vendredi 28 juillet 2023

Picchio dal Pozzo : in camporella

L'histoire de cet album aussi inattendu, pour ce qui concerne sa publication, qu'improbable dans son contenu, mérite d'être (une fois encore) racontée.
Il y a quatre ans environ, Paolo Griguolo a reçu, d'un expéditeur inconnu, un CD RW référencé "Valdapozzo 30/05/2004" qui contenait en fait une captation d'un concert donné effectivement à Valdapozzo à la date indiquée. Basée sur le même concept que l'album Pic_nic@Valdapozzo, enregistré peu avant, la performance avait cela de particulier qu'il s'agissait en fait d'une improvisation totale intégrant des samplers audio de la voix de Demetrio Stratos. L'hommage au grand chanteur ne prenait pas forcément l'orientation attendue dans le sens où les musiciens n'utilisaient, de la bande son du concert de 1979, que les parties vocales correspondant à des balbutiements, des murmures et des onomatopées typiques des expérimentations chères au Milanais. En écoutant le CD pirate, Paolo Griguolo a trouvé intéressant de reprendre cet enregistrement, d'effectuer le nettoyage indispensable et surtout, s'est amusé, à redécouper tout cela et à refaire des assemblages en fonction des fréquences dégagées. Un vrai travail de musicien frayant dans l'avant-garde la plus radicale, pour un résultat qui, s'il reste bien sûr froid et hermétique, n'en a pas moins un certain charme. Car, au-delà d'évidentes réminiscences évoquant un Rock In Opposition typé Picchio dal Pozzo, on entend aussi un jazz minimaliste, largement porté par le saxo de Claudio Lugo, qui donne ces couleurs si particulières à l'ensemble et aussi, il faut bien le dire, une certaine forme d’humanité. On trouvera une réelle profondeur à un morceau comme "Adagio con fuoco" au sein duquel plusieurs instruments naviguent en eau trouble, parfois clairement identifiables (le saxo bien sûr, des synthés, un piano, des percussions diverses...), mais parfois carrément mystérieux (glouglous aqueux compris). A savoir, que la deuxième moitié de ce long développement est une vraie réussite avec notamment la séquence plus électro.
Vous l'avez compris, c'était bien sûr le même concept qui avait servi de base à l'élaboration du monstre qu'était l'album Pic_nic@Valdapozzo. Mais de l'enregistrement studio d'origine (magnifique et envoûtant) il ne reste pas grand chose, à part "Pugni chiusi". Ce titre ayant un intérêt tout particulier puisqu'il s'agit au départ d'une chanson (un tube) de 1967 interprétée par le groupe I Ribelli au sein duquel on trouvait un certain...Demetrio Stratos au micro. Vous me croirez ou pas, mais bien qu'à des années lumières de son modèle d'origine, la version extrapolée de Picchio dal Pozzo évoque furtivement sa lointaine devancière. Quelques notes judicieusement reprises de la mélodie d'origine dans un rendu déstructuré bien sûr, mais aussi la résonance même de l'interprétation, sans parler des petits riffs malins à la guitare électrique de Paolo Griguolo, sont autant de références à la trame de base, avec en plus un phénomène étonnant mais voulu : plus le morceau avance plus le rapprochement se fait évident.
Cette expérience musicale dure à peine plus de quarante minutes mais elle a pour mérite de remettre les choses à leur place : Picchio dal Pozzo est un groupe à part dans l'univers du rock progressif italien, et sans rien renier de leurs origines, ces musiciens (éminents pour certains, cf. Aldo De Scalzi) sont capables de démontrer à la fois leur différence mais aussi, et peut être surtout, leur capacité à créer une matière réellement originale qui a du sens, ce qui n'est pas forcément si fréquent dans ce style d'exercice. Finalement, même si Picchio dal Pozzo n'a fourni réellement que quatre albums studio en presque un demi-siècle d'existence (Picchio dal Pozzo en 1976, Abbiamo tutti i suoi problemi en 1980, Pic_nic@Valdapozzo en 2004, enfin Camere Zimmer Rooms publié en 2001 et constitué d'inédits de 1977 à 1980), même si le groupe a pris à plusieurs reprises la forme d'un collectif de musiciens (parmi lesquels on retrouve Francesco Zago, Paolo Botta, Edmondo Romano), il s'avère que la formation gênoise impose sur la durée un nom (mais çà on le savait déjà). Mais surtout elle affirme sa propre approche de la manière de faire de la musique et d'assembler des sons, qui peut être quasiment considérée comme une pensée artistique aussi intègre que non conventionnelle, aujourd’hui encore incarnée par les deux survivants que sont Aldo De Scalzi et Paolo Griguolo. Voilà, c'était pour moi, l'occasion où jamais de reparler de Picchio Dal Pozzo. Il était temps, sero sed serio !      

Le groupe : Aldo De Scalzi (claviers,  samplers, programmation), Aldo Di Marco (batterie, percussions, samplers), Paolo Griguolo (guitare, guitare synthétiseur), Claudio Lugo (saxo soprano, samplers).

La tracklist :

1. Adagio con fuoco
2. Cottura lenta
3. Zanzare al pesto
4. Pugni chiusi

A ma connaissance, l'album n'est disponible sur le site de Cuneiform uniquement qu'en format lossless digital. 

Voici autrement le bandcamp du groupe :  Picchio dal Pozzo

 

 

samedi 15 juillet 2023

La Bocca della Verità : (Un)connected


Sept ans après leur premier album, Avenoth, les membres de La Bocca della Verità reviennent avec une nouvelle galette sobrement intitulée (Un)connected. Ils nous proposent soixante dix minutes de musique répartie en seize pistes dont une suite de plus de quinze minutes.
Malgré cette longue pause d'activité, les gars n'ont pas perdu la main. Le style est toujours aussi accrocheur. Il y a toutefois une évolution de taille puisque Jimmy Bax chante en anglais. Vous connaissez mon avis sur la question, je ne vais pas y revenir. Par contre, on comprend assez rapidement, à l'écoute des premiers morceaux, pourquoi ce choix radical. En effet, la volonté d'internationaliser le propos est ici manifeste. Elle se double d'une évidente aspiration à se mettre dans le sillage de groupes que l'on appellera " de référence", même ce n'est pas toujours le cas non plus, je vous rassure. Mais difficile de ne pas penser à Yes sur les premières mesures de "I'm gonna buy something", à Genesis avec "Lullaby of the ancient world" ou à Unitopia avec "Cryogenic Hope". Pas vraiment gênant car il y a largement de quoi faire dans cet album qui comprend de bons et de grands moments à commencer par une ouverture instrumentale, qui met d'emblée les gaz, dans un style très rendre-dedans à la F.e.M. Sur "Winter in our mind", la voix de Jimmy Bax fait des miracles et permet surtout de relever une chanson assez plate. Tout le contraire de "Hikkomori humanity" qui fonctionne sur le principe, efficace, des montagnes russes.
On est évidemment plus près de Neal Morse que de Banco mais bon, je pense que vous avez compris : cet album de LBDV a volontairement été pensé pour, à la fois, avoir une orientation résolument moderne, sonner rock et être compatible avec le public anglo-américain. Après, je dois dire qu'un titre comme "Blind trust" peut sans problème tirer la bourre à la concurrence anglo-saxonne justement. Nous avons bien sûr aussi la longue suite de rigueur, "Liquid suite", qui après un démarrage très West Coast, prend ensuite des airs d'épique métal prog avec un dernier tiers qui fait réellement la différence en embarquant tout sur son passage. Mention spécial au morceau "Returned (the Last Farewell") pour son côté réellement original : une très très belle chanson, interprétée à deux voix, sur un fond atmosphérique à la fois tendu et jazzy.
Pour ma part, je retiens ce titre ainsi que (et surtout) "Like a amphibious", la piste finale, juste magnifique, et je retourne avec plaisir écouter Avenoth. On s'est compris, je pense.

Le groupe : Fabrizio Marziani (chant lead, guitares), Jimmy Bax (claviers), Massimo Di Paola (claviers), Guglielmo Mariotti (basse, guitares), Ivan Marziani (batterie, percussions) + Ilaria Monteleone (chœurs), Filippo Marcheggiani (10)

La tracklist :

1. Connected Ouverture
2. Winter in our mind
3. Hikkomori humanity
4. I'm gonna buy something
5. Lullaby of the ancient world
6. Blind trust
7. Liquid Suite
8. [Un]connected
9. Returned (The Last Farewell)
10. Cryogenic hope
11. Like a amphibious

mardi 11 juillet 2023

Prog Italia n° 49 (FR/IT)

Devinez qui a participé au n° 49 (07/2023) de la prestigieuse revue Prog Italia pour l'édition spéciale dédiée aux 100 albums qui ont fait le rock en 1973 ? La chronique de l'Opera Prima de Rustichelli & Bordini est signée Louis de Ny ! Cette participation m'honore d'autant plus que les personnes sélectionnées représentent le gratin du rock progressif italien (musiciens, écrivains, journalistes). J'ai donc un grand plaisir à être, dans cette liste, aux côtés de gens que j'admire mais aussi, pour beaucoup, d'amis de longue date.

Voici la la présentation générale du rédacteur en chef himself, l'incontournable Guido Bellachioma:"PROG ITALIA 49 comprend le spécial 100 critiques pour l'année 1973. Il ne s’agit pas des 100 meilleurs albums "prog et relatifs" de cette année selon le jugement de «Prog Italia», mais de 100 critiques choisies librement par 100 personnes différentes, que j’ai voulu impliquer dans ce voyage tumultueux, afin d’avoir un regard transversal sur cette période. Nous pouvions facilement faire écrire dix critiques à dix collaborateurs du magazine, de sorte que l’objectif aurait été rapidement atteint, mais j’aime faire des choses difficiles. J'ai donc demandé à des journalistes qui habituellement n’écrivent pas pour nous (presse écrite, web, télévision, radio), musiciens, compositeurs, écrivains, disquaires, organisateurs de concerts, dessinateurs, etc., bref, des gens qui aiment la musique et qui, malgré des approches différentes, se sont profondément immergés dans l'année magique 1973".

 Voici donc la liste des 100 chroniques (+ 1) avec leurs auteurs.

100 recensioni 1973 + 1 (par ordre alphabétique des artistes)
1 Acqua Fragile: ACQUA FRAGILE (Guido Bellachioma)
2 Ainigma: DILUVIUM (Alessandro Seravalle)
3 Alphataurus: ALPHATAURUS (Fabio Capuzzo)
4 Ange: LE CIMITIERE DES ARLEQUINS (Alberto Nucci)
5 Area: ARBEIT MACHT FREI (Renato Scuffietti)
6 Brian Auger's Oblivion Express: CLOSER TO IT! (Claudio Simonetti)
7 Kevin Ayers: BANANAMOUR (Nino Gatti)
8 Banco del Mutuo Soccorso: IO SONO NATO LIBERO (Alessandro Pigozzi)
9 Peter Banks: PETER BANKS (Paolo Carnelli)
10 Franco Battiato: SULLE CORDE DI ARIES (Fabio Zuffanti)
11 Beck, Bogert & Appice: BECK, BOGERT & APPICE (Roberto Guarnieri)
12 Black Sabbath: SABBATH BLOODY SABBATH (Carmine Aymone)
13 Blue Oyster Cult: TYRANNY AND MUTATION (Alessandro Massara)
14 Budgie: Never TURN YOUR BACK ON A FRIEND (Giovanni Loria)
15 John Cale: PARIS 1919 (Andrea Chimenti)
16 Camel: CAMEL (Ezio Candrini)
17 Can: FUTURE DAYS (Federico Guglielmi)
18 Caravan: FOR GIRLS WHO GO PLUMP IN THE NIGHT (Giuliano Piccininno)
19 Cervello: MELOS (Lino Vairetti)
20 Billy Cobham: SPECTRUM (Andrea Pavoni)
21 Collegium Musicum: LIVE (Jessica Attene)
22 Cosmos Factory: COSMOS FACTORY (Roberto Lorici)
23 Lucio Dalla: IL GIORNO AVEVA CINQUE TESTE (Maurizio Di Tollo)
24 Miles Davis: BLACK BEAUTY – MILES DAVIS AT FILLMORE WEST (Giovanni Tommaso)
25 Fabrizio De Andrè: STORIA DI UN IMPIEGATO (Luigi Viva)
26 Ekseption: TRINITY (Donato Ruggiero)
27 ELP: BRAIN SALAD SURGERY (Beppe Riva)
28 Brian Eno: HERE COME THE WARM JETS (Franco Fabbri)
29 Faust: FAUST IV (Maurizio Malabruzzi)
30 Ivano Fossati: IL GRANDE MARE CHE AVREMMO ATTRAVERSATO (Giulio Casale)
31 Fripp & Eno: NO PUSSYFOOTING
32 Garybaldi: ASTROLABIO (Massimo Gasperini)
33 Genesis: GENESIS LIVE (Francesco Gazzara)
34 Genesis: SELLING ENGLAND BY THE POUND (Antonio De Sarno)
35 Gentle Giant: IN A GLASS HOUSE (Mauro Di Donato)
36 Gong: FLYING TEAPOT (Riccardo Bertoncelli)
37 Gong: ANGEL‘S EGG (Bruno Cavicchini)
38 Greenslade: GREENSLADE (Cristiano Roversi)
39 Greenslade: BEDSIDE MANNERS ARE EXTRA (Piergiorgio Pardo)
40 Gryphon: GRYPHON (Emanuele “Sterbus” Sterbini)
41 Peter Hammill: CHAMELEON IN THE SHADOW OF THE NIGHT (Simone Mazzilli)
42 Herbie Hancock: SEXTANT (David Nerattini)
43 Roy Harper: LIFEMASK (Massimo Bonelli)
44 Henry Cow: LEGEND (Alberto Popolla)
45 Hugh Hopper: 1984 (Paolo Carnelli)
46 Horslips: THE TÁIN (Gabriele Castiglia)
47 Jethro Tull: A PASSION PLAY (Gianluca Renoffio)
48 Jumbo: VIETATO AI MINORI DI 18 ANNI (Mox Cristadoro)
49 King Crimson: LARKS' TONGUES IN ASPIC (Giuliano Lott)
50 Kvartetten Som Sprängde: KATTVALS (Giuseppe Di Spirito)
51 Led Zeppelin: HOUSES OF THE HOLY (Marco Masoni)
52 Loy & Altomare: PORTOBELLO (Leandro De Sanctis)
53 Magma: MEKANÏK DESTRUKTÏW KOMMANDÖH (Carlo Camilloni)
54 Mahavishnu Orchestra: BETWEEN NOTHINGNESS AND ETERNITY (Lorenzo Rastelli)
55 John Martyn: SOLID AIR (Paolo Corciulo)
56 John Martyn: INSIDE OUT (Claudio Trotta)
57 McLaughlin & Santana: LOVE DEVOTION & SURRENDER (Gianpaolo Castaldo)
58 Metamorfosi: INFERNO (Gianluca De Rossi)
59 Museo Rosenbach: ZARATHUSTRA (Emanuele Kraushaar)
60 Neu!: 2 (Pivio)
61 New Trolls Atomic System: NTAS (Riccardo Storti)
62 Nicosia & C. Industria Musicale: UNA FAVOLA VERA (Vito Vita)
63 Nuova Idea: CLOWNS (Maurizio Becker)
64 Mike Oldfield: TUBULAR BELLS (Luca De Gennaro)
65 Le Orme: FELONA E SORONA (Alberto Moreno)
66 Osanna: PALEPOLI (Donato Zoppo)
67 Perigeo: ABBIAMO TUTTI UN BLUES DA PIANGERE (Guido Bellachioma)
68 Phoenix: CEI CE NE-AU DAT NUME (Alessandro Pomponi)
69 Pholas Dactylus: CONCERTO DELLE MENTI (Luca Varani)
70 Pink Floyd: THE DARK SIDE OF THE MOON (Marco Olivotto)
71 Procol Harum: GRAND HOTEL (Franco Vassia)
72 Queen: QUEEN (Valerio D’Onofrio)
73 Terry Reid: THE RIVER (Lorenzo Barbagli)
74 Renaissance: ASHES ARE BURNING (Jenny Sorrenti)
75 Rovescio della Medaglia: CONTAMINAZIONE (Valter Poles)
76 Roxy Music: FOR YOUR PLEASURE (Renato Massaccesi)
77 Roxy Music: STRANDED (Franco Brizi)
78 Rustichelli e Bordini: OPERA PRIMA (Louis de Ny)
79 Saint Just: SAINT JUST (Tonino Merolli)
80 Santana: WELCOME (Gianni Rojatti)
81 Tito Schipa Jr: ORFEO 9 (Paolo Ansali)
82 Klaus Schulze: CYBORG (Giampiero Wallnofer)
83 Semiramis: DEDICATO A FRAZZ (Pas Scarpato)
84 Pete Sinfield: STILL (Alessandro Staiti)
85 Soft Machine: SIX (Aldo De Scalzi)
86 Alan Sorrenti: COME UN VECCHIO INCENSIERE ALL'ALBA DI UN VILLAGGIO DESERTO (Stefano Senardi)
87 Styx: SERPENT IS RISING (Mirko Mancini)
88 Supersister: ISKANDER (Mario Giugni)
89 Tempest: TEMPEST (Gianni Della Cioppa)
90 Traffic: ON THE ROAD (Guido Bellachioma)
91 Trip: TIME OF CHANGE (Massimo Forni)
92 Uriah Heep: LIVE 1973 (Roberto Peciola)
93 L’uovo di Colombo: L'UOVO DI COLOMBO (Stefano Vicarelli)
94 Weather Report: SWEETNIGHTER (Luca Benporath)
95 Walter Wegmüller: TAROT (Mauro Furlan)
96 Who: QUADROPHENIA (Marco Zatterin)
97 Stevie Wonder: INNERVISION (Viola Nocenzi)
98 Yes: TALES FROM TOPOGRAPHIC OCEANS (Fabio Cerrone)
99 Yes: YESSONGS (Massimo Biagini)
100 Frank Zappa & The Mothers: OVER-NITE SENSATION (Giancarlo Trombetti)
101 IL MISTERO HATFIELD AND THE NORTH (Ernesto Assante)

 

"Un numero davvero unico, che andrà in edicola abbinato allo Speciale su Francesco Di Giacomo a 11,90 €. PROG ITALIA 49 è incentrato sullo speciale 100 recensioni targate 1973. Non si tratta dei 100 migliori album “prog e dintorni” di quell'anno secondo il giudizio di «Prog Italia», bensì di 100 recensioni scelte liberamente da 100 persone diverse, che ho voluto coinvolgere in questo viaggio burrascoso, in modo di avere uno sguardo trasversale al tutto. In realtà i dischi sono 101 e i recensori 98, io ne ho recensiti tre e Paolo Carnelli due, perché alcuni non hanno fatto in tempo a mandarcele. Potevamo facilmente far scrivere dieci recensioni a dieci collaboratori della rivista, in questo modo l’obiettivo sarebbe stato raggiunto velocemente, invece mi piace fare le cose difficili. Così l’ho chiesto a giornalisti che abitualmente non scrivono per noi (carta stampata, web, tv, radio), musicisti, compositori, scrittori, negozianti di dischi, organizzatori di concerti, disegnatori ecc. Insomma gente che ama la musica e che, pur con approcci diversi, si è immersa profondamente in un anno magico come il 1973. Alla fine anche una lista, divisa in ordine alfabetico, di alcuni dei moltissimi dischi che non sono stati recensiti (350)... un lavoro faticoso". Tutti quelli che hanno partecipato sono stati fondamentali per questo sguardo aperto, dal primo all’ultimo, e ognuno lo ringrazio dal profondo del cuore. Guido Bellachioma

 

 


mardi 4 juillet 2023

Franco Mussida : il pianeta della musica e il viaggio di lòtu

Franco Mussida reste pour moi une figure essentielle et incontournable du rock progressif italien pionnier.  Et cela, même s'il s'est volontairement mis en retrait de ce style musical depuis maintenant plusieurs années. Franco Mussida aura été, au même titre que Flavio Premoli, un inspirateur et un apporteur primordial dans la musique créée et jouée par son groupe Premiata Forneria Marconi. Ce constat n'est pas contestable ou alors avec beaucoup de mauvaise foi. Bien sûr, le comportement de Franco aurait pu être plus corporate lors de ses dernières années au sein de la PFM. Mais sans doute en raison d'une certaine lassitude bien compréhensible et surtout parce qu'il avait la volonté de se consacrer entièrement à son institut de musique, le Centro Professione Musica, fondé en 1984, Franco ne participait plus que "du bout des doigts" à l'aventure de son groupe historique. Bien. Est-ce une motivation pour désormais ignorer ce qu'il fait musicalement ? Je ne le crois pas. Est-ce une raison pour ne pas parler de son dernier opus ? Je suis sûr que non. Certes, jusque là Franco n'a pas été très prolifique dans ses productions solo et c'est un euphémisme que d'affirmer que les albums Racconti della tenda rossa (1991) et Accordo (1995) n'avaient pas convaincu. Mais presque vingt ans ont passé depuis ces craquages et ce retour de Franco s'annonce d'une autre eau. 

Car il pianeta della musica e il viaggio di lòtu se présente comme un condensé de toutes les musiques qui ont forgé et fait le musicien Franco Mussida mais aussi comme un testament musical. Il existe d'ailleurs un livre qui est sorti en 2019,  Il pianeta della musica, dans lequel Franco explique très bien tout ce qu'il veut exprimer et faire passer comme messages. Je le cite : " La Musique et la personne ne font qu’une, l’une habite l’autre et vice versa. Bien qu’elles s’aiment à la folie, au fond, elles se connaissent très peu. Elles se côtoient depuis toujours et montrent aujourd’hui les signes d’un couple en crise qui semble vivre ensemble seulement par habitude."

Je n'ai pas envie de jouer au jeu des sept ressemblances avec la PFM ( je sais, ce jeu n'existe pas, je viens de l'inventer), çà n'est pas le sujet de cette chronique et cela serait vraiment injustement réducteur par rapport à l'immensité des paysages sonores qui forment "la planète de la musique" imaginée par Franco. Il vous suffit de savoir que cet album est en même temps très loin de Premiata Forneria Marconi et en même temps très proche, tant la forte personnalité musicale de Franco rayonne partout où il est et où il joue. Quand on évoque cette forte présence d'un musicien confirmé et respecté, on peut aussi parler de signature distinctive et, à ce propos, il faut bien sûr inclure ce doigté merveilleux à la guitare, délié, soyeux, chantant. Me faire croire que son successeur, aussi doué soit-il, peut le remplacer dans la PFM, voire faire mieux (comme j'ai lu et entendu) est pour moi, depuis le début, une supercherie. La preuve est ici, flagrante, dans cet album qui renferme l'essence même de l'artiste Franco Mussida. Voilà pourquoi ce disque a mis autant de temps à se faire et à être publié. Nous sommes à l’extrême opposé de toute création forcée et commerciale. A maintenant soixante seize ans passés, Franco ne se sent obligé de rien sauf de devoir transmettre son savoir et son expérience, sauf à tenter de faire comprendre, à ceux qui sont prêts à recevoir son message, ce qu'est fondamentalement la musique. Dans cette posture philosophique proche d'une forme de sagesse universelle, le temps est une composante indissociable qui porte les notions de patience et d'accomplissement de soi. Autant de qualités qui ne font pas partie de notre monde moderne. Le mieux est d'ailleurs de terminer sur ces mots de Franco "Entendre de la musique aide à nous changer intimement, et par conséquent à changer le monde." 

L'écoute de cet album m'a fait vivre une expérience rare : la sensation de revenir à une source originelle découverte il y a maintenant presque cinquante ans. Merci pour cela et pour cette merveilleuse musique Franco.

Les musiciens : Franco Mussida (guitares, chant, récitatif), Paolo Costa (basse), Giovanni Boscariol (claviers), Tiziano Carfora (percussions),  Cindy Bailliu (chant sur 8), Giulia Lazzerini (chant sur 2 et 3), Marina Ferrazzo (chant sur 2 et 3), Paola Bertello (chant sur 8), Roberta Calia (chant sur 8), Silvia Laniado (chant sur 8) + Ensamble Mandolinistico sur 11 (dirigé par Sandro Mussida)

La tracklist

  1. Lòtu e il piano planetario
  2. L'oro del suono
  3. Il mondo in una nota
  4. Afromedindian blues
  5. Democrazia solidale
  6. Ti lascio detto
  7. Io noi la musica
  8. E tutto vero
  9. Il sogno e la strada
  10. Nini
  11. Incanto e amicizia
  12. Il lavoro della bellezza
  13. Alberi

dimanche 2 juillet 2023

Homunculus Res : ecco l'impero dei doppi sensi

Pour son cinquième album en dix années d'existence, le groupe Homunculus Res met les petits plats dans les grands. Inspirés depuis leurs débuts par Picchio Dal Pozzo et par tous les grands groupes de l'école de Canterbury à commencer par Caravan, Hatfield and The North, Egg, National Health et aussi par Soft Machine, les musiciens d'Homunculus Res sont complètement dans leur élément dans ce style de musique qui les habite au point de donner l'impression qu'ils sont capables de lui redonner une nouvelle jeunesse. Ce qui est de fait bien le cas avec ce nouvel album, ecco l'impero dei doppi sensi. J'en veux pour preuve le titre de départ, malicieusement intitulé "il gran finale", pour lequel vous allez vous frottez les oreilles en vous disant que Richard Sinclair chante en italien maintenant et que son cousin Dave l'accompagne à nouveau à l'orgue Hammond A100. Mais non, il s'agit bien de l'équipe d'Homunculus Res lancée à pleine vitesse. Vous aurez normalement le même genre de sensations pour la chanson suivante pourtant proche du pastiche : "Quintessenza la la". Je pense aussi à "Pentagono" et "Cinque sensi" qui sont de vrais numéros d'équilibriste, fonctionnant à la perfection entre une incroyable précision rythmique et une étonnante décontraction pour la partie mélodique, en un mot, épatant ! De fait, on a plus affaire à un groupe qui déroule au gré de ses envies créatrices (principalement celles de Dario D'Alessandro d'ailleurs puisqu'il a composé neuf des dix titres de cet album) sans trop se poser de questions existentielles du style "je vais essayer de sonner comme machin sur ce morceau". Non, avec les Siciliens d'Homunculus Res", ce serait plutôt : "Hé, les gars on finit vite ce morceau parce que j'ai une sacré bonne idée pour le suivant !". Et à ce petit jeu là, le groupe est fort, très fort même !'. Et çà marche. Car ces dix pièces sont toutes des petites perles de bonheur avec un tour de force répété à dix reprises qui consiste en des compositions mélodiques et fluides qui ont pourtant une complexité relatives dans les harmonies et les tempi. C'est en fait assez bluffant, car il ressort régulièrement un petit côté délicieusement pop qui ne tombe jamais dans la facilité, ce qui est assez évident sur l'irrésistible "Il bello e il cattivo tempo" qui évoque, au moins au début, les Beach Boys ou sur "Fiume dell'oblio" qui penche plus du côté des Kinks voire même des Beatles. Je doit vous parler aussi de "Doppi sensi" qui ferait sûrement plaisir à un certain Robert Wyatt avec une première partie baignant dans l'onirisme décalé alors que la seconde relève d'un avant-gardisme clairement revendiqué. Ce morceau de dix minutes, qui clôt opportunément l'album, en est incontestablement la plus belle pièce. Celle qui permet au groupe Homunculus Res de se hisser sans problème à la hauteur de ses illustres devanciers.
Il y a de plus une dimension supplémentaire dans cette musique : l'utilisation d'une lutherie aussi large qu’insolite d'instruments que l'on a peu l'habitude de rencontrer, même dans le rock progressif contemporain. Le surprenant "Viaggio astrale di una polpetta", qui oscille entre jazz et folk médiéval, est ainsi agrémenté d'une étonnante panoplie d'instruments à vent anciens qui lui donne un petit côté Gryphon plutôt sympathique. Plusieurs autres morceaux de cet album bénéficient également de cet équipement particulier. On comprend mieux alors les couleurs sonores, si particulières et si pittoresques, qui se dégagent de "Cinque sensi", "Fiume dell'oblio" et "Doppi sensi".

Voilà un disque frais, très facile d'abord et pourtant incroyablement fouillé avec une multitude d'idées et de trouvailles parfaitement exploitées et mises en musique (si je n'utilise pas cette expression maintenant, je ne l'utiliserai jamais !). A vous de découvrir toutes ces petites merveilles au gré de plusieurs écoutes successives, ce que la cinquantaine de minutes que dure cet album, supporte très bien.

Le groupe : Dario D'Alessandro (chant, guitare rythmique, claviers, glockenspiel, basse sur 1), Davide Di Giovanni (orgue, piano, synthés, basse sur 4), Mauro Turdo (lead guitare), Daniele Di Giovanni (batterie, percussions), Daniele Crisci (basse).
Les autres musiciens invités : James Strain (oud sur 1), Massimo Giuntoli (claviers sur 2), Giorgio Trombino (saxophone alto, flûte sur 2), Dominique D'Avanzo (chant, flûte, recorder, clarinette sur 4), Emanuele "Sterbus" Sterbini (chant sur 4), Marco Monterosso (guitare sur 5), Alan Strawbridge (chant sur 8), Giovanni Parmeggiani (Moog, synthétiseur Korg Polysix, Fender Rhodes sur 8), Giuseppe Turdo (cor français et cor anglais, hautbois, trompette sur 4 et 7), Dario Lo Cicero (flûte panaulon, flûte, basson, trombone, orgue de cristal sur 9 et 10), Mila Di Addario (piano à tangentes sur 8, angelica glass harmonica sur 10), Federico Cardaci (Arp Odyssey, Oberheim, Digitone, Memotron sur 10), Luciano Margorani (guitare sur 10), Andrea Cusumano (whistle sur 9), Enea Turdo (chant sur 10).

La Tracklist :

1. Il gran finale
2. Quintessenza la la la
3. Il bello e il cattivo tempo
4. Viaggio astrale di una polpetta
5. Fine del mondo
6. Pentagono
7. Parole e numeri
8. Cinque sensi
9. Fiume dell'oblio
10. Doppi sensi

C'est sorti chez Ma.Ra.Cash

samedi 24 juin 2023

The Forty Days : Beyond the air

Deuxième album pour les Toscans de The Forty Days après The Colour of Change sorti en 2017. Le groupe dans son line-up actuel est actif depuis septembre 2015. Après la publication de son premier album, le groupe a pas mal tourné en live avec une série des concerts dans toute l’Italie et quelques performances dans des festivals cotés comme le 2Days + 1 de Prog of Veruno et le Porretta Prog.

Après, il y a eu cette foutue pandémie de COVID-19 qui a tout mis à l'arrêt. Le groupe a ensuite repris ses activités et enregistré ce deuxième album  chez Edoardo Magoni aux Studi Magnitudo à Ghezzano, comme pour le premier album. Beyond the air, c'est une fable. L'histoire d'un homme qui grandit au milieu de l’indifférence humaine. Sa souffrance le rend fou et c'est finalement l'affection de ses proches qui lui permettra de résoudre ses problèmes en s’adaptant, en quelque sorte, à ce mépris généralisé.

La musique de The Forty Days,  c'est du prog moderne qui flirte aussi bien avec la pop, le rock, le rock psychédélique ou encore l'art rock. Mais les musiciens revendiquent des influences en provenance de Porcupine Tree et Steven Wilson, de Pink Floyd (plutôt versant Gilmour), de Marillion, de Supertramp, de Led Zeppelin mais aussi de Calibro 35. Pour ma part, j'entends principalement un mix entre Porcupine Tree pour les 3/4 et Marillion pour 1/4. De manière générale, c'est bien foutu, plutôt accrocheur. Le groupe fait parfois quelques écarts bienvenus comme pour le quasi funky "Bi!", un instrumental réjouissant. Reste le cas du titre de fin, "In glid", qui a quand même  quelque chose de Radiohead. Mais, il faut le reconnaître, la chanson est belle.
C'est sorti le 9 juin 2023 chez Lizard Records.

Les musiciens : Dario Vignale (guitares, chant sur "B4 the storm", chœurs), Giancarlo Padula (claviers, chant), Giorgio Morreale (batterie), Massimo Valloni (basse) + Edoardo Magoni (guitare 8 cordes).

 La Tracklist

  1. Monday
  2. Under the trees
  3. The Fog
  4. Broken bars
  5. B4 the storm
  6. Bi!
  7. Beyond the air
  8. In glide

dimanche 18 juin 2023

Divae Project : Prog will never die

Guido Bellachioma (Prog Italia, Progressivamente) persiste et signe en continuant à faire vivre le Divae Project et en donnant ce nouveau rendez-vous aux fans inconditionnels de prog italien. Comme il le rappelle très bien "sans mémoire, il n'y a pas de futur". Vous avez, avec cette affirmation déjà entendue ailleurs, une idée précise de l'état d’esprit dans lequel est Guido pour ce Divae Project qui est, rappelons-le, une lointaine émanation du groupe romain Divae et de son album Determinazione sorti en 1995. Aujourd'hui, les musiciens formant le Divae Project sont différents mais l'idée générale reste la même : s'inspirer du passé pour se projeter dans le futur. Au passage, le projet intègre le principe de faire intervenir ponctuellement des gloires du prog italien. En 1995, c'était Gianni Leone (Il Balleto di Bronzo) et Lino Vairetti (Osanna) qui avaient été sollicités. En 2021 avec Stratosferico, c'était à nouveau Lino Vairetti (Osanna) mais aussi Enzo Vita (Il Rovescio della Medaglia), Pericle Sponzili (Reale Accademia di Musica), Elio Volpini (Flea, L'Uovo di Colombo, Etna), Paolo Lucini (Ezra Winston), Fabio Trentini (ex Le Orme) et Gianni Nocenzi (Banco del Mutuo Soccorso), pour les musiciens invités, avec des hommages  appuyés à Demetrio Stratos (Area), Giulio Capiozzo (Area) et Danilo Rustici (Osanna, Città Frontale, Luna, Uno).
Ce Prog will never die est lui en grande partie consacré à Banco del Mutuo Soccorso avec la présence appréciable des frères Nocenzi. L'album, uniquement publié en 33 tours vinyle (500 exemplaires) présente sur sa face A, trois instrumentaux composé par Davide Pistoni, l'artisan principal de ce disque. La face B est constituée de trois reprises de Banco del Mutuo Soccorso. 
Pour ce qui concerne la Face A "Tango Zoppo" ne trompe pas son monde. C'est bien un tango mais un tango façon prog qui fonctionne sur un rythme inhabituel en 11/4, donc absolument pas dansant. L'accordéon de rigueur est bien là mais il délivre des notes plutôt tristes. Il est épaulé par une guitare électrique qui déroule un très long solo en distorsion. Les deux instruments se relaient dans une bel harmonie. Surprenant mais très intéressant au final. "E pericoloso giocare con il fuoco" est une formidable tentative (réussie) de fusion entre le jazz rock (représenté par le jeu de guitare de Fabio Cerrone à la Alan Holdsworth) et le psyché prog (incarné par un synthé aux sonorités acides et au pitch bend nerveux). Accessoirement, çà groove sévère sur ce morceau avec une rythmique carrément funky. " Prog will never die" se veut être la suite prog de l'album. Après une très longue première partie romantique, très classique d'approche, jouée au piano sur fond de synthé, le court second mouvement se veut lui plus contemporain, impressionniste, avec un piano qui reste l'instrument principal. Arrive alors le troisième mouvement complètement ancré dans un rock progressif à la Banco justement ! Cela reste très mélodique avec des arrangements symphoniques et une guitare électrique positionnée en soliste. Le break de batterie permet de relancer la machine pour aborder une autre facette du style Banco, plus rock et rythmiquement plus nerveuse, ce qui a pour effet de déboucher sur un final très puissant, genre grand orchestre, qui enfle encore sur les toutes dernières mesures.
Pour la face B, il s'agit maintenant de retrouver Gianni Nocenzi (au piano bien sûr), accompagné du groupe Divae Project, pour une réinterprétation de "la città sottile". J'ai bien écrit réinterprétation, car effectivement Gianni semble avoir dépensé beaucoup d'énergie pour arriver à en proposer une version à la fois évoluée et fidèle à l'esprit de l'original. C'est de fait parfaitement réussi au point que l'on pourrait imaginer qu'il s'agit d'une version alternative. Le grand moment du morceau est bien sûr la partie centrale dans laquelle Gianni se retrouve seul à jouer une partition de piano totalement retravaillée et pensée avec une insertion de piano préparé, calé sur une octave, une expérience tout à fait satisfaisante. Mais j'aime aussi le gros chorus de guitare électrique qui suit et qui ne dénature absolument pas l'essence du morceau. La ballade intemporelle "750.000 anne fa...l'amore" est, elle, traitée sur un mode romantique poussé à l’extrême, le violon de Natalia Dudynska apportant la touche poignante et déchirante à cette chanson interprétée en trio seulement (piano, chant, violon), le groupe rock ne se permettant d'intervenir qu'à deux reprises, la première fois en 7/8, d'où ce côté soudainement sautillant, la deuxième en simple accompagnant. "Bambino" enfin, un morceau passé plutôt inaperçu et tiré de l'album Il 13, avec cette fois Vittorio Nocenzi qui offre une nouvelle introduction qui prend la forme d'un joli prélude joué sur un piano numérique avec pour épicentre un accord de 5ème mineur qui donne cette tonalité extrêmement romantique à l'ensemble, Vittorio étant ici étonnamment tout en retenue. La chanson en elle même est magnifiquement interprétée avec un chanteur, Luca Velletri, qui fait très bien le job sur l'ensemble des trois titres chantés (il met sa voix dans les traces de celle de Francesco Di Giacomo quand même !) et un bassiste que l'on connaît bien dans le prog, Fabio Trentini, qui assure une ligne de basse remarquablement chantante et expressive.
Il y a à l'évidence beaucoup d'émotion qui se dégage de la face B de ce disque avec des musiciens qui trouvent le juste dosage entre le respect de la tradition et l'apport de propositions restant loyales à l'esprit d'origine. En cela le Divae Project de Guido Bellachioma et Davide Pistoni est en phase avec sa ligne de conduite "apprendre de ses erreurs sans rien nier, en essayant de révéler des nouvelles frontières avec une énergie renouvelée". Nous y sommes encore cette fois. Bravo.


Les musiciens :
Davide Pistoni : claviers, piano, synthés, arrangements
Fabio Cerrone : guitares
Francesco Isola : batterie
Lorenzo Trincia : basse
Stefano Indino :accordéon (A1)
Luca Velletri : chant (B1, B2, B3)
Natalia Dudynska : violon (B2)
Fabio Trentini : basse (B3)

Gianni Nocenzi : piano (B1)
Vittorio Nocenzi : piano (B3)


La Tracklist :

A1 : Tango Zoppo
A2 : E pericoloso giocre con il fuoco
A3 Prog will never die

B1 : La città sottile
B2 : 750.000  anni fa...l'amore
B3 : Bambino

Vous pouvez commander votre exemplaire par Ma.Ra.Cash ou encore chez Vinyl Strike





samedi 17 juin 2023

Chardeau : Ombres & Lumières

C'est l'histoire d'un gars en France qui fait de la super musique avec des supers musiciens internationaux (le gratin on pourrait même dire) et dont personne ne parle (à part Didier Gonzalez dans Highlands Magazine). Méconnaissance ? Sans doute. Snobisme ? Je ne crois pas. Manque de culture ? Je n'espère pas ! Mélange des genres ? Probablement qu'une partie de la réponse est là. Car Chardeau, c'est autant jazz fusion, que prog, que pop, que rock, que chanson, que...Chardeau ! Pas facile à mettre dans une case puisqu'en France, on a la maladie de tout mettre dans des boîtes étiquetées. Tu rentres pas dans la boîte, tu veux faire le malin et passer d'une boîte à une autre, t'es mort !

Alors pourquoi, moi, je vous parle de Chardeau, et de son dernier album Ombres & Lumières, dans ce blog dédié au rock progressif italien ? Et bien pour trois raisons : d'abord Jean-Jacques Chardeau est un mec super sympa, ensuite (je l'ai déjà écrit) il fait de la super musique, enfin il y a une connexion avec le prog italien dans son dernier disque (vous allez comprendre bientôt).

Ombres & Lumières est la suite des aventures de l’Opéra Inter-Galactique Magical Mystery Man (Aka Chardeau lui-même) qui a fait l'objet d'un spectacle aussi démesuré que déjanté, présenté le 23 novembre 2019 à Plœmeur en Bretagne (oui Monsieur !) sous l'égide bienveillante d'Alan Simon avec une palanquée d'intervenants triés sur le volet : John van Eps, Michael Sadler, Jerry Goodman, John Helliwell, Christian Decamps, Francis Decamps, Kohann, Roberto Tiranti et Alan Simon bien sûr. Un truc de folie. 

Avec Ombres & Lumières, Chardeau fait encore plus fort à mon avis, et là je parle bien musique. Pour avoir bien écouté tout ce qu'il compose, joue, produit, je pense sincèrement qu'Ombres et Lumières est le meilleur album qu'il ait fait. Et çà commence dès "Donibane Lohitzun" que je rêverais d'entendre interprété par Corvus Corax dans une version pagan mais je vous rassure celle là est top, aux petits oignons je dirais même (je pense ici au travail incroyable sur les chœurs). Si je vous dis que je me la suis réécouté une dizaine de fois avant d'attaquer la deuxième piste, tellement c'était bon à entendre avec toujours chez Chardeau cette capacité à décoller sur le final ! J'avais pourtant intérêt à avancer car ce qui m'attendait derrière était du même niveau :
Le sublime "Eire" qui porte si bien son nom. Il faudrait mettre ce morceau comme générique du Festival Interceltique de Lorient tellement il est emblématique d'un rock celtique actuel (et là je sais de quoi je parle, gast!).
"Iceland and Fire" qui plonge carrément dans une forme de Rock in Opposition avant d'éclore magnifiquement pour une séquence rythmée en cha cha cha.
Le délicat et  romantique "Scandinavia" survolé, une fois encore, par le violon de Jerry Goodman. J'aime ce type de morceau où quand tu entends la musique, tu vois en même temps des paysages défiler et des ciels changer brusquement d'aspect (il y a aussi du jazz rock fusion dans ce morceau).
"Sur le Dam" où l'on retrouve le Chardeau onirique et charmeur.
"Over the Channel" qui s’inscrit dans la grande tradition de la pop anglaise ambitieuse, classicisante, et  orchestrée avec des chœurs incroyables à tomber par terre. Presque plus vrai que les références originales. 
"Belux Concerto" et sa sublime partition pour violoncelle, entre musique classique et musique de film, d'une beauté à couper le souffle.
"Swing Heil" dans un style jazz rock groovy qu'affectionne particulièrement Chardeau, un morceau à faire se déhancher un zombi.
"Tyrol Canon Snow Dance" qui, après une intro aux arrangements violons proches d'Electric Light Orchestra, vient titiller Peter Gabriel sur son terrain et d'atterrir en beauté sur un final très Beatles/Georges Martin. C'est dire si le monde de Chardeau est riche musicalement mais aussi en surprises.  
"Cliché Suisse" qui, comme souvent avec Chardeau, est une belle composition affublée d'un faux-nez. Mais enlevez les clochettes et tout ce qui relève du folklore helvète et vous aurez le reste, c'est à dire un superbe morceau de smooth jazz.
"Lisbon is dying" qui hésite entre les Moody Blues, Procol Harum et même Barclay James Harvest mais qui dans tous les cas, a un charme fou. 
"Reconquista" assez difficile à décrire mais qui vous scotche de bout en bout pendant plus de six minutes trente quand même. C'est écrit, joué et arrangé comme une musique de film avec de multiples rebondissements, de nombreux changements de rythmes et de climats, et çà marche, car c'est intelligemment pensé. C'est peut être çà le prog façon Chardeau, allez savoir ! 
Quant à "Seborga", il s'agit de se poser un moment car la piste est longue (11 mn 30) et ensuite car nous avons un rendez vous important en deuxième partie de ce titre. Pour le côté guide touristique, Seborga est une petite commune, située dans l'arrière pays Ligure à égale distance de Bordighera et de San Remo, avec plein de petites ruelles encaissées typiques des villages de cette région. La première partie du morceau se déroule sur un mode très contemplatif avec quelques accélérations judicieusement placées qui évitent un effet langueur (j'ai pas écrit longueur). Tout cela amène doucement mais sûrement l'auditeur à une deuxième section qui permet d'entendre une voix connue des fans de prog italien puisqu'il s'agit de Francesco Ciapica (Il Tempio delle Clessidre). Un chanteur italien avec une vraie voix de basse comme l’imaginait Chardeau avant d’enregistrer le morceau définitif. Et là, je peux vous dire que Francesco met le paquet. D'abord sur un mode mezzo, il se lâche ensuite formidablement au fur et à mesure que la fin du morceau avance. Content et fier d'avoir modestement contribué à faire entrer le rock progressif italien dans l'univers de Chardeau. 
Enfin "Edossa Fakelaki". La fin du voyage qui passe par la Grèce, ses bouzoukis et surtout ce folklore musical qui m'a toujours parlé comme s'il était inscrit dans nos gênes d'indo-européens. Chardeau en fait une espèce de danse virevoltante, entraînante et envoutante qui semble ne jamais vouloir finir.
Voilà, j'espère que je vous ai convaincu. En tout cas moi, je mets ce CD sur le haut de la pile pour un bon moment.

La Tracklist :

1 Donibane Lohitzue
2 Eire
3 Iceland & Fire
4 Scandinavia
5 Sur Le Dam
6 Over The Channel
7 Belux Concerto
8 Swing Heil
9 Tyrol Canon Snow Dance
10 Cliché Suisse
11 Lisbonne is Dying
12 Reconquista
13 Seborga
14 Edossa Fakelaki


La sortie officielle est prévue le 7 juillet 2023 avec le distributeur Cherry Red. Mais, j'ai mieux. Voici le site de Jean-Jacques, vous en profiterez pour découvrir en même temps  son univers aussi inclassable que fantasque :
Chardeau
Maintenant, c'est à vous de jouer !
 
Les musiciens :
Dans cet album vous retrouvez des intervenants prestigieux et d'autres moins connus mais tous "utilisés" au mieux de leur capacité, dont je vous ai mis la liste exhaustive ) à suivre. De toute façon, Chardau ne prend que les meilleurs !

- Claviers : Francis Décamps - Ange (5, 10), Bob Ramsey (6), Jeff Holmes (6, 7, 11, & Big Band 8), Guy Allison (12)
- Violons acoustique et électrique : Jerry Goodman - Mahavishnu Orchestra (2, 4, 5, 8, 13)
- Guitare acoustique, guimbarde, violon, violoncelle et mandoline : John McFee  - Doobie Brothers (2, 3, 5, 13)
- Sax : John Helliwell - Supertramp (8, 11, 12)
- Flûtes : Stéphane Guillaume (2, 5, 12)
- Trompette : Tom Bergeron (4, 9, 10, 12)
- Txistu & Xirula : Christophe Kutx (1)
- Violoncelle : Alan Weinstein (3, 4, 7, 9…) & MMM Orchestra
- Guitares : Hank Linderman (1), Jimmy Haun - Circa (4), Dave Gregory - XTC (12), John Jorgenson - Hellecasters (5, 8, 10, 13), Chris Pinnick - Chicago (6, 11), Mauro Cicozzi (2)
- Basses : Mark Andes - Spirit (5, 6, 9, 11, 13), Jason Scheff (1, 2, 8), Fifi Chayeb (4, 11), Nicolas Chelly (3, 10), Karim Rachedi (14)
- Batteries : Danny Seraphine - Chicago (1, 8), Pat Mastelotto - King Crimson (9, 12), Doane Perry - Jethro Tull (4), Mark Walker - Oregon (2, 3, 6, 11, 14)
- Percussions : Xavier Dessandre-Navarre (2, 5, 11, 13)
- Groupe Moreas (14) : Dimitri Mastrogioglou (bouzouki), Apostolos Moraitis (guitare), Costas Dourountzis (arrangement & programmation), Antoine Karacostas (enregistrement)
- MMM Orchestra : Emlyn Van Eps (violons), Alan Weinstein (violoncelle), Bruce Krasin (flûtes, clarinette & hautbois), Orlando Pandolfi (cor anglais)
- Swing Heil Big Band : Bruce Krasin (sax & flute), Tim Atherton (trombone), Jeff Holmes (trompette et piano)
- Voix & chœurs : Chardeau (1, 5, 8, 13), Christian & Tristan Décamps - Ange (8), Francesco Ciapica - Il Tempio delle Clessidre (13), Eric Troyer (6), Hank Linderman (11), Jeddrah Leiterding (2, 6, 9, 13), Eric Geisen (8)
- Chœurs Ascese (1) : Inigo Vilas, Fernando Boto, Anais Darguy, Isabelle Castillon.


Il Cerchio d'Oro : Pangea e le tre lune

Le 13 mai 2023, Pangea e le tre lune, le cinquième album du groupe Il Cerchio d'Oro est sorti chez Black Widow Records. Un drôle de parcours pour cette formation de Savona dont l’aventure a commencé en 1974 et qui a réellement émergée trente années plus tard en profitant du renouveau persistant du rock progressif italien. Son premier album marquant aura été Il Viaggio di Colombo qui m'avait à l'époque (en 2008) charmé. Depuis le groupe ligurien a fait beaucoup mieux avec Dedalo e Icaro en 2013, et surtout avec Il Fuoco Sotto la Cenere en 2017. Un rythme d'un album tous les cinq ans que la formation respecte à peu près avec ce nouveau disque qui est présenté comme un concept album dédié à la Pangée, cet énorme continent formé il y a à peu près trois cent millions d'années. Au passage, l'artwork a été réalisé par Armandi Mancini qui avant œuvré au début des années soixante dix pour des pochettes de The Trip, Il Rovescio della Medaglia, Raccomandata Ricevuta di Ritorno Quella Vecchia Locanda (1er album), The Trip ou encore Maurizio Monti. Il a également fait la couverture de l'album d'Il Giro Strano, Il pianeta della verità, pour la réédition 2021 par Black Widow Records.   

"Pangea" permet de retrouver immédiatement le Il Cerchio d'Oro que l'on aime. C'est fluide, çà coule, c'est mélodique et en même temps çà vous accroche et ne vous lâche pas pendant plus de huit minutes.L’équilibre est ici parfait en la chanson en elle-même et les parties instrumentales largement investies par les claviers de Franco Piccolini mais avec aussi déjà un Massimo Spica qui affirme sa présence à travers plusieurs chorus qui ont du caractère. C'est d'ailleurs lui qui a l’honneur d'ouvrir le titre suivant avec d'abord, un riff de six notes, simple mais efficace, répété à l'envie avant d’enchainer avec un long solo. Le chant de Piuccio Pradal n'intervient qu'à partir de la troisième minute avant de repartir sur une nouvelle séquence instrumentale poussée par la basse très en avant de Giuseppe Terribile. Le morceau à des accents space rock assez inhabituelles pour Il Cerchio d'Oro ( je parle ici de l'intro et la section finale instrumentale qui reprend l’ostinato de départ (E, E, D, B, D, E), mais ma foi, cela permet justement de découvrir une autre facette du groupe. 
Pour "Dialogo" Franco Piccolini délivre une superbe intro au synthé doublé d'un mellotron, rapidement rejoint par le revenant Donal Lax (Quella Vecchia Locanda) au violon. Quelle beauté dans cette ouverture à connotation symphonique prenant pour base une grille tonale celtique. C'est d'ailleurs pour cela que l'enchaînement avec la suite du morceau, résolument rock, surprend un peu. Gros solo d'orgue et riffs de guitare qui giclent bien avec en prime Donald Lax qui se met au diapason et Piuccio Pradal qui les rejoint pour poser sa voix dont le grain particulier est ici particulièrement approprié. Voilà, c'est çà le prog !
Quant à la magie du rock progressif italien, c'est juste après avec le superbe "Le tre lune". Une entrée en matière de rêve qui semble flotter dans l'air avec flute, arpèges à la guitare acoustique et chant à l'unisson par Pradal et les frères Terribile et c'est parti pour un long morceau épique qui alterne avec bonheur les cassures rythmiques et les variations de climat, le tout survolé par un Tolo Marton (Le Orme) dont le jeu blues rock est un vrai bonheur à entendre à chaque fois. Après le récitatif de Carlo Deprati, on bascule carrément dans le grandiose avec déjà une envolée de synthé magique signée Franco Piccolini, puis un pont instrumental tout en raffinement, et enfin on retrouve le trio de chœurs masculins pour un final qui termine dans une atmosphère quasiment de recueil.
Grosse sensation pour le morceau qui suit. "Dal nulla cosi" démarre par une énorme intro au synthé mise en relief par une frappe de batterie surpuissante de Gino Terribile. Avec la partie chantée qui déboule derrière, il est clair que ce titre est du Il Cerchio d'Oro pur jus. Un mélange de pop, de prog et de rock hyper mélodique pour une forme de morceau qu'affectionne particulièrement le groupe et dans laquelle il s'exprime pleinement. Au passage le solo de guitare électrique de Massimo Spica est vraiment chouette, d'une grande expressivité, entre lyrisme et virtuosité, avec juste derrière Franco qui vient mettre la touche finale au Moog. Superbe ! Ce n'est peut être pas ce que les musiciens d'Il Cerchio ont fait de plus original, mais c'est ce qu'ils font le mieux. Ce sont les meilleurs dans ce style.
Pour "E la vita inizio...", l'ambiance générale s'annonce d'emblée plus sombre. Le chant de Piuccio Pradal est d'ailleurs plus posé avec un ton carrément plus grave. Le milieu du morceau est marqué par l'apparition de Ricky Belloni (New Trolls) qui fait le show à la guitare électrique. Il fait bien reconnaître que son (court) solo est parfait dans un genre qui flirte avec le jazz fusion. Les deux dernières minutes sont pour Franco Piccolini qui se déploie sur ses différents claviers entre orgue et piano (dont les quelques notes m'évoquent le "Getzemani" de Latte e Miele).
Pour finir, et même si c'est un bonus, les vieux rockers dans l'âme d'Il Cerchio d'Oro se lâchent sur "Crisi", un gros hard rock des familles qui fait bien plaisir à entendre, et quand j'écris hard rock, on est en fait pas très loin du heavy métal à la Judas Priest (écoutez le solo de Massimo Spica si vous ne me croyez pas). C'est en fait l'orgue déchaîné de Franco Piccolini qui replace le morceau dans une ambiance Deep Purple/Rainbow. Merci pour ce sacré final inattendu les gars.  

Dans le prog italien, il y a les groupes anciens et plus récents dont j'apprécie avant tout la production musicale et que j'admire pour çà, et puis il y a les groupes que j'aime tout simplement car j'ai une affection particulière pour leurs musiciens et pour la personnalité que dégage la musique qu'ils jouent. C'est évidemment le cas d'Il Cerchio d'Oro.
Contrat rempli donc pour moi. J'attends maintenant le prochain album, si possible dans moins de cinq ans les gars (le temps passe un peu trop vite) !

Le groupe : Franco Piccolini (claviers), Piuccio Pradal (chant, guitare acoustique, chœurs), Gino Terribile (batterie, chant, chœurs); Giuseppe Terribile (basse, chant, chœurs), Massimo Spica (guitares)

Les invités : Ricky Belloni (guitare électrique), Donald Lax (violon), Tolo Maron (guitare électrique).

La Tracklist :

  1. Pangea
  2. Alla deriva
  3. Dialogo
  4. Le tre lune
  5. Dal nulla cosi
  6. E la vita inizio...
  7. Crisi (bonus)
     
Label : Black Widow Records
 

vendredi 16 juin 2023

Le Vele Di Oniride : La Quadratura del Cerchio (IT)

È sempre quando meno me lo aspetto che scopro una piccola meraviglia ben nascosta in mezzo a una pila di album da ascoltare. Sicuramente il prog italiano non finisce mai di stupire mentre altri gruppi girano in tondo ormai da qualche decennio. 
Per Le Vele Di Oniride la storia inizia per la prima volta nel 2006 con il gruppo Ellephant creato dal chitarrista Nello De Leo. Per diversi anni le composizioni subirono modifiche ed evoluzioni finché nel 2017 Nello decise che il periodo di gestazione era terminato e che questa musica era finalmente degna di apparire allo scoperto. Nascono le Vele Di Oniride. 
Come li potrei descrivere? Ricordate i F.E.M. con "Sulla Bolla Di Sapone" nel 2014 e "Mutazione" nel 2018, o ancora La Bocca della Verità nel 2016 con "Avenoth"? Ebbene, siamo nello stesso registro: un rock progressivo espressivo, carnoso, un po' oscuro che a volte incalza forte, eppure con fasi di respiro regolare, a volte onirico, a volte psichedelico, ma sempre di grande attualità nel soggetto. È così che devi immaginarti un brano come "Madri Di Niente, Figli Di Nessuno" che flirta con il doom e il dark prog, avvicinandosi anche per certi versi ai Deus Ex Machina. In ogni caso ne vien fuori un brano enorme che toglie il fiato con la sua intensità e la sua atmosfera pesante. Ascolta la lunga litania di cori spettrali al centro del brano... Per non parlare dell'organo furioso di Cristiano Costa, un vero assassino! La maturità di queste sette composizioni è sorprendente. "Sogni Infranti" installa il suono del gruppo in quello che sembra un sé intimo che si trasforma gradualmente in una maestosa sinfonia che acquista slancio e forza nel corso dei minuti, arrivando così alla parte cantata che fa scoprire la voce potente di Francesco Ronchi. "L'Illusione dell'Oblio" permette di cambiare marcia. È un pezzo pieno di contrasti che impone decisamente il gruppo tra i migliori del genere. Intelligente la sequenza con "Catarsi": scopriamo un gruppo che maneggia l'arte delle ballate dark ambient con una delicatezza che fa sognare. Il pezzo dura quasi otto minuti eppure il tempo scorre veloce, forse perché è appunto una canzone fuori dal tempo. Per inciso, la lunga sequenza strumentale, tra magnifico coro di chitarra e organo criptico, è da morire. Se "Apologia Di Reato" sembra fin dall'inizio più primitiva, in particolare la sezione basso/batteria che funziona come un vero e proprio rullo compressore, farete meglio ad aspettare la parte centrale spaziale e il finale in apoteosi per capire il brano. Con "Isolazione", la band torna a un formato-canzone che padroneggia alla perfezione: troviamo un riff di chitarra nell'intro che si può fischiare facilmente, delle strofe piene di emozione, un ritornello enfatico che fa subito decollare la canzone e un ponte molto neo-prog sul synth. In effetti tutto funziona bene ne Le Vele Di Oniride per una buona e semplice ragione: tutto è melodico. Questa traccia è semplicemente un potenziale successo. Come vi ho già ampiamente parlato di "Madri Di Niente, Figli Di Nessuno", andiamo direttamente al titolo finale. "Miraggi Remoti" parte pacato con un piccolo arpeggio di chitarra suonato in ostinato su un sottofondo di evanescenti synth pad. Il gruppo si muove tranquillo, con Francesco Ronchi che mette da solo nelle sue intonazioni l'intensità necessaria per dare rilievo al brano. Il brano in sè sembra in gran parte costruito attorno alla sua linea vocale. Il cambio avviene al quinto minuto con una fuga molto progressiva lanciata dalla chitarra elettrica rapidamente affiancata dalla batteria di Jacopo Cenesi che si occupa di accelerare il tempo e lanciare definitivamente questo magnifico volo prima di ritrovare la voce di Francesco Ronchi nella chiusa finale. 
La Quadratura del Cerchio è una bella sorpresa che non mi aspettavo. Eccoci di fronte a un prog oscuro, molto attraente, con le sue linee melodiche tese e le sue parti ritmiche variegate, servito da ritornelli di chitarra regolati al millimetro, tastiere prolisse ma mai stravaganti, e soprattutto una voce accattivante che impone il suo carisma contagioso e un'umanità che ti tocca.
Ancora una volta il prog italiano contemporaneo mi stupisce e giustifica tutto l'interesse e tutta l'attenzione che si deve dare a ciò che arriva da questo paese, decisamente fatto per portare la musica più bella che c'è. 
Il disco è stato pubblicato il 30 maggio 2023 dalla Lizard Records. 
 
La band: Francesco Ronchi (voce, cori), Nello De Leo (chitarre, synth, cori), Lorenzo Marani (basso), Jacopo Cenesi (batteria), Cristiano Costa (tastiere, synth, pianoforte) 
 
Tracklist:  
1. Sogni Infranti 
2. L'illusione di Oblio
3. Catarsi
4. Apologia Di Reato
5. Isolazione 
6. Madri di Niente, Figli di Nessuno 
7. Miraggi Remoti

mercredi 14 juin 2023

I Viaggi Di Madeleine : Tra Luce e Ombra (trad. It.)

 
Non sono sicuro di avere bei ricordi del primo album di questo gruppo, uscito nel 2019. Ma l'idea di dare una seconda possibilità a I Viaggi Di Madeleine è tanto più attuale in quanto, oltre a una mia legittima curiosità, la formazione leccese si presenta oggi con due soli componenti (il chitarrista Giuseppe Cascarano è intanto scomparso dalla circolazione) e con alcuni ospiti interessanti come rinforzi di cui ovviamente riparleremo proprio dopo questa presentazione generale.
Quindi si riparte per una nuova esperienza con I Viaggi Di Madeleine. E devo dire che l'apertura di "Migrazioni" è ancora molto rassicurante. E' uno strumentale che si bilancia non poco con un basso che schiaffeggia bene e soprattutto con un'onnipresenza di synth, Francesco Carella lega imperturbabilmente tutta una serie di riff e combinazioni che si incastrano benissimo. Senza rompere i mattoni, è ancora il tipo di inizio che ti dà fiducia. "Frequenze solari" conferma questa buona prima impressione con quello che deve essere definito un rock dallo swing irresistibile che Ian Gillan non negherebbe, con o senza Deep Purple peraltro, perché è proprio nello stile di predilezione che piace allo screamer inglese. La chitarra elettrica è tenuta da un musicista piuttosto famoso visto che si tratta comunque di Marco Ancona! Quanto al sax, è suonato da un maestro nella persona di Roberto Gagliardi. Questa seconda traccia è eccellente. Per il terzo round, il gruppo ha reclutato una leggenda del prog inglese, perché è proprio Richard Sinclair stesso a essere al basso e al canto (beh, alla voce per essere più precisi). Il pezzo con il suo oscillante swing jazz e l'atmosfera rilassata gli sta a pennello. L'inizio di Fender Rhodes è lusinghiero per l'orecchio. Ci divertiamo quindi molto con "Poker" che è più da prendere come un bel relax di cinque minuti, jodel compresi.
Bronx" potrebbe essere la controparte cupa della precedente "Poker". Anche qui il ritmo ha uno swing irresistibile ma si avverte un'atmosfera più pesante, presto confermata da un recitato decisamente inquietante, peraltro ammantato da sinistri lamenti. La seconda parte del titolo oscilla logicamente su una sequenza doom illuminata da un finale assolutamente magnifico all'organo (che suono!) con Francesco Carella che crea uno strato sonoro con un allucinato canto da predicatore. Con la quasi strumentale "L'ultima battaglia", siamo trasportati in un universo eroico-fantasy dalle sonorità medievali, il tutto abbastanza vicino allo stile di Nuova Era. Ancora una lunga sequenza centrale doomy viene a oscurare il pezzo ma, ancora una volta, mi piacciono i ritmi pulsanti che, nonostante la loro pesantezza, rimangono imperturbabilmente groovy e quindi fanno la differenza. "Androgino" costituisce un radicale cambiamento di umore. Poiché è una canzone triste, vicina alla disperazione, con un tempo lento con un basso che funge da struttura alla canzone e sintetizzatori utilizzati principalmente nell'accompagnamento di sottofondo. Il contrasto è di nuovo brutale con il brano successivo "Road Roller". Questa è una traccia ibrida tra rock spettinato e industrial destrutturato. È sia bizzarro che molto divertente. L'ospite di giornata, Pietro Sansonetti, non è da meno per il suo breve, ma incisivo, intervento alla chitarra elettrica.
Scrivere che "Nostalgia" abbia un nome appropriato è un eufemismo. Qui l'associazione Fender Rhodes/violino è di grande finezza. Per inciso, l'arco è tenuto da Francesco Del Prete e posso dirvi che è un grande momento e una vera performance prodotta dal nativo del Salento. Per capirsi bene, performance non significa necessariamente virtuosismo. Ascolta, capirai cosa intendo. Il pezzo sembra essere stato composto e realizzato per lui. "Nostalgia" è davvero un finale da sogno. Difficile sperare in meglio.
Con questo secondo album, il duo de I Viaggi Di Madeleine si inserisce definitivamente nel panorama del rock progressivo italiano con uno stile un po' a parte, a volte un po' eterogeneo, ma che merita tutto il nostro interesse.

I Viaggi Di Madeleine : Francesco Carella (chant, claviers, synthés, piano Fender Rhodes, basse, guitare acoustique), Giuseppe Quarta (batterie).

Ospiti : Richard Sinclair (3), Marco Ancona (2), Pietro Sansonetti (7), Francesco Del Prete (8), Roberto Gagliardi (2), Santi Spanna (4). 

Tracklist :

1 – Migrazioni 2 – Frequenze solari 3 – Poker 4 – Bronx 5 – L'ultima battaglia 6 – Androgino 7 – Road roller 8 – Nostalgie

mardi 13 juin 2023

I Viaggi Di Madeleine : Tra Luce e Ombra

Je ne suis pas sûr d'avoir gardé un grand souvenir  du premier album de ce groupe, sorti en 2019. Mais l'idée de donner une deuxième chance à I Viaggi Di Madeleine est d'autant plus pertinente que, en plus d'une légitime curiosité de ma part, la formation de Lecce se présente aujourd'hui avec seulement deux membres (le guitariste Giuseppe Cascarano a entre-temps disparu de la circulation) et avec quelques invités intéressants en renfort dont nous allons évidemment reparler juste après cette présentation générale..

C'est donc reparti pour une nouvelle expérience avec I Viaggi Di Madeleine. Et je dois dire que l'opener "Migrazioni" est quand même très rassurant. C'est un instrumental qui balance pas mal avec une basse qui claque bien et avec surtout une omniprésence des synthés, Francesco Carella enchaînant imperturbablement  toute une série de riffs et de combinaisons qui s'emboîtent réellement bien. Sans casser des briques, c'est quand même le genre de démarrage qui te mets en confiance. "Frequenze solari" confirme cette bonne première impression avec ce qu'il faut bien appeler un rock au swing irrésistible que ne renierait pas Ian Gillan, avec ou sans Deep Purple d'ailleurs, car c'est vraiment dans le style de prédilection qu'affectionne le screamer anglais. La guitare électrique est tenue par un musicien plutôt connu puisqu'il s'agit de Marco Ancona quand même !  Quant au saxo, il est joué par un maître en la personne de Roberto Gagliardi. Excellente cette deuxième piste. Pour le troisième round, le groupe a recruté un mythe du prog anglais, car c'est bien Richard Sinclair lui-même qui est à la basse et au chant (enfin aux vocaux pour être plus exact). Le morceau au swing jazzy chaloupé et à l'ambiance décontractée lui va comme un gant. L'entame au Fender Rhodes est flatteuse à l'oreille. On passe donc un très bon moment avec "Poker"qui est plus à prendre comme une détente sympa de cinq minutes, yodels compris. "Bronx" pourrait être le pendant sombre du précédent "Poker". Là aussi le rythme a un swing irrésistible mais on sent une atmosphère plus lourde, vite confirmée par un récitatif carrément inquiétant de surcroît ambiancé par des lamentos sinistres. La deuxième partie du titre bascule donc logiquement sur une séquence doom éclairée par un final à l'orgue absolument magnifique (quel son !), Francesco Carella en remettant une couche avec un chant de prêcheur halluciné. Avec le quasi instrumental "L'ultima battiglia", on est transporté dans un univers heroic-fantasy à consonance médiévale, le tout se rapprochant pas mal du style de Nuova Era. A nouveau, une longue séquence centrale doomy vient obscurcir le morceau mais, une fois encore, j'aime les rythmes impulsés qui, malgré leur lourdeur, restent imperturbablement groovy et qui font ainsi toute la différence. "Androgino" constitue un changement d'ambiance radicale. Puisqu’il s'agit d'une chanson triste, proche de la désespérance, au tempo lent avec une basse qui sert de structure au morceau et des synthés principalement utilisés en accompagnement de fond. Le contraste est à nouveau brutal avec la piste suivante "Road Roller". Il s'agit là d'un morceau hybride entre rock échevelé et indus déstructuré. C'est à la fois bizarroïde et très réjouissant. L'invité du jour, Pietro Sansonetti,  n'est pas en reste pour sa courte, mais incisive, intervention à la guitare électrique. Écrire que "Nostalgie" porte bien son nom est un euphémisme. Ici l'association Fender Rhodes/violon est d'une grande finesse. Au passage, l'archet est tenu par Francesco Del Prete et je peux vous dire que c'est un grand moment et une vraie performance que produit le natif de Salento. Pour que l'on se comprenne bien, performance ne veut pas dire obligatoirement virtuosité. Ecoutez, vous comprendrez ce que je veux dire. Le morceau semble avoir été composé et fait pour lui. "Nostalgie" est vraiment un final de rêve. Difficile d’espérer mieux.

Avec ce deuxième album, le duo d'I Viaggi Di Madeleine prend définitivement sa place dans le paysage du rock progressif italien avec un style bien à part, parfois un peu hétéroclite, mais qui mérite tout notre intérêt.

L'album sort le 21 juin chez M.P. & Records et est distribué par G.T. Music.         

Le groupe : Francesco Carella (chant, claviers, synthés, piano Fender Rhodes, basse, guitare acoustique), Giuseppe Quarta (batterie).

Invités : Richard Sinclair (basse, chant sur 3), Marco Ancona (guitare électrique sur 2), Pietro Sansonetti (guitare électrique sur 7), Francesco Del Prete (violon sur 8), Roberto Gagliardi (sax soprano sur 2), Santi Spanna (récitant sur 4). 

La tracklist :

1 – Migrazioni 2 – Frequenze solari 3 – Poker 4 – Bronx 5 – L'ultima battaglia 6 – Androgino 7 – Road roller 8 – Nostalgie

mardi 6 juin 2023

Le Vele Di Oniride : La Quadratura del Cerchio (FR)

C'est toujours quand je m'y attends le moins que je découvre une petite merveille bien cachée au milieu d'une pile d'albums à écouter. Décidément, le prog italien n'en finit pas d'étonner pendant que d’autres tournent en rond depuis quelques dizaines d'années maintenant.  

Pour Le Vele Di Oniride, l'histoire a commencé une première fois en 2006 avec le groupe Ellephant créé par le guitariste Nello De Leo. Pendant plusieurs années, les compositions ont subi des modifications et des évolutions jusqu'à ce qu'en 2017, Nello décide que la période de gestation était terminée et que cette musique était enfin digne d'apparaître au grand jour. Le Vele Di Oniride était né.  

Comment vous dire ? Vous vous rappelez F.E.M. avec Sulla Bolla Di Sapone en 2014 et Mutazione en 2018, ou encore La Bocca della Verità en 2016 avec Avenoth ? Et bien nous sommes dans le même registre : un rock progressif expressif, charnu, plutôt sombre qui appuie fort à l'occasion, avec pourtant régulièrement des phases de respirations, parfois oniriques, parfois psychédéliques, mais avec toujours une grande pertinence dans le propos. C'est comme cela qu'il vous faudra appréhender un morceau comme "Madi Di Niente, Figli Di Nessuno" qui flirte avec le doom et le dark prog, se rapprochant même par certains côtés de Deus Ex Machina. En tout cas, un titre énorme qui coupe le souffle par son intensité et par son atmosphère lourde en souffre. Écoutez la longue litanie de chœurs spectraux en milieu de piste. Et je ne vous parle même de l'orgue en furie de Cristiano Costa, une vraie tuerie !

La maturité de ces sept compositions surprend. "Sogni Infranti" installe le son du groupe dans ce qui ressemble à un entre-soi qui va progressivement se transformer en une symphonie majestueuse qui prend de l'ampleur et de la force au fil des minutes, amenant ainsi la partie chantée qui permet de découvrir la voix puissante de Francesco Ronchi. "L'illusione dell'Oblio" permet de passer la vitesse supérieure. Il s'agit d'un morceau tout en contrastes qui impose définitivement le groupe parmi les meilleurs.L’enchainement avec "Catarsi' est malin. On y découvre un groupe qui manie l'art de la ballade dark ambient avec une finesse qui laisse rêveur. Le morceau dure presque huit minutes et pourtant le temps passe vite, peut-être car il s'agit d'une chanson hors du temps justement. Au passage, la longue séquence instrumentale, entre chorus de guitare magnifique et orgue cryptique, est à tomber par terre. Si "Apologia Di Reato" semble d'emblée plus primaire avec notamment la section basse/batterie qui fonctionne comme un vrai rouleau compresseur, il est quand même bon d'attendre la partie centrale spacey et le final en apothéose pour comprendre le morceau. Avec "Isolazione", le groupe revient à un format chanson qu'il maîtrise à la perfection : un riff de guitare en intro que l'on peut siffler sans problème, des couplets emplis d'émotion, un refrain emphatique qui fait immédiatement décoller le morceau, un pont très neo prog au synthé, et çà passe. En fait, tout passe avec Le Vele Di Oniride pour une bonne et simple raison, c'est que tout est mélodique. Ce morceau est tout simplement un tube potentiel. Comme je vous ai déjà longuement parlé de "Madi Di Niente, Figli Di Nessuno", on passe directement au titre final, "Miraggi Remoti" qui démarre calmement avec un petit arpège de guitare joué en ostinato sur fond de nappes de synthé évanescentes. Le groupe déroule tranquillement, avec tout juste Francesco Ronchi qui met ce qu'il faut d'intensité dans ses intonations pour donner du relief au morceau. Le titre est d'ailleurs largement construit autour de sa ligne de chant. La bascule se fait à la cinquième minute avec un emballement très progressif lancé par la guitare électrique rapidement rejointe par la batterie de Jacopo Cenesi qui se charge d’accélérer le tempo et de lancer pour de bon cette magnifique envolée avant de retrouver la voix de Francesco Rocchi pour les dernières mesures.

La Quadratura del Cerchio est une belle surprise à laquelle je ne m'attendais pas. Voici un dark prog, oh combien attirant, avec ses lignes mélodiques tendues et ses parties rythmiques variées, servi par des chorus de guitares ajustés au millimètre, des claviers prolixes mais sans jamais en faire trop, et surtout une voix prenante qui impose son charisme contagieux et une humanité qui vous touche.

Une fois encore le prog italien contemporain m'aura émerveillé et aura justifié tout l'intérêt et toute l'attention qu'il faut porter à ce qui vient de ce pays, décidément fait pour porter la plus belle musique qui soit.

C'est sorti le 30 mai 2023 chez Lizard Records  

Pour le bandcamp du groupe, c'est ici.

Le groupe : Francesco Ronchi (chant, chœurs), Nello De Leo (guitares, synthé, chœurs), Lorenzo Marani (basse), Jacopo Cenesi (batterie), Cristiano Costa (claviers, synthés, piano)

La tracklist :

  1. Sogni Infranti
  2. L'illusione dell'Oblio
  3. Catarsi
  4. Apologia Di Reato
  5. Isolazione
  6. Madi Di Niente, Figli Di Nessuno
  7. Miraggi Remoti

vendredi 2 juin 2023

Conférence Giallo & Rosso au Forum des Images (Paris)

Si vous voulez venir, si vous pouvez venir, je vous attends avec plaisir. Mais c'est sur réservation avec un nombre de places limité à 100. Voici le le lien pour s'incrire.

https://www.facebook.com/events/3584670185094433/?ref=newsfeed


samedi 27 mai 2023

Giant The Vine : A chair at the backdoor

En 2019, Giant The Vine avait fait sa première apparition réussie avec l''excellent album Music for empty Places. Nous en avions d'ailleurs profité pour faire mieux connaissance avec ce groupe au travers d'une interview. Nous voilà aujourd’hui, quatre ans après donc, en présence du deuxième album tout frais sorti (19 mai).
Nous en étions resté à une formation qui proposait un post rock instrumental tournant le dos au passé pour mieux s'ouvrir sur des horizons nouveaux à l'instar de Laviantica, les deux groupes présentant d'ailleurs quelques similitudes stylistiques. Honnêtement, je ne vois pas ce nouvel album démentir cette définition, bien au contraire. A chair at the backdoor garde le même cap. Dès "Protect Us from the Truth", Giant The Vine installe à nouveau ses atmosphères énigmatiques, plutôt austères desquelles se dégagent une forme de spleen frisant parfois la neurasthénie. Voilà pourquoi on attend dans chaque morceau le trait de lumière qui en devient à chaque fois un éclair d'espoir; Pourtant, pour sombre qu'elle soit, cette musique s'impose par sa cohérence et aussi par sa mesure. Si vous écoutez attentivement "Jellyfish Bowl", vous constaterez comment chaque note est pesée au gramme près, comment chaque ligne est pensée comme un fil qui amène à un autre fil. Tout est ici essentiel, sans fioritures il est vrai, mais sans non plus de passages inutiles. Je l'ai toujours dit, l'art de la concision est l'art des sages. C'est aussi vrai en musique ( et pas toujours dans le prog justement !). Si vous commencez l'album par l'écoute de "The Heresiarch", vous allez me faire remarquer que ce court morceau est pour le coup très expansif et qu'il ne correspond pas à ce que je viens de vous décrire. Et bien, c'est à voir. Oui le langage est ici plus exubérant mais vous constaterez que les musiciens restent concentrés, voire même aimantés, sur un long chorus en développement dont ils ne s'écartent pas et que chaque membre alimente sans en rajouter. A contrario " The Inner Circle" vous entrainera dans le côté le plus intimiste de la musique du groupe. Enfin, nous avons en plat final "A Chair at the Backdoor", une pièce de résistance de 12 mn 24 exactement qui pourrait bien vous évoquer quelques beaux moments et quelques belles ambiances intimistes de Laughing Stock, le magnifique album de Talk Talk. Même si ce n'est pas voulu, ce n'est pas non plus complètement un hasard tant l'influence de Mark Hollis est revendiquée par Fabio Vrenna. Et si c'est un hommage à l'Anglais disparu trop tôt en 2019, et bien c'est un bel hommage car ce morceau est juste magnifique et là oui, le groupe lâche enfin les chevaux pour un emballement irrésistible, qui démarre à 6 mn 30,  et que le saxophone de Gregory Ezechieli fait plus qu'accompagner. Il le magnifie. Vous noterez aussi que pour ce titre, les guitares électriques sonnent différemment. C'est plus rugueux, plus rock tout simplement.. Jusqu'au bout, ce morceau est prenant et passionnant. jusqu'à ses arpèges finaux de guitare acoustique qui prennent pour modèle ceux de l'intro. 
Avec Giant The Vine, nous sommes évidemment plus en territoire post rock que prog mais ce post rock sincère et non dénaturé me plaît (parce que de vous à moi, dans le post-rock, il y a à boire et à manger !). Si vous êtes dans cet état d'esprit, alors plongez dans cet album les yeux fermés (et surtout les oreilles ouvertes), vous ne serez pas déçus.  

Le groupe : Antonio Lo Piparo (basse), Daniele Riotti (batterie), Fulvio Solari (guitares, lap steel),  Fabio Vrenna (claviers, Mellotron, guitares)

Musiciens additionnels : Ilaria Vrenna (piano sur 1,2,6), Simone Salvatori (piano sur 4), Gregory Ezechieli (saxophone sur 1,7)

 

La tracklist :

1. Protect Us from the Truth
2. Glass
3. The Potter's Field
4. Jellyfish Bowl
5. The Heresiarch
6. The Inner Circle
7. A Chair at the Backdoor

Le lien bandcamp du groupe, c'est ici.

Label : Luminol Records