New Trolls : Searching for a Land (LP x 2, Fonit Cetra, DPU 70, 1972)
Ceux qui me font l’honneur de me suivre connaissent mon
sentiment partagé concernant les New Trolls. Certes ils ont incontestablement
marqué de leur nom la belle époque du prog italien pourtant je reste dubitatif
quant à l’homogénéité de leur production discographique, mes doutes allant
jusqu’à me poser quelques questions sur la sincérité de leur démarche
artistique. Les New Trolls ont eu du mal à se fixer sur un style. Il y a
d’abord eu la pop légère (normal on était encore en fin des sixties), puis le rock
baroque symphonique (Concerto Grosso bien sûr), ensuite le hard prog. Après
l’intermède Ibis/N.T. Atomic System, les New Trolls se sont essayés au jazz
rock (Tempi dispari) avant de se vautrer dans la disco pop à la Bee Gees sans
compter les retours épisodiques au rock orchestral pompeux avec plusieurs
suites au Concerto Grosso (la n° 2 et The Seven seasons). Pourtant les
musiciens étaient techniquement bons et les compositions tenaient en général la
route, il n’y a rien à dire de ce côté là. Je déplore juste que les New Trolls
n’aient pas plus affirmé leur propre identité musicale au détriment trop souvent
d’un manque d’originalité. Ils en avaient les moyens.
Plutôt que la série des Concerto
Grosso qui me semble largement surestimés au moins pour les n° 2 et 3, je vais vous présenter dans la
rubrique « Le coin des vinyles », deux de leurs œuvres sorties la
même année (1972), soit celle qui correspond à leur période hard prog. Elles
permettent de mieux se rendre compte de quoi ils étaient capables dans le
sens où ils se lâchent un peu plus.
Ce mois-ci, ce sera le double LP Searching for a Land
qui est agencé comme le Ummaguma des Pink Floyd : un 1er disque
constitué de morceaux studio, le 2ème étant une soi-disant captation
en concert avec quatre titres présentés totalement originaux. En fait, le
groupe a bien enregistré live ces quatre morceaux mais sans public. Les
applaudissements et acclamations que l’on entend ont été rajoutés
artificiellement au mixage final.
Le LP studio est particulièrement
intéressant avec des titres sur lesquels le groupe se permet un peu plus de
libertés comme « A land to live a
land to die » et « Edith ».qui sont vraiment de très belles
pièces bien foutues allant chercher l’inspiration du côté de la scène de
Canterbury en général et de Robert Wyatt en particulier pour « A land to
live a land to die » et de Blind
Faith et Led Zep pour « Edith ».
Évidemment, à côté, la partie
live est plus roots et moins raffinée avec des musiciens qui plongent avec
délectation dans un hard prog mélangeant allégrement Focus, Jethro Tull,
Colosseum, Deep Purple et Led Zep. Pourtant, j’ai la nette sensation que c’est
là que les membres de New Trolls s’éclataient le plus, qu’ils étaient les plus
naturels et qu’ils s’amusaient vraiment (« Muddy
Madalein »/« Lying here »).
On en reparle la prochaine fois avec UT qui viendra confirmer ce
ressenti.