Même si le groupe Reale Accademia di Musica n'a jamais atteint la notoriété des incontournables Banco del Mutuo Soccorso, Le Orme et Premiata Forneria Marconi, il n'en reste pas moins qu'il occupe une place respectable dans l'histoire du rock progressif italien avec un album éponyme sorti en 1972 qui est une vraie perle. La suite de l'histoire a été, il faut bien le reconnaître, un peu moins glorieuse, avec trois autres albums qui sont des quasi usurpations d'identité. En 2018, le guitariste Pericle Sponzilli, membre fondateur de RADM, a réactivé le groupe avec de nouveaux musiciens, pour proposer Angeli Mutanti, un album honorable bien que très différent du son de la formation d'origine. Les participations notables de Fabio Liberatori, ancien claviériste de Stadio et collaborateur de Lucio Dalla, et d'un chant féminin de haut niveau en la personne d'Erika Savastani (Deserto Rosso) ont sans doute beaucoup influées sur la nouvelle identité sonore d'un groupe qui privilégie désormais la mélodie, le raffinement des thèmes et les textures harmoniques délicates en délaissant totalement le côté technique du rock progressif et ses schémas complexes.
Avec Lame di Luce, le nouveau Reale Accademia di Musica remet le couvert en gardant globalement la même orientation bien que l'on ressente à l'écoute de l'album une propension à reprendre une démarche progressive au moins dans l'esprit. Outre le fait que le groupe ait stabilisé autour des quatre membres responsables de son renouveau en 2018, Pericle Sponzilli est le compositeur principal des dix morceaux (Fabio Liberatore en co-signe trois), ce qui est une bonne option pour l’homogénéité de l'ensemble. Donc pour en revenir au cœur de la musique, nous sommes sur un format chansons avec quasiment à chaque fois un passage instrumental plus ou moins marqué prog (plutôt plus sur "Ascesa al Fuji" ainsi que sur "Ore lente"), avec aussi une présence plus accentuée des claviers (notamment d'un orgue Hammond en scène dès les premières mesures de "Onde di Sabbia"), par rapport à Angeli Mutanti, parfois placés en simple support harmonique ou prenant, à d'autres moments, une position beaucoup plus en avant jusqu'à mener le morceau, ce qui là aussi accentue la connotation prog, sans vouloir pour cela à tout prix regarder en arrière. Quand Fabio Liberatore n'est pas à l'orgue, il est au piano et cela permet de sortir un monument à la gloire de IQ (volontairement ou pas), je parle là de "Ascesa al Fuji". Le fait est que Reale Accademia di Musica s'inscrit dans une forme de modernité avec toujours une approche distinguée (les parties de synthés sur "Ore Lente"). Dans ce registre, le très floydien "Incontri" est une merveille de raffinement. Dans un autre genre, mais avec toujours cette même grâce, "Si parlerà" a tout de la chanson soft rock jazzy parfaite. Aucun des musiciens n'essaient d'en faire trop. Au contraire, tout le monde se fond dans la masse et les exploits individuels sont très limités, Pericle Sponzilli se faisant discret en solo de guitare, dommage car ses chorus sur "Lame di luce" "Una ferita da disinfettare" et "Incontri" font du bien à entendre avec cette manière de jouer très particulière, un peu à la Chris Rea ("Una ferita da disinfettare"). Les arrangements sont également soignés comme on peut l'entendre sur l'émouvant "Onde di Sabbia" avec ses couches de synthés qui créent autant de symbioses harmoniques pour porter la mélodie ou encore sur "Lame di Luce" et ses nappes (encore de synthés) symphoniques.
On pourra toujours discuter inutilement du fait que le Reale Accademia di Musica d'aujourd'hui n'a plus grand chose à voir avec son lointain ancêtre. Aucune importance ! Car, il n'en reste pas moins que ce disque est bon. Lame di luce est un album qui s'écoute avec beaucoup de plaisir. On le classera par facilité dans la case pop prog mais en gardant à l'esprit qu'on est en permanence dans le haut du panier (cf. "Due pietre preziose birmane"). J'ajoute que vous êtes quasiment obligé d'acheter la version CD car il y a deux morceaux bonus qui méritent vraiment d'être connus : le très rock "Ossessione' sur lequel Erika vient vous chercher avec un chant ensorcelant, mais aussi le plus éthéré "Il cavaliere del cigno" (une petite perle d'une beauté à couper le souffle, à écouter avant de s'endormir tant elle vous met en état d'apesanteur).
Enfin, on notera que l'album est publié sous le label Micio Poldo Edizioni Musicali (M.P. & Records) mais sera aussi distribué à partir du 18 novembre 2022 par Sony Music (quand même !).
Le groupe : Pericle Sponzilli (chant et guitares), Fabio Liberatori (piano, orgue Hammond, synthés), Erika Savastani (chant), Fabio Fraschini (basse) + Francesco Isola (batterie), Danilo Pao (Fender VI sur “Onde di Sabbia”, “Lame di Luce” et “Ore Lente”)
La tracklist :
1) Onde di Sabbia
2) Ascesa al Fuji
3) Due pietre preziose birmane
4) Lame di luce
5) Si parlerà
6) Una ferita da disinfettare
7) Ore Lente
8) Incontri
9) Ossessione (bonus track sur CD)
10) Il cavaliere del cigno (L’addio) (bonus track sur CD)
Voici un long teaser de l'album : Lame di luce
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
si vous n arrivez pas à poster votre commentaire, contactez-moi directement. En tout cas merci à vous pour l intérêt que vous portez à ce blog.