dimanche 22 juin 2025
Diego Petrini : La materia del suono
samedi 5 août 2023
Il Bacio Della Medusa : Imilla
Imilla est le cinquième opus studio de la formation de Pérouse, Il Bacio Della Medusa. Un album qui succède au très particulier Seme qui se distinguait par un nette cassure avec le passé stylistique du groupe. D'abord par un changement de ton qui se durcissait nettement au point de sonner carrément comme un combo de hard rock. Ensuite, par l'intégration d'expériences électroniques plus ou moins heureuses. Avec Imilla, les membres du groupe affichent leur volonté de revenir à une musique plus viscérale et à un rock aux multiples facettes. En clair, le style qui a fait connaître et aimer cette formation.
Nous voici donc face à ce nouveau concept album, dont le sujet principal est la vie d'une héroïne sud-américaine (née allemande par contre, d'un père pro-nazi), une certaine Monika Ertl, qui avait pris le nom de guerre d’Imilla lorsqu’elle a rejoint la milice révolutionnaire bolivienne à la fin des années 60 et qui a été arrêtée, torturée et exécutée le 12 mai 1973 à l'âge de 35 ans.
L'album, entièrement conçu et composé par le frontman du groupe, Simone Cecchini, a été initialement enregistré dans un format principalement acoustique avant d'être d'abord habillé par des arrangements de Diego Petrini, puis de finalement subir un traitement plus dans une veine progressive, sans pour cela abandonner complètement ses racines folkloriques et latines telles que pensées à l'origine.
On est content d'entendre un groupe solide avec des membres aussi inamovibles qu'indispensables de par leur fortes individualités artistiques : Diego Petrini aussi à l'aise aux claviers qu'aux percussions, Federico Caprai le bassiste qui compte et impose son jeu solide, l'ambivalente Eva Morelli, fée délicate à la flûte et lionne rugissante aux saxophones, Simone Cecchini à la voix aussi puissante que théâtrale, sans oublier le nouveau venu, Andrea Morelli (le frère d'Eva) qui remplace avantageusement Simone Brozzetti à la guitare électrique, avec quelques chorus bien sentis et autant de riffs rock distribués tout au long des neuf pistes, histoire de montrer de quoi il est capable.
Mais avec Imilla, on est surtout heureux de retrouver enfin, ce qui fait la force, mais aussi la particularité du groupe : cette puissance hors du commun alliée à une folie fantasque quasi permanente. A ce cocktail déjà détonnant, il faut ajouter des éléments de folklore méditerranéen utilisés non pas comme trame de fonds mais bien comme ingrédients complémentaires, donnant ainsi des couleurs chaudes, et parfois même brûlantes, à une musique qui exsude toujours une vitalité hors du commun. Vous voyez où je veux en venir bien sûr. Depuis 15 ans, la référence posée par le groupe lui-même, est l'extraordinaire album Discesa Agl'inferi d'un giovane amante, son mètre-étalon en quelque sorte Et sans vous faire plus languir, je vous l'affirme ce Imilla est à la hauteur de son lointain devancier. Il en est un digne successeur, sans doute un peu moins fou, sûrement mieux dosé, mais le résultat est là, le ton aussi !
On notera en prime, le clin d’œil appuyé aux vieux films italiens des années 70 de type poliziottesco avec la pochette qui reprend les codes de l'époque, qu'il s'agisse du graphisme du dessin lui-même (avec les couleurs qui vont bien) comme de la police de caractère utilisée pour le titre. Mais le groupe fait encore mieux en ouvrant et en refermant cet album avec, à chaque fois, un instrumental avec une mise en forme (arrangements compris) intentionnellement proche d'une illustration musicale de film (bruitages sonores compris), Simone Cecchini allant jusqu'à poser des vocalises évocatrices aux moments cruciaux de chaque partition, tout cela en gardant les accents distinctifs permettant d'être sûr qu'il s'agit bien des musiciens du radeau de la Méduse qui sont à la manœuvre.
Grâce à ce très beau Imilla, Il Bacio Della Medusa renoue avec le niveau qualitatif qu'on lui a connu et reprend sa place parmi les plus importants groupes de la scène prog-rock italienne moderne, de ces formations phares qui ont brillamment émergées durant les premières années du vingt et unième siècle. J'avoue qu''après Seme, j'avais quand même douté de l'orientation prise par le groupe. Il était donc temps de rectifier le tir. C'est fait et bien fait !
Le groupe : Simone Cecchini (chant, guitares, kazoo, chœurs), Diego Petrini (batterie, percussions, piano, orgue, Mellotron, synthés, Melodica, machine à écrire), Eva Morelli (flûte traversière, sax alto et soprano), Federico Caprai (basse), Andrea Morelli (guitares électriques, steel guitare)
La tracklist :
01. Un Visto per la Bolivia
02. Amburgo 1 Aprile 71
03. La Dolorida
04. Zio Klaus
05. Dentro Monika Qualcosa Non Va
06. Ho Visto gli Occhi di Inti Virare a Nero
07. Senior Service
08. Lo Specchio di Hans Ertl
09. Colt Cobra 38 Special
Sortie prévue le 25 août 2023 chez A.M.S. Record et pour l'édition limitée en vinyle rouge (300 copies), çà se passe ici
samedi 31 octobre 2020
Il Bacio della Medusa : AnimAcusticA
En cette fin d'année 2020, le rythme des sorties s'accélère pour le petit monde du prog italien. Cette fois, c'est au tour d'Il Bacio della Medusa de sortir chez AMS Records ce qui devient son deuxième album live (après celui de 2015). Il s'agit d'une captation relativement récente réalisée le 19 octobre 2019 à l'occasion du festival Trasimeno Prog qui se déroulait dans un lieu désormais mythique en Italie pour les concerts prog de qualité : le Palazzo della Corgna in Castiglione del Lago. Il Bacio della Medusa en a profiter pour immortaliser ce concert très différent de ce que le groupe a l'habitude de proposer. Car outre une set list en grande partie renouvelée (seuls deux titres sont communs aux deux albums), la différence de taille avec le premier live réside dans une interprétation acoustique et revisitée des morceaux (acoustique pas unplugged).
Voilà qui me convient car la musique d'Il Bacio della Medusa mérite un bel écrin, une mise en valeur digne de l'univers du luxe, tout en gardant le côté théâtral et lyrique du chant de Simone Cacchini. Et c'est bien le cas ici ! Avec en prime une relecture des morceaux qui se traduit par des arrangements appropriés appliqués à une exécution que je n'ai pas peur de qualifier de "plus classique". Cela pourra, a contrario, en perturber certains. Mais prenez le temps d'écouter (et de savourer) "La Sonda" et vous constaterez que la puissance du rock est bien présente, à partir de 3 mn, mais différemment, de manière plus subtile disons. Sont également de la partie le jazz mais surtout les rythmes sud-américains et la musique d'Amérique du Sud en général qui semblent de plus en plus inspirer le groupe. Les musiciens d' Il Bacio della Medusa ont toujours fait preuve d'une grande capacité à marier divers styles musicaux. Ils le démontrent encore avec bonheur. Quand je parle de bonheur, je pense ainsi au plaisir que j'ai eu à écouter "Preludio, Il Trapasso", "Confessione d'un Amante" et "Cantico del Poeta Errante" dans des versions sublimées. Je pense aussi au final irrésistible d"Animatronica Platonica" et au géant "Scorticamento di Marsia" où le chemin du groupe croise à plusieurs reprises celui de Delirium. C'est l'exercice qui le veut : le chant de Simone Cecchini et les instruments à vent d'Eva Morelli sont ici encore mieux mis en valeur que d’habitude. Si Simone n'avait pas besoin de çà tant sa voix était déjà naturellement mise en avant, concernant le jeu d'Eva, ce n'est que justice.
A noter enfin que le groupe nous offre un prime un titre studio bonus, l’inédit 'Testamento d'un poeta" qui a le double avantage de nous faire sortir de l’album en douceur dans un dernier beau moment de grâce.
En résumé, si vous aimez Il Bacio della Medusa, ce live devrait vous plaire. Pour les autres, c'est sûrement un bon moyen pour découvrir la musique d'un groupe qui est sur le pont depuis bientôt vingt ans (il est donc temps !). Vous pouvez d’ailleurs en profter pour lire ou relire l'interview du groupe ici.
dimanche 28 octobre 2018
Il Bacio della Medusa : gioco dell'intervista
Eva Morelli : flute, alto & soprano sax, piccolo
Simone « Il Poca » Matteucci : Electric Guitar
Simone Brozzetti : Electric Guitar
Eva Morelli : flute, alto & soprano sax, piccolo
Simone « Il Poca » Matteucci : Electric Guitar/ Simone Brozzetti: Electric Guitar / Eva Morelli: flute & sax. Alla line up dall’ autunno 2017 si è aggiunto Simone "Il Poca" Matteucci:Electric Guitar.