vendredi 3 avril 2020

LatteMiele 2.0 : Paganini Experience

Latte e Miele fait partie de ces noms de groupes italiens de la période dorée du prog qui évoquent des torrents d'émotions rien qu'en les prononçant. Je classe dans cette catégorie la Locanda delle Fate bien sûr mais aussi Apoteosi, Maxophone, Quella Vecchia Locanda et je pourrais bien sûr en citer bien d'autres.
Alors certes ce LatteMiele 2.0 est ce qu'on appellera une émanation du groupe original puisque Massimo Gori et Luciano Poltini sont en fait des pièces rapportées qui ont fait leur entrée dans le groupe en 1976 soit quatre ans et deux albums après les débuts de la formation génoise. C'est d'ailleurs eux qui sont en grande partie responsables du magnifique Aquile et Scoiatolli, le troisième album du groupe. Depuis, il s'est passé beaucoup de choses évidemment avec des réunions, des séparations et des retrouvailles. Ceux qui ont eu la chance de voir, entre 2008 et 2014, la formation d'origine avec Alfio Vitanza, Oliviero Lacagnina, Marcello Giancarlo Dellacasa rejoints par Massimo Gori auront vécu des instants de bonheur qui resteront longtemps gravés dans leur mémoire.
Pour ce nouveau projet, Massimo Gori et Luciano Poltini ont voulu rendre hommage à un compatriote génois, le violoniste Niccolò Paganini,  personnage aussi virtuose que fantasque, sorte de Yngwie Malmssteen avant l'heure, Paganini a d'ailleurs joué de la guitare et composé pour cet instrument allant jusqu'à alterner en concert les performances au violon et à la guitare. 
Paganini n'étant pas disponible (!), ils ont recruté une très (belle) violoniste, Elena Aiello,  qui avait fait une apparition en 2007 sur l'occidente, un EP promo du groupe Ianva au sein duquel on trouvait aussi Fabio Gremo, le futur bassiste d'Il Tempio delle Clessidre (quand je vous dis : "le petit monde du rock progressif italien" !). 
Le risque était, soit de partir sur une évocation un peu trop caricaturale d'il violonista del diavolo ("le violoniste du diable", c'était le surnom de Paganini) en ayant toutes les chances de ne pas être à la hauteur de ce type d'ambition, soit de glisser vers le genre comédie musicale, ce que le groupe a déjà eu une fâcheuse tendance à faire dans un passé récent (cf. quelques égarements sur Marco Polo et à un moindre degré sur Passio Secundum Mattheum - The complete work, avec il est vrai un autre signataire pour les nouvelles compositions originales).    
Mais pour ce Paganini Experience, Massimo Gori et Luciano Poltini ont parfaitement tenu le cap sans dévier pour un résultat classieux avec un bel équilibre entre les parties classiques portées à bout de doigts par le violon d'Elena (les "Cantabile", "Charlotte"), les envolées rock prog et les nombreuses lignes mélodiques chantées ou instrumentales. Qu'il vous suffise de savoir que j'ai retrouvé en grande partie la magie que véhicule cette formation au travers de mélodies romantiques à souhait (le magnifique thème de "inno"), d'envolées symphoniques majestueuses ("L'ora delle tenebre") et d’arrangements admirablement dosés ("Porto di Notte"), la paire Gori/Poltini évitant les excès inhérents au genre. Niccolò Paganini n'est pas le seul musicien à être honoré dans cet album avec une de ses multiples compositions jouée par Elena Aiello ("Cantabile 1835") ainsi qu'un extrait du "caprice n° 24" en la mineur (le presto) inséré au début du second mouvement de la "Danza di Luce" (une mini suite articulée en deux parties), Keith Emerson (sur "Inno") et Jimi Hendrix (avec la reprise réussie de "Angel" dans une improbable adaptation West Coast passée au polish orchestral) sont également distingués.
Votre serviteur a donc été comblé en écoutant à plusieurs reprises cet album qui s'inscrit avec dignité dans une tradition artistique, faite d'un savant mélange de musique classique et de pop/rock sophistiquée le tout saupoudré d'un zeste de prog, qui n'appartient qu'à la maison Latte e Miele.

La tracklist :

1. Inno
2. Via del Colle
3. L'Ora delle Tenebre
4. Cantabile 2019
5. Porto di Notte
6. Charlotte
7. Danza di Luce
- Primo Movimento
- Secondo Movimento - Divertimento
8. Angel
9. Cantabile 1835
Le groupe : Massimo Gori (guitare, basse, chant), Luciano Poltini (claviers, piano, orgue, chœurs), Elena Aiello (violon, pianoforte sur "Cantabile 1835"), Marco Biggi (batterie, percussions).
Invité : Aldo de Scalzi (plirzio sur "Danza di Luce")

Label : Black Widow records (https://blackwidow.it/)

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