vendredi 24 octobre 2025

RaraOvis : ne sveleremo l'essenza

Un peu de vent frais souffle sur le prog italien avec ce très beau ballon d'essai envoyé par le compositeur australo-italien Leonardo Pegoraro.
Enregistré à Gênes dans le Studio 77 de Matteo Ricci, cet EP implique plusieurs musiciens génois bien connus dans notre petit monde du rock progressif italien, à commencer par Fabio Zuffanti qui a supervisé l'affaire mais aussi Luca Scherani au piano, Andrea Orlando à la batterie, Mauro Serpe à la flûte, Irene Manca au chant (magnifique voix au passage). Sont également de la partie : Fabio Cinti au chant, Giulio Gaietto à la basse, Massimo Montarese et Marco Topini aux guitares, Osvaldo Loi au violon, Jacopo Gabutto aux basson, flûte et clarinette.Leonardo Pegoraro se charge quant à lui des claviers et des arrangements.
Comme vous pouvez le constater, le nombre de musiciens sollicités est conséquent et la palette d'instruments utilisés est assez large. Mais, vous le ressentirez nettement à l'écoute, les compositions élaborées par Leonardo Pegoraro le nécessitent et le méritent.
L’œuvre proposée est une suite de 22 minutes divisée en 5 parties évoquant différentes sensations de l'amour ressenties dans une même journée : "Primi passi", "Sento caldo", "Luci a mandorla", "I contours of dawn", "We will reveal its essence".
La musique est, disons le sans ambage, d'une grande richesse, mêlant habilement rock progressif, intonations médiévales et envolées symphoniques. Pegoraro apporte même quelques touches exotiques à sa musique, orientale dans la première partie avec l'utilisation d'une cloche tibétaine, africaine un peu plus loin avec des notes émanant d'un stringbow.    
Les techniques utilisées (textures harmoniques complexes, gammes originales, contrepoints, chant en canon, arrangements savants), évoquent nettement une partition écrite par un compositeur opérant une incursion - réussie - dans la musique progressive italienne. 
En cela cet EP intrigue, charme et donne envie d'entendre rapidement un album complet. 
Décidément,  ça bombarde en ce moment les nouveautés, côté RPI, Et là c'est vraiment du tout bon !

jeudi 23 octobre 2025

Sigmund Freud : Risveglio

Régulièrement, le label Black Widow réussit à sortir du néant un vieux groupe de rock progressif italien sans aucun antécédent notable, le plus souvent inconnu même des fans les plus affutés.
Même si cela ne fait pas vraiment avancer la cause, on est bien d accord, il y a quand même un vrai plaisir à retrouver l'esprit et le savoir-faire de ces précurseurs.
Voilà qui va être une nouvelle fois le cas avec Sigmund Freud, un groupe né en 1972 dans le magnifique secteur des Castelli Romani, près de Rome. Entre 1972 et 1975, ses membres ont composé et enregistrés plusieurs morceaux pour deux labels connus (EMI ou RCA) mais au final aucun album n'a jamais vu le jour. Jusqu'en 1978, année de la dissolution du groupe, Sigmund Freud a malgré tout continué a fonctionner et a participer à de nombreux concerts et rassemblements rock qui se sont principalement déroulés dans la région du Latium et dans la capitale italienne (notamment à à Villa Pamphili).
Cinquante plus tard, sollicité par Black Widow, le fondateur du groupe, Claudio Ciuffa a remis sur pied une nouvelle formation avec de nouveaux musiciens. Puis en janvier 2025, ils sont entrés en studio pour enregistrer les morceaux composés il y a cinquante ans, avec la volonté de retrouver les sensations qui avaient motivé les anciens membres de Sigmund Freud au moment de la création du groupe.
De ce côté, le pari est assez réussi car il est évident que la musique sonne assez datée avec une profusion de tonalités vintage, le résultat d'un recours limité des effets sur les instruments (guitares électriques) et d'un apport conséquent des couleurs de claviers old school (Moog, Mellotron et orgue Hammond) ce qui donne un son assez organique à l'ensemble.
Côté compositions, le progueux nostalgique du vieux RPI sera comblé avec cinq morceaux de durées respectables (entre 8 et 12 minutes). Le premier titre, "Fiori di polvere bianca", navigue dans un registre pop prog pouvant rappeler Gleemen avec un pont central plus rock qui apporte du nerf à l'ensemble. Avec "Giochi d'ombre", le groupe s'approche cette fois plus d'un prog plus candide, avec quelques accents pastoraux, à la Errata Corrige, avec là aussi un passage final plus rock. A partir du troisième morceau, le niveau semble monter d'un cran. Pas que les deux premiers titres soient mauvais, bien au contraire, mais ils pâtissent tous les deux d'un léger déficit d'originalité. Ainsi "Palla di neve" démontre dès les premières mesures une qualité d'écriture beaucoup plus affirmée. La suite du morceau ne fait que confirmer cette bonne impression de départ avec une succession de très belles séquences tant dans les variations rythmiques que dans les modulations harmoniques. Et oui, la fin du morceau fait bien penser à Eneide ! "La quiete dopo la tempesta " est un long titre de 11 minutes avec cette fois une construction en rebondissements qui nous vaut quelques belles envolées et autant de moments jouissifs. "Epilogo" est certes une composition prog de facture classique mais avec une très belle musicalité et un long pont instrumental psyché très original. Avec ce dernier morceau très apaisant, l'album 2025 (*) se termine sur cette bonne note finale. De là à penser que ce  réveil de Sigmund Freud est une forme de catharsis prog.

(*) avertissement : le label Black Widow a tenu à ajouter un medley de 17 minutes intitulé "Freud 70' medley". Il s'agit du seul enregistrement ancien conservé par le groupe. C'est donc un véritable témoignage d'époque qu'il faut appréhender avec beaucoup de mansuétude compte-tenu des imperfections inhérentes à ce type d'archives sonores. 

Le groupe : Claudio Ciuffa (guitares, flûte, saxo soprano), Marco Cavaterra (basse), Claudio Carbonetti (piano, synthés, Moog, Mellotron, voix), Evandro Gabiati (batterie, percussions), Dino Pacini (guitares), Luca Allori (chant lead, guitare acoustique).

La tracklist :

  1. Fiori di polvere bianca
  2. Giochi d'ombre
  3. Palla di neve
  4. La quiete dopo la tempesta
  5. Epilogo
  6. Freud 70' medley (bonus track) 

Date de sortie : 28 septembre 2025

Label : Black Widow Records

mercredi 15 octobre 2025

Le Orme : Il Leone et la Bandiera (version CD)

 

Deux ans après sa sortie, il est temps de s'intéresser à nouveau au dernier album en date des Vénitiens de le Orme. Vous allez vite comprendre pourquoi. 
En 2023, un coffret 3 CD intitulé Le Orme and friends avait été mis sur le marché pour un tarif beaucoup trop élevé au regard de l'intérêt des deux autres CD accompagnant l'album Il Leone e la Bandiera (voir toutes les publications à ce sujet de ce blog). Puis en 2024, un LP (encore trop cher !) présentant enfin l'album seul Il Leone e la Bandiera avait été publié à 500 exemplaires numérotés. Peu après, la version CD du même Il Leone e la Bandiera, financièrement plus abordable et comprenant en prime des bonus tracks, sortait discrètement. Je pense que vous comprenez bien le petit tour de passe-passe organisé par le label !
Une nouvelle recension de cet album me paraît aujourd'hui utile pour lui redonner le juste éclairage qu'il mérite. 
L'écoute d'Il Leone e la Bandiera débute par une ouverture (instrumentale) mêlant divers orgues et synthés aux sonorités plutôt imposantes, comme à la grande époque. C'est bien le son Le Orme que l'on entend et je dois avouer que cette introduction est plutôt dynamique Voilà un démarrage qui rassure sur la direction prise.
"Acqua di Luna" permet de faire connaissance avec Luca Sparagna, le nouveau frontman du groupe qui prend le poste, après plusieurs essais plus ou moins convaincants avec d'autres chanteurs/bassistes. Sa voix est effectivement très proche de celle d'Aldo avec par contre moins de puissance. Mais la ressemblance vocale reste troublante. Le morceau d'une grande luxuriance est tout simplement beau et n'a clairement rien à envier aux chansons pop écrites par Aldo.
"Ferro e Fuoco" démarre sur un intrigant riff d'orgue Hammond plutôt lourd. La section rythmique entre rapidement en action et le groupe déroule ensuite jusqu'au chant de Luca qui adopte une posture vocale de rocker. Étonnant mais très réussi. Les arabesques jouées au synthé par Michele Bon sont du pur Le Orme. Michi Dei Rossi se met au diapason en martelant ses peaux sur un rythme binaire. Les vénitiens de Le Orme dans un exercice de hard swinguant, c'est pour le moins réjouissant en 2024.
Quasiment enchaînée avec "Ferro e Fuoco", "Lucciole di Vetro" est une très belle chanson enlevée assortie d'un refrain superbe, sûrement une des perles de cet album qui peut sans aucune hésitation être comparée aux grandes compositions romantiques d'Aldo. Le pont d'obédience classique, jouée au piano par Michele Bon, est également de toute beauté.
"L'alba della Partenza" est un croisement réussi entre le style Le Orme et celui d'E.L.P.. Il semble que Michele Bon se soit également vraiment fait plaisir sur cette composition. Discrètement mais sûrement, au fil des pistes, la voix de Luca Sparagna s'impose et affirme sa personnalité. Une présence qui se confirme d'ailleurs également sur "Rosa dei Venti" avec sa ligne mélodique sublime reprise en fin de morceau par une chorale mixte le transformant en hymne, d'ailleurs chanté a capella sur les dernières mesures.
L'album se termine par l'énorme instrumental "Caigo" construit en forme de happening, titre dans lequel on distingue facilement une fois encore la patte de Michele Bon qui rappelle ce qu'il avait apporté au groupe pour les albums Elementi et L'infinito. Voilà en tout cas sept minutes d'un final à rebondissements bien rempli ! 

Cet album de Le Orme sorti en 2024 est en fait excellent. Il est ce que le groupe a fait de mieux depuis le départ d'Aldo en 2008, çà ne fait aucun doute car si La Via della seta (2011) était également très bon, il n'avait pas le même niveau d’homogénéité que ce Il Leone e la Bandiera qui, en outre, ne présente pas de moment faibles. Je ressens même une forme de régénération avec le sang neuf apporté par Luca Sparagna qui est incontestablement la très belle surprise de ce disque. L'homme du match en quelque sorte ! Il n'est d'ailleurs pas usurpé de lui décerner une mention spéciale tant Luca assure comme un chef et pas seulement sur cet album car pour l'avoir entendu  plusieurs fois en concerts, il fait vraiment le job avec classe. Et Dieu sait que remplacer dignement Aldo Tagliapietra à la fois à la guitare, à la basse et surtout au chant n'est pas un rôle facile. Luca Sparagna, lui, se hisse au niveau de son illustre prédécesseur sans problème ! 
Cette version CD comprend également en bonus track des versions live de "Rosa dei venti" et "Acqua di luna" confirmant l'excellente forme de ce groupe enfin revenu à son meilleur niveau. 
 

La tracklist (CD) :

1. Ouverture
2. Acqua di Luna
3. Ferro e Fuoco
4. Lucciole di Vetro
5. L'alba della Partenza
6. Rosa dei Venti
7. Caigo

8. Rosa dei venti - live (bonus track)
9. Acqua di luna - live (bonus track)

+ Acqua di luna (vidéoclip)

Voici le lien pour commander la version CD éditée à 1000 exemplaires numérotés : Orangle Records CD

 

mercredi 8 octobre 2025

Aufklärung : Nell'idea di un tempo che

Le groupe Aufklärung, trente ans après l’impressionnant De la tempesta...l'oscuro piacere, réapparaît ressuscité par deux de ses membres originels, Michele Martello et Marco Mancarella, pour nous offrir un très bel album. L'absence de Chicco (Francesco Grosso) au chant se fait évidemment sentir même si Michele De Luca s'en sort très bien. Mais, tout cela n'a finalement qu'une importance relative car la musique que propose le groupe en 2025 prend le contre-pied du néo-prog puissant et expressif qui était sa marque de fabrique en 1995. Aufklärung délivre désormais un rock progressif italien beaucoup plus symphonique, parfois même pastoral ("Ansia"), ce qui n'exclut pas quelques beaux moments encore hargneux que l'on peut apprécier surtout sur "Urlo" et à moindre degré sur "Apnea". Ces deux morceaux plus remuants, sont entourés par deux très belles suites de plus de treize minutes chacune, "Ansia", plus aventureuse par ses contrastes, ayant largement ma préférence. En tout cas, le Aufkärung de 2025 répand encore sa lumière bienfaitrice. Nell'idea di un tempo che marque ainsi un retour tout à fait honorable de la formation de Brindisi.

Le groupe : Michele Martello (guitare), Michele De Luca (chant), Marco Mancarella (claviers), Dante Di Giorgio (basse, guitare), Doriana De Luca (flute), Riccardo D'Errico (batterie).

La tracklist :

1. Respiro n°1
2. Urlo
3. Apuea
4. Ausia

mardi 7 octobre 2025

Bambi Fossati : il castello tira sassi

 

Les fans les plus fervents du rock progressif italien se rappellent obligatoirement du groupe Garybaldi et de ses deux albums, surtout Nuda (1972) auréolé de sa pochette culte signée Guido Crepax.
Derrière Garybaldi (et Gleemen), il y avait le guitariste Pier Niccolo Fossati aka Bambi Fossati trop tôt décédé en juin 2014, qui après la dissolution de son groupe en 1974 avait poursuivi sa carrière en solo ainsi qu'au sein d'une formation dont le nom rappelait son diminutif : Bambibanda. Étaient bien sûr venues s'ajouter des reformations ponctuelles de Garybaldi, la dernière en 2010, Bambi Fossati ayant ensuite dû faire face à la maladie qui allait l'amener à sa disparition. Bien que peu connu du grand public, son nom apparaissait de temps en temps quand on évoquait les légendes du vieux prog italien des 70.
Maintenant une petite histoire pour lancer cette chronique.     
Il y a environ deux ans, je suis sur la place Giacomo Matteotti à Gênes à discuter avec deux vendeurs de disques. L'un d'entre eux me raconte alors une histoire incroyable. En déménageant la cave de la maison de Fossati, quelqu'un de la famille a retrouvé des bandes enregistrées par le guitariste. La (double) question se pose évidemment de savoir si elles sont exploitables et si quelqu'un serait intéressé pour les publier. J'avoue ne plus avoir pensé à cette anecdote ensuite. Des histoires comme ça, on en entend régulièrement sans qu'il n'y ait jamais de suite.
Une année plus tard, en passant chez  Black Widow Records, je me retrouve avec ce CD entre les mains, Pino et Massimo me racontant à nouveau cette même histoire de bandes exhumées. Mais maintenant c'est du concret. Car une fois encore, la team de BWR a fait des miracles ou plutôt un miracle en réhabilitant ces enregistrements pas forcément très anciens puisque l'on peut les situer dans une période allant de 1994 à 2003.
Il castello tira sassi ne peut pas être considéré à proprement parlé comme un testament de Bambi Fossati, mais plutôt comme un témoignage de sa verve artistique. Il y a toujours quelque chose d'émouvant lorsque l'on écoute bien des années après des prises qui n'étaient pas forcément destinées à être publiées, un peu comme si l'on ouvrait pour la première fois un journal intime.         
Grâce au travail méticuleux de post-production réalisé par Alessandro Paolini, les 11 tracks proposées (l'intro est parlée) présentent une qualité d'écoute globalement satisfaisante. Mais elles ont surtout toutes pour point commun de présenter le guitariste gênois dans un registre différent de celui de Garybaldi, car même si les sonorités et les intonations sont proches évidemment, le Fossati que l'on entend sur cet album est beaucoup plus roots. C'est principalement vrai pour ce qui concerne les 4 brûlots blues rock "Reprimanda mores", "Qualcosa non va", "Trattoria Celeste" et "In una stanza" enregistrés durant la même session (probablement live) par le trio Fossati / Nuovibri / Olivieri. Un peu plus loin le bloc "Palazzo pazzo", "Mille città", "Schizzo metropolitano" datant probablement des années 90 est d'une veine plus pop-rock débridée, "Schizzo metropolitano" s'approchant d'ailleurs beaucoup du style du groupe napolitain Osanna. Quant à la très belle chanson "Madre di cose perdute", elle sonne comme du Gleemen, Maurizio Cassinelli et Gian Paolo Casu sont d'ailleurs présents sur l'enregistrement. Au passage, ce morceau est incontestablement la perle de cet album avec en prime les vocalises de Vania Altrinetti.
Les bonus tracks viennent encore ajouter un surcroît de bonnes surprises, surtout avec "Toledo" qui permet d'entendre un nouveau solo d'anthologie de Fossati. Car pour ceux qui ne le connaissaient peu ou pas, ils pourront se rendre compte que Bambi Fossati n'avait vraiment pas usurpé son sobriquet d'Hendrix du sud. Tout y était : une attaque de cordes brute et anguleuse, un son de guitare acide et des décollages psychédéliques amplifiés et renforcés par les effets tordus qu'il réussissait à faire sortir de ses pédales. Il avait aussi pour lui une voix pas toujours exceptionnelle mais caractérisée par des inflexions très typées et par une chaleur bluesy.
il castello tira sassi (qui peut être traduit par "le château en ruine") constitue un bel hommage posthume dédié à celui dont le nom a toujours été prononcé à Gênes avec beaucoup de respect.  
Gloria animae suae.
La tracklist : 
  1. Intro
  2. Reprimanda mores
  3. Qualcosa non va
  4. Trattoria Celeste
  5. In una stanza
  6. Mona
  7. Palazzo pazzo
  8. Mille città
  9. Schizzo metropolitano
  10. Madre di cose perdute
  11. Toledo (bonus track - studio live)
  12. 26 Febbraio 1700 (bonus track - live)

 Label : Black Widow Records

 

mercredi 1 octobre 2025

IMAGINAERIUM : Siege

Cela fait très longtemps que je ne me suis pas intéressé à Clive Nolan, je l'avoue. Les albums d'Arena, de Shadowland ou encore de Strangers on a Train (avec la regrettée Tracy Hitchings) me semblent être relégués très loin dans mes souvenirs d'expériences musicales, pas toujours satisfaisantes, d'il y a trente et encore vingt ans. Je suis de plus de nature assez circonspect face à ces artistes qui multiplient les projets musicaux avec comme corollaire une production pléthorique d'albums (Neal Morse et même Roine Stolt en font aussi partie).
Il était donc temps de se rebrancher sur l'Anglais Clive Nolan. La présence de trois Italiens dans le projet Imaginaerium dont la tonique chanteuse Laura Piazzai m'en a donné l'occasion. Les autres représentants italiens étant Mirko Sangrigoli et Simone Milliava (également associé au projet Chamber of Creation d'Antonello Epifani pour ce dernier).
Côté musique, avec pour postulat que Clive Nolan est l'unique auteur-compositeur-arrangeur, et me rappelant de ses précédents projets associant des voix féminines, notamment Tracey Hitchings mais aussi Agnieszka Swita avec Caamora, je m'attendais à quelque chose tournant entre le rock opera et la comédie musicale. Au final, le résultat est à la fois plus complexe et plus diversifié que l'on pouvait l'imaginer. Je considère cet album comme un conte musical épique relevant de l'heroic-fantasy avec quand même pas mal de grands moments que ce soit "Cry Boudica", "The Final Redoubt", "When My Eyes Are Closed", "To The Victor Go The Spoils". Je mets à part le final "Blood Moon" qui se distingue par une ambiance vraiment prenante, voire énorme, dont l'impact est un peu affadi par une sortie en fade out. Sur l'ensemble de l'album, la forme adoptée, voulant coller au récit, entraîne automatiquement une hétérogénéité stylistique. On peut comprendre que certains thèmes (la rébellion, la guerre ou la désespérance après la défaite par exemple) soit traités avec des atmosphères musicales très différentes. Je reste par contre assez dubitatif au sujet de "Never Burn the Cakes" qui me semble hors sujet tant au niveau du style musical que de l'anecdote évoquée. De même, le chant de Clive Nolan sur "The Last Arrow" vient casser la superbe dynamique insufflée jusque là par Laura, dans une resucée de "La belle et la bête" ! 
Car il est évident que la voix généreuse et expressive de Laura tire les chansons vers le haut. Son style de chant, que l'on peut qualifier d'habité, convient parfaitement à ces compositions au demeurant excessivement mélodiques. Laura n'est pas du genre à s'investir à moitié, et cela se ressent dans ses performances vocales pour lesquelles elle met tout ce qu'elle a dans le ventre. On sent qu'elle s'identifie complètement à ses personnages. C'est particulièrement le cas pour la reine Boudica dont l'histoire inspire la première chanson de cet album. Avec l'héroïne Boudica (Boadicée), Nolan et Piazzai nous ramènent ainsi en Angleterre, dans le Norfolk, au Ier siècle après JC pour conter les malheurs de cette reine guerrière se révoltant contre les occupants romains, après avoir été fouettée en place publique (là, il y avait quelque chose de plus croustillant à faire, dommage !). Rien d'étonnant à tout cela, quand on sait que Clive Nolan est un grand passionné d'histoire (britannique de préférence) et qu'il adore tout ce qui touche à l'ésotérisme.  .
Côté artwork, il faut reconnaître que, comme pour The rise of Medici, de gros moyens ont été mis pour proposer un produit fini de grande qualité avec au final l'opprtunité de posséder un véritable objet d'art, consistant en un livre de plus de trente pages, comprenant illustrations, photos, textes, accompagnant le CD principal, un CD bonus et un DVD avec des vidéos bonus et un making off de la réalisation du projet.   
Si vous voulez offrir un chouette cadeau de Noël à un ami progueux, alors vous avez, avec ce très beau coffret Imaginaerium - Siege, de quoi lui faire vraiment plaisir (les liens pour commander sont en fin de page). 

Musiciens :

Clive Nolan : claviers, piano, chant lead vocals (8), chœurs (1,3,7,10)
Laura Piazzai : chant lead et chœurs
Mirko Sangrigoli : batterie, guitares (1,3,6,7)
Luis Nasser : basse
Simone Milliava : guitares (1,2,5,7,8,10)
Soheila Clifford, Caron Morgan,,Ethan Barnett, Ryan Morgan  : voix (1)


Tracklists : 
 
CD 1 :
1. Cry Boudica
2. The Final Redoubt
3. Footprints
4. All There Is to See
5. When My Eyes Are Closed
6. To The Victor Go The Spoils
7. Never Burn the Cakes
8. The Last Arrow
9. Deep
10. Blood Moon

CD bonus :
1. Dorian Gray (re-visit)
2. The Last Arrow (acoustic guitar and voice)
3. Cry Boudica (instrumental guitar version)
4. When My Eyes Are Closed (piano and voice)
5. All There Is to See (duet version)
6. The Final Redoubt (instrumental guitar version)
7. Deep (pure strings)
8. Dorian Gray (acoustic guitar mix)
9. Footprints (Viking walk)

DVD/Blu-Ray 

1. Official Video "The Final Redoubt" (4:35)
2. Video Documentary "The Making Of and More" (43:53)

Bandcamp Imaginaerium - Siege 

Site web Imaginaerium

 

 




 

 

samedi 27 septembre 2025

Caravaggio : We all we are


Cette année, le festival Veruno 2 Days + 1, c'était un peu Noël avant l'heure avec plusieurs sorties d'album programmées pour coïncider avec cette évènement devenu désormais la place la plus importante du prog en Europe. Il suffit pour s'en convaincre de constater le nombre conséquent de nouveaux venus chaque fin d'été à Revislate, dont beaucoup de Français d'ailleurs.  
Avec les excellents et accrocheurs singles "Isolation et "Rejoice", présents sur l'EP publié l'année dernière,  nous avions déjà eu un avant-goût de ce que pourrait donner ce nouveau disque de Caravaggio. Il n'empêche ! We all we are surprend quand même. Ce constat est d'autant plus inattendu que le groupe garde son identité si particulière couvrant un spectre assez improbable qui va du folk méditerranéen au prog métal (dosé mon frère, dosé !) en passant par l'art rock et le post rock. Mais voilà, ses membres, et en particulier Fabio Troiani et Vittorio Ballerio, semblent n'avoir aucunement l'intention de faire du sur place et encore moins envie de reproduire à l'infini la même recette. 
De fait, ce deuxième album intronise Caravaggio comme une formation créative qui démontre une évidente envie d'aller explorer de nouveaux paysages sonores avec comme un fil rouge, cet accordéon, instrument emblématique du son du groupe. Le piano à bretelles est souvent présent discrètement comme une évidence, mais parfois aussi il est introduit dans un univers musical décalé par rapport à son registre naturel, et ça fonctionne bien aussi !
Même si je reste un peu dubitatif sur le côté U2/Joshua Tree de "In the place where I was born", je dois dire que je n'ai pas bouder mon plaisir à l'écoute de cet album qui m'a parfois gentiment bousculé ("We all we are") pour mieux me  charmer ensuite avec "Controversial" ou encore avec "Behind the mask" (également présent sur l'EP de 2024), un morceau articulé en deux parties : tout d'abord, une simple chanson un peu triste et très mélancolique, avec un accompagnement minimaliste, puis ensuite une deuxième section entamée par un riff métal. On y retrouve les ingrédients qui forment la marque de fabrique du groupe avec ce chant généreux et cet accordéon qui s'invite partout mais ne s'impose jamais. "Behind the Mask, part 2" est réellement un titre aventureux, rempli de rebondissements qui garde pourtant une grande fluidité.
Mais tout cela, c'est sans compter avec la dernière piste, "Divine comedy Tarantella", une composition hybride (une de plus !), entraînante, au pouvoir littéralement envoûtant. Cette fin en forme de derviche tourneur pourrait d'ailleurs faire penser à une transition voire à un passage mystique vers le prochain album. 
En attendant, je n'ai pas fini d'écouter et de savourer cet album si original et si décalé par rapport à un rock progressif italien plus classique. 

Pour les amateurs d'art, la couverture est une reproduction d'un tableau du peintre Giuseppe Pellizza da Volpedo, intitulé Il quarto stato, une huile sur toile que vous pouvez contempler au Musée d'Art Moderne de Milan.

Le groupe : Vittorio Ballerio (chant), Fabio Troiani (guitares, programmation), Serhan Kazaz (guitares, bouzouki, chant sur 6), Stefano Spitale (accordéon), Piero Chiefa (basse, glockenspiel), Alessio Del Ben (batterie).
Avec :  Guido Block (chœurs), Tiziano Chiapelli (accordéon sur 3), Margherita Fossati (choeurs sur 3), Giulia Bertassi (accordéon sur 8), Lorenzo D'Erasmo (percussions et flûtes sur 9).

La tracklist :

1. Isolation
2. Rejoice
3. In the place where I was born
4. We all we are
5. Controversial
6. White lies on our black tongues
7. Behind the mask, Part 1
8. Behind the mask, Part 2
9. Divine comedy Tarantella




Releases information

Cover: Guiseppe Pellizza da Volpedo
Label: Ma.Ra.Cash Records
Format: CD, Digital
September 5, 2025

mardi 23 septembre 2025

Elisa Montaldo : Il fascino dell'Insolito (chronique)


Voilà un nouveau projet parallèle d'Elisa Montaldo qui m'a fasciné dès sa mise en chantier. Pour qu'il n'y ait pas de quiproquo, je précise tout de suite qu'il s'agit d'un projet insolite en marge du prog (vous noterez au passage les deux allusions discrètes au titre de l'album) .
Ce disque, un peu particulier, présente neuf thèmes musicaux qui illustraient des séries télé des années 70 en Italie, le plus souvent diffusées sur des chaînes de la RAI. Tous ces téléfilms avaient la particularité de baigner dans le mystère ésotérique et de mélanger le fantastique avec la science-fiction. Tous les génériques ont été composés par des compositeurs italiens réputés : Bruno Nicolai, Romolo Grano, Mario Migliardi, Stelvio Cipriani, Egisto Macchi, Riz Ortolani, Berto Pisani. De manière assez étonnante, nous avons une nouvelle fois travaillez en même temps sur des sujets proches avec Elisa puisque mon dernier livre Le cinéma de genre italien comme vous ne l'avez jamais entendu, évoque nommément tous ces compositeurs ainsi que les téléfilms en question.
Je garderais longtemps en mémoire la première audition de ce CD en conditions Hifi chez Black Widows avec Elisa Montaldo et Massimo Gasperini, un moment réellement émouvant et prenant, tout particulièrement à l'écoute de la dernière piste "Ho incontrato un'ombra".
De manière assez inattendue, mais finalement pas si étonnante que cela, ces morceaux collent parfaitement au style musical d'Elisa Montaldo. Elle y apporte en plus une profondeur qui fait la différence. De fait, le rendu musical obtenu par Elisa est absolument remarquable tant par le soin qu'elle a mis à reproduire l'atmosphère de ces thèmes que par la sensibilité toute personnelle qu'elle y apporte. Le sentiment d'effectuer un voyage en arrière dans le temps est absolument troublant. L'illusion est parfaite. Pour ceux, rares en France je le concède, qui ont regardé ces téléfilms, il y a évidemment une forme de nostalgie qui s'installe à l'écoute de ces vieux génériques. 
Elisa Montaldo réussit parfaitement son entreprise de régénération de ces thèmes aux atmosphères mystérieuses, témoins d'une époque où l'euphonie musicale était encore la norme. Il est en tout cas bien difficile de résister à ce petit plaisir, certes un peu suranné, mais tellement doux et gracieux.

Ce CD a été pressé à 100 exemplaires. Voici le lien bandcamp d'Elisa Montaldo pour le commander.
Bandcamp Elisa Montaldo
Quelques copies sont également en vente chez Black Widow Records. 

La tracklist : 

  1. Voci notturne 
  2. La dama dei veleni
  3. Il segno del comando
  4. A come Andromeda (écoute possible en cliquant sur le titre)
  5. Il fauno di marmo
  6. L'amaro caso della baronessa di Carini
  7. ESP
  8. Rittrato di donna velata
  9. Ho incontrato un'ombra

Crédits : 

Elisa Montaldo : piano, claviers, synthétiseurs, theremin, lyre, sons et effets, voix.  

Mastering au studio Neraluce de Barbara Rubin  

L'artwork, à la fois approprié et original, est signé Maira Pedroni (cf. aussi son travail pour Albus Diabolus).

 


 

dimanche 21 septembre 2025

Il Segno del Comando : Sublimazione (chronique)


Il y a quelques semaines le groupe Il Segno del Comando annonçait la sortie d'un album live pour juillet 2025. Un petit évènement en soi puisque que jusque là, en fait de live, nous avions seulement un enregistrement, datant de 2017, certes réalisé en conditions live mais en studio, nommé Il Segno del Comando : ... Al passato, al presente, al futuro...Live, un album présenté sur ce blog à l'occasion de sa réédition 2024, chronique ici.
Mais cette fois, c'est du sérieux puisque nous avons l'essentiel du concert assuré par les génois le 31 janvier 2025 à Pesaro, soit sept morceaux auxquels ont été ajoutés trois titres bonus provenant d'un concert un peu plus ancien (30 octobre 2022) en Hollande, pour une durée totale d'écoute de 78 minutes. Pour ses trente années d'existence, le groupe s'offre donc enfin un vrai album live et quel album!
Car au-delà du fait que la set-list jouée constitue une sorte de best of des meilleurs titres d'Il Segno del Comando, nous avons enfin l'opportunité de pouvoir entendre le vrai son du groupe en conditions live. Et je peux vous affirmer que cela fait toute la différence notamment au niveau des parties de guitares qui sont une des vraies forces des génois en concert avec les deux guitaristes, Davide et Roberto, qui ont la bonne habitude d'aligner des soli de folie à tomber par terre. C'est aussi l'occasion de savourer le chant de Riccardo Morello dont la voix s'épanouit dans sa nudité la plus naturelle, sans filet, confirmant l'excellence de ce chanteur, évidemment irrésistible sur "Sulla via della veglia". Et puis, il y a bien sûr l'inamovible Diego Banchero, véritable pilier du groupe, impérial au passage sur l'instrumental sur "Aseità", dont les lignes de basse soutiennent solidement l'ensemble de l'édifice. Il est épaulé dans sa mission rythmique par Paolo Serboli, le dernier arrivé (avec au passage un petit salut amical à Fernando Cherchi). Enfin, il est plaisant d'entendre parfaitement les accompagnements de Beppi Menozzi aux synthés et ainsi se rendre compte que le claviériste génois connaît sur le bout des doigts les codes du rock progressif symphonique italien, comme il le démontre sur "La taverna dell'angelo" ou encore sur "Il mio nome è menzogna" par exemple. 
Tout est exceptionnel dans ce live, mais si vous voulez appréhendez au mieux l'essence même de ce groupe, alors écoutez en priorité l'emblématique "Il segno del comando" qui tient autant de l'orgie sonore gothique que du festival pyrotechnique en mode dark prog (en même temps, je m'en veux déjà de ne pas citer les autres morceaux, tiens "Il mio nome è menzogna" ou "Missa nigra" au hasard !).
Ne soyez pas surpris : la prise de son est à la fois brute et généreuse, sans aucun fard. C'est ce qui fait tout l'intérêt de ces captations car c'est réellement comme cela que sonne cette formation capable de délivrer un flot musical à la fois puissant, efficace et roboratif. 
Cet enregistrement rend donc vraiment justice au groupe génois qui après trois décennies sur le pont, sans jamais baisser la garde, peut aujourd'hui légitimement être considéré comme un des grands noms du prog italien contemporain. Quod erat demonstrandum !
Sublimazione n'est pas un album juste "essentiel" mais un live absolument "indispensable" à posséder.
 
Le groupe : Diego Banchero (basse), Davide Bruzzi (guitare et claviers), Roberto Lucanato (guitare), Riccardo Morello (chant), Beppi Menozzi (claviers, 1 à 7), Paolo Serboli (batterie, 1 à 7), Fernando Cherchi (batterie, 8 à 10).
 

La tracklist:

  1. Il domenicano bianco
  2. Sulla via della veglia
  3. Nel labirinto spirituale
  4. La bianca strada
  5. La taverna dell’angelo
  6. Il segno del comando
  7. Aseità
  8. Il mio nome è menzogna (bonus track)
  9. Missa nigra (bonus track)
  10. Il calice dell’oblio (bonus track)
Petite précision très utile : cet album est réalisé en auto-production. Je vous mets donc ici l'adresse du site du groupe Il Segno del Comando pour vous permettre de faire vos petits achats directement !

vendredi 19 septembre 2025

G.O.L.E.M. : Still Life (EP)

 

Le groupe G.O.L.E.M. a profité de son passage en opener au Festival 2 Days + 1 de Veruno, le 5 septembre 2025, pour présenter un EP, Still life,  faisant suite aux deux albums Gravitational Objects of Light, Energy and Mysticism de 2022 et Gathering Of the Legendary Elephant Monsters de 2024.
Nous avions eu un avant goût de ce nouveau travail avec la sortie en mai 2025 d'un 45 tours vinyle comprenant uniquement le morceau "Born erased". Cette fois l'EP propose la suite intégrale Still life en trois parties pour une durée totale de 14 mn 40.
Alors, vous allez me dire que le titre Still life vous rappelle quelque chose. Et pour cause, Van der Graaf Generator est bien une des sources d'inspirations du groupe à défaut d'être une influence musicale directe, quoique ! Nous allons en reparler justement.
Car cet EP marque une forme de rupture avec le passé musical du groupe. Si "Born erased" porte encore les stigmates d'un bon gros hard prog, avec "Sons of death" et "Still dreaming", les musiciens de G.O.L.E.M. semblent vouloir évoluer vers un son plus fluide, s'éloignant du heavy prog pour flirter avec un rock sombre et quasi atmosphérique, mâtiné de quelques parties abstraites, à la limite de l'expérimental, placées en arrière-plan. Bien que l'ambiance générale reste gothique, on décèle une volonté d'ouvrir l'horizon musical vers quelque chose de plus expressif, nettement proche d'un format chanson exaltant une poésie noire (tiens tiens !) dans la deuxième et surtout dans la troisième partie de la suite. 
Voilà une mutation stylistique plutôt inattendue mais toutefois bienvenue. Le groupe semble à l'aise dans ce registre différent qui, accessoirement, convient très bien au timbre vocal de Marco Vincini. 
Cette nouvelle voie explorée par G.O.L.E.M. demande maintenant une concrétisation sur un format album, mais en tout cas cet EP en forme de teaser ne peut que donner confiance pour la suite. 
L'EP a été pressé à 100 exemplaires, je ne saurais trop vous conseiller de vous précipiter sur l'objet car pas mal de copies sont déjà parties.

Le groupe : Paolo Apollo Negri (orgue et synthétiseurs), Marco Vincini (chant), Emil Quattrini (pianos électriques, mellotron), Marco Zammati (bassse), Francesco Lupi (batterie). 

La tracklist : 

1. Still life (Part 1) : Born erased

2. Still life (Part 2) : Sons of death

3. Still life (Part 3) : Still dreaming

Label : Black Widow Records

 

jeudi 28 août 2025

Break, Veruno and other stories

 

Étant en Italie pour plusieurs semaines sans toujours pouvoir bénéficier de conditions d'accès faciles à Internet, je dois maintenant mettre mon blog en stand-by. Rassurez-vous, je serai de retour courant septembre avec beaucoup de belles et bonnes nouvelles  (sorties d'albums, concerts ...). Parmi les moments musicaux forts des jours à venir, il y a bien sûr ce festival 2 Days + 1 Prog à Gattico - Veruno. Un rassemblement pour les progueux purs et durs qui n'a jamais été égalé à ce jour (je précise que les 3 jours sont gratuits) que ce soit en qualité de programmation mais aussi en terme d'ambiance. Pour cette édition 2025, vous pouvez encore rajouter aux douze formations à l'affiche, les noms des groupes de prog italiens suivants qui se produiront sur une scène annexe : Aliante, Melting Clock,  Le Vele di Oniride, Phil Selvini & The Mind Warp. Unique, je vous dis !

samedi 23 août 2025

Elisa Montaldo : Il fascino dell'Insolito (annonce)


Aujourd'hui je vous propose la couverture officielle et un titre à écouter du prochain album d'Elisa Montaldo, Il fascino dell'insolito

 "Tema di Andromeda"

Enfin je vous remets le lien Bandcamp pour réserver très vite ce CD qui ne sera pressé qu'à 100 exemplaires !

Bandcamp Elisa Montaldo 

lundi 4 août 2025

Elisa Montaldo (coming soon)

Elisa Montaldo sortira au mois de septembre un album contenant neuf thèmes tirés des B.O. des téléfilms cultes italiens des années 70, des séries télé parfois très courtes qui mélangeaient le mystérieux, le fantastique et l'occulte avec une bonne dose d'atmosphères sombres et inquiétantes.
Réalisé intégralement par Elisa, cet enregistrement a été mastérisé par Barbara Rubin. L'artwork est signé Maira Pedroni. 

Si vous êtes intéressés, soyez prêts car le nombre d'exemplaires CD sera extrêmement limité (probablement 50).


Voici le teaser visible sur YT : "Il Fascino dell'insolito"

dimanche 3 août 2025

L'Ombra della Sera

 

Le deuxième album de l'Ombra della Sera (Fabio Zuffanti, Agostino Macor, Andrea Orlando et Alessandro Corvaglia) est en cours de finalisation. Il comportera dix thèmes tirés des bandes son des téléfilms italiens fantastiques des années 70, traités dans un mode symphonique.
En version vinyle, il s'agira d'un double album.

lundi 28 juillet 2025

Le cinéma de genre italien comme vous ne l'avez jamais entendu !


Je suis vraiment heureux de vous annoncer la sortie de ce nouveau livre, le sixième en français pour ce qui concerne mon activité de musicographe ; avec cette fois, un sujet 100%  cinéma ou pour être plus exact, 100% musiques de film. Mais, je reste fidèle à tout ce qui émane culturellement et artistiquement de la péninsule italienne puisqu'il s'agit avec cet ouvrage d'évoquer les compositeurs italiens et leurs B.O. sur une période qui va de 1964 à 1984, vingt années qui ont été d'une étonnante richesse pour le cinéma de genre italien, autrement appelé cinéma bis ou encore cinéma d'exploitation dans sa forme la moins glorieuse, mais aussi et peut-être surtout pour les musiques de film qui l'ont illustré. Pour la première fois, un livre écrit en français recense de manière ordonnée les compositeurs italiens qui ont créé ces bandes originales, devenues pour certaines cultes. À côté des signatures incontournables que sont Ennio Morricone, Riz Ortolani, ou Armando Trovajoli, de nombreux noms apparaissent, moins connus du grand public. Certains ont apporté des contributions anecdotiques, mais d'autres ont réellement fait jeu égal avec les maîtres du genre. Pour chacun d'entre eux, le lecteur pourra consulter une biographie synthétique suivie d'une proposition de leurs bandes-son les plus intéressantes et les plus significatives. Il s'agit donc bien et avant tout d'un guide de la musique de film de genre italien avec deux cent cinquante compositeurs présentés, mille cinq cents films évoqués, mille bandes originales sélectionnées, commentées et évaluées par une cote d'intérêt.
J'espère qu'il répondra aux attentes des curieux et des passionnés des B.O. du cinéma de genre italien et de leurs compositeurs. 
Voici les liens principaux pour acquérir ce livre :

dimanche 20 juillet 2025

Doracor : Unexpected Intersections

 

Après pile trente années d'existence et neuf albums publiés, Doracor aka Corrado Sardella reste toujours aussi discret et finalement très peu connu à part pour quelques initiés du rock progressif italien dont vous faites sûrement partie chers lecteurs (-trices ?) sinon vous ne seriez pas sur cette page en train de lire cette chronique.
Pourtant Corrado Sardella pourrait facilement la ramener car il a régulièrement accompagné, comme claviériste, des musiciens plutôt bien établis comme Bruno "Red" Canzian (Capsicum Red, I Pooh), Stefano Marazzi (Pino Daniele), Roberto Tiranti (Mangalla Vallis, Labyrinth, Wonderworld), Titta Tani (Goblin, Astra) et même Ian Mosley (Marillion).
Son activité de session-man reconnu, et donc très demandé, l'a pas mal occupé ces dernières années, ce qui explique les dix ans qui séparent ce nouvel album du dernier, le double CD Passioni postmoderne di un musicista errante, qui était au passage une belle réussite.
Il semble que la rencontre en 2024 avec la musicienne Lorena Cossu ait accéléré le processus de mise en chantier de Unexpected Intersections, un album ambitieux de 75 minutes comprenant 14 morceaux dont une suite de 15 mn 33, elle-même découpée en 11 sous-parties. Tout cela pour évoquer de manière sublimée l'enfant qui est (reste) en nous. 
A l'écoute, la présence de Lorena Cossu se fait largement sentir autant du côté composition que du côté chant bien sûr pour un résultat qui oscille entre pop et prog. Le penchant pop, que l'on entend plutôt sur les titres courts, est en fait plus proche d'une pop symphonique empreinte d'un grand romantisme.  Le prog peut lui être apparenté à du néo prog tour à tour rutilant et chatoyant. Il concerne principalement les morceaux plus longs, "Remnants of memories" et surtout "Unexpected Intersections", la suite de 15 minutes qui se termine par la reprise réellement magnifique du thème de "Our better world", joué cette fois à la cornemuse. Complètement à part, l'étonnant funky-soul "Distant lights" fait un peu figure d'OVNI dans le décors, mais se savoure avec plaisir.
Au final cet album de Doracor se révèle facile d'accès et ouvert à des oreilles étrangères au prog, ce qui n'exclut pas, loin de là, une exigence dans l'écriture pour un rendu qui ne manque pas de grandeur.

Les musiciens : 

Corrado Sardella : claviers, guitares, basse
Lorena Cossu : chant, choeurs
Kostas Milonas : batterie

+ John Jowitt (basse), Mirko De Maio (batterie), Simona Malandrino (guitare), Elisa Montaldo (chant, claviers).

La Tracklist :
1. Journey
2. Remnants of memories
3. After waking
4. Il coraggio di essere
5. Distant lights (You can't forget)
6. Quel folle volo
7. That silent tear - Intro
8. That silent tear
9. And I miss you…
10. Simply you
11. Stella d'agosto
12. Laurie
13. Esegesi di una fiaba inenarrata
14. Unexpected intersections
a. Playing with fears (choir intro)
b. The forest of fear (01:04)
c. Can you listen to my voice?
d. Ethereal waves
e. Laurie Caurie (choirs)
f. Our better world
g. Voices
h. The purple nose
i. Us again
j. Our better world (bagpipes theme)
15. Di quei giorni infiniti

Sortie le 18 juillet 2025

Label : AMS Records

Distribution : www.btf.it

mardi 15 juillet 2025

Il Segno del Comando : Sublimazione (annonce)

Il Segno del Comando annonce la sortie d'un album live pour juillet 2025 C'est un petit évènement en soi puisque que le seul témoignage in vivo du groupe consistait jusque là en un enregistrement en conditions live mais en studio en ... 2017. Il s'agit d'Il Segno del Comando : ... Al passato, al presente, al futuro...Live que je vous avais présenté il y a déjà quelque temps à l'occasion de sa réédition 2024, chronique ici.

En attendant de vous en dire plus, je vous laisse méditer ces quelques mots de présentation du leader du groupe, Diego Banchero : "La SUBLIMATION, pris dans son sens ésotérique, concerne les étapes de la croissance spirituelle, mais le terme est utilisé dans de nombreux domaines scientifiques pour désigner des processus de purification et de développement. Un live est aussi une évolution de morceaux écrits au fil des ans sous une nouvelle forme".


vendredi 11 juillet 2025

Hora Prima : Hora Prima (2)

En 2020 L'uomo delle genti avait permis de faire connaissance avec Hora Prima, un jeune groupe en provenance de Bari, œuvrant jusque là dans la grande lignée du rock progressif italien le plus traditionnel qui soit.
Depuis le groupe a effectué quelques remaniements internes et non des moindres avec les départ du guitariste Gianluca De Bene et de la bassiste Valeria Tritto, cette dernière étant remplacée par Roberto Di Lernia, et enfin l'arrivée d'un "vrai" chanteur en la personne d'Andrea Catalano que l'on avait déjà croisé avec la formation de prog metal Mujen. C'est avec cette composition de groupe récente que Hora Prima s'est d'ailleurs présenté au Forum 19 du festival Veruno en 2024.
Bien que la pochette de ce nouvel album éponyme fasse plutôt penser à un énième brûlot de pagan metal, je vous rassure Hora Prima n'a pas viré sa cuti. Il s'agit bien d'un disque de rock progressif. Tout au plus s'étonnera-t-on de sa durée relativement courte, 32 minutes sans la bonus track.
Pour le reste, c'est à dire les six morceaux de l'album, le groupe navigue avec aisance dans un RPI qui évoque assez facilement des groupes relativement récents comme La Coscienza di Zeno, Not a Good Sign ou encore FeM (flagrant sur "Intelligenza Artificiale"). Mais les musiciens se plaisent aussi à brouiller les pistes, que ce soit pour le très 'expérimental "Deus ex Machina" dont la deuxième partie permet de respirer agréablement avec une séquence jazz fusion très réussie, ou encore pour le funky jazzy "Al Khwarizmi". Quant à "Diari dalla IV Dimensione", on ne peut qu'apprécier son côté prog enlevé et exigeant, quelque part entre Il bacio della Medusa et Ingranaggi della Valle. Enfin, on prendra plaisir à écouter "Delirium omnibus", une chanson survitaminée et accrocheuse, sans prétention, mais dont le long pont central instrumental est vraiment très jouissif. La reprise des New Trolls, placée en piste bonus, n'apporte rien à l'original mais reste une belle performance au niveau vocal, l'exécution du morceau demandant un réel savoir-faire en matière de polyphonie et de chant en canon.
Incontestablement plus éclectique mais aussi plus audacieux, ce second album n'en reste pas moins un travail de transition qui appelle un troisième album qui devra démontrer une ligne directrice plus claire ou tout au moins un style musical plus affirmé. Dans cette optique, les morceaux "Intelligenza Artificiale" et surtout "Diari dalla IV Dimensione" me semblent de solides bases à exploiter.

Le groupe : Andrea Catalano (chant), Domenico De Zio (guitares), Roberto Di Lernia (basse, chœurs), Francesco Bux (batterie, synthés, chœurs), Roberto Gomes (claviers, chœurs).

La tracklist :

1. Uomo Ancestrale (Primordio)
2. Intelligenza Artificiale
3. Deus Ex Machina
4. Delirium Omnibus
5. Diari dalla IV Dimensione
6. Al Khwarizmi
7. Le Roi Soleil (bonus track)

Sortie : le 4 juillet 2025


jeudi 3 juillet 2025

I Giullari di Corte : Via Fulton 4

En 2020, vous pouviez déjà lire sur ce blog la chronique du premier enregistrement du groupe I Giullari di Corte, Presa di Coscienza, un album qui était d'ailleurs mis au tableau d'honneur des meilleures sorties RPI de l'année de ce même blog. Depuis, cinq années ont passé et, après pas mal de péripéties, le groupe revient avec un deuxième disque, Via Fulton 4, publié cette fois par un label (Areasonica Records). Il ne reste plus maintenant qu'à l'écouter !
Les trois premières pistes de l'album sont assez disparates et évoquent plusieurs mouvances prog. Si "Genesi" est à l'évidence une réminiscence d'un RPI à l'ancienne, l'instrumental qui suit, "Fatto, sfatto e soddisfatto", doté d'une très belle fin épique, lorgne plus vers le IQ des années 80 (cf. les multiples changements de rythmes et les sonorités de synthés) alors que "Shine on your crazy divac." est, comme son nom l'indique, un clin d’œil au Floyd, au moins pour ce qui est de l'intro du morceau car après la 3ème minute, le groupe bascule dans un univers plus proche de celui du vénérable Greenslade . Mais ne vous laissez surtout pas abuser par cette entrée en matière tout azimut, car les Bolognais haussent ensuite franchement le ton et se lancent sans retenue dans un hard prog vintage. Ils alignent ainsi quatre titres de belle tenue ("La corsa sul tempo" "Giullare", "Venerdi", "Il cappellalaio matto") avant de terminer sans forcer avec le bluesy rock "Che fine ha fatto la signora Colombo ?", pas très éloigné de Wishbone Ash. Je note au passage que les musiciens savent appuyer sur la pédale d’accélération quand il le faut. Le final de "Giullare" en est, à cet égard, un bon exemple.
Autre point intéressant à souligner : le groupe a un son bien à lui que j'aime beaucoup. Il est très souvent fait de timbres clairs avec une utilisation d'effets de base (disto, wah wah) sur la guitare électrique, une basse lourde, une batterie qui va à l'essentiel sans fioriture inutile et enfin ces sons d'orgues vintage inimitables avec des machines modernes. 
En jouant habilement sur les deux tableaux, prog rock et heavy prog, I Giullari di Corte réussit à offrir un résultat global qui tient la route même si, à mon avis, c'est bien dans ses performances hard rock, et accessoirement hard blues ("Il cappellaio matto"), que le trio de Bologne est le plus convaincant. Mais, j'insiste, la cohabitation avec les séquences plus prog se fait de toute façon très bien. 
Même si I Giullari di Corte ne va rien révolutionner avec Via Fulton 4, vous pouvez être sûr que vous trouverez du plaisir à écouter les huit pistes de cet album, chacune d'entre elles recelant des idées intéressantes développées en toute simplicité sans jamais donner l'impression de vouloir en rajouter mais avec gardant en permanence un grand sens de l'efficacité. 
En tout cas, contrairement à ce que le nom du groupe pourrait laisser croire, les bouffons du rock progressif ne sont pas à chercher du côté d'I Giullari di Corte ! (just a joke bien sûr !). 
 
Le groupe : Alessio De Angelis (batterie, chant sur 3), Matteo Balestrazzi (basse, chant sur 5), Paolo Zacchi (guitares, claviers, chant sur 1).
 
La  tracklist : (écoute possible en cliquant sur chaque titre)

dimanche 22 juin 2025

Diego Petrini : La materia del suono


Il fallait bien que ça arrive ! Très impliqué dans le processus de composition de son groupe, Il Bacio della Medusa, le batteur (et claviériste) Diego Petrini a franchi le pas de l’œuvre en solitaire et nous propose son premier album solo. Certes, les équipiers du radeau de la méduse ne sont pas bien loin puisqu'ils sont presque tous présents pour épauler Diego. Il manque juste le bassiste Federico Caprai et le chanteur Simone Cecchini, l'autre tête pensante du groupe. 
La Materia del Suono est le résultat de plusieurs années d'un processus d'élaboration de compositions personnelles regroupées sur un album qui se présente en deux parties comprenant chacune six titres. Le tout est instrumental à une exception près dont on va reparler. La musique est dans l'ensemble très fluide. L'omniprésence du piano y étant sans doute pour beaucoup. Ce pianoforte est de fait le fil conducteur de chaque composition, souvent appuyé par les instruments à vent d'Eva Morelli.
La première partie, "L'armonia della natura", parfois proche du smooth jazz, est surtout marquée par le lumineux et épique "Macchia verde". Les morceaux se suivent, sans jamais se ressembler, et font penser à autant d'illustrations musicales pour un documentaire visuel imaginaire. 
Mais ma préférence va très nettement à la deuxième partie de l'album, "Sull'artificio dell'uomo". Cette succession de six titres est réellement magique. Ce n'est sans doute pas un hasard si elle évoque à plusieurs reprises les intonations d'Il Bacio della Medusa. Beaucoup plus prog, elle présente de nombreuses variations intéressantes avec en prime quelques traits mélodiques très réussis ("Fragole di Cinabro" et "Mimesi"). Quelques touches de musique ethnique ("Antropomorfa") et de musique folklorique ("Sublimazione") viennent judicieusement donner de belles couleurs à cette deuxième partie de l'album. Les deux derniers morceaux sont eux  particulièrement remarquables. "La plastica" tout d'abord, est une composition nettement plus mouvementée que le reste de l'album. Elle évolue sur une suite de rythmiques impaires. Sage jusque là, le piano y est ici complètement endiablé. Passionnant pendant ses presque huit minutes, le morceau semble être un condensé d'énergies puissantes habilement domptées par Diego Petrini. "Ciò che trascende" ensuite est donc le seul titre chanté. Alvaro Fella (Jumbo) y apparaît à son avantage et est bien plus à sa place en invité dans le contexte de cette forte chanson que dans celui d'un pseudo prog italien fabriqué au jus d'IA (suivez mon regard).  
Avec La Materia del suono, Diego Petrini démontre qu'il n'est pas que le batteur et claviériste d'Il Bacio della Medusa mais également un excellent compositeur. Il dévoile aussi beaucoup de sa personnalité et de sa sensibilité qui étaient jusque-là masquées par l'identification à un groupe qui possède, il est vrai, une forte identité musicale. Ce premier album solo de Diego Petrini, longuement mitonné, méritait vraiment de voir le jour.  

La tracklist

"L’Armonia della Natura"
1. Come in mare le onde 8:23
2. Alla Deriva 6:51
3. Macchia Verde 2:36
4. Immagini al Tramonto 5:55
5. Etere 7:38
6. Sangue Freddo 4:17

"Sull'artificio dell'uomo"
7. Fragole di Cinabro 4:01
8. Antropomorfa 3:37
9. Sublimazione 3:23
10. Mimesi 5:00
11. La Plastica 7:52
12. Ciò che Trascende 5:44
 
Sortie : le 20 jui 2025
 

Liens écoute :  

mercredi 11 juin 2025

Celeste : Anima Animus

Depuis le réveil de Celeste en 2016, Ciro Perrino enchaîne les sorties d'albums à un rythme soutenu, qu'on en juge : Il risveglio del principe en 2019, Il principe del regno perduto en 2020, Celeste with Celestial Symphony Orchestra en 2022 et à peine un an après, Echi di un futuro passato en 2024, cet Anima Animus. Il est vrai que Ciro est entouré d'une équipe solide de musiciens tous fidèles à leur poste depuis la renaissance du groupe, sur lesquels il peut compter. Il est également avéré que l'ami Ciro fait preuve d'une créativité prolifique. Pour preuve ce nouvel opus intitulé Anima Animus. Un titre qui fait évidemment référence à la théorie développée par Carl Gustav Jung notamment dans Types psychologiques. Il tente, dans ce livre, d'étudier la personnalité humaine (définitions et interactions) en se basant sur des identifications de fonctions psychiques, d'attitudes et de concepts sexués (anima et animus donc), la transposition la plus pertinente restant sûrement celle qui est relative à la Persona. Tout cela non pas pour étaler ma science mais bien pour éclairer le propos musical de Ciro Perrino qui, à l'évidence, a voulu exposer en un peu plus de 60 minutes de belle musique sa vision de la pensée jungienne. Comme l'affirmait justement Jung : "Il n’y a pas de création sans ombre et sans le côté obscur des choses".
Normalement à ce point de ma chronique, j'ai sûrement perdu quelques lecteurs. Alors, pour que tout le monde recolle au peloton, on va parler musique et uniquement musique ! Et croyez-moi, cet album le mérite. Le titre d'ouverture, "Anima animus", s'impose d'emblée comme une très belle composition progressive assimilable à un prélude relativement libre dans sa forme tout en étant rigoureux dans son contenu. Après ce premier morceau épatant, l'album prend une tournure un peu différente avec le très jazzy "Roots and leaves" propulsé par un irrésistible groove, hanté par un Mellotron et illuminé de longs chorus funky de flûte et de saxo. Cet incroyable titre semble tout naturellement ouvrir pour "Cosmic Carnival" qui, tout en gardant une forte tonalité jazzy, a été pensé sur une trame rythmique relativement complexe nécessitant l'intervention de nombreuses percussions. Il y a d'ailleurs bien un air de carnaval qui émane de ce morceau ou plus exactement une réminiscence de déambulation d'un orchestre de rue comme on en entend si souvent à la Nouvelle Orléans, impression encore renforcée par les ponctuations régulières de saxophones. A côté, "De Rerum Natura" se révèle beaucoup plus calme, à la frontière d'un romantisme naturaliste. Plusieurs instruments à vent personnifiant à tour de rôle des êtres vivants de la faune et de la flore. Ainsi va la nature des choses tentait d'expliquer Lucrèce en son temps. Le décors est ainsi prêt pour accueillir Ines Aliprandi dont les vocalises vont enchanter tour à tour "Lilith" puis "El Mundo Perdido", ce dernier morceau oscillant entre New Age, World music et résonances ethniques. Tout le monde se détend le temps du jazzy cool "Secret Crime" émaillé du malicieux chant en doo-wop d'Ines. Difficile de résister à l'envie de bouger en rythme sur cette très longue parenthèse décalée mais à la vibration régénérante.
On comprend facilement que Ciro ait gardé le morceau le plus symphonique et le plus majestueux pour la fin. "Moon and Cloud Dancing" est une très belle suite assimilable à de la prog pastorale gorgée de nombreux instruments à vent (bois et cuivre) mais aussi de piano et de guitare classique, remarquablement orchestrés. Il est bon de noter la très grande habileté de Ciro qui réussit à tenir l'intérêt pendant 12 minutes grâce à des enchaînements parfaitement naturels de performances instrumentales et vocales avec un prime un joli petit final d'accord de piano plaqué en sustain.

Pour ce cinquième épisode du Celeste du XXIème siècle, son démiurge, Ciro Perrino, démontre qu'il reste sur une trajectoire gagnante que l'on pourrait très simplement justifiée par l'inspiration, ce qui serait déjà bien et qui est d' ailleurs le cas. Mais je vois trois autres raisons qui font la différence :
- d'abord, une évidente qualité dans l'écriture musicale, autrement dit un vrai travail de compositeur.
- ensuite, une couleur différente d'un album à l'autre avec une volonté de ne pas reproduire les mêmes schémas et le même type de musique à chaque fois (vous pouvez me faire confiance, je viens de réécouter tous les CD à la chaîne).
- enfin, Ciro a été batteur avant d'élargir son spectre de musicien instrumentiste, notamment aux claviers, et cela se ressent. Le travail sur les percussions et plus généralement sur les parties rythmiques fait souvent la différence sans que l'auditeur s'en rende forcément compte.

Et ce n'est pas fini ! Car loin d'être à court de projets, Ciro Perrino prévoit déjà une performance pour la fin de l'année, "Celeste meets Celtic Harp", qui sera l'occasion de proposer une musique acoustique basée sur la harpe celtique de Claudia Murachelli accompagnée d'instruments divers comme des flûtes baroques, du luth de la Renaissance ou encore du oud. Puis en 2026, pour les 50 ans de la sortie de Principe di un giorno, le groupe actuel en fera une nouvelle interprétation avec cette fois les paroles en anglais comme cela était prévu à l'origine en 1976. Voilà qui augure encore de très beaux moments musicaux.

Le groupe : Ciro Perrino (Mellotron, Eminent, Solina, Oberheim, Minimoog, ARP 2600, EMS AKS, percussions), Enzo Cioffi (batterie), Francesco Bertone (basse), Marco Moro (flûtes), Mauro Vero (guitares).
Autres intervenants : Ines Aliprandi (chant), Marco Canepa (piano), Mirco Rebaudo (saxophones, clarinette), Paolo Maffi (saxophones), Enrico Allavena (trombone, tuba), Davide Mocini (guitare 12 cordes sur 3 et 6), Marco Fadda (percussions).

La tracklist :

1. Anima Animus
2. Roots and Leaves
3. Cosmic Carnival
4. De Rerum Natura
5. Lilith
6. El Mundo Perdido
7. Secret Crime
8. Moon and Cloud Dancing

Sortie : 30 avril 2025 (digital), 15 mai 2025 (CD, vinyle)
Label: Inner Garden Records 

samedi 7 juin 2025

Cafuné : Tra le corde dei racconti

Avec la sortie de ce premier album du groupe Cafuné, nous sommes clairement plus dans l'univers musical de la folk anglaise des années 60 et 70 que dans celui du rock progressif italien voir même du prog tout court. Mais je me dois de vous en parler car le line-up du groupe comprend Antonio Pincione, ancien membre des groupes Lethean et surtout Bededeum dont vous aviez pu lire sur ce blog, une chronique de l'album Oltre il sipario qui reste pour moi un modèle du genre. La présence d'Antonio Pincione est à elle seule un gage de qualité et de délicatesse.
Le mot "Cafuné" est un terme portugais intraduisible qui exprime la manière tendre de passer ses mains dans les cheveux de l'être aimé, de son conjoint, mais aussi d'un enfant, d'un bébé.
C'est bien cette douceur humaine que Cafuné veut faire passer dans son album qui est constitué de 9 chansons pour autant d'histoires musicales qui sonnent comme des contes ancestraux.
Car comme je l'évoquais en introduction, difficile de ne pas penser aux grandes références britanniques du genre à commencer par Pentangle, Fairport Convention, Fotheringay, Amazing Blondel mais aussi le vieux Jethro Tull grâce aux parties de flûtes jouées par Floriana Benedetti.
Si vous êtes preneurs de magnifiques ballades raffinées et de mélodies splendides évocatrices du temps passé et des terres lointaines du Mordor, et plus récemment si vous avez aimé Anandammide, alors cet album est fait pour vous. Il est toujours agréable de retrouver le charme d'un folk british à l'ancienne.

Le groupe : Antonio Pincione (guitares acoustiques, bouzouki), Irene Lippolis (chant), Chiara Vatteroni (harpe celtique), Emanuele Casu (basse), Floriana Benedetti (flûte, synthétiseur), Michele Vannucci (batterie, percussions). 

La tracklist :
1 - Cafuné
2 - Fata del Jazz
3 – La Huesera
4 – Aronte e la Sirena
5 - Follia
6 - Giordano
7 – Caligo
8 – Alhambra 1492
9 – Ninna Nanna

Sortie : 21 juin 2025

Label : M.P. & Records
Distribué par G.T. Music Distribution