Sortie du nouveau Syndone au nom évocateur (Kāma Sūtra) le 19 juin 2021. Le groupe a été signé par le label Manticore Records qui évoque plein de bons souvenirs pour les progueux italiens : Emerson Lake & Palmer bien sûr, mais aussi Premiata Forneria Marconi et Banco del Mutuo Soccorso. Pourquoi avoir appelé cet album Kāma Sūtra ? Voici quelques précisions de Riccardo Ruggieri : " Le Kāma Sūtra constitue pour les Hindous un compendium sur l’art d’aimer et d'obtenir le plaisir sexuel, en restant en cohérence avec les anciennes croyances rurales et pastorales de leur culture religieuse. Cette culture considère encore l’amour dans toutes ses manifestations les plus naturelles, de la poésie au chant, à la danse, à la peinture, à la sculpture permettant de renforcer le côté divin du processus de procréation et l’adoration du principe de la vie, également à travers le plaisir érotique. Kāma Sūtra est ici utilisé uniquement comme un mot dont le son lors de sa prononciation émerveille les gens qui l'entendent. Pour Syndone, cela devient un prétexte pour évoquer aussi bien l’amour entre deux personnes, la réalité des prostituées d’aujourd’hui, la provocation. les images, les symboles, les jeux de rôle et les personnes. Parmi tout cela, une histoire vraie, celle de Perlasca, une héroïne qui a combattu le nazisme, et beaucoup d’autres histoires communes, parmi lesquelles, peut-être, les nôtres, avec des personnages inventés, des divinités, des symboles érotiques et beaucoup, beaucoup d’amour".
La dernière fois que j'ai entendu ce groupe en live, c'était en 2019 au Festival Prog Sud, cher à mon coeur. Les italiens avaient alors présentés Mysoginia, leur tout récent album dont le concept était totalement axé sur les femmes, sur La Femme.Cette fois avec Kāma Sūtra la formation bolognaise s’encanaille nettement. Le long teaser de neuf minutes permet de reconnaître le style désormais facilement identifiable de Syndone mais aussi de se faire une idée précise de ce que va donner cet album qui semble bien né. L'écoute exhaustive des onze titres dont deux instrumentaux (tous les deux superbes) le confirme. L'opener "It's only make believin'" est une bombe qui donne le ton d'un album qui va être puissant, intense, lyrique. Tout cela n'est absolument pas dû au hasard mais bien à une qualité d'écriture remarquable. Les compositions ont une richesse harmonique et une recherche dans les arrangements, notamment symphoniques, que l'on retrouve dans des œuvres du classique par exemple. Mais pas de panique, c'est bien du rock progressif auquel j’ajouterais le qualificatif baroque dans le sens le plus noble du terme. Avec Syndone, on est toujours surpris tant le spectre musical proposé est large au risque d'ailleurs parfois de perdre l'auditeur en attente d'une ligne stylistique plus lisible. Pour ma part, je me régale de cette diversité qui de toute façon a pour points communs : une pertinence dans le propos, un intérêt constant en terme de compositions soignées et enfin une qualité sans faille. Quand j'écoute Syndone, je pense souvent à Queen et je me dis que ce groupe italien est la version prog aboutie du Queen baroque et symphonique qui a trop tôt délaissé et abandonné cette voie royale qu'il avait pourtant lui-même ouvert de magnifique manière. Nik Comoglio et Gigi Rivetti n'ont jamais aussi bien composé et joué. Riccardo Ruggieri n'a jamais aussi bien chanté. Marta Caldera n'a jamais été aussi fine dans ses interventions. Et enfin le groupe a dégoté un bassiste high level en la personne de Simone Rubinato. Depuis que Nik Comoglio a relancé Syndone en 2010, son groupe ne nous a proposé que de très bons albums pour un parcours qui ressemble beaucoup à un sans faute (même si j'ai un faible à titre personnel pour Odysséas). Kāma Sūtra s'inscrit dans la continuité et pourrait même bien être le meilleur opus de Syndone à ce jour. Explications : après avoir réécouté toute la disco du groupe, il me parait évident que cet album monte le niveau d'un cran en réussissant l'exploit de présenter des compositions à la fois encore plus fouillées que d'habitude, avec un soin tout particulier apporté aux orchestrations, tout en restant très accessibles, générant ainsi une forme d'évidence à l’écoute qui se matérialise par quelques belles fulgurances et une fluidité permanente à laquelle le groupe ne nous avait pas toujours habitué. La marque des grands en quelque sorte !
Il n'y a plus qu'à attendre la publication officielle dans quelques jours et réserver son exemplaire, vous avez le choix entre le vinyle édition couleur (300 exemplaires) et le CD édition Digipack golden (500 exemplaires).
La tracklist
1. It's only make believin'
2. Nirvana
3. Carousel (instrumental)
4. Into the Kama
5. Bitches
6. You still shine
7. Sex toys r us
8. 2 thousand 10 (instrumental)
9. Sacred & Profane
10. We are the world we created
11. Peace on Earth
Le groupe : Nik Comoglio (claviers, Hammond, Moog, orchestration, chœurs), Riccardo Ruggeri (chant lead, chœurs), Gigi Rivetti (claviers, Hammond , piano, clavinet), Marta Caldara (vibraphone, timbales), Simone Rubinato (basse), Eddy Franco (batterie, percussions)
Invités : David Jackson (flute et double sax solo sur 7), Annie Barbazza (duo vocal sur 4)
L'orchestre symphonique de Budapest est ici dirigé par une vieille connaissance, Francesco Zago.
Label : Manticore Records
Distribution : MaRaCash
Si cela ne donne pas l'envie de se le procurer, de l'écouter alors il demeure le silence des églises pour la "vie intérieure".
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