samedi 8 mai 2021

Bernardo Lanzetti : Horizontal rain

Le nouvel album solo de Bernardo Lanzetti est donc sorti le 7 mai 2021. Il a  été enregistré sur un laps de temps assez long entre l'Italie (Milan, Plaisance, Pérouse), l’Angleterre (Londres), les Etats-Unis (Los Angeles, Woodstock) et en Espagne à Marbella. Bernardo chante en anglais comme à son habitude sauf sur le morceau  "Ero un num Ero" dont les paroles sont en italien..

Je vous présente rapidement Bernardo Lanzetti, un artiste complet qui s'exprime aussi bien dans la peinture, dans l'écriture que dans la musique. Côté musique, Bernardo a évidemment quelques références à commencer par sa participation à la grande histoire du prog italien, d'abord comme membre fondateur d'Acqua Fragile (1971/1974) puis comme chanteur de Premiata Forneria Marconi de 1975 à 1979. Il a ensuite continué sa carrière en solitaire avec quelques beaux albums solo et des participations plus ou moins marquantes, notamment avec Cantautores en 1988/89 (avec Alberto Radius), puis plus récemment avec Mangala Vallis (de 2002 à  2008) et avec CCLR en 2011. La question est donc de savoir ce que ce monsieur, qui a aujourd'hui 73 ans, a encore à prouver après un tel parcours. La réponse est dans Horizontal Rain ! un album dense, intense dans lequel Bernardo donne le meilleur de lui-même avec une énergie intacte et son habituelle manière d'y aller à fond. Bernardo Lanzetti est un personnage attachant et il ne sait pas faire autrement qu'être sincère. Sur Horizontal Rain, il fait donc ce qu'il a envie de faire sans se préoccuper de respecter une ligne artistique bien définie, ce qui ouvre un éventail assez large stylistiquement parlant. Bernardo n’hésite pas à mélanger les genres dans un même morceau, restant ainsi fidèle au côté fantasque de son personnage.  Il y a du rock, du funk, du prog, mais aussi du lyrique, de l'andalou, du gothique, de l'avant-garde, le tout donnant dans un Art Rock de bon goût. Mais si ce disque est plutôt éclectique, il n'en est pas moins construit avec beaucoup de professionnalisme et une précision remarquable dans les détails. Les musiciens participants ne sont pas présents juste pour faire bien dans le décor, ils sont vraiment utilisés au mieux de leurs compétences et si vous jetez un coup d’œil sur les noms, vous allez être épatés. Il y ainsi quelques performances qui sortent du lot comme sur le mid tempo "Walk away", un rock assez lourd quelque part entre Peter Gabriel et Fish, avec la basse fretless bondissante de Tony Franklin qui entraine tout le morceau et avec aussi la passe d'armes guitare/violon entre Andrea Cervetto et David Cross. La chanson suivante (au tempo assez proche de la première) fait au moins aussi bien. Cette fois c'est un Tony Levin irréprochable qui est au stick bass et Bernardo se paie le luxe d'ajouter une section de cuivres qui se distingue en relevant ce titre funky rock évoquant ce que fait depuis un bon moment déjà Deep Purple. Puisque je suis parti à passer les pistes une par une, arrêtez vous quelques minutes sur "Lanzhaiku" qui va furieusement vous évoquer Van der Graaf Generator, la présence de David Jackson y est évidemment pour beaucoup mais l’articulation même du morceau n'y est pas étrangère non plus. Dans un registre très différent, "Time is king" vous étonnera par sa relative modernité et ses sonorités à la Simple Minds. J'avoue être toujours un peu retors à tout ce qui est espagnolade et l'intro de "Genial!" en est un bel exemple. Heureusement, la suite du titre prend du recul sur le sujet avec notamment quelques riffs de guitares bien sentis. Sur "Conventional", Bernardo nous rappelle qu'il a aussi souvent chanté dans un registre classique et détourne au passage habilement et avec bonheur "va pensiero". L’enchaînement avec le pompeux et orchestré "Ero un num Ero" est parfaitement réussi. Il y a bien sûr un côté grandiloquent qui émane de cette chanson au pathos un peu appuyé et à la construction pour le moins bizarre, mais le résultat est, je trouve, très classe avec ce pont gothique qui déménage bien. "Horizontal rain", le titre éponyme démarre pied au plancher avec un tempo rock accéléré, la cadence ralenti ensuite mais le morceau reste lourd et alambiqué, Bernardo réalise une vraie performance sur les vocaux (voix doublée, chœurs). A l'écoute de ce morceau, je me dis que le King Crimson des années quatre vingt (et à suivre) aurait gagné à avoir un chanteur de la trempe de Bernardo apportant de la chair au chant plutôt que de se farcir le belou. En tout cas, énorme titre. Pour "Different", le dernier morceau, Bernardo utilise la chorale de Foligno comme un instrument à part entière et a écrit une partition, qui à défaut d'être complexe, est particulièrement maline avec un échafaudage sonore mêlant effets de voix passées par son système Glovox et travail sur les hauteurs de timbres vocaux, pour, une fois encore, un résultat époustouflant. 

Je ne sais pas si ce sera le dernier album de Bernardo Lanzetti, je ne le souhaite pas. Je pense et j'espère qu'il a encore beaucoup de choses à nous dire. Mais en tout cas, si cela devait être le cas, il nous livre là un formidable testament artistique (au, passage, il a aussi réalisé l'artwork) qui vient rejoindre deux autres monuments de sa discographie, Eclecticlanz et  I sing the voice impossible. 

J'en profite pour vous remettre ici le  lien de l'entretien que nous avions eu ensemble en 2019.

La tracklist :

  1. 01-Walk away
  2. 02-Heck Jack
  3. 03-Lanzhaiku
  4. 04-Time is king
  5. 05-Genial!
  6. 06-Conventional
  7. 07-Ero un num Ero
  8. 08-Horizontal rain
  9. 09-Different

La liste des musiciens participants est plutôt impressionnante autant par le nombre d'invités que par les noms qui apparaissent, jugez-en par vous-même : Marco Colombo (guitares), Pier Gonella (guitares), Andrea Cervetto, (guitares), Tony Levin (stick), Dario Mazzoli (basse), Tony Franklin (basse), Jonathan Mover (batterie), Alex Polipo (batterie), Derek Sherinian (claviers), Pier Vigolini (claviers), David Cross (violon), David Jackson (saxophones, flûtes), Marco Brioschi (trompette),  Giancarlo Porro (sax tenor), Carlo Napolitano (trombone), Alesia Baltach (violoncelle), Kim Chandler  et Sara Wilma Milani (chœurs) +  la Chorale della Compagnia Teatrale O.L.B.C. di Foligno.  Bernardo Lanzetti assure pour sa part le chant lead, les chœurs , la guitare acoustique et l'harmonica. 

Le lien du site de Bernardo Lanzetti 

 

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