisis pas ce que tout cela rajoute de décisif au précédent enregistrement, à part peut être quelques parties instrumentales mieux finies (je pense aux parties de basse de Diego Banchero). Je veux bien être gentil mais là, je ne vois pas bien ce que je vais ajouter à mon analyse d'il y a cinq ans. Faut quand même pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages !
Je ne peux donc que vous renvoyer à ma chronique de l'album Istinto en 2020 ainsi qu'à l'interview des musiciens du groupe.
Pour compléter le tout, le groupe présente son titre "A Story" en vidéo, un film qui a été tourné avec la ville de Gênes et la côte ligure en toile de fond. Vous pouvez l'écouter et la regarder en cliquant sur le lien.
Désormais les membres de JUs Primae Noctis nous doivent un nouvel album 100 % original, isn't it ?

Le groupe : Marco Fehmer (chant, guitare), Beppi Menozzi (claviers), Mario Riggio (batterie), Pietro Balbi (guitare)
Musiciens additionnels : Alex “Pacho” Rossy (percussions sur 1, 2, 4, 6, 7 9, 11), Diego Banchero (basse sur  1, 2, 4, 5, 6, 7, 8, 11), Alessandro Bezante (basse sur 3), Marina Larcher (chant sur 7), Renzo Luise (guitare sur 7),  Matteo Scarpettini (percussions sur 7, 9, 11), Luca Scherani (claviers sur 11)

La tracklist :

1. Ouverture
2. Quarto ("Stasis", "Crisis", "Safe place")
3. The Institute Of Mental Health, Burning (including "The lighter")
4. In The Dark ("In the dark", "Revelation")
5. The First Time I Saw The Light
6. DDDDD
7. A Story ("Lost in my chemistry", "Prisoner")
8. Man Of Air And The Prey 
9. Kites
10. Urgency 
11. The Prop


Label : Nadir Music

 

mercredi 16 avril 2025

Stefania Graziani & Tony Carnevale : Hands

Tony Carnevale est toujours le bienvenu sur ce blog. Cette fois, il vient nous présenter un album qui est le résultat d'une longue relation humaine et artistique avec la musicienne Stefania Graziani. Hands. Il s'inscrit dans un projet plus global appelé anora qui est une sorte de plate-forme permettant la collaboration artistique en tant qu'échange d'expériences, de stimuli, de créativité et d'humanité.
Hands a été intégralement réalisé à deux mains (on va y revenir longuement), d'où son titre. Cette co-construction comprend la composition ainsi que l'exécution aux claviers et aux samplers.
Le disque présente onze pièces instrumentales pour piano et autres instruments. Le style musical oscille entre musique classique contemporaine et symphonisme moderne, avec également une proximité certaine avec l'univers des musiques de film.
Les morceaux ont été enregistrés en jouant les instruments ensuite échantillonnés un par un. C'est un processus de composition à la fois exigeant et total qui commence avec l’idée projetée et qui se termine avec le master final. D’un point de vue conceptuel, ce mode de construction peut être rapproché de la démarche multi-instrumentaliste de Mike Oldfield par exemple pour Tubular Bells. Sur le plan artistique, dans un sens plus général, c’est la proposition d’une approche de composition semblable à celle de la modélisation des matériaux malléables (comme le ferait un potier.), avec laquelle la forme finale se définit progressivement et simultanément avec la composition, une technique qui peut être également rapprochée de l’improvisation. 

En général, j'évite le track by track sur ces pages mais là il s'impose car il est éclairant sur ce qu'on voulu exprimer les deux musiciens.

"Nelle tue mani, part. 1" : une pièce centrée sur une cellule thématique du piano autour de laquelle l’orchestre tourne et se déplace avec un rythme serré mais en développant en même des thèmes larges qui interagissent les uns avec les autres.
"Uniti e distinti" : deux violons qui dialoguent, le piano semble faire le lien en permanence et une voix humaine en arrière-plan évoque des souvenirs lointains.
"Mare calmo sotto a un temporale" : une fin d'orage, le tonnerre gronde une dernière fois, et sous une pluie insistante le piano évolue dans des tonalités sombres, soulignés par les timbales et les phrases rythmiques d’une flûte et d’un violoncelle. Peu à peu, le retour au beau temps se fait. Des instruments viennent se joindre pour accompagner un crescendo exprimant le calme et la sérénité. 
"Lo scorrere dell’acqua" : un son répété, comme une goutte qui tombe, toujours avec la même force et au même tempo, des sons de voix humaines créent une atmosphère irréelle et onirique. Le piano est toujours la racine à partir de laquelle s’entrecroise un entrelacement de phrases thématiques du violon, du violoncelle, du hautbois, de la flûte et du duduk, en dialogue continu les uns avec les autres.
"Incontri possibili" : les notes de clavecin surprennent et font remonter l'auditeur dans le temps. "Incontri possibili" est un hommage au style de Johann Sebastian Bach mais aussi au flûtiste contemporain cette fois, Ian Anderson. Le morceau évoque alors une autre interprétation possible : l’intention de transcender les genres musicaux et de libérer la musique des définitions et des compartiments étanches.
"Il tempo del cuore" : le battement du cœur marque le tempo de cette pièce avec son atmosphère intime et calme, confiée au son d’une harpe. Le piano apparaît d'abord à l’arrière-plan, puis vient progressivement au premier plan dans la partie centrale de la pièce où il enveloppe complètement le son de la harpe.
"Nelle tue mani, part. 2" : il s'agit d'une reprise du morceau d’ouverture. On peut entendre la même cellule thématique du piano, qui ici évolue, module, s’intensifie rythmiquement dans un crescendo où le violon, le violoncelle et les instruments à vent font ressortir un nouveau thème romantique. 
"Il vento sognato" : des instruments à vent qui s'agitent peu à peu avec une flûte timide qui se met en mouvement. L'orchestre se fait entendre donnant vie à une symphonie maladroite. Ce mouvement presque ivre, qu’une caisse claire tente de redresser, culmine dans un crescendo intense et un accelerando qui ralenti progressivement jusqu’à s’effondrer.
" Nel castello di carta" : les notes d’un célesta nous ramène à des atmosphères oniriques, le son du vent, qui vient de la piste précédente, nous emmène dans un autre univers. À un certain moment, le piano rompt l’enchantement en courant, de plus en plus insistant, vers les aigus jusqu’au bout du clavier, puis en cascade vers la partie la plus profonde. Le calme revient, le son du célesta s’évanouit.
"Viaggio senza dove" : le son du piano vient créer une césure avec l’atmosphère plus enjouée qui précèdait. Le paysage est ici intime et calme. Rejoignant le piano, un violoncelle fait son apparition, répondant et phrasant jusqu’à une pause. La seconde partie de l’œuvre enchaîne immédiatement. Le piano et le violoncelle intensifient leur mouvement, tandis que les percussions ethniques augmentent la tension. Dans la section finale,  une chorale intervient créant un crescendo émotionnel fort.
"Passo a due" : dans la première séquence ans Tony donne le la, puis pour la seconde phase, Stefania prend la main, avant que Tony la suive en la soutenant. Les parties des deux pianos s’entrelacent alors.
A la fin de ce dernier morceau, on retient son souffle, en espérant que ce rêve musical va durer encore car il s'agit bien d'un moment rare de grâce que l'on vient de vivre. 
Une fois de plus Tony Carnevale livre une œuvre incroyablement belle et intense mais cette fois le mérite en revient autant à Stefania Graziani. Ce duo de talents forme une bien belle association artistique dont nous sommes heureux de profiter grâce à cette première œuvre commune qui nous est offerte comme un cadeau de bienvenue. 


La Tracklist :

1. Nelle Tue Mani
2. Uniti E Distinti
3. Mare Calmo Sotto A Un Temporale
4. Lo Scorrere Dell’Acqua
5. Incontri Possibili
6. Il Tempo Del Cuore
7. Nelle Le Tue Mani (sequel)
8. Il Vento Sognato
9. Nel Castello Di Carta
10. Viaggio Senza Dove
11. Passo A Due

Label : SOUNDTRACK Records.


vendredi 4 avril 2025

ENTEN HITTI : Mistiche ribelli

Il est avant tout utile de rappeler qu'Enten Hitti est une formation un peu à part. Il s'agit en fait d'un laboratoire de recherche dédié aux arts de la scène, créé en 1996 par Pierangelo Pandiscia et Gino Ape.
Pour ce septième album, leurs réflexions les ont amené à travailler sur des domaines très particuliers comme les expériences de rituels sacrés de guérison en Afrique du Nord, en Inde et au Moyen Orient. La musique ainsi créée s’inspire de sons archaïques provenant de sources sonores naturelles ancestrales. Ce véritable voyage mystique ouvre, une fois encore avec Enten Hitti à des expériences inédites qui prennent la forme de véritables sculptures sonores desquelles émanent des réminiscences de mélodies soufis, de chant de la nuit des indiens navajos, de mantras tibétains, de litanies liturgiques chrétiennes ou encore de chants occitans. La notion de musique ethnique est à la fois bien présente tout en apparaisant diluée dans un halo spirituel qui semble joué un rôle de catalyseur ou plutôt de chemin à suivre. Ce qui fait que, de manière assez étonnante, ces dix compositions, pourtant alimentées par des influences provenant d'horizons très différents, forment un tout homogène. Un peu comme s'il existait un langage universel primaire que les membres d'Enten Hitti avaient réussi à exhumer et à retranscrire.
La démarche artistique d'Enten Hitti est donc toujours aussi passionnante mais également tellement originale. Elle mérite la plus grande attention lors d'écoutes qui ne peuvent être réalisées que dans des conditions parfaites de calme et de recueillement. 
Avec Mistiche ribelli, Enten Hitti accouche d'un album aussi lumineux à l'extérieur qu'à l'intérieur. 

Enfin, au passage, si vous voulez en savoir un peu plus sur ce groupe atypique et sur ses deux derniers albums évoqués dans ce blog, voici le lien A tutti gli uragani che ci passarono accanto et Via Lattea.

Les musiciens :
Gino Ape : hautbois, flûtes, xylophone, piano, santoor, voix
Pierangelo Pandiscia : luth, gong, trompette, psaltérion à arc, percussions
Giampaolo Verga : violon
Carmen D’Onofrio : voix
Jos Olivini : accordéon, piano, harpe celtique, table tubes.
Invités : Gianfranca d’Adda et Vicky Ferrara (percussions), Vincenzo Zitello (viola et violoncelle), Dorothy Moscowitz Falaski (chant)

La tracklist :


    1. L’uomo di dio
    2. Mater mantra
    3. Carne della stessa carne
    4. Evren mantra
    5. Le consolazioni delle ninfee
    6. Mantra del soffio
    7. Oreade
    8. Mantra delle ombre
    9. Our needs of consolation
    10. Mantra delle onde

 Label : Lizard records

 

dimanche 16 mars 2025

Silver Nightmares : Roxy Passion

Le groupe de Palerme Silver Nightmares, déjà auteur d'un EP en 2020 The wandering angel ainsi que d'un album complet en 2022, Apocalypsis, semble vouloir frapper fort cette fois, avec un nouvel EP à l'artwork accrocheur et avec surtout Göran Edman au chant pour le titre éponyme. Si vous consultez la bio du chanteur suédois, ex Malmsteen et Karmakanic, vous constaterez qu'il cachetonne pas mal, mais à titre personnel j'aime beaucoup sa voix. En tout cas le choix de Göran Edman pour interpréter "Roxy Passion" est plus que judicieux et apporte un surcroît de puissance au morceau.
En plus de la chanson "Roxy Passion" qui déménage pas mal, dans un style hard rock (çà n'étonnera personne), l'EP présentera également un autre titre inédit "Cats on the run", plus prog que hard pour le coup, ainsi que deux versions de "The blue light of a star", un morceau uniquement présenté jusque là en single.
La sortie du EP, en version digitale, est programmée au 31 mars 2025.
Voici deux titres en écoute (cliquez sur chaque lien)

mercredi 5 mars 2025

Eveline's Dust : 3

Eveline' Dust sort son troisième album le 3 mars 2025 douze ans après un premier EP Time changes. Huit morceaux sont au menus. Voici le lien bandcamp du groupe pour une première écoute et éventuellement un achat. J’ai bien écris "éventuellement" ! Car vous l'aurez compris, malgré quelques bonnes choses, cet album ne m'a pas vraiment convaincu. The paintkeeper et surtout K. me semblaient bien supérieurs (j'ai quand même pris le temps de les réécouter dans le doute). L'heure d'une remise en question est peut être arrivée pour les membres d'Eveline's Dust.  

Le groupe : Nicola Pedreschi (chante t claviers), Lorenzo Gherarducci (guitares), Marco Carloni (basse), Angelo Carmignani (batterie) + Lara Billie Moretto (chant sur "Void") 

La tracklist :

  1. Rising 2
  2. Eveline
  3. Here there nowhere
  4. Returning somewhere
  5. Grace the sound
  6. Crawl
  7. Void
  8. Better lie bitter life
     


jeudi 27 février 2025

Albus Diabolus : scoop


Bientôt, promis, vous aurez la chronique en avant-première de ce projet diabolique imaginé par Samael Von Martin et Elisa Montaldo.

En attendant voici le premier titre en écoute : "Liturgica"

jeudi 20 février 2025

Nuova Era : 20.000 leghe sotto i mari

Sortie attendue le 28 février du nouvel opus de Nuova Era, après une très longue période de gestation. Le dernier album, Return to the castle, datait de 2016. Le groupe se présente toujours dans la même formation avec évidemment Walter Pini aux claviers, Alex Camaiti au chant, Rudi Greco à la basse, Maurizio Marra à la batterie.
Bonne nouvelle le chant est à nouveau en italien. Nuova Era revient au format déjà pratiqué pour Io e il tempo (1992) avec uniquement deux longs morceaux. Mais cette fois, Walter Pini met la barre encore plus haut avec une suite de 36 minutes alors que l'autre titre ("Nautilus") n’est "que" de 16 minutes. 
Il est bon de préciser ici que dans sa version vinyle, l'album ne comprend que la suite "20.000 leghe sotto i mari" scindée en deux sans que cela nuise à l'écoute de l’ensemble (Waler Pini a bien sûr prévu une césure naturelle au bon endroit). Il faut donc acquérir le CD pour récupérer le morceau "Nautilus" en bonus.
Si vous aimez Nuova Era, vous ne serez pas déçu, le groupe reste fidèle à son style avec malgré tout une production plus étoffée. Évidemment la suite "20.000 leghe sotto i mari" focalise toute l'attention avec ses huit parties parfaitement imbriquées. Son écoute se révèle être un vrai bonheur pour tout amateur de prog italien. Walter Pini a réalisé un vrai travail de titan et peut ainsi fièrement proposer un condensé de ce qui se fait de mieux dans le genre avec quelques moments délicieusement régressifs. Les sonorités abondantes de synthés, d'orgues, de Moog et de Mellotron, sont là pour nous rappeler les grandes heures du prog italien symphonique. Au delà d'une belle inspiration, Walter Pini démontre un savoir-faire unique pour créer des séquences originales en évitant l'écueil du "déjà entendu". Mais il y aussi l'habileté dont il sait faire preuve pour proposer des parties à la fois très différentes les unes des autres et pourtant parfaitement compatibles, avec en prime une agréable impression de fluidité. Le musicien Pini est dans ce domaine au sommet de son art.   
J'ajoute que la lente et inexorable montée en puissance, qui caractérise les sept dernières minutes de la suite, est à couper le souffle. Et à propos de souffle, il y a bien l'esprit du roi cramoisi période Lizard qui souffle dans cette dernière partie. Outre une grande variété d'atmosphères et un intérêt constant durant ses 36 minutes, cette suite est marquée (ce n'est pas une surprise) par une prépondérance de séquences instrumentales. Le chant est pourtant bien présent quand il le faut sans en faire de trop. Et à ce sujet, il faut également souligner que la voix d'Alex Camaiti s'est bonifiée avec le temps.  
L'autre pièce, "Nautilus" est annoncée comme une composition écrite par un tout jeune Walter Pini de 17 ans. A l'évidence, Walter avait déjà atteint une belle maturité en tant que musicien car ce morceau a du caractère. Il s'agit d'un véritable épique avec une succession de tableaux là aussi très bien agencés. La tonalité d'ensemble est très heavy rock, le tempo est soutenu avec une basse très lourde. 
Nuova Era était déjà là quand le prog italien était au point mort à la fin des années 80. Nuova Era est encore là près de quarante ans plus tard et force est de constater que le groupe n'a jamais déçu durant toutes ces années. Il peut même être affirmé objectivement que cet album marque indéniablement le sommet de sa discographie.  


La tracklist CD :
 
1- 20.000 leghe sotto i mari
a) La partenza
b) La caccia
c) Smarrimento
d) Capitan Nemo
e) Il signore delle acque
f) Mondi misteriosi
g) Nel profondo
h) Prigioneri dell'abisso
 
2- Nautilus

En écoute sur bandcamp : Nuova Era 20.000 leghe sotto i mari

Label : AMS Records

 

dimanche 16 février 2025

Diego Banchero Trio : Gathered lectures from a lifetime

En bientôt quarante de carrière artistique, Diego Banchero est devenu une vraie figure de la scène musicale gênoise. Au gré des différentes formations auxquelles il a participé, à commencer par Il Segno del Comando bien sûr, même s'il est bon d'ajouter Malombra, Ballo delle Castagne, Egida Aurea, Recondita Stirpe ou encore Zess et récemment Horror Bach pour être complet, il a exploré nombre de styles musicaux, parfois extrêmes, que ce soit le doom, le metal, le gothique ou encore le dark prog. Il était donc normal qu'à un moment Diego souhaite s’exprimer plus personnellement et qu'il fasse une sorte de synthèse de toutes ses expériences musicales qu'il considère comme autant de leçons apprises au cours de ces années, d'où ce mot "Lectures" dans le titre de l'album (Gathered lectures from a lifetime). Tout ceci est également en accord avec le fait que Diego entretient une vraie passion pour les livres et plus particulièrement pour tout ce qui touche à l'ésotérique.
Pour mener à bien ce projet personnel Diego a opté pour une formule sobre en associant deux fidèles acolytes (et amis) déjà présents dans plusieurs projets communs, Roberto Lucanato à la guitare et Fernando Cherchi à la batterie.L'enregistrement s'est fait au Nadir Studio à Gênes le 13 novembre 2023 en conditions live. Diego a ensuite pris le temps de peaufiner ses douze morceaux instrumentaux.
Exceptionnellement un petit éclairage sur chacun des titres s'impose.
"Looking for the pusher" est une composition originale jamais publiée auparavant qui se veut être la bande-son d'une scène d'un film policier dans laquelle un drogué cherche affreusement son dealer.
" Macabro suite " était déjà apparue en 1999 dans la compilation E Tu vivrai nel Terrore publiée par Black Widows Records. Elle s’inspire très largement d’une série télévisée italienne des années 70 intitulée Ho incontrato un'ombra.
"Le 4A" est un des titres de l'album L’Incanto dello Zero d'Il Segno del Comando.
" Vestale" est tiré du disque Derive publié en 2012 par le groupe Egida Aurea.
"One Winter Night" est un solo de basse inspiré par les sensations ressenties lors d'une nuit d'hiver.
"Metamorfosi" est un autre morceau d'Il Segno del Comando présent en version chantée sur l'album L’Incanto dello Zero.
"Il viaggio", fait partie de l'album Surpassing All Other Kings du groupe Ballo delle Castagne. Sa version chantée parle de la saga de Gilgamesh.
"Bloody Sunset" est un morceau composé pour la guitare par Roberto Lucanato.
"Magia postuma" est un très ancien morceau antérieur à la création d'Il Segno del Comando que l'on trouvait en bonus sur la réédition du premier album du groupe, un titre qui évoque les connexions entre le spiritisme et des ondes sonores.
"Messagero di pietra " est une chanson présente sur le premier album homonyme d'Il Segno del Comando en 1996. Elle évoque des moments de la série télévisée des années 70 dont le groupe a directement repris le nom (le messager de pierre est une statue qui garde des secrets).
"Polizei Blues"’est un morceau original jamais publié auparavant.  C'est à nouveau une bande-son imaginaire pouvant illustrer une scène d’un film policier avec une poursuite entre des gansters et la
police.
" Samba for a butterfly" est un solo de basse dédié à la femme de Diego.

Voilà pour le décodage des douze pistes de cet album. Le résultat est bluffant si l'on tient compte du fait que l'on a affaire à un trio basse/batterie/guitare sans aucun artifice. L'univers musical de Diego nous ramène au cœur même des années 70. A cette époque, il était de mise de mêler différents styles sans trop se poser de question : jazz rock, heavy rock, funk et rock psychédélique faisaient bon ménage. Du haut de ses 8 mn 45, "Messagero di pietra" est un exemple parfait de ce mélange réussi des genres. Car c'est exactement ce que reproduit DB3 cinquante ans après, avec en plus des ambiances très sombres qui rappellent certaines bandes-son qui illustraient les gialli et les films d'horreur de notre jeunesse (enfin de la mienne en tout cas !). Mais rassurez-vous (ou pas), loin de s'enfermer dans un style monolithique, DB3 propose douze pistes musicales composites qui forment un tout protéiforme. Bien sûr, il arrive que l'on pense à Il Segno del Comando. Normal puisque plusieurs titres sont issus du répertoire de son groupe amiral (voir détail des pistes plus haut). Bien sûr parfois aussi, ça penche plus vers le jazz fusion ("Magia postuma"), vers le funk ("Looking for the pusher") ou encore vers un blues rock débridé, ce qui est le cas de "Polizei blues", un morceau sur lequel les trois compères se lâchent bien quand même.
L'analyse, autant musicale qu'introspective, de cet album amène à penser que Diego Banchero a fait émerger consciemment ou inconsciemment tout ce qui l'a marqué non seulement dans sa carrière de musicien mais aussi dans son parcours de vie. En cela Gathered lectures from a lifetime est donc une sorte de reproduction sonore, le double musical de Diego en quelque sorte. Et au niveau musique pure, c'est un régal !

La tracklist :
  1. Looking for the pusher
  2. Macabro suite
  3. Le 4 A
  4. Vestale
  5. One winter night (bass solo)
  6. Metamorfosi
  7. Il viaggio
  8. Bloody sunset (guitar solo)
  9. Magia postuma
  10. Messagero di pietra
  11. Polizei blues
  12. Samba for a butterfly (bass solo)
     

L'album est sortie le 18 janvier 2025 sous le label Tricephale Independent Production. Il existe uniquement 200 copies du CD, pas une de plus ! Donc il faut faire vite. Pour commander votre exemplaire, il vous suffit de contacter directement Diego Banchero à cette adresse mail : diegobanchero@alice.it.


jeudi 13 février 2025

Néos Saint Just

Pour les nostalgiques du prog italien du début des années 70, voici donc le retour d'une grande figure de cette époque. Je vous parle là de Jenny Sorrenti qui avec son groupe Saint Just, nous avait régalé en 1972 et 1973 des albums de folk prog Saint Just et La casa del lago.
Ensuite Jenny avait un peu disparu des radars, très occupée à composer pour le théâtre mais aussi à étudier l’opéra et la musique médiévale. Elle en avait également profité pour renouer avec ses racines galloises (par sa mère) en réalisant trois albums : Medieval Zone, Com'è Grande et Enfermidade e Burattina en tentant de rapprocher la musique celtique avec la musique folklorique méditerranéenne.
Plus récemment, en 2011, elle avait refait une incursion dans le prog avec l'album Prog Explosion, publié sous le nom de Saint Just Again.
En 2025, Jenny s'associe au producteur et claviériste Tullio Angelini, pour un projet musical novateur. En effet, il s'agit d'une nouvelle voie que veut explorer Jenny Sorrenti. Sur la base  de ses recherches effectuées ces dernières années sur les expérimentations possibles de la voix et sur les approches d'une nouvelle forme de chanson, elle prend le risque de proposer une musique déroutante. Ce qui est bien le cas avec cet album. Car, sans vraiment être dans la musique expérimentale radicale, on ressent effectivement une volonté de sortir des carcans de la chanson pour utiliser la voix comme un instrument sonore ("Pneumatos", "Meraviglia"). Ce que l'on entend peut être assimilé à un flux avec un chant qui semble flotter dans un espace sonore ("Hidden things") et parfois même rebondir sur des murs invisibles ("in the presence of the entity"). Que l'on ne s'y trompe pas, les sept morceaux proposés sont parfaitement construits et portent des parties mélodiques souvent envoutantes. La voix de Jenny Sorrenti est toujours aussi belle et fascinante comme on peut le constater, notamment sur les deux chansons les plus proches d'un format classique "Sentire Davvero" et "The mirror inside me".  
Si tout est très beau et très réussi dans cet album,  je garde quand même une place à part pour "Psyché" qui me semble être une composition ultime qui condense toute la force créatrice recherchée par Jenny mais qui est également une chanson hypnotique, d'une beauté irréelle, de laquelle il est difficile de sortir.
Un retour de Jenny Sorrenti aussi inattendu et étonnant que magnifique.

Musiciens : Jenny Sorrenti (chant, claviers, piano), Tullio Angelini(loops, ME),Clive Bell (instruments divers), Sylvia Hallett (violon), Alessandro Pizzin (claviers), Robin Rimbaud (ME), Roberto Scarpa (piano), Kenny Wollesen.
 
La tracklist :
  1. Pneumatos
  2. Sentire davvero
  3. In the presence of the entity
  4. The mirror inside me
  5. Hidden things
  6. Psyché
  7. Meraviglia
     
Label : MoreMusic
Distribution : G.T. Music

dimanche 26 janvier 2025

Limite acque sicure : Un'altra mano di carte (IT)

Dire che il primo album dei Limite Acque Sicure, uscito nel 2022, mi ha dato grandi soddisfazioni è un eufemismo. Questa rivisitazione del rock progressivo italiano degli anni '70, con un pizzico di modernità, aveva paradossalmente un lato rinfrescante ed emozionante, come una boccata d'aria fresca che ricordava i bei tempi.
Ecco il secondo lavoro del gruppo: Un'altra mano di carte, concepito da sei musicisti (gli stessi) ma anche da sei personaggi, uniti sotto l'insegna Limite Acque Sicure per raccontarci sei storie significative, splendidamente musicate.
Limite Acque Sicure ci sorprende con l'imponente riff heavy metal che apre "Joker" e l'album stesso. Il seguito del titolo dark e gotico si trasforma in una sorprendente epopea di dark prog illuminata da esplosioni di sintetizzatori. "Il racconto di Juan della sua terra" si riallaccia a questo melodico e splendente prog sinfonico italiano con in più alcuni passaggi molto nervosi che dobbiamo a Luca Trabanelli decisamente molto vivace alla chitarra elettrica, un pezzo che mi ricorda La Torre dell'Alchimista, che per me è il meglio del meglio. Sebbene 'Natale 1914' sia più da classificare in una vena neo prog, L.A.S. imprime comunque il suo stile con una parte centrale - strumentale - che decolla davvero nonostante un tempo relativamente pesante. Con la sua caratteristica linea vocale e il suo suonare la tastiera a scatti e martellante , dovremmo menzionare il Banco del Mutuo Soccorso per "…non il Bergerac"? Nessun dubbio, ma anche qui il gruppo porta il suo tocco personale con una sezione finale davvero sbalorditiva. Ancorato alla lontana tradizione del canto popolare del bacino del Mediterraneo "Chita" non è meno di una modernità incredibile. Le esplosioni vocali di Ambra Bianchi trasportate dalla chitarra ardente di Trabanelli, sono semplicemente mozzafiato. Ma il meglio è nell'ultima parte del pezzo. La performance vocale di Ambra è spinta al suo climax qui, con un raddoppiando le sue linee vocali, ma anche con un accompagnamento strumentale meticolosamente studiato, il lavoro sulle percussioni è fenomenale, rendendolo un momento unico e di grande intensità. Non ho paura di scriverlo: solo il prog italiano è capace di offrire un pezzo di tale bellezza e profondità. Con "Storie perdute" torniamo al prog sinfonico più convenzionale. Ma questo è decisamente devastante e inarrestabile, e può facilmente competere con il miglior Banco. Inoltre, oggi il gruppo può essere considerato il discendente naturale dei B.M.S, il che è un grande onore.
Il 2025 è appena iniziato e Limite Acque Sicure offre già un primo grande momento del prog italiano.  Con questo secondo album, il gruppo di Ferrara ha fatto più che confermare. Si afferma come un riferimento essenziale per l'attuale RPI, ma pone anche un traguardo molto alto per il Best Of di fine anno !

Le groupe : Andrea Chendi, Ambra Bianchi, Antonello Giovannelli, Luca Trabanelli, Paolo Bolognesi, Francesco Franz Gigante. 

La tracklist :

1. Joker
2. Il racconto di Juan della sua terra 
3. Natale 1914
4. …non il Bergerac
5. Chita
6. Storie perdute
 
Sortie : 17 janvier 2025
Label : Minautore records 

samedi 25 janvier 2025

Limite acque sicure : Un'altra mano di carte

C'est peu dire que le premier album de Limite Acque Sicure, sorti en 2022, m'avait fait grand plaisir. Cette relecture du rock progressif italien des 70', avec juste un zeste de modernité, avait paradoxalement un côté rafraîchissant et enthousiasmant, comme une bouffée de souvenirs rappelant le bon temps. 
Voici donc le deuxième opus du groupe: Un'altra mano di carte, concocté par six musiciens (les mêmes) mais aussi six caractères, réunis sous la bannière Limite Acque Sicure pour nous raconter six histoires signifiantes superbement mises en musique. 
Avec l'énorme riff heavy metal qui ouvre "Joker" et par la-même l'album, Limite Acque Sicure nous prend par surprise. La suite du titre sombre et gothique, se transforme en un étonnant épique de dark prog illuminé par des giclées de synthés. "Il racconto di Juan della sua terra" renoue avec ce prog symphonique italien mélodique et resplendissant avec en prime quelques passages très nerveux que l'on doit à  Luca Trabanelli décidément très en verve à la guitare électrique, un morceau qui m'évoque La Torre dell'Alchesmista, autant dire le meilleur du meilleur pour moi. Bien que 'Natale 1914" soit plus à classer dans une veine néo prog, L.A.S. n'en imprime pas moins son style avec une partie centrale - instrumentale - qui décolle vraiment malgré un tempo relativement lourd. Avec sa ligne de chant si caractéristique et son jeu de clavier saccadé et martelé, doit-on évoquer Banco del Mutuo Soccorso pour "…non il Bergerac " ? Sans doute, mais là encore le groupe apporte sa touche personnelle avec une section finale proprement étourdissante. Ancré dans la lointaine tradition du chant folklorique du bassin méditerranéen "Chita" n'en est pas moins d'une modernité incroyable. Les explosions vocales d'Ambra Bianchi portées par la guitare en feu de Trabanelli, sont tout simplement à couper le souffle. Mais le meilleur se trouve dans la dernière partie du morceau. La performance vocale d'Ambra est ici poussée à son paroxysme, avec un dédoublement de ses lignes de chant,  mais aussi avec un accompagnement instrumentale méticuleusement pensé, le travail sur les percussions est phénoménal,  pour en faire un moment unique de haute intensité.  Je n'ai pas peur de l'écrire: seul le prog italien est capable de proposer un morceau d'une telle beauté et d'une telle profondeur. Avec  "Storie perdute", on revient au prog symphonique plus conventionnel. Mais celui-là est proprement ravageur et imparable, et fait sans problème jeu égal avec le meilleur Banco. D'ailleurs le groupe peut aujourd'hui être considéré comme le descendant naturel de B.M.S, ce qui est quand même un honneur. 
L'année 2025 est à peine commencée et Limite Acque Sicure offre déjà un premier highlight au prog italien. . Avec ce deuxième album, la formation de Ferrara fait mieux que confirmer. Elle s'affirme comme une référence incontournable du RPI actuel mais place également la barre très haut pour le top de fin d'année.

Le groupe : Andrea Chendi (chant lead), Ambra Bianchi (flûte, chant lead, chœurs, harpe), Antonello Giovannelli (orgue, piano, synthés), Luca Trabanelli (guitares acoustique et électrique), Paolo Bolognesi (batterie), Francesco Franz Gigante (basse). 

La tracklist :

1. Joker
2. Il racconto di Juan della sua terra 
3. Natale 1914
4. …non il Bergerac
5. Chita
6. Storie perdute
 
Sortie : 17 janvier 2025


jeudi 23 janvier 2025

Banco del Mutuo Soccorso : Storie invisibile

Le nouveau Banco sort le 28 février 2025. Apparemment le groupe a décidé de mettre le paquet pour la promotion de cet album avec déjà une quinzaine de dates de concerts annoncées d'ici le mois de mai.

Storie invisibile se veut être le troisième volet d'une trilogie dédiée à l'existence humaine qui complètera donc Transiberiana et Orlando, le forme dell'amore.  

Le groupe présent est stable avec Vittorio Nocenzi (orgue, synthés, voix) comme pivot et son fils Michelangelo Nocenzi (piano et claviers) désormais positionné comme étant celui qui assurera sûrement la relève. Tony D’Alessio assure le chant soliste, Filippo Marcheggiani est aux guitares, Marco Capozi à la basse et Dario Esposito à la batterie. 

Pour avoir écouté l'album dans son entièreté, il faut se rendre à l'évidence : ça chante gentiment mais ça n'a plus grand chose à voir avec du prog et même hélas avec le Banco que l'on a aimé et respecté pendant toutes ces années. Quant à certaines sonorités de synthés, on peut se demander si le groupe n'a pas ressorti les vieux coucous des années 80. Un peu triste tout cela.

Voici la tracklist :

01 – Studenti
02 – Il mietitore (en écoute en cliquant sur le titre)
03 – Il pittore
04 – Non sono pazzo
05 – L’ultimo moro dell'Alhambra
06 – Senza nuvole
07 – La casa blu
08 – Sara' ottobre
09 – Cena di natale
10 – Spiegami il cielo
11 – Solo mervaglia
12 – Capo Horn