jeudi 20 juin 2024

Prowlers : Orchidea

Le nouvel album de Prowlers vient juste de sortir (19 juin 2024) et son écoute confirme encore une fois tout l'intérêt de ce groupe mais aussi son originalité que l'on retrouve dès les premières mesures du morceau titre "Orchidea" avec ce canon à deux voix féminines qui met en avant ce chant contrapuntique complexe.
Orchidea se présente comme un voyage sonore qui alterne les moments d'exaltation avec d'autres nettement plus sereins. Ainsi les chansons rock ("Universi paralleli", "Il bao della luna") sont entourés par des compositions acoustiques ("Clorofilla", "Non sei mai andato via"), avec pour équilibrer le tout des mi-tempos de haute volée comme " "Bocche d'ambra".
Arrêtons-nous sur deux morceaux particuliers.
Tout d'abord ,"Non sei mai andato via" qui est une très belle chanson nostalgique écrite en hommage à Marco Premoli, le premier bassiste du groupe, décédé prématurément. La chanson est un hommage émouvant de ses amis, qui mêle mélancolie et espoir, représentant un moment de réflexion et de célébration de la vie de Marco à travers la puissance évocatrice de la musique.
L'autre piste incontournable est la longue suite "Ultimo Viaggio". Il s'agit d'une œuvre complexe organisée, comme il se doit, en plusieurs mouvements. La tradition prog est ici respectée et l'on peut savourer vingt minutes d'un rock progressif amené à son meilleur niveau, avec des changements réguliers de tempo, des passages oniriques quasi irréels et une profusions de mélodies complexes et envoutantes. Chaque mouvement de la suite est un chapitre d’une histoire musicale qui transporte l’auditeur à travers des paysages émotionnels et sonores uniques. Le tout est porté par ces entrelacs de voix de femmes, cette "partie féminine" qui reste une caractéristique forte du groupe dont la musique est incontestablement marquée par la forte personnalité artistique de Laura Mombrini.
Avec ce septième album, le groupe impose à nouveau sa sérénité et une forme de force tranquille qui lui est propre. Orchidea est un album qui confirme non seulement la maîtrise technique et créative des membres de Prowlers, mais aussi leur capacité à toucher le cœur des auditeurs avec des thèmes profonds et sensibles. Chaque piste est une partie indispensable et indissociable d’une plus grande mosaïque, qui combine l’énergie du rock électrique avec la délicatesse des ballades acoustiques, offrant un voyage musical, mais aussi une expérience introspective, qui ne peut que charmer et ensorceler l'auditeur qui veut bien prendre le temps d'écouter tranquillement cette œuvre.
Avec cet album, le groupe confirme l'excellent niveau déjà atteint avec Navigli Rifflessi et s'impose pour de bon dans le panorama du rock progressif italien contemporain, en offrant au public une œuvre qui sera autant appréciée par les fans de longue date (dont votre serviteur !)que par de nouveaux adeptes. Si ce n'est déjà fait; ne manquez pas l’occasion de plonger sans retenue dans ce voyage musical extraordinaire, ce groupe en vaut le coup.

Le groupe : Alfio Costa (claviers), Laura Mombrini (chant et chœurs), Fulvio Rizzoli (guitares et Bouzouki), Roberto "Bobo" Aiolfi (basse), Marco Freddi (batterie et percussions), Cristina Lucchini (chant et chœurs).  

La tracklist :

  1.  Orchidea
  2. Universi Paralleli
  3. Clorofilla
  4. Il bao della luna
  5. Bocche d'ambra
  6. Ultimo viaggio
  7. Non sei mai andato via

samedi 15 juin 2024

Jumbo / live in Caremma 2023 (FR/IT)



Se retrouver le 11 juin 2023 au Festival Prog & Frogs pour écouter et voir Jumbo interpréter dans son intégralité l'album Vietato ai minori di 18 anni? qui date de 1973, donc cinquante ans après, c'était à la fois un peu irréel mais aussi très amical avec comme une ambiance de famille qui régnait dans l'étable aménagée pour l'occasion (le festival se passe dans une ferme hôtel à Besate). Sur scène, le padre Alvaro Fella, Sergio Conte, Dario Guidotti, soit trois membres historiques du groupe accompagnés par deux musiciens de Consorzio Acqua Potabile (Massimo Gorlezza à la guitare et Maurizio Mussolin à la batterie) mais aussi l'indispensable Marco Croci à la basse (Maxophone). Dans la salle, Paolo Dolfini (ex membre occasionnel de Jumbo), Maurizio Venegoni (Consorzio Acqua Potabile) et votre serviteur assis entre les deux. Oui, il y avait réellement une atmosphère familiale ce jour là, quelque part dans la chaleur étouffante de la campagne léchant les rizières de la plaine du Pô.

Avant de rentrer, dans le cœur de cette chronique, il est important de préciser que Jumbo a toujours produit une musique iconoclaste, à nulle autre pareille, très théâtrale, parfois dérangeante, et donc assez éloignée du prog italien "traditionnel".
Avec un Dario Guidotti en Monsieur Loyal déjanté et un Alvaro Fella toujours aussi étonnant dans ses performances vocales, le concert ne pouvait qu'être animé, ce fût le cas. Côté musique, l'interprétation de Vietato ai minori di 18 anni? est restée incroyablement fidèle à l'original avec un son plus moderne notamment sur les parties de guitare de Massimo Gorlezza, dont j'apprécie toujours autant le toucher. Marco Croci aura relevé le défi d'apprendre ses parties de basse en un temps record et d'être impeccable dans son jeu. Sergio Conte reste un claviériste tellement agréable à écouter, toujours très fluide et lyrique dans ses parties de claviers, et Dario Guidotti est un vrai maestro des instruments à vent (au sommet sur "No!"). L'apport du jeu solide de Maurizio Mussolin à la batterie est également un plus. Mais bien évidemment le héros de la soirée a été Alvaro Fella. Il faut apprivoiser la voix de cet homme de cœur pour savoir apprécier pleinement ce chant expressif, unique et sans égal. Le vieux lion a été une fois encore magnifique. Le point d'orgue du concert a été le morceau "Vangelo" avec Alvaro déguisé en curé. Je précise que ce titre (comme une partie de l'album d'ailleurs) est une charge contre l'hypocrisie de la religion catholique."Vangelo" est réellement un morceau magnifique et prenant interprété dans une ambiance qui oscille en permanence entre le tragique et le grotesque (c'est voulu bien sûr !). Le meilleur morceau de l'album reste pour moi "Come Vorrei Essere Uguale A Te" et je dois dire que nous avons eu droit à une interprétation magistrale de ce titre emblématique de Jumbo. La dernière chanson de la set list, "Miss Rand", était en fait l'exception du soir puisqu'il s'agit d'un morceau, d'inspiration très ricaine, tiré de l'album DNA (1972). De par son côté entraînant, preque joyeux, elle constituait un final parfait. 
Le sentiment d'avoir vécu un moment privilégié dans un environnement intimiste restera mon impression forte et indélébile de cette soirée spéciale. Alvaro nous a donné rendez-vous dans cinquante ans. Nous serons présents Alvaro !  
 
La tracklist :

1. Intro - Il ritorno del signor K
2. Specchio
3. Via Larga
4. Vangelo
5. 40 gradi
6. Come vorrei essere uguale a te
7. GIL
8. NO!
9. Miss Rand

Tri-fold CD + DVD + booklet 8 pages 
Date de sortie : 25 mai 2024
Label : AMS 

Testo in italiano (a cura Maurizio Mux Mussolin e Marco Croci)

“Incontrarsi l'11 giugno 2023 al Festival Prog & Frogs per ascoltare e vedere Jumbo interpretare nella sua interezza l'album Vietato ai minori di 18 anni? Che risale al 1973, quindi cinquant'anni dopo, era allo stesso tempo un po' irreale ma anche molto amichevole con come un'atmosfera familiare che regnava nella stalla allestita per l'occasione (il festival si svolge in una fattoria hotel a Besate). Sul palco, il padre Alvaro Fella, Sergio Conte, Dario Guidotti, ovvero tre membri storici del gruppo accompagnati da due musicisti di Consorzio Acqua Potabile (Massimo Gorlezza alla chitarra e Maurizio Mussolin alla batteria) ma anche l'indispensabile Marco Croci al basso (Maxophone). In sala, Paolo Dolfini (ex membro occasionale di Jumbo), Maurizio Venegoni (Consorzio Acqua Potabile) e il tuo servo seduto in mezzo. Sì, c'era davvero un'atmosfera familiare quel giorno, da qualche parte nel caldo soffocante della campagna che leccava le risaie della pianura del Po.
Prima di entrare, nel cuore di questa cronaca, è importante chiarire che Jumbo ha sempre prodotto una musica iconoclasta, come nessun'altra, molto teatrale, a volte inquietante, e quindi abbastanza lontana dal prog italiano "tradizionale".
Con un Dario Guidotti come Monsieur Loyal pazzo e un Alvaro Fella sempre così sorprendente nelle sue performance vocali, il concerto non poteva che essere animato, era così. Per quanto riguarda la musica, l'interpretazione di Vietato ai minori di 18 anni? È rimasto incredibilmente fedele all'originale con un suono più moderno soprattutto sulle parti di chitarra di Massimo Gorlezza, di cui apprezzo ancora tanto il tocco. Marco Croci avrà accettato la sfida di imparare le sue parti di basso in tempo record e di essere impeccabile nel suo gioco. Sergio Conte rimane un tastierista così piacevole da ascoltare, sempre molto fluido e lirico nelle sue parti di tastiera, e Dario Guidotti è un vero maestro degli strumenti a fiato (in cima su "No!"). Anche l'apporto del solido gioco di Maurizio Mussolin alla batteria è un plus. Ma ovviamente l'eroe della serata è stato Alvaro Fella. Bisogna domare la voce di questo uomo di cuore per saper apprezzare pienamente questo canto espressivo, unico e senza eguali. Il vecchio leone è stato ancora una volta bellissimo. Il clou del concerto è stato il pezzo "Vangelo" con Alvaro travestito da parroco. Preciso che questo titolo (come parte dell'album tra l'altro) è un'accusa contro l'ipocrisia della religione cattolica." Vangelo" è davvero un pezzo magnifico e coinvolgente interpretato in un'atmosfera che oscilla costantemente tra il tragico e il grottesco (è voluto ovviamente!). Il miglior brano dell'album rimane per me "Come Vorrei Essere Uguale A Te" e devo dire che abbiamo ricevuto un'interpretazione magistrale di questo iconico titolo di Jumbo. L'ultima canzone della set list, "Miss Rand", era in realtà l'eccezione della sera poiché si tratta di un pezzo, di ispirazione molto ricana, tratto dall'album DNA (1972). Per il suo lato accattivante, quasi allegro, costituiva un finale perfetto.
La sensazione di aver vissuto un momento speciale in un ambiente intimo rimarrà la mia impressione forte e indelebile di questa serata speciale. Alvaro ci ha dato appuntamento tra cinquant'anni. Saremo presenti Alvaro!!”

vendredi 14 juin 2024

Podcast émission Amarok Spécial Rock Progressif Italien

Je vous propose d'écouter ou de réécouter en podcast l'émission Amarok du 13 juin 2024, animée par Thierry Joigny, spécialement consacrée au Rock Progressif Italien que j'ai eu le plaisir de programmer et de commenter pour SUN Radio.

L'avantage c'est que vous pouvez écouter le podcast où que vous soyez, en France, en Belgique, en Suisse ou au Québec. J'en profite, au passage, pour faire un grand bonjour amical aux cousins québécois qui viennent régulièrement consulter ce blog.

Voici les liens :

Lien replay plateforme MYSUN : https://lesonunique.com/mysun/podcast/15450-

mercredi 12 juin 2024

Barock Project : Time Voyager (trad. IT)

Luca Zabbini è uno dei musicisti italiani più dotati della sua generazione. Da tempo (oltre quindici anni) lo ha ampiamente dimostrato con il suo gruppo Barock Project e ora da solista. La partecipazione alla PFM, per quanto gratificante, gli ha permesso soprattutto di aumentare il suo profilo collaborando con un gruppo di fama internazionale, perché per quanto riguarda il suo talento, il ragazzo aveva già dato prova di sé in precedenza. Va detto che da Misteriose voci del 2007 la discografia dei Barock Project, composta da sei album in studio, è impeccabile, con una preferenza, per quanto mi riguarda, per Coffee in Neuköllhn

Time Voyager

Fin da "Carry on", i Barock Project fissano l'asticella con questo brano che mescola abilmente un ritornello medievale con un suono rock molto simile a quello del suo tempo, alla maniera di Ian Anderson, ma dove i Barock Project fanno subito la differenza è con questa dimensione sinfonica che porta il brano a vette insospettabili, per non parlare di un'incredibile sequenza strumentale che fa a pezzi tutto ciò che incontra sul suo cammino. L'ascoltatore è pronto per quello che verrà. E quello che segue è "Summer set you free", un rock FM ad alta quota che ti mette con le spalle al muro ed è un vero e proprio richiamo per la folla. Ma non aspettatevi un monolite in stile americano, perché i Barock Project sono sempre molto più sottili. L'atmosfera cambia con la più cupa e pesante "An ordinary day's odyssey", con i suoi due bellissimi passaggi malinconici, il primo guidato dal pianoforte, come dovrebbe essere, e il secondo orchestrato, che è l'outro. Con la sua perfezione formale, questo brano è una vera e propria lezione per tutti quei gruppi che da trent'anni si sono fatti strada in un bagno di neo prog senza trovare una via d'uscita (mi farò dei nuovi amici!).
Con "The lost ship tavern", il violino non c'è, ma restate sintonizzati perché ancora una volta le parti strumentali riservano delle belle sorprese. "Voyager" è uno dei due brani che abbiamo potuto ascoltare in anteprima. È piuttosto vicino nella forma a quello che Luca ha prodotto all'inizio di quest'anno con il suo album solista (Cinematic Stories). Ma con la voce e alcune parti più rock, il brano di otto minuti assume una dimensione completamente nuova. "Morning Train" è una canzone che scorre. Semplice all'apparenza, è in realtà sorprendentemente vivace, raggiungendo il suo apice con la lunga sequenza strumentale che rivela una delle evidenti influenze di Luca: il rock barocco dei Queen. Cosa dire della jazzata FM "Propaganda", con il sassofono in evidenza per l'occasione, se non che ancora una volta Luca Zabbini (ed Eric Ombelli, che ha co-scritto il brano) non fanno come tutti gli altri. Potrebbe suonare come molte band statunitensi, a partire dai Toto, ho scritto "potrebbe", ma no, questo è il Barock Project che si diverte a fare swing con un grande suono. "Shybuia 3 A.M." presenta per la prima volta nell'album la voce solista di Luca Zabbini. Il brano ricorda un po' l'assolo di Sting.  "Lonely girl" è senza dubbio il brano meno memorabile dell'album, forse un po' troppo polivalente, ma è comunque piacevole da ascoltare, perché Luca riesce a evitare ogni sdolcinatezza, anche quando la canzone è piena di romanticismo. Luca ha insistito per eseguire lui stesso "Mediterraneo", e posso capire perché. C'è qualcosa di molto personale in questa canzone che, con un arrangiamento leggermente diverso, suonerebbe come... PFM. In ogni caso, consiglio l'ultima parte del brano perché è lì che la band fa la differenza e lascia tutti in sospeso. "Kyanite jewel" è una composizione del solo Ombelli (per la cronaca, Zabbini ha scritto tutte le altre musiche) e in effetti c'è una netta differenza di stile, con un accompagnamento di chitarra più folk, ma questo non toglie nulla all'album nel suo complesso, anzi, perché questo brano aggiunge un tono diverso, con l'aggiunta di un sorprendente passaggio di danza ellenica che vede protagonista il bouzouki.
L'atmosfera cambia drasticamente nella traccia finale, "Voyager's homecoming", che riporta l'ispirato e brillante rock barocco che è proprio della band, confermando che non stanno usurpando il loro nome. Va detto che per "Voyager's homecoming" la band ha tirato fuori tutte le carte in regola. Anche se il brano suona come prog metal, diventa presto chiaro che il pezzo sarà molto più approfondito e complesso di quanto non sembri, con diverse biforcazioni in stili diversi. In effetti, questo brano è incredibilmente ricco. Le idee contenute in questo brano basterebbero da sole a creare un intero album (mi vengono in mente alcuni nomi, ma non li svelo!). Luca Zabbini dimostra una vera e propria abilità nel mescolare generi musicali diversi con sconcertante facilità, per poi concludere con una pepita perfettamente omogenea. E qui lo dimostra ampiamente ancora una volta.
Come ho accennato all'inizio di questa recensione, i Barock Project hanno realizzato finora solo ottimi album, e ognuno può avere una preferenza per una registrazione o un'altra (Coffee in Neukölln per me), ma ciò che è certo è che con Time Voyager la band sta rasentando l'eccellenza, che posso riassumere nella seguente formula: "Time Voyager, Luca Zabbini & Barock Project at their best in 2024".

Band : Luca Zabbini, Eric Ombelli, Marco Mazzuoccolo, Alex Mari, Francesco Caliendo
Ospiti : Alessandro Bonetti, Manuel Caliumi

Tracklist :

1. Carry On  2. Summer Set You Free 3. An Ordinary Day's Odyssey  4. The Lost Ship Tavern  5. Voyager  6. Morning Train  7. Propaganda  8. Shibuya 3 A.M.  9. Lonely Girl  10. Mediterranean  11. Kyanite Jewel  12. Voyager's Homecoming 

Time Voyager è stato pubblicato il 3 giugno 2024. Ecco alcuni link che potrebbero interessarvi: il sito web del Barock Project e la piattaforma CDCLICK per ordinare il CD.

vendredi 7 juin 2024

Barock Project : Time Voyager

Luca Zabbini est un des musiciens italiens les plus doués de sa génération. Cela fait déjà un bon moment (plus de quinze ans en fait) qu'il le démontre amplement avec son groupe Barock Project et maintenant en solo. Sa participation à la PFM, pour valorisante qu'elle soit, lui a surtout permis de se faire mieux connaître en collaborant avec un groupe à la renommée internationale, car pour ce qui est de son talent, le garçon avait déjà fait ses preuves avant. Il faut le dire : depuis Misteriose voci en 2007, la discographie de Barock Project, faite de six albums studio, est un sans faute avec une préférence, concernant votre serviteur, pour Coffee in Neuköllhn
 
Time Voyager
Dès « Carry on », Barock Project place la barre très haut avec cette chanson qui mêle habilement une ritournelle médiévale avec un rock bien de son temps, un peu à la manière d'un Ian Anderson, mais là où Barock Project fait très vite la différence, c'est avec cette dimension symphonique qui permet d'emmener le morceau vers des cimes insoupçonné sans même parler d'une incroyable séquence instrumentale qui arrache tout sur son passage. L’auditeur est mis en condition pour la suite. Et la suite, c’est « Summer set you free », du rock FM de haute volée qui brosse dans le sens du poil et qui accroche sévère. Mais n’imaginez surtout pas un monolithe à l’américaine car tout est toujours beaucoup plus subtil avec Barock Project. Changement d’atmosphère avec le plus sombre et lourd « An ordinary day’s odyssey » traversé par ses deux très beaux passages mélancoliques, mené au piano, comme il se doit, pour le premier, et orchestré pour le second qui constitue l’outro. De par sa perfection formelle, ce morceau est une vraie leçon pour tous ces groupes qui fraient depuis trente ans dans un bain néo prog sans en trouver la sortie par le haut (je vais encore me faire des copains, tiens !). Avec « The lost ship tavern », le violon est de sortie, mais restez bien à l’écoute de ce morceau car une fois encore les parties instrumentales réservent quelques belles surprises. « Voyager » est un des deux titres que nous avons pu écouter en avant-première. Il est assez proche dans sa forme de ce que Luca avait produit au début de l’année avec son album solo (Cinematic Stories). Mais avec le chant et quelques parties plus travaillées sur le versant rock, le tout pour une durée de huit minutes, ce morceau atteint alors une toute autre dimension. « Morning Train » est une chanson qui coule toute seule. Simple en apparence, elle possède en fait une étonnante vivacité qui prend son ampleur maximale avec la longue séquence instrumentale qui permet de lever le voile sur une influence évidente de Luca : le rock baroque de Queen. Que dire du jazzy FM « Propaganda » avec le saxophone qui est de sortie pour l’occasion, sinon qu’une fois encore Luca Zabbini (et Eric Ombelli qui co-signe le morceau), ne font rien comme tout le monde. Çà pourrait ressembler à plein de groupes US que vous connaissez, à commencer par Toto, j’ai écrit « çà pourrait » mais non c’est bien du Barock Project qui s’amuse à swinguer avec un gros son. « Shybuia 3 A.M. » permet d’entendre pour la première fois de l’album, la voix de Luca Zabbini en lead. Le morceau fait un peu penser à du Sting en solo. « Lonely girl » est sans doute la tune la moins marquante de l’album, peut être un peu trop passe-partout, elle s’écoute pourtant avec beaucoup de plaisir car Luca a l’art et à la manière d’éviter toute mièvrerie même quand il s’agit d’une chanson empreinte de romantisme. Luca a tenu à interpréter lui-même « Mediterranean » et je peux comprendre pourquoi. Il y a quelque chose de très personnel dans cette chanson qui, avec un arrangement à peine différent sonnerait comme du…PFM. En tout cas, je vous recommande la dernière partie du morceau parce que c’est là que le groupe fait la différence et laisse tout le monde sur place. « Kyanite jewel » est une composition du seul Ombelli (pour info, Zabbini signe toutes les autres musiques) et l’on entend effectivement une nette différence de style, plus centrée sur un accompagnement à la guitare folk, mais cela ne nuit pas à l’ensemble de l’album, bien au contraire, car ce morceau apporte une teinte différente avec en prime cet étonnant passage de danse hellène qui laisse entendre du bouzouki. Le changement d’ambiance est évidemment radical avec la dernière piste, « Voyager’s homecoming », qui permet de retrouver ce rock baroque inspiré et brillant qui n’appartient qu’à ce groupe, confirmant par là-même qu’il n’usurpe pas son nom. Il faut reconnaître que pour « Voyager’s homecoming », le groupe met le paquet. Même si ce morceau sonne prog métal, il apparaît vite évident que la pièce va être beaucoup plus fouillée et complexe qu’il n’y paraît au premier abord avec plusieurs bifurcations vers des styles différents. Ce titre est en fait d’une richesse incroyable. Rien qu’avec ce qu’il y a comme idées dans ce morceau, j’en connais qui auraient de quoi faire un album entier (j’ai des noms en tête mais je balance pas !). Luca Zabbini fait preuve d'un vrai savoir-faire pour amalgamer les genres musicaux différents avec une facilité déconcertante et aboutir ensuite à une pépite parfaitement homogène. Il le démontre amplement ici une fois encore.
Je l’évoquais en début de chronique, Barock Project n’a fait jusque-là que de très bons albums, chacun pouvant avoir sa préférence sur tel ou tel enregistrement (pour ma part Coffee in Neukölln donc) mais ce qui est sûr, c’est qu’avec Time Voyager, le groupe frise l’excellence, ce que je peux résumer avec la formule suivante : « Time Voyager, Luca Zabbini & Barock Project at their best in 2024 ».


Le groupe : Luca Zabbini (claviers, guitare acoustique, chœurs, Bouzouki, chand lead sur #8, #10, #12, basse sur #3, #7 et #8), Eric Ombelli (batterie, percussions, bouzouki, guitare acoustique, guitare électrique, chant lead sur #11), Marco Mazzuoccolo (guitares électriques), Alex Mari (chant), Francesco Caliendo (basse sauf sur #3, #7 et #8)
Invités : Alessandro Bonetti (violon sur #4), Manuel Caliumi (saxophones sur #7)

la tracklist :

1. Carry On  2. Summer Set You Free 3. An Ordinary Day's Odyssey  4. The Lost Ship Tavern  5. Voyager  6. Morning Train  7. Propaganda  8. Shibuya 3 A.M.  9. Lonely Girl  10. Mediterranean  11. Kyanite Jewel  12. Voyager's Homecoming 

Time Voyager est sorti le 3 juin 2024. Voici les liens qui peuvent vous intéresser : le site du groupe Barock Project,  et la plateforme CDCLICK pour commander le CD.