Imilla est le cinquième opus studio de la formation de Pérouse, Il Bacio Della Medusa. Un album qui succède au très particulier Seme qui se distinguait par un nette cassure avec le passé stylistique du groupe. D'abord par un changement de ton qui se durcissait nettement au point de sonner carrément comme un combo de hard rock. Ensuite, par l'intégration d'expériences électroniques plus ou moins heureuses. Avec Imilla, les membres du groupe affichent leur volonté de revenir à une musique plus viscérale et à un rock aux multiples facettes. En clair, le style qui a fait connaître et aimer cette formation.
Nous voici donc face à ce nouveau concept album, dont le sujet principal est la vie d'une héroïne sud-américaine (née allemande par contre, d'un père pro-nazi), une certaine Monika Ertl, qui avait pris le nom de guerre d’Imilla lorsqu’elle a rejoint la milice révolutionnaire bolivienne à la fin des années 60 et qui a été arrêtée, torturée et exécutée le 12 mai 1973 à l'âge de 35 ans.
L'album, entièrement conçu et composé par le frontman du groupe, Simone Cecchini, a été initialement enregistré dans un format principalement acoustique avant d'être d'abord habillé par des arrangements de Diego Petrini, puis de finalement subir un traitement plus dans une veine progressive, sans pour cela abandonner complètement ses racines folkloriques et latines telles que pensées à l'origine.
On est content d'entendre un groupe solide avec des membres aussi inamovibles qu'indispensables de par leur fortes individualités artistiques : Diego Petrini aussi à l'aise aux claviers qu'aux percussions, Federico Caprai le bassiste qui compte et impose son jeu solide, l'ambivalente Eva Morelli, fée délicate à la flûte et lionne rugissante aux saxophones, Simone Cecchini à la voix aussi puissante que théâtrale, sans oublier le nouveau venu, Andrea Morelli (le frère d'Eva) qui remplace avantageusement Simone Brozzetti à la guitare électrique, avec quelques chorus bien sentis et autant de riffs rock distribués tout au long des neuf pistes, histoire de montrer de quoi il est capable.
Mais avec Imilla, on est surtout heureux de retrouver enfin, ce qui fait la force, mais aussi la particularité du groupe : cette puissance hors du commun alliée à une folie fantasque quasi permanente. A ce cocktail déjà détonnant, il faut ajouter des éléments de folklore méditerranéen utilisés non pas comme trame de fonds mais bien comme ingrédients complémentaires, donnant ainsi des couleurs chaudes, et parfois même brûlantes, à une musique qui exsude toujours une vitalité hors du commun. Vous voyez où je veux en venir bien sûr. Depuis 15 ans, la référence posée par le groupe lui-même, est l'extraordinaire album Discesa Agl'inferi d'un giovane amante, son mètre-étalon en quelque sorte Et sans vous faire plus languir, je vous l'affirme ce Imilla est à la hauteur de son lointain devancier. Il en est un digne successeur, sans doute un peu moins fou, sûrement mieux dosé, mais le résultat est là, le ton aussi !
On notera en prime, le clin d’œil appuyé aux vieux films italiens des années 70 de type poliziottesco avec la pochette qui reprend les codes de l'époque, qu'il s'agisse du graphisme du dessin lui-même (avec les couleurs qui vont bien) comme de la police de caractère utilisée pour le titre. Mais le groupe fait encore mieux en ouvrant et en refermant cet album avec, à chaque fois, un instrumental avec une mise en forme (arrangements compris) intentionnellement proche d'une illustration musicale de film (bruitages sonores compris), Simone Cecchini allant jusqu'à poser des vocalises évocatrices aux moments cruciaux de chaque partition, tout cela en gardant les accents distinctifs permettant d'être sûr qu'il s'agit bien des musiciens du radeau de la Méduse qui sont à la manœuvre.
Grâce à ce très beau Imilla, Il Bacio Della Medusa renoue avec le niveau qualitatif qu'on lui a connu et reprend sa place parmi les plus importants groupes de la scène prog-rock italienne moderne, de ces formations phares qui ont brillamment émergées durant les premières années du vingt et unième siècle. J'avoue qu''après Seme, j'avais quand même douté de l'orientation prise par le groupe. Il était donc temps de rectifier le tir. C'est fait et bien fait !
Le groupe : Simone Cecchini (chant, guitares, kazoo, chœurs), Diego Petrini (batterie, percussions, piano, orgue, Mellotron, synthés, Melodica, machine à écrire), Eva Morelli (flûte traversière, sax alto et soprano), Federico Caprai (basse), Andrea Morelli (guitares électriques, steel guitare)
La tracklist :
01. Un Visto per la Bolivia
02. Amburgo 1 Aprile 71
03. La Dolorida
04. Zio Klaus
05. Dentro Monika Qualcosa Non Va
06. Ho Visto gli Occhi di Inti Virare a Nero
07. Senior Service
08. Lo Specchio di Hans Ertl
09. Colt Cobra 38 Special
Sortie prévue le 25 août 2023 chez A.M.S. Record et pour l'édition limitée en vinyle rouge (300 copies), çà se passe ici
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