Il Giro Strano ! Déjà, je ne peux pas dire que j'ai gardé un grand souvenir de La Divina Commedia, le CD sorti en 1992 par Mellow Records. Il est vrai que le CD faisait partie des bandes, enregistrées en 1972 et 1973, ressuscitées par le label italien pour alimenter son catalogue de l'époque sans trop se préoccuper de la qualité intrinsèque de la source. Il est vrai aussi qu'à la même période, je m'enfilais une dizaine de CD par mois rien qu'en prog italien. J'en avais gardé l'impression d'une musique un peu foutraque, proche de jams plus ou moins bien mises en forme. L'histoire était celle d'une formation de musiciens de Savona qui n'avaient jamais dépassé le stade des démos alors même qu'il pouvait revendiquer une proximité de style avec Dalton, Flea, Officina Meccanica, Procession, Rockys Filj ou même, par épisodes, The Trip avec en plus la voix du chanteur (Mirko Ostinet) qui pouvait s'apparenter à celle de Claudio Canali (Biglietto per l'inferno). J'avoue que j'avais donc un peu relégué ce groupe aux oubliettes. Quelques trente années plus tard, Pino Pintabona et Massimo Gasperini du label génois Black Widow sont venus me rappeler au bon souvenir de ce groupe et ils ont eu raison. Car sans avoir produit des chefs d’œuvre (il ne faut pas exagérer non plus), la mixture musicale, produite par Il Giro Striano, faite d'un rock fortement teinté de jazz et de blues méritait d'être remise en avant avec un bon lifting sur le son (ce qu'a fait Black Widow, ce que n'avait pas fait Mellow Records). En 2022, l'album de la deuxième exhumation devient Il pianeta della verità avec huit titres en plus dont deux récupérables en téléchargement MP3.
Il est donc temps de faire amende honorable et de se pencher sur ces reliques d'un temps où les groupes de prog italien grouillaient de partout mais où bien peu accédaient à la consécration, à savoir : signer avec un label et enregistrer un premier album (qui était d'ailleurs souvent aussi le dernier !). Il Giro Strano aura fait partie des groupes qui n'auront pas eu cette chance.
Le matériau musical présenté étant par définition un amalgame hétérogène de titres enregistrés à plusieurs moments sur une période d'environ deux années, avec des musiciens en partie différents, le track by track n'a pas vraiment de sens mais une vue d'ensemble s'impose. Avec le recul, les musiciens apparaissent bien en place avec un niveau de jeu élevé. Il est également évident qu'ils appuient fort avec des interprétations tout en puissance et en énergie. Tout en s'inscrivant dans le move des groupes de prog italiens cités plus haut, on entend également quelques fortes réminiscences de Colosseum et de son émanation, Greenslade. L'impression d'avoir affaire à une musique parfois en limite de la jam demeure mais il faut reconnaître que les musiciens maîtrisent à chaque fois parfaitement leur sujet et en général çà passe (même sur "Il pianeta della veritá" !). En cela, le rapprochement avec Colosseum est également évident avec cette même manière de lancer des thèmes et de les développer ensuite en improvisant plus ou moins avec souvent le sentiment que le groupe avance en équilibre instable sur un fil. Le travail de restauration des bandes sonores a largement amélioré la qualité d'écoute, mais cela ne fait pas tout et il y a évidemment des morceaux plus ou moins bien enregistrés, mais au moins cette fois le maximum a été fait. Dommage car plusieurs pistes ajoutées par Black Widow sur cette réédition (pistes 6 à 11) avaient un réel potentiel. Les titres les plus intéressants, offrant aussi une bonne prise de son, sont incontestablement "XIII transistor" et surtout "Il corridoro nero" qui se trouvent également être ceux à avoir été enregistrés par la dernière formation d'Il Giro Strano (avec le retour de l'excellent Mario Pignata à la basse) en décembre 1972. J'ajouterais également "Vecchio oldsea", un morceau de jazz rock tout ce qu'il a de plus Colosseum, mené au pas de charge.
Au delà de la quasi exhaustivité des enregistrements réalisés par le groupe présenté dans cette édition, au-delà d'une mise en son la plus soignée possible, on notera aussi un gros travail de recherche documentaire qui permet d'alimenter un livret de 12 pages très complet sur l'histoire du groupe.
Qua vous soyez en recherche de vieux trésors prog enfouis à déterrer ou que vous soyez des vrais complétistes en matière de RPI, cette version Black Widow des enregistrements d'Il Giro Strano me paraît dans tous les cas indispensable.
Membres du groupe : Mirko Ostinet (chant, de juillet 1971 à avril 1973), Mariano Maio (saxo et flûte, de juillet 1971 à avril 1973), Valentino Vecchio (guitare, de juillet 1971 à avril 1973), Alessio Feltri (claviers, de juillet 1971 à avril 1973), Mario Pignata (basse, de juillet 1971 à mars 1972 et de novembre 1972 à avril 1973), Giovanni “Peo” Guazzotti (batterie, de juillet 1971 à mars 1972), Riccardo Gabutti (basse, d'avril à octobre 1972), Delio Sismondo (batterie, d'avril 1972 àavril 1973).
1. XIII transistor
2. Il corridoio nero
3. Vecchio oldsea
4. La Divina Commedia :
- a) Inferno
- b) A riveder le stelle
- c) Purgatorio
- d) Paradiso
5. Il pianeta della veritá
6. You're gonna find *
7. Shadow of a dream *
8. Lo Strano Giro *
9. Sunshine! Sunshine! *
10. Trasmutazione I *
11. Trasmutazione II *
12. Il Calvario * @
13. Since I've been loving you * @
* bonus tracks sur la réédition Black Widow de 2021
@ en écoute sur la version double LP et en téléchargement MP3
Label : Black Widow Records
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