dimanche 12 juillet 2020

Corpo III

Croyez vous qu'il puisse exister un groupe qui se situe musicalement à mi chemin entre Picchio dal Pozzo d'un côté et Opus Avantra de l'autre ? Quand on connaît ces deux formations, leur niveau d'excellence technique et leur degré d'exigence musicale, cela paraît difficile. Et pourtant ce groupe existe. Il s'appelle Corpo et a été formé en ... 1969 à Montesardo à côté de Lecce. Après avoir pas mal tourné dans les années 70 et avoir connu un certain succès en Allemagne et en Suisse, les membres de Corpo refusèrent au dernier moment d'enregistrer leur premier album (en France !) par manque de confiance dans l'industrie musicale. Nous étions alors en 1977. Le groupe tomba ensuite bien sûr dans les oubliettes.
C'est Loris Furlan qui redécouvrit Corpo en 2016 et exhuma les bandes de l'époque pour en faire un coffret de deux disques (Corpo I & II) publié, comme il se doit, chez Lizard Records. Devant l'intérêt suscité par leur musique, les frères Calignano (Biagio et  Francesco) ont décidé de remettre le couvert en 2020 et nous proposent un album étonnant, pour ne pas dire unique en son genre, sobrement intitulé III, qu'ils définissent eux-même comme un disque de musique totale.
A l'écoute de l'opus, il apparaît qu'effectivement les musiciens ne se contentent pas de se cantonner à un genre défini. Outre les deux groupes de référence cités plus haut, Corpo III va chercher loin ses sources d'inspiration : le classique (Ravel, Stravinski, Mahler), le Canterbury, le Rock in Opposition, le free jazz mais aussi le Krautrock et même l'électro rejoignant en cela les travaux les plus exigeants de Franco Battiato mais en dépassant sans aucun doute le maître dans cet exercice périlleux. Quasi exclusivement instrumentale (une voix féminine lyrique apparaît toutefois à deux reprises, d'où le rapprochement avec Opus Avantra), sa musique subit quelques déstructurations admirablement contrôlées. L'impression d'avoir affaire à un kaléidoscope sonore s'impose rapidement de par la richesse du propos et tourne même au bout d'un moment à l'écoute obsessionnelle, l'oreille se mettant en mode "alerte permanente" à la recherche de la moindre variation (et dieu sait qu'il y en a tout au long de cet album et de ses huit pièces).
Le tout donne un résultat captivant, sonnant à la fois daté et d'avant-garde, donc sûrement intemporel mais en tout cas remarquable et totalement décalé par rapport à ce qui sort aujourd'hui.

Ce lien YT vous permettra de vous faire une idée de l'OVNI musical qui vous attend.

La tracklist :
1. Rue Bourbon a New Orleans
2. Musiche per la sepoltura di Gigia fedelissima cagnolina spartana
3. Lincoronazione di Maria Carolina a caserta per mano dei filosofi parmenidei (parte prima)
4. Lecce
5. Quando i greci dellitalia del sud inventarono il mondo
6. Francesco Calignano suona per Girolambo Malcarne
7. Il tempo è solo un illusione
8. Osvaldino e il gatto con gli stivali del mosaico di Otranto

Les musiciens :
Francesco Calignano (guitares, effets), et Biagio Calignano (claviers, synthé basse, batterie) sont accompagnés de : Giuseppe Amoroso (trombone, tuba), Fabio Cicerello (saxophones ténor et soprano), Antonio Grassi (trompette), Ivana Cammarota (chant), Andrea De Jaco (basse), Mario Calignano (basse sur 6)

Label : Lizard Records (http://www.lizardrecords.it/)

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