samedi 5 décembre 2020

Julius Project : Cut the Tongue (2020)

Sans le formidable amour d'une fille pour son père, cet album n'aurait jamais vu le jour. A la fin des années 70, Giuseppe Chiriatti (Julius !) fait partie d'un groupe, les Forum, qui connaît un certain succès du côté de Salente. Mais les morceaux que compose Julius entre 1978 et 1981 n'ont pas l'heure de plaire aux autres membres du groupe qui ont viré entre temps leur cuti pour pratiquer un jazz rock plus présentable que le prog désormais dépassé. Julius met donc ses compositions dans un tiroir. Elles vont y dormir pendant 35 ans jusqu'à ce que Bianca, la fille aînée de Julius tombe dessus et se rende compte qu'en fait de vieux titres poussiéreux, son père avait en fait écrit une suite de titres qui racontaient une histoire. Celle d'une jeune garçon perdu dans sa vie qui écoute d'abord la voix d'un faux prophète l'entrainant sur les chemins de la superficialité et des apparences faciles avant de ressentir le besoin de couper la langue (cut the tongue) à son oiseau de malheur et de trouver un sens à son existence en se réfugiant dans la solitude et la contemplation d'un cygne. 

Si Bianca aura été la fée donnant le coup de baguette magique pour redonner vie à ce projet, Paolo Dolfini en aura été l'homme providentiel. en acceptant de faire mieux que de collaborer, Paolo a  apporté tout sa science et son savoir-faire musical que ce soit au niveau des claviers ou de la mise en forme (les arrangements). Paolo a même rameuté du beau monde en faisant venir d'autres  membres de Jumbo (Paolo Dolfini, Dario Guidotti, Daniele Bianchini) mais aussi de Maxophone (Marco Croci) et même son fils Filippo à la  batterie. Car cet album est aussi une histoire de famille avec les filles de Julius présentes sur l'album : Bianca Berry, l'aînée (également journaliste musicale)  qui assure le chant lead et les chœurs sur une grande partie des titres et Martina (la cadette) qui fait la voix de prophète sur "Mask and Money".

L'enfer est pavé de bonnes intentions dit l'adage. Encore fallait-il que cette équipage de fortune, plein de bonnes intentions justement, se mette au service d'une création artistique qui tienne la route pour pouvoir ensuite la transformer en une œuvre aboutie, présentable dont ses géniteurs puissent être fiers.

Entre opéra rock et comédie musicale, tout particulièrement sur "Mask and money", "Welcome to the meat grinder" "Wandering", Cut the tongue est avant tout une œuvre enchanteresse marquée par la beauté de mélodies simples mais attachantes à l'instar d'un Camel qui reste une référence en la matière. J'aime ce style de pop progressive qui parle directement à votre cœur mais qui sait aussi vous faire dresser les oreilles par des passages plus corsés (sur "Welcome to the meat grinder", il y a vraiment de quoi se régaler. Quel grand titre !). Pour ceux qui aiment les morceaux plus enlevés qui dépotent bien, je vous donne rendez vous sur "Speed kings" qui a tout du hard prog épique et sur lequel Marco Croci fait entendre sa voix, fort belle ma foi. Et puisqu'on parle du chant, Bianca Berry réussit une jolie performance en s'imposant avec un timbre de voix qui colle parfaitement à la tonalité d'ensemble pleine de candeur (écoutez "We know were are two" ou "Glimmers", c'est à chaque fois un pur délice). L'autre surprise, question chant, est bien l'apparition d'une voix connue de tous les vieux amateurs de prog, celle de Richard Sinclair sur "Cut the tongue", une très belle chanson, composée spécialement en 2019 par Julius pour un de nos anglais préféré exilé en Italie. Pour revenir au côté prog, il y a là aussi de quoi se faire plaisir avec notamment les instrumentaux "I see the sea" (avec Julius au Hammond et Paolo au minimoog s'il vous plait) et "Wandering" qui devraient vous faire lever de votre chaise.

Julius imaginait-il à l’époque où il a composé sa saga qu'elle aurait un jour cette forme musicale. la question sera à lui poser. En tout cas, le résultat ne peut qu'être a minima à la hauteur de ses aspirations inavouées. Autant le dire et l'affirmer haut et fort : Cut the tongue est une vrai réussite qu'il faut savourer avec d’autant plus de plaisir que tout cela est totalement inattendu.

La tracklist :

  • 1. The fog
  • 2. In the room
  • 3. You need a prophet
  • 4. Mask and money
  • 5. Welcome to the meat grinder
  • 6. Speed kings
  • 7. Clouds pt. 1
  • 8. Clouds pt. 2
  • 9. Cut the tongue
  • 10.The swan
  • 11.Island
  • 12.We know we are two
  • 13.I see the sea
  • 14.Glimmers
  • 15.Castaway
  • 16.Wood on the sand
  • 17.Wandering
  • 18.Desert way

Les musiciens : Bianca Berry (chant lead et chœurs sur 1, 3, 6, 18), Filippo Dolfini (batterie et percussions), Marco Croci (basse, chant lead et chœurs sur 6), Dario Guidotti (flûte, chant lead sur 3), Francesco Marra (guitares), Mario Manfreda (guitares), Paolo Dolfini (claviers, chœurs, arrangements), Julius (claviers, chant lead sur 1 et 16).

+ les invités : Richard Sinclair (chant lead sur 9), Martina Chiriatti (voix sur 4), Egidio Presicce (sax tenor sur 9), Daniele Bianchini (guitare sur 9),  Flavio Scansani (guitares sur 14 et 17) 

Faites vous plaisir avec l'édition, l'artwork et le package sont vraiment soignés 

C'est en vente chez GT Music


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

si vous n arrivez pas à poster votre commentaire, contactez-moi directement. En tout cas merci à vous pour l intérêt que vous portez à ce blog.