Gabriele Manzini, le leader et claviériste d'Ubi Maior, est également le maître à penser d'un autre groupe moins connu qu'Ubi Maior : Archangel. il s'agit plutôt en fait d'un projet parallèle que Gabriele réactive épisodiquement au gré de ses envies. De fait, depuis la première manifestation discographique en 2009 (The Akallabeth), ce Third Warning n'est que le troisième album en douze ans, succédant à Tales of Love and Blood sorti en 2013. Pour ceux qui ont suivi cette partie de la carrière de Gabriele, ils auront remarqué que le milanais aime avoir des invités extérieurs de qualité. Archangel a ainsi enregistré les participations des chanteurs Damian Wilson (Landmarq, Treshold, Rick Wakeman et tout récemment Arena), Zacharie Stevens (Savatage) ou encore Ted Leonard (Enchant). Pourtant cette fois, c'est une équipe d'habitués, voire même de familiers, qui est aux côtés de Gabriele avec les piliers inamovibles de la section rythmique (Davide Martinelli à la batterie et Walter Gualtiero Gorreri la basse), et les trois guitaristes d'Ubi Maior (les anciens Alessandro Dovi et Stefano Mancarella, plus la titulaire actuelle du poste Marcella Arganese qui se distingue sur toute la fin de "The end of the World"), Giancarlo Padula s'acquittant quant à lui une nouvelle fois parfaitement de sa tâche au poste de chanteur. Dans les deux précédents albums, Archangel se perdait plus ou moins dans différents genres musicaux (hard prog, métal gothique, A.O.R.) sans démériter mais sans vraiment convaincre non plus. J'avoue que j'ai eu un peu peur en écoutant le premier titre qui me rappelait un peu trop les deux précédents albums. Mais non, tout va bien. Cette fois, Gabriele limite au maximum la prise de risque et fait planer son archange dans un halo d'atmosphères soft prog. C'est remarquablement bien fait avec un dosage parfait entre des parties chantées très mélodiques, délibérément orientées mainstream dans l'esprit de ce que sont capables de faire Alan Parsons ou Mike Oldfield, et des interventions instrumentales positionnées en solo central (guitare électrique et claviers) à chaque fois parfaitement calibrées. L'ensemble a de forts relents néo prog, si ce terme a encore réellement un sens aujourd’hui. Tiens je vais innové, je vais parler de "prog Middle of the Road". En fait, cet album me donne l'impression de ressembler à Gabriele, imperturbable en toute occasion, dont la posture de gentleman dénote parfois dans un univers rock plus agité. Ici, il est dans son élément (évidemment, c'est lui qui en est le créateur). Il imprime à cet album un ton uniforme qui n'en est pas pour autant monotone, les très très bons "Metal into brain" et "When the eagle hung his head"sont là pour le démontrer. Gabriele nous rappelle ici qu'il est avant tout un excellent compositeur capable d'écrire des chansons faciles d'accès en apparence, mais qui contiennent toutes une réelle profondeur pour peu qu'on les écoute attentivement. "Thetis" a ainsi cette puissance contenue et cette forme de chant posé quasiment recueilli, que l'on retrouve chez IQ par exemple. Gabriele paie aussi son tribut à Genesis avec "Circle of life" librement inspiré selon ses dires d'Entangled". Il n' y a là à l'évidence aucune volonté de plagier, juste d'en garder le côté éthéré et vaguement naïf. A titre personnel, j'aurai plutôt relevé des similitudes avec certains titres du Marillion de Steve Hogarth, mais bon. L'album contient également deux pièces instrumentales aux ambiances très évocatrices mais très différentes l'une de l'autre. Là où "The Last Day Of Beauty" développe une atmosphère lourde et mystique, "Storm Over St. Andrew’s Churchyard" se fait crépusculaire et romantique dans un symphonisme foisonnant. Archangel ne remplace pas Ubi Maior, il n'est d'ailleurs pas sur le même créneau stylistique mais il permet à Gabriele Manzini de développer d'autres idées musicales avec un accessibilité plus directe et donc une perception plus immédiate. On comprend ainsi mieux pourquoi deux compositions ("Thetis" et "Circle of life") datant des sessions d'enregistrements du dernier album d'Ubi Maior Bestie, Uomini e Dei ont en fait été mises de côté et utilisées pour cet album dArchangel, dont l'option "chant en anglais" convient mieux à ces deux chansons. Third Warning termine par "When the eagle hung his head", un long titre de onze minutes qui est sûrement le plus original de l'album. Pour vous donner une idée, c'est comme si Arena et Jethro Tull avaient fait un morceau en commun (ne cherchez pas la flûte. Ce n'est pas parce qu'on parle de JT qu'il faut à chaque fois penser flûte. Il y a quand même un peu plus que çà dans la longue carrière de JT !). Cet album d'Archangel est sûrement, et de loin, le meilleur des trois à ce jour. Mais je dois dire que j'ai quand même une idée qui m'a effleuré l'esprit à plusieurs reprises en écoutant Third Warning : qu'aurait donné cet album chanté par Damian Wilson ? Je vous laisse trouver la réponse mais pensez-y quand même car consciemment ou inconsciemment, Gabriele avait, une fois encore, cette voix en tête en réalisant son album. J'en suis à peu près sûr !
Mon coup de cœur : "Metal into brain"
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