dimanche 29 janvier 2023

Sophya Baccini's Aradia : Runnin' with the wolves

L'été dernier à Gênes, Sophya m'avait donné en avant première le titre de sa nouvelle chanson "Runnin' with the wolves". La voilà donc en version flexi disc, en attendant l'album qui devrait sortir cette année. Et comme toujours avec Sophya, çà promet du grandiose. Vous remarquerez, qu'une fois de plus Sophya s'est entourée d'un personnel féminin qui est pour l'occasion en grande partie renouvelé. Il reste Marilena Striano aux claviers et autrement Anaïs Noir, Chiara Cotugno, Sonia Scialanca et Francesca Masucci sont des nouvelles recrues. Nul doute que çà va assurer aussi de ce côté là ! 

Label et distribution : Black Widow Records

dimanche 15 janvier 2023

Dark Ages : Between us

 


Mine de rien et sans faire de bruit, le groupe  Dark Ages a fêté ses quarante années d'existence en 2022. Son histoire a été en fait moins linéaire qu'il n'y parait avec une première période d'une dizaine d'années marquée par la sortie d'un album en 1991, Saturnalia, avec Barbara Guia au chant, posant les bases d'un prog métal efficace et mélodique. Le groupe a ensuite splitté et s'est reformé en 1996 dans une configuration renouvelée (le guitariste Simone Calciolari faisant le lien entre les deux époques). Après une longue période de flottement, Dark Ages s'est distingué en sortant Teumann, un rock opéra en deux parties (albums en 2011 et 2013). Puis en 2017, nouveau changement dans le groupe de Vérone avec le départ du chanteur Davide Cagnata (pas une grosse perte à mon avis) remplacé par Roberto Roverselli pour le très bon album A closer look sorti en 2017, beaucoup plus nuancé et léger que ses prédécesseurs. Nous arrivons ainsi en 2022 à Between us avec toujours le guitariste Simone Calciolari tenant bon à son poste, Angela Busato (claviers) et son frère Carlo Busato présents depuis 2008, donc désormais  considérés comme des piliers du groupe, à nouveau Roberto Roverselli au chant, ce qui est une bonne nouvelle, et un nouveau bassiste Gaetano Celotti.

Between us permet de retrouver un groupe au meilleur de sa forme. Dark Ages propose toujours sa formule prog métal très personnelle avec des sonorités typiques, particulièrement les riffs de guitare, héritées de la période Magna Carta (Cairo, Enchant, Ice Age etc...), donc des années quatre vingt dix / deux mille. Il faut reconnaître à ce groupe un vrai savoir-faire pour construire des courts épiques prog métal qui vous prennent aux tripes, avec un équilibre parfait entre des séquences catchy entrecoupées de phases de respiration le plus souvent prises en charge par Angela Busato avec des développements aux claviers (orgue, piano) voire même à la flûte. Dans cette catégorie, vous trouvez "Showdown",  "The villain king"  ou encore "Riddle from the stars" et sa longue ouverture en mode prog symphonique. Plutôt que de bêtement aligner uniquement des scuds construits sur le même modèle, Dark ages varie les plaisirs avec des morceaux plus sophistiqués comme "Beyond", un grand moment d'émotion forte, avec son intro à la guitare acoustique, ses harmonies vocales, la flûte d'Angela également à la manœuvre à l'orgue Hammnd et au piano. Juste après "Our lonely Shelter" se veut encore plus ambitieux avec le chant de Roberto Roverselli au maximum en terme d'emphase et avec un Carlo Busato qui se distingue avec cette drôle d'intro, assez inattendue, qui n'est en fait ni plus ni moins qu'un solo de batterie plutôt original dans le contexte, avec l'utilisation de temple blocks. On décernera à "Great escape", le prix du morceau le plus équivoque entre métal et prog old school, amusant certes mais l'exercice d'équilibrisme atteint ici ses limites. Mais la palme du meilleur morceau revient incontestablement à "There is no end", non pas parce que le titre fait douze minutes, mais bien car le groupe réussit l'exploit d'y déployer avec intelligence toutes les qualités que nous avons évoqué avant dans cette chronique : chorus de guitare en béton, lignes de chant accrocheuses, cassures rythmiques parfaitement dosées, solo d'orgue en feu, parties acoustiques (guitare et flûte), qui ont du sens et qui viennent à point nommé créer le décalage, sans même parler de ce pont central qui est un modèle du genre. Si "There is no end" n'est pas un grand morceau de prog métal, alors je ne m’y connais plus ! De manière plus générale et sans aucun doute possible, Dark Ages nous livre son album le plus réussi à ce jour.

La tracklist : 

1. Pristine eyes
2. Showdown
3. The villain king
4. Beyond
5. Our lonely shelter
6. The great escape
7. Riddle from the stars
8. There is no end

Le label est Andromeda Relix

mardi 10 janvier 2023

La Maschera Di Cera : tournée 2023

Très belle nouvelle avec cette annonce de la tournée des vingt ans + 1 (!) de La Maschera Di Cera. On parle ici d'une formation qui a marqué le prog italien de son empreinte en produisant six albums importants dont les sorties se sont étalées entre 2002 et 2020 avec au passage un point haut en 2013 (déjà !) avec Le Porte del Domani s'inspirant (au moins pour la pochette) de Felona e Sorona, l'album mythique de Le Orme. Le noyau dur de cette formation est constitué de Fabio Zuffanti, d'Agostino Macor et d'Alessandro Corvaglia. Plusieurs autres musiciens ont fait partie du groupe à commencer par le flûtiste Andrea Monetti qui était encore là en 2014 pour le concert en mai à Gênes avec Maurizio Di Tollo à la batterie et Laura Marsano à la guitare électrique mais ... sans Fabio Zuffanti remplacé pour l'occasion par Gugliemo Mariotti. La raison étant que Fabio devait prendre l'avion le même jour pour le Quebec où il devait jouer avec son ZBand (La Quarta Vittima). J’avais parlé longuement avec Fabio qui m'avait indiqué que La Maschera Di Cera c'était probablement fini. La suite a montré qu'il avait changé d'avis. Tant mieux ! L'album S.E.I. est arrivé en 2020 et son contenu a démontré qu'il fallait toujours compté avec La Maschera Di Cera

Les dates ne sont pas encore toutes fixées, mais il s'agit d'une tournée solide avec des concerts programmés en Italie (un pour l'instant, d'autres vont être annoncés bientôt), en Angleterre, au Québec. Mais surtout, nous aurons la chance de voir le groupe en Belgique (au Spirit of 66) et en France (çà c'est plus inattendu). Pour avoir vu plusieurs fois ce groupe sur scène, dans différentes configurations, je dois avouer qu'il se passe quelque chose à chaque concert au niveau de l’ambiance. En live, la musique de La Maschera Di Cera dégage un je ne sais quoi d'intense créant ainsi un univers envoûtant. Si vous pouvez attraper au moins un concert, faites le, vous ne seras pas déçu !

lundi 2 janvier 2023

Tony Carnevale : III Movimento

 

Si vous vous rappelez bien, dans mon premier livre Le Petit Monde du rock Progressif Italien, il y avait un album de Tony Carnevale qui était présenté. Il s'agissait de La vita che grida, un disque enregistré en 1995 qui avait la particularité de nous faire entendre Francesco Di Giacomo, au chant bien sûr, dans le morceau éponyme. Voilà pour la jonction avec le rock progressif italien. Pour le reste, c'est à dire l'essentiel, Tony Carnevale a un curriculum vitae de surdoué : il cumule les fonctions de pianiste, de directeur de chorale, de chef d’orchestre et enfin de directeur artistique pour plusieurs maisons de disques et présente une liste impressionnante de collaborations avec de grands artistes italiens dans plusieurs genres musicaux (Paolo Giuliani, Giampaolo Chiti, Alessandro Sbordoni, Giancarlo Bizzi, Michelangelo Lupone, Giorgio Kirschner, Patty Pravo), sans même parler de ses talents de compositeur qu’il a aussi exercés pour des musiques de films (pour les réalisateurs Luciano Emmer, Giorgio Treves, Alessandro Di Robilant, Carlo Lizzani, Giambattista Assanti, Enrico Caria, Francesca Pirani, Iole Natoliou) ou pour des spectacles. C'est de ce côté là qu'il faut chercher pour évoquer l'album dont nous allons parler aujourd'hui. Car III Movimento est en fait un projet qui date d'une vingtaine d'année (1999 exactement). Sous-titré "A Dance Opera for Symphonic-Rock Orchestra", la partition écrite par Tony Carnevale était en fait la bande originale d'une œuvre chorégraphique du même nom, réalisée en collaboration avec Elisabetta Melchiorri, qui a été jouée en Italie et dans le monde entier. Tony Carnevale en présente aujourd'hui une version remastérisée en analogique, mais surtout augmentée d'un morceau qui n'apparaissait pas sur l'originale ("incompiuta, part I"). 

Alors si vous avez raté la première édition, vous avez l'occasion de vous rattraper. Si vous aimez le mélange musique classique/rock symphonique XXL, si vous cherchez un équivalent à Keith Emerson, Rick Wakeman et  Pär Lindh du côté italien et enfin si vous apprécier, en vrai mélomane, la musique remarquablement composée et arrangée par un maestro, cet album est évidemment fait pour vous. Car là, pas d'approximation ou d à peu près, il s'agit de grand art. "Danza sul volcano" est une entrée en matière proprement affolante avec cette longue cavalcade furieuse, déchaînée à la limite du tribal et de l'incantatoire dans sa deuxième partie. Vous aurez bien sûr aussi un choc en écoutant l’étonnante réinterprétation de Pictures at an Exhibition de Modeste Moussorgski qui, après tout, se prête à merveille à ce genre d'exercice avec en prime, dans ce maelstrom de presque quatorze minutes, une courte citation dantesque d'Une Nuit sur le Mont Chauve. Car à l'instar de Keith Emerson mais dans un genre beaucoup moins pompier et démonstratif, Tony Carnevale n’hésite pas à proposer des thèmes musicaux incroyablement fantasmagoriques et explosifs, entre fantasia et rhapsodie. Pour vous donner un repère "moderne", pensez au pont de "Live and let die" (et pour cause !). Et bien voilà, vous y êtes, même si évidemment cette comparaison reste très réductrice. J'en veux pour preuve le recueilli et profond "Igrayne", sombre et sinistre, ou encore le féérique "Il cammino" qui mêle habilement  musique médiévale et musique du moyen orient. Le côté oriental imprègne d'ailleurs complètement "Incompiuta, part I". Quant à"Incompiuta, part I", il s'agit d'une composition absolument magnifique dont les envolées grandioses illustreraient à merveille n'importe quel grand film estampillé heroic-fantasy. Voici le teaser en ligne sur YT III Movimento qui devrait finir de vous convaincre du caractère exceptionnel de cet album.   

La tracklist : 

  1. Danza sul volcano
  2. Igrayne
  3. Quadri
  4. Il cammino     
  5. Incompiuta, part I
  6. Incompiuta, part II

dimanche 1 janvier 2023

Edito du Nouvel An et Bonne Année 2023 ! (trad. italiano) Buon e Felice 2023 !

 

FR: 2022 est une année que je ne suis pas près d'oublier : deux sorties de livres dont un en italien, des présentations de Giallo et Rosso en France et de Patrick Djivas -Via Lumière en Italie avec des rencontres formidables à la clé. Quand tu t'en donnes la peine, tu es toujours récompensé. Mon Maitre Frédéric Dard disais "Si vous n'attendez pas tout de la vie, vous n'aurez rien", comme il avait raison. Et moi, je trouve mes satisfactions dans les yeux des gens et dans les échanges verbaux souvent passionnants et enrichissants. Je ne sais pas comment remercier toutes ces personnes mais comme dit l'autre, le cœur y est. 

Voilà qui m'amène à un constat, pas nouveau, mais que je verbalise aujourd’hui : plus le temps passe, plus je me dis que je me sens bien dans ce "petit monde" dans lequel j'ai plaisir à me réfugier le plus souvent possible. A propos, il est temps que je vous donne quelques explications sur les origines du "Petit Monde du Rock Progressif Italien" car j'ai souvent des questions et même des remarques, surtout du côté italien, sur cette dénomination qui semble réductrice à certains. Le "Petit Monde du Rock Progressif Italien" vient tout simplement du "Petit Monde de Don Camillo". Je vous rassure, je ne suis pas calotin mais, tout petit, j'ai lu et relu la saga de Giovanni Guareschi . Je me suis alors fait une idée de l'Italie à travers ses livres. Quelques années plus tard, alors que j'étais encore adolescent, j'ai trouvé qu'il y avait beaucoup d'humanité et de bienveillance dans les petites histoires qui opposaient le curé Don Camillo et le communiste Peppone. Deux personnages, deux figures, mais surtout deux grands enfants naïfs tiraillés entre d'un côté leur soif de justice et d'égalité, et de l'autre des convictions idéologiques intenables sur la durée avec des chocs réguliers et inévitables entre la pureté de leurs aspirations et la dure réalité des comportements humains les plus basiques et parfois vils. Ce "petit monde" n'est ni plus ni moins qu'une fable avec pour toile de fond la comédie humaine. Avec "Le Petit Monde du Rock Progressif Italien" j'ai juste fait une transposition allégorique, en embarquant ainsi ce qu'il pouvait y avoir d'affectueux dans cette terminologie et aussi, je le reconnais, en y incorporant une forme d'idéal qui ne résiste bien sûr pas longtemps à l'épreuve de la réalité. 

Voilà j'ai fait mon coming out ! Maintenant c'est le moment de souhaiter une belle année 2023 à tous les amis du Petit Monde du Rock Progressif Italien et aux autres bien sûr. Je nous souhaite encore beaucoup de bons albums et de belles musiques à écouter en 2023. A très bientôt.  

IT: 2022 è un anno che non dimenticherò: due uscite di libri, di cui una in italiano, delle presentazioni di Giallo e Rosso in Francia e di Patrick Djivas -Via Lumière in Italia con incontri formidabili alla chiave. Quando ti dai da fare, vieni sempre ricompensato. Il mio maestro Frédéric Dard diceva: "Se non aspettate tutto dalla vita, non avrete nulla", come aveva ragione. E io trovo le mie soddisfazioni negli occhi della gente e negli scambi verbali spesso emozionanti e arricchenti. Non so come ringraziare tutte queste persone, ma come dice l'altro, il cuore è lì. 

Questo mi porta ad una constatazione, non nuova, ma che esprimo oggi: più il tempo passa, più mi dico che mi sento bene in questo "piccolo mondo" nel quale mi piace rifugiarmi il più spesso possibile. A proposito, è tempo che vi dia qualche spiegazione sulle origini del "Piccolo Mondo del Rock Progressivo Italiano" perché ho spesso domande e anche osservazioni, soprattutto da parte dei miei amici italiani, su questa denominazione che sembra riduttiva ad alcuni. Il "Piccolo Mondo del Rock Progressivo Italiano" deriva semplicemente dal "Il Piccolo Mondo di Don Camillo". Vi assicuro che non sono una calunnia, ma da bambino ho letto e riletto la saga di Giovanni Guareschi . Mi sono fatto un'idea dell'Italia attraverso i suoi libri. Qualche anno dopo, quando ero ancora adolescente, ho trovato molta umanità e benevolenza nelle piccole storie che contrapponevano il parroco Don Camillo e il comunista Peppone. Due personaggi, due figure, ma soprattutto due bambinoni ingenui combattuti da un lato la loro sete di giustizia e di uguaglianza, e dall'altra delle convinzioni ideologiche insostenibili nel tempo, con scontri regolari e inevitabili tra la purezza delle loro aspirazioni e la dura realtà dei comportamenti umani più elementari e talvolta vili. Questo "piccolo mondo" non è altro che una favola sullo sfondo della commedia umana. Con "Il Piccolo Mondo del Rock Progressivo Italiano" ho appena fatto una trasposizione allegorica, imbarcando così quello che poteva essere affettuoso in questa terminologia e anche, Lo riconosco, incorporandovi una forma di ideale che non resiste certo a lungo alla prova della realtà. 

Ho fatto coming out! Ora è il momento di augurare un felice anno 2023 a tutti gli amici del Piccolo Mondo del Rock Progressivo Italiano e agli altri naturalmente. Vi auguro ancora buona musica e album nel 2023. A presto.