La musique d'Antilabé me fait voyager, me dépayse et me fait rêver, Pourtant, Antilabé fait partie de ces formations apparentées au prog italien que peu de gens connaissent. Une sorte de secret bien caché D'ailleurs, nulle trace du groupe sur le site prog le plus connu (je ne le cite pas mais vous avez déjà trouvé !). Donc, pour revenir à Antilabé, j'ai découvert ce groupe en 2011 avec l’album Diacronie qui avait été une vraie révélation pour moi. Ensuite, j'ai carrément kiffé (comme dit souvent un jeune collègue à moi) Domus Venetkens, l'album sorti en 2018.
Donc, l'arrivée de ce troisième disque est évidemment un évènement pour moi. Il a été financé par une campagne de crowdfunding, ce qui a permis de réaliser trois cents exemplaires, en série limitée vinyle uniquement, de cet Animi motus. C'est assez incroyable ce qui se passe aujourd'hui. Mais c'est en même temps très cohérent. Tant qu'à faire d'être dans une niche et d'espérer au mieux vendre quelques centaines d'unités d'un album, autant proposer un bel objet, original et en même temps se faire plaisir. Car tous les musiciens que je connais et qui sont dans cette logique, sont vraiment très fiers de sortir un album en édition vinyle.
Les marimbas de Luca Crepet, la basse en contre-chant d'Adolfo Silvestri, la voix enchanteresse de Carla Sossai, un peu plus loin le saxo onirique d'Alessandro Leo, dès les premières secondes de "Labirinti della mente" le nuage musical d'Antilabé reprend sa place dans l'espace sonore comme si le temps, qui s'est écoulé depuis l'écoute de Domus Venektens, n'avait jamais existé. "Labirinti della mente" est à prendre comme une entrée en matière en douceur. "Metalleia", nettement plus jazzy, se distingue par un côté traînant. Le morceau est court (moins de trois minutes). Il marque le vrai début de l'album. Avec "Dubita" on rentre enfin de plain-pied dans l'univers propre à Antilabé : un magnifique bouquet d'étincelles de notes qui explosent avec une légèreté infinie. Je connais peu de formations capables de maîtriser cet art avec autant d'adresse pour un résultat toujours captivant, Antilabé fait partie de ces groupes talentueux. Et quand les musiciens décident d’augmenter la cadence, cela donne "Timor panico" qui pourrait être assimilé à une version assagie de ce que propose habituellement Universal Totem Orchestra. C'est précis et exaltant. En un mot, c'est beau ! Arrivé au milieu de cet album, la question est de savoir si Antilabé est capable de sortir de sa zone de confort. "Segregatione" arrive au bon moment pour bousculer l'ordre établi et démontrer que, oui, ce groupe peut se transcender. La chanson commence par une séquence réellement angoissante : miasmes bruitistes semblant sortir des enfers, déclamation menaçante suivie d'un long lamento plaintif. Puis elle se mue en une pièce quasi dansante qui prend des allures d'ambiance de derviche tourneur, avant de revenir à son point de départ. La pièce qui suit calme le jeu. "De animi solitudine" est une courte sonate pathétique qui en 4 mn 32 respecte parfaitement les codes du genre. "Resilienza" débute par une intro très new age avant de glisser doucement vers une superbe chanson, typique de ce sait faire Antilabé, avec cette amalgame parfait entre trames soft jazz et lignes mélodiques entrecroisées remontant du folklore méditerranéen. La liaison est d’ailleurs parfaite avec l'ultime piste de l'album. Comme "Una luce nuova" porte bien son nom, tant sa deuxième partie est d'une beauté lumineuse avec cette ligne de chant mélodieuse portée par une orchestration somptueuse qui lui sert d'écrin.
Il y a dans la musique proposée par Antilabé une distinction naturelle alliée à une constance dans la qualité qui font de ce nouvel album un moment musical privilégié et unique, pour peu que l'on soit sensible au langage stylistique pratiqué par ces musiciens, ce qui est mon cas. Je vous souhaite le même bonheur !
Le groupe : Luca Crepet (batterie, percussions), Alessandro Leo (saxophones), Adolfo Silvestri (basses, handpan), Carla Sossai (chant, chœurs),,Loris Sovernigo (piano, claviers), Luca Tozzato (batterie, percussions), Marino Vettoretti (guitares, percussions, claviers)
La tracklist :
- Labirinti della mente
- Metalleia
- Dubita
- Timor panico
- Segregatione
- De animi solitudine
- Resilienza
- Una luce luova
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