On connaît bien ici et on apprécie grandement Phoenix Again, le groupe de la fratrie Lorandi (voir tous les articles et interview qui lui sont consacrés sur ce blog). Après un quasi sans faute avec ses trois premiers albums, les Lombards avaient surpris tout le monde avec un Friends of spirit très typé, développant une forme de soft jazz latino et hispanisant, pas désagréable du tout mais finalement assez déroutant par rapport à ce à quoi la formation italienne nous avait habitué. Avec Vision, les membres de Phoenix Again semblent vouloir renouer avec tout ce que l'on aime dans ce groupe : à savoir un prog instrumental raffiné (seul " Propulsione " est un morceau chanté) très mélodique et fluide que l'on retrouve aussi bien dans la longue et magnifique "Ouverture" que dans "Moments of life", ce dernier titre étant traversé par des boucles de synthé dont les timbres rappellent Ozric Tentacles. Quelque part Phoenix Again est le pendant de Camel à quelques années d'écart. Mais ce positionnement qui reste relatif, car limité à cette manière toujours très douce d'approcher les thèmes ("Air", "Three Four"), n'exclut aucunement les rythmiques syncopées quand les musiciens ressentent le besoin de faire bouger leur musique, ce qui est le cas avec "Tryptich", un morceau qui déménage bien. Mais le groupe semble vouloir aller plus loin avec des titres plus ambitieux comme "Psycho" qui décolle vraiment. (enfin à l'échelle de Phoenix Again bien sûr) ou encore, dans un autre genre, "La Fenice alla corte" del Re", la pièce la plus sophistiquée de l'album. Mais le morceau qui sort réellement du lot est sans conteste "Propulsione". Articulé en deux parties, le titre démarre par une longue introduction avec une guitare électrique lancée dans une cavalcade épique, suivie d'une deuxième partie illuminée par une ligne de chant qui évoque irrésistiblement celle d'In the court of the crimson king" ; un titre vraiment sympa, riche de ses chœurs et de ses arrangements de cuivres. Changement de décor avec "Mamma RAI" qui apparaît comme une ballade romantique d'inspiration classique. Le morceau est en fait un enchaînement de citations de compositeurs classiques (Rossini et un concerto pour orgue d'Haendel) aux côtés desquels apparaît le plus contemporain Riccardo Lucciani avec un extrait de sa "Chanson balladée", placée en 3ème citation, avant d'entendre, ce qui ressemble à un joli moment de folie en toute fin de piste, avec une interprétation assez décapante, et pour tout dire très rock, du "Prélude" tiré du Te Deum de Charpentier .
Vision peut se voir, et surtout s'écouter, comme un délicat kaléidoscope sonore qui vous charmera pendant cinquante deux minutes avec des morceaux plus nuancés et moins décisifs que sur Look Out et Unexplored. Il s'agit sans aucun doute d'un choix artistique que nous respecterons même si nous gardons en mémoire la puissance contenue des titres comme "Adso da Melk", "Oigres" "Whisky" ou "Look out". Nous sommes en tout cas vraiment heureux de retrouver Phoenix Again à son meilleur niveau. Ce groupe poursuit un parcours discret que l'on voudrait justement mieux mis en avant. Espérons que c'est pour cette fois avec un nouveau label de distribution Ma.Ra.Cash.
Le groupe : Sergio Lorandi (guitares, chant), Marco Lorandi (guitares, chant), Antonio Lorandi (basses, chant), Giorgio Lorandi (percussions), Silvano Silva (batterie et percussions), Andrea Piccinelli (claviers).
+ Daris Trinca (glockenspiel sur 1), Annibale Molinari (cor sur 7), Lorenzo Poletti (trombone sur 7), Erika Marca (trompette sur 7), Giovanni Lorandi (chœurs sur 7), Karin Pilipp (chœurs sur 7), Simona Cecilia Vitali (chœurs sur 7), Alessandra Lorandi (chœurs sur 7).
La tracklist :
1. Ouverture
2. Moments of life
3. Triptych
4. Air
5. Psycho
6. La Fenice alla Corte del Re
7. Propulsione
8. Mamma RAI
9. Threefour
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