Quand Daniele Piccinini, bassiste de son état, a quitté l'excellent groupe de jazz rock fusion Accordo Dei Contrari, il a souhaité aller vers quelque chose de plus ouvert musicalement. Pour cela il a été rejoint par le guitariste de PropheXy, Gabriele Martelli qui était dans la même démarche artistique. Le temps de récupérer Roberto Bernardi, le batteur éclair d'Altare Thotemico et l'équipe était au complet pour se lancer dans l'aventure Monkey Diet. Trois ans après sa formation, en 2017, le trio sortait son premier album (Inner Gobi) plutôt bien foutu, beaucoup moins marqué jazz rock qu'Accordo Dei Contrari, avec en prime une couverture très réussie, présentant une scène mêlant fantastique et horreur.
Avec Ant Death Spiral, les musiciens de Bologne restent dans le même registre avec à nouveau, un certaine distance prise avec le jazz rock. Et c'est tant mieux car ils proposent à nouveau une musique inventive qui se rattache beaucoup au post rock avec des ramifications abordant plusieurs styles qui vont du rock psychédélique, au space rock musclé de "Ant Death Spiral", en passant par le heavy rock à la Jimi Hendrix avec la présence remarquée sur "Sleepin sand, silent cloud" d'Eric Gales, auteur d'une performance faramineuse dont il a le secret et qui apporte une teinte blues rock marquée dans cet album, la fin du morceau étant illuminée par les vocalises de Donella Del Monaco (Opus Avantra). On remarque aussi à plusieurs reprises des références explicites, que ce soit à King Crimson pour "Hungry Horace" ou à Ozric Tentacles pour "Marsquake" (Silas Wynne ne joue pas pour rien sur ce morceau !). La Ozric connexion semble d'ailleurs être une influence importante car la piste cachée qui vous attend après "Special Order 937" est spacey et floating ambient en diable !
Le groupe fait preuve d'une capacité à aller sur des développements aussi imprévisibles que convaincants, ce qui fait que d'un morceau à l'autre, l'auditeur se trouve embarquer à chaque fois dans une, voire plusieurs directions. Aucun risque de s'ennuyer donc, car pas une piste de ce disque ne ressemble à une autre. Pour un album de musique instrumentale, il faut également reconnaître que l'on évite quasi systématiquement les exercices de virtuosité stériles au profit de chorus bien construits, ce qui est le cas même sur "Raptus' qui reste le titre le plus démonstratif de ce disque et qui, accessoirement, permet à Gabriele Martelli de se distinguer par ses prouesses rythmiques.
J'ai mis à part "Special order 937" car pour moi cette piste est vraiment la pièce maîtresse de l'album, la plus originale et sans aucun doute la plus aboutie en ce qui concerne une fusion homogène et réussie entre le post rock et le rock progressif.
En résumé, il s'agit d'un disque solide, réalisé par des techniciens de très haut niveau, qui s'adresse à un public beaucoup plus large qu'il ne peut y paraître de prime abord. Vous l'avez compris, il s'agit d'un must de plus à ajouter à la déjà longue liste de tous les excellents albums sortis en RPI en 2023.
Musiciens invités sur l'album: Eric Gales (lead guitare, 3); Donella Del Monaco (voix, 3), Silas Neptune (synth.,4), Nicola Schelfi (vibraphone, 2), Riccardo Lolli (claviers, 6).
La tracklist :
- Hungry Horace
- Ant Death Spiral
- Sleeping sand, silent cloud
- Marsquake
- Raptus
- Special Order 937
Bandcamp du groupe : Monkey Diet
Label : Black Widow Records
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