dimanche 17 mars 2024

Anandammide : Eura

En 2020, Anandammide publiait son premier album Earthly Paradise, chez Lizard Records, et ce projet drivé par un italien, joués par des musiciens de plusieurs nationalités et ancré dans le folk anglais le plus traditionnel, se révélait une belle surprise rafraîchissante (voir ma chronique ici).
Le 5 avril 2024, Anandammide sort son deuxième album, Eura, enregistré entre la France, la Suède et l'Italie. Michel Moschini, le plus français des Italiens (il vit à Paris depuis 2007), a reconduit le principe d'une formation cosmopolite, toutefois sensiblement plus étoffée qu'il y a quatre ans. Audrey Moreau, Stella Ramsden, Pascal Vernin font désormais équipe avec Lisa Isaksson, Sébastien Grignon, Lelio Mulas et Lorenzo Castigliego.Michele a en effet demandé à deux vieux amis italiens (Lelio Mulas et Lorenzo Castigliego) de le rejoindre pour cet album. Mais surtout, le groupe intègre une chanteuse en la personne de Lisa Isaksson (Me and my Kites et Lisa o Piu) dont le profil artistique colle parfaitement avec la sensibilité musicale d'Anandammide.
Eura est cette femme idéalisée, personnage clé de l’œuvre graphique (le terme bande dessinée ne me paraît que partiellement approprié) réalisée par Dino Buzzati, Orfi aux enfers, une transposition moderne du mythe d'Orphée dans le milieu de la pop de la fin des années soixante à Milan. Pour ceux qui ne voient pas (c'est le cas de le dire), Dino Buzatti avait dessiné Eura avec quatre yeux dans une tentative assez naïve d'illustration surréaliste (en fait une représentation des visages superposés des deux héros Orfi et Eura).
Avec ce deuxième album, Anandammide se détache partiellement des influences médiévales et baroques qui étaient si prégnantes sur Earthly Paradise pour se rapprocher d'un folk progressif plus contemporain, celui du début des seventies. Et par la même, la musique délaisse son orientation acoustique pour discrètement s'électrifier. Mais il reste l'essentiel, c'est à dire une grande délicatesse dans les thèmes mélodiques proposés mais aussi un sentiment permanent d'harmonie et de sérénité. Si la flûte garde un rôle de soliste, le violon et le violoncelle sont utilisés comme un petit ensemble de musique de chambre. N'imaginez surtout pas que tout cela est naïf et lénifiant. J'en veux pour preuve un morceau comme "Phantom limb" qui possède une pulsation interne très originale. Je parle aussi des deux "singles" ("A song of Greed" et "Eura") qui ont un vrai potentiel pour toucher un public plus large tout en restant d'une qualité irréprochable.    
Au gré de l'écoute des morceaux, vous serez surpris de penser à des noms connus et pas des moindre, souvent plus par un effet de mimétisme que par une volonté délibérée d'imitation. Côté prog, je vous cite comme çà à la volée le early Pink Floyd (dans la première partie de "A song of Greed", dans certaines intonations chantées de "Post Atomic Reverie"), Caravan ("I am a flower") et même Porcupine Tree (la suite d'accords de "The Anchorite"). Côté folk c'est plus diffus, je vous laisse chercher mais vous verrez que vous  découvrirez bien d'autres références au détour d'un couplet ou d'un refrain, références qui étaient  de toute façon déjà évoquées dans la chronique du premier album.
Anandammide c'est toujours aussi harmonieux et poétique, onirique aussi ("The Orange Flood" et "Dream n° I") mais avec Eura le projet de Michele Moschini franchit un cap important. D'abord, car il montre sa capacité à évoluer et à ne pas se cantonner dans le genre folk anglais médiéval qui a quand même ses limites. Ensuite car je trouve que l’électrification de sa musique lui permet de gagner en relief et en intensité. Enfin, car je pressens un troisième album encore plus abouti et encore plus progressif (peut être est-ce aussi un souhait de ma part que voudra bien entendre Michele !).
Si je devais résumer cet album en un mot, ce serait sérénité.

Le groupe: Michele Moschini (chant, guitares, synthé, orgue, batterie), Lisa Isaksson (chant sur 2, 6, 10), Audrey Moreau (flûte), Stella Ramsden (violon), Sébastien Grignon (violoncelle), Lelio Mulas (basse sur 2, 3, 4, 8, 10), Pascal Vernin (basse sur 1, 5, 6, 7 et 9), Lorenzo Castigliego (guitare électrique sur 6)


La tracklist (les titres soulignés peuvent être directement écoutés sur YT) :
01. Carmilla
02. A song of Greed (2ème single)
03. Post-Atomic Reverie
04. Phantom Limb
05. I am a Flower
06. Eura (1er single)
07. The Orange Flood
08. Lullaby n° II
09. Dream n° I
10. The Anchorite

L'album est sorti aux formats LP et CD ainsi qu'en numérique chez Sulatron Records (distribution : Clearspot)
Le lien bandcamp du groupe : Anandammide

 

 

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