dimanche 20 juillet 2025

Doracor : Unexpected Intersections

 

Après pile trente années d'existence et neuf albums publiés, Doracor aka Corrado Sardella reste toujours aussi discret et finalement très peu connu à part pour quelques initiés du rock progressif italien dont vous faites sûrement partie chers lecteurs (-trices ?) sinon vous ne seriez pas sur cette page en train de lire cette chronique.
Pourtant Corrado Sardella pourrait facilement la ramener car il a régulièrement accompagné, comme claviériste, des musiciens plutôt bien établis comme Bruno "Red" Canzian (Capsicum Red, I Pooh), Stefano Marazzi (Pino Daniele), Roberto Tiranti (Mangalla Vallis, Labyrinth, Wonderworld), Titta Tani (Goblin, Astra) et même Ian Mosley (Marillion).
Son activité de session-man reconnu, et donc très demandé, l'a pas mal occupé ces dernières années, ce qui explique les dix ans qui séparent ce nouvel album du dernier, le double CD Passioni postmoderne di un musicista errante, qui était au passage une belle réussite.
Il semble que la rencontre en 2024 avec la musicienne Lorena Cossu ait accéléré le processus de mise en chantier de Unexpected Intersections, un album ambitieux de 75 minutes comprenant 14 morceaux dont une suite de 15 mn 33, elle-même découpée en 11 sous-parties. Tout cela pour évoquer de manière sublimée l'enfant qui est (reste) en nous. 
A l'écoute, la présence de Lorena Cossu se fait largement sentir autant du côté composition que du côté chant bien sûr pour un résultat qui oscille entre pop et prog. Le penchant pop, que l'on entend plutôt sur les titres courts, est en fait plus proche d'une pop symphonique empreinte d'un grand romantisme.  Le prog peut lui être apparenté à du néo prog tour à tour rutilant et chatoyant. Il concerne principalement les morceaux plus longs, "Remnants of memories" et surtout "Unexpected Intersections", la suite de 15 minutes qui se termine par la reprise réellement magnifique du thème de "Our better world", joué cette fois à la cornemuse. Complètement à part, l'étonnant funky-soul "Distant lights" fait un peu figure d'OVNI dans le décors, mais se savoure avec plaisir.
Au final cet album de Doracor se révèle facile d'accès et ouvert à des oreilles étrangères au prog, ce qui n'exclut pas, loin de là, une exigence dans l'écriture pour un rendu qui ne manque pas de grandeur.

Les musiciens : 

Corrado Sardella : claviers, guitares, basse
Lorena Cossu : chant, choeurs
Kostas Milonas : batterie

+ John Jowitt (basse), Mirko De Maio (batterie), Simona Malandrino (guitare), Elisa Montaldo (chant, claviers).

La Tracklist :
1. Journey
2. Remnants of memories
3. After waking
4. Il coraggio di essere
5. Distant lights (You can't forget)
6. Quel folle volo
7. That silent tear - Intro
8. That silent tear
9. And I miss you…
10. Simply you
11. Stella d'agosto
12. Laurie
13. Esegesi di una fiaba inenarrata
14. Unexpected intersections
a. Playing with fears (choir intro)
b. The forest of fear (01:04)
c. Can you listen to my voice?
d. Ethereal waves
e. Laurie Caurie (choirs)
f. Our better world
g. Voices
h. The purple nose
i. Us again
j. Our better world (bagpipes theme)
15. Di quei giorni infiniti

Sortie le 18 juillet 2025

Label : AMS Records

Distribution : www.btf.it

mardi 15 juillet 2025

il Segno del Comando : Sublimazione (annonce)

Il Segno del Comando annonce la sortie d'un album live pour juillet 202 C'est un petit évènement en soi puisque que le seul témoignage in vivo du groupe consistait jusque là en un enregistrement en conditions live mais en studio en ... 2017. Il s'agit d'Il Segno del Comando : ... Al passato, al presente, al futuro...Live que je vous avais présenté il y a déjà quelque temps à l'occasion de sa réédition 2024, chronique ici.

En attendant de vous en dire plus, je vous laisse méditer ces quelques mots de présentation du leader du groupe, Diego Banchero : "La SUBLIMATION, pris dans son sens ésotérique, concerne les étapes de la croissance spirituelle, mais le terme est utilisé dans de nombreux domaines scientifiques pour désigner des processus de purification et de développement. Un live est aussi une évolution de morceaux écrits au fil des ans sous une nouvelle forme".


vendredi 11 juillet 2025

Hora Prima : Hora Prima (2)

En 2020 L'uomo delle genti avait permis de faire connaissance avec Hora Prima, un jeune groupe en provenance de Bari, œuvrant jusque là dans la grande lignée du rock progressif italien le plus traditionnel qui soit.
Depuis le groupe a effectué quelques remaniements internes et non des moindres avec les départ du guitariste Gianluca De Bene et de la bassiste Valeria Tritto, cette dernière étant remplacée par Roberto Di Lernia, et enfin l'arrivée d'un "vrai" chanteur en la personne d'Andrea Catalano que l'on avait déjà croisé avec la formation de prog metal Mujen. C'est avec cette composition de groupe récente que Hora Prima s'est d'ailleurs présenté au Forum 19 du festival Veruno en 2024.
Bien que la pochette de ce nouvel album éponyme fasse plutôt penser à un énième brûlot de pagan metal, je vous rassure Hora Prima n'a pas viré sa cuti. Il s'agit bien d'un disque de rock progressif. Tout au plus s'étonnera-t-on de sa durée relativement courte, 32 minutes sans la bonus track.
Pour le reste, c'est à dire les six morceaux de l'album, le groupe navigue avec aisance dans un RPI qui évoque assez facilement des groupes relativement récents comme La Coscienza di Zeno, Not a Good Sign ou encore FeM (flagrant sur "Intelligenza Artificiale"). Mais les musiciens se plaisent aussi à brouiller les pistes, que ce soit pour le très 'expérimental "Deus ex Machina" dont la deuxième partie permet de respirer agréablement avec une séquence jazz fusion très réussie, ou encore pour le funky jazzy "Al Khwarizmi". Quant à "Diari dalla IV Dimensione", on ne peut qu'apprécier son côté prog enlevé et exigeant, quelque part entre Il bacio della Medusa et Ingranaggi della Valle. Enfin, on prendra plaisir à écouter "Delirium omnibus", une chanson survitaminée et accrocheuse, sans prétention, mais dont le long pont central instrumental est vraiment très jouissif. La reprise des New Trolls, placée en piste bonus, n'apporte rien à l'original mais reste une belle performance au niveau vocal, l'exécution du morceau demandant un réel savoir-faire en matière de polyphonie et de chant en canon.
Incontestablement plus éclectique mais aussi plus audacieux, ce second album n'en reste pas moins un travail de transition qui appelle un troisième album qui devra démontrer une ligne directrice plus claire ou tout au moins un style musical plus affirmé. Dans cette optique, les morceaux "Intelligenza Artificiale" et surtout "Diari dalla IV Dimensione" me semblent de solides bases à exploiter.

Le groupe : Andrea Catalano (chant), Domenico De Zio (guitares), Roberto Di Lernia (basse, chœurs), Francesco Bux (batterie, synthés, chœurs), Roberto Gomes (claviers, chœurs).

La tracklist :

1. Uomo Ancestrale (Primordio)
2. Intelligenza Artificiale
3. Deus Ex Machina
4. Delirium Omnibus
5. Diari dalla IV Dimensione
6. Al Khwarizmi
7. Le Roi Soleil (bonus track)

Sortie : le 4 juillet 2025


jeudi 3 juillet 2025

I Giullari di Corte : Via Fulton 4

En 2020, vous pouviez déjà lire sur ce blog la chronique du premier enregistrement du groupe I Giullari di Corte, Presa di Coscienza, un album qui était d'ailleurs mis au tableau d'honneur des meilleures sorties RPI de l'année de ce même blog. Depuis, cinq années ont passé et, après pas mal de péripéties, le groupe revient avec un deuxième disque, Via Fulton 4, publié cette fois par un label (Areasonica Records). Il ne reste plus maintenant qu'à l'écouter !
Les trois premières pistes de l'album sont assez disparates et évoquent plusieurs mouvances prog. Si "Genesi" est à l'évidence une réminiscence d'un RPI à l'ancienne, l'instrumental qui suit, "Fatto, sfatto e soddisfatto", doté d'une très belle fin épique, lorgne plus vers le IQ des années 80 (cf. les multiples changements de rythmes et les sonorités de synthés) alors que "Shine on your crazy divac." est, comme son nom l'indique, un clin d’œil au Floyd, au moins pour ce qui est de l'intro du morceau car après la 3ème minute, le groupe bascule dans un univers plus proche de celui du vénérable Greenslade . Mais ne vous laissez surtout pas abuser par cette entrée en matière tout azimut, car les Bolognais haussent ensuite franchement le ton et se lancent sans retenue dans un hard prog vintage. Ils alignent ainsi quatre titres de belle tenue ("La corsa sul tempo" "Giullare", "Venerdi", "Il cappellalaio matto") avant de terminer sans forcer avec le bluesy rock "Che fine ha fatto la signora Colombo ?", pas très éloigné de Wishbone Ash. Je note au passage que les musiciens savent appuyer sur la pédale d’accélération quand il le faut. Le final de "Giullare" en est, à cet égard, un bon exemple.
Autre point intéressant à souligner : le groupe a un son bien à lui que j'aime beaucoup. Il est très souvent fait de timbres clairs avec une utilisation d'effets de base (disto, wah wah) sur la guitare électrique, une basse lourde, une batterie qui va à l'essentiel sans fioriture inutile et enfin ces sons d'orgues vintage inimitables avec des machines modernes. 
En jouant habilement sur les deux tableaux, prog rock et heavy prog, I Giullari di Corte réussit à offrir un résultat global qui tient la route même si, à mon avis, c'est bien dans ses performances hard rock, et accessoirement hard blues ("Il cappellaio matto"), que le trio de Bologne est le plus convaincant. Mais, j'insiste, la cohabitation avec les séquences plus prog se fait de toute façon très bien. 
Même si I Giullari di Corte ne va rien révolutionner avec Via Fulton 4, vous pouvez être sûr que vous trouverez du plaisir à écouter les huit pistes de cet album, chacune d'entre elles recelant des idées intéressantes développées en toute simplicité sans jamais donner l'impression de vouloir en rajouter mais avec gardant en permanence un grand sens de l'efficacité. 
En tout cas, contrairement à ce que le nom du groupe pourrait laisser croire, les bouffons du rock progressif ne sont pas à chercher du côté d'I Giullari di Corte ! (just a joke bien sûr !). 
 
Le groupe : Alessio De Angelis (batterie, chant sur 3), Matteo Balestrazzi (basse, chant sur 5), Paolo Zacchi (guitares, claviers, chant sur 1).
 
La  tracklist : (écoute possible en cliquant sur chaque titre)

dimanche 22 juin 2025

Diego Petrini : La materia del suono


Il fallait bien que ça arrive ! Très impliqué dans le processus de composition de son groupe, Il Bacio della Medusa, le batteur (et claviériste) Diego Petrini a franchi le pas de l’œuvre en solitaire et nous propose son premier album solo. Certes, les équipiers du radeau de la méduse ne sont pas bien loin puisqu'ils sont presque tous présents pour épauler Diego. Il manque juste le bassiste Federico Caprai et le chanteur Simone Cecchini, l'autre tête pensante du groupe. 
La Materia del Suono est le résultat de plusieurs années d'un processus d'élaboration de compositions personnelles regroupées sur un album qui se présente en deux parties comprenant chacune six titres. Le tout est instrumental à une exception près dont on va reparler. La musique est dans l'ensemble très fluide. L'omniprésence du piano y étant sans doute pour beaucoup. Ce pianoforte est de fait le fil conducteur de chaque composition, souvent appuyé par les instruments à vent d'Eva Morelli.
La première partie, "L'armonia della natura", parfois proche du smooth jazz, est surtout marquée par le lumineux et épique "Macchia verde". Les morceaux se suivent, sans jamais se ressembler, et font penser à autant d'illustrations musicales pour un documentaire visuel imaginaire. 
Mais ma préférence va très nettement à la deuxième partie de l'album, "Sull'artificio dell'uomo". Cette succession de six titres est réellement magique. Ce n'est sans doute pas un hasard si elle évoque à plusieurs reprises les intonations d'Il Bacio della Medusa. Beaucoup plus prog, elle présente de nombreuses variations intéressantes avec en prime quelques traits mélodiques très réussis ("Fragole di Cinabro" et "Mimesi"). Quelques touches de musique ethnique ("Antropomorfa") et de musique folklorique ("Sublimazione") viennent judicieusement donner de belles couleurs à cette deuxième partie de l'album. Les deux derniers morceaux sont eux  particulièrement remarquables. "La plastica" tout d'abord, est une composition nettement plus mouvementée que le reste de l'album. Elle évolue sur une suite de rythmiques impaires. Sage jusque là, le piano y est ici complètement endiablé. Passionnant pendant ses presque huit minutes, le morceau semble être un condensé d'énergies puissantes habilement domptées par Diego Petrini. "Ciò che trascende" ensuite est donc le seul titre chanté. Alvaro Fella (Jumbo) y apparaît à son avantage et est bien plus à sa place en invité dans le contexte de cette forte chanson que dans celui d'un pseudo prog italien fabriqué au jus d'IA (suivez mon regard).  
Avec La Materia del suono, Diego Petrini démontre qu'il n'est pas que le batteur et claviériste d'Il Bacio della Medusa mais également un excellent compositeur. Il dévoile aussi beaucoup de sa personnalité et de sa sensibilité qui étaient jusque-là masquées par l'identification à un groupe qui possède, il est vrai, une forte identité musicale. Ce premier album solo de Diego Petrini, longuement mitonné, méritait vraiment de voir le jour.  

La tracklist

"L’Armonia della Natura"
1. Come in mare le onde 8:23
2. Alla Deriva 6:51
3. Macchia Verde 2:36
4. Immagini al Tramonto 5:55
5. Etere 7:38
6. Sangue Freddo 4:17

"Sull'artificio dell'uomo"
7. Fragole di Cinabro 4:01
8. Antropomorfa 3:37
9. Sublimazione 3:23
10. Mimesi 5:00
11. La Plastica 7:52
12. Ciò che Trascende 5:44
 
Sortie : le 20 jui 2025
 

Liens écoute :  

mercredi 11 juin 2025

Celeste : Anima Animus

Depuis le réveil de Celeste en 2016, Ciro Perrino enchaîne les sorties d'albums à un rythme soutenu, qu'on en juge : Il risveglio del principe en 2019, Il principe del regno perduto en 2020, Celeste with Celestial Symphony Orchestra en 2022 et à peine un an après, Echi di un futuro passato en 2024, cet Anima Animus. Il est vrai que Ciro est entouré d'une équipe solide de musiciens tous fidèles à leur poste depuis la renaissance du groupe, sur lesquels il peut compter. Il est également avéré que l'ami Ciro fait preuve d'une créativité prolifique. Pour preuve ce nouvel opus intitulé Anima Animus. Un titre qui fait évidemment référence à la théorie développée par Carl Gustav Jung notamment dans Types psychologiques. Il tente, dans ce livre, d'étudier la personnalité humaine (définitions et interactions) en se basant sur des identifications de fonctions psychiques, d'attitudes et de concepts sexués (anima et animus donc), la transposition la plus pertinente restant sûrement celle qui est relative à la Persona. Tout cela non pas pour étaler ma science mais bien pour éclairer le propos musical de Ciro Perrino qui, à l'évidence, a voulu exposer en un peu plus de 60 minutes de belle musique sa vision de la pensée jungienne. Comme l'affirmait justement Jung : "Il n’y a pas de création sans ombre et sans le côté obscur des choses".
Normalement à ce point de ma chronique, j'ai sûrement perdu quelques lecteurs. Alors, pour que tout le monde recolle au peloton, on va parler musique et uniquement musique ! Et croyez-moi, cet album le mérite. Le titre d'ouverture, "Anima animus", s'impose d'emblée comme une très belle composition progressive assimilable à un prélude relativement libre dans sa forme tout en étant rigoureux dans son contenu. Après ce premier morceau épatant, l'album prend une tournure un peu différente avec le très jazzy "Roots and leaves" propulsé par un irrésistible groove, hanté par un Mellotron et illuminé de longs chorus funky de flûte et de saxo. Cet incroyable titre semble tout naturellement ouvrir pour "Cosmic Carnival" qui, tout en gardant une forte tonalité jazzy, a été pensé sur une trame rythmique relativement complexe nécessitant l'intervention de nombreuses percussions. Il y a d'ailleurs bien un air de carnaval qui émane de ce morceau ou plus exactement une réminiscence de déambulation d'un orchestre de rue comme on en entend si souvent à la Nouvelle Orléans, impression encore renforcée par les ponctuations régulières de saxophones. A côté, "De Rerum Natura" se révèle beaucoup plus calme, à la frontière d'un romantisme naturaliste. Plusieurs instruments à vent personnifiant à tour de rôle des êtres vivants de la faune et de la flore. Ainsi va la nature des choses tentait d'expliquer Lucrèce en son temps. Le décors est ainsi prêt pour accueillir Ines Aliprandi dont les vocalises vont enchanter tour à tour "Lilith" puis "El Mundo Perdido", ce dernier morceau oscillant entre New Age, World music et résonances ethniques. Tout le monde se détend le temps du jazzy cool "Secret Crime" émaillé du malicieux chant en doo-wop d'Ines. Difficile de résister à l'envie de bouger en rythme sur cette très longue parenthèse décalée mais à la vibration régénérante.
On comprend facilement que Ciro ait gardé le morceau le plus symphonique et le plus majestueux pour la fin. "Moon and Cloud Dancing" est une très belle suite assimilable à de la prog pastorale gorgée de nombreux instruments à vent (bois et cuivre) mais aussi de piano et de guitare classique, remarquablement orchestrés. Il est bon de noter la très grande habileté de Ciro qui réussit à tenir l'intérêt pendant 12 minutes grâce à des enchaînements parfaitement naturels de performances instrumentales et vocales avec un prime un joli petit final d'accord de piano plaqué en sustain.

Pour ce cinquième épisode du Celeste du XXIème siècle, son démiurge, Ciro Perrino, démontre qu'il reste sur une trajectoire gagnante que l'on pourrait très simplement justifiée par l'inspiration, ce qui serait déjà bien et qui est d' ailleurs le cas. Mais je vois trois autres raisons qui font la différence :
- d'abord, une évidente qualité dans l'écriture musicale, autrement dit un vrai travail de compositeur.
- ensuite, une couleur différente d'un album à l'autre avec une volonté de ne pas reproduire les mêmes schémas et le même type de musique à chaque fois (vous pouvez me faire confiance, je viens de réécouter tous les CD à la chaîne).
- enfin, Ciro a été batteur avant d'élargir son spectre de musicien instrumentiste, notamment aux claviers, et cela se ressent. Le travail sur les percussions et plus généralement sur les parties rythmiques fait souvent la différence sans que l'auditeur s'en rende forcément compte.

Et ce n'est pas fini ! Car loin d'être à court de projets, Ciro Perrino prévoit déjà une performance pour la fin de l'année, "Celeste meets Celtic Harp", qui sera l'occasion de proposer une musique acoustique basée sur la harpe celtique de Claudia Murachelli accompagnée d'instruments divers comme des flûtes baroques, du luth de la Renaissance ou encore du oud. Puis en 2026, pour les 50 ans de la sortie de Principe di un giorno, le groupe actuel en fera une nouvelle interprétation avec cette fois les paroles en anglais comme cela était prévu à l'origine en 1976. Voilà qui augure encore de très beaux moments musicaux.

Le groupe : Ciro Perrino (Mellotron, Eminent, Solina, Oberheim, Minimoog, ARP 2600, EMS AKS, percussions), Enzo Cioffi (batterie), Francesco Bertone (basse), Marco Moro (flûtes), Mauro Vero (guitares).
Autres intervenants : Ines Aliprandi (chant), Marco Canepa (piano), Mirco Rebaudo (saxophones, clarinette), Paolo Maffi (saxophones), Enrico Allavena (trombone, tuba), Davide Mocini (guitare 12 cordes sur 3 et 6), Marco Fadda (percussions).

La tracklist :

1. Anima Animus
2. Roots and Leaves
3. Cosmic Carnival
4. De Rerum Natura
5. Lilith
6. El Mundo Perdido
7. Secret Crime
8. Moon and Cloud Dancing

Sortie : 30 avril 2025 (digital), 15 mai 2025 (CD, vinyle)
Label: Inner Garden Records 

samedi 7 juin 2025

Cafuné : Tra le corde dei racconti

Avec la sortie de ce premier album du groupe Cafuné, nous sommes clairement plus dans l'univers musical de la folk anglaise des années 60 et 70 que dans celui du rock progressif italien voir même du prog tout court. Mais je me dois de vous en parler car le line-up du groupe comprend Antonio Pincione, ancien membre des groupes Lethean et surtout Bededeum dont vous aviez pu lire sur ce blog, une chronique de l'album Oltre il sipario qui reste pour moi un modèle du genre. La présence d'Antonio Pincione est à elle seule un gage de qualité et de délicatesse.
Le mot "Cafuné" est un terme portugais intraduisible qui exprime la manière tendre de passer ses mains dans les cheveux de l'être aimé, de son conjoint, mais aussi d'un enfant, d'un bébé.
C'est bien cette douceur humaine que Cafuné veut faire passer dans son album qui est constitué de 9 chansons pour autant d'histoires musicales qui sonnent comme des contes ancestraux.
Car comme je l'évoquais en introduction, difficile de ne pas penser aux grandes références britanniques du genre à commencer par Pentangle, Fairport Convention, Fotheringay, Amazing Blondel mais aussi le vieux Jethro Tull grâce aux parties de flûtes jouées par Floriana Benedetti.
Si vous êtes preneurs de magnifiques ballades raffinées et de mélodies splendides évocatrices du temps passé et des terres lointaines du Mordor, et plus récemment si vous avez aimé Anandammide, alors cet album est fait pour vous. Il est toujours agréable de retrouver le charme d'un folk british à l'ancienne.

Le groupe : Antonio Pincione (guitares acoustiques, bouzouki), Irene Lippolis (chant), Chiara Vatteroni (harpe celtique), Emanuele Casu (basse), Floriana Benedetti (flûte, synthétiseur), Michele Vannucci (batterie, percussions). 

La tracklist :
1 - Cafuné
2 - Fata del Jazz
3 – La Huesera
4 – Aronte e la Sirena
5 - Follia
6 - Giordano
7 – Caligo
8 – Alhambra 1492
9 – Ninna Nanna

Sortie : 21 juin 2025

Label : M.P. & Records
Distribué par G.T. Music Distribution

jeudi 5 juin 2025

Phil Selvini & The Mind Warp : T.E.T.R.U.S.


Nouveau venu sur la scène prog italienne, Phil Selvini est un musicien qui pratique habituellement la guitare et le chant. Egalement compositeur, il publie aujourd'hui son premier album solo accompagné de son groupe : The Mind Warp.
Vous remarquerez une illustration de pochette qui représente un personnage qui semble être un improbable croisement entre un animal préhistorique et un monstre tout droit sorti d'un mauvais film de Sci-Fi. La petite bête répond au nom de T.E.T.R.U.S. qui est en fait un acronyme regroupant les mots suivants Time, Eternal, Try, Redemption, Unique, Shine. Même si la signification paraît un peu absconse, il semble qu'il s'agisse d'une sorte de message codé que doit délivrer le bestiau aux futurs civilisations qui peupleront la Terre. J'en profite pour préciser que cet artwork n'est pas une génération IA mais a bien un créateur humain, en l’occurrence l'artiste Francesco Mucciacito.
Avec T.E.T.R.U.S. Phil Selvini propose une musique qui rend hommage au rock progressif des années 70 (cf. notamment des allusions régulières à King Crimson) avec la volonté de créer des structures complexes et des chansons de longue durée pour ne pas dire étirées. Nous allons voir que c'est effectivement le cas avec, et c'est la bonne surprise (j'anticipe un peu), du très bon contenu musical. Pour beaucoup, les morceaux présentés ont déjà été préalablement joués par Phil Selvini avec d'autres groupes. C'est peut être ce qui donne cette maturité étonnante à l'ensemble de l'album duquel se dégage également une réelle profondeur.
"To Make Ends Meet" traite de l'aliénation et du contrôle des masses. Malgré des structures rythmiques nerveuses et heurtées, les ambiances développées gardent un côté lancinant à la fois attachant et déstabilisant. Dans la deuxième partie du morceau, plus onirique, le chant évoque Sigur Ros. Il y a dès ce premier titre quelques belles envolées qui augurent du meilleur pour la suite de l'album. Ce qui va être le cas ! "Reverie" est une composition instrumentale qui regorge de sonorités d'orgue vintage sans oublier une guitare électrique qui prend le lead mélodique. Le morceau est réellement passionnant et le rythme, ici très soutenu, ne fait qu'amplifier cette impression de cavalcade symphonique. Un vrai petit bonheur de 5 mn à lui tout seul. Le faussement calme "Riding In The Fog" se distingue par ses mélodies ascendantes et ses passages fantomatiques évoquant des délires nocturnes où les rêves se transforment en cauchemars. Il se dégage de ce morceau une force tranquille qui tient l'auditeur en haleine pendant plus de 8 mn quand même. La ligne de basse, lourde et omniprésente sans être envahissante, est particulièrement bien vue. Le  long chorus final de guitare électrique clôt en apothéose ce titre. Avec son piano mélancolique  et son chant introspectif, "The Last 48 Hours" fait penser à une élégie touchante et sincère de laquelle monte progressivement une sensation d'émotions difficilement contenues. L’enchainement avec la longue suite "The Mind Warp" se fait tout naturellement avec cette intro portée par ce piano toujours dépressif et ce chant plaintif régulièrement doublé. La suite du morceau se révèle heureusement plus vivante voire parfois même carrément très rock sur certaines séquences. Mais de manière plus générale, après ce que l'on pourrait appeler un faux départ de 3 mn 30, cette pièce baigne dans les sonorités vintage de guitares fuzz et surtout de claviers (piano, orgues, Mellotron, synthés) dont Selvini et Sebartoli font un usage intensif mais toujours parfaitement pertinent. Certains passages sont absolument sublimes et rappellent à nouveau Sigur Ros par leur pureté. S'il ne fallait retenir qu'un morceau de cet album, ce serait incontestablement cette suite à rebondissements remarquablement menée de bout en bout jusqu'à ce long final suffocant et pachydermique (oui il y a du doom là-dedans), dégageant une tension et un sentiment de puissance implacable comme je n'en avait pas ressentis depuis longtemps. Ce très long titre, proche de la demi-heure (26 mn 18), se révèle également beaucoup moins rétro-prog qu'on aurait pu l'imaginer. Je lui trouve même des accents de modernité parfaitement bienvenus. Je ne vous cache pas non plus qu'en écoutant ce morceau, j'ai pensé à Steven Wilson (il y a quelques rares moments qui s'approchent de ses travaux en solo notamment de The Raven that refuse dto sing) et je me suis fait la réflexion que les Italiens se hissaient largement à la hauteur de l'Anglais.
Enfin, une remarque concernant la voix de Phil Selvini qui s'avère être un réel plus à chaque fois qu'il intervient avec un chant en anglais qui prend ici tout son sens et se fond parfaitement dans le contexte de ces compositions.
Voilà qui fait de T.E.T.R.U.S. une belle découverte mais aussi un premier album très prometteur pour le devenir artistique de Phil Selvini & The Mind Warp. Je me dis qu'avec des musiciens de ce calibre, il y a encore de belles années à venir et de beaux moments à vivre pour le rock progressif.

The Mind Warp : Phil Selvini (guitares, chant, Mellotron, effets divers), Leonardo Spampinato (guitares), Davide Sebartoli (claviers), Francesco Scordo (basse), Leonardo Puglisi (batterie).

La tracklist

  1. To make ends meet
  2. Reverie
  3. Riding on the fog
  4. The last 48 hours
  5. The mind warp

Label : Luminol Records (http://www.luminolrecords.com


dimanche 1 juin 2025

Daal : Decoding the emptiness

Decoding the emptiness, le nouvel album studio de Daal sort exactement à la même date (14 mai 2025) que le live Waves from the underground. Voilà qui pose quand même largement la question, du coté du label du groupe, de la pertinence de ces deux mises sur le marché concomitantes. Mais après tout, Daal étant une groupe qui fait dans la qualité, on ne pourra que se réjouir de cette abondance soudaine d'offres musicales.
Car, une fois encore le travail réalisé par le duo Costa/Guidoni est de très belle facture. Tout au long de l'album et de ses huit pistes, on y trouvera ce qui fait la force de Daal : tout principalement des recherches d'atmosphères sonores inspirées par des états d'âme introspectifs mais aussi une manière très personnelle d'expérimenter dans la douceur, et enfin une volonté permanente de préserver une qualité mélodique qui de fait ne se dément jamais.
Au premier abord, l'univers musical de Daal pourra vous sembler un peu froid, en marge d'un prog nordique ("Mademoiselle X" évidemment !). De fait, la sensation est bien réelle même si une chanson comme "Twilight" vient tempérer cette impression.
Mais ce qui compte c'est le résultat et il se révèle vraiment à la hauteur. Il se pourrait même que Decoding the emptiness soit le meilleur album de Daal, en témoignent :
- la magnifique pièce " Horror vacui" aussi rugueuse dans ses moments tortueux qu'ensorceleuse dans ses phases plus calmes.
- l'imparable vortex sonore "Simulacea" qui semble vouloir vous engloutir avec ses contorsions reptiliennes.
- les 13 minutes d'émotions fortes délivrées par "D.O.O.M." qui n'est ni plus ni moins qu'un inexorable voyage sonore s'apparentant à des montagnes russes fait d'emballements soudains et de dépressions inattendues !
- l’énigmatique "Return from the spiral mind" qui recèle une multitude d'éclats moirés. Les amateurs du groupe relèveront d'ailleurs que ce titre est une relecture de la longue pièce de 22 minutes que l'on trouvait en 2 parties sur l'album précédent Daedalus.

Decoding the emptiness se savoure donc pour ce qu'il est, c'est à dire un album sans faille recelant moult moments de grande beauté, mais aussi comme une confirmation de l'excellence du savoir-faire du groupe Daal et plus particulièrement de ses deux maîtres à penser Alfio Costa et Davide Guidoni efficacement épaulés par Ettore Salati  et Bobo Aiolfi. Finalement l'évidence est là : Daal ne déçoit jamais !

Le groupe : Alfio Costa (piano, Fender Rhodes, orgue Hammond, Mellotron, Minimoog, Moog, synthés), Davide Guidoni (batterie, percussions, samplers), Ettore Salati (guitares), Bobo Aiolfi (basse).

Avec aussi : Joe Sal (chant sur 1) et Alphabeard (chant sur 3)

La tracklist

  1. Decoding the emptiness
  2. Attic clouds
  3. Twilight
  4. Horror vacui
  5. Simulacea
  6. Mademoiselle X
  7. D.O.O.M.
  8. Return form the spiral mind

jeudi 29 mai 2025

Albus Diabolus : Compendio Esoterico Elettronico

Normalement si vous suivez mon blog, vous connaissez maintenant bien Mater a Clivis Imperat, le groupe drivé par Samael von Martin. Si c'est le cas, il ne vous a pas échappé que la claviériste d'Il Tempio delle Clessidre, Elisa Montaldo, avait été associée à la réalisation des deux albums de cette formation assimilée au dark prog. Dans la continuité de cette collaboration, il était donc logique que les deux musiciens montent un projet commun. 
Voici donc Albus Diabolus !
Tremblez pauvres mortels car avec Compendio Esoterico Elettronico, vous entrez dans le monde des morts-vivants. Chaque note qui vibre provoque le malaise ("Homorphus", "Outro"), chaque son qui résonne évoque la peur ("Elettro sabba", "Potentissimis", "Noctua"). 
Derrière l'obscurité, Pandémonium existe donc réellement, cette ville où règnent Satan et ses pairs, le royaume des cérémonies occultes ("Albus diabolus", "Liturgica", "E cosi sia") et des rites ("Dada shining" "Rituale") dédiés au culte du diable blanc. Mais il y aussi une cantina, pas celle de Mos Eisley bien sûr, pourtant l'ambiance n'en est pas si éloignée. Incubes et succubes s'y trémoussent joyeusement ("Sommi spiriti") sur le dance floor.
Le projet musical porté par Albus Diabolus a le mérite de sortir des sentiers battus sans non plus être furieusement novateur. Car la base d'inspiration revendiquée par Samael est bien la synthwave des années 2010, elle-même héritée de la coldwave des années 80. Si l'on en restait là, votre serviteur serait sûrement au plus mal pour continuer cette chronique. Mais tout l'art de Samael et d'Elisa est justement de partir de ce susbstrat musical et d'y rajouter des doses de dark wave, de gothic ambient, d'electronic sounds et même de metal doom dans des proportions qui relèvent du secret d’alchimiste. Car si je prends les trois premiers morceaux qui ouvrent l'album mais aussi un peu plus loin "Elettro sabba", le résultat est absolument bluffant. Le concept atteint pour moi ses limites avec "Sommi spiriti" mais d'un autre côté il permet aussi des concrétions sonores inattendues comme "E cosi sia", "Noctua" et "Outro".
La manière de jongler entre ces différents genres musicaux, quand même très typés, est assez bien vu. Cette façon de perturber brusquement par des salves de guitares surpuissantes ou mieux par des montées orgasmiques d'orgue liturgique, ces atmosphères musicales d'un froid glacial, façonnées par des synthés et des boîtes à rythmes, donne des effets sonores assez saisissants.
Je ne sais pas si ce projet aura une suite mais ce qui est sûr, c'est que la collaboration entre Samael Von Martin et Elisa Montaldo, entamée avec Matera Clivis Imperat, entérinée avec Albus Diabolus, se révèle vraiment intéressante sur la durée. Le fait est que leurs univers musicaux se rejoignent, leur permettant ainsi d'aboutir à une complémentarité fructueuse mais aussi à une identité artistique commune qui pourrait être qualifiée de dark mood ésotérique. Alors, à quand un projet complètement axé Jacula/Antonius Rex ?

Le line up:
Il Diavolo (Samael Von Martin): chant lead, guitares, synthés, claviers, basse
Elisa Montaldo: chant, chœurs, claviers, synthés, programming, arrangements.
Simòn Fèrètro : guitare lead
Alessio Saglia : orgue d"église
Natalija Brankovic : récitante

La tracklist:
1. Albus Diabolus
2. Homorphus
3. Liturgica (en écoute en cliquant sur le titre)
4. Potentissimis
5. E Così Sia...
6. Dadashining
7. Elettro Sabba
8. Sommi Spiriti
9. Noctua
10. Rituale
11. Outro

Sortie prévue le 11 avril 2025 puis le 30 mai 2025 et une nouvelle fois reportée !

Label : My Kingdom Music

 


 

samedi 17 mai 2025

Paola Tagliaferro e La compagnia dell' Es : Il suono delle sfere - The sound of the spheres

Ces dernière années, Paola Tagliaferro a très souvent fait parler d'elle (en bien) en sortant des enregistrements rendant hommage aux chansons de Greg Lake. Mais Paola est avant tout une artiste complète à la spiritualité profonde. Pour mieux vous situer la dame, elle a ainsi collaboré avec Paul Roland, Paolo Tofani, Francesco Paolo Paladino, Claudio Milano, entre autres.
Cette fois, elle se propose de nous présenter un projet imaginé et construit sur le concept de l'ankh, la clé égyptienne antique qui représente la vie éternelle. Les textes, écrits par Paola, sont ainsi déclinés sur l'idée d'une approche du cosmos à travers ses pulsations et ses vibrations énergétiques. José Pulido est l'auteur des paroles de "Plutone". Quant à la poésie illustrant "Marte", elle est signée d'une de mes vieilles connaissances, Claudio Pozzani. Le tableau artistique est complété par une couverture allusive créée par une jeune illustratrice talentueuse, Fiamma Diletta Cremonese. Pour ce dessin, elle a pris pour base une photo de Paola pour en faire émerger une silhouette éthérée et puissante représentant la lumière du corps astral projetée vers les sphères célestes.
L'univers musical de Paola est fluide, calme et serein. Les pistes se succèdent avec une sensation d'harmonie permanente. La tonalité générale est très homogène tout en attribuant à chaque chanson sa propre personnalité avec parfois quelques surprises comme le symphonisme qui émane de "Pianeta degli anelli" ou encore l'orientation nettement jazzy appliquée à "Plutone". L'odyssée de Paola oscille entre le format chanson et l'influence d'un soft prog toujours amené par petites touches, "Mercurio" étant un bon exemple de cette manière de construire les morceaux avec, en l'espèce, de délicieuses sonorités de mellotron en arrière-plan. D'ailleurs, à l'écoute de l'album, on comprend que chaque musicien a su innover et apporter quelques traits d’originalité sur certaines parties. Ainsi Pier Gonella se fend d'un solo néo-baroque à la Malmsteen sur "Titani ghiacciati". Sur "Marte" qui détonne un peu avec un rythme plus affirmé et un chant beaucoup plus énergique de la part de Paola, le même Pier Gonella en profite pour délivrer un autre chorus dont il a le secret. Sur "Luna", c'est Luca Scherani qui illumine tout le morceau de ses synthés.
Dans Il suono delle sfere Paola se livre. La femme et l'artiste ne font qu'une. C'est sans doute pour cette raison que la sincérité de Paola transparaît à chaque instant de cet enregistrement. C'est aussi pour cela que sa musique a une âme qui confine même parfois à l'envoûtement comme sur "Giove". Dans tous les cas, c'est vraiment un moment de grâce que nous fait vivre Paola.
Ajoutons que l'album est présenté dans une édition bilingue Il Suono Delle Sfere / The Sound of the Spheres. Il sera déposé sur les plateformes digitales habituelle le 18 mai 2025 et il sera ensuite proposé en version CD à partir du 30 mai 2025 par BTF et Black Widow. 
 

La Compagnia dell’Es : Paola Tagliaferro (chant), Pier Gonella (guitares, basse), Luca Scherani (piano, claviers), Andrea Orlando (batterie).

La Tracklist :

  1. Ankh
  2. Luna
  3. Sole
  4. Mercurio
  5. Venere
  6. Marte
  7. Giove
  8. Titani ghiacciati
  9. Pianeta degli anelli
  10. Plutone

Label : OWL RECORDS

Voici les liens YT pour :

écouter l'album

voir la video de "Ankh, il viaggio"

 


vendredi 9 mai 2025

Raccomandata con Ricevuta di Ritorno : in fuga

 
Raccomandata con Ricevuta di Ritorno fait partie de ces formations italiennes ayant acquis une forme de statut culte en sortant un seul album durant les 70' avant de disparaître dans les limbes du prog italien. En ce qui concerne RRR (on va faire court avec le nom du groupe !), Per un mondo di cristallo, enregistré et publié en 1972, était plutôt un disque de milieu de tableau. Pas un chef d’œuvre certes mais un bon témoignage de ce qui se faisait à l'époque en Italie.En tout cas, l'affaire avait tourné court et l'on avait retrouvé, deux ans plus tard, le chanteur Luciano Regoli et le guitariste Nanni Civitenga dans la formation Samadhi, beaucoup plus convaincante à mon goût.
Après une très longue période sans nouvelle de RRR, ce sont les mêmes Regoli et Civitenga qui ont réactivé une première fois le groupe en 2010 avec à la clé un nouvel album studio, Il pittore volante, très éloigné au niveau style de son ancestral prédécesseur mais de très bonne tenue avec à l'évidence un très gros effort de créativité fourni aussi bien pour la musique que pour les arrangements et les paroles. Le groupe, mené par les deux mêmes musiciens, a ensuite publié un album live en 2015 (Live in Elba) et un EP en 2019 à l'occasion du Record Store Day (In rock). Ce In rock reste un disque assez surprenant avec une nouvelle évolution du  style, cette fois vers quelque chose de plus dark et plus lourd, la présence de John Macaluso derrière les fûts et la reprise de "Mr Crowley" venant confirmer cette orientation provisoirement heavy, Luciano Regoli faisant même parfaitement illusion en screamer hardos.   
Dire qu'en 2025, on attendait un nouvel album de RRR serait mentir. La publication de In fuga peut être être considérée comme une surprise.
Nous voilà donc avec ce CD entre les mains, emballé dans une très belle pochette signée Luciano Regoli (l'homme est également peintre), et six nouveaux titres à écouter. 
Dès l'entame de la première piste, "Incubo", le suspens disparaît. Regoli et Civitenga ont décidé de poursuivre dans la voie explorée avec In rock mais en mieux. On a affaire à un hard prog haut de gamme que l'on va retrouver à plusieurs reprises tout au long de l'album, à chaque fois enrichi par des interventions de saxophone (la classe sur "Ancora l'ombra") mais aussi de violon et de flûte. Le résultat est globalement intéressant, voire étonnant, avec une profusion de changements d''ambiances, le tout évoluant en permanence entre le clair et l'obscur, "Mary Reilly" étant un bon exemple de cette manière de souffler alternativement le chaud et le froid avec l'impression d'être embarqué en permanence dans un ascenseur émotionnel.  Les compositions sont convaincantes et font toutes leur petit effet à commencer bien sûr par le hard rock efficace d'Incubo qui enfonce tout sur son passage. Ce qui a toujours caractérisé RRR, c'est à dire une forme d'exubérance dans le propos, est ici parfaitement utilisé et maîtrisé, bien mieux à mon avis que sur les précédents enregistrements du groupe même si on est désormais loin d'un quelconque prog italien. Quelques repères ethniques et folkloriques sont par contre intégrés, je devrais dire dilués, dans certains morceaux, comme dans "Sognando" et "Nubiano", pour obtenir des sonorités plus corsées et chaudes pour un  magnifique rendu dans le cas de "Nubiano".  
Il faut également ajouter que Luciano Regoli semble au sommet de sa forme et que ses interventions vocales n'ont jamais semblé aussi puissantes et expressives.
Tout cela fait que je ne suis pas loin de penser que cet album est le meilleur de Raccomandata con Ricevuta di Ritorno !  

La tracklist :
  1. Incubo
  2. Mary Reilly
  3. Sognando
  4. Nubiano
  5. Ancora l'ombra
  6. Sandrina

Sortie le 9 mai 2025 en édition CD papersleeve et LP vinyle


 
 

dimanche 4 mai 2025

Wilson Project : Atto primo

Lors du festival Veruno 2023, Wilson Project avait fait une trop courte prestation au Forum 19. Depuis, je n'ai pas revu le groupe en concert, je le regrette d'autant plus que la formation, originaire de la jolie petite ville d'Acqui Terme, vient de frapper un grand coup. En effet, son second album, sorti récemment, se révèle être une merveille de rock progressif italien combinant le meilleur des atmosphères si particulières des années 70 à des sonorités plus modernes distillées toutefois avec beaucoup de discrétion.
A l'évidence, les quatre membres de Wilson Project sont autant inspirés par la longue tradition du prog italien que par la culture lyrique de leurs pays. Voilà pourquoi Atto Primo est présenté comme un hommage à l'opéra. De fait, chaque composition se réfère à une œuvre lyrique et à son compositeur.
Ceci étant précisé, je vous rassure, tout cela reste très prog mais il y a dans la musique de Wilson Project une manière très personnelle de mêler l'énergie et la luxuriance du rock progressif italien avec des atmosphères dramatiques permettant de produire des séquences dominées par une puissante tension émotionnelle. Dans cet univers, la chanteuse Annalisa Ghiazza évolue avec grâce et survole avec aisance son sujet.  Petit bout de femme mais grande capacités vocales. Même, si elle reste plutôt dans un registre mezzo, quand elle donne vraiment de la voix, c'est tout à fait réjouissant (cf. "Taiji" et encore "Bolshoi"). Elle est épaulée par trois musiciens efficaces et à ce sujet, les lecteurs plus sagaces auront remarqués qu'il n'y a pas de guitariste sans que cela ne crée, à aucun moment, un manque ou une frustration. Il faut dire qu'Andrea Protopapa se déploie de manière étonnante entre ses claviers et ses synthés. Il a notamment une manière tout à fait jubilatoire de faire fuser ses orgues mais aussi de faire sonner délicatement son piano. Nous avons ainsi régulièrement droit à des parties instrumentales de toute beauté (cf. "Ragnarok"). J'ajoute que la section rythmique n'est pas en reste et l'attelage Stefano Repetti à la basse) et Mattia Pastorino à la batterie est hyper solide, soutenant sans jamais faillir les constructions les plus alambiquées donnant tout leur intérêt aux six compositions (cf. "Duat" et son fantastique final).

Atto primo est un disque qui fait vraiment bien plaisir à entendre. Non seulement il entérine la très bonne impression laissée par Il viaggio da farsi, le premier album publié en 2022 mais il est produit par une équipe composée de très jeunes musiciens. Voilà qui donne beaucoup d'espoirs pour la suite du RPI actuel. Bienheureuse la péninsule italienne qui peut sortir autant de groupes talentueux. Car, bien évidemment avec ce second album Wilson Project se place parmi les groupes les plus prometteurs du prog italien. Mais, je le sens, ses membres peuvent faire encore beaucoup mieux. L'avenir du prog italien est en marche !

Le groupe : Annalisa Ghiazza (chant, aerophone), Andrea Protopapa (claviers), Stefano Repetti (basse),  Mattia Pastorino (batterie).

La tracklist :

  1. Ouverture
  2. Taiji
  3. Bolchoi
  4. Ragnarok
  5. Nionga
  6. Duat  
Sortie : 23 avril 2025
 

jeudi 1 mai 2025

Gazzara : Criminal sounds

Le compositeur et claviériste romain Francesco Gazzara nous avait régalé en 2022 avec son album Progression, un hommage brillant au rock progressif anglais en général et à Genesis en particulier.
Il revient cette fois avec un nouveau projet qui ne peut que me ravir. En effet Criminal sounds est bien, comme son sous-titre l'indique un voyage musical dans les films de flics et les spy movies des années 60 et 70. Et il ne s'agit pas de n'importe quel périple puisque Francesco Gazzara nous offre des interprétations de grands thèmes signés de John Barry, Dave Grusin, Lalo Schifrin ou encore de l'incontournable Ennio Morricone. Mais l'intérêt principal de l'affaire réside dans le fait que Criminal Sounds n'est pas un simple album hommage au genre en question mais bien une interprétation originale. En effet, un groupe de jazz/rock/funk typique se substitue aux ensembles orchestraux habituellement sollicités pour exécuté ces partitions en général plutôt fouillées. La formation réunie autour de Francesco Gazzara (Hammond, Rhodes, Mellotron et synthétiseur ARP) comprend de solides gaillards : Mauro Mirti à la batterie, Massimo Sanna à la basse, Bruno Previtali et James Gazzara aux guitares électriques. Avec son armada de claviers, Francesco Gazzara se charge quant à lui de traduire et de transformer les partitions écrites pour orchestre en un habillage sonore vintage et psychédélique. Et c'est plutôt très réussi !
L'album comprend quinze titres, autant dire quinze  highlights !
On démarre dans le velours avec  "Hung up on my baby", la chanson d'Isaac Hayes tirée de la B.O. du film policier Three Tough Guys. Puis le gros funk de "Gotcha!" déboule pour nous rappeler nos après-midi d’adolescence avec Starsky & Hutch à la télé. On enchaîne facile avec le "Three days of the condor" signé Dave Grusin, qui défile en mode funky cop avec le visage de Robert Redford en subliminal. Ensuite, c'est la grosse séquence Bullitt avec trois titres à suivre. A mon avis, il n'en fallait pas moins pour rendre un hommage mérité à la bande-son culte composée par Lalo Schifrin.  Un petit détour par le thème charmeur et envoutant de Serpico que l'on doit à  Mikis Theodorakis et il est temps d'attaquer la série des 007 avec ce que l'on peut appeler quatre véritables hits. Ma préférence dans le rendu va à "On her Majesty's Secret Service" dont Gazzara fait une relecture brillante avec l'ajout d'une partie rythmique au groove absolument impitoyable. Puis c'est l'incontournable titre principal de Mission impossible avec cette partition maline imaginée par Lalo Schifrin, mêlant astucieusement rythmique en 5/4 et enchainement d'accords en mode mineur avec évidemment un thème imparable pour couronner le tout. Le grand bonheur arrive (pour moi) avec les thèmes de Città violenta et d'Enquête sur un citoyen au-delà de tout soupçon qui ne font que mettre une fois de plus en lumière le style d'écriture si particulier d'Ennio Morricone, surtout quand on écoute ces morceaux au milieu de ceux créés par d'autres grands compositeurs du genre musiques de film. Gazzara termine en beauté avec "Profondo Rosso" qui a également dû rappeler des bons souvenirs à Bruno Previtali, l'ex membre de Daemonia et de New Goblin.      
Disons le tout net, tous ces morceaux sont exécutés à la perfection.  Il est même intéressant de constater que les parties orchestrales ne manquent pas du tout. Bien au contraire, certaines compositions prennent même un relief inédit, interprétées dans une version moins chargée et donc souvent plus nerveuse, avec en prime un sens du groove toujours bien présent. 
En résumé, l'écoute de Criminal sounds ce n'est que du plaisir...un tantinet nostalgique il faut bien le reconnaître.     

  1. Hung up on my baby
  2. Gotcha! 
  3. Three days of the condor
  4. Bullitt - Main theme
  5. Bullitt - Room 26
  6. Bullitt - The aftermath of love
  7. Honest cop
  8. Goldfinger
  9. Thunderball
  10. Diamonds are forever
  11. On her Majesty's Secret Service
  12. Mission impossible
  13. Città violenta
  14. Indagine su un cittadino al di sopra ogni sospetto
Label : Irma Records

vendredi 18 avril 2025

Jus Primae Noctis : Man of air


Depuis sa création en 1991, Jus Primae Noctis est relativement stable avec ses trois membres présents depuis le début (Marco Fehmer,, Beppi Menozzi, Marco Riggio), et le guitariste Pietro Balbi qui a intégré la formation en 2009. Le groupe revendique cinq albums studio et deux live même si un seul, le dernier sorti en 2020 (Istinto) est disponible.
Cinq ans après Istinto, Jus Primae Noctis est donc de retour pour ce qui ressemble à un nouvel album (attendez vous allez comprendre !). Istinto avait été une très belle surprise révélant un groupe très au point capable de délivré un prog italien certes peu révolutionnaire mais par contre sacrément bien foutu avec des moments carrément addictifs.Alors avec Man of air, on s'impatiente un peu. Qu'est ce que ça va donner cette fois ? Avec ces titres en anglais, le groupe semble avoir de nouvelles ambitions. Mais dès les premières secondes de l'écoute, le suspens retombe. Il s'agit en fait de l'album Istinto réenregistré avec toutes les paroles chantées en anglais !
J'avoue avoir un peu de mal à comprendre l'intérêt de la démarche mais après tout ce sont les membres de la formation qui assument leur choix (enfin j'espère). Au passage, je m'explique un peu mieux pourquoi le nom du groupe est passé, sur la couverture, de Jus Primae Noctis à un JPN sibyllin.
Pour ma part, je ne saisis pas ce que tout cela rajoute de décisif au précédent enregistrement, à part peut être quelques parties instrumentales mieux finies (je pense aux parties de basse de Diego Banchero). Je veux bien être gentil mais là, je ne vois pas bien ce que je vais ajouter à mon analyse d'il y a cinq ans. Faut quand même pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages !
Je ne peux donc que vous renvoyer à ma chronique de l'album Istinto en 2020 ainsi qu'à l'interview des musiciens du groupe.
Pour compléter le tout, le groupe présente son titre "A Story" en vidéo, un film qui a été tourné avec la ville de Gênes et la côte ligure en toile de fond. Vous pouvez l'écouter et la regarder en cliquant sur le lien.
Désormais les membres de JUs Primae Noctis nous doivent un nouvel album 100 % original, isn't it ?

Le groupe : Marco Fehmer (chant, guitare), Beppi Menozzi (claviers), Mario Riggio (batterie), Pietro Balbi (guitare)
Musiciens additionnels : Alex “Pacho” Rossy (percussions sur 1, 2, 4, 6, 7 9, 11), Diego Banchero (basse sur  1, 2, 4, 5, 6, 7, 8, 11), Alessandro Bezante (basse sur 3), Marina Larcher (chant sur 7), Renzo Luise (guitare sur 7),  Matteo Scarpettini (percussions sur 7, 9, 11), Luca Scherani (claviers sur 11)

La tracklist :

1. Ouverture
2. Quarto ("Stasis", "Crisis", "Safe place")
3. The Institute Of Mental Health, Burning (including "The lighter")
4. In The Dark ("In the dark", "Revelation")
5. The First Time I Saw The Light
6. DDDDD
7. A Story ("Lost in my chemistry", "Prisoner")
8. Man Of Air And The Prey 
9. Kites
10. Urgency 
11. The Prop


Label : Nadir Music

 

mercredi 16 avril 2025

Stefania Graziani & Tony Carnevale : Hands

Tony Carnevale est toujours le bienvenu sur ce blog. Cette fois, il vient nous présenter un album qui est le résultat d'une longue relation humaine et artistique avec la musicienne Stefania Graziani. Hands. Il s'inscrit dans un projet plus global appelé anora qui est une sorte de plate-forme permettant la collaboration artistique en tant qu'échange d'expériences, de stimuli, de créativité et d'humanité.
Hands a été intégralement réalisé à deux mains (on va y revenir longuement), d'où son titre. Cette co-construction comprend la composition ainsi que l'exécution aux claviers et aux samplers.
Le disque présente onze pièces instrumentales pour piano et autres instruments. Le style musical oscille entre musique classique contemporaine et symphonisme moderne, avec également une proximité certaine avec l'univers des musiques de film.
Les morceaux ont été enregistrés en jouant les instruments ensuite échantillonnés un par un. C'est un processus de composition à la fois exigeant et total qui commence avec l’idée projetée et qui se termine avec le master final. D’un point de vue conceptuel, ce mode de construction peut être rapproché de la démarche multi-instrumentaliste de Mike Oldfield par exemple pour Tubular Bells. Sur le plan artistique, dans un sens plus général, c’est la proposition d’une approche de composition semblable à celle de la modélisation des matériaux malléables (comme le ferait un potier.), avec laquelle la forme finale se définit progressivement et simultanément avec la composition, une technique qui peut être également rapprochée de l’improvisation. 

En général, j'évite le track by track sur ces pages mais là il s'impose car il est éclairant sur ce qu'on voulu exprimer les deux musiciens.

"Nelle tue mani, part. 1" : une pièce centrée sur une cellule thématique du piano autour de laquelle l’orchestre tourne et se déplace avec un rythme serré mais en développant en même des thèmes larges qui interagissent les uns avec les autres.
"Uniti e distinti" : deux violons qui dialoguent, le piano semble faire le lien en permanence et une voix humaine en arrière-plan évoque des souvenirs lointains.
"Mare calmo sotto a un temporale" : une fin d'orage, le tonnerre gronde une dernière fois, et sous une pluie insistante le piano évolue dans des tonalités sombres, soulignés par les timbales et les phrases rythmiques d’une flûte et d’un violoncelle. Peu à peu, le retour au beau temps se fait. Des instruments viennent se joindre pour accompagner un crescendo exprimant le calme et la sérénité. 
"Lo scorrere dell’acqua" : un son répété, comme une goutte qui tombe, toujours avec la même force et au même tempo, des sons de voix humaines créent une atmosphère irréelle et onirique. Le piano est toujours la racine à partir de laquelle s’entrecroise un entrelacement de phrases thématiques du violon, du violoncelle, du hautbois, de la flûte et du duduk, en dialogue continu les uns avec les autres.
"Incontri possibili" : les notes de clavecin surprennent et font remonter l'auditeur dans le temps. "Incontri possibili" est un hommage au style de Johann Sebastian Bach mais aussi au flûtiste contemporain cette fois, Ian Anderson. Le morceau évoque alors une autre interprétation possible : l’intention de transcender les genres musicaux et de libérer la musique des définitions et des compartiments étanches.
"Il tempo del cuore" : le battement du cœur marque le tempo de cette pièce avec son atmosphère intime et calme, confiée au son d’une harpe. Le piano apparaît d'abord à l’arrière-plan, puis vient progressivement au premier plan dans la partie centrale de la pièce où il enveloppe complètement le son de la harpe.
"Nelle tue mani, part. 2" : il s'agit d'une reprise du morceau d’ouverture. On peut entendre la même cellule thématique du piano, qui ici évolue, module, s’intensifie rythmiquement dans un crescendo où le violon, le violoncelle et les instruments à vent font ressortir un nouveau thème romantique. 
"Il vento sognato" : des instruments à vent qui s'agitent peu à peu avec une flûte timide qui se met en mouvement. L'orchestre se fait entendre donnant vie à une symphonie maladroite. Ce mouvement presque ivre, qu’une caisse claire tente de redresser, culmine dans un crescendo intense et un accelerando qui ralenti progressivement jusqu’à s’effondrer.
" Nel castello di carta" : les notes d’un célesta nous ramène à des atmosphères oniriques, le son du vent, qui vient de la piste précédente, nous emmène dans un autre univers. À un certain moment, le piano rompt l’enchantement en courant, de plus en plus insistant, vers les aigus jusqu’au bout du clavier, puis en cascade vers la partie la plus profonde. Le calme revient, le son du célesta s’évanouit.
"Viaggio senza dove" : le son du piano vient créer une césure avec l’atmosphère plus enjouée qui précèdait. Le paysage est ici intime et calme. Rejoignant le piano, un violoncelle fait son apparition, répondant et phrasant jusqu’à une pause. La seconde partie de l’œuvre enchaîne immédiatement. Le piano et le violoncelle intensifient leur mouvement, tandis que les percussions ethniques augmentent la tension. Dans la section finale,  une chorale intervient créant un crescendo émotionnel fort.
"Passo a due" : dans la première séquence ans Tony donne le la, puis pour la seconde phase, Stefania prend la main, avant que Tony la suive en la soutenant. Les parties des deux pianos s’entrelacent alors.
A la fin de ce dernier morceau, on retient son souffle, en espérant que ce rêve musical va durer encore car il s'agit bien d'un moment rare de grâce que l'on vient de vivre. 
Une fois de plus Tony Carnevale livre une œuvre incroyablement belle et intense mais cette fois le mérite en revient autant à Stefania Graziani. Ce duo de talents forme une bien belle association artistique dont nous sommes heureux de profiter grâce à cette première œuvre commune qui nous est offerte comme un cadeau de bienvenue. 


La Tracklist :

1. Nelle Tue Mani
2. Uniti E Distinti
3. Mare Calmo Sotto A Un Temporale
4. Lo Scorrere Dell’Acqua
5. Incontri Possibili
6. Il Tempo Del Cuore
7. Nelle Le Tue Mani (sequel)
8. Il Vento Sognato
9. Nel Castello Di Carta
10. Viaggio Senza Dove
11. Passo A Due

Label : SOUNDTRACK Records.


vendredi 4 avril 2025

ENTEN HITTI : Mistiche ribelli

Il est avant tout utile de rappeler qu'Enten Hitti est une formation un peu à part. Il s'agit en fait d'un laboratoire de recherche dédié aux arts de la scène, créé en 1996 par Pierangelo Pandiscia et Gino Ape.
Pour ce septième album, leurs réflexions les ont amené à travailler sur des domaines très particuliers comme les expériences de rituels sacrés de guérison en Afrique du Nord, en Inde et au Moyen Orient. La musique ainsi créée s’inspire de sons archaïques provenant de sources sonores naturelles ancestrales. Ce véritable voyage mystique ouvre, une fois encore avec Enten Hitti à des expériences inédites qui prennent la forme de véritables sculptures sonores desquelles émanent des réminiscences de mélodies soufis, de chant de la nuit des indiens navajos, de mantras tibétains, de litanies liturgiques chrétiennes ou encore de chants occitans. La notion de musique ethnique est à la fois bien présente tout en apparaisant diluée dans un halo spirituel qui semble joué un rôle de catalyseur ou plutôt de chemin à suivre. Ce qui fait que, de manière assez étonnante, ces dix compositions, pourtant alimentées par des influences provenant d'horizons très différents, forment un tout homogène. Un peu comme s'il existait un langage universel primaire que les membres d'Enten Hitti avaient réussi à exhumer et à retranscrire.
La démarche artistique d'Enten Hitti est donc toujours aussi passionnante mais également tellement originale. Elle mérite la plus grande attention lors d'écoutes qui ne peuvent être réalisées que dans des conditions parfaites de calme et de recueillement. 
Avec Mistiche ribelli, Enten Hitti accouche d'un album aussi lumineux à l'extérieur qu'à l'intérieur. 

Enfin, au passage, si vous voulez en savoir un peu plus sur ce groupe atypique et sur ses deux derniers albums évoqués dans ce blog, voici le lien A tutti gli uragani che ci passarono accanto et Via Lattea.

Les musiciens :
Gino Ape : hautbois, flûtes, xylophone, piano, santoor, voix
Pierangelo Pandiscia : luth, gong, trompette, psaltérion à arc, percussions
Giampaolo Verga : violon
Carmen D’Onofrio : voix
Jos Olivini : accordéon, piano, harpe celtique, table tubes.
Invités : Gianfranca d’Adda et Vicky Ferrara (percussions), Vincenzo Zitello (viola et violoncelle), Dorothy Moscowitz Falaski (chant)

La tracklist :


    1. L’uomo di dio
    2. Mater mantra
    3. Carne della stessa carne
    4. Evren mantra
    5. Le consolazioni delle ninfee
    6. Mantra del soffio
    7. Oreade
    8. Mantra delle ombre
    9. Our needs of consolation
    10. Mantra delle onde

 Label : Lizard records

 

dimanche 16 mars 2025

Silver Nightmares : Roxy Passion

Le groupe de Palerme Silver Nightmares, déjà auteur d'un EP en 2020 The wandering angel ainsi que d'un album complet en 2022, Apocalypsis, semble vouloir frapper fort cette fois, avec un nouvel EP à l'artwork accrocheur et avec surtout Göran Edman au chant pour le titre éponyme. Si vous consultez la bio du chanteur suédois, ex Malmsteen et Karmakanic, vous constaterez qu'il cachetonne pas mal, mais à titre personnel j'aime beaucoup sa voix. En tout cas le choix de Göran Edman pour interpréter "Roxy Passion" est plus que judicieux et apporte un surcroît de puissance au morceau.
En plus de la chanson "Roxy Passion" qui déménage pas mal, dans un style hard rock (çà n'étonnera personne), l'EP présentera également un autre titre inédit "Cats on the run", plus prog que hard pour le coup, ainsi que deux versions de "The blue light of a star", un morceau uniquement présenté jusque là en single.
La sortie du EP, en version digitale, est programmée au 31 mars 2025.
Voici deux titres en écoute (cliquez sur chaque lien)

mercredi 5 mars 2025

Eveline's Dust : 3

Eveline' Dust sort son troisième album le 3 mars 2025 douze ans après un premier EP Time changes. Huit morceaux sont au menus. Voici le lien bandcamp du groupe pour une première écoute et éventuellement un achat. J’ai bien écris "éventuellement" ! Car vous l'aurez compris, malgré quelques bonnes choses, cet album ne m'a pas vraiment convaincu. The paintkeeper et surtout K. me semblaient bien supérieurs (j'ai quand même pris le temps de les réécouter dans le doute). L'heure d'une remise en question est peut être arrivée pour les membres d'Eveline's Dust.  

Le groupe : Nicola Pedreschi (chante t claviers), Lorenzo Gherarducci (guitares), Marco Carloni (basse), Angelo Carmignani (batterie) + Lara Billie Moretto (chant sur "Void") 

La tracklist :

  1. Rising 2
  2. Eveline
  3. Here there nowhere
  4. Returning somewhere
  5. Grace the sound
  6. Crawl
  7. Void
  8. Better lie bitter life