jeudi 1 septembre 2022

Spécial Edmondo Romano


Le génois Edmondo Romano est un homme discret et un musicien que l'on connaît sans le savoir. Car ce multi instrumentiste particulièrement doué, spécialiste des instruments à vent (clarinettes, saxophones, flûtes, chalumeau...), est quelqu'un de très demandé. Qu'on en juge : il a participé à cent quarante disques et a joué pour de nombreux musiciens et groupes connus : les New Trolls, Picchio Dal Pozzo, Vittorio De Scalzi seul, Ares Tavolazzi ex Area), Mauro Pagani et même la PFM. Il a aussi fait partie de plusieurs formations de prog italien, et pas des moindres: d'abord Eris Pluvia à la fin des années quatre vingt (l'album Rings of Earthly Light en 1991) puis The Ancient Veil de 1995 à aujourd'hui (albums Ancient Veil, I am changing, New, Rings of earthly...live, Unplugged ...live), deux groupes qu'il a co-créé et dont le nom parlent aux amateurs de RPI. Mais il a aussi participé à beaucoup d'autres projets et albums dont plusieurs concernent Höstsonaten, une des formations menées par Fabio Zuffanti, qui au moins à ses débuts était très proche stylistiquement parlant d'Eris pluvia justement. Edmondo Romano est présent sur les albums Mirrorgames (1998),  Springsong (2002), Wintertrough (2008), Autumnsymphony (2009) ainsi que sur Merlin : The Rock Opera publié en 2000 sous le seul nom de Fabio Zuffanti.

Ce que l'on sait encore moins, c'est qu'Edmondo Romano a sorti deux albums solo qui lui permettent de démontrer toute l'étendue de son talent comme instrumentiste bien sûr mais aussi comme compositeur. Il est à chaque fois accompagné de musiciens de son niveau. Difficile de tous les citer, mais enfin on trouve quand même des pointures comme Gianfranco Di Franco (Franco Battiato, Franco Micalizzi), Ares Tavolazzi(ex Area), Arturo Stalteri (Pierrot Lunaire), Marco Fadda (Alan Simon, Excalibur), Kim Schiffo entre autres !

En marge du rock progressif, ces deux albums sont les reflets de ses aspirations les plus intimes avec à chaque fois une facette différente de l'artiste. Sonno Eliso (2012) baigne nettement dans des ambiances qui évoquent régulièrement les divers idiomes musicaux du bassin méditerranéen, côté Italie du sud et ses pourtours bien sûr mais Edmondo va aussi chercher ses influences un peu plus loin jusqu'à importer des évocations subtiles des Balkans ou même un air traditionnel de Turquie ("Preghiera"). Les compositions sont construites sur des structures solides rappelant soit une forme adaptée de musique de chambre (avec un nombre réduit d'instruments à vent et à cordes), soit (plus rarement) un jazz très doux, mêlant à chaque fois intimement une multitude d'éléments de folklore ethnique (tons, gammes, mélodies, rythmes) pour un résultat d'une richesse incroyable. Missive Archetipe (2014) garde le côté acoustique de son prédécesseur mais se révèle très vite beaucoup plus proche d'une forme de musique de chambre moderne (qui était déjà présente dans Sonno Eliso mais moins mise en avant), avec quelques incursions dans le R.I.O. ("Il giardino degli animali eterni"), même si la présence de Mare nostrum reste en permanence prégnante. Ce deuxième album est aussi l'occasion pour Edmondo d'ajouter quelques touches de voix féminines dont l’utilisation est tout simplement sublime entre féérie onirique ("Ahava"), murmures mystiques (" Di questo amore morite") et chant profane médieval (le début et la fin de "Vestire la tua pelle").

Mais que l'on écoute Sonno Eliso ou Missive Archetipe, on remarque à chaque fois la place laissée à la beauté des mélodies avec très souvent des interprétations recueillies, souvent introspectives, parfois lancinantes, jamais démonstratives. On comprend qu' Edmondo a ces thèmes musicaux en lui et qu'ils sortent naturellement de son subconscient pour prendre forme. Ce qui se révèle de sa musique est une forme de beauté naturelle, immanente qui s'apparente à une lumière que l'on ressentirait plus que l'on verrait, une perception d'ondes bienveillantes et rassurantes. Tout est doux, léger mais néanmoins profond. Il y a surtout une majorité de compositions complexes, fouillées et pourtant étonnamment fluides. 

Ma préférence va à Missive Archetipe, non pas que Sonno Eliso démérite bien au contraire (je pense aux émouvants et envoutants "Canto di lei" et "Nadi" par exemple mais aussi à "Sonno Eliso"), mais je crois que Missive Archetipe est encore supérieur autant par l'intensité tout en retenue de ses compositions que par sa capacité à transporter l'auditeur dans l'univers musical très personnel (j'allais écrire "privé") d'Edmondo justement. Je range Missive Archetipe à côté des meilleurs disques de Gatto Marte, Julverne, Univers Zero, Present et encore Aranis, c'est dire. Cet album est d'une beauté inouïe ("Petali di carne", "Questa Terra", "Massive Archetipe") tout au long des 43 minutes qui passent comme un rêve éveillé. Comment un chef d’œuvre de ce calibre peut-il être resté aussi (longtemps) méconnu ? 

Je me permets donc de vous conseiller de rattraper un retard bien excusable. il n'est jamais trop tard quand il s'agit de découvrir des gemmes de ce niveau.

Sonno Eliso

Missive Archetype

Tracklists des deux albums (vous pouvez écouter chaque titre en cliquant dessus) :

Sonno Eliso

1

 

Sonno eliso

2

 

Canto di lei

3

 

Preghiera

4

 

Corpo

5

 

Fiato

6

 

Intercessione

7

 

Rilucente

8

 

Canto di lui

9

 

Nadi

10

 

Trasfigurazione

11

 

Risucchio

12

 

Intelletto

13

 

Risonanza

Missive Archetipe

1

 

Petali di carne

2

 

Parabola

3

 

Carme

4

 

Ahava

5

 

Dato al mondo

6

 

Ninna Nanna

7

 

Il giardino degli animali eterni

8

 

Di questo amore morite

9

 

Diluvio

10

 

Questa Terra

11

 

Vestire la tua pelle

12

 

Missive Archetipe




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