dimanche 13 décembre 2020

Qohelet : Qohelet

 Je préfère vous prévenir tout de suite, l'écoute de ce CD ne va pas être une partie de rigolade. On peut déjà ressentir l'ambiance générale en regardant la couverture de l’album (*) et en se remémorant que Qohelet n'est ni plus ni moins qu'un livre (L'Ecclesiaste) et un personnage de l'Ancien Testament - "celui qui s’adresse à la foule" avec des affirmations du style : "Vanités des vanités, tout est vanités". Le genre de truc qui fait que tu t'excuses d'avoir gagné un prix d'excellence alors que t'as bûché comme un malade pour çà (je vous rassure, çà ne m'est jamais arrivé !).

Qohelet pour nous (pauvres de nous !)  c'est Alessandro Seravalle (Garden Wall et plus récemment Officina F.lli Seravalle) et Gianni Venturi (membre historique d'Altare Thotemico). Le premier  prend en charge la partie instrumentale (piano, synthés, samples). Le second est à la fois le grand maître des mots et l'émetteur de la voix d'outre-tombe que l'on entend. Le premier crée un fond sonore terriblement anxiogène pour que le second puisse installer et développer un récitatif qui vous tombe dessus comme si vous entendiez, recroquevillé au fond d'un trou noir, les prêches d'un Savanarole accusateur vous exhortant au bûcher des vanités ! En arrière plan, un fond musical qui oscille en permanence entre bruitages et collages sonores pour un rendu à la fois glauque et marécageux.

Gianni Venturi considère que cet album tient plus de la pièce de théâtre que du simple disque. Je dirais pour ma part qu'il s'agit d'une expérience quasi sensorielle qui veut nous amener à une rupture totale par rapport  à notre vécu et à nos habitudes, et ainsi nous faire prendre conscience de l'absurdité de notre existence. Pour arriver à leurs fins Alessandro Seravalle et Gianni Venturi nous forcent à emprunter la voie menant à un monde désenchanté qu'ils noircissent à l’extrême de manière à nous faire sentir et comprendre que ce monde est en fait le paradigme de l'enfer des vivants et que si nous frayons dans ce cloaque sans espoir d'en sortir, c'est de notre seule faute !

Il y a de grandes chances que le sentiment de malaise qui va s’emparer de vous au début de l’écoute de cet album perdure jusqu’aux dernières secondes. Franchement, je ne vois pas comment il pourrait en être autrement. Qohelet est une création expérimentale à la fois très torturée mais aussi très poétique qui nous oblige à réfléchir sur nous-mêmes et surtout sur ce qui est vraiment important et ce qui ne devrait pas l'être. En cela, elle est donc unique en son genre ! Prenez le comme tel. 

Label : Lizard Records

(*) La peinture ornant la pochette est signée Giovanni "Nino" Seravalle

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