jeudi 14 novembre 2024

G.O.L.E.M. : Gathering Of the Legendary Elephant Monsters

G.O.L.E.M. serait donc un groupe mutant, un simple sigle à géométrie variable qui après avoir été l'acronyme de "Gravitational Objects of Lights, Energy and Mysticism" pour son premier album serait devenu aujourd'hui celui de "Gathering Of the Legendary Elephant Monsters ". Étonnant, isn't it !
En tout cas, avec ce deuxième album à mettre aux crédits de G.O.L.E.M.; il apparaît que Paolo Apollo Negri est bien décidé à vivre une nouvelle aventure avec ce groupe, plus de dix ans après la fin de Wicked Minds qui avait quand mêle laissé un paquet de bons souvenirs aux adorateurs du hard prog à l'ancienne. Mais voilà, l'histoire semble vouloir éternellement se renouveler, Apollo Negri a remis les fourneaux en chauffe et G.O.L.E.M. déboule avec cette deuxième coulée d'orgues vintage en état incandescents qui sont quand même le cœur du réacteur.
pour vous dire, ça embrase dès les premières secondes de "Gravitational Objects of Lights, Energy and Mysticism" qui sont une avalanche de notes en fusion dégringolant de vos enceintes, à croire que les musiciens de Uriah Heep viennent de débarquer dans votre salon. Ça se calme un peu ensuite, il est vrai avec le chant solennel de Marco Vinci sur fond d'accompagnement liturgique avant de repartir pour une longue cavalcade menée par les deux claviéristes. Les tableaux tour à tour  enlevés ou calmes se suivent, mais l'ambiance générale reste lourde et sombre.  
Avec quelques réserves sur le chant, trop forcé à mon goût (remarque mineure), je suis vraiment fan de la musique que produit cette formation, avec ses compositions vraiment léchées et bien sûr ses deux claviéristes qui rivalisent d'inventivité. Il y a ainsi sur cet album, un nombre impressionnant de séquences instrumentales absolument irrésistibles, sans parler d'un morceau comme "Life between the lines" qui est de la folie pure. Côté réappropriation de plans hard prog vintage, l'inspiration de Paolo et Emil semble inépuisable.
L'intérêt de cette musique réside dans un bon équilibre entre un son à l'ancienne, fourni par l'utilisation d'instruments d'époque, et une évidente envie d'apporter ses propres idées pour créer son propre univers artistique. Un morceau comme "Mechanical evolution" incarne parfaitement cette ... évolution. Visiblement les deux ans qui séparent les deux albums ont été mis à profit pour arriver à ce résultat, qui je le réaffirme, est fort réjouissant. Il ne reste plus qu'à attendre le troisième album. 

 
Le groupe : Paolo Apollo Negri (orgues et synthés), Marco Zammati (basse et Moog Taurus), Francesco Lupi (batterie), Emil Quattrini (piano, piano électrique, Mellotron, String Machine), Marco Vincini (chant)

La tracklist

01. Gravitational Objects of Lights, Energy and Mysticism
02. Mechanical evolution
03. The endless night of reason
04. Life between the lines
05. Tale of the oblivion dance
06. Keeper of the ocean's gate

Écoute possible sur bandcamp : Gathering Of The Legendary Elephant Monsters 

Label : Black Widow Records


vendredi 8 novembre 2024

Lethe : il cavaliere inesistente

Maintes fois annoncé par Lorenzo Vas mais toujours remis à plus tard, le nouvel album de Lethe, sort enfin, plus de trente après son prédécesseur Nymphae. Le fait qu'il y ait encore sur le pont quatre membres du groupe d'origine est un quasi miracle. Ceci explique sans doute en grande partie que l'on ait l'impression d'entendre le son du prog italien des années 90, celui de Consorzio Acqua Potabile, Il Castello di Atlante, Calliope, Nuova Era, Sithonia et cie.
Finalement la différence se fait au niveau des voix puisque le chanteur de l'époque est remplacé par Giacomo Balzarotti, que l'indispensable Alessandro Corvaglia est présent sur deux morceaux (deux belles performances comme d'habitude) et qu'une voix féminine (celle d'Eleonora Mosca) apparaît pour incarner Bradamante. 
Je ne cache pas non plus que le choix d'une nouvelle d'Italo Calvino, comme thème principal d'inspiration de l'album, me touche beaucoup, tant l’œuvre de cet écrivain unique m'a marqué. Je retrouve d'ailleurs parfaitement, dans la musique créée par le groupe, l'ambiance médiévale mais aussi fantastique du dernier chapitre de la " trilogie héraldique". Il y a également parfois un côté théâtral qui  peut rappeler Il Bacio della Medusa ("Pagani", "L'elmo d'oro"). 
Je dois dire que cela fait du bien d'entendre cette musique qui est très belle et qui donne l'impression que le temps s'est arrêté il y a trente ans. "Mura di Fuoco" est le titre d'ouverture qu'il fallait pour renouer le lien spacio-temporel entre les deux albums. "Regno futuro" est un morceau parfait pour finir en beauté cet album. Entre les deux, c'est du bonheur !
Pour un groupe qui n'a pas donné de nouvelles pendant si longtemps, je trouve ce retour très sympathique avec cette musique qui joue avant tout sur les nuances et sur les émotions, une manière de faire du prog qui se perd depuis un moment à mon avis. A ce sujet je vous conseille d'écouter l'instrumental "Bradamante" ou l'épique "Nel Segno della Croce". Voilà donc le genre d'album qui suffit à mon bonheur d'amateur d'un prog italien symphonique que je qualifie de traditionnel.
Lethe, trente après : un très bon retour dans le Petit Monde du Rock Progressif Italien !

Le groupe : Giacomo Balzarotti (chant, chœurs), Serena Bruni (flûte), Lorenzo Gervasi (claviers), Pietro Paganelli (batterie, percussions), Fabio Massimo Sanzo (basse, chœurs), Valerio Vado (guitares)
Avec : Alessandro Corvaglia (chant sur 1 et 5), Eleonora Mosca (chant sur chœurs sur 4 et 5)

La tracklist : 

1. Mura di Fuoco
2. Il Cavaliere Inesistente
3. Perpetua Confusione
4. Vuoto nel Vento
5. Animali сristiani
6. Bradamante
7. Ansie
8. Nel Segno della Croce
9. Cosmoconia
10. Pagani
11. L'Elmo d'oro
12. Regno Futuro 

En écoute sur bandcamp :  Lethe - il cavaliere inesistente

samedi 2 novembre 2024

Alex Carpani : The Good Man


Depuis Waterline en 2007, Alex Carpani a fait un bon bout de chemin que ce soit sous son nom (Alex Capani Band) ou encore avec Aerostation, ce qui fait au total sept albums au compteur. The Good Man est donc le huitième et il pourrait bien marquer un tournant dans la carrière discographique de son créateur.
L'album est découpé en deux parties représentant chacune une suite complète d'une demi-heure, "Amnesiac" et "Good and evil". A noter que les morceaux formant chacune des suites sont réellement enchaînés sans blanc, ce qui évidemment rajoute beaucoup à la dimension monumentale de chaque opus. A noter également que neuf pistes sur dix huit sont des instrumentaux, ce qui donne une indication forte de la direction musicale qu'a voulu Alex Carpani pour son œuvre.
Quand "Amnesiac" décrit en neuf tableaux une expérience d’amnésie profonde vécue sur une journée avec pour finir un retour à la lumière, "Good and evil" évoque les expériences sensorielles vécues  provoquées par les ondes et les fréquences, positives et négatives, provenant des profondeurs du temps et de l’espace.
Une fois encore Alex Carpani fait preuve de modernité et produit une musique qui alterne les parties de rock énergique avec d'autres qui jouent beaucoup plus sur les ambiances avec l'apport de la mezzo soprano Valentina Vanini. Ces dernières sont sans doute celles aussi où le savoir-faire de compositeur d'Alex Carpani se fait le mieux sentir.  
Avec cet album, Carpani amalgame différents styles qu'il a pratiqué tout au long de sa carrière, que ce soit le rock progressif, l'ambient, la musique électronique, le prog métal et bien sûr le rock symphonique.En fait, il apparaît qu'il s'est enfin complètement débarrasser des influences prog qui marquaient ses précédents albums, que ce soit Genesis, Peter Gabriel, King Crimson, Pink Floyd ou  encore VDGG (David Jackson est d'ailleurs présent sur plusieurs de ses disques). Là, il me fait plus penser par moments à ce qu'a produit Andy Jackson avec une nette dimension cinématographique en plus. A cet égard, les séquences durant lesquelles Valentina Vanini intervient pourraient assez facilement rappelé le Goblin de Non Ho Sonno
Si je dois donner une préférence entre les deux suites, et même si "Amnesiac" présente dix dernières minutes somptueuses, j'opte quand même pour "Good and evil" qui me semble imparable et tenir la distance tout au long de ses neuf parties toutes plus passionnantes et catchy les unes que les autres. Une suite qui constituerait une superbe B.O. au passage.
Au début de cette chronique, j'indiquais que cette nouvelle sortie marquait sûrement un tournant dans la carrière discographique d'Alex Carpani. Je le confirme. Cet album dépasse de la tête et des épaules tous ses précédents disques qui étaient déjà de grande qualité. Mais The Good Man me semble être ce qu'Alex Carpani a fait de plus ambitieux mais aussi de plus personnel (dans le sens artistique du terme) à ce jour. Cet album mérite d’être défendu sur scène dans une version symphonique. 
Nul doute que The Good Man va compter dans le best of des meilleurs albums de RPI pour 2024. 

Les musiciens : Alex Carpani (chant et chœurs, claviers, drum machines, basse synthé, guitares virtuelles), Bruno Farinelli (batterie), Giambattista Giorgi (basse), Emiliano Fantuzzi (guitares), Alessio Alberghini (saxo soprano), Valentina Vanini (chant féminin). mezzosoprano
 
La tracklist : 
 
Suite "Amnesiac"
01- Amnesiac part 1: On A Train
02- Amnesiac part 2: The Perfect Chaos
03- Amnesiac part 3: Flashbacks
04- Amnesiac part 4: The Edge Of My Mind
05- Amnesiac part 5: Diamond In The Rough
06- Amnesiac part 6: Past Life
07- Amnesiac part 7: Heart Calling
08- Amnesiac part 8: As Light Returns
09- Amnesiac part 9: End Of The Day 

Suite "Good And Evil"
10- Good And Evil part 1: Lost Frequencies
11- Good And Evil part 2: The Flow
12- Good And Evil part 3: P.T.S.D.
13- Good And Evil part 4: Stillness And Ecstasy
14- Good And Evil part 5: Flirting With Darkness
15- Good And Evil part 6: Mystical
16- Good And Evil part 7: Leaving The Path
17- Good And Evil part 8: Masquerade
18- Good And Evil part 9: Everything Falls Into Place

Sortie le 6 décembre 2024
Label : Artist Records
Distribution : Pick-Up Records

Quelques liens pour écouter :