Gleemen est un très vieux groupe génois fondé par le guitariste Bambi Fossati. L'histoire est que la formation a en fait muée rapidement pour devenir le mythique Garybaldi. Ce changement de nom de groupe correspondait également aux aspirations plus progressives de Fossati et à sa volonté de se détacher ainsi d'un Gleemen trop marqué années soixante (cf. le 45 tours sorti en 1968 avec la reprise de "Lady Madonna"). Mais Gleemen n'a en fait jamais réellement disparu car les membres du groupe ont continué à se retrouver et à jouer épisodiquement entre eux, rejoints au cours des années par d'autres musiciens de la scène pop rock prog de Gênes. C'est ainsi qu'en 2013, un album est paru (Oltre...lontano, lontano) avec un Bambi Fossati bien mal en point dont ce fût une des dernières apparitions avant son décès en juin 2014. Depuis, à chaque fois que j'allais à Gênes, on me disait qu'un nouvel album pourrait se faire avec Marco Zoccheddu déjà présent en 2013 et accessoirement figure incontournable du rock génois (lui et Bambi Fossati ont toujours partagé et revendiqué une connexion avec Jimi Hendrix).
La surprise est finalement arrivée dix ans plus tard avec ce Dove vanno le stelle quando vienne giorno. L'album démarre de manière étonnante avec une reprise des Beatles et pas n'importe laquelle puisqu'il s'agit de l'expérimental, psychédélique et pour tout dire lysergique "Tomorrow never knows". Mais l'idée se révèle finalement assez originale et donne un signe fort sur la couleur de la musique qui nous attend dans ce disque de cinquante cinq minutes. "Le Tue Dita al Buio" permet de retrouver les sonorités très seventies du groupe avec ces guitares acid-rock très en avant (il y a trois guitaristes dans le groupe !). D'ailleurs "La Mia Chitarra" parle aussi de guitare et il s'agit en plus d'un hommage à Bambi Fossati, le morceau ayant été écrit çà partir d'une série de riffs joués à l'origine par lui. " What I Want to Say" est un blues rock basique pris sur un tempo plutôt lent mais accompagné d'un sacrément bon refrain pop qui donne envie de chanter. Ce qui nous amène à la deuxième reprise des Beatles. Cette fois il s'agit du " Within You, Without You" de Georges Harrison. Les Gleemen ont trouvé amusant d'en faire une version psychédélique affublée d'une énorme basse. Le rendu est absolument bluffant. L'original apparaît d'un coup bien fragile au regard de cette performance heavy qui rapproche finalement plus le morceau de "Helter Skelter" ! La très belle chanson folk "Sulla Collina" permet de mettre en valeur la voix magnifique de Maurizio Cassinelli qui, outre le fait d'être le batteur du groupe, a toujours assuré le chant principal pour Gleemen (et Garybaldi) et honnêtement c'est un bonheur à chaque fois renouvelé de l'entendre. L'instrumental "Intolerance" est un bel exercice de hard rock pysché soutenu avec, en plein milieu du morceau, un décollage des guitares à tomber par terre. La piste dure six minutes et je peux vous dire que çà envoie. Le genre de titre qui, en live, fait headbanger les têtes des papys aux cheveux blancs (ben oui, il faut bien être lucide quand même !). Si vous pensez que vous en êtes quitte avec le côté rocker du groupe, vous allez vite être remis dans l'ambiance avec un "Diario di Un Dromedario" qui cache bien son jeu (je vous laisse la surprise à l'écoute). Je peux juste vous dire que quand Marco Zoccheddu quitte momentanément sa guitare électrique pour l'orgue Hammond, il ne rigole pas. "Dove Vanno Le Stelle?" Où vont les étoiles (...quand le jour se lève). Le côté poétique de cette question se retrouve dans ce beau morceau gorgé de synthés et de programmations qui pourrait presque passer pour un titre inspiré de Steve Hackett (je sais, je provoque un peu là !) avec en sus un gros effet de vibrato chorus omniprésent et surtout très typé fourni par la pédale Marshall de Mauro Culotta. Des rocks comme "Facili Illusioni", Gleemen en a pondu plusieurs, c'est d'ailleurs une des marques de fabrique du groupe mais çà fait à chaque fois son effet surtout quand Marco Zoccheddu (encore lui) envoie la sauce sans prévenir. Des chansons comme "Ragazze di Giorno, Ragazze di Sera", Gleemen en a aussi enregistrées plusieurs et celle là a pour elle de finir l'album sur une note délicate. Peut être l'occasion aussi pour vous de noter (si vous ne l'aviez pas déjà remarqué) la parenté troublante de la voix de Maurizio Cassinelli avec celle de John Lennon. Un mot enfin pour Alesssandro Paolini qui remplace Angelo Traverso à la basse. Non seulement il fait très bien le job mais son rôle dans le groupe se révèle aujourd'hui précieux (il était déjà sur l’album de 2013 et sur les récents Garybaldi).
En 2023, il est évident que le groupe Gleemen a son avenir derrière lui et qu'un album comme celui là permet à ses membres de jouer la musique qu'ils aiment depuis toujours avec au passage un niveau technique que beaucoup pourraient leur envier. C'est donc un album plaisir pour eux mais aussi pour nous avec des caisses pleines à ras bord de moments jouissifs. Là est l'essentiel !
Le groupe : Mauro Culotta (guitares), Marco Zoccheddu (guitares, claviers, orgue Hammond), Maurizio Cassinelli (batterie, chant lead), Alessandro Paolini (basse, contrebasse, programmation, synthé, chœurs), Giampaolo Casu (guitares, chœurs)
Tracklist :
1. Tomorrow Never Knows
2. Le Tue Dita al Buio
3. La Mia Chitarra
4. What I Want to Say
5. Within You, Without You
6. Sulla Collina
7. Intolerance
8. Diario di Un Dromedario
9. Dove Vanno Le Stelle?
10. Facili Illusioni (bonus)
11. Ragazze di Giorno, Ragazze di Sera (bonus)
Label : Black Widow Records
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