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vendredi 23 août 2024

Fabio Frizzi : l'interview (FR/IT)

 

Interview en français
 
Rencontre avec Fabio Frizzi à Gênes le 2 août 2024 à l'occasion de sa prestation Frizzi 2 Fulci programmée le lendemain au Festival Prog Fest au Porto Antico. L'occasion de remercier une fois encore cet homme affable et disponible en toute circonstance, pour la préface écrite pour mon livre Giallo & Rosso mais aussi de faire une petite interview avec lui. Alors, je sais, les interviews de Fabio sont assez nombreuses mais je suis parti sur l'idée de lui proposer des questions décalées par rapport à celles qui lui sont habituellement posées. A vous de juger du résultat. En tout cas, Fabio s'est beaucoup amusé !
Je dois également préciser que le temps de discussion off a sans doute largement dépassé celui de l'interview proprement dite, mais enfin nous avons quand même réussi à travailler un peu !

Un grand merci à Fabio pour son enthousiasme et son envie de partager et à Francesca pour sa patience et sa gentillesse.

LdN : tout d'abord une question préliminaire Fabio, d'où vient que tu parles aussi bien le français ?

FF : Disons que dans ma famille, mes parents parlaient plus le français que l'anglais. Et puis j'allais en vacances à Riccione à côté de Rimini, quand j'avais 15/16 ans. Il y avait beaucoup de Français qui avaient des fils et des filles. Le soir on allait danser et alors tu sais j'ai eu une, non deux copines françaises (il rigole). Je dois dire aussi que c'est une histoire de destin. J'ai toujours eu beaucoup d'amis français et j'aime tellement parler avec eux. Mais tu sais, des fois, pour bien écrire le français, j'utilise aussi la traduction de Google ! 

LdN : On va remonter le temps Fabio et revenir à tes débuts en tant que compositeur. Quels souvenirs gardes-tu de ta collaboration avec Bixio et Tempera ?

FF : C'est une question intéressante. Si je parle d'abord des choses positives. Je me retrouvais avec Vincenzo Tempera qui avait une expérience incroyable comme musicien et déjà comme compositeur, et avec Franco Bixio qui était aussi compositeur mais surtout le fils de Cesare Andrea Bixio lui-même grand compositeur. Nous avons tout de suite divisé les tâches. Bixio était celui qui connaissait bien la production surtout au niveau des musiques de film justement pour les travaux préparatoires et les séquencements. Tempera était un homme qui était 365 jours sur 365 dans un studio d'enregistrement. C'était un grand pianiste et un bon chef d'orchestre. L'atmosphère était belle et ça fonctionnait bien entre nous. On pouvait faire trois B.O. à la fois.  Mais à un moment, j'étais celui qui poussait le plus et finalement, cela manquait de perspectives. Et aussi, Tempera avait beaucoup d'autres choses à faire. Alors, à un moment, on a dit "on laisse". C'était la période où j'ai eu ma première fille. Je me suis posé la question de savoir si je pouvais composer tout seul. Si j'étais vraiment capable. La première fois, c'était en 1977 pour un film de Maurizio Costanzo, un film qui est très peu connu en France, un film pas terrible qui s'appelle Melodrammore. Pour ce premier film que j'ai fait tout seul , je me souviens que j'étais dans le studio de Bixio pour enregistrer la musique car j'avais loué son studio. Je suis rentré dans le studio. J'ai pris la baguette et j'ai commencé à diriger l'orchestre. J'avais la bouche complètement sèche. Et il y avait Tempera qui était là pour m'aider car en fait Bixio l'avait appelé car il ne savait pas si je pourrais y arriver seul. Une autre chose que je dois dire, toujours dans le positif, c'est que, encore aujourd'hui, Franco Bixio est un de mes meilleurs amis. Lui maintenant il est un grand éditeur avec une grosse maison d'édition mais quand je lui parle des concerts que je fais, des musiques que je compose (j'ai encore fait trois musiques cette année), quand il voit aussi que je suis toujours dans la prima linea (NdA : en première ligne), il me demande comment je fais pour faire tout ça. 

LdN : Tu lui fais envie en quelque sorte.

FF : Oui, c'est exactement ça. Car, lui maintenant il est tranquille avec sa société très solide et il me voit qui fait toujours comme quand on était jeunes garçons. C'est quelque chose qui peut toujours te donner des frissons.

LdN : Peut-on dire que cette collaboration à trois était un passage obligé pour toi ?

FF : oui, je crois que c'était pour moi comme de "faire la gavetta" on dit en italien (NdT : le fait de partir de rien). Quand tu commences, tu dois apprendre. Si je dois faire le vrai bilan. Tu sais quand tu fais un bilan, la balance, tu dois toujours penser aux belles choses, pas aux petits trucs. Et sur les grandes choses, je suis absolument heureux de ce qui s'est passé.

LdN : Finalement, le fait de se séparer de Bixio et Tempera aura été une très bonne chose pour toi, aussi bien pour libérer ta création artistique que pour faire ta propre carrière ?

FF : Tu peux imaginer que j'avais 24 ans au début de cette histoire et 29 ans quand on s'est quitté. Il faut considérer qu'aujourd'hui l'adolescence est plus tôt qu'à l'époque. A 24 ans, J'étais vraiment très jeune et j'avais une certaine ingénuité. Alors, ça a été réellement des années de formation pour moi. L'expérience, on l'a fait tous les jours et j'ai passé  beaucoup de temps avec eux. C'est un peu comme mon acte de naissance de compositeur. J'ai appris beaucoup.

LdN : Après tu as travaillé pour Fulci pour de nombreux films. Je vais te poser une question par rapport à ça. Je ne sais pas si on te l'a déjà posée et comment tu vas la prendre. Voilà : tu crois que l'on peut comparer ta collaboration avec Fulci avec d'autres associations réalisateur/compositeur comme celles de Morricone avec Leone, de Rota avec Fellini ou encore de Goblin avec Argento ?

FF : Je te remercie Louis parce que c'est une très belle question. Alors, je crois que la communication qu'il faut entre un musicien et un réalisateur, c'est quelque chose de très important. Si çà fonctionne, çà fonctionne. Si ça fonctionne pas, ça fonctionne pas. Il n'y a pas de voie médiane. Tu sais, avant de travailler avec moi, Fulci a travaillé avec tous les grands musiciens italiens, Morricone, Ortolani etc... J'ai commencé à travailler pour Fulci avec Bixio et Tempera, ensuite j'ai composé tout seul pour ses films d'horreur. Il y a une dizaine d'années, quand j'ai parlé avec Antonella Fulci, la fille de Lucio, elle m'a dit des choses, j'espère qu'elles sont vraies. Elle m'a dit : "papa avait une estime incroyable pour toi. Il pensait que tu pouvais écrire des musiques uniques pour lui". On était éloigné en âge car il était né en 1927, il avait l'âge de ma mère, mais parfois il y a la possibilité que cela fonctionne entre vieux et jeunes.  

LdN : Le soundtrack de House of Forbidden secrets en 2013 a vraiment été un évènement pour beaucoup de tes fans.Tu leur as vraiment fait plaisir et tu vas comprendre pourquoi je te dis ça. : par moments, cette musique sonne vraiment comme une suite à l'Aldilà. Je ne sais pas si tu es d'accord avec ça ?  Ce qui me donne aussi envie de savoir dans quel état d'esprit tu as composé cette B.O. car vraiment je trouve qu'on est dans les mêmes ambiances que l'Aldilà.

FF : Ah bravo ! J'avais envie d'écrire un truc comme ça. Et quand il y a eu ce mec qui m'a contacté d'Amérique (NdT : Todd Sheets). Il m'a dit "je suis entre la vie et la mort. Je suis seul avec mon chien à l’hôpital. Si je survie, je veux faire un film avec ta musique". J'ai commencé à composer et à enregistrer. J'ai rencontré Todd à Chicago. Il avait avec lui un producteur très étrange, un architecte des jardins, complètement fou. Tu ne sais pas ce qu'il a fait ? Je vais te raconter une histoire bizarre. Ils m'ont payé, pas de problème. Mais j'avais besoin de l'autorisation pour déposer les morceaux en Italie pour éditer ma musique. Mais quand j'ai demandé le lien pour récupérer ma musique, d'abord je ne le recevais pas et ensuite, 6 mois après, quand je l'ai reçu, je me suis rendu compte que le producteur n'avait gardé que 10 % de ma musique et le reste c'était des bruitages faits par un autre mec. J'aurais dû prendre un avocat mais honnêtement c'était un petit film et dans ce cas là, je considère que ce que je reçois, c'est la possibilité d'écrire. Je vais te dire une chose car je crois que tu es la personne qui peut la comprendre. J'adore faire des expérimentations parfois et je voulais mettre dans le thème principal des parties de morceaux qui étaient à moi dans la période Fulci. Je les ai utilisées en jouant dessus pour que les gens puissent entendre comme çà quelque chose des originaux. En tout cas, j'adore cette musique. je la trouve vraiment mienne.

LdN : Un petit mot au sujet de Beware of Darkness, le court-métrage français que tu as musicalisé. Cela c'est fait comment et dans quelles conditions ?

FF : Cela c'est fait à un moment où je gagnais de l'argent car je travaillais pour la télé. En Italie, quand tu fais la télé, tu gagne. Quand tu fais les films, rien ! Ma femme sait très bien ça (il regarde Francesca et ils rient). Alors, j'étais à l'aise financièrement et je me suis dit on va aider quelqu'un. C'était des garçons de Montpellier, des fans. Guillaume Beylard et Nima Rafighi, des gens vraiment très bien. Ils m'ont contacté. Alors,  je leur ai dit de venir à Rome et nous les avons hébergés chez nous. On a parlé de leur projet. J'ai écrit la musique. On l'a éditée en disque. Je dois te dire que je joue le thème pour piano dans certains de mes concerts, mais pas demain. 

LdN : Si tu devais citer le soundtrack dont tu es le plus fier, ce serait lequel Fabio ?

FF : C'est impossible (il rie) mais je vais te répondre. Il y a un film de Lucio qui était un peu pauvre, c'est vrai, c'était Manhattan Baby. Mais tu sais, il se déroule en partie en Égypte et moi j'ai toujours adoré l’Égypte alors que j'y ai jamais été. Mais quand je regardais les images du film, j'ai adoré. Je dois dire que mes musiciens avec lesquels je joue en ce moment adorent cette musique, comme celle de Blastfighter d'ailleurs. 

LdN : Et maintenant, si tu devais citer une musique de toi moins connue à découvrir absolument ?

FF : Bellissima ! j'adore cette question. Il y a des côtés de ma vie de musicien que personne ne connaît. C'est normal. Tout le monde connaît mes travaux avec Fulci ou Fantozzi par exemple en Italie mais si tu considères que je travaille tous les jours depuis cinquante ans, j'ai fait beaucoup de musiques. Alors, je te propose deux réponses.
Je ne sais pas si tu au courant mais j'ai écrit plusieurs ballets. J'étais ami avec une danseuse étoile russe pour laquelle j'ai écrit six ballets sur des textes de Steinbech Puis, quelques années après, elle est devenue la directrice de l'Académie de danse de Rome et elle m'a demandé une chose impossible. Tu sais Tchaïkovsky a fait le "Capriccio italien", dans lequel il raconte l'Italie à sa façon avec les vieilles mélodies inoubliables (il chantonne plusieurs airs), alors elle voulait que je compose un nouveau capriccio italiano, mais comme si j'avais été en contact avec lui, comme si nous avions pu travailler ensemble. Alors, j'ai travaillé six mois là dessus. J'ai écrit quelque chose à la fois classique mais aussi moderne. Il y a la rythmique, le grand orchestre. La suite dure quarante minutes et elle a été déposée à la S.I.A.E. (NdT : l'équivalent de la S.A.C.E.M. en Italie) sous les noms de Frizzi et de Tchaïkovsky. Car il y a dans cette composition des allers-retours permanents entre des choses à lui et des choses à moi.
Ensuite, tu sais, je suis guitariste au départ et j'ai écrit sept préludes pour guitares et j'ai aussi composé sur des poèmes de Lovecraft, des thèmes pour 12 cordes et 6 cordes classiques. J’aimerais bien que les gens écoutent ça aussi.

LdN : Quelques questions sur le rock progressif que tu évoques comme une influence musicale de jeunesse. Tout d'abord, quelle est ta vision de ce style de musique aujourd'hui par rapport à ce qui se faisait dans les seventies ?

FF : Ma vie au début,  c'est Bach et les Beatles. Le baroque et la pop. Mais mon frère Fabrizio adorait des groupes comme Genesis. Il y avait aussi Fabio Pignatelli qui avant Goblin jouait dans un groupe qui faisait du Yes. Alors, j'ai écouté comme ça et puis peu à peu je suis tombé amoureux. Alors je suis heureux qu'il y ait aujourd'hui des gens qui veuillent aller de l'avant. Beaucoup de ces musiciens me contactent pour me faire écouter ce qu'ils font mais je ne peux pas être juge. Mais en fait je crois que l'on a eu tellement de belles choses à l'époque que, quand je peux, j'écoute ce qui s'est fait dans les seventies et que j'aimais vraiment.  

LdN : Quels sont les trois albums de rock progressif que tu mets dans top 3 ?

FF : In the court of the Crimson de King Crimson, The Yes Album de Yes et puis Pictures at an Exhibition d'Emerson, Lake and Palmer. J'ai réécouté cet album il y a une semaine pour une illustration musicale que je suis en train de faire en Italie pour laquelle le réalisateur voulait que la musique soit inspirée de Moussorgski. C’était des génies. Ils faisaient des trucs incroyables.  

LdN : Tu vas jouer demain ton spectacle complet audio/son et images vidéo projetées Frizzi 2 Fulci. As-tu l'impression de donner ainsi à tes compositions une vie différente avec une dimension nouvelle ? Peut-être que tu as fais des arrangements spéciaux pour ces performances live ?

FF : Je crois que la musique jouée est la vraie musique. Tu sais la renaissance de la musique, c'est chaque jour en fait. Alors disons que Frizzi 2 Fulci est une expérience incroyable car des jeunes musiciens - ils ont quarante ans - se sentent les interprètes officiels, authentiques, de ma musique. En plus, tu as raison, j'ai dû réécrire une partie des musiques déjà car je n'ai pas les partitions originales, ce qui fait que ces musiciens font vraiment leur cette musique qui est ma musique. Tu sais aussi, la crise des droits nous a obligé à revenir sur scène. Normalement un vieux musicien devrait vivre de ses droits. Pour nous musiciens, Internet nous apporté beaucoup mais nous a surtout enlevé beaucoup.

Intervista in Italiano

Abbiamo incontrato Fabio Frizzi a Genova il 2 agosto 2024 per il suo spettacolo Frizzi 2 Fulci, in programma il giorno successivo al Prog Fest Festival al Porto Antico. È stata l'occasione per ringraziare ancora una volta quest'uomo affabile e sempre disponibile in ogni circostanza, per la prefazione che ha scritto per il mio libro Giallo & Rosso, e anche per fare una breve intervista con lui. Lo so, di interviste a Fabio ce ne sono parecchie, ma ho deciso di fargli delle domande un po' diverse da quelle che gli vengono poste di solito. Giudicate voi. In ogni caso, Fabio si è divertito molto!
Devo anche sottolineare che il tempo trascorso a parlare fuori dalla registrazione ha probabilmente superato di gran lunga quello dell'intervista stessa, ma alla fine siamo comunque riusciti a fare un po' di lavoro!
Un grande ringraziamento a Fabio per l'entusiasmo e la voglia di condividere, e a Francesca per la pazienza e la gentilezza.

LdN: Innanzitutto una domanda preliminare Fabio, come sei arrivato a parlare così bene il francese?

FF: Diciamo che in famiglia i miei genitori parlavano più francese che inglese. E poi andavo in vacanza a Riccione, vicino a Rimini, quando avevo 15/16 anni. Lì c'erano molti francesi che avevano figli e figlie. La sera andavamo a ballare e poi, sai, avevo una, no, due fidanzate francesi (ride). Devo dire che è anche una questione di destino. Ho sempre avuto molti amici francesi e mi piace parlare con loro. Ma sa, a volte, per scrivere bene il francese, uso anche la traduzione di Google!  

LdN: Torniamo indietro nel tempo, Fabio, agli esordi come compositore. Che ricordi ha del lavoro con Bixio e Tempera?

FF: È una domanda interessante. Inizio parlando delle cose positive. Mi sono trovato con Vincenzo Tempera, che aveva un'esperienza incredibile come musicista e già come compositore, e con Franco Bixio, anch'egli compositore ma soprattutto figlio di Cesare Andrea Bixio, anch'egli grande compositore. Ci siamo subito divisi i compiti. Bixio era quello che conosceva a fondo la produzione, soprattutto quando si trattava di musica per film, proprio per il lavoro di preparazione e di sequenze. Tempera era un uomo che stava in studio di registrazione 365 giorni all'anno. Era un grande pianista e un buon direttore d'orchestra. C'era una grande atmosfera e le cose funzionavano bene tra di noi. Riuscivamo a fare tre colonne sonore alla volta.  Ma a un certo punto, ero io a spingere di più e alla fine mancava la prospettiva. Tempera aveva anche molte altre cose da fare. Così, a un certo punto, ci siamo detti "lasciamo perdere". È stato quando ho avuto la mia prima figlia. Mi sono chiesta se fossi in grado di comporre da sola. Se ne fossi davvero capace. La prima volta è stata nel 1977 per un film di Maurizio Costanzo, un film che non è molto conosciuto in Francia, un film non molto bello chiamato Melodrammore. Per quel primo film, che ho fatto da solo, ricordo che ero nello studio di Bixio per registrare la musica perché avevo affittato il suo studio. Entrai nello studio. Presi la bacchetta e iniziai a dirigere l'orchestra. Avevo la bocca completamente asciutta. E Tempera era lì ad aiutarmi perché in effetti Bixio lo aveva chiamato perché non sapeva se ce l'avrei fatta da solo. Un'altra cosa che devo dire, sempre in positivo, è che Franco Bixio è ancora uno dei miei migliori amici. Ora è un grande editore con una grande casa editrice, ma quando gli parlo dei concerti che faccio, della musica che compongo (quest'anno ho fatto altri tre pezzi), e quando vede che sono sempre in prima linea, mi chiede come faccio a fare tutto questo.

LdN: In un certo senso, lo invidi.

FF: Sì, è proprio così. Perché ora è tranquillo con la sua solidissima azienda e mi vede fare ancora quello che facevo quando eravamo ragazzi. È una cosa che può ancora far venire i brividi.

LdN: È corretto dire che questa collaborazione a tre è stata un passo fondamentale per lei?

FF: Sì, credo che per me sia stato come "fare la gavetta", come si dice in italiano. Quando si inizia, bisogna imparare. Se devo fare la valutazione vera e propria. Sa, quando si redige un bilancio, bisogna sempre pensare alle cose belle, non a quelle piccole. E quando si tratta di cose grandi, sono assolutamente contento di quello che è successo.

LdN: Alla fine, la separazione da Bixio e Tempera è stata una cosa molto positiva per lei, sia in termini di liberazione della sua creatività artistica che di sviluppo della sua carriera?

FF: Può immaginare che avevo 24 anni all'inizio di questa storia e 29 quando ci siamo separati. Bisogna tenere presente che l'adolescenza oggi è più precoce di allora. A 24 anni ero davvero molto giovane e avevo una certa ingenuità. Quindi quelli sono stati anni davvero formativi per me. Lo facevamo ogni giorno e passavo molto tempo con loro. È un po' come il mio certificato di nascita come compositore. Ho imparato molto.

LdN: In seguito ha lavorato per Fulci in diversi film. Le farò una domanda a questo proposito. Non so se qualcuno te l'abbia mai chiesto e come la prenderai. Pensi che si possa paragonare la tua collaborazione con Fulci ad altri sodalizi regista/compositore come quello di Morricone con Leone, di Rota con Fellini o di Goblin con Argento?

FF: Grazie Louis, perché è una domanda molto bella. Penso che la comunicazione tra un musicista e un regista sia molto importante. Se funziona, funziona. Se non funziona, non funziona. Non c'è una via di mezzo. Sa, prima di lavorare con me, Fulci ha lavorato con tutti i grandi musicisti italiani, Morricone, Ortolani ecc... Ho iniziato a lavorare per Fulci con Bixio e Tempera, poi ho composto da solo per i suoi film horror. Una decina di anni fa, parlando con Antonella Fulci, la figlia di Lucio, mi raccontò alcune cose, che spero siano vere. Mi disse: "Papà aveva una grande stima di te. Pensava che tu potessi scrivere musica unica per lui". Eravamo molto distanti per età, perché lui era nato nel 1927, aveva l'età di mia madre, ma a volte le cose tra vecchi e giovani possono funzionare.   

LdN: La colonna sonora di House of Forbidden Secrets nel 2013 è stata un vero e proprio evento per molti dei tuoi fan, e li hai davvero resi felici, quindi capirai perché te lo sto dicendo. Li avete davvero accontentati e capirete perché ve lo sto dicendo. Non so se sei d'accordo con questo?  Il che mi fa anche venire voglia di sapere in che stato d'animo hai composto questa colonna sonora, perché mi sembra proprio che siamo nello stesso mood di Aldilà.

FF: Ah, bravo! Volevo scrivere qualcosa del genere. Poi questo ragazzo mi ha contattato dall'America. Mi ha detto: "Sono tra la vita e la morte. Sono solo con il mio cane in ospedale. Se sopravvivo, voglio fare un film con la tua musica". Ho iniziato a comporre e registrare. Ho incontrato Todd a Chicago. Con lui c'era un produttore molto strano, un architetto di giardini, completamente pazzo. Non sapete cosa ha fatto? Vi racconto una storia strana. Mi hanno pagato, senza problemi. Ma avevo bisogno del permesso di depositare i brani in Italia per pubblicare la mia musica. Ma quando ho chiesto il link per riavere la mia musica, prima non l'ho ricevuto e poi, 6 mesi dopo, quando l'ho ricevuto, mi sono reso conto che il produttore aveva tenuto solo il 10% della mia musica e il resto erano effetti sonori fatti da un altro ragazzo. Avrei dovuto rivolgermi a un avvocato, ma onestamente si trattava di un piccolo film e in quel caso ritengo che ciò che sto ottenendo sia l'opportunità di scrivere. Le dirò una cosa perché penso che lei sia la persona che può capirla. A volte mi piace sperimentare e ho voluto inserire nel tema principale parti di brani che erano miei durante il periodo di Fulci. Li ho usati e ci ho suonato sopra in modo che la gente potesse sentire qualcosa degli originali. In ogni caso, amo questa musica e credo che sia davvero mia.

LdN: Una breve parola su Beware of Darkness, il cortometraggio francese di cui ha curato la colonna sonora. Come è nato e in quali condizioni?

FF: È successo in un periodo in cui guadagnavo soldi perché lavoravo per la televisione. In Italia, quando fai televisione, guadagni. Quando fai film, non guadagni nulla! Mia moglie lo sa bene (guarda Francesca e ridono). Quindi stavo bene economicamente e mi sono detto: aiutiamo qualcuno. C'erano questi ragazzi di Montpellier che erano dei fan. Guillaume Beylard e Nima Rafighi, persone davvero in gamba. Mi hanno contattato. Ho detto loro di venire a Roma e li abbiamo ospitati a casa nostra. Abbiamo parlato del loro progetto. Ho scritto la musica. L'abbiamo registrato. Devo dirvi che in alcuni concerti suono il tema del pianoforte, ma non domani. 

LdN: Se dovessi indicare la colonna sonora di cui sei più orgoglioso, quale sarebbe, Fabio?

FF: È impossibile (ride) ma ti rispondo. C'è un film di Lucio che era un po' povero, è vero, era Manhattan Baby. Ma sai, si svolge in parte in Egitto e io ho sempre amato l'Egitto anche se non ci sono mai stato. Ma quando ho visto le immagini del film, l'ho adorato. Devo dire che i musicisti con cui suono al momento amano questa musica, così come la musica di Blastfighter.

LdN: E ora, se dovesse nominare un brano meno conosciuto della sua musica da scoprire assolutamente?
FF: Bellissima! Adoro questa domanda. Ci sono aspetti della mia vita di musicista che nessuno conosce. È abbastanza normale. Tutti conoscono il mio lavoro con Fulci o Fantozzi in Italia, per esempio, ma se si considera che lavoro ogni giorno da cinquant'anni, ho fatto un sacco di musica. Quindi le darò due risposte.
Non so se lo sa, ma ho scritto diversi balletti. Ero amico di una prima ballerina russa per la quale ho scritto sei balletti su testi di Steinbech. Poi, qualche anno dopo, è diventata direttrice dell'Accademia di danza di Roma e mi ha chiesto di fare qualcosa di impossibile. Sapete che Tchaikovsky ha fatto il "Capriccio italiano", in cui racconta la storia dell'Italia a modo suo, con le indimenticabili melodie antiche (canta diverse arie), quindi lei voleva che componessi un nuovo capriccio italiano, ma come se foste in contatto con lui, come se poteste lavorare insieme. Così ci ho lavorato per sei mesi. Ho scritto qualcosa che fosse allo stesso tempo classico e moderno. C'è il ritmo, la grande orchestra. La suite dura quaranta minuti ed è stata registrata presso la S.I.A.E. con i nomi di Frizzi e Tchaikovsky. Perché in questa composizione c'è un continuo avanti e indietro tra cose sue e cose mie.
Poi, sai, ho iniziato come chitarrista e ho scritto sette preludi per chitarra e ho anche composto temi per strumenti classici a 12 e 6 corde basati su poesie di Lovecraft. Mi piacerebbe che la gente ascoltasse anche questo.

LdN: Qualche domanda sul progressive rock, che lei cita come prima influenza musicale. Innanzitutto, come vede questo stile musicale oggi rispetto a quello che si faceva negli anni Settanta?

FF: La mia prima vita è stata caratterizzata da Bach e dai Beatles. Barocco e pop. Ma mio fratello Fabrizio amava gruppi come i Genesis. C'era anche Fabio Pignatelli che, prima dei Goblin, suonava in un gruppo che faceva gli Yes. Quindi l'ho ascoltato così e poi a poco a poco me ne sono innamorato. Quindi sono felice che oggi ci siano persone che vogliono andare avanti. Molti di questi musicisti mi contattano per farmi ascoltare quello che fanno, ma non posso essere io a giudicare. Ma in realtà credo che all'epoca ci fossero così tante cose belle che, quando posso, ascolto ciò che è stato fatto negli anni Settanta e che mi è piaciuto molto.  

LdN: Quali sono i tre album di rock progressivo che metteresti nella tua top 3?

FF: In the court of the Crimson dei King Crimson, The Yes Album degli Yes e poi Pictures at an Exhibition di Emerson, Lake and Palmer. Ho riascoltato quell'album una settimana fa per un'illustrazione musicale che sto facendo in Italia e per la quale il regista voleva che la musica fosse ispirata a Mussorgsky. Erano dei geni. Hanno fatto cose incredibili.  

LdN: Domani eseguirai il tuo spettacolo completo Frizzi 2 Fulci audio/suono e video proiettato. Sente di aver dato alle sue composizioni una vita diversa e una nuova dimensione? Forse ha fatto degli arrangiamenti speciali per queste esibizioni dal vivo?

FF: Credo che la musica suonata sia la vera musica. Sai, la musica rinasce ogni giorno. Quindi diciamo che Frizzi 2 Fulci è un'esperienza incredibile perché i giovani musicisti, che hanno quarant'anni, si sentono gli interpreti ufficiali, autentici, della mia musica. Inoltre, hai ragione, ho già dovuto riscrivere alcune musiche perché non ho le partiture originali, quindi questi musicisti stanno davvero facendo propria questa musica, che è la mia musica. Sai, la crisi dei diritti ci ha costretto a tornare sul palco. Normalmente, un vecchio musicista dovrebbe vivere dei suoi diritti. Per noi musicisti, Internet ci ha portato molto, ma soprattutto ci ha tolto molto. 

 


jeudi 19 octobre 2023

Marco Leodori : Anima Naif (album + interview FR)


Mais qui est ce Marco Leodori qui nous propose cet album sorti de nulle part avec une aussi belle pochette et ses treize morceaux magnifiques faits d'un mélange de rock FM 24 carats et de prog classieux (je pense ici tout particulièrement aux trois instrumentaux et aux deux chansons interprétées en italien) ?
Le plus simple était  de poser quelques questions à Marco. Vous en saurez ainsi plus sur lui et sur sa musique en deuxième partie de cet article. 
En attendant, je peux déjà vous affirmer que vous pouvez écouter ce disque les yeux fermés (lien YT ici). Il a été fait avec le cœur, cela se sent, ou plutôt s'entend. Accessoirement, cet album est vraiment très bien foutu avec une succession de morceaux mélodiques, parfaitement arrangés, qui font mouche à chaque fois. Il me rappelle un peu, dans son ton d'ensemble (notamment pour les références aux années 80), celui du récent Planetarium de The Waking Sleeper Band que j'ai commenté il y a quelques jours dans ce même blog. En tout cas, avec Anima Naif on sent une grande expérience de musicien et un vrai savoir-faire. Étonnant pour quelqu'un qui a soixante deux ans et dont c'est le premier album. Je sais ! Mais heureusement qu'il arrive encore ce genre de petit miracle parce que c'est ce qui donne un sens à notre quête musicale à tous. 
 

La tracklist : 

  1. Empty blue skies
  2. A winter day dream
  3. Lonesome man
  4. Legends
  5. Guardando le stelle
  6. Look at your heart
  7. Come un gabbiano
  8. Unity
  9. La sorgente
  10. In the king's name
  11. Only one day
  12. Genesi
  13. Dream is over
 
Voici la liste des musiciens qui interviennent sur cet album. Vous pourrez constater que le monsieur a quelques relations dans le milieu du prog italien !
 
Alessandro Carmassi (Swappers Eleven, Neverland) : chant (1, 8, 13)
Alessandro Corvaglia (Quasar, La Maschera di Cera, Delirium) : chant (2, 3, 13)
Andrea Amici (Leviathan) : claviers (5)
Carlo Matteucci (Dancing Knights, Playing the History) : basse (1, 3, 4, 5, 7, 8 à 12)
Claudio Braccio : saxophone (1, 6, 7, 11)
Dario Hakim (Il Giardino Onirico) : ingénieur du son
Emanuele Brignola (6 Suoi Ex, Tiro Mancino, Max Gazzè, Daniele Silvestri) : basse (2,6)
Emanuele Telli (Il Giardino Onirico) : piano, claviers (1, 2, 5, 11)
Federica Leodori (Esordiente) : chant (6, 7, 9, 11)
Filippo Marcheggiani (Banco del Mutuo Soccorso) : guitares (2)
Giovanni Quilici (Naif) : piano, claviers (3 à 7, 10, 12, 13)
Guglielmo Mariotti (Taproban, La Bocca della verità, Fufluns) : basse (13)
Maria Teresa De Donatis : flûte (3, 4, 9, 10 à 12)
Marco Leodori (Naif, Alta Quota, Secret World) : piano, clavier
Massimo Moscatelli (Il Giardino Onirico) : batterie
Mauro Montobbio (Narrow Pass) :guitares, claviers (1 à 6, 8, 11 à 13)
Paolo Carnelli (Ellesmere) : claviers (2)
Roberta Petteruti (Aristocratica) : chant (5)
Stefano Avigliana (Il Giardino Onirico) : guitare (10)
Stefano Vicarelli (La Batteria) : claviers (2, 9)
 

 *** Interview avec Marco Leodori ***
 

Bonjour Marco, on parle de toi et de ton parcours artistique ?

Je suis né à Rome le 28 février 1961. Mon amour pour la musique remonte à mon enfance. À 15 ans, je commence à jouer de la guitare et je prend ensuite des leçons avec  le Maestro Riccardo Martinini. En 1979, je fonde avec Vittorio Lubatti, le groupe Naif et je commence à composer des morceaux intéressants. En 1983, je rejoins Alta Quota, un groupe avec lequel je me produis pour la première fois en public en présentant mes compositions. L’expérience dure deux ans. Entre-temps, je reprends du service avec Naif, qui devient un véritable groupe. S’ensuivent des années de concerts avec aussi la composition de nouvelles chansons en duo avec le pianiste Giovanni Quilici. Dans la seconde moitié des années 80, j'étudie la Théorie Musicale avec le Maître Franco Riva. Les Naifs restent ensemble jusqu’à l’été 1990. Après quoi il y aura une longue pause. En 1994, je rejoins le groupe Secret World, l’un des premiers cover band de Peter Gabriel au monde. Après deux ans, la formation s’arrête et se reforme à la fin de 1999 pour quelques concerts. Je continue ensuite à écrire des morceaux mais sans activité live. Fin 2000, début 2001, des démos sont enregistrées par une nouvelle incarnation de Naif. Mais le résultat n'est pas à la hauteur des espérances, les morceaux envoyés au Japon n'aboutissent pas. Pour revoir Naif en activité, il faudra attendre 2013, quand le groupe, réuni avec de nouveaux membres, jouera en tant que backing band d’Aldo Tagliapietra, jouant deux morceaux avec lui. Après cela, le long chemin pour Anima Naif commencera.

En quel format sort ton album ?

L’album est en numérique, bientôt en CD et peut-être en vinyle, mais ce n’est pas encore sûr. J’aimerais beaucoup, de toute façon.

Pourquoi avoir fait cet album Marco ?

Parce que je ne voulais pas que ma musique reste dans un tiroir. Il y avait un fort désir de la partager et de raconter mon histoire d’artiste.

Je suis l'élaboration de cet album depuis plusieurs années. Je croyais même que tu avais lâché l'affaire. Ça a été long !

Tout a été fait pendant mon temps libre, celui de Dario Hakim, l’ingénieur du son, et des musiciens impliqués. Entre les deux, il y a eu une longue pause pour cause de maladie (j’ai été très malade) et à cause de la pandémie. En tout, je crois que j’ai travaillé sur Anima Naif pendant 9 ans. Mais le projet et plusieurs morceaux remontent au début des années 80.

Tu as composé toute la musique ?

Toute la musique est de moi, ainsi que les textes des versions originales des chansons, puis nous avons traduit deux chansons et les textes anglais ont été écrits par Alessandro Carmassi qui les a également chantés.

Justement, pourquoi le chant en anglais sauf sur deux chansons ?

Parce que l’anglais est une langue plus contractée et plus facile à utiliser en musique. Ensuite, parce que, plus ou moins, tout le monde le comprend.

Il y a plusieurs chanteurs sur cet album ?

Oui, parce que je voulais le chanteur adapté pour chaque chanson. Le projet est réalisé par un soliste. Il n’y a pas de groupe. Je formerai un groupe s'il y a des demandes pour des concerts.On verra alors pour le chanteur.

J'ai le plaisir de constater que l'on retrouve notre ami commun Alessandro Corvaglia chante sur ton album. Quel plaisir de le retrouver ici !

Avec Alessandro, nous sommes frères en musique et au-delà. Nous nous sommes rencontrés il y a de nombreuses années, via Facebook, car nous avions des centre d'intérêts musicaux en commun. Cest le premier chanteur auquel j’ai pensé quand j’ai décidé de poursuivre le projet.

 Que signifie pour toi le titre de l’album ?

C ’est un hommage à mon groupe qui s’appelait Naif, mais c’est aussi que mon âme est vraiment naïve, naïve, colorée et très poétique.

Quelles sont les (groupes et les musiciens qui ont influencé la musique de ton album ?

Il y en a beaucoup. Je dirais la plupart des groupes que j’ai suivis depuis ma jeunesse. Si tu veux vraiment un nom parmi tous ces groupes, c'est Genesis, mais il y en a beaucoup d'autres, même Toto qui a été un peu prog.

Est-ce que c'est volontaire de ta part que les trois instruments (très beaux !) soient les pièces les plus longues ? Est-ce le côté prog de l'album pour contre-balancer les morceaux chantés qui sont les plus accessibles ?

Quand il s’agit de musique instrumentale, je ne me limite pas et mon imagination se déchaîne. De manière libre parce que la musique instrumentale n’a pas les contraintes d’une chanson. Je tiens beaucoup à ces trois morceaux. Surtout à "Genesi" qui, je crois, a été mon sommet créatif (NDT : je confirme !).

J’adore "Guardando le stelle" et "La Sorgente" qui sont les chansons en italien! avec la flûte. Çà marche toujours pour moi quand c’est bien écrit, ce qui est le cas Sinon, il y a de vrais "hits" potentiels sur ton album, comme "Unity" ou "Look at your heart" évidemment.

Oui, "Look at your heart" a un bon rythme et une mélodie accrocheuse. C'est un tube potentiel. Mais nous jouons à part, dans un championnat où il n'y a ni hits ni succès (rires)

Tu vas toujours à des concerts ?

J’en ai vu une infinité. Maintenant, j’ai ralenti à cause du Covid et parce que, comme je te l’ai dit j'ai eu de sérieux problèmes de santé. Les concerts à l’étranger ou dans des endroits très éloignés avec des heures et des heures d’attente, ne sont plus pour moi. Je ne m’éloigne plus tellement de la maison et je préfère les situations plus calmes, avec des places même chères mais numérotées, et avec une bonne visibilité. Je me suis embourgeoisé et j''ai vieilli (rires).

Alors Marco, tu nous fais un autre album bientôt ?

Peut-être que oui (rires). Je le confirmerai plus tard.

Tu nous dit un dernier mot Marco ?

Oui, si tu veux, plutôt une phrase pour toi et pour tes followers : "It is said that God himself is a musical note, the sound of which pervades the entire universe".







lundi 11 septembre 2023

Julius Project : interview et scoop !

Rencontre à l'occasion du festival au Veruno 2023 avec l'équipe de Julius Project (presque au complet) pour revenir sur l'aventure incroyable du premier album (Cut the Tongue) et pour évoquer aussi un nouvel album. Entretien avec (de gauche à droite ) : Marco Croci, Paolo Dolfini, Dario Guidotti, Filippo Dolfini, Giuseppe Chiriatti. Sauf indication contraire c'est Giuseppe Chiriatti (aka Julius Project) qui répond aux questions (la traduction a été assurée par Paolo Dolfini).

Un petit retour d'abord sur la chronique parue dans Le Petit Monde du Rock Progressif Italien lors de la parution de Cut the Tongue en août 2020. Ça t'amène quelles réflexions ?
C'est toujours incroyable de relire ces mots trois ans après la sortie de Cut the Tongue. Je ressens même une certaine forme d'incrédulité et aussi beaucoup d'émotion. Tout cela est bien au-delà de ce que j'imaginais. Je me demande même comment cela a été possible. C'est comme un rêve qui est devenu réalité. 
 
Avec tes deux filles au chant (Bianca et Martina), avec aussi Paolo Dolfini aux claviers et son fils Filippo à la batterie, finalement Julius Project, ce ne serait pas un peu une histoire de famille ?
 
C'est une histoire de famille mais aussi une histoire d'amitiés et maintenant avec les amis musiciens qui sont venus s'ajouter, c'est une grande famille. Et même si nous sommes loin physiquement et géographiquement, nous avons vraiment l'impression d'être tous reliés les uns et les autres. Donc oui, c'est une histoire de famille élargie ! 
 
Finalement, cet album, Cut the Tongue, il est peut-être plus abouti et plus réussi que s’il avait été réalisé il y a 45 ans comme prévu !
Absolument, c'est sûrement mieux qu'il y a 45 ans pour deux raisons principales. La première raison, c'est qu'à ce moment-là, l’album serait sorti vers 1981, donc beaucoup en retard par rapport à la période d'or du prog. Il y avait déjà les nouveaux courants musicaux comme la New Wave, donc il y aurait eu le risque que ce soit un disque vieux et dépassé. Ensuite, il y a 45 ans, je n'aurai pas eu la possibilité d'avoir les musiciens qui sont dans le disque et du point de vue technique je n'aurai pas eu les connaissances suffisantes. 
 
Pourquoi avoir choisi le chant en anglais et pas en italien ?
A la fin des années 70, j'écoutais surtout de la musique chantée en anglais, J'aimais la tonalité du chant en anglais. De plus, j'ai toujours eu des difficultés à trouver les bons mots en italien pour écrire les paroles et pour coller aux mélodies et à la musique que j'avais en tête. Pour moi, c'était finalement plus facile et plus normale de transposer les émotions et les idées que je voulais exprimer en anglais. Bien sûr, les textes ont ensuite été relus par des personnes qui parlaient couramment la langue. 
 
D’ailleurs, il n’y a pas beaucoup de tonalités propres au rock progressif italien dans cet album qui sonne très anglo-saxon. C’est quoi les influences de Giuseppe Chiriatti en fait ?
A l'époque, j'écoutais beaucoup les groupes anglais comme Genesis Yes, Van der Graaf Generator et même les groupes italiens que j'écoutais comme Banco del Mutuo Soccorso et surtout Premiata Forneria Marconi, se rapportaient beaucoup au rock progressif anglais. Donc l'empreinte venait de là. Mais je suis également sensible à la tradition italienne de la mélodie, surtout dans le chant. J'essaie donc de reprendre ces racines italiennes et la mélodie italienne dans le chant.
Paolo : en fait, c'est du prog inspiré par le prog anglais avec des racines profondes dans la mélodie italienne. 
 
Il y a plein de morceaux géniaux sur cet album, tout est merveilleux en fait, mais si je te dis que pour moi « I see the sea » est au-dessus des autres comme si Rick Wakeman et Renaissance avaient fait ce morceau ensemble, impression qui se confirme avec « Glimmers » (pour Renaissance).
« I see the sea » est un morceau qui a été composé au piano d’emblée. Comme souvent, au départ c'est une idée qui a été enrichie ensuite. Alors la comparaison avec Rick Wakeman, je prends bien sûr, merci. Pour Renaissance, c'est pareil, c'est une influence qui est passée dans la composition. « Glimmers » a été un morceau plus difficile à composer, né dans un moment de grande souffrance émotionnelle. 
 
Le casting des voix est incroyable sur cet album: tes filles et Richard Sinclair bien sûr mais Dario Guidotti sur « You need a prophet » et Marco Croci sur « Speed kings » sont des surprises énormes car à chaque fois c’est exactement la voix qu’il fallait.
Pour les choix que nous avons fait, c'est la manière de chanter qui a beaucoup compté. Pour « Speed kings » il fallait une voix rock et Marco pouvait chanter çà alors que pour « You need a prophet », il fallait une voix plus modulée.
Dario (en rigolant) : ma voix ressemble à celle de Jim Morrison !
 
A propos le morceau « Cut the tongue » a été composé avec l’idée de faire chanter Richard Sinclair ou bien c’est venu après ?
J'ai écrit ce morceau spécialement pour Richard Sinclair et avec l'idée que c'est lui qui chanterait ce morceau. 

Le gros hard prog sur « Speed kings » c’est juste pour se défouler sur un morceau ou tu pourrais faire tout un album comme çà ?
J'ai toujours aimé le rock mais je ne sais pas si je serai à même de réaliser tout un album comme çà.
Paolo: en tant qu'arrangeur, je peux te dire que c'est un des morceaux où on a changé le moins. On n’a presque rien touché mais on a par contre bien sûr ajouté une section rythmique puissante jouée par Marco et Filippo. 
 
J'ai encore réécouté l'album cinq ou six fois avant de venir à Veruno, tu as conscience qu’un disque comme çà qui serait sorti il y a 45 ans signé par un groupe anglais, on en parlerait encore aujourd’hui ?
C'est vraiment un très beau compliment, merci Louis.
Paolo: beaucoup de personnes, des amis mais pas seulement, nous ont dit qu'il fallait réécouter plusieurs fois l'album pour bien tout apprécier.  
 
Une question pour Filippo : çà te fait quoi de jouer sur un album de vieux ?
(rires de toute l'équipe) Filippo : j'ai commencé à travailler sur le matériel en 2015. J'avais donc 24 ans. Et la chose qui m'a convaincu c'était justement que la musique ne sonnait pas vieille !
 
Nous arrivons maintenant au scoop de cet interview : il y a un deuxième album de Julius Project en préparation ?
Oui Louis, il y a bien un deuxième album en route avec onze morceaux
 
C'était prévu de faire un deuxième album ou c'est l'intérêt pour Cut the Tongue qui a déclenché le numéro 2 ?
Ce n'était pas prévu mais l'appétit vient mangeant. J'ai eu envie de terminer l'histoire tout en essayant de faire encore mieux et de compléter le parcours de Boy.
 
Donc c'est encore un concept album ?
Tout à fait. C'est le concept du premier album qui se poursuit sur le deuxième album pour raconter la suite de l'histoire. 
 
Cette fois, il n’y avait pas de compositions dans un tiroir de la maison?
Non, tout est nouveau. Enfin presque. 
 
C'est à dire ? Qui a composé la musique et les paroles ? Est-ce un album plus collectif ?
Paolo: il y a quelques collaborations sur des parties instrumentales apportées à partir d'idées que nous avions développées Marco et moi entre 1980 et 1985. C'est à dire que ce sont des éléments qui ne viennent pas du prog des années 70. Au final, il faudra voir comment ça s’intègre dans l'ensemble.
L'autre point important, c'est que cet album, on l'a commencé ensemble dès le début alors que le premier, il était déjà prêt en fait. Pour Cut the tongue, c'était donc plus un travail au niveau des arrangements et pour trouver les musiciens.
Mais clairement, 80% de ce nouvel album c'est Giuseppe et pour ce qui concerne l'histoire, c'est intégralement Giuseppe. Donc, on ne peut pas considérer que c'est une œuvre collective.
 
Est-ce que l’on retrouve le style musical Julius Project (une pop rock progressive hyper mélodique avec ce côté opéra rock) ou il y a du nouveau ?
Ça va être un peu nouveau mais pas tant que çà. On est plutôt dans la continuité. La matrice reste la même en fait. 
 
Qui joue et qui chante sur cet album ? C'est la même équipe de musiciens ou il y a des intervenants nouveaux ?
Oui c'est globalement les mêmes mais on ne va pas tout te dire (rires). Ce que l'on peut te dire, c'est qu'il y aura un nouveau musicien, un guitariste de 35 ans avec qui nous avions déjà eu des contacts à travers notre club italien des joueurs de Hammond dont nous (moi et Paolo) faisons partie et dont le batteur officiel est Filippo ! Ça nous a paru sympa de lui proposer de venir avec nous. En plus, c'est un super musicien qui était enthousiaste à l'idée de se joindre à nous. Il jouera sur deux ou trois morceaux.

Il y a des surprises ?
Oui. Ça reste secret mais ce que l'on peut te dire c'est qu'il s'agit d'un morceau qui vient du passé. 
 
Dernière question : c'est la quoi la suite pour Julius Project ?
On espère que le nouvel album pourra sortir pour mai/juin de l'année prochaine. Bien sûr, on aimerait aussi jouer en concert. Nous en avons fait un en janvier à Lecce et l'espoir ce serait de faire un concert ailleurs.  
 
Un dernier mot ?
Nous regrettons que Bianca n'ait pas pu venir pour que nous soyons au complet. Un grand merci à toi Louis pour cette interview qui est une vraie opportunité pour nous. 

Veruno, 2 septembre 2023

jeudi 18 août 2022

Jerry Cutillo (O.A.K.) : interview (en français)


Voici l'interview fleuve et passionnante de Jerry Cutillo en français. Attention Jerry n'a pas sa langue dans sa poche et çà décoiffe pas mal en mode Tonton flingueur.

Bonjour Jerry, tout d’abord merci pour la qualité constante dans ta production musicale. Tous tes albums depuis 2015, sortis sous le nom de O.A.K., sont des musts.
Je te remercie Louis et je dois admettre que même si j’ai formé les O.A.K. en 1993 (d’ailleurs, tu es officiellement invité à ce qui sera l’événement célébrant les 30 ans des Oscillazioni Alchemico Kreative), c’est seulement dans les dix dernières années que j’ai trouvé ma raison d’être au sein du panorama prog international.

Je voulais savoir, The Lucid Dreaming est le premier volet d’une nouvelle trilogie ?
J’espère que non (rires). Au cours des six années qui se sont écoulées entre 2014 et 2020, j’ai déployé toutes mes forces dans ce projet de trilogie auquel tu fais allusion. Et malgré tout ce qui s’est passé, c’est-à-dire les faux-départs, les imprévus, les malentendus, les changements de programme, les changements de formation, les déceptions, les effondrements économiques et les problèmes techniques, j’ai réussi à arriver au résultat. J’avais 90% de chance de ne même pas faire un seul des chapitres de la trilogie. Mais, évidemment, les personnages évoqués dans les sillons des trois albums poussaient pour sortir des abîmes du temps avec la volonté précise d’exprimer à nouveau leurs idées en revendiquant les injustices dont ils ont été victimes dans leur vie.
Pour revenir à ta question, plutôt que le premier chapitre d’une nouvelle trilogie, je préfère penser que Lucid dreaming... est le quatrième chapitre d’une quadrilogie.

Pourquoi cette fascination pour Nikola Tesla ?
Nikola Tesla a rejoint ma grande famille de génies losers (des perdants) dans lesquels je me reconnais, certainement pas dans leur génie... plutôt, dans leur malheur (rires).
Dans Tesla, j’ai trouvé plus d’une analogie avec d’autres personnages que j’avais précédemment "introspectés" Une sorte de réincarnation de la même matière spirituelle. A côté de cet aspect, j’ajouterais aussi le dénouement que partagent les personnages que j’ai traités, c’est-à-dire leur triste fin. Et je ne trouve aucune différence entre une mort sur le bûcher, une annihilation totale causée par la torture ou un isolement provoqué par une indifférence délibérée et préméditée. Tesla était un inventeur révolutionnaire, sans doute l’un des plus importants de l’histoire de la civilisation, mais, curieusement, aussi le moins présent dans les livres d’histoire.

Qu’est ce que tu penses de la marque Tesla aujourd’hui et de son patron Elon Musk ?
Elon Musk est un personnage controversé. Lorsque d’importantes ressources économiques finissent par être capitalisées par une poignée de magnats avec un pouvoir d’achat illimité, le danger pour le reste de la planète est évident. J’attribue à Musk un style cognitif transversal par rapport aux canons en vigueur et je suis intrigué par ses visions futuristes (Neuralink, Space X) et ses idées sur l’environnement (la production de voitures électriques, justement les Tesla).
Mais bien que Musk soit l’un des plus grands protagonistes de ce siècle, je ne peux pas déchiffrer sa vraie nature et ses véritables intentions. Je crains plutôt que ce ne soit un mégalomane en perpétuelle contradiction, prêt à jouer avec nous tous et avec le monde qui nous appartient. Mais ne t’inquiètes pas, Louis, mon prochain album ne sera pas dédié à lui (rires).

Cela t’a pris combien de temps pour élaborer ce concept album ?
Une fois que j’ai eu terminé l’album Nine witches under a walnut tree en 2020, j’ai recommencé à écrire mon Rockbook "Come una volpe tesa a rubare nel cortile delle voci." Mais après environ six mois, ma concentration a dévié vers quelque chose d’autre.
Après un premier contact avec Nikola Tesla, j’ai rallumé les moteurs de la machine à remonter le temps et j’ai effectué les rituels habituels de bon augure (rires). Chaque fois que je commence un nouveau travail, je fais la même promesse solennelle; celle de réaliser mon projet artistique avec honnêteté intellectuelle et esprit d’abnégation dans le plein accomplissement de mon devoir d’artiste. Pour réaliser Lucid dreaming il a fallu environ dix huit mois de travail ininterrompu.

Jonathan Noyce (basse) et David Jackson qu’on ne présente plus font partie intégrante de ta team. Comment s’est fait le choix d’Alessandro Elena à la batterie qui a joué entre autre avec Bruce Dickinson ?
Tu as raison. Avec Jonathan et David, il y a désormais une affinité et une entente qui font d’eux mes compagnons de voyage privilégiés. Je pourrais écrire des douzaines d’anecdotes auxquelles ils ont été associés durant mes sessions d’enregistrement et lors des concerts depuis 2011.
Nous parlons bien sûr de deux musiciens de sessions top, au service de la musique mais j’aime penser que quand ils sont impliqués dans un de mes projets, ils ont tous les deux le sentiment de faire un voyage guidé par le même ménestrel apatride/raconteur d‘histoires avec dans le cœur de nombreuses formules musicales.
Quant à Alex Elena, je dois être reconnaissant au journaliste Max Prog Polis qui m’a invité à le suivre dans le studio d’Alex pour une interview en décembre dernier. Faire la connaissance d’un batteur/musicien/producteur/photographe de classe internationale comme lui dans une ville pauvre en initiatives artistiques comme Rome, a été une vraie surprise. Alex devait rester dans la capitale pendant une courte période avant de retourner à Los Angeles, où il vit et travaille ; un coup de chance de me trouver à quelques kilomètres de lui. Contrairement à ce qui s’est passé avec David et Jonathan, pour qui j’avais été obligé de me déplacer au Royaume-Uni ou de correspondre par mail, pour Alex j’ai pu transférer tout le travail que j’avais déjà enregistré sur son ordinateur.
Ensemble, nous avons passé la période des fêtes de Noël 2021 entre instruments vintage, compresseurs, réverbérations, échos analogiques, plugins et peaux de tambour. Oui, et ce sont ces dernières qui ont été le véritable point de rencontre de notre collaboration. Après une première approche de pré-production, Alex a concentré son talent dans l’enregistrement des parties rythmiques Les temps impairs, les accents et les dynamiques présents dans les compositions que j’avais écrites nécessitaient une grande sensibilité mais Alex a réussi à m’étonner en créant une puissante ossature rythmique sur les quatre morceaux dans lesquels il a été impliqué. Ce fut une expérience courte mais intense qui je l’espère se reproduira à l’avenir. Entre musiciens expérimentés, on comprend tout de suite quand l’un d’entre nous a donné tout ce qu’il pouvait donner et que le fait de continuer plus loin la contribution mettrait en péril l’identité du travail. J’ai donc poursuivi le travail dans mon home studio en le terminant avec l’aide d’Alex Cavallo et d’Andrea Cutillo pour le mixage et de le mastering.

Tu as choisi, une fois de plus, plusieurs chanteuses (en fait trois) dont Dorie, la fille de David Jackson. Elles sont toutes excellentes. C’est quoi tes critères de choix exactement ?
Si j’ai le sentiment qu’un artiste peut faire la différence et déclencher une cascade de stimuli créatifs pour enrichir un projet, je n’hésite pas à poursuivre la collaboration. D’autres fois, j’accepte volontiers les "recommandations". J’ai également une fois encore eu de la chance pour ce nouveau projet. Les trois vocalistes ont toutes contribué à nous faire frissonner de plaisir, moi comme ceux qui les écoutaient. Deux d’entre elles m’ont été "conseillées" tandis que la troisième était une intuition qui m’a fait pleurer d’extase émotionnelle lorsque j’ai inséré son fichier vocal dans le projet. Mais ne me demande pas de laquelle des trois il s’agit (rires).

Dans la set list, le deuxième morceau s’appelle « Oscillation Alkemy Kreativity ». Alors cela veut dire que tu as profité de cet album pour placer le nom de ton groupe actuel O.A.K. (pour Oscillazioni Alchemico Kreative) ou dès le début de la formation de ton groupe, c’est à dire en 1993, tu avais prévu cela ?
Le bassiste du premier line-up, Giovanni Quarto, est entré un soir dans la salle de répétition et a dit : "J’ai trouvé le nom du groupe." Avec les deux autres membres de la formation, nous nous sommes regardés intrigués et nous avons demandé :
"Et c’est quoi ?"
"OAK."
On s’est regardé et on a dit :
"Qu’est-ce que ça veut dire ?"
"Ça veut dire « Chêne»" a-t-il répondu.
Ce nom nous a plu, et pour un amoureux des arbres comme moi, il semblait de bon augure.
Quand j’ai déménagé en Angleterre, en regardant autour de moi, j’ai remarqué une épidémie de OAK : Royal Oak, Golden Oak, Oak farm hôtel, Oak Lodge, Indian Oak etc... pour n’en citer que quelques-uns (rires). À mon retour à Rome, j’ai fait part de mes doutes aux autres membres (qui avaient changé trois fois entre-temps) et nous avons décidé ensemble que OAK deviendrait l’acronyme de Oscillazioni Alchemico Kompresse. Mais l’histoire n’était toujours pas terminée. À l’occasion d’une série de nos concerts avec comme invité, le gourou de la vedette psychédélique italienne Claudio Rocchi, il a observé que l’adjectif "Kompresse" était limité d’un point de vue "astral". Comment ne pas écouter un philosophe de la génération hippie ! Après avoir passé des nuits blanches à chercher une idée pour compléter la troisième partie de l’acronyme, il m’est finalement venu à l’esprit " Oscillazioni Alchemico Kreative" (avec le "K" pour renforcer l’idée).
Au fil des années, ce choix s’est avéré certainement bien meilleur que les précédents, même si les trois mots sont indispensables pour la compréhension en langue maternelle non italienne. Dans la simplification du langage du web alors, " Oscillazioni Alchemico Kreative" reste un terme super inflationniste. Pour revenir à l’album "Lucid Dreaming..." en 2022, il y a eu mon intention très claire de dissiper le malentendu en titrant la suite « Oscillation Alkemy Kreativity » ou, si tu préfères « Oscillations Alchimiques Krèatives ».

Pour revenir au deuxième titre, « Oscillation Alkemy Kreativity », il s’agit de ton morceau le plus long à ce jour (13 minutes 30). Cette excellente suite en cinq parties en appelle-elle d’autres à l’avenir ?
Je reçois beaucoup d’éloges pour cette suite. Il s’agit en fait d’un concept dans le concept. Un peu comme jouer aux poupées russes en créant plusieurs dimensions à l’intérieur d’un même disque.
En ce qui concerne d’éventuelles autres compositions dans le futur, je dois admettre que je suis attiré à la fois par un style riche en événements sonores avec plusieurs fragments qui se succèdent dans un même morceau, mais aussi par un mode plus concis qui suppose un message plus concentré et plus percutant. La chanson qui représente l’extrême synthèse de la composition est, selon moi, "God only knows" des Beach Boys. En écoutant sa progression harmonique et sa conclusion, il est indéniable que le morceau se révèle exhaustif malgré son apparente simplicité au point de pouvoir se définir comme une suite en réduction. Un oxymore, mais n’est-il pas plus difficile d’exprimer quelque chose avec quelques notes qu’avec deux faces de LP reliées ensemble

Au niveau du style, je sens une nette évolution avec beaucoup moins de références à des groupes connus (Jethro Tull par exemple) et une volonté de proposer une musique plus symphonique avec plus d’emphase (plus l’album avance, plus c’est évident).
En ce qui concerne le style de ce dernier album, il s’agit d’une synthèse entre les saveurs psychédéliques acoustiques de Viandanze, les cauchemars gothiques de Giordano Bruno et les récits prog/folk de Nine Witches under a tree. Pour conclure ce cycle, à côté de l’élément symphonique, j’ai voulu donner une couleur électrique à ma musique et donc, de qui m’inspirer sinon du magicien du courant alternatif ?
En revenant à ta question, je dois avouer que chaque fois que j’entends parler de Jethro Tull, je suis triste. Ian Anderson s’est avéré être une grande déception et continue de briser une longue et brillante carrière avec des concerts pathétiques. D’autres groupes de rock classique semblent également être aux prises avec des crises créatives, des changements radicaux de composition de leur formation, des poursuites judiciaires et des coups tordus, et tout cela finit par me rendre orphelin d’un rêve. Un rêve dont je serais en train d’essayer de conserver les graines, sachant bien que ce qui s’est passé il y a cinquante ans ne pourra jamais se reproduire. Est-ce de la nostalgie ? Je ne sais pas, je sais juste que quand je suis à la tête de ma machine à remonter le temps et que je navigue à travers les siècles, je suis toujours attiré par de nouvelles routes sans crainte de me perdre au-delà de l’horizon des événements. Il n’est en effet pas à exclure que dans un prochain album je puisse revenir surfer sur des vagues plus avant-gardistes, loin des panoramas prog que nous connaissons.
Je voudrais ajouter quelque chose à propos de l’aspect symphonique auquel tu fais référence dans ta question. Eh bien, le rapprochement avec des parties orchestrales plus ou moins complexes pourrait me convenir en raison de mon caractère romantique. Dans mes expériences musicales, les travaux de Tony Banks (le plus grand compositeur du XXème siècle), du maître Ennio Morricone et d’autres compositeurs de l’école classique du XXème siècle, ont trouvé leurs places. Mais contaminer les racines de l’Europe centrale avec les styles musicaux les plus disparates, comme par exemple les traditions russo-asiatiques, a toujours été mon obsession. N’oublies pas Louis, que lors de la Prog Exhibition italienne de 2011, je me suis présenté à un public de die-hard-Progheads, habillé en sibérien avec une balalaïka électrifiée (rires).

Finalement, je suis surpris l’album est assez court en durée : 42 minutes.
Le niveau d’attention s’est considérablement réduit et les habitudes d’écoute qui étaient monnaies courantes dans les années 70 n’ont plus cours. C’est à la fois dans les comportements du Millenium mais il y a aussi un lien avec notre sphère. Les horloges atomiques ont enregistré une variation de la rotation de la Terre, ce qui signifie que la Terre tourne plus vite qu’il y a quelques années. Je me demande alors : est-ce la cause pour laquelle nous, humains, avons accéléré notre rythme de vie ou est-ce seulement une question de progrès technologique? Avec quelle concentration et avec quel état de relaxation nous abandonnons-nous aujourd’hui aux sons ? Nous aspirons à être tous des protagonistes, nous crions pour attirer l’attention, nous accomplissons des actions toujours plus rapidement pour arriver premiers. Mais alors, quel sera le périmètre d’utilisateurs si la capacité d’écoute a diminué proportionnellement à l’augmentation de l’exigence morbide d’être toujours et de toute façon écouté ?
Désolé ! je reviens sur la durée de l’album.
Il est évident qu’une suite aux caractéristiques telles que celles de la deuxième piste aurait pu avoir une extension plus grande. En répétant les parties principales et en dilatant davantage les soundscapes, on pouvait remplir les deux faces. Mais il y a un aspect de cet album qui révèle son appartenance indiscutable au XXème siècle : les changements convulsifs qui interviennent sur une partie de ses événements musicaux. Rapidement et sans interruption ni ralentissement, je crains que ces épisodes ne laissent l’auditeur désorienté aux premières écoutes. Mais après en avoir métabolisé les contenus, on peut en saisir les aspects inédits et engageants, du moins je l’espère (rires).

Est-il prévu que, ce que tu présentes comme un opéra rock, soit joué en live ?
Avec l’accroissement de ma production discographique, les conditions pour mettre en route d’éventuels spectacles augmentent sensiblement. Mais je ne parle pas là de l’aspect économique de la mise en scène pour nous permettre de présenter les derniers albums avec la qualité qu’ils méritent. Qui répondra à l’appel ? Nous sommes prêts et heureusement il y a un intérêt sain au-delà des Alpes et à l’étranger.

Que penses-tu du mouvement prog aujourd’hui ? Est-ce que tu considères en faire partie ?
Il y a des réalités intéressantes dispersées dans le monde entier et grâce à Internet on peut entrer en contact et créer de nouveaux réseaux de collaboration professionnelle. Ce que j’apprécie chez un musicien, c’est son originalité, son éthique professionnelle et sa détermination à atteindre un objectif après l’avoir annoncé. C’est comme ça qu’on gagne en crédibilité. Pour le reste, j’ai vu beaucoup, trop de projets de groupes locaux, annoncés d’avance, qui ont disparu dans le néant. Au lieu de cela, des artistes qui ont réussi à émerger du magma ont abouti à une série de résultats intéressants et ont fini par attirer une hostilité mesquine. J’ai personnellement une longue liste de musiciens, mes compatriotes ou non, que j’estime profondément et avec lesquels j’ai une excellente relation d’amitié. Je place toujours en première ligne le côté humain, mais le mauvais exemple ne vient pas des musiciens mais des professionnels. Il est triste de devoir se déplacer depuis ses frontières régionales pour trouver plus de visibilité et de considération. Je suis depuis toujours un artiste hors des logiques sectaires et mon impératif catégorique est de préserver l’intégrité artistique.
Peut-être s’agit-il d’un handicap? Mais je ne pense pas que je manquerai une occasion extraordinaire. En Italie, et en particulier dans les milieux locaux très spécifiques, on fonctionne au ralenti, de manière univoque et clientéliste. Et ces aspects ne concernent pas seulement les quelques douzaines de propositions mainstream que, en raison de mon passé discographique, je connais bien, mais aussi des réalités plus exclusives comme le prog. Cette dernière aussi est la fille d’un réseau de connivences et est loin d’accoucher de personnages du niveau de Tony Stratton Smith, fondateur du label Charisma, pour n’en citer qu’un. En résumé et en conclusion, la photographie de la situation, à de rares exceptions près, est celle d’une réalité bondée d’amateurs ou d’hypocrites frileux mais prétentieux qui se prennent pour des promoteurs rusés et mettent en place de véritables stratégies de voleurs maquillées en business plan au détriment des musiciens.
Ce sont eux qui, au cri de "conflit d’intérêts, je ne te crains pas", profitent des efforts de celui qui fait de la musique, en s’attribuant des résultats qui ne lui appartiennent pas. Mais heureusement, il y a le reste du monde !

Tu fais toujours de la musique plus commerciale à côté de ton projet O.A.K. (pour la télévision par exemple) ou aujourd’hui O.A.K. est ton projet exclusif ?
Les droits d’auteur et les royalties accumulés grâce à mon passé m’aident à programmer des objectifs à la fois discographique et de divertissement. Il est curieux de voir comment un succès commercial comme celui que j’ai connu à la fin des années quatre vingt peut s’avérer utile à mon choix de ne jouer aujourd’hui que ce que je veux. Dernièrement, mon engagements avec O.A.K. a augmenté de façon exponentielle et ce malgré le ralentissement des activités en direct. Je me concentre actuellement sur de nouvelles alchimies d’expression artistique et les formules de communication actuelles élargissent considérablement le champ d’action.
Ma vie artistique a été bouleversée positivement par l’avènement d’Internet, des réseaux sociaux et du logiciel LogicX, Alors, le miracle pourrait se répéter avec d’autres découvertes technologiques qui permettraient aux créatifs de réaliser de grandes œuvres en toute autonomie et avec peu de moyens.

Quel est ton vœux le plus cher pour les années à venir ?
Contribuer à une transition écologique qui puisse nous sauver, nous et la planète, en jetant les bases de siècles de prospérité.
Et rappelles-toi Louis : UNE chanson ne peut pas changer le monde; mais DEUX peut-être, oui!
Merci mon ami, et félicitations pour ton nouveau livre sur Patrick Djivas.

lundi 1 mars 2021

Ciro Perrino (Celeste) : l'interview

 

Comme promis, voici une interview exclusive avec Ciro Perrino, l'homme qui a fait renaitre Celeste pour notre plus grand bonheur à tous. En effet, la sortie de ce nouvel album de Celeste (Il principe del regno perduto), a été l'occasion d'avoir un long entretien avec celui qui en est en fait l'unique concepteur et qui a beaucoup de choses intéressantes à nous dire et pas que sur Celeste justement .

 

Bonjour Ciro, heureux de discuter avec toi. Tout d’abord, tu peux me parler de ton background musical ? 

Comme beaucoup de musiciens de ma génération, j’ai commencé avec la beat music, donc dès les débuts du phénomène musical le plus important de l’après-guerre. J’ai formé mes goûts musicaux en écoutant les Beatles, les Rolling Stones, les Who, les Small Faces, les Kinks et immédiatement après Jimi Hendrix, Cream, tout le blues de l’époque, puis les Nice, et ainsi de suite jusqu’à la naissance de ce mouvement musical que nous appelons aujourd’hui Rock Progressif mais qui, à cette époque, s’appelait simplement Rock. Mais je ne peux pas tous les citer car il y a tellement de musiciens et de groupes que j’ai en vinyles. Déjà vers la fin des années soixante,  j’avais une collection de plus de quatre mille vinyles. Pratiquement toute la production musicale de ces années là. J’achetais tout ce qui sortait. Et je n’ai jamais négligé d’écouter aussi de la musique classique que j’ai toujours suivi avec beaucoup d’intérêt que ce soit avec les disques ou en concerts. Et à partir de là, j’ai commencé comme batteur en 1966.  

Peux tu me dire ce qui s’est passé entre Il Sistema et Celeste ?

Il Sistema a été mon expérience la plus importante. J’y ai expérimenté la discipline et la concentration. J’ai affiné mon goût, j’ai appris tout ce qui est mon bagage musical aujourd’hui. J’ai découvert ma vocation, mon désir de devenir musicien et de l’être complètement dans ma vie en le vivant avec passion. Passer d’Il Sistema, une fois que cette expérience avait fatalement atteint sa fin (tout ce qui a un commencement a aussi une fin), à la nouvelle réalité de Celeste n’était pas si difficile. Après une période de "désarroi" de  quelques mois durant laquelle j’avais même pensé arrêter de jouer à un niveau professionnel, le désir écrasant d’y retourner m’est revenu et j’ai vite abandonné mon idée déprimante de faire autre chose que de la musique et je suis rentré à nouveau en contact avec Leonardo Lagorio, qui était le seul survivant d’Il Sistema, en dehors de moi,  et qui était disposé à continuer et à explorer d’autres chemins. Et c’est après de nombreuses communications téléphoniques et d’interminables rencontres durant lesquelles nous avons imaginé divers line-up théoriques ainsi que des styles musicaux à adopter avec l’idée d’inventer quelque chose de nouveau que nous avons fini par trouver la bonne formule et nous mettre réellement à la recherche des musiciens qu’il nous fallait pour ce projet. L’idée était celle-ci : guitare acoustique + violon + basse électrique + flûtes + piano électrique + saxophone + percussions (mais pas de batterie) + Mellotron + seconde flûte, + second violon + voix féminine. Après, çà s’est fait différemment, mais c’est une autre histoire !

Pour quelle raison Celeste a splitté ?

Les raisons qui ont conduit à la dissolution de Céleste sont à la fois banales et communes à presque tous les groupes qui stoppent à un moment ou à un autre leur association. En ce qui concerne Celeste, nous n’avons pas accepté une grande opportunité qui nous a été offerte, au premier semestre de 1977, d’ouvrir pour les concerts d’une star italienne bien connue de cette époque. Nous étions supposé être sur la route pendant six mois. Pour moi, cette idée me semblait fantastique. Après tout, c’est moi qui avait été à l’origine du contact puisque je m’occupais des relations publiques du groupe. Déjà avec Il Sistema, c’était  une de mes tâches en dehors de la scène. Mais les autres membres du groupe n’étaient pas d’accord car presque tous avaient  déjà un emploi stable qu’ils ne voulaient pas quitter. J’étais le seul qui se consacrait à la musique à plein temps. Alors, je leur ai demandé de se décider. Mais ils n’avaient aucun doute. Garder leur job était prioritaire. A ce moment là, je me suis retrouvé tout seul et j’en ai tiré la conclusion que, quoiqu’à contrecœur, il était temps de changer de direction et de trouver de nouvelles orientations et de nouvelles stimulations. C’était vraiment très dommage car nous avions déjà presque le matériau pour un nouvel album. Ce sont ces compositions qui, treize ans plus tard, ont trouvé leur place d’abord sur le vinyle appelé Celeste II puis sur le CD dont le titre était Second plus. Donc tout le monde a repris son propre chemin. J’avais déjà des idées et j’ai immédiatement commencé à travailler avec de nouveaux musiciens. Quand une porte se ferme, une autre s’ouvre !

Après Celeste, tu as créé des groupes très différents musicalement de Celeste,  je parle de St. Tropez, La Compagnia Digitale et SNC. Peux-tu nous donner des indications sur ces nouvelles orientations musicales ?

Ma constante dans toutes les expériences musicales a toujours été l’engagement avec la curiosité comme grande motivation. Le désir de changer tout en restant fidèle à moi-même a toujours été mon "credo". Ce n’est pas pour rien que, de 1979 à aujourd’hui, surtout pour mes projets solo, j’ai choisi d’être seul pour m’ouvrir à des collaborations quand il le fallait.  Je connaissais depuis un certain temps, les deux musiciens avec qui j’ai commencé l’expérience SNC. L’une de ces deux personnes était ma première épouse et l’autre un ami cher à moi. L’intention était de créer un type de musique très esthétique avec beaucoup d’effets électroniques. Aujourd’hui on appellerait çà de l’ambient ou quelque chose d’approchant. Je n’ai jamais donné de définition à la musique. La musique est juste de la musique.  Si on veut vraiment la distinguer, alors OK : Classique, Opera, Jazz, Rock. Mais les sous-catégories …… c’est juste inutile pour moi. Nous n’avions pas de références, juste beaucoup d’idées. Le groupe était formé d’un guitariste avec beaucoup de pédales d’effets, d’une claviériste (Fender Rhodes, Mini Moog) et de moi avec mon Eminent, un deuxième Mini Moog  et mon  Synthé EMS / AKS adoré. Et tout le monde au chant. Après quelques semaines de répétitions, nous étions prêts pour jouer en live. Mais après quelques concerts, nous sommes tombés d’accord sur le fait qu’il y avait des choses à changer. Nous avons immédiatement pensé que l’équipe devait être renforcée et inclure un batteur et un bassiste. Giorgio de Celeste cherchait une nouvelle expérience, Francesco “Bat” Dimasi, batteur, avait déjà travaillé avec moi sur un autre projet. Aussi, je les connaissais bien tous les deux. Nous les avons appelé et après quelques essais, il a été clair que ce serait le groupe définitif. Avant j’avais enregistré avec d’autres musiciens, la plupart venaient de la scène de Sanremo et des environs. L’un d’entre eux était un très jeune garçon qui s’appelait Enzo Cioffi. Il jouait une chanson que j’avais écrite (« Il Laghetto del Cigno”). Pour lui, c’était sa première dans un studio d’enregistrement. Il est devenu un batteur talentueux et quand j’ai décidé de refaire Celeste, il m’a rejoint pour Il Risveglio di Principe et maintenant pour Il principe del regno perduto. Pour cet autre groupe, nous avions accumulé beaucoup de matériel musical. Nous n’avions que l’embarras du choix. Il fallait seulement s’attacher à bien faire sonner le groupe. Donc nous avons essayé beaucoup de thèmes et d’improvisations jusqu’à ce que nous nous rendions compte que nous avions enfin notre son. Pas un style définissable mais des rythmes, des thèmes extravagants, des changements soudains de tempo et d’atmosphères, des titres de morceaux (très instrumentaux) à la limite de l’absurde. Le nom du groupe…St. Tropez. Une fois encore, aucune raison pour ce choix. Cela sonnait bien. C’est tout. Cependant, malgré l’excellente qualité des enregistrements et l’intérêt de Phonogram pour réaliser un album, les abandons du bassiste et du batteur pour des raisons économiques, nous ont forcé à repenser le projet en entier. Nous avons embauché un autre batteur et un autre bassiste avec des compétences différentes de leurs prédécesseurs, mais qui ont apporté des choses positives aux nouvelles compositions. Nous avons continué pendant quelques mois, mais encore une fois nous avons subi des revers. Les raisons… toujours les mêmes. C’est pour moi l’occasion de rappeler ici que bientôt (en avril/mai 2021) tout le matériel tiré des archives du groupe St. Tropez sera réédité. Il était déjà sorti en CD en 1992 mais n’avait jamais été réédité malgré les nombreuses demandes. Il s’agira cette fois d’un double vinyle convenablement remasterisé (100 exemplaires transparents numérotés et 200 exemplaires jaunes et verts) avec l’ajout de deux titres inédits.  Donc, nouveau batteur et nouveau bassiste et... nouveau nom : La Compagnia Digitale. Pour tous les fans de Tolkien, de la Communauté de l’Anneau à La Compagnia Digitale, il n’y avait qu’un pas. Encore des semaines et des mois d’essais. Toutes les compositions flambant neuves étaient prêtes avec dessus le nouveau synthé ARP 2600 que j’avais reçu et le Mellotron que j’avais utilisé dans Principe di un Giorno. Nous avions assez de matériel pour un concert. Et nous avons fait le concert. Mais çà a été le premier et le seul du groupe. Heureusement, j’avais eu l’idée de l’enregistrer. Mellow Records l’a proposé en 1993 et ce témoignage sera bientôt réédité en vinyle et peut-être aussi sur CD. Le concert était excellent mais une fois encore, cela a fini par la dissolution prématurée du groupe à peine né. C’est là que j’ai pris la décision finale. Fini les groupes. J’allais continuer seul. Je ne voulais pas que ma vie dépende des problèmes personnels des autres. Solare était déjà presque prêt et en octobre de la même année, j’étais dans un studio d’enregistrement pour commencer mon parcours solo. 

Tu as créé le label Mellow Records avec Mauro Moroni, Quel en était l'objectif ? Peux tu nous dire quelques mots sur cette aventure ? Es-tu toujours impliqué dans Mellow Records ?

La création du label, qui a marqué son temps dans le monde du Rock Progressif, s’est faite comme souvent presque par hasard. Je me souviens que Mauro Moroni m’a demandé si j’avais du matériel inédit de Celeste après la dissolution du groupe. Je lui ai dit que j’avais des très bons enregistrements qui étaient en fait les compositions qui allaient plus tard faire partie de Celeste 2, considéré à tort depuis des années comme le deuxième album du groupe. Il les a écouté et après il m’a demandé mon accord pour publier un vinyle avec une partie de ces compositions. A priori, çà s’arrêtait là. Mais, peu de temps après, il est revenu me voir pour me demander si j’avais plus de matériel. C’est ainsi que j’ai sorti de mes archives des enregistrements d’Il Sistema. J’avais, et j’ai encore de nombreuses heures d’écoute de cette formation (dans un futur proche, j’ai d’ailleurs l’intention de m’occuper de la publication d’autres chansons inédites de ce groupe). Pour moi, c’était une affaire terminée. Mais Mauro continuait à tout écouter. C’est pour cela qu’il m’a demandé de faire un autre album mais cette fois en double vinyle et en CD. C’est comme çà que « Una Notte sul Monte Calvo » ainsi que d’autres morceaux dont je me souvenais à peine sont revenus à la lumière. A partir de là, il m’a demandé si je pouvais collaborer avec lui pour chercher des enregistrements d’autres groupes et pas seulement ceux dont j’avais fait partie. La raison était surtout que, ayant juste commencé à enregistrer mon deuxième album solo (Far East) pour la multinationale Polygram, j’avais accès aux archives de ma nouvelle maison de disques où je pouvais trouver des titres intéressants, que nous pouvions éditer, sous licence, sur un nouveau label qui allait s’appeler Mellow Records. Plus tard, grâce à des amis et des connaissances de mon entourage, par exemple des musiciens que j’avais rencontrés au fil du temps, surtout au moment d’Il Sistema, j’arrivais à savoir s’ils avaient des bandes inédites ou des licences et des droits d’auteur de leurs œuvres. J’ai ainsi collecté une grande quantité de matériel qui plus tard est devenu l’énorme catalogue de Mellow Records. Ce furent de grandes années ! Nous avons découvert et publié des perles inconnues. Mais au début des années deux mille, j’ai tout laissé entre les mains de Mauro Moroni parce que j’avais besoin de me consacrer uniquement à ma carrière solo. Je ne pouvais plus concilier mon investissement dans l’écriture musicale avec l’engagement de plus en plus lourd que représentait mon activité dans ce qu’était devenu Mellow Records. Aujourd’hui, je suis fier de pouvoir publier tout ce que je réalise avec Celeste pour ce prestigieux label qui reste de toute façon dans mon cœur. Je suis reconnaissant à mon ami Mauro Moroni qui me permet d’utiliser la marque du label.

Sur ton bandcamp, on peut trouver beaucoup d’albums encore après Celeste, St. Tropez et La Compagnia Digitale. Quelle a été ta vie musicale pendant tout ce temps ? 

D’Il Sistema en passant par Celeste, St. Tropez, La Compagnia Digitale et la courte parenthèse infructueuse avec SNC, je suis arrivé à mon premier projet solo en 1979. Depuis 1977 je pensais faire un album totalement seul et  j’avais en tête qu’il devait être absolument électronique, c’est-à-dire avec  uniquement des synthétiseurs, du Mellotron et les premières boîtes à rythmes. Solare, qui est sorti en 1980, a eu un bon succès auprès de la critique et du public, mais j’ai eu le malheur d’être arrêté par la faillite du label qui, malgré qu’il avait investi tant d’énergie et d’argent en moi, a été forcé de déposer le bilan. Je me suis retrouvé alors avec un album tout juste sorti et des idées pour le prochain mais dans l’incapacité de continuer. C’est pour cette raison que j’ai décidé de faire une longue pause, d’améliorer mon studio d’enregistrement, d’étudier, de louer le studio pour des productions externes, de créer ma propre maison d’édition de musique et d’acheter de nouveaux synthétiseurs et claviers. La période de coupure a duré plus de sept ans, quand un jour j’ai eu l’idée d’écrire un nouveau thème qui a fini par servir de musique de fond lors d’un défilé de mode à Barcelone en Espagne. Le succès fût tel, que je me suis mis à écrire des compositions sur le même modèle. En moins d’un an, j’avais fini Far East, que j’ai proposé à Phonogram qui a immédiatement décidé de me faire signer un contrat avec un engagement pour trois autres albums. Far East, publié en 1990, a tout de suite attiré l’attention de la presse et d’un public de connaisseurs intéressés par ce type de sons qui étaient fondamentalement innovants mais au service de mélodies et d’arrangements sophistiqués. Après The Inner Garden en 1992 et Moon in the Water en 1994, en 1997 j’ai changé le label. Je suis passé chez Warner et j’ai sorti d’abord De Rerum Natura puis la première version orchestrale de L’Isola 2001. Après une autre pause de  quelques années pour réussir à publier L’Isola sur le marché anglais, je suis retourné en Italie. J’ai publié une autre version de L’Isola pour un ensemble piccolo sur un petit label qui avait été créé spécialement pour ce projet. J’ai fait aussi des concerts dans lesquels je n’ai pas joué mais où j’ai dirigé les musiciens, une expérience passionnante qui m’a beaucoup apporté mais qui n’a pas duré en raison des désaccords qui ont surgi avec les patrons du label qui ne respectaient pas l’esprit du projet. J’ai décidé alors de me consacrer à un autre aspect de ma vision de la musique. Je voulais me sentir libre de collaborer avec d’autres musiciens. Je voulais être le seul à décider et à jouer. Et donc le projet de piano solo a pris forme et a abouti aux deux premiers albums de ce qui a toujours été une trilogie dans mon esprit : Piccole ali nel vento en 2011 et Back Home en 2016. Les compositions du troisième volet de la trilogie sont presque terminées et je vais bientôt les enregistrer, mais depuis 2017 jusqu’à aujourd’hui, Celeste a occupé tout mon temps disponible de sorte que je ne pouvais pas dédier à Tiny Hearts (ce sera le titre du troisième chapitre pour piano) toute l’attention qu’il méritait.

Pourquoi as-tu faire revivre Celeste après toutes ces années ?

Comme je l’ai dit, Celeste a toujours été dans mon cœur. Mais ce sont les encouragement autour de moi qui m’ont convaincu de plus en plus qu’il était nécessaire de relancer la suite de cette période magique. Depuis que les réseaux sociaux existent, beaucoup de gens qui connaissaient Celeste à l’époque de Principe di un Giorno ont commencé à m’écrire et à me suivre et la question était toujours la même : "Quand y aura-t-il un autre album du groupe ?". Il m’a fallu de nombreuses années pour m’organiser mais, d’abord les refus constants des anciens membres du groupe d’origine pour se reformer, et ensuite mes engagements dans la réalisation de mes projets personnels, ont repoussé l’instant du retour. Mais tout arrive au moment opportun et jamais avant.

A ce propos, comment çà s’est passé quand tu as voulu réunir les autres membres du vieux Celeste pour un nouveau projet ?

Bien sûr, j’ai essayé à plusieurs reprises de reformer Celeste en demandant à mes vieux compagnons d’aventure musicale, mais je n’ai toujours eu en face de moi que du désintérêt. Aucun d’entre eux n’était intéressé pour revenir dans un projet qu’ils considéraient comme terminé et dépourvu d’un futur possible. Je les ai contactés avant Il Risveglio del Principe mais les opinions divergeaient – sans parler de l’absence même d’une vraie passion sincère et de l’enthousiasme qui sont indispensables dans de tels projets - puisque l’idée était de faire un Celeste complètement différent de Principe di un Giorno, avec des atmosphères qui nous auraient fait nous éloigner du véritable esprit du groupe. Moi, j’y ai toujours cru et je n’ai jamais cessé de penser que cela aurait pu être très agréable de refaire quelque chose ensemble.

Es-tu d’accord avec moi quand si je te dis que, s’il y a bien le nom de Celeste sur la couverture, la musique est aujourd’hui très différente et probablement plus personnelle ? 

Je dirais que je suis en partie d’accord avec toi parce qu’il est clair qu’il y a quelque chose de moi dans ce que j’ai écrit pour Celeste, d’autant plus que dans Principe di un Giorno,  je n’ai pas été autorisé à écrire autre chose que les paroles. J’ai eu des idées que les autres membres du groupe n’ont pas trouvées intéressantes et qui ont ensuite trouvé place, quelques années plus tard, dans mes projets solo ou, comme dans le cas de « Nora », n’ont reçu leur digne reconnaissance qu’après près de cinquante ans ! Comme par exemple la fin du morceau présent sur Il Principe del Regno Perduto qui s’intitule "(Il) Ceruleo Sogno" ou comme celui avec le Mellotron à la fin, que j’avais proposé pour Principe di un Giorno mais les autres préféraient leurs idées. Il y a des compositions qui ont une vie plus compliquée mais qui réussissent ensuite à se frayer un chemin et à sortir au grand jour ! Les enseignements de Celeste, et aussi d’Il Sistema, sont constamment présents dans tous mes projets solo (ce n’est pas moi qui le dit mais un journaliste, il y a plusieurs années, en écoutant mes premiers albums Solare et L’isola). J’invite chacun à écouter mes œuvres créées totalement seul et à trouver l’empreinte de Celeste. Ce que j’ai fait avec le nouveau Celeste, c’est un travail basé sur un grand respect de l’esprit des débuts du groupe. Je suis sûr que si nous avions continué avec le même personnel que pour Principe di un Giorno, la musique aurait gardé les mêmes caractéristiques. En fait, le leadership musical, qui à la fin n’était plus entièrement entre les mains de Mariano Schiavolini, aurait conduit Celeste vers d’autres horizons qui auraient été moins marqués rock progressif mais bien plus « jazz ». Et aujourd’hui, nous n’aurions peut-être pas deux nouveaux albums de Celeste aussi fidèles à la direction musicale originelle.

Alors pour toi, quelles sont les connexions avec le premier album de Celeste ?

Comme je viens de le dire, à mon avis ce que je ressens (mais je compte aussi beaucoup sur les retours des amis, des fans et des journalistes), c’est que l’esprit de Celeste est resté intact durant toutes ces années et plane très clairement dans les deux derniers albums, Il Risveglio del Principe et Il Principe del Regno Perduto. En ce qui me concerne, je n’ai utilisé que des claviers typiques des seventies afin de conserver les mêmes caractéristiques au niveau sonore. Pas de claviers numériques de nouvelle génération. Et puis il y a mon Mellotron ! Les autres musiciens qui forment maintenant la colonne vertébrale du groupe n’utilisent que des instruments qui datent de cette époque. Le batteur a trouvé une paire de cymbales charleston et une caisse claire qui datent des années soixante dix. Le bassiste utilise une Fender Precision datant toujours de ces années là. La musique a bien été écrite presque cinquante ans après Principe di un Giorno mais, je le répète, si les membres du groupe d’origine étaient restés ensemble, aujourd’hui nous en serions en train de regretté Principe di un Giorno.

Pourquoi les musiciens invités ne sont pas le mêmes que pour Il Risveglio del Principe sorti il y a un an?

Les musiciens qui m’ont accompagné dans Il Risveglio del Principe sont les mêmes qui sont présents dans Il Principe del Regno Perduto. Ceux qui sont mis en avant dans ce nouveau projet sont indiqués comme des invités. Dans le précédent, je les avais tous réunis, mais certains n’ont jamais été considérés comme des membres officiels du groupe. Ici, je voudrais mentionner ceux qui pour moi doivent être considérés comme irremplaçables et je crois qu’ils m’accompagneront dans les prochains épisodes de Celeste, à savoir : Enzo Cioffi à la batterie et aux percussions, Francesco Bertone à la basse, Mauro Vero à la guitare, Marco Moro à la flûte, flûte à bec et saxophone et Sergio Caputo au violon. Les autres sont invités et peuvent être rappelés ou de nouveaux musiciens peuvent être ajoutés en fonction des besoins ou des sons que je recherche.

J’ai l’impression que Il Principe del Regno Perduto semble correspondre à la fin d’un cycle ? Je me trompe ?

Il Principe del Regno Perduto représente certainement la fin d’un cycle. Mais ce n’est, disons, qu’une pause temporaire de l’histoire du Prince. Il se peut que dans les projets futurs, il revienne nous rendre visite. Pour l’instant, Celeste reste le même groupe avec les caractéristiques que tant d’amis et de fans aiment. Il y a donc bien une fin au niveau du récit mais pas pour le groupe lui-même. Je trouverai de nouvelles idées littéraires pour créer l’atmosphère du prochain album. 

Donc, tu as de nouveaux projets pour Celeste ?

Tout à fait oui. C’est une sorte d’habitude, qui se renforce au fil des ans, quand je publie un nouveau projet, j’ai déjà en tête comment je vais faire le prochain. Donc, cette fois-ci je peux dire que je sais déjà ce que je veux  proposer au public de Celeste, qui grandit de plus en plus avec de nouveaux fans, que ce soit au niveau du groupe que je vais constitué comme de la forme. Le contenu sera toujours typique de Celeste.  Je n’ai aucune intention de trahir l’esprit. Ce que je peux prédire, c’est que la trilogie du Prince a mis fin à un cycle. Le Prince fait une pause. Reviendra-t-il ? Peut-être. De nouveaux thèmes seront abordés dans le prochain projet. Ce qui sera toujours là, ce sera le Mellotron et tous les autres instruments qui ont toujours caractérisé le son du groupe. Je suis déjà au travail et je suis très heureux de ce qui prend déjà forme en terme d’atmosphère. 

As-tu d’autres projets dans le futur en dehors de Celeste ?

Oui aussi, sur le front de mes projets solo, diverses réalisations sont en cours. Ces dernières années, je me suis beaucoup consacré à Celeste, laissant de côté des concerts au piano seul, pour préparer le retour du groupe plus de quarante ans après Principe di un Giorno. C’est pourquoi je n’ai pas sorti le troisième album de ma trilogie de piano solo. Tous les morceaux sont prêts et je dois juste trouver le temps et la concentration pour l’enregistrer. Et le bon endroit. J’adore le studio où j’ai enregistré Piccole Ali nel Vento qui se trouve dans le sud-est de la France en haut d‘une montagne baignée dans un silence total et où il y a ce merveilleux piano Bechstein qui est ce qui se fait de mieux en matière de piano à queue. Puis, j’ai dans la tête la suite de Solare, mon tout premier album solo sorti en 1979, qui sera un album réalisé uniquement avec des synthétiseurs pour recréer les atmosphères que beaucoup de gens ont aimé avec Solare. Là aussi, je suis bien avancé dans l’écriture et je vois exactement comment je veux le faire. J’ai encore un projet que je réaliserai, toujours en musique électronique, en utilisant la fréquence à 432 Hz. C’’est plus complexe mais j’ai déjà avancé sur pas mal d’idées et j’ai enregistré quelque chose. J’ai encore d’autres idées pour d’autres projets. J’écris beaucoup !

Quelle musique aimes-tu et quelle musique t’inspire pour composer ?

Je me dois d’être sincère. A part quelques trucs par-ci par-là,  je n’ai rien écouté depuis des années pour éviter d’être influencé. Si je mets quelque chose dans le lecteur du CD, c’est presque toujours du classique : Corelli, Vivaldi, Bach, Beethoven, les grands compositeurs russes comme Mussorgskji, Rimskij Korsakov et Prokofiev. Eric Satie que j’aime. Ou encore le pianiste catalan très peu connu, contemporain de Satie, Frederic Mompou.

Es-tu plus rock, pop, jazz ou classique ?

Aucun doute à ce sujet. J’ai l’impression que je suis un bon mélange de rock et de classique. Mais je suis toujours prêt à accepter et accueillir de nouveaux stimuli et de nouvelles propositions musicales.

T’intéresses-tu à la musique progressive italienne ?

Là aussi, je veux être honnête. Je n’écoutais rien avant, encore moins maintenant. Je ne connais pas la scène musicale italienne. Comme je l’ai dit, c’est pour préserver mon inspiration, pour ne pas être influencé que je préfère ne rien écouter. Je souhaite conserver une autonomie maximale dans le cas de Celeste pour respecter la source d’inspiration.