lundi 1 mars 2021

Ciro Perrino (Celeste) : l'interview

 

Comme promis, voici une interview exclusive avec Ciro Perrino, l'homme qui a fait renaitre Celeste pour notre plus grand bonheur à tous. En effet, la sortie de ce nouvel album de Celeste (Il principe del regno perduto), a été l'occasion d'avoir un long entretien avec celui qui en est en fait l'unique concepteur et qui a beaucoup de choses intéressantes à nous dire et pas que sur Celeste justement .

 

Bonjour Ciro, heureux de discuter avec toi. Tout d’abord, tu peux me parler de ton background musical ? 

Comme beaucoup de musiciens de ma génération, j’ai commencé avec la beat music, donc dès les débuts du phénomène musical le plus important de l’après-guerre. J’ai formé mes goûts musicaux en écoutant les Beatles, les Rolling Stones, les Who, les Small Faces, les Kinks et immédiatement après Jimi Hendrix, Cream, tout le blues de l’époque, puis les Nice, et ainsi de suite jusqu’à la naissance de ce mouvement musical que nous appelons aujourd’hui Rock Progressif mais qui, à cette époque, s’appelait simplement Rock. Mais je ne peux pas tous les citer car il y a tellement de musiciens et de groupes que j’ai en vinyles. Déjà vers la fin des années soixante,  j’avais une collection de plus de quatre mille vinyles. Pratiquement toute la production musicale de ces années là. J’achetais tout ce qui sortait. Et je n’ai jamais négligé d’écouter aussi de la musique classique que j’ai toujours suivi avec beaucoup d’intérêt que ce soit avec les disques ou en concerts. Et à partir de là, j’ai commencé comme batteur en 1966.  

Peux tu me dire ce qui s’est passé entre Il Sistema et Celeste ?

Il Sistema a été mon expérience la plus importante. J’y ai expérimenté la discipline et la concentration. J’ai affiné mon goût, j’ai appris tout ce qui est mon bagage musical aujourd’hui. J’ai découvert ma vocation, mon désir de devenir musicien et de l’être complètement dans ma vie en le vivant avec passion. Passer d’Il Sistema, une fois que cette expérience avait fatalement atteint sa fin (tout ce qui a un commencement a aussi une fin), à la nouvelle réalité de Celeste n’était pas si difficile. Après une période de "désarroi" de  quelques mois durant laquelle j’avais même pensé arrêter de jouer à un niveau professionnel, le désir écrasant d’y retourner m’est revenu et j’ai vite abandonné mon idée déprimante de faire autre chose que de la musique et je suis rentré à nouveau en contact avec Leonardo Lagorio, qui était le seul survivant d’Il Sistema, en dehors de moi,  et qui était disposé à continuer et à explorer d’autres chemins. Et c’est après de nombreuses communications téléphoniques et d’interminables rencontres durant lesquelles nous avons imaginé divers line-up théoriques ainsi que des styles musicaux à adopter avec l’idée d’inventer quelque chose de nouveau que nous avons fini par trouver la bonne formule et nous mettre réellement à la recherche des musiciens qu’il nous fallait pour ce projet. L’idée était celle-ci : guitare acoustique + violon + basse électrique + flûtes + piano électrique + saxophone + percussions (mais pas de batterie) + Mellotron + seconde flûte, + second violon + voix féminine. Après, çà s’est fait différemment, mais c’est une autre histoire !

Pour quelle raison Celeste a splitté ?

Les raisons qui ont conduit à la dissolution de Céleste sont à la fois banales et communes à presque tous les groupes qui stoppent à un moment ou à un autre leur association. En ce qui concerne Celeste, nous n’avons pas accepté une grande opportunité qui nous a été offerte, au premier semestre de 1977, d’ouvrir pour les concerts d’une star italienne bien connue de cette époque. Nous étions supposé être sur la route pendant six mois. Pour moi, cette idée me semblait fantastique. Après tout, c’est moi qui avait été à l’origine du contact puisque je m’occupais des relations publiques du groupe. Déjà avec Il Sistema, c’était  une de mes tâches en dehors de la scène. Mais les autres membres du groupe n’étaient pas d’accord car presque tous avaient  déjà un emploi stable qu’ils ne voulaient pas quitter. J’étais le seul qui se consacrait à la musique à plein temps. Alors, je leur ai demandé de se décider. Mais ils n’avaient aucun doute. Garder leur job était prioritaire. A ce moment là, je me suis retrouvé tout seul et j’en ai tiré la conclusion que, quoiqu’à contrecœur, il était temps de changer de direction et de trouver de nouvelles orientations et de nouvelles stimulations. C’était vraiment très dommage car nous avions déjà presque le matériau pour un nouvel album. Ce sont ces compositions qui, treize ans plus tard, ont trouvé leur place d’abord sur le vinyle appelé Celeste II puis sur le CD dont le titre était Second plus. Donc tout le monde a repris son propre chemin. J’avais déjà des idées et j’ai immédiatement commencé à travailler avec de nouveaux musiciens. Quand une porte se ferme, une autre s’ouvre !

Après Celeste, tu as créé des groupes très différents musicalement de Celeste,  je parle de St. Tropez, La Compagnia Digitale et SNC. Peux-tu nous donner des indications sur ces nouvelles orientations musicales ?

Ma constante dans toutes les expériences musicales a toujours été l’engagement avec la curiosité comme grande motivation. Le désir de changer tout en restant fidèle à moi-même a toujours été mon "credo". Ce n’est pas pour rien que, de 1979 à aujourd’hui, surtout pour mes projets solo, j’ai choisi d’être seul pour m’ouvrir à des collaborations quand il le fallait.  Je connaissais depuis un certain temps, les deux musiciens avec qui j’ai commencé l’expérience SNC. L’une de ces deux personnes était ma première épouse et l’autre un ami cher à moi. L’intention était de créer un type de musique très esthétique avec beaucoup d’effets électroniques. Aujourd’hui on appellerait çà de l’ambient ou quelque chose d’approchant. Je n’ai jamais donné de définition à la musique. La musique est juste de la musique.  Si on veut vraiment la distinguer, alors OK : Classique, Opera, Jazz, Rock. Mais les sous-catégories …… c’est juste inutile pour moi. Nous n’avions pas de références, juste beaucoup d’idées. Le groupe était formé d’un guitariste avec beaucoup de pédales d’effets, d’une claviériste (Fender Rhodes, Mini Moog) et de moi avec mon Eminent, un deuxième Mini Moog  et mon  Synthé EMS / AKS adoré. Et tout le monde au chant. Après quelques semaines de répétitions, nous étions prêts pour jouer en live. Mais après quelques concerts, nous sommes tombés d’accord sur le fait qu’il y avait des choses à changer. Nous avons immédiatement pensé que l’équipe devait être renforcée et inclure un batteur et un bassiste. Giorgio de Celeste cherchait une nouvelle expérience, Francesco “Bat” Dimasi, batteur, avait déjà travaillé avec moi sur un autre projet. Aussi, je les connaissais bien tous les deux. Nous les avons appelé et après quelques essais, il a été clair que ce serait le groupe définitif. Avant j’avais enregistré avec d’autres musiciens, la plupart venaient de la scène de Sanremo et des environs. L’un d’entre eux était un très jeune garçon qui s’appelait Enzo Cioffi. Il jouait une chanson que j’avais écrite (« Il Laghetto del Cigno”). Pour lui, c’était sa première dans un studio d’enregistrement. Il est devenu un batteur talentueux et quand j’ai décidé de refaire Celeste, il m’a rejoint pour Il Risveglio di Principe et maintenant pour Il principe del regno perduto. Pour cet autre groupe, nous avions accumulé beaucoup de matériel musical. Nous n’avions que l’embarras du choix. Il fallait seulement s’attacher à bien faire sonner le groupe. Donc nous avons essayé beaucoup de thèmes et d’improvisations jusqu’à ce que nous nous rendions compte que nous avions enfin notre son. Pas un style définissable mais des rythmes, des thèmes extravagants, des changements soudains de tempo et d’atmosphères, des titres de morceaux (très instrumentaux) à la limite de l’absurde. Le nom du groupe…St. Tropez. Une fois encore, aucune raison pour ce choix. Cela sonnait bien. C’est tout. Cependant, malgré l’excellente qualité des enregistrements et l’intérêt de Phonogram pour réaliser un album, les abandons du bassiste et du batteur pour des raisons économiques, nous ont forcé à repenser le projet en entier. Nous avons embauché un autre batteur et un autre bassiste avec des compétences différentes de leurs prédécesseurs, mais qui ont apporté des choses positives aux nouvelles compositions. Nous avons continué pendant quelques mois, mais encore une fois nous avons subi des revers. Les raisons… toujours les mêmes. C’est pour moi l’occasion de rappeler ici que bientôt (en avril/mai 2021) tout le matériel tiré des archives du groupe St. Tropez sera réédité. Il était déjà sorti en CD en 1992 mais n’avait jamais été réédité malgré les nombreuses demandes. Il s’agira cette fois d’un double vinyle convenablement remasterisé (100 exemplaires transparents numérotés et 200 exemplaires jaunes et verts) avec l’ajout de deux titres inédits.  Donc, nouveau batteur et nouveau bassiste et... nouveau nom : La Compagnia Digitale. Pour tous les fans de Tolkien, de la Communauté de l’Anneau à La Compagnia Digitale, il n’y avait qu’un pas. Encore des semaines et des mois d’essais. Toutes les compositions flambant neuves étaient prêtes avec dessus le nouveau synthé ARP 2600 que j’avais reçu et le Mellotron que j’avais utilisé dans Principe di un Giorno. Nous avions assez de matériel pour un concert. Et nous avons fait le concert. Mais çà a été le premier et le seul du groupe. Heureusement, j’avais eu l’idée de l’enregistrer. Mellow Records l’a proposé en 1993 et ce témoignage sera bientôt réédité en vinyle et peut-être aussi sur CD. Le concert était excellent mais une fois encore, cela a fini par la dissolution prématurée du groupe à peine né. C’est là que j’ai pris la décision finale. Fini les groupes. J’allais continuer seul. Je ne voulais pas que ma vie dépende des problèmes personnels des autres. Solare était déjà presque prêt et en octobre de la même année, j’étais dans un studio d’enregistrement pour commencer mon parcours solo. 

Tu as créé le label Mellow Records avec Mauro Moroni, Quel en était l'objectif ? Peux tu nous dire quelques mots sur cette aventure ? Es-tu toujours impliqué dans Mellow Records ?

La création du label, qui a marqué son temps dans le monde du Rock Progressif, s’est faite comme souvent presque par hasard. Je me souviens que Mauro Moroni m’a demandé si j’avais du matériel inédit de Celeste après la dissolution du groupe. Je lui ai dit que j’avais des très bons enregistrements qui étaient en fait les compositions qui allaient plus tard faire partie de Celeste 2, considéré à tort depuis des années comme le deuxième album du groupe. Il les a écouté et après il m’a demandé mon accord pour publier un vinyle avec une partie de ces compositions. A priori, çà s’arrêtait là. Mais, peu de temps après, il est revenu me voir pour me demander si j’avais plus de matériel. C’est ainsi que j’ai sorti de mes archives des enregistrements d’Il Sistema. J’avais, et j’ai encore de nombreuses heures d’écoute de cette formation (dans un futur proche, j’ai d’ailleurs l’intention de m’occuper de la publication d’autres chansons inédites de ce groupe). Pour moi, c’était une affaire terminée. Mais Mauro continuait à tout écouter. C’est pour cela qu’il m’a demandé de faire un autre album mais cette fois en double vinyle et en CD. C’est comme çà que « Una Notte sul Monte Calvo » ainsi que d’autres morceaux dont je me souvenais à peine sont revenus à la lumière. A partir de là, il m’a demandé si je pouvais collaborer avec lui pour chercher des enregistrements d’autres groupes et pas seulement ceux dont j’avais fait partie. La raison était surtout que, ayant juste commencé à enregistrer mon deuxième album solo (Far East) pour la multinationale Polygram, j’avais accès aux archives de ma nouvelle maison de disques où je pouvais trouver des titres intéressants, que nous pouvions éditer, sous licence, sur un nouveau label qui allait s’appeler Mellow Records. Plus tard, grâce à des amis et des connaissances de mon entourage, par exemple des musiciens que j’avais rencontrés au fil du temps, surtout au moment d’Il Sistema, j’arrivais à savoir s’ils avaient des bandes inédites ou des licences et des droits d’auteur de leurs œuvres. J’ai ainsi collecté une grande quantité de matériel qui plus tard est devenu l’énorme catalogue de Mellow Records. Ce furent de grandes années ! Nous avons découvert et publié des perles inconnues. Mais au début des années deux mille, j’ai tout laissé entre les mains de Mauro Moroni parce que j’avais besoin de me consacrer uniquement à ma carrière solo. Je ne pouvais plus concilier mon investissement dans l’écriture musicale avec l’engagement de plus en plus lourd que représentait mon activité dans ce qu’était devenu Mellow Records. Aujourd’hui, je suis fier de pouvoir publier tout ce que je réalise avec Celeste pour ce prestigieux label qui reste de toute façon dans mon cœur. Je suis reconnaissant à mon ami Mauro Moroni qui me permet d’utiliser la marque du label.

Sur ton bandcamp, on peut trouver beaucoup d’albums encore après Celeste, St. Tropez et La Compagnia Digitale. Quelle a été ta vie musicale pendant tout ce temps ? 

D’Il Sistema en passant par Celeste, St. Tropez, La Compagnia Digitale et la courte parenthèse infructueuse avec SNC, je suis arrivé à mon premier projet solo en 1979. Depuis 1977 je pensais faire un album totalement seul et  j’avais en tête qu’il devait être absolument électronique, c’est-à-dire avec  uniquement des synthétiseurs, du Mellotron et les premières boîtes à rythmes. Solare, qui est sorti en 1980, a eu un bon succès auprès de la critique et du public, mais j’ai eu le malheur d’être arrêté par la faillite du label qui, malgré qu’il avait investi tant d’énergie et d’argent en moi, a été forcé de déposer le bilan. Je me suis retrouvé alors avec un album tout juste sorti et des idées pour le prochain mais dans l’incapacité de continuer. C’est pour cette raison que j’ai décidé de faire une longue pause, d’améliorer mon studio d’enregistrement, d’étudier, de louer le studio pour des productions externes, de créer ma propre maison d’édition de musique et d’acheter de nouveaux synthétiseurs et claviers. La période de coupure a duré plus de sept ans, quand un jour j’ai eu l’idée d’écrire un nouveau thème qui a fini par servir de musique de fond lors d’un défilé de mode à Barcelone en Espagne. Le succès fût tel, que je me suis mis à écrire des compositions sur le même modèle. En moins d’un an, j’avais fini Far East, que j’ai proposé à Phonogram qui a immédiatement décidé de me faire signer un contrat avec un engagement pour trois autres albums. Far East, publié en 1990, a tout de suite attiré l’attention de la presse et d’un public de connaisseurs intéressés par ce type de sons qui étaient fondamentalement innovants mais au service de mélodies et d’arrangements sophistiqués. Après The Inner Garden en 1992 et Moon in the Water en 1994, en 1997 j’ai changé le label. Je suis passé chez Warner et j’ai sorti d’abord De Rerum Natura puis la première version orchestrale de L’Isola 2001. Après une autre pause de  quelques années pour réussir à publier L’Isola sur le marché anglais, je suis retourné en Italie. J’ai publié une autre version de L’Isola pour un ensemble piccolo sur un petit label qui avait été créé spécialement pour ce projet. J’ai fait aussi des concerts dans lesquels je n’ai pas joué mais où j’ai dirigé les musiciens, une expérience passionnante qui m’a beaucoup apporté mais qui n’a pas duré en raison des désaccords qui ont surgi avec les patrons du label qui ne respectaient pas l’esprit du projet. J’ai décidé alors de me consacrer à un autre aspect de ma vision de la musique. Je voulais me sentir libre de collaborer avec d’autres musiciens. Je voulais être le seul à décider et à jouer. Et donc le projet de piano solo a pris forme et a abouti aux deux premiers albums de ce qui a toujours été une trilogie dans mon esprit : Piccole ali nel vento en 2011 et Back Home en 2016. Les compositions du troisième volet de la trilogie sont presque terminées et je vais bientôt les enregistrer, mais depuis 2017 jusqu’à aujourd’hui, Celeste a occupé tout mon temps disponible de sorte que je ne pouvais pas dédier à Tiny Hearts (ce sera le titre du troisième chapitre pour piano) toute l’attention qu’il méritait.

Pourquoi as-tu faire revivre Celeste après toutes ces années ?

Comme je l’ai dit, Celeste a toujours été dans mon cœur. Mais ce sont les encouragement autour de moi qui m’ont convaincu de plus en plus qu’il était nécessaire de relancer la suite de cette période magique. Depuis que les réseaux sociaux existent, beaucoup de gens qui connaissaient Celeste à l’époque de Principe di un Giorno ont commencé à m’écrire et à me suivre et la question était toujours la même : "Quand y aura-t-il un autre album du groupe ?". Il m’a fallu de nombreuses années pour m’organiser mais, d’abord les refus constants des anciens membres du groupe d’origine pour se reformer, et ensuite mes engagements dans la réalisation de mes projets personnels, ont repoussé l’instant du retour. Mais tout arrive au moment opportun et jamais avant.

A ce propos, comment çà s’est passé quand tu as voulu réunir les autres membres du vieux Celeste pour un nouveau projet ?

Bien sûr, j’ai essayé à plusieurs reprises de reformer Celeste en demandant à mes vieux compagnons d’aventure musicale, mais je n’ai toujours eu en face de moi que du désintérêt. Aucun d’entre eux n’était intéressé pour revenir dans un projet qu’ils considéraient comme terminé et dépourvu d’un futur possible. Je les ai contactés avant Il Risveglio del Principe mais les opinions divergeaient – sans parler de l’absence même d’une vraie passion sincère et de l’enthousiasme qui sont indispensables dans de tels projets - puisque l’idée était de faire un Celeste complètement différent de Principe di un Giorno, avec des atmosphères qui nous auraient fait nous éloigner du véritable esprit du groupe. Moi, j’y ai toujours cru et je n’ai jamais cessé de penser que cela aurait pu être très agréable de refaire quelque chose ensemble.

Es-tu d’accord avec moi quand si je te dis que, s’il y a bien le nom de Celeste sur la couverture, la musique est aujourd’hui très différente et probablement plus personnelle ? 

Je dirais que je suis en partie d’accord avec toi parce qu’il est clair qu’il y a quelque chose de moi dans ce que j’ai écrit pour Celeste, d’autant plus que dans Principe di un Giorno,  je n’ai pas été autorisé à écrire autre chose que les paroles. J’ai eu des idées que les autres membres du groupe n’ont pas trouvées intéressantes et qui ont ensuite trouvé place, quelques années plus tard, dans mes projets solo ou, comme dans le cas de « Nora », n’ont reçu leur digne reconnaissance qu’après près de cinquante ans ! Comme par exemple la fin du morceau présent sur Il Principe del Regno Perduto qui s’intitule "(Il) Ceruleo Sogno" ou comme celui avec le Mellotron à la fin, que j’avais proposé pour Principe di un Giorno mais les autres préféraient leurs idées. Il y a des compositions qui ont une vie plus compliquée mais qui réussissent ensuite à se frayer un chemin et à sortir au grand jour ! Les enseignements de Celeste, et aussi d’Il Sistema, sont constamment présents dans tous mes projets solo (ce n’est pas moi qui le dit mais un journaliste, il y a plusieurs années, en écoutant mes premiers albums Solare et L’isola). J’invite chacun à écouter mes œuvres créées totalement seul et à trouver l’empreinte de Celeste. Ce que j’ai fait avec le nouveau Celeste, c’est un travail basé sur un grand respect de l’esprit des débuts du groupe. Je suis sûr que si nous avions continué avec le même personnel que pour Principe di un Giorno, la musique aurait gardé les mêmes caractéristiques. En fait, le leadership musical, qui à la fin n’était plus entièrement entre les mains de Mariano Schiavolini, aurait conduit Celeste vers d’autres horizons qui auraient été moins marqués rock progressif mais bien plus « jazz ». Et aujourd’hui, nous n’aurions peut-être pas deux nouveaux albums de Celeste aussi fidèles à la direction musicale originelle.

Alors pour toi, quelles sont les connexions avec le premier album de Celeste ?

Comme je viens de le dire, à mon avis ce que je ressens (mais je compte aussi beaucoup sur les retours des amis, des fans et des journalistes), c’est que l’esprit de Celeste est resté intact durant toutes ces années et plane très clairement dans les deux derniers albums, Il Risveglio del Principe et Il Principe del Regno Perduto. En ce qui me concerne, je n’ai utilisé que des claviers typiques des seventies afin de conserver les mêmes caractéristiques au niveau sonore. Pas de claviers numériques de nouvelle génération. Et puis il y a mon Mellotron ! Les autres musiciens qui forment maintenant la colonne vertébrale du groupe n’utilisent que des instruments qui datent de cette époque. Le batteur a trouvé une paire de cymbales charleston et une caisse claire qui datent des années soixante dix. Le bassiste utilise une Fender Precision datant toujours de ces années là. La musique a bien été écrite presque cinquante ans après Principe di un Giorno mais, je le répète, si les membres du groupe d’origine étaient restés ensemble, aujourd’hui nous en serions en train de regretté Principe di un Giorno.

Pourquoi les musiciens invités ne sont pas le mêmes que pour Il Risveglio del Principe sorti il y a un an?

Les musiciens qui m’ont accompagné dans Il Risveglio del Principe sont les mêmes qui sont présents dans Il Principe del Regno Perduto. Ceux qui sont mis en avant dans ce nouveau projet sont indiqués comme des invités. Dans le précédent, je les avais tous réunis, mais certains n’ont jamais été considérés comme des membres officiels du groupe. Ici, je voudrais mentionner ceux qui pour moi doivent être considérés comme irremplaçables et je crois qu’ils m’accompagneront dans les prochains épisodes de Celeste, à savoir : Enzo Cioffi à la batterie et aux percussions, Francesco Bertone à la basse, Mauro Vero à la guitare, Marco Moro à la flûte, flûte à bec et saxophone et Sergio Caputo au violon. Les autres sont invités et peuvent être rappelés ou de nouveaux musiciens peuvent être ajoutés en fonction des besoins ou des sons que je recherche.

J’ai l’impression que Il Principe del Regno Perduto semble correspondre à la fin d’un cycle ? Je me trompe ?

Il Principe del Regno Perduto représente certainement la fin d’un cycle. Mais ce n’est, disons, qu’une pause temporaire de l’histoire du Prince. Il se peut que dans les projets futurs, il revienne nous rendre visite. Pour l’instant, Celeste reste le même groupe avec les caractéristiques que tant d’amis et de fans aiment. Il y a donc bien une fin au niveau du récit mais pas pour le groupe lui-même. Je trouverai de nouvelles idées littéraires pour créer l’atmosphère du prochain album. 

Donc, tu as de nouveaux projets pour Celeste ?

Tout à fait oui. C’est une sorte d’habitude, qui se renforce au fil des ans, quand je publie un nouveau projet, j’ai déjà en tête comment je vais faire le prochain. Donc, cette fois-ci je peux dire que je sais déjà ce que je veux  proposer au public de Celeste, qui grandit de plus en plus avec de nouveaux fans, que ce soit au niveau du groupe que je vais constitué comme de la forme. Le contenu sera toujours typique de Celeste.  Je n’ai aucune intention de trahir l’esprit. Ce que je peux prédire, c’est que la trilogie du Prince a mis fin à un cycle. Le Prince fait une pause. Reviendra-t-il ? Peut-être. De nouveaux thèmes seront abordés dans le prochain projet. Ce qui sera toujours là, ce sera le Mellotron et tous les autres instruments qui ont toujours caractérisé le son du groupe. Je suis déjà au travail et je suis très heureux de ce qui prend déjà forme en terme d’atmosphère. 

As-tu d’autres projets dans le futur en dehors de Celeste ?

Oui aussi, sur le front de mes projets solo, diverses réalisations sont en cours. Ces dernières années, je me suis beaucoup consacré à Celeste, laissant de côté des concerts au piano seul, pour préparer le retour du groupe plus de quarante ans après Principe di un Giorno. C’est pourquoi je n’ai pas sorti le troisième album de ma trilogie de piano solo. Tous les morceaux sont prêts et je dois juste trouver le temps et la concentration pour l’enregistrer. Et le bon endroit. J’adore le studio où j’ai enregistré Piccole Ali nel Vento qui se trouve dans le sud-est de la France en haut d‘une montagne baignée dans un silence total et où il y a ce merveilleux piano Bechstein qui est ce qui se fait de mieux en matière de piano à queue. Puis, j’ai dans la tête la suite de Solare, mon tout premier album solo sorti en 1979, qui sera un album réalisé uniquement avec des synthétiseurs pour recréer les atmosphères que beaucoup de gens ont aimé avec Solare. Là aussi, je suis bien avancé dans l’écriture et je vois exactement comment je veux le faire. J’ai encore un projet que je réaliserai, toujours en musique électronique, en utilisant la fréquence à 432 Hz. C’’est plus complexe mais j’ai déjà avancé sur pas mal d’idées et j’ai enregistré quelque chose. J’ai encore d’autres idées pour d’autres projets. J’écris beaucoup !

Quelle musique aimes-tu et quelle musique t’inspire pour composer ?

Je me dois d’être sincère. A part quelques trucs par-ci par-là,  je n’ai rien écouté depuis des années pour éviter d’être influencé. Si je mets quelque chose dans le lecteur du CD, c’est presque toujours du classique : Corelli, Vivaldi, Bach, Beethoven, les grands compositeurs russes comme Mussorgskji, Rimskij Korsakov et Prokofiev. Eric Satie que j’aime. Ou encore le pianiste catalan très peu connu, contemporain de Satie, Frederic Mompou.

Es-tu plus rock, pop, jazz ou classique ?

Aucun doute à ce sujet. J’ai l’impression que je suis un bon mélange de rock et de classique. Mais je suis toujours prêt à accepter et accueillir de nouveaux stimuli et de nouvelles propositions musicales.

T’intéresses-tu à la musique progressive italienne ?

Là aussi, je veux être honnête. Je n’écoutais rien avant, encore moins maintenant. Je ne connais pas la scène musicale italienne. Comme je l’ai dit, c’est pour préserver mon inspiration, pour ne pas être influencé que je préfère ne rien écouter. Je souhaite conserver une autonomie maximale dans le cas de Celeste pour respecter la source d’inspiration.


dimanche 28 février 2021

Barock Project : The Boxset

Bientôt dispo chez Aereostella pour la modique somme de 79 euros. Pour ce prix vous avez 6 CD dont les 5 premiers albums de Barock Project remastérisés avec des titres en bonus. La musique du groupe de Luca Zabbini mérite vraiment tout votre intérêt. Faites vous plaisir !

Barock Project: http://www.barockproject.net
Aereostella: http://www.aereostella.it
Self Distribuzione: http://www.self.it/ita/details.php?nb=8034094090861&tc=c
 

Celeste : il principe del regno perduto

 

Celeste, dans le petit monde du Rock Progressif Italien, ce nom a une résonance toute particulière. Pour comprendre, il faut remonter en 1976 et écouter ou réécouter cet album mythique qu'est Principe di un Giorno. Même si en 1976, la messe était dite pour le prog italien (et pour le prog en général), il n'empêche que ce disque est considéré à juste titre comme une pièce maîtresse du prog italien. Je n'écris pas "rock progressif italien" car la musique de Celeste, c'est tout sauf du rock ! De la pop, du classique, du folk, oui, du rock, non. C'est d'ailleurs ce qui en fait la particularité et le charme. C'est fin, délicat et classieux comme du Errata Corrige mais en plus élaboré. Si vous voulez une illustration sonore au mot enchantement, écoutez Principe di un Giorno. L'année suivante (en 1977 donc), la formation s'est sabordér pour cause de divergence d'opinions quant au devenir du groupe. Son deuxième album mort-né ne sortira qu'en 1991 en CD chez Mellow Records, le label prog fondé par Mauro Moroni et Ciro Perrino, ancien membre de Celeste justement. C'est le même Ciro Perrino qui, quarante ans plus tard, a décidé de ressusciter Celeste. Grand bien lui en a pris. Car de nouvelles merveilles nous attendaient. D'abord avec Il Risveglio di Principe en 2019, très bien accueilli puis avec ce il principe del regno perduto qui semble clore un cycle dont les premières notes se perdent dans la nuit des temps prog. Juger cet album en se référant uniquement à son lointain ancêtre ne me semble pas être une bonne idée. Certes, Ciro Perrino revendique de faire revivre Celeste en conservant l'esprit originel du groupe, ce qui passe notamment par l'utilisation exclusive d'instruments de l'époque, mellotron compris. Mais en même temps, il est aujourd'hui le seul rescapé de cette très courte aventure et, entre temps, il a travaillé sur beaucoup d'autres projets musicaux sans même parler du fait qu'il n'était pas impliqué dans le processus de compositions sur Principe di un Giorno. Alors, oui on entend du mellotron (comme sur plein d'albums et pas que de prog) et quelques courts passages peuvent faire penser au premier disque, mais il principe del regno perduto, comme son prédécesseur, sont des créations à part entière qui s'analysent pour elles-mêmes. Ce que je vais faire illico !

Ce qui ressort tout au long de ces soixante trois minutes, c'est ce travail de composition qui ne laisse rien au hasard. Ciro Perrino sait écrire de la belle musique et çà s'entend. L'approche classique ne fait aucun doute avec une dimension symphonique ou de sinfonietta pour être plus exact, compte tenu du nombre limité d'instruments utilisés. Il n'empêche ! Quelle beauté et quelle majesté se dégagent de chacune de ces pièces. Je n'ai pas envie de faire des comparaisons oiseuses, car à ce niveau là ce serait faire injure à Ciro. Ce qui est sûr c'est que l'album est une succession de grands moments, à commencer par l'entame de "Baie Distanti" illuminée par la mélodie en apesanteur portée quasiment a cappela par Anna Marra.Vous constaterez que le développement du morceau, très différent de son introduction, n'a rien à lui envier tout en gardant une dimension onirique très marquée. "L'ultimo Viaggio del Principe", la longue suite de vingt quatre minutes est évidemment un rendez-vous à ne pas manquer. Ciro prend le temps d'installer et de développer son thème pour progressivement l'étoffer avant de le faire évoluer à plusieurs reprises avec à chaque fois un changement de tempo signifiant, correspondant à l'entrée de plusieurs instruments solistes mais aussi à l’apparition de parties lyriques. Affirmer qu'il s'agit d'une pièce maîtresse relève en l’occurrence du lieu commun. Je dirais pour ma part que nous avons affaire ici à une forme d'achèvement artistique pour son auteur qui réussit l'exploit de tenir pendant vingt quatre minutes sur un fil conducteur parfaitement identifié, contrairement à beaucoup de suites prog faites de  parties disparates accolées formant un tout plus ou moins homogène. Je vous laisse par contre découvrir la fin assez inattendue et pour tout dire mystique. Le titre suivant "(il) Ceruleo Sogno" fait d'ailleurs le lien avec une intro gardant une ambiance ésotérique assez proche avant de s'ouvrir sur un enchaînement de séquences lumineuses, avec encore une fois une trame mélodique qui s’incruste irrémédiablement dans votre cerveau jusqu'au thème final étiré à l'envie. La tonalité est volontairement plus romantique pour le nostalgique "Viola, Arancio e Topazio" dont le final violon/piano + voix d'Anna Marra devrait en toute logique vous tirer une petite larme. Nous sommes loin de la puissance contenue de l'instrumental "Il Passaggio di un Gigante Gentile" auquel succède "Tornerai Tramonto" tout en intensité émotionnelle. Le CD se termine avec un titre bonus qu'il aurait été vraiment dommage de rater. Car la fausse naïveté qui se dégage de "Nora" présenté - au moins au début - comme une jolie comptine folk cache bien son jeu et se révèle être en fait une merveilleuse mélopée envoutante qui avance sur un rythme impair, ce qui en fait tout le charme. 

Ciro Perrino atteint avec il principe del regno perduto une forme de plénitude artistique qui en fait une œuvre sans faille où tout paraît essentiel. Je le redis, ce qui fait la différence à chaque fois dans cet album, c'est la qualité des compositions et le soin apporté à leur exécution. Tout est en place au moment idoine, sans aucun développement inutile, et toujours avec la sonorité juste, celle qui permet de mettre en relief la trame. Pour cela, Ciro apporte beaucoup de soin au choix des instruments et à leurs exécutants. Vous noterez à ce sujet qu'il sait particulièrement bien s'entourer avec des musiciens qui ont quelques références comme le violoniste Sergio Caputo (cf. sa longue carrière solo), Francesco Bertone (accompagnateur, notamment aux côté de Gianmaria Testa), Enzio Cioffi (batteur dans St. Tropez, autre groupe culte de Ciro Perrino), Marco Canepa (qui est un fidèle aux côté d'Alan Simon) et enfin Anna Marra, Alessandro Serri et Edmondo Romano qui sont tous les trois des membres de Narrow Pass et d'Ancient Veil. Sans compter Ciro Perrino lui même qui, outre Celeste, a fait partie d'Il Sistema (à ses débuts), de St. Tropez, de La Compagnia Digitale et qui a produit un nombre important d’œuvres en solo qui méritent toutes d'être réécoutées ou même découvertes pour beaucoup de personnes qui lisent cette chronique. Je pense notamment à L'isola qui vous donnera quelques clés pour comprendre d'où vient il principe del regno perduto.

Pour le reste, Ciro vous fournira tous les détails lui-même dans une interview fleuve (en français et en italien) qui arrive très bientôt.

La tracklist

  1. Baie Distanti
  2. L'ultimo Viaggio del Principe
  3. (il) Ceruleo Sogno
  4. Viola, Arancio e Topazio
  5. Il Passaggio di un Gigante Gentile
  6. Tornerai Tramonto
  7. Nora

Le groupe : Ciro Perrino (claviers, chant), Francesco Bertone (basse), Enzo Cioffi (batterie), Sergio Caputo (violon), Marco Moro (instruments à vent), Mauro Vero (guitares)

Musiciens additionnels : Marco Canepa (piano), Paolo Maffi (saxophones), Anna Marra (chant sur 1, 2, 4 & 6), Edmondo Romano (instruments à vent), Alessandro Serri (chant sur 2, guitare électrique sur 6), Ciro Carlo Antonio Perrino (voix récitante sur 6).

Contacts et liens : 

pour écouter sur bandcamp

pour toute information ciroperrino1950@gmail.com

pour commander mellowrecords@libero.it



dimanche 21 février 2021

Le coin des vinyles : ma vérité

J’avoue écouter indifféremment des CD et des vinyles, voire même des cassettes. Opposer un support à un autre me paraît totalement inutile. Quand vous savez comment, d’un côté, le son peut être travaillé, modifié, transformé à l’envie. Quand vous constatez, de l’autre côté, que la manière dont chacun perçoit le son dépend de tellement de facteurs dont certains sont totalement empiriques et sujets à interprétation. Il apparaît alors que les débats vinyles versus CD sont vains (surtout à l'ère du tout numérique dématérialisé) et peuvent durer indéfiniment en encombrant les pages des réseaux sociaux sans satisfaire personne.  

Pour ma part, quand je mets un vinyle sur la platine, il s’agit d’un  disque original pressé durant les années soixante et soixante dix (ce qui tombe bien car cela correspond à la période à laquelle les styles de musiques que j’écoute ont été produits), jamais de réédition, rarement de vinyle récent (sauf quand mes amis musiciens sortent une édition spéciale vinyle que je me fais alors une joie de posséder). L’inconvénient des vieux vinyles réside principalement dans le fait qu’il faut être prêt à affronter les inévitables crépitements et craquements, plus ou moins répétés et plus ou moins supportables selon l’état de l’exemplaire possédé. Mais au moins, je suis dans une logique qui est la suivante : si je choisis d’écouter un vinyle, c’est pour le son particulier qui sort de la lecture du sillon. Pour cela, et pour que tout soit en cohérence et que çà ait vraiment un sens, il faut que les données lues soient  à 100% analogiques. Qu’est ce que cela veut dire ? Pour moi, c’est très simple, cela signifie que toute la chaîne doit être analogique du début à la fin, en passant par toutes les étapes : enregistrement analogique, mixage analogique, mastering analogique et support analogique  (le vinyle donc). Il n’y a aucune position extrémiste là-dedans, juste le fait que je ne vois pas bien l’intérêt d’écouter ces rééditions vinyles récentes qui ne sont ni plus ni moins qu’une somme de données numériques transférées et gravées ensuite sur vinyle ; une hérésie pour ne pas dire une imposture, quand les informations n’ont pas été retraitées pour donner un rendu son plus moderne ou plus présentable, ou les deux, c‘est  selon ! Combien vous pariez que c’est justement le cas quasiment à chaque fois. Même les rééditions affichant une remastérisation à partir des bandes originales analogiques subissent un traitement numérique. Il ne peut en être autrement. Ceux qui imaginent entendre, avec une réédition actuelle, le son à l'identique du vinyle de l'époque peuvent y croire, mais la réalité est imparable. Ce qu'ils écoutent est peut-être bon au niveau son mais ce n'est pas celui de la source originelle. Au moins, ils ne pourront pas dire qu'ils ne savaient pas.

Car j’ajouterais aussi un élément supplémentaire, essentiel pour moi, que l’on oublie un peu trop dans l’affaire : les vinyles originaux ont été conçus par les ingénieurs du son de l’époque qui avaient un vrai savoir-faire en matière d’enregistrement et de mastering analogique. Je ne pense pas que ce soit le cas aujourd’hui, et même si cela l’était, la norme en matière de son a radicalement évoluée et un ingénieur du son actuel modélisera le master final en se basant automatiquement sur ces références modernes, les seules qu’il sait reproduire, non plus sur des tables de mixages constellées de potards qu’on maniait du bout des doigts mais bien sur des logiciels impersonnels.  Pas sûr que ce soit ce type de sonorités que je souhaite entendre quand j’écoute un vinyle. Bien sûr, il y a une multitude de vinyles qui sont sortis à leur époque avec un son pourri, mais bizarrement quand  vous tombiez sur ce genre de coucou (çà m’est arrivé bien sûr), vous n’aviez pas l’impression de vous êtes fait avoir. En général, vous étiez plus désolé pour le groupe ou l’artiste, en vous disant que ce drôle de son, étouffé ou à l’inverse clinquant, ne lui rendait pas justice. Alors qu’aujourd’hui, acheter trente euros une réédition pour entendre un son qui semble (qui est !) complètement trafiqué, là vous sentez bien l’arnaque. Au passage, je n’en peux plus de voir tous ces hipsters se la jouer « moi je ne crois que dans le vinyle », « moi je reconnais le son du vinyle », « moi, je crée un label pour faire des vinyles que je vais vendre très chers ». Réponse : "toi le hispter, tu restes chez toi à sniffer ton rail et tu laisses les hommes, les vrais, écouter leurs vinyles en chiquant leur bière". Je m’étais promis de ne pas lâcher de vapeur. Désolé c’est parti tout seul.

En résumé, si vous voulez écoutez des vieux albums  en vinyle, procurez vous une version d’origine, pas une réédition. Vous aurez le « vrai » son que vous cherchiez et en plus vous aurez le plaisir de l’objet sans le code barre au dos. Avec un peu de chance, vous aurez même le sticker RTL au verso et l'étiquette prix du Prisunic à 59 francs au verso.       

Si vous souhaitez en savoir plus sur les mystères du son vinyle mais aussi sur le business actuel du vinyle, je ne peux que vous conseiller de vous référer à l’étude que j’ai réalisée sur ce sujet et qui se trouve en préambule de mon livre Plongée au cœur du Rock Progressif Italien sorti en 2018 chez Camion Blanc.

Merci de m’avoir lu jusqu’au bout. A bientôt

Louis

samedi 13 février 2021

Raven Sad : The leaf and the wing

Il nuovo (quarto) album dei Raven Sad possiede personalità, spessore ed una rara forza narrativa, evocatrice di spazi infiniti e respiri profondi.

Complice il “Gilmour style” che Samuele Santanna, mente e cuore della band, negli anni ha fatto suo con tutta la carica emotiva che ne consegue. Ma è la band tutta ad esser colta in grande forma, con una serie immaginaria di istantanee che ritraggono The leaf and the wing, concept esistenzialista, magico viaggio elettrico in otto brani. 

Un percorso sonoro, sul confine tra psichedelia progressiva e british neo-prog, che persegue la bellezza, un’interpretazione del benessere interiore, quando cuore e mente sono in armonia con l’universo.
Ulteriori sensazioni che avvicinano i suoni della band di Samuele Santanna ai Pink Floyd, quelli meno terreni, dove la complicità artistica ed umana tra Gilmour e Wright ha creato autentici gioielli. Inoltre, oltre alle raggiunte maturità ed esperienza, si aggiunge la voce di Gabriele Marconcini, le cui doti di rara bellezza e profondità, erano già emerse grazie alle musiche dei Merging Cluster. Credo comunque, che il gran lavoro alle chitarre sia la chiave per capire ed entrare mello spirito di questo disco, anche se il supporto delle tastiere di Fabrizio Trinci è indubbiamente determinante. Da queste due componenti comunque, rispetto i lavori precedenti, è evidente un’ evoluzione qualitativa dei Raven Sad, dove una sorta di urgenza giovanile che si poteva scorgere nei lavori precedenti, lascia il posto ad una matura consapevolezza di concretizzare in musica pezzi di sincera quotidianità. Colpiscono anche i particolari, come per esempio l’intervento del violoncello sul finale di "Ride the tempest", un modo per impreziosire ulteriormente una trama di per sè già emotivamente carica.(Mauro Furlan)
 
Discography:
2008  Quoth
2009  We are not alone
2011  Layers of stratosphere
2021  The leaf and the wing

 

dimanche 7 février 2021

Le coin des vinyles : non est ars quae ad effectum casus venit (Deus Ex Machina)

Deus Ex Machina : non est ars quae ad effectum casus venit

33 tours LP, 1997

Label : Kaliphonia KRC017

Je ne vous parle pas souvent de Deus Ex Machina ce qui est un tort. Car ce groupe, né à l'aube des années quatre vingt dix d'un siècle déjà bien révolu, a su se distinguer très tôt en proposant une forme de prog très personnelle tentant avec succès de relier Area d'un côté et Banco del Mutuo Soccorso de l'autre, le tout étant joué par des musiciens à la technicité exceptionnelle et porté par un chanteur au pathos étonnant, rappelant Demetrio Stratos, et s'exprimant de plus, le plus souvent, en latin. Une mixture assez improbable qui fonctionne sur une base de fusion rock jazz débordant régulièrement vers des envolées canterburiennes, quand il ne s'agit pas de digressions relevant du Rock in Opposition. Vous imaginez bien qu'avec un tel matériau sonore, la musique de ces italiens demande à être apprivoisée. De fait, Deus Ex Machina, surtout en live, c'est une expérience à vivre avec un Alberto Piras qui à l'instar de Demetrio Stratos avec Area, est capable transcender les partitions et de les tirer vers le haut avec cette voix à la fois puissance et passionnée. Mais je peux vous affirmer que tout se tient parfaitement et que les compositions, pour délirantes qu'elles puissent paraître au premier abord, sont en fait écrites au cordeau sans rien de superflu. Un vrai tour de force !

En résumé, Deus Ex Machina, ce sont des musiciens qui vont jusqu'au bout de leurs idées sans compromission. C'est aussi un un groupe qui me rappelle le Area de Arcbeit Macht Frei autant pour la musique généreuse et foisonnante produite que pour l'état d'esprit débordant au service d'une créativité à 360°.

Le vinyle présenté ici est réellement ce que l'on appelle un bel objet. Le contenu sonore est constitué de prestations live du groupe captées lors de plusieurs concerts à Bologne entre 1994 et 1995. Soit huit titres tirés des deux albums Deus Ex Machina (1992) et De Republica (1995). On aurait pu avoir peur d'avoir affaire à un bootleg, ce qui n'est absolument pas le cas. Le label Kaliphonia avait bien fait le travail. La qualité de la prise de son est excellente et le rendu est très propre. Mais l’intérêt principal de cet album réside dans sa forme. En effet, il n'existe qu'en version vinyle (ce qui était quand même une gageure à une époque où le CD régnait en maître) édité à 500 exemplaires numérotés. Toujours pour le contenant, la présentation en gatefold comprend un beau livret intérieur de six pages avec de nombreuses photos et des notes assez complètes sur l'histoire du groupe. Il s'agit donc, vous l'avez compris, d'un objet unique à posséder si possible.

Au passage, je me rends compte que cet album a déjà presque vingt cinq ans !

La tracklist :

Face A : 

1. Hostis
2. Res Publica II
3. G.C.
4. Lo stato delle cose

Face B :

1. Ignis
2. Dittatura della mediocrità
3. De oraculis novis III
4. Prima lux

Les musiciens : Gariporre (basse), trotta claudio il pedicure (batterie), Crodino Maurino (guitare), Buonetto Bravagente (violon), Dr. Fecal Reminbarca de Riccia (primario) de Feccia (claviers), Alberto Piras (chant). 

Bien sûr les noms sont ici en partie fantaisistes, faisant penser à une bande de jeunes carabins en plein délire.

lundi 1 février 2021

Prometheo : Quello che rimane

Prometheo, vous vous rappelez ? Ce groupe originaire de Bari avait commis un premier album en 2019 (d’un fuoco rapito, d’un giovane uomo, d’un amore insensato) qui s'était tout naturellement glissé in extremis dans mon top des meilleures sorties RPI de l’année 2019. Il revient aujourd'hui avec un deuxième album qui n'était pas prévu au programme, en tout cas pas sous cette forme. Pour cause de lockdown, les italiens ont dû eux aussi s'organiser différemment. Quello che rimane a été principalement alimenté avec des chutes du premier concept album (d'où le titre : "ce qu'il en reste" ). Pour la plupart, ces chansons avaient été enregistrées mais n'avaient pas été finalisées. Elles étaient restées à l'état de démos et auraient probablement dû garder ce statut pour longtemps. Finalement, à toute chose malheur est bon. Car ce que l'on entend là méritait vraiment de ne surtout pas moisir aux oubliettes. On retrouve sur Quello che rimane ce qui faisait la force du groupe : des compositions expressives ("Iena") et puissantes ("Quello che rimane") parfois alambiquées et baroques au possible ("La ballata della stagista") qui m'évoquent à nouveau le style théâtral d'Il Bacio della Medusa ou de Lothlorien.  

Si le très court instrumental "Arkeos", qui sert d'introduction, et "Bronzei profili" peuvent être considérés comme des versions laissées volontairement à leur état brut, les autres morceaux tiennent réellement la route et ont tous ce côté épique, se développant dans des ambiances particulièrement prenantes. L'impression de plonger dans un univers parallèle d'héroic fantasy est ici prégnant et il est évident que les sept premiers morceaux forment un tout homogène et cohérent. De fait il s'agit d'une suite naturelle à  D’un fuoco rapito, d’un giovane uomo, d’un amore insensato, Et si tout est réellement de haut niveau, j'avoue avoir un faible pour le dévastateur "Colma di doni" qui joue avec les nerfs de l'auditeur et s'amuse à l'égarer en sautant d'un genre à un autre quand il ne tente pas les mélanges audacieux  pour finalement retomber à chaque fois sur ce gimmick de seize notes qui lui sert de fil conducteur. Du haut de ses neuf minutes trente, ce titre réellement hors norme délivre un torrent de salves émotionnelles, soufflant alternativement le chaud et le froid jusqu’à vous laisser totalement épuisé en fin d'écoute.

De l'aveu même d'Andrea Tarquilio, le passionnant dernier morceau, "Vidas", anticipe une nouvelle page de création artistique et annonce le prochain  projet conceptuel du groupe. De fait, le ton semble différent, plus posé et recueilli... à vérifier dans un avenir proche que je souhaite favorable et clément pour ces musiciens qui font vraiment preuve d'une créativité débordante. Audaces fortuna juvat !

La tracklist :

  1. Arkeos
  2. Quello che rimane
  3.  Iena
  4. La ballata dello stagista
  5. Quello che rimane (acoustic)
  6. Bronzei profili
  7. Colma di doni
  8. Vidas 

Le groupe : Alessandro Memmi (guitares, chant, chœurs), Andrea Tarquilio (chant lead), Andrea Siano (claviers, synthés, chœurs), Andrea Maddaloni (basse), Alessandro Rana (batterie).

+ Michele Murgolo (violoncelle sur 1 & 6), Adam Iskrzycki (clarinette sur 2), Michele de Luisi (violon sur 4), Francesco Schiavone (basse sur 7), Isacco Buccolieri (saxo sur 7), Roman Gero (flûte traversière sur 7).

Merci d'aller sur les différents liens permettant directement d'écouter et d'acheter cette musique uniquement disponible en format digital dématérialisé :

Itunes

Amazon music 

Ah, et vraiment si vous ne pouvez pas faire autrement : ici

 

lundi 25 janvier 2021

lundi 18 janvier 2021

Ezra Winston, scoop !

Stiamo finendo di assemblare Tertium Non Datur, inedito terzo lavoro degli Ezra Winston, che sarà pubblicato in edicola nella collana Prog Rock Italiano, quindi solo in vinile per De Agostini (ma successivamente uscirà anche in Cd, sempre su Progressivamente). Il progetto nasce dall'amicizia che lega il sottoscritto a Mauro Di Donato e Paolo Lucini, colonne degli "EZRI" e che proseguirà con l'ideazione di un più organico nuovo album, il terzo vero; questo raccoglie cose inedite registrate nel corso del tempo... ho sempre pensato che fosse un peccato lasciarle incompiute negli archivi. Grazie a Mauro e Paolo ora stanno per uscire allo scoperto: fine giugno-inizio luglio con il numero 99 della collana, che terminerà con il numero 100 (Divae/Determinazione). La copertina, disegnata da Lorenza "Pigliamosche" Ricci (una strana creatura di sesso femminile, classe 1997 ma innamorata di musica altrettanto strana, anche degli anni 70), sarà gatefold con busta interna a colori.

samedi 16 janvier 2021

Elisa Montaldo : Dévoiler (la chronique)

Dévoiler est le meilleur nom qu'Elisa Montaldo pouvait trouver pour son nouvel album solo (en plus c'est un joli mot français qui a pour moi une forte portée sensuelle). Car il s'agit d'une œuvre très personnelle qui se veut refléter une période bien particulière de sa vie. En cela, les quatorze titres présentés sont autant de photos instantanées de pulsions inspirantes, de moments bien précis ou encore d'émotions ayant eu besoin de prendre forme artistiquement parlant. Voilà pourquoi sur plusieurs chansons, les paroles doivent être appréciées autant que la musique. Dévoiler est donc une occasion unique de découvrir de nouvelles facettes de la riche personnalité artistique d'Elisa. De fait, cette Elisa nous ne la connaissons pas bien, même si elle nous avait déjà largement intrigués en 2015 avec Fistful of Planets part I si différent de ce à quoi elle nous avait habitué avec son groupe prog, Il Tempio delle Clessidre. Avec Dévoiler, Elisa lève donc un pan plus large du voile (c'est facile mais je garde l'image puisque c'est la plus juste et aussi la volonté d'Elisa). Cela commence d’ailleurs dès le premier morceau "Is that from Batman" avec lequel Elisa se présente seule devant nous avec son piano. Un peu comme si nous étions face à elle lors d'une de ses longues soirées durant lesquelles elle joue pour les clients d'un hôtel ou d 'un piano bar en intercalant quelques improvisation de son cru, entre des chansons connues. Elle va d'ailleurs procéder de la même manière avec nous puisque l'on retrouvera ces petites pièces au piano tout au long de l'album ("Wesak", "Lanterne", "Comptine d'un autre été, l'après-midi" une reprise de Yann Tiersen, auxquelles j'ajoute la délicieuse "Wine tastes better" certes chantée mais qui reste dans l'ambiance). Mais dès le deuxième titre, "Except for himself", vous allez vite comprendre qu'il s'agit de beaucoup plus que cela, tant cette chanson est un hit en puissance que n'aurait pas renié Kate Bush. Juste après " Il giorno che non ti aspettavi" doit être apprécié en imaginant qu'Elisa a composé ce morceau à la guitare pendant le premier confinement de 2020. Étonnant car la chanson dégage plutôt une atmosphère détendue voire apaisante loin du contexte lourd du moment (la version by the shore et son emballage bossa est pour le coup carrément légère et insouciante). Le titre le plus surprenant de Dévoiler est bien le clubby "So much more" dont les tendances technoïdes sont lissées par la douceur féminine d'Elisa  qui fait ici toute la différence. Un peu plus loin "I'm still here "est une reprise de la chanson de Tom Waits dont Elisa propose sa propre version réarrangée avec le concours précieux du fidèle Mattias Olsson (Anglagard) et terminée le jour de l'anniversaire de l'américain. C’est donc une sorte d'hommage assumé de quelqu'un qui compte en terme d'influence pour Elisa. Et puis, il y a les deux morceaux prog, et pas n'importe lesquels, puisqu'ils proviennent tous les deux de collaborations avec The Samouraï of Prog. "Washing the clouds" est une version alternative de celle qui se trouve dans Beyond the Wardrobe et "La magia et la Realtà" est tiré de Toki no kaze. Dans les deux cas, ce sont des compositions absolument incontournables qui bénéficient de tout le savoir faire de la fabrique The Samouraï of Prog.  Le pouvoir onirique de "Washing the clouds" opère dès les premières notes et ne vous lâche pas et prend même en intensité quand les Samouraïs rejoignent Elisa pour une deuxième partie instrumentale durant laquelle Steve Unruh se démultiplie au violon puis à la guitare électrique pour livrer à chaque fois une performance solo d’anthologie."La magia et la Realtà", est pour sa part un perpétuel enchantement, certes inspiré du maître japonais Hayao Myiasaki, mais qui porte bien la signature d'Elisa au point d'évoquer fortement l'approche mélodique que l'on trouvait sur plusieurs morceaux d'Il Tempio delle Clessidre, le violon et la flûte de Steve Unruh en plus. Enfin un mot pour "Dolce madre" qui est présentée dans une vieille version démo et qui méritera un jour de bénéficier d'un habillage plus somptueux et pourquoi pas orchestré. 

Vous l'avez compris  Dévoiler va vous faire connaître une autre Elisa, ici moins prog et moins rock mais plus intime et émouvante. Mais c'est bien la même artiste qui s'adresse à vous avec son talent unique et son envie de communiquer ses sentiments et ses rêve, d'exprimer ses émotions et de faire passer un message à travers sa passion viscérale pour la musique. Le temps que vous achetiez Dévoiler, que vous l'écoutiez tranquillement, Elisa aura fini Fistful of Planets, part II.  On se retrouve bientôt pour en parler.

La tracklist :

  1. Is that from Batman ?
  2. Except for himself
  3. Il giorno che non ti aspettavi
  4. So much more
  5. Wesak
  6. I'm still here
  7. Wine tastes better
  8. Lanterne
  9. Washing the clouds
  10. Comptine d'un autre été, l'après-midi
  11. Il giorno che non ti aspettavi (by the shore version)
  12. Goldrake
  13. Dolce Madre (old demo)
  14. La magia è la realtà (japanese version)
Les musiciens : Elisa Montaldo (claviers, piano, ukulélé, lyre, chant), Ignazio Serventi (guitare, basse, claviers sur 2, 3, 6), Paolo Tixi (batterie sur 2 &), Sara Accardi (chant sur 3), Giovanni Pastorino (claviers, programmation sur 4),  Mattias Olsson (batterie, claviers vibraphone sur 6), Hampus Nordgren-Hemlin (basse, guitare vibraphone sur 6), Matteo Nahum (guitare sur 7), Alberto Malnati (contrebasse sur 7), Stefano Guazzo (saxophone sur 7), Marco Bernard (basse sur 9 et 14), Kimmo Pörsti (batterie sur 9 et 14), Steve Unruh (guitare, violon, flûte sur 9 et 14), Paola Franciosi (chant sur 11), Sidney Rodrigues (guitare classique sur 14), Ruben Alvarez (guitare sur 14), José Medina (orchestration sur 14)

Les liens :

Une petite écoute rapide en ouvrant ce teaser

Pour commander l'album en version digitale ou en format physique CD, rendez-vous sur le site d'Elisa Montaldo en cliquant sur ce lien : Elisa Montaldo 

Vous pouvez aussi aller sur Spotify Elisa Montaldo's Mix

mercredi 13 janvier 2021

Oh no, It's Prog : delle notizie di Gianni Nicola

Salve a tutti. Scrivo queste righe nei primi giorni del 2021 perché un anno fa usciva “Oh no, It’s Prog!”, il mio primo lavoro solista. Si tratta di un lavoro auto-prodotto e auto-distribuito nato dalla voglia di suonare la musica che più mi piace, ovvero il Progressive rock. Sono molto soddisfatto per come è stato accolto. E’ piaciuto a molti ed è andato praticamente esaurito (ne ho ancora tre copie). Grazie a Facebook alcune copie sono finite in Giappone, California, Svizzera, Germania e Grecia e ProgSky (Brasile) ha dedicato una puntata intera al cd presentandolo nella sua interezza insieme a una mia intervista registrata.
Oltre alle persone che hanno acquistato la mia opera, ci tenevo a ringraziare personalmente e pubblicamente alcune pagine di FB che hanno sempre gentilmente ospitato e spinto la mia musica e mi riferisco in particolare a Progressive Soul, Prog e Dintorni, Prog Bar Italia, Yes Prog e Dintorni, Jethro Tull Italian Community. Nel caso avessi dimenticato di citarne qualcuna chiedo scusa. Il mio ringraziamento va hai frequentatori abituali di queste pagine con i quali ci si scambiano sempre opinioni e buona musica, ma soprattutto agli Amministratori e i Moderatori che hanno sempre il loro bel da fare.
Oltre alle pagine di FB c’è un’altra realtà legata al Web che ci terrei molto a ringraziare ed è la categoria delle radio che un po’ di loro iniziativa un po’ su esplicita richiesta degli ascoltatori fanno passare “Oh no, It’s Prog”. Grazie a Prog Rock Polis condotta da Max, a Prog e Dintorni condotta da Gianmaria Zanier coadiuvato dalla bravissima Anna Biscari, a Wond’ring Aloud presieduta da Daniele Massimi e infine a Prog Sky e alla trasmissione sul Progressive Italiano condotta da Carlos Vaz Ferreira.
Nel chiudere con i ringraziamenti, e ripeto, mi scuso fin da ora nel caso in cui avessi dimenticato qualcuno, non potevo non menzionare Louis de Ny e l’associazione Trasimeno Prog.
Ora vorrei accennare al futuro. A marzo la fabbrica in cui lavoro dovette chiudere causa lockdown per circa un mese e mezzo. Le ripercussioni sullo stipendio non sono state simpatiche, tuttavia il tempo passato tra le mura domestiche (e per mia grande fortuna io amo stare con la mia famiglia) mi ha permesso di mettere mano alle idee che avevo abbozzato subito dopo aver finito la registrazione di “Oh no, It’s Prog!” e quindi ho il piacere di annunciare che i demo del secondo lavoro sono praticamente ultimati e che i fantastici musicisti che mi hanno aiutato nel primo cd, ovvero Emanuele Bosco (batteria), Luca Pisu (basso), Paolo Gambino (tastiere), Alessandra Turri (voce) e il bravissimo fonico Andrea Pollone, saranno di nuovo presenti. Dovrei riuscire a iniziare le registrazioni per fine marzo, ma molto dipende dall’andamento del mondo del lavoro. Comunque appena la situazione sarà un po’ più chiara farò partire la campagna di crowd funding per finanziare l’opera.
Spero di non avervi annoiato ma questo era un post che ci tenevo a fare per ringraziarvi del sostegno e per mettervi al corrente degli sviluppi del progetto “Oh no, it’s Prog!”. Ah, dimenticavo ho caricato anche un teaser con degli estratti da uno dei brani del nuovo lavoro.
Un abbraccio a tutti e ancora grazie.

dimanche 10 janvier 2021

Ellesmere : Wyrd

Roberto Vitelli, que l'on avait rencontré précédemment comme bassiste et guitariste du groupe Taproban, s'est lancé depuis 2015 dans un projet solo baptisé Ellesmere. Après un premier album majoritairement acoustique de tonalité pastorale répondant au doux nom évocateur de Les Châteaux de la Loire, Roberto avait commis un second album beaucoup plus orienté "classic prog" avec une palanquée d'invités intervenant sur le dénommé Ellesmere II / From Sea and Beyond, avec entre autres Davy O'List (The Nice), Trey Gunn (King Crimson), Brett Kull (Echolyn), Daniele Pomo (Ranestrane) et l'inévitable David Jackson (Van der Graaf Generator). Pour son troisième album, il reproduit la même recette tant au niveau de l'orientation musicale prog, désormais clairement revendiquée, que de la réunion d'une équipe de rêve qui comprend cette fois Mattias Olsson (Anglagard, White Willow),Tony Pagliuca (Le Orme), Luciano Regoli (Raccomandata Ricevuta Riturno),  David Cross (King Crimson), Tomas Bodin (The Flower Kings), John Hackett, Fabio Liberatori (claviériste pas connu en France mais qui est une pointure réputée en Italie) et... David Jackson bien sûr ! Vous pouvez ajouter à cela une cover qui en jette. Elle est signée Rodney Matthews et succède avantageusement à celle de From Sea and Beyond (que l'on devait à Colin Elgie) qui avait un côté un peu trop kitch à mon goût. C'est loin d'être le cas de la pochette de Wyrd qui nous plonge dans un monde d'Héroic-Fantasy. Çà tombe très bien car "Challenge", le premier morceau est complètement raccord avec cet univers et l’album n'aurait pas pu mieux démarrer qu'avec ce type d'épic qui réunit le meilleur du prog anglo-saxon et du prog italien avec pour point commun une dimension symphonique romantique qui vous remue vraiment. Derrière, "The eery manor" est un titre plus torturé qui a évidemment de fortes réminiscences avec Ys d'Il Balleto di Bronzo mais aussi avec quelques passages du Felona e Sorona de Le Orme. Je dois dire que les claviers sont utilisés avec toute la maestria que requiert ce type d'exercice avec à l’arrivée, un effet saisissant.  "Endeavour" est, disons, plus atmosphérique. La ligne de chant manque à mon avis d'assurance, mais colle bien à la tonalité d'ensemble qui se veut mélancolique, au moins jusqu'à l'intervention furibonde d'un orgue énervé qui ouvre pour le saxo de l'ami David Jackson. Vous vous doutez bien qu'il ne faut pas trop chercher l'anglais sur ce terrain et son sax part rapidement dans des dérapages contrôlés dissonants dont lui seul a le secret. Les retours réguliers à des plages plus calmes et surtout la présence d'une pédale basse sur certaines séquences rappelle bien sûr Genesis. Malgré ses multiples variations d'ambiances et de tempi, le morceau a une certaine tenue à défaut d'une réelle cohérence. Arrive alors "Ajar" et sa longue intro en partie inspirée de celle de "Heart of the sunrise" (si si écoutez bien la section rythmique) de qui vous savez. La suite du titre a de quoi surprendre avec une succession de plans de claviers coupés par des riffs de saxo et des interventions de chœurs qui se veulent yessiens bien sûr. Le résultat nous amène plus du côté de Drama que de Relayer même si quelques passages tarabiscotés peuvent faire illusion. L'outro du morceau reprend le thème de l'intro avec, il faut le dire, une certaine réussite. Avec "Endless" le cinquième et dernier morceau, Roberto apporte la preuve qu'il peut encore faire mieux et monter le niveau d'un cran pour nous offrir ce qui est sans aucun doute l'apogée de cet album. En treize minutes et des poussières, Roberto propose un florilège de son savoir-faire autant pour ce qui concerne la partie compo, que pour les arrangements et bien sûr l'exécution. Cela donne une très belle première partie inspirée et mélodique à souhait dans une veine proche, une fois encore, de Genesis, mais aussi de ceux que l'on peut entendre chez les meilleurs groupes de néo-prog (ceux qui ont des claviéristes dignes de ce nom, suivez mon regard). Le morceau enchaine ensuite avec une deuxième section toujours instrumentale, superbe avec d'irrésistibles explosions orchestrées aux claviers. Nous arrivons ainsi, sans avoir ressenti de longueurs, sur une dernière partie de morceau étonnante qui bascule dans univers sonore électronique qui ne manque pas de surprendre.
Wyrd est surement la meilleure production à ce jour de Roberto Vitelli avec Ellesmere. Il va maintenant falloir tenir le cap et peut être envisager un nouvel album avec un chanteur plus emblématique. Ce serait bien.   

La tracklist :

  1. Challenge
  2. The eery manor
  3. Endeavour
  4. Ajar
  5. Endless

La formation : Roberto Vitelli (guitares, basses, pédale basse), Mattias Olsson (batterie), Fabio Bonuglia (claviers).   

Invités : Luciano Regoli (chant), Giorgio Pizzala (chant), Tomas Bodin (basse), John Hackett (flûte), David Cross (violon), Fabio Liberatori (claviers), Tony Pagliuca (claviers), David Jackson (saxophone).

Les liens utiles : 

Le bandcamp d'Ellesmere

Pour l'acheter chez BTF

dimanche 3 janvier 2021

Indra : Ceneri - Requiem per il Sogno Americano


C'est reparti pour une nouvelle année de découvertes en espérant que la cuvée 2021 sera autant porteuse de bonnes surprises pour le prog italien que la précédente. 

A la base, Indra est un trio de musiciens (Gianluca Vergalito, Mattia Strazzullo, Antonio Armanetti) qui porte un projet ayant à la fois des ambitions multiculturelles et pluri-artistiques. Comme souvent en Italie, le groupe élabore des œuvres "totales" qui outre la musique, comportent une part importante de textes (avec des récitants), ainsi qu'une chorégraphie scénique qui s'appuie sur des danseuses et la mise en avant de costumes. Le groupe a ainsi proposé en 2017 un premier spectacle (Fossili) qui fonctionnait déjà sur ce principe. En 2020, un nouveau projet a vu le jour avec un synopsis basé sur une histoire assez pessimiste et désespérée, celle d'un homme parti de rien qui tente de s'élever dans la société contemporaine et qui, malgré ses efforts finit par tomber dans la marginalisation, d'où le titre "Requiem pour le rêve américain". Le groupe a tout juste eu le temps de présenter Ceneri sur scène à deux reprises en août 2020 avant que la fenêtre de tir se referme pour cause de lockdown. 

Musicalement, écouter Ceneri, c'est accepter de faire un très joli voyage dépaysant durant lequel vous évoluerez dans une ambiance générale très soft jazz parfois swingante, avec un mélange d'apports ethniques assez diffus rarement typés, avec même une volonté délibérée de brouiller les pistes, ainsi l'utilisation parcimonieuse du sitar sur "Illusione" n'en fait pas un morceau connoté indien pour cela (l'intro indiquerait d'ailleurs plutôt une influence de Weather Report). On peut même parler de déstructuration au profit d'une World Music qui a le dos large. Le plus intéressant étant pour moi le travail réalisé sur les tempi et les étranges articulations polyrythmiques que se permettent (avec bonheur) les musiciens ("Taranta stomp" en est vraiment un bon exemple). Les lignes mélodiques restent très discrètes, pour ne pas dire passe-partout, et l'on comprend que la plupart des morceaux sont avant tout autant de séquences musicales servant de supports au déroulement de la partie scénique (vous en avez deux bonnes illustrations ici et là  !). Ce qui fait qu'à mon niveau, je retiens principalement "Taranta stomp" et "Erzezù ", deux pistes où il se passe vraiment quelque chose.

Il est rare que je m'arrête sur la couverture. Mais là je dois reconnaître que l'artwork - signé Gabriele Tullo - en jette. D'ailleurs toute la partie design est soignée que ce soit le livret ou même les petits stickers offerts avec le CD.

La Tracklist (vous pouvez écouter les titres en cliquant directement dessus) :

  1. Fenice
  2. La variante ascari
  3. Fuochi d'artificio
  4. Taranta stomp
  5. Erzezù
  6. Cuore
  7. Illusione
  8. Il viandante
  9. Caronte
  10. Manifesto  
La formation : Gianluca Vergalito (guitare, sitar, basse), Mattia Strazzullo (piano, claviers, synthé basse), Antonio Armanetti (batterie), Giuseppe Bianchi (récitation), Laura Esposito et Sara Ferrigno (danse)

LE CD autoproduit est distribué par Lizard Records

vendredi 1 janvier 2021

édito d'un drôle de nouvel an

J'avais décidé de ne pas faire d'édito cette année. Pas d' inspiration ou plutôt une inspiration polluée par une multitude de sentiments, d'idées, de rancœurs qui finissent par transformer un fluide pur en eau trouble. Pas envie non plus de ressasser une enième fois les charges virales d'une année qui aura sans aucun doute marquée un tournant dans l'histoire moderne de l'humanité. L'Homme, aveuglé par un sentiment de supériorité et euphorisé par un cynisme qui n'a pas d'équivalent dans la nature,  porte en lui son  malheur et s'attache à organiser méthodiquement sa propre destruction. Je ne suis pas Don Quichotte et je ne me sens ni les épaules ni le courage pour aller me battre contre l'inéluctable et encore moins contre la bêtise humaine qui, l'année 2020 l'a hélas amplement démontré, gagne toujours.  

Alors pourquoi cet édito quand même  ? Parce que s'il y a quelque chose qui peut sauver les hommes et les unir, c'est bien la musique. Langage unique et universel. Langage qui unit et réunit les hommes quelque soit leur nationalité, leur couleur de peau et leur âge. La musique est ce qui permet à beaucoup de gens de vivre et de survivre. Et pas que les musiciens. Tous ceux à qui le langage musical parle parce qu'il s'agit avant tout de vibrations qui touchent et atteignent le plus profond de l'être. 

Or, figures-toi qu'aujourd'hui justement, je suis à nouveau tombé sur plusieurs articles de presse évoquant la puce Neuralink qu'Elon Musk se propose de nous implanter dans le cerveau. C'est quoi cette puce ? C'est une interface cérébrale qui doit permettre à terme d'aboutir à la fusion entre l'Homme et l'Intelligence artificielle qui ne feront alors plus qu'un. Le surhomme quoi (çà rappelle des souvenirs hein !). En d'autres termes, je parle là du transhumanisme qui est aujourd'hui la raison d'être et l'obsession de tous les super puissants et autres dégénérés mégalomanes qui régissent le monde et ordonnent aux nations. Elon Musk en fait partie bien sûr. Or cette puce, entre autres joyeuses fonctionnalités, aura la capacité de diffuser de la musique directement dans notre cerveau. FOR MI DABLE monsieur Musk (le musc c'est pas le truc qui pue chez les animaux ?), formidable monsieur Musk vous êtes le génie malfaisant (il en fallait un !) qui va se charger de supprimer le dernier espace de liberté intellectuelle qui permet aux hommes de communiquer autrement que par les langues et les signes, qui leur permet de se comprendre et de communier ensemble. C'est sûr qu'avec une puce qui zonzonne dans ton cerveau, tu risques pas de partager grand chose avec ton voisin, déjà qu'avec les écouteurs collés sur les oreilles !  

Voilà, c'est tout pour moi, j'arrête là. Tu arriveras bien à imaginer toi même la suite et ce qui nous attend  ou plutôt ce qui attend nos enfants. Penses bien à çà pendant que tu choisis tranquillement ce que tu vas écouter ce soir. "L'illusion est trompeuse mais la vérité l'est bien davantage" (mon Maitre, Frédéric Dard).

NB : désolé de t'avoir tutoyé mais je suis un affectif et puis çà, j'ai encore le droit de le faire !