mardi 7 octobre 2025

Bambi Fossati : il castello tira sassi

 

Les fans les plus fervents du rock progressif italien se rappellent obligatoirement du groupe Garybaldi et de ses deux albums, surtout Nuda (1972) auréolé de sa pochette culte signée Guido Crepax.
Derrière Garybaldi, il y avait le guitariste Pier Niccolo Fossati aka Bambi Fossati trop tôt décédé en juin 2014, qui après la dissolution de son groupe en 1974 avait poursuivi sa carrière en solo ainsi qu'au sein d'une formation dont le nom rappelait son diminutif : Bambibanda. Étaient bien sûr venues s'ajouter des reformations ponctuelles de Garybaldi, la dernière en 2010, Bambi Fossati ayant ensuite dû faire face à la maladie qui allait l'amener à sa disparition. Bien que peu connu du grand public, son nom apparaissait de temps en temps quand on évoquait les légendes du vieux prog italien des 70.
Maintenant une petite histoire pour lancer cette chronique.     
Il y a environ deux ans, je suis sur la place Giacomo Matteotti à Gênes à discuter avec deux vendeurs de disques. L'un d'entre eux me raconte alors une histoire incroyable. En déménageant la cave de la maison de Fossati, quelqu'un de la famille a retrouvé des bandes enregistrées par le guitariste. La question se pose évidemment de savoir si elles sont exploitables et si quelqu'un serait intéressé pour les publier. J'avoue ne plus avoir pensé à cette anecdote ensuite. Des histoires comme ça, on en entend régulièrement sans qu'il n'y ait jamais de suite.
Une année plus tard, en passant chez  Black Widow Records, je me retrouve avec ce CD entre les mains, Pino et Massimo me racontant à nouveau cette même histoire de bandes exhumées. Mais cette fois, c'est du concret. Car une fois encore, la team de BWR a fait des miracles ou plutôt un miracle en réhabilitant ces enregistrements pas forcément très anciens puisque l'on peut les situer dans une période allant de 1994 à 2003.
Il castello tira sassi ne peut pas être considéré à proprement parlé comme un testament de Bambi Fossati, mais plutôt comme un témoignage de sa verve artistique. Il y a toujours quelque chose d'émouvant lorsque l'on écoute bien des années après des prises qui n'étaient pas forcément destinées à être publiées, un peu comme si l'on ouvrait pour la première fois un journal intime.         
Grâce au travail méticuleux de post-production réalisé par Alessandro Paolini, les 11 tracks proposées (l'intro est parlée) présentent une qualité d'écoute globalement satisfaisante mais elles ont surtout toutes pour point commun de présenter le guitariste gênois dans un registre différent de celui de Garybaldi, car même si les sonorités et les intonations sont proches évidemment, le Fossati que l'on entend sur cet album est beaucoup plus roots. C'est principalement vrai pour ce qui concerne les 4 brûlots blues rock "Reprimanda mores", "Qualcosa non va", "Trattoria Celeste" et "In una stanza" enregistrés durant la même session (probablement live) par le trio Fossati / Nuovibri / Olivieri. Un peu plus loin le bloc "Palazzo pazzo", "Mille città", "Schizzo metropolitano" datant probablement des années 90 est d'une veine plus pop-rock débridée, "Schizzo metropolitano" s'approchant beaucoup du style Osanna. Quant à la très belle chanson "Madre di cose perdute", elle sonne comme du Gleemen, Maurizio Cassinelli et Gian Paolo Casu sont d'ailleurs présents sur l'enregistrement. Au passage, ce morceau est incontestablement la perle de cet album avec en prime les vocalises de Vania Altrinetti.
Les bonus tracks viennent encore ajouter un surcroît de bonnes surprises, surtout avec "Toledo" qui permet d'entendre un nouveau solo d'anthologie de Fossati. Car pour ceux qui ne le connaissaient peu ou pas, ils pourront se rendre compte que Bambi Fossati n'avait vraiment pas usurpé son sobriquet d'Hendrix du sud. Tout y était : une attaque de cordes brute et anguleuse, un son de guitare acide et des décollages psychédéliques amplifiés et renforcés par les effets tordus qu'il réussissait à faire sortir de ses pédales. Il avait aussi pour lui une voix pas toujours exceptionnelle mais caractérisée par des inflexions très typées et par une chaleur bluesy.
il castello tira sassi (qui peut être traduit par "le château en ruine") constitue un bel hommage posthume dédié à celui dont le nom cité a toujours résonner à Gênes avec le même respect que ceux de Fabrizio De Andre ou de Vittorio De Scalzi.  
Gloria animae suae.

La tracklist : 
  1. Intro
  2. Reprimanda mores
  3. Qualcosa non va
  4. Trattoria Celeste
  5. In una stanza
  6. Mona
  7. Palazzo pazzo
  8. Mille città
  9. Schizzo metropolitano
  10. Madre di cose perdute
  11. Toledo (bonus track - studio live)
  12. 26 Febbraio 1700 (bonus track - live)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

si vous n arrivez pas à poster votre commentaire, contactez-moi directement. En tout cas merci à vous pour l intérêt que vous portez à ce blog.