mardi 6 juin 2023

Le Vele Di Oniride : La Quadratura del Cerchio (FR)

C'est toujours quand je m'y attends le moins que je découvre une petite merveille bien cachée au milieu d'une pile d'albums à écouter. Décidément, le prog italien n'en finit pas d'étonner pendant que d’autres tournent en rond depuis quelques dizaines d'années maintenant.  

Pour Le Vele Di Oniride, l'histoire a commencé une première fois en 2006 avec le groupe Ellephant créé par le guitariste Nello De Leo. Pendant plusieurs années, les compositions ont subi des modifications et des évolutions jusqu'à ce qu'en 2017, Nello décide que la période de gestation était terminée et que cette musique était enfin digne d'apparaître au grand jour. Le Vele Di Oniride était né.  

Comment vous dire ? Vous vous rappelez F.E.M. avec Sulla Bolla Di Sapone en 2014 et Mutazione en 2018, ou encore La Bocca della Verità en 2016 avec Avenoth ? Et bien nous sommes dans le même registre : un rock progressif expressif, charnu, plutôt sombre qui appuie fort à l'occasion, avec pourtant régulièrement des phases de respirations, parfois oniriques, parfois psychédéliques, mais avec toujours une grande pertinence dans le propos. C'est comme cela qu'il vous faudra appréhender un morceau comme "Madi Di Niente, Figli Di Nessuno" qui flirte avec le doom et le dark prog, se rapprochant même par certains côtés de Deus Ex Machina. En tout cas, un titre énorme qui coupe le souffle par son intensité et par son atmosphère lourde en souffre. Écoutez la longue litanie de chœurs spectraux en milieu de piste. Et je ne vous parle même de l'orgue en furie de Cristiano Costa, une vraie tuerie !

La maturité de ces sept compositions surprend. "Sogni Infranti" installe le son du groupe dans ce qui ressemble à un entre-soi qui va progressivement se transformer en une symphonie majestueuse qui prend de l'ampleur et de la force au fil des minutes, amenant ainsi la partie chantée qui permet de découvrir la voix puissante de Francesco Ronchi. "L'illusione dell'Oblio" permet de passer la vitesse supérieure. Il s'agit d'un morceau tout en contrastes qui impose définitivement le groupe parmi les meilleurs.L’enchainement avec "Catarsi' est malin. On y découvre un groupe qui manie l'art de la ballade dark ambient avec une finesse qui laisse rêveur. Le morceau dure presque huit minutes et pourtant le temps passe vite, peut-être car il s'agit d'une chanson hors du temps justement. Au passage, la longue séquence instrumentale, entre chorus de guitare magnifique et orgue cryptique, est à tomber par terre. Si "Apologia Di Reato" semble d'emblée plus primaire avec notamment la section basse/batterie qui fonctionne comme un vrai rouleau compresseur, il est quand même bon d'attendre la partie centrale spacey et le final en apothéose pour comprendre le morceau. Avec "Isolazione", le groupe revient à un format chanson qu'il maîtrise à la perfection : un riff de guitare en intro que l'on peut siffler sans problème, des couplets emplis d'émotion, un refrain emphatique qui fait immédiatement décoller le morceau, un pont très neo prog au synthé, et çà passe. En fait, tout passe avec Le Vele Di Oniride pour une bonne et simple raison, c'est que tout est mélodique. Ce morceau est tout simplement un tube potentiel. Comme je vous ai déjà longuement parlé de "Madi Di Niente, Figli Di Nessuno", on passe directement au titre final, "Miraggi Remoti" qui démarre calmement avec un petit arpège de guitare joué en ostinato sur fond de nappes de synthé évanescentes. Le groupe déroule tranquillement, avec tout juste Francesco Ronchi qui met ce qu'il faut d'intensité dans ses intonations pour donner du relief au morceau. Le titre est d'ailleurs largement construit autour de sa ligne de chant. La bascule se fait à la cinquième minute avec un emballement très progressif lancé par la guitare électrique rapidement rejointe par la batterie de Jacopo Cenesi qui se charge d’accélérer le tempo et de lancer pour de bon cette magnifique envolée avant de retrouver la voix de Francesco Rocchi pour les dernières mesures.

La Quadratura del Cerchio est une belle surprise à laquelle je ne m'attendais pas. Voici un dark prog, oh combien attirant, avec ses lignes mélodiques tendues et ses parties rythmiques variées, servi par des chorus de guitares ajustés au millimètre, des claviers prolixes mais sans jamais en faire trop, et surtout une voix prenante qui impose son charisme contagieux et une humanité qui vous touche.

Une fois encore le prog italien contemporain m'aura émerveillé et aura justifié tout l'intérêt et toute l'attention qu'il faut porter à ce qui vient de ce pays, décidément fait pour porter la plus belle musique qui soit.

C'est sorti le 30 mai 2023 chez Lizard Records  

Pour le bandcamp du groupe, c'est ici.

Le groupe : Francesco Ronchi (chant, chœurs), Nello De Leo (guitares, synthé, chœurs), Lorenzo Marani (basse), Jacopo Cenesi (batterie), Cristiano Costa (claviers, synthés, piano)

La tracklist :

  1. Sogni Infranti
  2. L'illusione dell'Oblio
  3. Catarsi
  4. Apologia Di Reato
  5. Isolazione
  6. Madi Di Niente, Figli Di Nessuno
  7. Miraggi Remoti

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