Rencontre avec Louis de Ny
J'ai
interviewé Louis de Ny, à l'occasion de
la sortie de son nouveau livre dédié à Patrick Djivas, bassiste de la PFM:
"Patrick Djivas, Via Lumiere".
Voici comment
cela a satisfait mes curiosités...
Athos Enrile, Giuseppe Terribile, Louis de Ny, Gino
Terribile
Peux-
tu dire au public italien toi histoire liée à la musique progressive? D’où
vient ton amour pour le prog?
Ce
n’est pas original Athos, mais la musique, je suis tombé dedans tout petit. D’abord
le classique (par mes parents) et puis le rock à l adolescence. Ce que tu
écoutes à cette période de ton existence forme ton oreille et te conditionne
pour le restant de tes jours. Par chance, pour moi comme pour beaucoup d’autres
de la même génération, j’ai commencé par la pop des Beatles, puis le rock
prospectif (on ne disait pas « progressif » à l’époque,
rappelez-vous) allant de King Crimson à Pink Floyd en passant par Gentle Giant,
Camel, Caravan, le hard rock de Deep Purple et Uriah Heep et encore Traffic,
Jethro Tull ou les premiers disques de Queen. Le prog italien est venu assez
vite même si je l’avoue les premiers contacts avec le chant en italien, via
Banco del Mutuo Soccorso et Le Orme, m’ont un peu dérouté. Pour une raison
assez floue mais sans doute liée à ce que j’écoutais à l’époque, j’ai d’abord
été attiré par des groupes comme Museo Rosenbach, Biglietto Per l’Inferno, Il
Balleto di Bronzo ou Alphataurus, qui étaient des formations développant dans
leur musique un côté hard prog assez marqué. Mais j’ai aussi très vite adoré
Delirium, Maxophone, la Locanda delle Fate, Quella Vecchia Locanda et... J’ai
vraiment trouvé dans ce courant musical tout ce que je recherche dans la
musique. Le prog italien est une sorte de melting pot parfaitement équilibré
qui amalgame avec une sorte d’évidence tous les styles de musique que j’aime (baroque, rock,
hard, pop, jazz et folklore méditérannéen). S’ajoute aussi à cela votre
capacité, vous les italiens, à toujours être mélodiques. On dirait que chez
vous c’est dans votre ADN. Vous avez ce
sens très naturel du beau et une évidente envie de vous faire plaisir mais
aussi de faire plaisir en accouchant de belles chansons. Enfin, j’avoue que
c’est le rock progressif italien qui me procure le plus de vibrations positives
et de charges émotionnelles fortes. Çà
ne s’explique pas vraiment de manière rationnelle en fait. Sans doute une
question de sensibilité très personnelle.
As-tu également eu une approche de musicien ou seulement d'auditeur?
A
la base je connais et je lis la musique, je joue de la guitare et comme tous
les adolescents, j’ai fait partie de groupes de rock éphémères et sans
avenir !
Disons
que je comprends mieux la musique que je ne la joue !
Peux-tu parler des livres que tu as écrits au fil des ans?
Peux-tu parler des livres que tu as écrits au fil des ans?
J’ai
écrit des deux livres en français sur le rock progressif italien («Le Petit
Monde du rock Progressif Italien» et «Plongée au cœur du rock progressif
italien»). Je ne les ai pas écrit pour toujours raconter la même histoire (vous
la connaissez mieux que moi en Italie) mais pour faire connaître le prog
italien à plein de gens, pour faire partager ma passion et mes émotions pour
cette musique et pour mettre en avant les musiciens. D’ailleurs dans mon
deuxième livre (« Plongée au cœur du rock progressif italien »), il y
a toute une partie consacrée à 15 musiciens italiens connus qui s’expriment sur
plein de sujets.
Le
dernier livre est une biographie sur Patrick Djivas, le bassiste de Premiata Forneria Marconi.
Ton nouvel emploi est dédié à Patrick Djivas: pourquoi ce choix ?
C’était
en fait assez logique pour moi. Je m’intéresse au rock progressif italien.
J’écris sur le rock progressif italien (des livres mais aussi mon blog). Et il
y a en Italie un musicien français, Patrick Djivas, qui joue dans un grand
groupe de prog italien, Premiata Forneria Marconi et que j’admire. Alors
évidemment c’était naturel que je fasse ce livre sur lui.
Comment as-tu traité le sujet "Djivas"? As-tu seulement étudié les aspects techniques et musicaux ou tu es même entré dans la vie personnelle?
«Patrick
Djivas, Via Lumière » est une biographie. C’est la vie de Patrick pendant
plus de soixante dix ans d’existence. Donc çà a demandé des dizaines d’heures
d’entretiens et de conversations, mais avec Patrick c’est facile car il connaît
beaucoup de choses, il raconte bien et son esprit est très structuré. Les
aspects techniques et musicaux
ont été amenés et développés par Patrick lui-même, que ce soit sur la musique
en général ou sur la basse.
Comment le livre a-t-il été reçu en France?
Bien.
Il y a beaucoup de gens à me suivre mais aussi beaucoup de gens qui
s’intéressent au rock progressif, donc çà se passe bien. Mais notre objectif
(Patrick et moi) est d’avancer sur la version italienne. Nous espérons vraiment
qu’elle pourra se faire et sortir. On est d’accord, Patrick est beaucoup plus
connu en Italie qu’en France, donc c’est l’édition italienne qui nous
intéresse. Nous cherchons un bon éditeur italien.
Comment juges-tu la santé de la musique progressive?
Le
rock progressif est passé en cinquante ans du statut de musique de référence à
celui de musique élitiste faite pour une minorité de connaisseurs. C’est comme
çà ! Dans notre société actuelle, le rock progressif est trop complexe et
trop exigeant pour réussir à s’imposer et plaire au plus grand nombre.
Je
crois dans ce mouvement musical quand je vois et j’entends de jeunes musiciens
âgés de vingt cinq ans faire un rock progressif pur et inspiré. Mais je crois
aussi que l’âge d’or est passé et définitivement terminé. C’était la période de
l’aventure. C’est comme la conquête de l’ouest en Amérique. çà n’existe qu’une
fois et après on fait vivre le mythe et on se raconte les belles histoires le
plus longtemps possible.
Je t'ai rencontré en Italie et je sais que le prog italien
est important pour toi: quels sont les groupes du passé et les plus jeunes qui
t'ont le plus impressionné?
Je
ne peux pas répondre directement à la question Athos, il y a trop de groupes
importants pour moi. Et si j’en cite et que j’en oublie, je vais me faire plein
d’ennemis en Italie. Je vais te répondre en reprenant
ce que j’ai déjà évoqué en France lors de conférences que j’ai faites sur le
rock progressif.
Pour
le rock progressif italien, je donne souvent trois points de repère
correspondant à trois périodes distinctes et importantes du prog italien. Pour
le golden age des seventies, je cite le deuxième album de Banco del Mutuo
Soccorso (« Darwin »), un LP parfait de la première à la dernière
note, qui est incontestablement le point haut de la discographie des romains
(je pourrais aussi citer « Uomo di Pezza » de Le Orme ou « L’isola
di Niente » de la PFM). Ensuite, pour la renaissance du prog italien au
début des années 90, je parle du premier
album de Finisterre car ce groupe de Gênes a vraiment eu l’ambition de redonner
ses lettres de noblesse au prog italien au bon moment et « Finisterre »,
sorti en 1995, est clairement une oeuvre ambitieuse pour son époque. Enfin pour
la période plus récente (les années deux mille), je choisis le premier album d’Il
Tempio delle Clessidre. La formation d’Elisa Montaldo a réussi en 2010 à
catalyser le meilleur de l’ancien et du moderne. En plus, on entend sur ce
disque la voix poignante de Stefano Galifi qui donne une intensité incroyable à
la musique. Voilà, je sais c’est très réducteur. Que mes amis italiens me
pardonnent ce raccourci.
As-tu
eu l’occasion de faire des présentations de ton nouveau travail?
Des
présentations étaient prévues en mai et juin en France et à Milan. Elles ont
été stoppées net avec la crise du coronavirus et le confinement décidé en
France et en Italie. J’espère que nous allons pouvoir replanifier de nouveaux
évènements pour présenter le livre sur Patrick Djivas.
Quel sera ton premier acte musical à la fin de cette urgence sanitaire?
Aller très vite en Italie pour assister à un concert ou à un festival avec
plein de groupes prog italiens !
En
attendant je pense beaucoup à mes nombreux amis italiens et j’espère tous les
retrouver bientôt, souriants et en pleine forme.
Merci à toi Athos et merci à tous ces
musiciens italiens qui nous donnent autant de bonheur. Portez vous bien et faites
attention à vous.
INFO:
Blog de l'auteur: https://rockprogressifitalien.blogspot.com/
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