dimanche 28 février 2021

Barock Project : The Boxset

Bientôt dispo chez Aereostella pour la modique somme de 79 euros. Pour ce prix vous avez 6 CD dont les 5 premiers albums de Barock Project remastérisés avec des titres en bonus. La musique du groupe de Luca Zabbini mérite vraiment tout votre intérêt. Faites vous plaisir !

Barock Project: http://www.barockproject.net
Aereostella: http://www.aereostella.it
Self Distribuzione: http://www.self.it/ita/details.php?nb=8034094090861&tc=c
 

Celeste : il principe del regno perduto

 

Celeste, dans le petit monde du Rock Progressif Italien, ce nom a une résonance toute particulière. Pour comprendre, il faut remonter en 1976 et écouter ou réécouter cet album mythique qu'est Principe di un Giorno. Même si en 1976, la messe était dite pour le prog italien (et pour le prog en général), il n'empêche que ce disque est considéré à juste titre comme une pièce maîtresse du prog italien. Je n'écris pas "rock progressif italien" car la musique de Celeste, c'est tout sauf du rock ! De la pop, du classique, du folk, oui, du rock, non. C'est d'ailleurs ce qui en fait la particularité et le charme. C'est fin, délicat et classieux comme du Errata Corrige mais en plus élaboré. Si vous voulez une illustration sonore au mot enchantement, écoutez Principe di un Giorno. L'année suivante (en 1977 donc), la formation s'est sabordér pour cause de divergence d'opinions quant au devenir du groupe. Son deuxième album mort-né ne sortira qu'en 1991 en CD chez Mellow Records, le label prog fondé par Mauro Moroni et Ciro Perrino, ancien membre de Celeste justement. C'est le même Ciro Perrino qui, quarante ans plus tard, a décidé de ressusciter Celeste. Grand bien lui en a pris. Car de nouvelles merveilles nous attendaient. D'abord avec Il Risveglio di Principe en 2019, très bien accueilli puis avec ce il principe del regno perduto qui semble clore un cycle dont les premières notes se perdent dans la nuit des temps prog. Juger cet album en se référant uniquement à son lointain ancêtre ne me semble pas être une bonne idée. Certes, Ciro Perrino revendique de faire revivre Celeste en conservant l'esprit originel du groupe, ce qui passe notamment par l'utilisation exclusive d'instruments de l'époque, mellotron compris. Mais en même temps, il est aujourd'hui le seul rescapé de cette très courte aventure et, entre temps, il a travaillé sur beaucoup d'autres projets musicaux sans même parler du fait qu'il n'était pas impliqué dans le processus de compositions sur Principe di un Giorno. Alors, oui on entend du mellotron (comme sur plein d'albums et pas que de prog) et quelques courts passages peuvent faire penser au premier disque, mais il principe del regno perduto, comme son prédécesseur, sont des créations à part entière qui s'analysent pour elles-mêmes. Ce que je vais faire illico !

Ce qui ressort tout au long de ces soixante trois minutes, c'est ce travail de composition qui ne laisse rien au hasard. Ciro Perrino sait écrire de la belle musique et çà s'entend. L'approche classique ne fait aucun doute avec une dimension symphonique ou de sinfonietta pour être plus exact, compte tenu du nombre limité d'instruments utilisés. Il n'empêche ! Quelle beauté et quelle majesté se dégagent de chacune de ces pièces. Je n'ai pas envie de faire des comparaisons oiseuses, car à ce niveau là ce serait faire injure à Ciro. Ce qui est sûr c'est que l'album est une succession de grands moments, à commencer par l'entame de "Baie Distanti" illuminée par la mélodie en apesanteur portée quasiment a cappela par Anna Marra.Vous constaterez que le développement du morceau, très différent de son introduction, n'a rien à lui envier tout en gardant une dimension onirique très marquée. "L'ultimo Viaggio del Principe", la longue suite de vingt quatre minutes est évidemment un rendez-vous à ne pas manquer. Ciro prend le temps d'installer et de développer son thème pour progressivement l'étoffer avant de le faire évoluer à plusieurs reprises avec à chaque fois un changement de tempo signifiant, correspondant à l'entrée de plusieurs instruments solistes mais aussi à l’apparition de parties lyriques. Affirmer qu'il s'agit d'une pièce maîtresse relève en l’occurrence du lieu commun. Je dirais pour ma part que nous avons affaire ici à une forme d'achèvement artistique pour son auteur qui réussit l'exploit de tenir pendant vingt quatre minutes sur un fil conducteur parfaitement identifié, contrairement à beaucoup de suites prog faites de  parties disparates accolées formant un tout plus ou moins homogène. Je vous laisse par contre découvrir la fin assez inattendue et pour tout dire mystique. Le titre suivant "(il) Ceruleo Sogno" fait d'ailleurs le lien avec une intro gardant une ambiance ésotérique assez proche avant de s'ouvrir sur un enchaînement de séquences lumineuses, avec encore une fois une trame mélodique qui s’incruste irrémédiablement dans votre cerveau jusqu'au thème final étiré à l'envie. La tonalité est volontairement plus romantique pour le nostalgique "Viola, Arancio e Topazio" dont le final violon/piano + voix d'Anna Marra devrait en toute logique vous tirer une petite larme. Nous sommes loin de la puissance contenue de l'instrumental "Il Passaggio di un Gigante Gentile" auquel succède "Tornerai Tramonto" tout en intensité émotionnelle. Le CD se termine avec un titre bonus qu'il aurait été vraiment dommage de rater. Car la fausse naïveté qui se dégage de "Nora" présenté - au moins au début - comme une jolie comptine folk cache bien son jeu et se révèle être en fait une merveilleuse mélopée envoutante qui avance sur un rythme impair, ce qui en fait tout le charme. 

Ciro Perrino atteint avec il principe del regno perduto une forme de plénitude artistique qui en fait une œuvre sans faille où tout paraît essentiel. Je le redis, ce qui fait la différence à chaque fois dans cet album, c'est la qualité des compositions et le soin apporté à leur exécution. Tout est en place au moment idoine, sans aucun développement inutile, et toujours avec la sonorité juste, celle qui permet de mettre en relief la trame. Pour cela, Ciro apporte beaucoup de soin au choix des instruments et à leurs exécutants. Vous noterez à ce sujet qu'il sait particulièrement bien s'entourer avec des musiciens qui ont quelques références comme le violoniste Sergio Caputo (cf. sa longue carrière solo), Francesco Bertone (accompagnateur, notamment aux côté de Gianmaria Testa), Enzio Cioffi (batteur dans St. Tropez, autre groupe culte de Ciro Perrino), Marco Canepa (qui est un fidèle aux côté d'Alan Simon) et enfin Anna Marra, Alessandro Serri et Edmondo Romano qui sont tous les trois des membres de Narrow Pass et d'Ancient Veil. Sans compter Ciro Perrino lui même qui, outre Celeste, a fait partie d'Il Sistema (à ses débuts), de St. Tropez, de La Compagnia Digitale et qui a produit un nombre important d’œuvres en solo qui méritent toutes d'être réécoutées ou même découvertes pour beaucoup de personnes qui lisent cette chronique. Je pense notamment à L'isola qui vous donnera quelques clés pour comprendre d'où vient il principe del regno perduto.

Pour le reste, Ciro vous fournira tous les détails lui-même dans une interview fleuve (en français et en italien) qui arrive très bientôt.

La tracklist

  1. Baie Distanti
  2. L'ultimo Viaggio del Principe
  3. (il) Ceruleo Sogno
  4. Viola, Arancio e Topazio
  5. Il Passaggio di un Gigante Gentile
  6. Tornerai Tramonto
  7. Nora

Le groupe : Ciro Perrino (claviers, chant), Francesco Bertone (basse), Enzo Cioffi (batterie), Sergio Caputo (violon), Marco Moro (instruments à vent), Mauro Vero (guitares)

Musiciens additionnels : Marco Canepa (piano), Paolo Maffi (saxophones), Anna Marra (chant sur 1, 2, 4 & 6), Edmondo Romano (instruments à vent), Alessandro Serri (chant sur 2, guitare électrique sur 6), Ciro Carlo Antonio Perrino (voix récitante sur 6).

Contacts et liens : 

pour écouter sur bandcamp

pour toute information ciroperrino1950@gmail.com

pour commander mellowrecords@libero.it



dimanche 21 février 2021

Le coin des vinyles : ma vérité

J’avoue écouter indifféremment des CD et des vinyles, voire même des cassettes. Opposer un support à un autre me paraît totalement inutile. Quand vous savez comment, d’un côté, le son peut être travaillé, modifié, transformé à l’envie. Quand vous constatez, de l’autre côté, que la manière dont chacun perçoit le son dépend de tellement de facteurs dont certains sont totalement empiriques et sujets à interprétation. Il apparaît alors que les débats vinyles versus CD sont vains (surtout à l'ère du tout numérique dématérialisé) et peuvent durer indéfiniment en encombrant les pages des réseaux sociaux sans satisfaire personne.  

Pour ma part, quand je mets un vinyle sur la platine, il s’agit d’un  disque original pressé durant les années soixante et soixante dix (ce qui tombe bien car cela correspond à la période à laquelle les styles de musiques que j’écoute ont été produits), jamais de réédition, rarement de vinyle récent (sauf quand mes amis musiciens sortent une édition spéciale vinyle que je me fais alors une joie de posséder). L’inconvénient des vieux vinyles réside principalement dans le fait qu’il faut être prêt à affronter les inévitables crépitements et craquements, plus ou moins répétés et plus ou moins supportables selon l’état de l’exemplaire possédé. Mais au moins, je suis dans une logique qui est la suivante : si je choisis d’écouter un vinyle, c’est pour le son particulier qui sort de la lecture du sillon. Pour cela, et pour que tout soit en cohérence et que çà ait vraiment un sens, il faut que les données lues soient  à 100% analogiques. Qu’est ce que cela veut dire ? Pour moi, c’est très simple, cela signifie que toute la chaîne doit être analogique du début à la fin, en passant par toutes les étapes : enregistrement analogique, mixage analogique, mastering analogique et support analogique  (le vinyle donc). Il n’y a aucune position extrémiste là-dedans, juste le fait que je ne vois pas bien l’intérêt d’écouter ces rééditions vinyles récentes qui ne sont ni plus ni moins qu’une somme de données numériques transférées et gravées ensuite sur vinyle ; une hérésie pour ne pas dire une imposture, quand les informations n’ont pas été retraitées pour donner un rendu son plus moderne ou plus présentable, ou les deux, c‘est  selon ! Combien vous pariez que c’est justement le cas quasiment à chaque fois. Même les rééditions affichant une remastérisation à partir des bandes originales analogiques subissent un traitement numérique. Il ne peut en être autrement. Ceux qui imaginent entendre, avec une réédition actuelle, le son à l'identique du vinyle de l'époque peuvent y croire, mais la réalité est imparable. Ce qu'ils écoutent est peut-être bon au niveau son mais ce n'est pas celui de la source originelle. Au moins, ils ne pourront pas dire qu'ils ne savaient pas.

Car j’ajouterais aussi un élément supplémentaire, essentiel pour moi, que l’on oublie un peu trop dans l’affaire : les vinyles originaux ont été conçus par les ingénieurs du son de l’époque qui avaient un vrai savoir-faire en matière d’enregistrement et de mastering analogique. Je ne pense pas que ce soit le cas aujourd’hui, et même si cela l’était, la norme en matière de son a radicalement évoluée et un ingénieur du son actuel modélisera le master final en se basant automatiquement sur ces références modernes, les seules qu’il sait reproduire, non plus sur des tables de mixages constellées de potards qu’on maniait du bout des doigts mais bien sur des logiciels impersonnels.  Pas sûr que ce soit ce type de sonorités que je souhaite entendre quand j’écoute un vinyle. Bien sûr, il y a une multitude de vinyles qui sont sortis à leur époque avec un son pourri, mais bizarrement quand  vous tombiez sur ce genre de coucou (çà m’est arrivé bien sûr), vous n’aviez pas l’impression de vous êtes fait avoir. En général, vous étiez plus désolé pour le groupe ou l’artiste, en vous disant que ce drôle de son, étouffé ou à l’inverse clinquant, ne lui rendait pas justice. Alors qu’aujourd’hui, acheter trente euros une réédition pour entendre un son qui semble (qui est !) complètement trafiqué, là vous sentez bien l’arnaque. Au passage, je n’en peux plus de voir tous ces hipsters se la jouer « moi je ne crois que dans le vinyle », « moi je reconnais le son du vinyle », « moi, je crée un label pour faire des vinyles que je vais vendre très chers ». Réponse : "toi le hispter, tu restes chez toi à sniffer ton rail et tu laisses les hommes, les vrais, écouter leurs vinyles en chiquant leur bière". Je m’étais promis de ne pas lâcher de vapeur. Désolé c’est parti tout seul.

En résumé, si vous voulez écoutez des vieux albums  en vinyle, procurez vous une version d’origine, pas une réédition. Vous aurez le « vrai » son que vous cherchiez et en plus vous aurez le plaisir de l’objet sans le code barre au dos. Avec un peu de chance, vous aurez même le sticker RTL au verso et l'étiquette prix du Prisunic à 59 francs au verso.       

Si vous souhaitez en savoir plus sur les mystères du son vinyle mais aussi sur le business actuel du vinyle, je ne peux que vous conseiller de vous référer à l’étude que j’ai réalisée sur ce sujet et qui se trouve en préambule de mon livre Plongée au cœur du Rock Progressif Italien sorti en 2018 chez Camion Blanc.

Merci de m’avoir lu jusqu’au bout. A bientôt

Louis

samedi 13 février 2021

Raven Sad : The leaf and the wing

Il nuovo (quarto) album dei Raven Sad possiede personalità, spessore ed una rara forza narrativa, evocatrice di spazi infiniti e respiri profondi.

Complice il “Gilmour style” che Samuele Santanna, mente e cuore della band, negli anni ha fatto suo con tutta la carica emotiva che ne consegue. Ma è la band tutta ad esser colta in grande forma, con una serie immaginaria di istantanee che ritraggono The leaf and the wing, concept esistenzialista, magico viaggio elettrico in otto brani. 

Un percorso sonoro, sul confine tra psichedelia progressiva e british neo-prog, che persegue la bellezza, un’interpretazione del benessere interiore, quando cuore e mente sono in armonia con l’universo.
Ulteriori sensazioni che avvicinano i suoni della band di Samuele Santanna ai Pink Floyd, quelli meno terreni, dove la complicità artistica ed umana tra Gilmour e Wright ha creato autentici gioielli. Inoltre, oltre alle raggiunte maturità ed esperienza, si aggiunge la voce di Gabriele Marconcini, le cui doti di rara bellezza e profondità, erano già emerse grazie alle musiche dei Merging Cluster. Credo comunque, che il gran lavoro alle chitarre sia la chiave per capire ed entrare mello spirito di questo disco, anche se il supporto delle tastiere di Fabrizio Trinci è indubbiamente determinante. Da queste due componenti comunque, rispetto i lavori precedenti, è evidente un’ evoluzione qualitativa dei Raven Sad, dove una sorta di urgenza giovanile che si poteva scorgere nei lavori precedenti, lascia il posto ad una matura consapevolezza di concretizzare in musica pezzi di sincera quotidianità. Colpiscono anche i particolari, come per esempio l’intervento del violoncello sul finale di "Ride the tempest", un modo per impreziosire ulteriormente una trama di per sè già emotivamente carica.(Mauro Furlan)
 
Discography:
2008  Quoth
2009  We are not alone
2011  Layers of stratosphere
2021  The leaf and the wing

 

dimanche 7 février 2021

Le coin des vinyles : non est ars quae ad effectum casus venit (Deus Ex Machina)

Deus Ex Machina : non est ars quae ad effectum casus venit

33 tours LP, 1997

Label : Kaliphonia KRC017

Je ne vous parle pas souvent de Deus Ex Machina ce qui est un tort. Car ce groupe, né à l'aube des années quatre vingt dix d'un siècle déjà bien révolu, a su se distinguer très tôt en proposant une forme de prog très personnelle tentant avec succès de relier Area d'un côté et Banco del Mutuo Soccorso de l'autre, le tout étant joué par des musiciens à la technicité exceptionnelle et porté par un chanteur au pathos étonnant, rappelant Demetrio Stratos, et s'exprimant de plus, le plus souvent, en latin. Une mixture assez improbable qui fonctionne sur une base de fusion rock jazz débordant régulièrement vers des envolées canterburiennes, quand il ne s'agit pas de digressions relevant du Rock in Opposition. Vous imaginez bien qu'avec un tel matériau sonore, la musique de ces italiens demande à être apprivoisée. De fait, Deus Ex Machina, surtout en live, c'est une expérience à vivre avec un Alberto Piras qui à l'instar de Demetrio Stratos avec Area, est capable transcender les partitions et de les tirer vers le haut avec cette voix à la fois puissance et passionnée. Mais je peux vous affirmer que tout se tient parfaitement et que les compositions, pour délirantes qu'elles puissent paraître au premier abord, sont en fait écrites au cordeau sans rien de superflu. Un vrai tour de force !

En résumé, Deus Ex Machina, ce sont des musiciens qui vont jusqu'au bout de leurs idées sans compromission. C'est aussi un un groupe qui me rappelle le Area de Arcbeit Macht Frei autant pour la musique généreuse et foisonnante produite que pour l'état d'esprit débordant au service d'une créativité à 360°.

Le vinyle présenté ici est réellement ce que l'on appelle un bel objet. Le contenu sonore est constitué de prestations live du groupe captées lors de plusieurs concerts à Bologne entre 1994 et 1995. Soit huit titres tirés des deux albums Deus Ex Machina (1992) et De Republica (1995). On aurait pu avoir peur d'avoir affaire à un bootleg, ce qui n'est absolument pas le cas. Le label Kaliphonia avait bien fait le travail. La qualité de la prise de son est excellente et le rendu est très propre. Mais l’intérêt principal de cet album réside dans sa forme. En effet, il n'existe qu'en version vinyle (ce qui était quand même une gageure à une époque où le CD régnait en maître) édité à 500 exemplaires numérotés. Toujours pour le contenant, la présentation en gatefold comprend un beau livret intérieur de six pages avec de nombreuses photos et des notes assez complètes sur l'histoire du groupe. Il s'agit donc, vous l'avez compris, d'un objet unique à posséder si possible.

Au passage, je me rends compte que cet album a déjà presque vingt cinq ans !

La tracklist :

Face A : 

1. Hostis
2. Res Publica II
3. G.C.
4. Lo stato delle cose

Face B :

1. Ignis
2. Dittatura della mediocrità
3. De oraculis novis III
4. Prima lux

Les musiciens : Gariporre (basse), trotta claudio il pedicure (batterie), Crodino Maurino (guitare), Buonetto Bravagente (violon), Dr. Fecal Reminbarca de Riccia (primario) de Feccia (claviers), Alberto Piras (chant). 

Bien sûr les noms sont ici en partie fantaisistes, faisant penser à une bande de jeunes carabins en plein délire.

lundi 1 février 2021

Prometheo : Quello che rimane

Prometheo, vous vous rappelez ? Ce groupe originaire de Bari avait commis un premier album en 2019 (d’un fuoco rapito, d’un giovane uomo, d’un amore insensato) qui s'était tout naturellement glissé in extremis dans mon top des meilleures sorties RPI de l’année 2019. Il revient aujourd'hui avec un deuxième album qui n'était pas prévu au programme, en tout cas pas sous cette forme. Pour cause de lockdown, les italiens ont dû eux aussi s'organiser différemment. Quello che rimane a été principalement alimenté avec des chutes du premier concept album (d'où le titre : "ce qu'il en reste" ). Pour la plupart, ces chansons avaient été enregistrées mais n'avaient pas été finalisées. Elles étaient restées à l'état de démos et auraient probablement dû garder ce statut pour longtemps. Finalement, à toute chose malheur est bon. Car ce que l'on entend là méritait vraiment de ne surtout pas moisir aux oubliettes. On retrouve sur Quello che rimane ce qui faisait la force du groupe : des compositions expressives ("Iena") et puissantes ("Quello che rimane") parfois alambiquées et baroques au possible ("La ballata della stagista") qui m'évoquent à nouveau le style théâtral d'Il Bacio della Medusa ou de Lothlorien.  

Si le très court instrumental "Arkeos", qui sert d'introduction, et "Bronzei profili" peuvent être considérés comme des versions laissées volontairement à leur état brut, les autres morceaux tiennent réellement la route et ont tous ce côté épique, se développant dans des ambiances particulièrement prenantes. L'impression de plonger dans un univers parallèle d'héroic fantasy est ici prégnant et il est évident que les sept premiers morceaux forment un tout homogène et cohérent. De fait il s'agit d'une suite naturelle à  D’un fuoco rapito, d’un giovane uomo, d’un amore insensato, Et si tout est réellement de haut niveau, j'avoue avoir un faible pour le dévastateur "Colma di doni" qui joue avec les nerfs de l'auditeur et s'amuse à l'égarer en sautant d'un genre à un autre quand il ne tente pas les mélanges audacieux  pour finalement retomber à chaque fois sur ce gimmick de seize notes qui lui sert de fil conducteur. Du haut de ses neuf minutes trente, ce titre réellement hors norme délivre un torrent de salves émotionnelles, soufflant alternativement le chaud et le froid jusqu’à vous laisser totalement épuisé en fin d'écoute.

De l'aveu même d'Andrea Tarquilio, le passionnant dernier morceau, "Vidas", anticipe une nouvelle page de création artistique et annonce le prochain  projet conceptuel du groupe. De fait, le ton semble différent, plus posé et recueilli... à vérifier dans un avenir proche que je souhaite favorable et clément pour ces musiciens qui font vraiment preuve d'une créativité débordante. Audaces fortuna juvat !

La tracklist :

  1. Arkeos
  2. Quello che rimane
  3.  Iena
  4. La ballata dello stagista
  5. Quello che rimane (acoustic)
  6. Bronzei profili
  7. Colma di doni
  8. Vidas 

Le groupe : Alessandro Memmi (guitares, chant, chœurs), Andrea Tarquilio (chant lead), Andrea Siano (claviers, synthés, chœurs), Andrea Maddaloni (basse), Alessandro Rana (batterie).

+ Michele Murgolo (violoncelle sur 1 & 6), Adam Iskrzycki (clarinette sur 2), Michele de Luisi (violon sur 4), Francesco Schiavone (basse sur 7), Isacco Buccolieri (saxo sur 7), Roman Gero (flûte traversière sur 7).

Merci d'aller sur les différents liens permettant directement d'écouter et d'acheter cette musique uniquement disponible en format digital dématérialisé :

Itunes

Amazon music 

Ah, et vraiment si vous ne pouvez pas faire autrement : ici

 

lundi 25 janvier 2021

lundi 18 janvier 2021

Ezra Winston, scoop !

Stiamo finendo di assemblare Tertium Non Datur, inedito terzo lavoro degli Ezra Winston, che sarà pubblicato in edicola nella collana Prog Rock Italiano, quindi solo in vinile per De Agostini (ma successivamente uscirà anche in Cd, sempre su Progressivamente). Il progetto nasce dall'amicizia che lega il sottoscritto a Mauro Di Donato e Paolo Lucini, colonne degli "EZRI" e che proseguirà con l'ideazione di un più organico nuovo album, il terzo vero; questo raccoglie cose inedite registrate nel corso del tempo... ho sempre pensato che fosse un peccato lasciarle incompiute negli archivi. Grazie a Mauro e Paolo ora stanno per uscire allo scoperto: fine giugno-inizio luglio con il numero 99 della collana, che terminerà con il numero 100 (Divae/Determinazione). La copertina, disegnata da Lorenza "Pigliamosche" Ricci (una strana creatura di sesso femminile, classe 1997 ma innamorata di musica altrettanto strana, anche degli anni 70), sarà gatefold con busta interna a colori.

samedi 16 janvier 2021

Elisa Montaldo : Dévoiler (la chronique)

Dévoiler est le meilleur nom qu'Elisa Montaldo pouvait trouver pour son nouvel album solo (en plus c'est un joli mot français qui a pour moi une forte portée sensuelle). Car il s'agit d'une œuvre très personnelle qui se veut refléter une période bien particulière de sa vie. En cela, les quatorze titres présentés sont autant de photos instantanées de pulsions inspirantes, de moments bien précis ou encore d'émotions ayant eu besoin de prendre forme artistiquement parlant. Voilà pourquoi sur plusieurs chansons, les paroles doivent être appréciées autant que la musique. Dévoiler est donc une occasion unique de découvrir de nouvelles facettes de la riche personnalité artistique d'Elisa. De fait, cette Elisa nous ne la connaissons pas bien, même si elle nous avait déjà largement intrigués en 2015 avec Fistful of Planets part I si différent de ce à quoi elle nous avait habitué avec son groupe prog, Il Tempio delle Clessidre. Avec Dévoiler, Elisa lève donc un pan plus large du voile (c'est facile mais je garde l'image puisque c'est la plus juste et aussi la volonté d'Elisa). Cela commence d’ailleurs dès le premier morceau "Is that from Batman" avec lequel Elisa se présente seule devant nous avec son piano. Un peu comme si nous étions face à elle lors d'une de ses longues soirées durant lesquelles elle joue pour les clients d'un hôtel ou d 'un piano bar en intercalant quelques improvisation de son cru, entre des chansons connues. Elle va d'ailleurs procéder de la même manière avec nous puisque l'on retrouvera ces petites pièces au piano tout au long de l'album ("Wesak", "Lanterne", "Comptine d'un autre été, l'après-midi" une reprise de Yann Tiersen, auxquelles j'ajoute la délicieuse "Wine tastes better" certes chantée mais qui reste dans l'ambiance). Mais dès le deuxième titre, "Except for himself", vous allez vite comprendre qu'il s'agit de beaucoup plus que cela, tant cette chanson est un hit en puissance que n'aurait pas renié Kate Bush. Juste après " Il giorno che non ti aspettavi" doit être apprécié en imaginant qu'Elisa a composé ce morceau à la guitare pendant le premier confinement de 2020. Étonnant car la chanson dégage plutôt une atmosphère détendue voire apaisante loin du contexte lourd du moment (la version by the shore et son emballage bossa est pour le coup carrément légère et insouciante). Le titre le plus surprenant de Dévoiler est bien le clubby "So much more" dont les tendances technoïdes sont lissées par la douceur féminine d'Elisa  qui fait ici toute la différence. Un peu plus loin "I'm still here "est une reprise de la chanson de Tom Waits dont Elisa propose sa propre version réarrangée avec le concours précieux du fidèle Mattias Olsson (Anglagard) et terminée le jour de l'anniversaire de l'américain. C’est donc une sorte d'hommage assumé de quelqu'un qui compte en terme d'influence pour Elisa. Et puis, il y a les deux morceaux prog, et pas n'importe lesquels, puisqu'ils proviennent tous les deux de collaborations avec The Samouraï of Prog. "Washing the clouds" est une version alternative de celle qui se trouve dans Beyond the Wardrobe et "La magia et la Realtà" est tiré de Toki no kaze. Dans les deux cas, ce sont des compositions absolument incontournables qui bénéficient de tout le savoir faire de la fabrique The Samouraï of Prog.  Le pouvoir onirique de "Washing the clouds" opère dès les premières notes et ne vous lâche pas et prend même en intensité quand les Samouraïs rejoignent Elisa pour une deuxième partie instrumentale durant laquelle Steve Unruh se démultiplie au violon puis à la guitare électrique pour livrer à chaque fois une performance solo d’anthologie."La magia et la Realtà", est pour sa part un perpétuel enchantement, certes inspiré du maître japonais Hayao Myiasaki, mais qui porte bien la signature d'Elisa au point d'évoquer fortement l'approche mélodique que l'on trouvait sur plusieurs morceaux d'Il Tempio delle Clessidre, le violon et la flûte de Steve Unruh en plus. Enfin un mot pour "Dolce madre" qui est présentée dans une vieille version démo et qui méritera un jour de bénéficier d'un habillage plus somptueux et pourquoi pas orchestré. 

Vous l'avez compris  Dévoiler va vous faire connaître une autre Elisa, ici moins prog et moins rock mais plus intime et émouvante. Mais c'est bien la même artiste qui s'adresse à vous avec son talent unique et son envie de communiquer ses sentiments et ses rêve, d'exprimer ses émotions et de faire passer un message à travers sa passion viscérale pour la musique. Le temps que vous achetiez Dévoiler, que vous l'écoutiez tranquillement, Elisa aura fini Fistful of Planets, part II.  On se retrouve bientôt pour en parler.

La tracklist :

  1. Is that from Batman ?
  2. Except for himself
  3. Il giorno che non ti aspettavi
  4. So much more
  5. Wesak
  6. I'm still here
  7. Wine tastes better
  8. Lanterne
  9. Washing the clouds
  10. Comptine d'un autre été, l'après-midi
  11. Il giorno che non ti aspettavi (by the shore version)
  12. Goldrake
  13. Dolce Madre (old demo)
  14. La magia è la realtà (japanese version)
Les musiciens : Elisa Montaldo (claviers, piano, ukulélé, lyre, chant), Ignazio Serventi (guitare, basse, claviers sur 2, 3, 6), Paolo Tixi (batterie sur 2 &), Sara Accardi (chant sur 3), Giovanni Pastorino (claviers, programmation sur 4),  Mattias Olsson (batterie, claviers vibraphone sur 6), Hampus Nordgren-Hemlin (basse, guitare vibraphone sur 6), Matteo Nahum (guitare sur 7), Alberto Malnati (contrebasse sur 7), Stefano Guazzo (saxophone sur 7), Marco Bernard (basse sur 9 et 14), Kimmo Pörsti (batterie sur 9 et 14), Steve Unruh (guitare, violon, flûte sur 9 et 14), Paola Franciosi (chant sur 11), Sidney Rodrigues (guitare classique sur 14), Ruben Alvarez (guitare sur 14), José Medina (orchestration sur 14)

Les liens :

Une petite écoute rapide en ouvrant ce teaser

Pour commander l'album en version digitale ou en format physique CD, rendez-vous sur le site d'Elisa Montaldo en cliquant sur ce lien : Elisa Montaldo 

Vous pouvez aussi aller sur Spotify Elisa Montaldo's Mix

mercredi 13 janvier 2021

Oh no, It's Prog : delle notizie di Gianni Nicola

Salve a tutti. Scrivo queste righe nei primi giorni del 2021 perché un anno fa usciva “Oh no, It’s Prog!”, il mio primo lavoro solista. Si tratta di un lavoro auto-prodotto e auto-distribuito nato dalla voglia di suonare la musica che più mi piace, ovvero il Progressive rock. Sono molto soddisfatto per come è stato accolto. E’ piaciuto a molti ed è andato praticamente esaurito (ne ho ancora tre copie). Grazie a Facebook alcune copie sono finite in Giappone, California, Svizzera, Germania e Grecia e ProgSky (Brasile) ha dedicato una puntata intera al cd presentandolo nella sua interezza insieme a una mia intervista registrata.
Oltre alle persone che hanno acquistato la mia opera, ci tenevo a ringraziare personalmente e pubblicamente alcune pagine di FB che hanno sempre gentilmente ospitato e spinto la mia musica e mi riferisco in particolare a Progressive Soul, Prog e Dintorni, Prog Bar Italia, Yes Prog e Dintorni, Jethro Tull Italian Community. Nel caso avessi dimenticato di citarne qualcuna chiedo scusa. Il mio ringraziamento va hai frequentatori abituali di queste pagine con i quali ci si scambiano sempre opinioni e buona musica, ma soprattutto agli Amministratori e i Moderatori che hanno sempre il loro bel da fare.
Oltre alle pagine di FB c’è un’altra realtà legata al Web che ci terrei molto a ringraziare ed è la categoria delle radio che un po’ di loro iniziativa un po’ su esplicita richiesta degli ascoltatori fanno passare “Oh no, It’s Prog”. Grazie a Prog Rock Polis condotta da Max, a Prog e Dintorni condotta da Gianmaria Zanier coadiuvato dalla bravissima Anna Biscari, a Wond’ring Aloud presieduta da Daniele Massimi e infine a Prog Sky e alla trasmissione sul Progressive Italiano condotta da Carlos Vaz Ferreira.
Nel chiudere con i ringraziamenti, e ripeto, mi scuso fin da ora nel caso in cui avessi dimenticato qualcuno, non potevo non menzionare Louis de Ny e l’associazione Trasimeno Prog.
Ora vorrei accennare al futuro. A marzo la fabbrica in cui lavoro dovette chiudere causa lockdown per circa un mese e mezzo. Le ripercussioni sullo stipendio non sono state simpatiche, tuttavia il tempo passato tra le mura domestiche (e per mia grande fortuna io amo stare con la mia famiglia) mi ha permesso di mettere mano alle idee che avevo abbozzato subito dopo aver finito la registrazione di “Oh no, It’s Prog!” e quindi ho il piacere di annunciare che i demo del secondo lavoro sono praticamente ultimati e che i fantastici musicisti che mi hanno aiutato nel primo cd, ovvero Emanuele Bosco (batteria), Luca Pisu (basso), Paolo Gambino (tastiere), Alessandra Turri (voce) e il bravissimo fonico Andrea Pollone, saranno di nuovo presenti. Dovrei riuscire a iniziare le registrazioni per fine marzo, ma molto dipende dall’andamento del mondo del lavoro. Comunque appena la situazione sarà un po’ più chiara farò partire la campagna di crowd funding per finanziare l’opera.
Spero di non avervi annoiato ma questo era un post che ci tenevo a fare per ringraziarvi del sostegno e per mettervi al corrente degli sviluppi del progetto “Oh no, it’s Prog!”. Ah, dimenticavo ho caricato anche un teaser con degli estratti da uno dei brani del nuovo lavoro.
Un abbraccio a tutti e ancora grazie.

dimanche 10 janvier 2021

Ellesmere : Wyrd

Roberto Vitelli, que l'on avait rencontré précédemment comme bassiste et guitariste du groupe Taproban, s'est lancé depuis 2015 dans un projet solo baptisé Ellesmere. Après un premier album majoritairement acoustique de tonalité pastorale répondant au doux nom évocateur de Les Châteaux de la Loire, Roberto avait commis un second album beaucoup plus orienté "classic prog" avec une palanquée d'invités intervenant sur le dénommé Ellesmere II / From Sea and Beyond, avec entre autres Davy O'List (The Nice), Trey Gunn (King Crimson), Brett Kull (Echolyn), Daniele Pomo (Ranestrane) et l'inévitable David Jackson (Van der Graaf Generator). Pour son troisième album, il reproduit la même recette tant au niveau de l'orientation musicale prog, désormais clairement revendiquée, que de la réunion d'une équipe de rêve qui comprend cette fois Mattias Olsson (Anglagard, White Willow),Tony Pagliuca (Le Orme), Luciano Regoli (Raccomandata Ricevuta Riturno),  David Cross (King Crimson), Tomas Bodin (The Flower Kings), John Hackett, Fabio Liberatori (claviériste pas connu en France mais qui est une pointure réputée en Italie) et... David Jackson bien sûr ! Vous pouvez ajouter à cela une cover qui en jette. Elle est signée Rodney Matthews et succède avantageusement à celle de From Sea and Beyond (que l'on devait à Colin Elgie) qui avait un côté un peu trop kitch à mon goût. C'est loin d'être le cas de la pochette de Wyrd qui nous plonge dans un monde d'Héroic-Fantasy. Çà tombe très bien car "Challenge", le premier morceau est complètement raccord avec cet univers et l’album n'aurait pas pu mieux démarrer qu'avec ce type d'épic qui réunit le meilleur du prog anglo-saxon et du prog italien avec pour point commun une dimension symphonique romantique qui vous remue vraiment. Derrière, "The eery manor" est un titre plus torturé qui a évidemment de fortes réminiscences avec Ys d'Il Balleto di Bronzo mais aussi avec quelques passages du Felona e Sorona de Le Orme. Je dois dire que les claviers sont utilisés avec toute la maestria que requiert ce type d'exercice avec à l’arrivée, un effet saisissant.  "Endeavour" est, disons, plus atmosphérique. La ligne de chant manque à mon avis d'assurance, mais colle bien à la tonalité d'ensemble qui se veut mélancolique, au moins jusqu'à l'intervention furibonde d'un orgue énervé qui ouvre pour le saxo de l'ami David Jackson. Vous vous doutez bien qu'il ne faut pas trop chercher l'anglais sur ce terrain et son sax part rapidement dans des dérapages contrôlés dissonants dont lui seul a le secret. Les retours réguliers à des plages plus calmes et surtout la présence d'une pédale basse sur certaines séquences rappelle bien sûr Genesis. Malgré ses multiples variations d'ambiances et de tempi, le morceau a une certaine tenue à défaut d'une réelle cohérence. Arrive alors "Ajar" et sa longue intro en partie inspirée de celle de "Heart of the sunrise" (si si écoutez bien la section rythmique) de qui vous savez. La suite du titre a de quoi surprendre avec une succession de plans de claviers coupés par des riffs de saxo et des interventions de chœurs qui se veulent yessiens bien sûr. Le résultat nous amène plus du côté de Drama que de Relayer même si quelques passages tarabiscotés peuvent faire illusion. L'outro du morceau reprend le thème de l'intro avec, il faut le dire, une certaine réussite. Avec "Endless" le cinquième et dernier morceau, Roberto apporte la preuve qu'il peut encore faire mieux et monter le niveau d'un cran pour nous offrir ce qui est sans aucun doute l'apogée de cet album. En treize minutes et des poussières, Roberto propose un florilège de son savoir-faire autant pour ce qui concerne la partie compo, que pour les arrangements et bien sûr l'exécution. Cela donne une très belle première partie inspirée et mélodique à souhait dans une veine proche, une fois encore, de Genesis, mais aussi de ceux que l'on peut entendre chez les meilleurs groupes de néo-prog (ceux qui ont des claviéristes dignes de ce nom, suivez mon regard). Le morceau enchaine ensuite avec une deuxième section toujours instrumentale, superbe avec d'irrésistibles explosions orchestrées aux claviers. Nous arrivons ainsi, sans avoir ressenti de longueurs, sur une dernière partie de morceau étonnante qui bascule dans univers sonore électronique qui ne manque pas de surprendre.
Wyrd est surement la meilleure production à ce jour de Roberto Vitelli avec Ellesmere. Il va maintenant falloir tenir le cap et peut être envisager un nouvel album avec un chanteur plus emblématique. Ce serait bien.   

La tracklist :

  1. Challenge
  2. The eery manor
  3. Endeavour
  4. Ajar
  5. Endless

La formation : Roberto Vitelli (guitares, basses, pédale basse), Mattias Olsson (batterie), Fabio Bonuglia (claviers).   

Invités : Luciano Regoli (chant), Giorgio Pizzala (chant), Tomas Bodin (basse), John Hackett (flûte), David Cross (violon), Fabio Liberatori (claviers), Tony Pagliuca (claviers), David Jackson (saxophone).

Les liens utiles : 

Le bandcamp d'Ellesmere

Pour l'acheter chez BTF

dimanche 3 janvier 2021

Indra : Ceneri - Requiem per il Sogno Americano


C'est reparti pour une nouvelle année de découvertes en espérant que la cuvée 2021 sera autant porteuse de bonnes surprises pour le prog italien que la précédente. 

A la base, Indra est un trio de musiciens (Gianluca Vergalito, Mattia Strazzullo, Antonio Armanetti) qui porte un projet ayant à la fois des ambitions multiculturelles et pluri-artistiques. Comme souvent en Italie, le groupe élabore des œuvres "totales" qui outre la musique, comportent une part importante de textes (avec des récitants), ainsi qu'une chorégraphie scénique qui s'appuie sur des danseuses et la mise en avant de costumes. Le groupe a ainsi proposé en 2017 un premier spectacle (Fossili) qui fonctionnait déjà sur ce principe. En 2020, un nouveau projet a vu le jour avec un synopsis basé sur une histoire assez pessimiste et désespérée, celle d'un homme parti de rien qui tente de s'élever dans la société contemporaine et qui, malgré ses efforts finit par tomber dans la marginalisation, d'où le titre "Requiem pour le rêve américain". Le groupe a tout juste eu le temps de présenter Ceneri sur scène à deux reprises en août 2020 avant que la fenêtre de tir se referme pour cause de lockdown. 

Musicalement, écouter Ceneri, c'est accepter de faire un très joli voyage dépaysant durant lequel vous évoluerez dans une ambiance générale très soft jazz parfois swingante, avec un mélange d'apports ethniques assez diffus rarement typés, avec même une volonté délibérée de brouiller les pistes, ainsi l'utilisation parcimonieuse du sitar sur "Illusione" n'en fait pas un morceau connoté indien pour cela (l'intro indiquerait d'ailleurs plutôt une influence de Weather Report). On peut même parler de déstructuration au profit d'une World Music qui a le dos large. Le plus intéressant étant pour moi le travail réalisé sur les tempi et les étranges articulations polyrythmiques que se permettent (avec bonheur) les musiciens ("Taranta stomp" en est vraiment un bon exemple). Les lignes mélodiques restent très discrètes, pour ne pas dire passe-partout, et l'on comprend que la plupart des morceaux sont avant tout autant de séquences musicales servant de supports au déroulement de la partie scénique (vous en avez deux bonnes illustrations ici et là  !). Ce qui fait qu'à mon niveau, je retiens principalement "Taranta stomp" et "Erzezù ", deux pistes où il se passe vraiment quelque chose.

Il est rare que je m'arrête sur la couverture. Mais là je dois reconnaître que l'artwork - signé Gabriele Tullo - en jette. D'ailleurs toute la partie design est soignée que ce soit le livret ou même les petits stickers offerts avec le CD.

La Tracklist (vous pouvez écouter les titres en cliquant directement dessus) :

  1. Fenice
  2. La variante ascari
  3. Fuochi d'artificio
  4. Taranta stomp
  5. Erzezù
  6. Cuore
  7. Illusione
  8. Il viandante
  9. Caronte
  10. Manifesto  
La formation : Gianluca Vergalito (guitare, sitar, basse), Mattia Strazzullo (piano, claviers, synthé basse), Antonio Armanetti (batterie), Giuseppe Bianchi (récitation), Laura Esposito et Sara Ferrigno (danse)

LE CD autoproduit est distribué par Lizard Records

vendredi 1 janvier 2021

édito d'un drôle de nouvel an

J'avais décidé de ne pas faire d'édito cette année. Pas d' inspiration ou plutôt une inspiration polluée par une multitude de sentiments, d'idées, de rancœurs qui finissent par transformer un fluide pur en eau trouble. Pas envie non plus de ressasser une enième fois les charges virales d'une année qui aura sans aucun doute marquée un tournant dans l'histoire moderne de l'humanité. L'Homme, aveuglé par un sentiment de supériorité et euphorisé par un cynisme qui n'a pas d'équivalent dans la nature,  porte en lui son  malheur et s'attache à organiser méthodiquement sa propre destruction. Je ne suis pas Don Quichotte et je ne me sens ni les épaules ni le courage pour aller me battre contre l'inéluctable et encore moins contre la bêtise humaine qui, l'année 2020 l'a hélas amplement démontré, gagne toujours.  

Alors pourquoi cet édito quand même  ? Parce que s'il y a quelque chose qui peut sauver les hommes et les unir, c'est bien la musique. Langage unique et universel. Langage qui unit et réunit les hommes quelque soit leur nationalité, leur couleur de peau et leur âge. La musique est ce qui permet à beaucoup de gens de vivre et de survivre. Et pas que les musiciens. Tous ceux à qui le langage musical parle parce qu'il s'agit avant tout de vibrations qui touchent et atteignent le plus profond de l'être. 

Or, figures-toi qu'aujourd'hui justement, je suis à nouveau tombé sur plusieurs articles de presse évoquant la puce Neuralink qu'Elon Musk se propose de nous implanter dans le cerveau. C'est quoi cette puce ? C'est une interface cérébrale qui doit permettre à terme d'aboutir à la fusion entre l'Homme et l'Intelligence artificielle qui ne feront alors plus qu'un. Le surhomme quoi (çà rappelle des souvenirs hein !). En d'autres termes, je parle là du transhumanisme qui est aujourd'hui la raison d'être et l'obsession de tous les super puissants et autres dégénérés mégalomanes qui régissent le monde et ordonnent aux nations. Elon Musk en fait partie bien sûr. Or cette puce, entre autres joyeuses fonctionnalités, aura la capacité de diffuser de la musique directement dans notre cerveau. FOR MI DABLE monsieur Musk (le musc c'est pas le truc qui pue chez les animaux ?), formidable monsieur Musk vous êtes le génie malfaisant (il en fallait un !) qui va se charger de supprimer le dernier espace de liberté intellectuelle qui permet aux hommes de communiquer autrement que par les langues et les signes, qui leur permet de se comprendre et de communier ensemble. C'est sûr qu'avec une puce qui zonzonne dans ton cerveau, tu risques pas de partager grand chose avec ton voisin, déjà qu'avec les écouteurs collés sur les oreilles !  

Voilà, c'est tout pour moi, j'arrête là. Tu arriveras bien à imaginer toi même la suite et ce qui nous attend  ou plutôt ce qui attend nos enfants. Penses bien à çà pendant que tu choisis tranquillement ce que tu vas écouter ce soir. "L'illusion est trompeuse mais la vérité l'est bien davantage" (mon Maitre, Frédéric Dard).

NB : désolé de t'avoir tutoyé mais je suis un affectif et puis çà, j'ai encore le droit de le faire !

jeudi 31 décembre 2020

Witchwood : Before the Winter

Le nouvel album de Witchwood, Before the Winter est sorti le 20 novembre 2020. Il succède à Litanies from the Wood (2015) et à Handful of Stars (2016). 
Adepte du hard prog psyché revival 70' (ouf !), la bande à Ricky dal Pane a bien l'intention de rester fidèle à sa religion. Pour résumer, Witchwood c'est une recette très efficace : 1/3 de Whitesnake, 1/3 de Rainbow et 1/3 d'Uriah Heep. Même si on va voir plus loin que le temps passant, cette définition tient de plus en plus de la caricature. Mais il est vrai que le premier tiers de l'album, avec les titres "Anthem for a child", "A taste of Winter" et "Feelin", est bien dans cette lignée. Il faut pourtant constater, à l'écoute de cet album, que Witchwood prend de plus en plus de liberté avec ses illustres aînés et s'affirme à travers des titres plus personnels. A cet égard "A crimson moon" et surtout "Nasrid" sont significatifs d'un registre plus posé dans lequel le groupe souhaite se distinguer. Sur ces deux morceaux, il faut noter la présence de Diego Banchero (Il Segno del Comando) à la basse fretless. Arrêtons nous quelques instants sur l'instrumental "Nasrid". Avant tout acoustique, le morceau est porté par une guitare classique qui alterne accords égrenés et arpèges au demeurant assez simples. Une flûte pastorale discrète prend le relais et ouvre pour une très belle séquence de vocalises féminines. Cela vous rappelle une bande son de musique de film ? Plutôt un vieux western ? Normal, tant l'hommage à Ennio Morricone semble évident. A l'opposé,Witchwood s'attaque à du gros blues rock qui tâche avec "Crazy little lover" qui tient autant de Lucifer Friends que de Leaf Hound. En tout cas, çà envoie du pâté.
 Il y a aussi au milieu de cet album le vraiment très bon "Hesperus" qui se distingue autant par sa longueur (huit minutes trente) que par un pont central atmosphérique étonnant. Ah c'est aussi un morceau sur lequel il y a beaucoup de flûte (il y en a d'ailleurs sur d'autres titres de l'album). Mais çà ne ressemble pas à ce que fait Maitre Anderson. Je préfère préciser car quand je tombe sur une chro sur FB qui parle d'un morceau prog avec de la flûte, à chaque fois çà ressemble à du Ian Anderson. Alors oui Samuele Tesori est un excellent flûtiste mais non il ne joue pas comme Anderson. Ce n'est pas la même attaque ni la même manière de jouer. Il faut quand même savoir de quoi on parle quand on veut écrire sur la musique (désolé je suis un peu énervé à cause de mon réveillon du 31 décembre gâché par une saloperie de virus). Avec "Slow colours of shade" le groupe revient à un ton qu'on avait déjà entendu sur ses deux premiers albums : un long morceau de presque onze minutes qui prend son temps pour prendre son envol. Le tempo est lourd, les chœurs masculins sont dantesques, les riffs de guitare sont sommaires et heavy au point que l'on se demande comment la flûte arrive à se frayer un chemin dans cette atmosphère suffocante. La dernière partie du morceau est très explicite quant à l'origine de cette composition qui va bien sûr puiser son inspiration dans les bandes son des films et téléfilms italiens d'horreur des années soixante dix. 
Pour finir, nous avons en bonus sur le LP "Star Child" qui est une reprise de Tyrannosaurus Rex librement adaptée par le groupe. A mon modeste avis, cette version est supérieure à l'original que je n'ai jamais pu saquer. Mais je vais être honnête, la preuve que c'était une bonne compo puisque, plus de cinquante après (et oui, elle date de 1968 !), cela fait une bonne chanson.     
Après avoir bien écouté cet album, on peut sans aucune hésitation faire les trois constats suivants :
1 - Witchwood a un vrai-savoir en matière de hard prog épique
2 - les compositions sont vraiment bonnes et vous restent un bon moment en tête (écoutez la tuerie "No reason to cry", vous allez comprendre)
3 - il y a quarante cinq ans, le groupe aurait eu sa place dans les dix meilleures formations du genre.Yes Sir !  
 
La tracklist :
1. Anthem for a child
2. A taste of winter
3. Feelin
4. A Crimson moon
5. Hesperus
6. No reason to cry
7. Nasrid
8. Crazy little lover
9. Slow colours of shade
10. Child star ( bonus sur le LP)

Le groupe : Ricky dal Pane (chant, guitares, mandoline), Andrea Palli (batterie), Stefano Olivi (claviers), Luca Celotti (basse), Samuele Tesori (flûte et harmonica), Antonino Stella (guitare solo). 

Vous pouvez commander au choix le CD ou le double LP à cette adresse : Jolly Roger Records
 

mercredi 23 décembre 2020

Anandammide : Earthly Paradise (in italiano)

Ecco un gruppo ed un album che mi fa davvero piacere trovare in questa fine d’anno così particolare.

Prima di tutto il gruppo. Non è frequente nella cerchia del Prog italiano trovare dei musicisti francesi associati ad un progetto artistico. Figuratevi che non soltanto in questa formazione ci sono dei musicisti francesi, ma in più il gruppo ha come base Parigi! In realtà ne fanno parte tre strumentisti francesi, una violinista inglese (che declama un estratto del poema di William Morris “The Earthly Paradise”) ed un solo italiano. Nella fattispecie, si tratta di Michele Moschini, che abbiamo incontrato in altri tempi nel gruppo Floating State, autore di un solo album uscito nel 2003, già con Lizard Records (Thirteen tolls at noon). Piccolo aneddoto, quest’album conteneva un pezzo di ventidue minuti ed un altro di quarantaquattro minuti. Evidentemente questo genere di exploit non è appannaggio unico dei Flower Kings & co.
Michele ha dato vita a questo progetto musicale già nel 2007, poco tempo dopo il suo arrivo in Francia, ma c’è stato bisogno di attendere dieci anni e qualche concerto affinché Anandammide si concretizzasse discograficamente.

Ed ora la musica. Certo, sono più attratto dal buon vecchio rock progressivo, italiano se possibile, e qui abbiamo a che fare con un revival del folk britannico di fine anni sessanta/inizio anni settanta. Fantastico! Dal momento in cui si tratta di qualcosa di bello, mi interessa. Tanto più che c’è una moltitudine di particolarità e di sottigliezze da scoprire in questo album.

Tutta la musica ed i testi sono stati scritti da Michele, che è al contempo iniziatore di questo progetto e coordinatore artistico. Michele rivendica i Fairport Convention, i Pentangle e Donovan come sue principali fonti di ispirazione. Aggiungerei facilmente Steeleye Span e anche Nancy Elisabeth per il tono generale. Ritroviamo anche una esplicita tendenza alle ambientazioni medievaleggianti, per esempio sulla lamentazione medievale “Pilgrims of Hope” o sulla cantilena “Colette the Witch”, senza citare la cadenzata “Þórsmörk".  Il trovatore e poeta Walther von der Vogelweide è di fatto un’altra influenza principale di Michele. Forse la raffinatissima ballata medievale “Electric Troubadour”, che si conclude con un sublime canone cantato, è inconsciamente a lui dedicata.

Trovo che tutto regga in questo album. I pezzi si concatenano naturalmente in una forma di armonia che porta alla beatitudine e giustifica il nome del gruppo, Anandammide, la molecola del piacere (talvolta scritto con una sola m). Dovendo mettere in risalto qualche titolo, prenderei senza esitazione la dolce e pura “Lady of the Canyon”, oltre ad “Anandi” per le stesse ragioni ed in più per il suo lato pop psichedelico che mi piace tanto. Isolerei anche la sequenza Caravan con “Satori in Paris” e “Syd”, talmente in queste due canzoni il canto di Michele richiama le dolci intonazioni della voce di Richard Sinclair, con in più un flauto che accompagna e mette in rilievo la delicata linea melodica. Infine tengo per me “Iktsuarpok”, pezzo marcato dalla sonorità tanto superata quanto evocatrice di un’epoca ormai finita del vecchio organo Gem Jumbo. Una vera madeleine di Proust.
Ho parlato rapidamente della voce di Michele. Torno a parlarne perché questo ragazzo possiede un timbro vocale assolutamente strabiliante, assimilabile ad una tessitura di tenore leggero. Il suo modo di cantare, dolce e calmo, non attira l’attenzione immediatamente, ma gli ascolti ripetuti mettono in risalto la sua voce sino a creare un effetto magnetico. D’altronde lo stesso Loris Furlan afferma che la voce di Michele è senza dubbio una delle più belle che ha incontrato durante i suoi venticinque anni passati al timone della Lizard Records.
In questi tempi turbolenti che ci danno l’impressione di approssimarsi sempre più pericolosamente verso il caos, Earthly Paradise è un rifugio,  un’isola musicale dalla quale emanano pace e serenità. Ciò che si prova ascoltando questo album è più che un sentimento piacevole, è forza vitale!
 
 

La tracklist : (potete ascoltare su youtube i pezzi sottolineati)

  1. Singer of an empty day
  2. Earthly Paradise
  3. Lady of the Canyon
  4. Þórsmörk
  5. Anandi
  6. Electric Troubadour
  7. Pilgrims of Hope
  8. Satori in Paris
  9. Syd
  10. Iktsuarpok
  11. Colette the Witch

Il gruppo : Adrien Legendre (violoncello), Audrey Moreau (flauto), Michele Moschini (voce, chitarre, synth, organo, flauto dolce, tin whistle, batteria e percussioni), Stella Ramsden (violino, voce sulla traccia n. 1), Pascal Vernin (basso)  

Label : Lizard Records

Per ascoltare ed acquistare l’album cliccate su questo link bandcamp. Grazie da parte del gruppo.