dimanche 20 juillet 2025

Doracor : Unexpected Intersections

 

Après pile trente années d'existence et neuf albums publiés, Doracor aka Corrado Sardella reste toujours aussi discret et finalement très peu connu à part pour quelques initiés du rock progressif italien dont vous faites sûrement partie chers lecteurs (-trices ?) sinon vous ne seriez pas sur cette page en train de lire cette chronique.
Pourtant Corrado Sardella pourrait facilement la ramener car il a régulièrement accompagné, comme claviériste, des musiciens plutôt bien établis comme Bruno "Red" Canzian (Capsicum Red, I Pooh), Stefano Marazzi (Pino Daniele), Roberto Tiranti (Mangalla Vallis, Labyrinth, Wonderworld), Titta Tani (Goblin, Astra) et même Ian Mosley (Marillion).
Son activité de session-man reconnu, et donc très demandé, l'a pas mal occupé ces dernières années, ce qui explique les dix ans qui séparent ce nouvel album du dernier, le double CD Passioni postmoderne di un musicista errante, qui était au passage une belle réussite.
Il semble que la rencontre en 2024 avec la musicienne Lorena Cossu ait accéléré le processus de mise en chantier de Unexpected Intersections, un album ambitieux de 75 minutes comprenant 14 morceaux dont une suite de 15 mn 33, elle-même découpée en 11 sous-parties. Tout cela pour évoquer de manière sublimée l'enfant qui est (reste) en nous. 
A l'écoute, la présence de Lorena Cossu se fait largement sentir autant du côté composition que du côté chant bien sûr pour un résultat qui oscille entre pop et prog. Le penchant pop, que l'on entend plutôt sur les titres courts, est en fait plus proche d'une pop symphonique empreinte d'un grand romantisme.  Le prog peut lui être apparenté à du néo prog tour à tour rutilant et chatoyant. Il concerne principalement les morceaux plus longs, "Remnants of memories" et surtout "Unexpected Intersections", la suite de 15 minutes qui se termine par la reprise réellement magnifique du thème de "Our better world", joué cette fois à la cornemuse. Complètement à part, l'étonnant funky-soul "Distant lights" fait un peu figure d'OVNI dans le décors, mais se savoure avec plaisir.
Au final cet album de Doracor se révèle facile d'accès et ouvert à des oreilles étrangères au prog, ce qui n'exclut pas, loin de là, une exigence dans l'écriture pour un rendu qui ne manque pas de grandeur.

Les musiciens : 

Corrado Sardella : claviers, guitares, basse
Lorena Cossu : chant, choeurs
Kostas Milonas : batterie

+ John Jowitt (basse), Mirko De Maio (batterie), Simona Malandrino (guitare), Elisa Montaldo (chant, claviers).

La Tracklist :
1. Journey
2. Remnants of memories
3. After waking
4. Il coraggio di essere
5. Distant lights (You can't forget)
6. Quel folle volo
7. That silent tear - Intro
8. That silent tear
9. And I miss you…
10. Simply you
11. Stella d'agosto
12. Laurie
13. Esegesi di una fiaba inenarrata
14. Unexpected intersections
a. Playing with fears (choir intro)
b. The forest of fear (01:04)
c. Can you listen to my voice?
d. Ethereal waves
e. Laurie Caurie (choirs)
f. Our better world
g. Voices
h. The purple nose
i. Us again
j. Our better world (bagpipes theme)
15. Di quei giorni infiniti

Sortie le 18 juillet 2025

Label : AMS Records

Distribution : www.btf.it

mardi 15 juillet 2025

il Segno del Comando : Sublimazione (annonce)

Il Segno del Comando annonce la sortie d'un album live pour juillet 202 C'est un petit évènement en soi puisque que le seul témoignage in vivo du groupe consistait jusque là en un enregistrement en conditions live mais en studio en ... 2017. Il s'agit d'Il Segno del Comando : ... Al passato, al presente, al futuro...Live que je vous avais présenté il y a déjà quelque temps à l'occasion de sa réédition 2024, chronique ici.

En attendant de vous en dire plus, je vous laisse méditer ces quelques mots de présentation du leader du groupe, Diego Banchero : "La SUBLIMATION, pris dans son sens ésotérique, concerne les étapes de la croissance spirituelle, mais le terme est utilisé dans de nombreux domaines scientifiques pour désigner des processus de purification et de développement. Un live est aussi une évolution de morceaux écrits au fil des ans sous une nouvelle forme".


vendredi 11 juillet 2025

Hora Prima : Hora Prima (2)

En 2020 L'uomo delle genti avait permis de faire connaissance avec Hora Prima, un jeune groupe en provenance de Bari, œuvrant jusque là dans la grande lignée du rock progressif italien le plus traditionnel qui soit.
Depuis le groupe a effectué quelques remaniements internes et non des moindres avec les départ du guitariste Gianluca De Bene et de la bassiste Valeria Tritto, cette dernière étant remplacée par Roberto Di Lernia, et enfin l'arrivée d'un "vrai" chanteur en la personne d'Andrea Catalano que l'on avait déjà croisé avec la formation de prog metal Mujen. C'est avec cette composition de groupe récente que Hora Prima s'est d'ailleurs présenté au Forum 19 du festival Veruno en 2024.
Bien que la pochette de ce nouvel album éponyme fasse plutôt penser à un énième brûlot de pagan metal, je vous rassure Hora Prima n'a pas viré sa cuti. Il s'agit bien d'un disque de rock progressif. Tout au plus s'étonnera-t-on de sa durée relativement courte, 32 minutes sans la bonus track.
Pour le reste, c'est à dire les six morceaux de l'album, le groupe navigue avec aisance dans un RPI qui évoque assez facilement des groupes relativement récents comme La Coscienza di Zeno, Not a Good Sign ou encore FeM (flagrant sur "Intelligenza Artificiale"). Mais les musiciens se plaisent aussi à brouiller les pistes, que ce soit pour le très 'expérimental "Deus ex Machina" dont la deuxième partie permet de respirer agréablement avec une séquence jazz fusion très réussie, ou encore pour le funky jazzy "Al Khwarizmi". Quant à "Diari dalla IV Dimensione", on ne peut qu'apprécier son côté prog enlevé et exigeant, quelque part entre Il bacio della Medusa et Ingranaggi della Valle. Enfin, on prendra plaisir à écouter "Delirium omnibus", une chanson survitaminée et accrocheuse, sans prétention, mais dont le long pont central instrumental est vraiment très jouissif. La reprise des New Trolls, placée en piste bonus, n'apporte rien à l'original mais reste une belle performance au niveau vocal, l'exécution du morceau demandant un réel savoir-faire en matière de polyphonie et de chant en canon.
Incontestablement plus éclectique mais aussi plus audacieux, ce second album n'en reste pas moins un travail de transition qui appelle un troisième album qui devra démontrer une ligne directrice plus claire ou tout au moins un style musical plus affirmé. Dans cette optique, les morceaux "Intelligenza Artificiale" et surtout "Diari dalla IV Dimensione" me semblent de solides bases à exploiter.

Le groupe : Andrea Catalano (chant), Domenico De Zio (guitares), Roberto Di Lernia (basse, chœurs), Francesco Bux (batterie, synthés, chœurs), Roberto Gomes (claviers, chœurs).

La tracklist :

1. Uomo Ancestrale (Primordio)
2. Intelligenza Artificiale
3. Deus Ex Machina
4. Delirium Omnibus
5. Diari dalla IV Dimensione
6. Al Khwarizmi
7. Le Roi Soleil (bonus track)

Sortie : le 4 juillet 2025


jeudi 3 juillet 2025

I Giullari di Corte : Via Fulton 4

En 2020, vous pouviez déjà lire sur ce blog la chronique du premier enregistrement du groupe I Giullari di Corte, Presa di Coscienza, un album qui était d'ailleurs mis au tableau d'honneur des meilleures sorties RPI de l'année de ce même blog. Depuis, cinq années ont passé et, après pas mal de péripéties, le groupe revient avec un deuxième disque, Via Fulton 4, publié cette fois par un label (Areasonica Records). Il ne reste plus maintenant qu'à l'écouter !
Les trois premières pistes de l'album sont assez disparates et évoquent plusieurs mouvances prog. Si "Genesi" est à l'évidence une réminiscence d'un RPI à l'ancienne, l'instrumental qui suit, "Fatto, sfatto e soddisfatto", doté d'une très belle fin épique, lorgne plus vers le IQ des années 80 (cf. les multiples changements de rythmes et les sonorités de synthés) alors que "Shine on your crazy divac." est, comme son nom l'indique, un clin d’œil au Floyd, au moins pour ce qui est de l'intro du morceau car après la 3ème minute, le groupe bascule dans un univers plus proche de celui du vénérable Greenslade . Mais ne vous laissez surtout pas abuser par cette entrée en matière tout azimut, car les Bolognais haussent ensuite franchement le ton et se lancent sans retenue dans un hard prog vintage. Ils alignent ainsi quatre titres de belle tenue ("La corsa sul tempo" "Giullare", "Venerdi", "Il cappellalaio matto") avant de terminer sans forcer avec le bluesy rock "Che fine ha fatto la signora Colombo ?", pas très éloigné de Wishbone Ash. Je note au passage que les musiciens savent appuyer sur la pédale d’accélération quand il le faut. Le final de "Giullare" en est, à cet égard, un bon exemple.
Autre point intéressant à souligner : le groupe a un son bien à lui que j'aime beaucoup. Il est très souvent fait de timbres clairs avec une utilisation d'effets de base (disto, wah wah) sur la guitare électrique, une basse lourde, une batterie qui va à l'essentiel sans fioriture inutile et enfin ces sons d'orgues vintage inimitables avec des machines modernes. 
En jouant habilement sur les deux tableaux, prog rock et heavy prog, I Giullari di Corte réussit à offrir un résultat global qui tient la route même si, à mon avis, c'est bien dans ses performances hard rock, et accessoirement hard blues ("Il cappellaio matto"), que le trio de Bologne est le plus convaincant. Mais, j'insiste, la cohabitation avec les séquences plus prog se fait de toute façon très bien. 
Même si I Giullari di Corte ne va rien révolutionner avec Via Fulton 4, vous pouvez être sûr que vous trouverez du plaisir à écouter les huit pistes de cet album, chacune d'entre elles recelant des idées intéressantes développées en toute simplicité sans jamais donner l'impression de vouloir en rajouter mais avec gardant en permanence un grand sens de l'efficacité. 
En tout cas, contrairement à ce que le nom du groupe pourrait laisser croire, les bouffons du rock progressif ne sont pas à chercher du côté d'I Giullari di Corte ! (just a joke bien sûr !). 
 
Le groupe : Alessio De Angelis (batterie, chant sur 3), Matteo Balestrazzi (basse, chant sur 5), Paolo Zacchi (guitares, claviers, chant sur 1).
 
La  tracklist : (écoute possible en cliquant sur chaque titre)