Musicalement, Odessa c'est la rencontre entre un rock progressif italien vintage et le hard rock à la Deep Purple, une forme de hard prog qui présente toutefois quelques particularités à commencer par la voix de Lorenzo Giovagnoli qui rappelle souvent celle de Demetrio Stratos. Ainsi, Odessa se place assez naturellement comme un descendant de The Trip (dont il reprend le jouissif "Caronte) d'Il Rovescio della Medaglia (dont il reprend "Alzo un muro electtrico" et dont "La Sfera" se révèle être un hommage ouvert), de Biglietto per l'Inferno et de l'Uovo di Colombo. Une autre spécificité du groupe est d'intégrer le plus facilement du monde d'autres styles, jazz ou folk par exemple. Ainsi, « L’incontro », le plus long morceau de l’album (neuf minutes) est aussi sans conteste le plus ambitieux. Introduit par une première partie, que l'on doit à Gianluca Milanese, cette section ambient et ethnique est remarquable par ses diverses sonorités (flûte, tambourins, sons de crécelles, ululements et mélismes) qui nous plongent dans une ambiance mystérieuse de folklore méditerranéen. A noter que la longue plainte vocale à la Demetrio Stratos qui n'apparaissait qu'à l'entame de la deuxième partie sur le CD d'origine est ici présente dès le début donnant à l'ensemble une ampleur fascinante. Le groupe se lance ensuite dans un long développement instrumental qui, après une première section hard rock en mid tempo, s’oriente rapidement vers une longue jam jazz rock sur laquelle Lorenzo Giovagnoli fait des merveilles en multipliant les effets de claviers à partir de son synthé Roland VK-7 épaulé par Giulio Vampa en état de grâce. L’autre morceau qui se distingue par une nette volonté de sophistication est "Orizzonte anima" dont la construction particulièrement soignée ne laisse rien au hasard. Odessa s'essaie là à une sorte de synthèse entre Banco del Mutuo Soccorso et Nuova Era. Lorenzo Giovagnoli en a d'ailleurs profité pour faire précéder ce dernier titre d'un interlude étonnant qui passe la durée de l'album de 46 mn 46 à 50 mn 52. Cet "Interludio" ne ressemble à rien de ce qu'Odessa a fait jusque là. Loreneo réalise un exercice de Doo-wop tout à fait convaincant, réussissant au passage l'exploit de reproduire les différentes tessitures (ténor, ténor léger, baryton et falsetto) d'une formation vocale pratiquant ce genre musical.
Voilà qui donne à cet album tout le lustre qu'il méritait et qui permet de confirmer, qu'il y a déjà vingt cinq ans, le groupe en avait sacrément sous le pied. On s'étonnera ainsi encore moins de la magnificence de l'exceptionnel L'Alba della Civiltà sorti il y a déjà deux ans. Bien sûr les deux albums sont indispensables.
La tracklist :
2. Di buio e luce
3. Alzo un muro elettrico
4. Stazione Getsemani
5. Lotta per il dominio
6. Caronte
7. L'Incontro (stratosfera, l'angelo)
8. La sfera
9. Interludio
10. Orizzonte anima
Le groupe : Lorenzo Giovagnoli (chant, claviers), Giulio Vampa (guitares), Valerio de Angelis (basse), Marco Fabbri (batterie), Gianluca Milanese (flûte traversière)
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