Si vous vous rappelez bien, dans mon premier livre Le Petit Monde du rock Progressif Italien, il y avait un album de Tony Carnevale qui était présenté. Il s'agissait de La vita che grida, un disque enregistré en 1995 qui avait la particularité de nous faire entendre Francesco Di Giacomo, au chant bien sûr, dans le morceau éponyme. Voilà pour la jonction avec le rock progressif italien. Pour le reste, c'est à dire l'essentiel, Tony Carnevale a un curriculum vitae de surdoué : il cumule les fonctions de pianiste, de directeur de chorale, de chef d’orchestre et enfin de directeur artistique pour plusieurs maisons de disques et présente une liste impressionnante de collaborations avec de grands artistes italiens dans plusieurs genres musicaux (Paolo Giuliani, Giampaolo Chiti, Alessandro Sbordoni, Giancarlo Bizzi, Michelangelo Lupone, Giorgio Kirschner, Patty Pravo), sans même parler de ses talents de compositeur qu’il a aussi exercés pour des musiques de films (pour les réalisateurs Luciano Emmer, Giorgio Treves, Alessandro Di Robilant, Carlo Lizzani, Giambattista Assanti, Enrico Caria, Francesca Pirani, Iole Natoliou) ou pour des spectacles. C'est de ce côté là qu'il faut chercher pour évoquer l'album dont nous allons parler aujourd'hui. Car III Movimento est en fait un projet qui date d'une vingtaine d'année (1999 exactement). Sous-titré "A Dance Opera for Symphonic-Rock Orchestra", la partition écrite par Tony Carnevale était en fait la bande originale d'une œuvre chorégraphique du même nom, réalisée en collaboration avec Elisabetta Melchiorri, qui a été jouée en Italie et dans le monde entier. Tony Carnevale en présente aujourd'hui une version remastérisée en analogique, mais surtout augmentée d'un morceau qui n'apparaissait pas sur l'originale ("incompiuta, part I").
Alors si vous avez raté la première édition, vous avez l'occasion de vous rattraper. Si vous aimez le mélange musique classique/rock symphonique XXL, si vous cherchez un équivalent à Keith Emerson, Rick Wakeman et Pär Lindh du côté italien et enfin si vous apprécier, en vrai mélomane, la musique remarquablement composée et arrangée par un maestro, cet album est évidemment fait pour vous. Car là, pas d'approximation ou d à peu près, il s'agit de grand art. "Danza sul volcano" est une entrée en matière proprement affolante avec cette longue cavalcade furieuse, déchaînée à la limite du tribal et de l'incantatoire dans sa deuxième partie. Vous aurez bien sûr aussi un choc en écoutant l’étonnante réinterprétation de Pictures at an Exhibition de Modeste Moussorgski qui, après tout, se prête à merveille à ce genre d'exercice avec en prime, dans ce maelstrom de presque quatorze minutes, une courte citation dantesque d'Une Nuit sur le Mont Chauve. Car à l'instar de Keith Emerson mais dans un genre beaucoup moins pompier et démonstratif, Tony Carnevale n’hésite pas à proposer des thèmes musicaux incroyablement fantasmagoriques et explosifs, entre fantasia et rhapsodie. Pour vous donner un repère "moderne", pensez au pont de "Live and let die" (et pour cause !). Et bien voilà, vous y êtes, même si évidemment cette comparaison reste très réductrice. J'en veux pour preuve le recueilli et profond "Igrayne", sombre et sinistre, ou encore le féérique "Il cammino" qui mêle habilement musique médiévale et musique du moyen orient. Le côté oriental imprègne d'ailleurs complètement "Incompiuta, part I". Quant à"Incompiuta, part I", il s'agit d'une composition absolument magnifique dont les envolées grandioses illustreraient à merveille n'importe quel grand film estampillé heroic-fantasy. Voici le teaser en ligne sur YT III Movimento qui devrait finir de vous convaincre du caractère exceptionnel de cet album.
La tracklist :
- Danza sul volcano
- Igrayne
- Quadri
- Il cammino
- Incompiuta, part I
- Incompiuta, part II
comme c'est merveilleux, Louis ! Merci de m'avoir fait découvrir ce chef d'oeuvre
RépondreSupprimerMerci Louis! Je connais Tony Carnevale et sa musique. Je suis très content de cette merveilleuse critique de son album. C'est mon musicien italien préféré!
RépondreSupprimerj'en suis très heureux car Tony n'est pas très connu en France hélas. Je serai encore plus heureux quand je saurai qui m'a écrit ces deux gentils messages. Amicalement Louis
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