jeudi 5 décembre 2024

Submarine Silence : Atonement of a former sailor turned painter

Comme je vous l'avais annoncé en avant première, il y a quelques semaines, en vous offrant la photo de la superbe couverture signée Ed Unitsky, le nouveau Submarine Silence est sorti le 29 novembre 2024.
Pour cette cinquième aventure discographique, David Cremoni (guitares) et Cristiano Roversi (claviers) ont été rejoints par Guillermo Gonzales au chant (déjà présent sur les récents albums depuis 2016), Manuela Milanese au chant, Marco Croci à la basse, Maurizio del Tollo à la batterie et ... Roine Stolt à la guitare sur le premier morceau entièrement instrumental. En clair, Submarine Silence, aujourd'hui, c'est une équipe de musiciens solides et expérimentés.
Cremoni et Roversi ont voulu proposer un album ambitieux avec notamment cette longue pièce épique de 21 minutes, en 8 parties, qui tient globalement bien la distance.
Pour le reste, çà ressemble souvent à du Hackett et à du Genesis haut de gamme mais aussi de plus en plus à du Flower Kings ("Limbo of tthe rootless" et "Atonement of a Former Sailor Turned Painter"). En résumé, c'est très bien fait et la présence de Manuela Milanese au chant féminin est vraiment une très bonne idée, ça compense pour moi la voix du chanteur que je trouve triste et sans attrait (je reconnais que je suis assez difficile sur les voix depuis un moment). Elle illumine à elle seule la suite "Atonement of a Former Sailor Turned Painter".
Voilà donc un bel album pour finir l'année, sans doute un des derniers pour ce qui concerne le RPI. Il va être temps de faire les comptes !

La tracklist :

1. Majestic Whales
2. Les mots que tu ne dis pas
3. Limbo of the Rootless
4. Atonement of a Former Sailor Turned Painter
I. Guadeloupe
II. Port of Spain
III. Shango Orishas
IV. The Floating Painter's Palette
V. Chanson a la lune
VI. Port-Au-Prince
VII. Niet Vergeten!
VIII. Self-Portrait for Two
5. Zena (bonus track)





vendredi 22 novembre 2024

Blacksmith Tales : Pathway to Hamlet's Mill

En 2021, nous avions eu droit au très bon album de ce groupe, The Dark Presence qui proposait un prog symphonique du meilleur cru.
Trois ans après voici donc ce Pathway to Hamlet's Mill. Un deuxième album qui a été largement conceptualisé et composé par son leader David Del Fabro.
Le sujet de l'album est le livre Hamlet's Mill de Giorgio de Santillana et Hertha von Dechend, qui traite du mythe comme d'une forme de perpétuation de la connaissance des anciens et de la structure du temps. Quelques part l'histoire se perpétue et le voyage entamé avec The Dark Presence se poursuit donc avec  Pathway to Hamlet's Mill. Chaque morceau, à l'exception de "Interlude: a Guide Through the Path"
, est accompagné d'une courte citation qui sert d'introduction et fournit la clé de lecture et d'interprétation du texte. Il est d'ailleurs utile de préciser que pour une fois les parties narratives sont bien foutues et n'alourdissent pas l'ambiance, c'est assez rare pour le souligner !
Comme pour The Dark Presence, la musique est toujours aussi ambitieuse, parfaitement composée et arrangée par David Del Fabro, un musicien qui connaît à l’évidence son sujet., avec des équipiers solides pour interpréter les huit morceaux qui représentent en 45 minutes le meilleur d’un rock progressif inspiré qui ne lâche rien, faisant en permanence la navette entre la tradition du prog seventies et un prog rock moderne pêchu et accrocheur ("The flame within", ""Key to the Temple"), car les rythmiques appuyées et les riffs de guitares métalliques ne font absolument pas peur à ce groupe ("The flame within", "Descent of God")
Il y a quand même une petite nouveauté intéressante par rapport au premier album avec la présence "C'è casa a 30 miglia", une ballade chantée en italien, dans laquelle David Del Fabro évoque les souvenirs mélancoliques de son enfance, qui sont derrière lui à tout jamais mais qui se confondent dans son esprit avec la vision d'un avenir possible.
Un mot pour le duo à deux voix qui fonctionne plutôt très bien avec même de vrais moments de grâce comme sur "The Pendulum".
L'impression très positive laissée par le premier album se confirme donc largement avec Pathway to Hamlet's Mill. Même si tout n'est pas très original, Blacksmith Tales a trouvé son style entre ces séquences puissantes gorgées de mélodies superbes ( "Dance of the Stars", "Key to the Temple" encore) et ces arrangements somptueux, grandioses dans le cas de "Hamlet's Mill Overture".

Le groupe : Stefano Sbrignadello (chant et chœurs), Beatrice Demori (chant et chœurs), Marco Falanga (guitare et base), Simone Morettin (batterie), Luca Zanon (piano, Moog, orgue Hammond, synthés), Davide Del Fabro (piano, chœurs).

 
La tracklist :
1 Hamlet's Mill Overture
2 Key to the Temple
3 C'è Casa a 30 Miglia
4 The Flame Within
5 Interlude: a Guide Through the Path
6 Descent of God
7 The Pendulum
8 Dance of the Stars


L'album est sorti le 20 septembre chez Aereostella

 

 

 


jeudi 14 novembre 2024

G.O.L.E.M. : Gathering Of the Legendary Elephant Monsters

G.O.L.E.M. serait donc un groupe mutant, un simple sigle à géométrie variable qui après avoir été l'acronyme de "Gravitational Objects of Lights, Energy and Mysticism" pour son premier album serait devenu aujourd'hui celui de "Gathering Of the Legendary Elephant Monsters ". Étonnant, isn't it !
En tout cas, avec ce deuxième album à mettre aux crédits de G.O.L.E.M.; il apparaît que Paolo Apollo Negri est bien décidé à vivre une nouvelle aventure avec ce groupe, plus de dix ans après la fin de Wicked Minds qui avait quand mêle laissé un paquet de bons souvenirs aux adorateurs du hard prog à l'ancienne. Mais voilà, l'histoire semble vouloir éternellement se renouveler, Apollo Negri a remis les fourneaux en chauffe et G.O.L.E.M. déboule avec cette deuxième coulée d'orgues vintage en état incandescents qui sont quand même le cœur du réacteur.
pour vous dire, ça embrase dès les premières secondes de "Gravitational Objects of Lights, Energy and Mysticism" qui sont une avalanche de notes en fusion dégringolant de vos enceintes, à croire que les musiciens de Uriah Heep viennent de débarquer dans votre salon. Ça se calme un peu ensuite, il est vrai avec le chant solennel de Marco Vinci sur fond d'accompagnement liturgique avant de repartir pour une longue cavalcade menée par les deux claviéristes. Les tableaux tour à tour  enlevés ou calmes se suivent, mais l'ambiance générale reste lourde et sombre.  
Avec quelques réserves sur le chant, trop forcé à mon goût (remarque mineure), je suis vraiment fan de la musique que produit cette formation, avec ses compositions vraiment léchées et bien sûr ses deux claviéristes qui rivalisent d'inventivité. Il y a ainsi sur cet album, un nombre impressionnant de séquences instrumentales absolument irrésistibles, sans parler d'un morceau comme "Life between the lines" qui est de la folie pure. Côté réappropriation de plans hard prog vintage, l'inspiration de Paolo et Emil semble inépuisable.
L'intérêt de cette musique réside dans un bon équilibre entre un son à l'ancienne, fourni par l'utilisation d'instruments d'époque, et une évidente envie d'apporter ses propres idées pour créer son propre univers artistique. Un morceau comme "Mechanical evolution" incarne parfaitement cette ... évolution. Visiblement les deux ans qui séparent les deux albums ont été mis à profit pour arriver à ce résultat, qui je le réaffirme, est fort réjouissant. Il ne reste plus qu'à attendre le troisième album. 

 
Le groupe : Paolo Apollo Negri (orgues et synthés), Marco Zammati (basse et Moog Taurus), Francesco Lupi (batterie), Emil Quattrini (piano, piano électrique, Mellotron, String Machine), Marco Vincini (chant)

La tracklist

01. Gravitational Objects of Lights, Energy and Mysticism
02. Mechanical evolution
03. The endless night of reason
04. Life between the lines
05. Tale of the oblivion dance
06. Keeper of the ocean's gate

Écoute possible sur bandcamp : Gathering Of The Legendary Elephant Monsters 

Label : Black Widow Records


vendredi 8 novembre 2024

Lethe : il cavaliere inesistente

Maintes fois annoncé par Lorenzo Vas mais toujours remis à plus tard, le nouvel album de Lethe, sort enfin, plus de trente après son prédécesseur Nymphae. Le fait qu'il y ait encore sur le pont quatre membres du groupe d'origine est un quasi miracle. Ceci explique sans doute en grande partie que l'on ait l'impression d'entendre le son du prog italien des années 90, celui de Consorzio Acqua Potabile, Il Castello di Atlante, Calliope, Nuova Era, Sithonia et cie.
Finalement la différence se fait au niveau des voix puisque le chanteur de l'époque est remplacé par Giacomo Balzarotti, que l'indispensable Alessandro Corvaglia est présent sur deux morceaux (deux belles performances comme d'habitude) et qu'une voix féminine (celle d'Eleonora Mosca) apparaît pour incarner Bradamante. 
Je ne cache pas non plus que le choix d'une nouvelle d'Italo Calvino, comme thème principal d'inspiration de l'album, me touche beaucoup, tant l’œuvre de cet écrivain unique m'a marqué. Je retrouve d'ailleurs parfaitement, dans la musique créée par le groupe, l'ambiance médiévale mais aussi fantastique du dernier chapitre de la " trilogie héraldique". Il y a également parfois un côté théâtral qui  peut rappeler Il Bacio della Medusa ("Pagani", "L'elmo d'oro"). 
Je dois dire que cela fait du bien d'entendre cette musique qui est très belle et qui donne l'impression que le temps s'est arrêté il y a trente ans. "Mura di Fuoco" est le titre d'ouverture qu'il fallait pour renouer le lien spacio-temporel entre les deux albums. "Regno futuro" est un morceau parfait pour finir en beauté cet album. Entre les deux, c'est du bonheur !
Pour un groupe qui n'a pas donné de nouvelles pendant si longtemps, je trouve ce retour très sympathique avec cette musique qui joue avant tout sur les nuances et sur les émotions, une manière de faire du prog qui se perd depuis un moment à mon avis. A ce sujet je vous conseille d'écouter l'instrumental "Bradamante" ou l'épique "Nel Segno della Croce". Voilà donc le genre d'album qui suffit à mon bonheur d'amateur d'un prog italien symphonique que je qualifie de traditionnel.
Lethe, trente après : un très bon retour dans le Petit Monde du Rock Progressif Italien !

Le groupe : Giacomo Balzarotti (chant, chœurs), Serena Bruni (flûte), Lorenzo Gervasi (claviers), Pietro Paganelli (batterie, percussions), Fabio Massimo Sanzo (basse, chœurs), Valerio Vado (guitares)
Avec : Alessandro Corvaglia (chant sur 1 et 5), Eleonora Mosca (chant sur chœurs sur 4 et 5)

La tracklist : 

1. Mura di Fuoco
2. Il Cavaliere Inesistente
3. Perpetua Confusione
4. Vuoto nel Vento
5. Animali сristiani
6. Bradamante
7. Ansie
8. Nel Segno della Croce
9. Cosmoconia
10. Pagani
11. L'Elmo d'oro
12. Regno Futuro 

En écoute sur bandcamp :  Lethe - il cavaliere inesistente

samedi 2 novembre 2024

Alex Carpani : The Good Man


Depuis Waterline en 2007, Alex Carpani a fait un bon bout de chemin que ce soit sous son nom (Alex Capani Band) ou encore avec Aerostation, ce qui fait au total sept albums au compteur. The Good Man est donc le huitième et il pourrait bien marquer un tournant dans la carrière discographique de son créateur.
L'album est découpé en deux parties représentant chacune une suite complète d'une demi-heure, "Amnesiac" et "Good and evil". A noter que les morceaux formant chacune des suites sont réellement enchaînés sans blanc, ce qui évidemment rajoute beaucoup à la dimension monumentale de chaque opus. A noter également que neuf pistes sur dix huit sont des instrumentaux, ce qui donne une indication forte de la direction musicale qu'a voulu Alex Carpani pour son œuvre.
Quand "Amnesiac" décrit en neuf tableaux une expérience d’amnésie profonde vécue sur une journée avec pour finir un retour à la lumière, "Good and evil" évoque les expériences sensorielles vécues  provoquées par les ondes et les fréquences, positives et négatives, provenant des profondeurs du temps et de l’espace.
Une fois encore Alex Carpani fait preuve de modernité et produit une musique qui alterne les parties de rock énergique avec d'autres qui jouent beaucoup plus sur les ambiances avec l'apport de la mezzo soprano Valentina Vanini. Ces dernières sont sans doute celles aussi où le savoir-faire de compositeur d'Alex Carpani se fait le mieux sentir.  
Avec cet album, Carpani amalgame différents styles qu'il a pratiqué tout au long de sa carrière, que ce soit le rock progressif, l'ambient, la musique électronique, le prog métal et bien sûr le rock symphonique.En fait, il apparaît qu'il s'est enfin complètement débarrasser des influences prog qui marquaient ses précédents albums, que ce soit Genesis, Peter Gabriel, King Crimson, Pink Floyd ou  encore VDGG (David Jackson est d'ailleurs présent sur plusieurs de ses disques). Là, il me fait plus penser par moments à ce qu'a produit Andy Jackson avec une nette dimension cinématographique en plus. A cet égard, les séquences durant lesquelles Valentina Vanini intervient pourraient assez facilement rappelé le Goblin de Non Ho Sonno
Si je dois donner une préférence entre les deux suites, et même si "Amnesiac" présente dix dernières minutes somptueuses, j'opte quand même pour "Good and evil" qui me semble imparable et tenir la distance tout au long de ses neuf parties toutes plus passionnantes et catchy les unes que les autres. Une suite qui constituerait une superbe B.O. au passage.
Au début de cette chronique, j'indiquais que cette nouvelle sortie marquait sûrement un tournant dans la carrière discographique d'Alex Carpani. Je le confirme. Cet album dépasse de la tête et des épaules tous ses précédents disques qui étaient déjà de grande qualité. Mais The Good Man me semble être ce qu'Alex Carpani a fait de plus ambitieux mais aussi de plus personnel (dans le sens artistique du terme) à ce jour. Cet album mérite d’être défendu sur scène dans une version symphonique. 
Nul doute que The Good Man va compter dans le best of des meilleurs albums de RPI pour 2024. 

Les musiciens : Alex Carpani (chant et chœurs, claviers, drum machines, basse synthé, guitares virtuelles), Bruno Farinelli (batterie), Giambattista Giorgi (basse), Emiliano Fantuzzi (guitares), Alessio Alberghini (saxo soprano), Valentina Vanini (chant féminin). mezzosoprano
 
La tracklist : 
 
Suite "Amnesiac"
01- Amnesiac part 1: On A Train
02- Amnesiac part 2: The Perfect Chaos
03- Amnesiac part 3: Flashbacks
04- Amnesiac part 4: The Edge Of My Mind
05- Amnesiac part 5: Diamond In The Rough
06- Amnesiac part 6: Past Life
07- Amnesiac part 7: Heart Calling
08- Amnesiac part 8: As Light Returns
09- Amnesiac part 9: End Of The Day 

Suite "Good And Evil"
10- Good And Evil part 1: Lost Frequencies
11- Good And Evil part 2: The Flow
12- Good And Evil part 3: P.T.S.D.
13- Good And Evil part 4: Stillness And Ecstasy
14- Good And Evil part 5: Flirting With Darkness
15- Good And Evil part 6: Mystical
16- Good And Evil part 7: Leaving The Path
17- Good And Evil part 8: Masquerade
18- Good And Evil part 9: Everything Falls Into Place

Sortie le 6 décembre 2024
Label : Artist Records
Distribution : Pick-Up Records

Quelques liens pour écouter :

mercredi 9 octobre 2024

Alphataurus : 2084 -Viaggio nel nulla

Alphataurus : pour vous dire l'attachement que j'ai à ce groupe, je vais devoir vous parler un peu de moi. Désolé mais çà va bien se passer, vous allez voir. Quand, j'ai collaboré au livre en italien sur les plus grands albums de rock de l'année 1973, le disque que j'ai choisi de chroniquer en premier était celui d'Alphataurus. Quand le groupe s'est reformé en 2010 autour de Pietro Pellegrini, Guido Wassermann et Giorgio Santandrea, j'ai fait le voyage en Italie pour les voir. Bien sur après, dès que j'en ai eu la possibilité, je suis retourné les voir à Milan, à Gênes ou encore à Besate. Il n'y a pas beaucoup de groupes pour lesquels j'ai un tel attachement de cœur. Avec Alphataurus, Delirium et la Locanda delle Fate font partie de ce jardin secret.
Quand Claudio Falcone m'a annoncé qu'il n'était plus dans le groupe, ça m'a fait un choc. Claudio, outre le fait qu'il avait une personnalité affirmée et une vraie présence scénique, avait pris toute sa place comme chanteur dans Alphataurus, en faisant (presque) oublié Michele Bavaro. Quand Guido est décédé, ma peine a été immense. Il faisait parti de ces guitaristes discrets mais indispensables. Alors, pour moi, il y a encore peu, Alphataurus était en train de devenir un souvenir. Et puis Pietro m'a dit un jour qu'il préparait un nouvel album et que Guido serait dessus, l'espoir est alors revenu. Même si la gestation a été un peu longue, nous y voilà pour de bon. Le troisième album du groupe est enfin disponible à l'écoute.
Commençons d'abord par la nouvelle équipe en place. Aux côtés de Pietro Pellegrini et du regretté Guido Wassermann, nous trouvons le deuxième claviériste, Andrea Guizetti, présent depuis la reformation de 2010. Le poste de bassiste a connu beaucoup de mouvements. C'est aujourd'hui Tony Alemanno, qu'on avait découvert dans la meilleure formation récente de The Trip, qui tient la basse. Le musicien professionnel Diego Mariani est à la batterie. Enfin pour le délicat poste de chanteur, c'est un autre musicien confirmé qui est convié en la personne de Franco Giaffreda, un garçon sympathique et doué que j'avais vu, il y a quelques années, en concert avec Biglietto per l'Inferno.
Le premier morceau "Pista 6" met en un peu de temps à démarrer mais une fois qu'il a enfin pris son rythme de croisière, il est alors possible de se rendre compte qu'il fait à la fois office de très belle introduction mais aussi, et cela est le plus intéressant, de liaison avec les deux précédents albums du groupe. La dernière partie, survolée par la guitare électrique de Guido, est carrément sublime.
"Viaggio nel nulla" surprend un peu par un ton résolument plus moderne. Ceci étant dit, à l'aune du grand âge d'Alphataurus, on parle là d'une modernité qui se réfère au prog des années quatre vingt dix !
Mais, c'est avec le bien nommé "Flashback (Apocalisse)" que les oreilles des progueux les plus affutés devraient se dresser. Ce son de synthé, cette puissance contenue, cette rythmique en coup de boutoir, Alphataurus se place ici en porteur du bon vieux prog italien à la Banco del Mutuo Soccorso. Daté ? Dépassé ? Détrompez-vous, pour ce genre de musique, la magie opère encore aujourd'hui, à condition que ce soit bien fait et là, c'est TRES bien fait. 
Mais ce titre ne fait que nous préparer au big opus de l'album : je parle de "Wormhole". Une première partie qui tient autant du monument hard prog que de la monstruosité prog, un croisement improbable entre Ys (Il Balleto di Bronzo) et Tarkus (ELP), puis une deuxième partie qui flirte lourdement avec Genesis et Hackett en solo, mais avec quand même un petit zeste très italien, quelque part entre les New Trolls et Delirium, autant pour les lignes de chant que pour l'apport à la flûte de Giaffreda. Après l'hymne  interprété en chorale auquel succède le pont survolé par la flûte, la fin du morceau reprend le thème mouvementé et tumultueux de la première partie, laissant ainsi réellement l'impression d'avoir affaire à une suite prog parfaitement finie.
"Meta e metà" est un titre complètement insane, un compromis réussi entre le Alphataurus de 1973 et celui de 2012, ce qui fait qu'on pourrait même assez bien projeter la voix de Claudio sur les parties chantées. Ceci étant dit, et il faut le souligner, Franco Giaffreda assure bien et fait parfaitement le job. Mais cette composition est aussi une orgie de claviers vintage (d'abord le Clavinet et le Moog puis l'orgue Hammond un peu plus loin dans le morceau) dont les sonorités si caractéristiques ne peuvent que vous faire frétiller de bonheur. 
Enfin, le groupe a choisi de clôturer l'album avec une chanson d'une beauté...je ne vous dis que ça ! La ligne de chant de "E = mc2" est sublime et l'accompagnement symphonique ramassé est à la fois d'une délicatesse et d'une légèreté qui permettent d'élever le morceau au sommet de la béatitude. Tout est ici parfaitement équilibré et d'une justesse incroyable. Je ne vois d'ailleurs pas comment cette ballade aurait pu être chantée dans une autre langue que l'italien.
Au niveau artwork, Diego Marini (le batteur) a créé une œuvre picturale, traitée en clair-obscur, qui s'inspire beaucoup de la couverture mythique de l'album de 1973. La version vinyle propose d'ailleurs également un triptyque à rabats permettant de contempler le tableau dans son intégralité. On constatera que les colombes volent dans un halo de lumière blanche qui est le seul point lumineux d'un immense paysage de désolation.
2084 -Viaggio nel nulla est une production musicale sans doute moins folle et délirante que sa lointaine devancière de 1973 mais elle en garde la même puissance évocatrice et la même beauté sombre. Cette œuvre conceptuelle, qui mélange réflexions philosophiques et visions utopiques, est une étoile de plus à ajouter à la constellation du Taureau, une étoile qui va briller aux côtés de ses deux sœurs aînées. Un bon moyen de rendre hommage à Michele Bavaro, Alfonso Oliva et Guido Wassermann. 
Sic itur ad astra !

Le groupe : Guido Wassermann (guitares, synthés, chœurs), Andrea Guizzetti (piano, synthés, chœurs), Pietro Pellegrini (orgue Hammond, synthés), Tony Alemanno (basse), Diego Mariani (batterie, chœurs), Franco Giaffreda (chant, guitare, flûte).

La tracklist :

1. Pista 6 (8:56)
2. Viaggio nel nulla (4:59)
3. Flashback (Apocalisse) (5:50)
4. Wormhole (10:15)
5. Meta e metà (6:36)
6. E = mc2 (5:05)

Label : AMS Records

vendredi 4 octobre 2024

Aliante : Anime invisibili

Aliante a été fondé en 2017 par deux anciens d'Egoband  (Alfonso Capasso et Jacopo Giusti), une formation qui a produit cinq albums entre 1991 et 2016. Pour sa part, Aliante a déjà sorti trois disques qui représentent ce qui se fait de mieux aujourd'hui dans le prog italien instrumental. Le dernier album en date, Destinazioni oblique, avait d 'ailleurs bien marqué les esprits en 2022.

Anime invisibile est présenté comme une longue suite articulée autour de quatre mouvements d'une durée de huit à quinze minutes. L'écoute de l'entièreté de l’album fait beaucoup penser à un long voyage durant lequel l'auditeur traverse des univers différents plus ou moins hospitaliers. Il apparaît très vite évident que le premier titre, "Sopravvissuti", est quand même beaucoup habité par les sonorités de synthés et par les boucles électroniques imaginées par Michele Lenzi. Heureusement, Davide Capitanio peut placer quelques chorus lumineux qui ne sont pas sans évoquer Andrew Latimer. Mais la fin du morceau est carrément un one man show de Lenzi qui fait miauler ses machines sans aucune retenue dans un long crescendo sonique enflant jusqu'à la démesure et/ou jusqu'à l'extase. J'avoue avoir grandement apprécié le mouvementé et très efficace "L'eco dalle onde" (ah le - trop court - riff d'orgue !) ainsi que le très cool "Orange blue" resplendissant d'une beauté lumineuse et ondulant au gré d'un swing jazzy. Enfin il y a cette "Nuit dans le désert" qui ressemble à une longue envolée mystique et mystérieuse dégageant de délicates fragrances orientales, rappelant en cela le Camel de Rajaz. C'est aussi l'occasion pour Davide Capitanio de s'exprimer enfin totalement, notamment dans la section finale qui lui permet réellement de faire la différence en faisant complètement décoller le morceau. 

Avec Anime invisibile, Aliante tient son cap et aligne un quatrième album qui se place sans problème au niveau de ses devanciers. 

Le groupe : Davide Capitanio (guitares), Michele Lenzi (claviers, basson, flûte, guitare), Alfonso Capasso (basse), Jacopo Giusti (batterie, didgeridoo).

La tracklist :

1- Sopravvissuti
2- L'eco dalle onde
3- Orange blue
4- Nuit dans le désert


mardi 1 octobre 2024

Il Segno del Comando : ... Al passato, al presente, al futuro...Live in studio

En 2017, alors même qu'Il Segno del Comando avait déjà trois albums à son actif, ses musiciens s'étaient retrouvés en studio pour enregistrer, en condition live, six des morceaux les plus emblématiques de la formation génoise.

Loin d'être une décision anodine, ces prises 'in vivo" étaient l'occasion de réunir la nouvelle formation enfin stabilisée autour de l'inamovible Diego Banchero, le gardien du temple, il segno del comando personnalisé ! Plusieurs fois remanié depuis sa création en 1995, le groupe avait accueilli en 2013 ses deux nouveaux guitaristes (Davide Bruzzi et Roberto Lucanato) ainsi que le batteur Fernando Cherchi pour l'album Il volto verde. Puis le nouveau chanteur Riccardo Morello était arrivé peu après.

De fait, ce Live in Studio avait tenu toutes ses promesses et réjoui tous les fans du groupe, qu'il s'agisse de constater l'extraordinaire cohésion dont faisaient preuve les musiciens du groupe, d'apprécier la voix puissante du nouveau chanteur ou encore de découvrir la complicité miraculeuse des deux guitaristes, Roberto Lucanato et Davide Bruzzi. 

Le CD avait été publié à l'époque en auto-production, ce qui fait que, bien sûr, il était épuisé depuis longtemps. Black Widow Records a donc eu la bonne idée de sortir une nouvelle édition de l'album en 2024. Non seulement, cet enregistrement n'a pas pris une ride mais il reste parfaitement d'actualité. Il confirme également qu'Il Segno del Comando avait très tôt fixé son style tenant dans une formule faite d'un alliage inoxydable entre un heavy rock gothique et un dark progressif mais avec un truc en plus. Et ce truc, c'est cette formidable capacité d'accélération dont est capable le groupe. "Golem" et "Il segno del comando" sont d'ailleurs deux exemples parfaits de la vélocité dont savent faire preuve les musiciens (les deux guitaristes en l’occurrence) pour s'extraire des marécages doomesques et emballer définitivement l'affaire. Pour ce qui concerne les morceaux sélectionnés pour ce Live in Studio, il apparaît une fois de plus que " La taverna dell'angelo" (incluant le solo de basse de Diego) et "Il segno del comando" (avec son ouverture démentielle à l'orgue liturgique) constituent bien les deux piliers inamovibles de la set-list du groupe en concert.    

Vous aurez bien sûr remarqué au passage l'artwork toujours aussi dantesque de Danilo Capua qui illustre toutes les pochettes des disques d'Il Segno del Comando et de Universal Totem Orchestra, autrement dit, deux poids lourds du prog italien .

Au passé, au présent et encore au futur Il Segno del Comando, demeure, dans sa formule actuelle, un des tous meilleurs groupes œuvrant du côté obscur du rock progressif italien.  


Le groupe : Diego Banchero (basse, chœurs), Riccardo Morello (chant, claviers), Davide Bruzzi (guitares, claviers, chœurs), Roberto Lucanato (guitares), Fernando Cherchi (batterie).   

 La tracklist :

1. Komplott Charousek
2. Golem
3. Usibepu
4. Retrospettiva di un amore
5. La taverna dell'angelo
6. Il segno del comando

Artwork : Danilo Capua

A écouter sur ce lien bandcamp Live in Studio

et à commander chez Black Widow Records


mardi 24 septembre 2024

Phaedra : Norn

Phaedra est un groupe discret, tellement discret que depuis ses deux très bons albums sortis en 2010 (Ptah) et 2013 (Beyond the storm), on l'avait un peu oublié. Il faut dire que plus de dix ans ont passé sans aucune nouvelle. Mais en avril 2024, le groupe a sorti sans crier gare un nouvel album. De la formation d'origine, il ne reste que Claudio Bonvecchio et Stefano Gasperetti qui ont recruté un nouveau batteur, un nouveau guitariste mais surtout un chanteur et une chanteuse, ce duo vocale prenant tout sens à l'écoute des cinq morceaux de l'album.
Norn est un opéra rock qui évoque trois divinités de la mythologie nordique, chargées de veiller sur la destinée humaine. A partir de là, Phaedra construit une œuvre qui ne manque ni de grandeur ni d'ambition. Pour tout dire le résultat est impressionnant avec une densité assez incroyable dans les thèmes proposés pour chaque morceau. Si vous espérez quelque chose de linéaire, passez votre chemin car Phaedra avance au pas de charge sans jamais tomber dans le prévisible. A cet égard, "Prigioniero di Prisca Doglianza ", le long morceau de 23 minutes est un modèle du genre avec ses alternances de climats oniriques ou plus impétueux mais aussi avec quelques moments plus explosifs qui rappellent le style généreux d'Il Bacio della Medusa ou de Lothlorien. Sans doute à cause de la présence de la voix féminine de Catia Borgogno mais aussi d'une approche parfois assez classique, certains passages évoquent également Conqueror mais en plus musclé. On ne peut pas non plus ne pas penser à plusieurs projets de Fabio Zuffanti, dont Merlin The Rock Opera. On reconnaîtra toutefois à Phaedra un degré bien supérieur dans la qualité d'écriture. Car, nous avons vraiment là des compositions de haute volée au service d'une musique qui réussit l'exploit de réaliser une synthèse de plusieurs influences, anciennes mais aussi plus récentes, du rock progressif. Tour à tour intimiste, plus sinueuse ou symphonique la musique de Norn ne peut pas laisser indifférent tant elle vit et tant elle respire une évidente intelligence artistique. On pourrait même rajouter une dose d'humour que ces musiciens ne dédaignent pas d'apporter avec des citations adroitement placées (çà ne dure pas longtemps à chaque fois !). Écoutez "L'emio simulacro" par exemple et ses évocations flagrantes au vieux Yes, "Prigioniero di Prisca Doglianza" pour Anglägard et Flower Kings ou encore "Prigioniero di Prisca Doglianza" pour Gentle Giant et Genesis.   
L'album termine par " La Radiante Foresta", un morceau absolument sublime permettant une dernière fois aux deux chanteurs de mettre en valeur leurs voix magnifiques.
Vous l'avez compris, Norn a vraiment de grandes chance d'être en bonne place dans le top 2024 des meilleurs albums de RPI ! Ce n'est pas Régis de Sainte Marie qui me démentira (private joke).

Le groupe : Claudio Bonvecchio (basse, guitare 12 cordes), Stefano Gasperetti (claviers, guitare classique, violoncelle), Matteo Lorenzi (chant lead), Gabriele Girardi (guitare électrique), Cristiano Conte (batterie et percussions), Catia Borgogno (chant lead)

La tracklist :

1. La Selva degli Ombrosi Faggi (10:00)
2. Canto per Lucy (9:07)
3. L'Empio Simulacro (11:24)
4. Prigioniero di Prisca Doglianza (23:08)
5. La Radiante Foresta (7:03)



vendredi 20 septembre 2024

Teodicea : il mondo esausto (IT)

 

 

Una nuova band con un musicista che avevamo perso di vista da un po'. Enrico Filippi, tastierista di professione, ha suonato e contribuito in modo determinante ai primi due album di Aliante (Forme libere del 2017 e Sul confine del 2019) prima di lasciare i suoi compagni. Ora è tornato con i Teodicea, un trio che vede anche Giacomo Putrino alla batteria e Jacopo Morandi al basso. Questo progetto è in realtà in gran parte guidato da Enrico Filippi. Per lui si tratta di continuare il percorso iniziato con Aliante e di dare vita a tutta una serie di idee musicali lasciate in sospeso dopo l'esperienza con il suo precedente gruppo.

Il mondo esausto è una visione di un mondo contemporaneo che annichilisce e annienta le emozioni degli esseri umani afflitti da un senso di impotenza di fronte all'impossibilità di realizzare nella realtà ciò che la mente concepisce o desidera.

I nove brani strumentali rappresentano stati d'animo che cambiano di giorno in giorno: frenesia, delicatezza, frustrazione, rassegnazione, sgomento, speranza e, naturalmente, gioia. Alcuni brani danno un'indicazione diretta del sentimento espresso, altri no. L'ascoltatore è invitato a immergersi in queste colonne sonore della vita quotidiana e a riconoscersi in questi diversi stati emotivi. È un viaggio sonoro coinvolgente che diventa sempre più avvincente con l'aumentare degli ascolti, man mano che emergono intensi momenti sonori. Infatti, pur essendo molto varia, c'è una costante in questa musica: la profondità. Questa musica è anche autosufficiente, come dimostra il fatto che ci parla senza bisogno di parole. È anche chiaro che ogni suono di tastiera è stato scelto con cura, e che le scelte non sono state fatte a caso, ma ogni suono è stato selezionato per esprimere un preciso stato mentale nel modo più accurato possibile.  

Il risultato è di grande successo, con proposte musicali a volte introspettive o espansive, oscure o luminose, calme e raccolte o decisamente infuocate. In ogni caso, è molto bello, con la maggior parte dei temi suonati alle tastiere (pianoforte, organo, synth), Enrico Filippi ha l'arte e la maniera di non essere mai due volte nella stessa modalità. È anche chiaro che questo musicista sa esattamente dove vuole andare, ogni composizione è notevolmente ben pensata e realizzata. 

Aspettatevi di divertirvi molto.

Tracklist :

1 - 777
2 - Gioia e Risoluzione
3 - L'Ineluttabile
4 - Weltschmerz
5 - Ripresa di Coscienza
6 - Intro 442
7 - Lofoten
8 - Punto di Fusione
9 - Il Viaggio del Moro

Uscita :  23 septembre 2024
Label M.P. & Records,
Distribuzione G.T. Music


 

jeudi 19 septembre 2024

Teodicea : Il mondo esausto

 

Avant propos qui n'engage que l'auteur de cette chronique : Qu'elle soit basée sur des constats reliés au réel ou purement spéculative, la théodicée est une des nombreuses réponses philosophiques de l'Homme à son besoin quasi maladif de trouver des explications rationnelles à ce qui ne l'est pas en se référant à des notions relatives (j'ai failli écrire subjectives) de bien et de mal. Décidément, le mode de pensée occidentale reste en toutes circonstances cartésien et raisonneur, en un mot, stérile.

Voilà pour l'explication, que je reconnais très personnelle, du nom de ce nouveau groupe dans lequel est impliqué un musicien que nous avions perdu de vue depuis un moment. En effet, Enrico Filippi, claviériste de son état, avait participé, et largement contribué, aux deux premiers albums du groupe Aliante (Forme libere en 2017 et Sul confine en 2019) avant de quitter ses camarades. Le voilà de retour avec Teodicea, un trio dans lequel on trouve également Giacomo Putrino à la batterie et Jacopo Morandi à la basse. Ce projet est en fait largement porté par Enrico Filippi. Il s'agit pour lui de poursuivre la démarche entamée avec Aliante et de donner vie à toute une série de d'idées musicales laissées en suspens après l’expérience avec son ancien groupe. 

Il mondo esausto se veut être une vision d'un monde contemporain qui anéanti et annihile les émotions de l’être humain affligé par un sentiment d’impuissance face à l’impossibilité de réaliser dans la réalité ce que l’esprit conçoit ou désire.

Les neuf pistes instrumentales dépeignent des humeurs qui d'un jour à l'autre se révèlent changeantes : la frénésie, la délicatesse, la frustration, la résignation, le désarroi, l'espoir et bien sûr la joie. Certains titres vous donneront une indication directe sur le sentiment exprimé, d'autres pas. L’auditeur est donc invité à se plonger dans ces bandes son du quotidien et à se reconnaître dans ces différents états émotionnels. Il s'agit bien d'un voyage audio immersif qui se révèle de plus en plus prenant au fur et à mesure des écoutes avec l'émergence de moments sonores intenses. Car bien qu'elle soit très variée, il y a une constante dans cette musique, c'est sa profondeur. Cette musique qui se suffit également à elle-même, la preuve en est qu'elle nous parle sans avoir besoin de mots. On comprend également que chaque son de clavier a été choisi avec soin, des arbitrages qui ne doivent rien au hasard, chaque sonorité sélectionnée devant exprimer le plus exactement possible un état mental précis.  

Le résultat est très réussi, avec des propositions musicales tour à tour introspectives ou expansives, sombres ou lumineuses,  calmes et recueillies ou carrément ardentes. Dans tous les cas, c'est très beau avec l'essentiel des thèmes joués aux claviers (piano, orgue, synthés), Enrico Filippi ayant l'art et la manière de ne jamais être deux fois sur le même mode. Il apparait d'ailleurs évident que ce musicien sait exactement où il veut aller, chaque composition étant remarquablement pensée et aboutie. Attendez vous à passer un très bon moment.

La tracklist :

1 - 777
2 - Gioia e Risoluzione
3 - L'Ineluttabile
4 - Weltschmerz
5 - Ripresa di Coscienza
6 - Intro 442
7 - Lofoten
8 - Punto di Fusione
9 - Il Viaggio del Moro


Sortie : le 23 septembre 2024
Label M.P. & Records,
Distribution G.T. Music


samedi 14 septembre 2024

Odessa : Stazione Getsmani XXV (FR/IT)


Décidément pour son édition 2024, le festival Prog 2 Days + 1 à Veruno/Revislate aura été l'occasion de profiter de deux sorties spécialement planifiées pour l'évènement, le CD Veruno Spirit de Caravaggio et donc ce Stazione Getsmani XXV dont nous allons parler tout de suite. 
Il y a un peu plus de vingt cinq ans maintenant, le groupe Odessa se formait autour de Lorenzo Giovagnoli (chant et claviers). Il comprenait alors Boris Bartoletti (guitares), Valerio de Angelis (basse) et Federico Filonzi (batterie). Fort de prestations scéniques fleurant bon le hard rock et le rock progressif, le groupe assurait alors pas mal de concerts en Italie, ce qui lui allait lui permettre d'être repéré par Loris Furlan qui allait lui ouvrir les portes de la maison de disques Mellow Records. Le premier album était enregistré dans des conditions spartiates et avec des moyens techniques limités, ce label ayant fait sa réputation avec ses productions pléthoriques mais beaucoup trop cheap. Un vrai crève-cœur quand on écoute ce disque dont les neuf morceaux méritaient beaucoup mieux tant la musique était riche avec déjà un niveau élevé de composition (Lorenzo fera encore mieux par la suite).
On comprend alors pourquoi Lorenzo Giovagnoli a sauté sur l'occasion de pouvoir réenregistrer cet album, en profitant au passage pour réécrire et compléter quelques parties. 
Vu de l'extérieur, il y a toutefois peu de changements. Le titre de l'album, qui se réfère à l’épisode du jardin des Oliviers, est le même. Concernant la pochette, Silvano Braido s'est inspiré de son propre tableau utilisé à l'époque (indifferenza per la crocifissione) pour en peindre une version très proche, légèrement modernisée. Du groupe d'origine, il reste Lorenzo Giovagnoli et Valerio De Angelis auxquels sont venus se joindre Marco Fabbri à la batterie et Giulio Vampa aux guitares, autant dire deux piliers qui viennent renforcer une formation solide de musiciens qui jouent depuis maintenant longtemps ensemble. Gianluca Milanese (flûte traversière), qui était présent en invité à l'époque, est à nouveau de la partie. Ajoutons que la productrice de l'album est l'indispensable Marina Montobbio dont le rôle est ici important puisqu'elle a largement contribué à initier et à porter ce projet également suivi par Loris Furlan.   
Musicalement, Odessa c'est la rencontre entre un rock progressif italien vintage et le hard rock à la Deep Purple, une forme de hard prog qui présente toutefois  quelques particularités à commencer par la voix de Lorenzo Giovagnoli qui rappelle souvent celle de Demetrio Stratos. Ainsi, Odessa se place assez naturellement comme un descendant de The Trip (dont il reprend le jouissif "Caronte) d'Il Rovescio della Medaglia (dont il reprend "Alzo un muro electtrico" et dont "La Sfera" se révèle être un hommage ouvert), de Biglietto per l'Inferno et de l'Uovo di Colombo. Une autre spécificité du groupe est d'intégrer le plus facilement du monde d'autres styles, jazz ou folk par exemple. Ainsi, « L’incontro », le plus long morceau de l’album (neuf minutes) est aussi sans conteste le plus ambitieux. Introduit par une première partie, que l'on doit à Gianluca Milanese, cette section ambient et ethnique est remarquable par ses diverses sonorités (flûte, tambourins, sons de crécelles, ululements et mélismes) qui nous plongent dans une ambiance mystérieuse de folklore méditerranéen. A noter que la longue plainte vocale à la Demetrio Stratos qui n'apparaissait qu'à l'entame de la deuxième partie sur le CD d'origine est ici présente dès le début donnant à l'ensemble une ampleur fascinante. Le groupe se lance ensuite dans un long développement instrumental qui, après une première section hard rock en mid tempo, s’oriente rapidement vers une longue jam jazz rock sur laquelle Lorenzo Giovagnoli fait des merveilles en multipliant les effets de claviers à partir de son synthé Roland VK-7 épaulé par Giulio Vampa en état de grâce. L’autre morceau qui se distingue par une nette volonté de sophistication est "Orizzonte anima" dont la construction particulièrement soignée ne laisse rien au hasard. Odessa s'essaie là à une sorte de synthèse entre Banco del Mutuo Soccorso et Nuova Era. Lorenzo Giovagnoli en a d'ailleurs profité pour faire précéder ce dernier titre d'un interlude étonnant qui passe la durée de l'album de 46 mn 46 à 50 mn 52. Cet "Interludio" ne ressemble à rien de ce qu'Odessa a fait jusque là. Loreneo réalise un exercice de Doo-wop tout à fait convaincant, réussissant au passage l'exploit de reproduire les différentes tessitures (ténor, ténor léger, baryton et falsetto) d'une formation vocale pratiquant ce genre musical. 
Quelques mots évidemment pour étalonner cette nouvelle version de Stazione Getsmani qui permet d'entendre le vrai son du groupe avec notamment une puissance enfin exprimée à plein et bien sûr  un chant enfin correctement capté. Ce qui est la moindre des choses pour rendre enfin justice à la voix hors norme de Lorenzo Giovagnoli qui, au passage, n'a jamais aussi bien exploité les immenses capacités de ses cordes vocales. Il est aussi plaisant de constater que nous pouvons enfin profiter d'un bel équilibre entre les différents instruments enregistrés avec tout particulièrement un travail spécifique effectué pour les pistes de la batterie. On pourrait également assez facilement affirmé que le groupe a gagné en maturité, ce qui en l’occurrence relève du lieu commun. On sent par contre une nette assurance dans l'exécution des morceaux, qui est aussi due à l'évidente cohésion qui existe entre les membres du groupe.  
Voilà qui donne à cet album tout le lustre qu'il méritait et qui permet de confirmer, qu'il y a déjà vingt cinq ans, le groupe en avait sacrément sous le pied. On s'étonnera ainsi encore moins de la magnificence de l'exceptionnel L'Alba della Civiltà sorti il y a déjà deux ans. Bien sûr les deux albums sont indispensables.
 
Partant du constat que le 1er album est aujourd'hui introuvable, ou à des prix exorbitants, et si je m'en tiens au succès qu'a eu cette nouvelle version CD au Veruno, le stand d'Odessa étant littéralement assiégé, je ne saurais trop vous conseiller d'acquérir sans tarder ce CD. Il sera bientôt disponible sur le site du label Lizard Records, mais en attendant vous pouvez écrire directement à cette adresse pour le commander : bartemont@libero.it

La tracklist :
1. Esilio
2. Di buio e luce
3. Alzo un muro elettrico
4. Stazione Getsemani
5. Lotta per il dominio
6. Caronte
7. L'Incontro (stratosfera, l'angelo)
8. La sfera
9. Interludio
10. Orizzonte anima 

Le groupe : Lorenzo Giovagnoli (chant, claviers), Giulio Vampa (guitares), Valerio de Angelis (basse),  Marco Fabbri (batterie), Gianluca Milanese (flûte traversière)

IT :
Decisamente, per l'edizione 2024, il festival Prog 2 Days + 1 a Veruno/Revislate sarà stato l'occasione per approfittare di due uscite specialmente pianificate per l'evento, il CD *Veruno Spirit* dei Caravaggio e quindi questo *Stazione Getsemani XXV* di cui parleremo subito.
Circa venticinque anni fa, il gruppo Odessa si formava attorno a Lorenzo Giovagnoli (voce e tastiere). All'epoca, il gruppo includeva Boris Bartoletti (chitarre), Valerio de Angelis (basso) e Federico Filonzi (batteria). Grazie a performance dal vivo che profumavano di hard rock e rock progressivo, il gruppo teneva numerosi concerti in Italia, il che permise loro di essere notati da Loris Furlan, che aprì loro le porte della casa discografica Mellow Records. Il primo album fu registrato in condizioni spartane e con mezzi tecnici limitati, poiché il label aveva costruito la sua reputazione con produzioni numerose ma eccessivamente economiche. È un vero peccato ascoltare questo disco, i cui nove brani meritavano molto di più, dato che la musica era già ricca e con un livello di composizione elevato (Lorenzo farà ancora meglio in seguito).
Si capisce quindi perché Lorenzo Giovagnoli abbia colto l'opportunità di poter reincidere quest'album, approfittando per riscrivere e completare alcune parti.
Vista dall'esterno, ci sono però pochi cambiamenti. Il titolo dell'album, che si riferisce all’episodio del giardino degli Ulivi, è lo stesso. Per quanto riguarda la copertura, Silvano Braido si è ispirato al proprio dipinto usato all'epoca (indifferenza per la crocifissione) per realizzarne una versione molto simile, leggermente modernizzata. Del gruppo originale, rimangono Lorenzo Giovagnoli e Valerio De Angelis, ai quali si sono uniti Marco Fabbri alla batteria e Giulio Vampa alle chitarre, due pilastri che rinforzano una formazione solida di musicisti che suonano insieme da molto tempo. Gianluca Milanese (flauto traverso), che era presente come ospite all'epoca, è di nuovo dei nostri. Aggiungiamo che la produttrice dell'album è l'indispensabile Marina Montobbio, il cui ruolo è importante poiché ha contribuito notevolmente a iniziare e sostenere questo progetto, seguito anche da Loris Furlan.
Musicalmente, Odessa rappresenta l'incontro tra un rock progressivo italiano vintage e l'hard rock alla Deep Purple, una sorta di hard prog che presenta però alcune particolarità, a cominciare dalla voce di Lorenzo Giovagnoli che spesso ricorda quella di Demetrio Stratos. Così, Odessa si colloca abbastanza naturalmente come discendente dei The Trip (di cui riprende il gioioso "Caronte"), di Il Rovescio della Medaglia (di cui riprende "Alzo un muro elettrico" e "La Sfera" risulta essere un omaggio aperto), dei Biglietto per l'Inferno e dell'Uovo di Colombo. Un'altra peculiarità del gruppo è l'integrazione di altri stili, come jazz o folk. Ad esempio, "L’incontro", il brano più lungo dell’album (nove minuti), è senza dubbio il più ambizioso. Introduzione da una prima parte, che dobbiamo a Gianluca Milanese, questa sezione ambient e etnica è notevole per le sue diverse sonorità (flauto, tamburelli, suoni di crepet, ululati e melismi) che ci immergono in un'atmosfera misteriosa di folklore mediterraneo. È da notare che il lungo lamento vocale alla Demetrio Stratos, che appariva solo all'inizio della seconda parte sul CD originale, è qui presente sin dall'inizio, dando all'insieme una grande ampiezza. Il gruppo poi si lancia in uno sviluppo strumentale lungo che, dopo una prima sezione hard rock a tempo medio, si orienta rapidamente verso una lunga jam jazz rock su cui Lorenzo Giovagnoli fa meraviglie, moltiplicando gli effetti delle tastiere con il suo sintetizzatore Roland VK-7, supportato da Giulio Vampa in stato di grazia. L'altro brano che si distingue per una chiara volontà di sofisticazione è "Orizzonte anima", la cui costruzione particolarmente curata non lascia nulla al caso. Odessa cerca una sintesi tra Banco del Mutuo Soccorso e Nuova Era. Lorenzo Giovagnoli ha inoltre approfittato dell'occasione per far precedere quest'ultimo brano da un interludio sorprendente che porta la durata dell'album da 46 minuti e 46 a 50 minuti e 52. Questo "Interludio" non assomiglia a nulla di ciò che Odessa ha fatto fino ad ora. Lorenzo realizza un esercizio di Doo-wop del tutto convincente, riuscendo anche a riprodurre le diverse tessiture (tenore, tenore leggero, baritono e falsetto) di una formazione vocale che pratica questo genere musicale.
Qualche parola infine per calibrare questa nuova versione di *Stazione Getsemani*, che permette di ascoltare il vero suono del gruppo, con una potenza finalmente espressa al massimo e, ovviamente, una voce finalmente correttamente registrata. È il minimo per rendere giustizia alla voce straordinaria di Lorenzo Giovagnoli, che, tra l'altro, non ha mai sfruttato così bene le immense capacità delle sue corde vocali. È anche piacevole notare che possiamo finalmente godere di un buon equilibrio tra i vari strumenti registrati, con un lavoro specifico realizzato per le tracce di batteria. Si potrebbe anche affermare che il gruppo ha guadagnato in maturità, il che è abbastanza scontato. Tuttavia, si percepisce una netta sicurezza nell'esecuzione dei brani, dovuta anche alla evidente coesione tra i membri del gruppo.
Questo conferisce all'album tutto il lustro che meritava e conferma che, già venticinque anni fa, il gruppo aveva molto da offrire. Si sarà dunque meno sorpresi dalla magnificenza dell'eccezionale *L'Alba della Civiltà* uscito già due anni fa. Certamente entrambi gli album sono indispensabili.
Considerando che il primo album è oggi introvabile o a prezzi esorbitanti, e visto il successo di questa nuova versione CD al Veruno, con lo stand degli Odessa letteralmente assediato, non posso che consigliarvi di acquistare senza indugi questo CD. Sarà presto disponibile sul sito dell'etichetta Lizard Records, ma nel frattempo potete scrivere direttamente a quest'indirizzo per ordinarlo: bartemont@libero.it
 
La tracklist:
1. Esilio
2. Di buio e luce
3. Alzo un muro elettrico
4. Stazione Getsemani
5. Lotta per il dominio
6. Caronte
7. L'Incontro (stratosfera, l'angelo)
8. La sfera
9. Interludio
10. Orizzonte anima
 
Il gruppo: Lorenzo Giovagnoli (voce, tastiere), Giulio Vampa (chitarre), Valerio de Angelis (basso), Marco Fabbri (batteria), Gianluca Milanese (flauto traverso)



 

 

 

 

mardi 10 septembre 2024

Caravaggio : The Veruno Spirit (FR/IT)


Caravaggio est un groupe à part. Paradoxalement, son rock progressif teinté de touches méditerranéennes, comme il le revendique d’ailleurs lui-même, n'est pas un style si courant que çà dans le paysage du prog italien actuel. Sa performance au tout récent Festival Veruno 2 Days + 1 à Revislate aura permis à beaucoup de participants, y compris italiens, de découvrir cette formation atypique. Avec quelques modifications récentes dans sa team, Caravaggio a fourni une prestation exemplaire pleine de punch et de couleurs sonores originales. Car en plus des arrivées du nouveau bassiste (Piero Chiefa) et du nouveau guitariste (Serhan Kazaz), le groupe comptait dans ses rangs un accordéoniste et la choriste Simona Aileen. 
Au sujet du Veruno justement, le groupe a eu la bonne idée de venir avec un CD collector dupliqué à 100 copies numérotées, avec en plus un artwork réalisé à la main donc unique pour chaque exemplaires. L'occasion de pouvoir écouter trois titres enregistrés live, à Milan en décembre 2023, dans des versions légèrement différentes, moins produites donc plus brutes : "Before my eyes", "Not on me" et le toujours superbe "Guernica".
Mais il y a aussi sur ce CD, quatre nouveaux morceaux ou plutôt trois car "Behind the Mask" est en deux parties, d'abord, une simple chanson lente un peu triste et très mélancolique, avec un accompagnement minimaliste puis une deuxième section entamée par un riff métal. On retrouve alors rapidement ce qui fait la marque de fabrique du groupe avec ce chant généreux et cet accordéon qui s'invite partout mais ne s'impose jamais. "Behind the Mask, part 2" est un titre aventureux, rempli de rebondissements, d'une grande fluidité qui permet aussi de découvrir les talents multiples du nouveau guitariste, Serhan Kazaz. "Isolation" se révèle tout de suite plus heurté, la suite confirmant une volonté de créer des accidents tout au long du morceau. "Rejoice" respire le folklore méditerranéen à plein nez mais à la sauce Caravaggio. C'est donc aussi très rock et hyper expressif avec parfois un maniérisme assumé parfaitement contrôlé. Serhan Kazaz fait honneur à ses origines et démontre qu'il sait également se servir d'un bouzouki. On aurait été surpris du contraire ! J'en profite pour m'arrêter quelques instants sur le chant étonnant de Vittorio Ballerio dont la voix unique, peu académique en fait, se distingue par son côté extrêmement vivant et par ses intonations éclatantes et colorées. Une partie de l'identité sonore de Caravaggio provient de cette voix, les compositions de Fabio Troiani faisant brillamment le reste bien sûr.
Ces morceaux originaux ouvrent évidemment des perspectives pour un futur deuxième album qui s'annonce d'ores et déjà sous les meilleurs augures. En attendant cette séquence "concert Veruno + CD collector" aura été gratifiante pour les membres du groupe et réjouissante pour les fans anciens et nouveaux du groupe. Gaudeamus igitur !  

Le groupe : Vittorio Ballerio (chant), Fabio Troiani (guitares, mandoline, bouzouki, programmations), Piero Chiefa (basse), Alessio Del Ben (batterie), Serhan Kazaz (guitare et bouzouki).  

La tracklist :

  1. Behind the Mask, part 1
  2. Behind the Mask, part 2
  3. Isolation
  4. Rejoice
  5. Before my eyes (live)
  6. Not on me (live)
  7. Guernica (live)

IT : 

Caravaggio è un gruppo a parte. Paradossalmente, il suo rock progressivo con tocchi mediterranei, come afferma lui stesso, non è uno stile così comune nel panorama del prog italiano attuale. La sua performance al recente Festival Veruno 2 Days + 1 a Revislate ha permesso a molti partecipanti, tra cui italiani, di scoprire questa formazione atipica. Con alcune recenti modifiche al suo team, Caravaggio ha fornito una performance esemplare piena di punch e colori sonori originali. Perché oltre al nuovo bassista (Piero Chiefa) e il nuovo chitarrista (Serhan Kazaz), la band ha avuto tra i suoi membri un fisarmonicista e la corista Simona Eileen.
Per quanto riguarda il Veruno, il gruppo ha avuto la buona idea di presentare un CD da collezione duplicato in 100 copie numerate, con una grafica realizzata a mano quindi unica per ogni esemplare. La possibilità di poter ascoltare tre brani registrati dal vivo, a Milano nel dicembre 2023, in versioni leggermente diverse, meno prodotte e quindi più crude: "Before my eyes", "Not on me" e il sempre superbo "Guernica".
Ma ci sono anche su questo CD, quattro nuovi pezzi o meglio tre perché "Behind the Mask" è in due parti, prima di tutto, una semplice canzone lenta un po' triste e molto malinconica, con un accompagnamento minimalista poi una seconda sezione iniziata da un riff metal. Si ritrova rapidamente ciò che fa il marchio di fabbrica del gruppo con questo canto generoso e questa fisarmonica che si invita ovunque ma non si impone mai. Behind the Mask, part 2" è un titolo avventuroso, pieno di colpi di scena, di grande fluidità che permette anche di scoprire i molteplici talenti del nuovo chitarrista, Serhan Kazaz. "Isolamento" si rivela subito più scosso, il seguito confermando una volontà di creare incidenti lungo tutto il pezzo. " Rejoice" respira il folklore mediterraneo con il naso pieno ma con la salsa di Caravaggio. È quindi anche molto rock e iper espressivo con a volte un manierismo assunto perfettamente controllato. Serhan Kazaz fa onore alle sue origini e dimostra di saper anche servirsi di un bouzouki. Ci sarebbe stato sorpreso se non fosse così! Ne approfitto per soffermarmi qualche istante sul canto sorprendente di Vittorio Ballerio la cui voce unica, poco accademica in effetti, si distingue per il suo lato estremamente vivo e per le sue intonazioni brillanti e colorate. Parte dell'identità sonora di Caravaggio proviene da questa voce, le composizioni di Fabio Troiani fanno brillare il resto.
Questi pezzi originali aprono ovviamente prospettive per un futuro secondo album che si annuncia già sotto i migliori auspici. Nel frattempo questa sequenza "concerto Veruno + CD collector" è stata gratificante per i membri del gruppo e allegra per i vecchi e nuovi fan della band. Gaudeamus igitur!

mercredi 4 septembre 2024

Festival Veruno 2 Days Prog + 1, Edition 2024

Petite pause de quelques jours sur le site pour cause de festival ! Cette année encore les organisateurs du VerUno nous gâtent avec trois jours de concerts gratuits alignant une série de grands noms du prog et du prog métal.

En fin d'après-midi, le Forum 19 accueillera plusieurs concerts plus intimistes avec : Dark Ages, LifeStream, Hora Prima, Missing Ink et Kristoffer Gildenlöw. 



jeudi 29 août 2024

Black Pie : Angels


Pour finir l'été en beauté, voici que déboule Black Pie avec son premier album Angels. Commençons par les présentations. Black Pie est un nouveau groupe de prog italien mais ses membres ont quelques années d'expérience derrière eux. Le guitariste/claviériste Claudio Cinquegrana fait partie des UT New Trolls depuis 2012 ainsi que des Of New Trolls.  Silvano Bottari est le batteur du groupe Vanexa dans lequel officie aussi Andrea Ranfa. Enfin Stefano Genti qui vient en renfort aux claviers est également un musicien des UT New Trolls. Pour revenir à Black Pie, le groupe s'est formé en 2023 et s'est rodé en 2023 avec une série de concerts en Ligurie.
Passons à la musique maintenant. Angels est un album plaisir. Ça veut dire quoi ? Juste que c'est de la pop rock à l'ancienne bien foutue qui dévie régulièrement vers ce bon vieux hard des seventies qui n'a toujours pas trouvé d'équivalent à ce jour. 
Malgré quelques passages plus atmosphériques savamment distillés, malgré une propension à la mélodie efficace (celle qui fait mouche à chaque fois) et avec une tonalité générale en sons clairs (il y a assez peu de grosses saturations dans cet album), l'ensemble dégage pourtant une impression de puissance portée par une section basse/batterie au groove imparable capable de dérouler en mode rouleau compresseur ("Kaos night", "Bordeline") mais aussi largement amplifiée par la voix d'Elena Villa incroyablement vivante et évocatrice qui se suffit à elle-même ("Off the radar"), une voix capable de traverser les murs quand Elena se met en colère ("Your fault", "Lift it"), une voix qu'elle double d'ailleurs à l'occasion pour encore plus de relief ("Blanket tide"). Il est d'ailleurs indispensable de souligner que la grande découverte de cet album est bien la chanteuse Elena Villa qui assure également parfaitement à la basse.
Il est également facile de détecter des apports funky ("From the ashes") et jazzy ("People from the sky") régulièrement utilisés, plutôt pour corser les lignes rythmiques. 
Parfois le groupe s'autorise même, avec une réussite certaine, des moments un peu barrés, quasi  expérimentaux sur la fin de "Blanket tide" ou carrément psychédéliques pour la deuxième partie de "Welcome toxic" qui flotte dans un nuage gentiment halluciné
Même si quelques mesures impaires traînent par-ci par-là (cf. le passage sautillant de "Little lady bright"), vous l'avez déjà compris, ce n'est pas trop la peine de chercher du prog dans cet album qui n'en a d'ailleurs pas la prétention, et encore moins du RPI. Le chant en anglais conforte plutôt en l'occurrence une inclinaison nettement anglo-saxonne, que ce soit pour les styles abordés, beaucoup plus variés qu'il ne peut y paraître au premier abord, comme pour ce qui relève de la résonance générale. L'album se termine par un morceau particulier, "Follow", qui s'articule en deux parties bien distinctes, d'abord un court instrumental atmosphérique et éthéré, joué à la guitare acoustique, puis une étonnante partie chantée (la ghost track) qui correspond à celle qui était sur le flexi-disc promo. C'est une composition d'essence très différente du reste de l'album qui annonce quelque chose du prochain album. Déjà !
En attendant, dansez sur "From the ashes" et savourez cet album qui devrait vous mettre de bonne humeur jusqu'au retour des jours pluvieux.

Le groupe : Elena "Hellen" Villa (chant, basse, guitare, mandoline), Claudio "Clod" Cinquegrana (guitares, claviers, chœurs), Silvano "Syl" Bottari (batterie, percussions).

+ Stefano Genti (claviers, chœurs)

La tracklist :

  1. Off the radar
  2. Kaos night
  3. Little lady bright
  4. Borderline
  5. Your fault
  6. Welcome toxic
  7. People from the sky
  8. From the ashes
  9. Blanket tide
  10. Lift it
  11. Follow

Label : Black Widow Records 

Sortie : le 20 septembre 2024

 

 

vendredi 23 août 2024

Fabio Frizzi : l'interview (FR/IT)

 

Interview en français
 
Rencontre avec Fabio Frizzi à Gênes le 2 août 2024 à l'occasion de sa prestation Frizzi 2 Fulci programmée le lendemain au Festival Prog Fest au Porto Antico. L'occasion de remercier une fois encore cet homme affable et disponible en toute circonstance, pour la préface écrite pour mon livre Giallo & Rosso mais aussi de faire une petite interview avec lui. Alors, je sais, les interviews de Fabio sont assez nombreuses mais je suis parti sur l'idée de lui proposer des questions décalées par rapport à celles qui lui sont habituellement posées. A vous de juger du résultat. En tout cas, Fabio s'est beaucoup amusé !
Je dois également préciser que le temps de discussion off a sans doute largement dépassé celui de l'interview proprement dite, mais enfin nous avons quand même réussi à travailler un peu !

Un grand merci à Fabio pour son enthousiasme et son envie de partager et à Francesca pour sa patience et sa gentillesse.

LdN : tout d'abord une question préliminaire Fabio, d'où vient que tu parles aussi bien le français ?

FF : Disons que dans ma famille, mes parents parlaient plus le français que l'anglais. Et puis j'allais en vacances à Riccione à côté de Rimini, quand j'avais 15/16 ans. Il y avait beaucoup de Français qui avaient des fils et des filles. Le soir on allait danser et alors tu sais j'ai eu une, non deux copines françaises (il rigole). Je dois dire aussi que c'est une histoire de destin. J'ai toujours eu beaucoup d'amis français et j'aime tellement parler avec eux. Mais tu sais, des fois, pour bien écrire le français, j'utilise aussi la traduction de Google ! 

LdN : On va remonter le temps Fabio et revenir à tes débuts en tant que compositeur. Quels souvenirs gardes-tu de ta collaboration avec Bixio et Tempera ?

FF : C'est une question intéressante. Si je parle d'abord des choses positives. Je me retrouvais avec Vincenzo Tempera qui avait une expérience incroyable comme musicien et déjà comme compositeur, et avec Franco Bixio qui était aussi compositeur mais surtout le fils de Cesare Andrea Bixio lui-même grand compositeur. Nous avons tout de suite divisé les tâches. Bixio était celui qui connaissait bien la production surtout au niveau des musiques de film justement pour les travaux préparatoires et les séquencements. Tempera était un homme qui était 365 jours sur 365 dans un studio d'enregistrement. C'était un grand pianiste et un bon chef d'orchestre. L'atmosphère était belle et ça fonctionnait bien entre nous. On pouvait faire trois B.O. à la fois.  Mais à un moment, j'étais celui qui poussait le plus et finalement, cela manquait de perspectives. Et aussi, Tempera avait beaucoup d'autres choses à faire. Alors, à un moment, on a dit "on laisse". C'était la période où j'ai eu ma première fille. Je me suis posé la question de savoir si je pouvais composer tout seul. Si j'étais vraiment capable. La première fois, c'était en 1977 pour un film de Maurizio Costanzo, un film qui est très peu connu en France, un film pas terrible qui s'appelle Melodrammore. Pour ce premier film que j'ai fait tout seul , je me souviens que j'étais dans le studio de Bixio pour enregistrer la musique car j'avais loué son studio. Je suis rentré dans le studio. J'ai pris la baguette et j'ai commencé à diriger l'orchestre. J'avais la bouche complètement sèche. Et il y avait Tempera qui était là pour m'aider car en fait Bixio l'avait appelé car il ne savait pas si je pourrais y arriver seul. Une autre chose que je dois dire, toujours dans le positif, c'est que, encore aujourd'hui, Franco Bixio est un de mes meilleurs amis. Lui maintenant il est un grand éditeur avec une grosse maison d'édition mais quand je lui parle des concerts que je fais, des musiques que je compose (j'ai encore fait trois musiques cette année), quand il voit aussi que je suis toujours dans la prima linea (NdA : en première ligne), il me demande comment je fais pour faire tout ça. 

LdN : Tu lui fais envie en quelque sorte.

FF : Oui, c'est exactement ça. Car, lui maintenant il est tranquille avec sa société très solide et il me voit qui fait toujours comme quand on était jeunes garçons. C'est quelque chose qui peut toujours te donner des frissons.

LdN : Peut-on dire que cette collaboration à trois était un passage obligé pour toi ?

FF : oui, je crois que c'était pour moi comme de "faire la gavetta" on dit en italien (NdT : le fait de partir de rien). Quand tu commences, tu dois apprendre. Si je dois faire le vrai bilan. Tu sais quand tu fais un bilan, la balance, tu dois toujours penser aux belles choses, pas aux petits trucs. Et sur les grandes choses, je suis absolument heureux de ce qui s'est passé.

LdN : Finalement, le fait de se séparer de Bixio et Tempera aura été une très bonne chose pour toi, aussi bien pour libérer ta création artistique que pour faire ta propre carrière ?

FF : Tu peux imaginer que j'avais 24 ans au début de cette histoire et 29 ans quand on s'est quitté. Il faut considérer qu'aujourd'hui l'adolescence est plus tôt qu'à l'époque. A 24 ans, J'étais vraiment très jeune et j'avais une certaine ingénuité. Alors, ça a été réellement des années de formation pour moi. L'expérience, on l'a fait tous les jours et j'ai passé  beaucoup de temps avec eux. C'est un peu comme mon acte de naissance de compositeur. J'ai appris beaucoup.

LdN : Après tu as travaillé pour Fulci pour de nombreux films. Je vais te poser une question par rapport à ça. Je ne sais pas si on te l'a déjà posée et comment tu vas la prendre. Voilà : tu crois que l'on peut comparer ta collaboration avec Fulci avec d'autres associations réalisateur/compositeur comme celles de Morricone avec Leone, de Rota avec Fellini ou encore de Goblin avec Argento ?

FF : Je te remercie Louis parce que c'est une très belle question. Alors, je crois que la communication qu'il faut entre un musicien et un réalisateur, c'est quelque chose de très important. Si çà fonctionne, çà fonctionne. Si ça fonctionne pas, ça fonctionne pas. Il n'y a pas de voie médiane. Tu sais, avant de travailler avec moi, Fulci a travaillé avec tous les grands musiciens italiens, Morricone, Ortolani etc... J'ai commencé à travailler pour Fulci avec Bixio et Tempera, ensuite j'ai composé tout seul pour ses films d'horreur. Il y a une dizaine d'années, quand j'ai parlé avec Antonella Fulci, la fille de Lucio, elle m'a dit des choses, j'espère qu'elles sont vraies. Elle m'a dit : "papa avait une estime incroyable pour toi. Il pensait que tu pouvais écrire des musiques uniques pour lui". On était éloigné en âge car il était né en 1927, il avait l'âge de ma mère, mais parfois il y a la possibilité que cela fonctionne entre vieux et jeunes.  

LdN : Le soundtrack de House of Forbidden secrets en 2013 a vraiment été un évènement pour beaucoup de tes fans.Tu leur as vraiment fait plaisir et tu vas comprendre pourquoi je te dis ça. : par moments, cette musique sonne vraiment comme une suite à l'Aldilà. Je ne sais pas si tu es d'accord avec ça ?  Ce qui me donne aussi envie de savoir dans quel état d'esprit tu as composé cette B.O. car vraiment je trouve qu'on est dans les mêmes ambiances que l'Aldilà.

FF : Ah bravo ! J'avais envie d'écrire un truc comme ça. Et quand il y a eu ce mec qui m'a contacté d'Amérique (NdT : Todd Sheets). Il m'a dit "je suis entre la vie et la mort. Je suis seul avec mon chien à l’hôpital. Si je survie, je veux faire un film avec ta musique". J'ai commencé à composer et à enregistrer. J'ai rencontré Todd à Chicago. Il avait avec lui un producteur très étrange, un architecte des jardins, complètement fou. Tu ne sais pas ce qu'il a fait ? Je vais te raconter une histoire bizarre. Ils m'ont payé, pas de problème. Mais j'avais besoin de l'autorisation pour déposer les morceaux en Italie pour éditer ma musique. Mais quand j'ai demandé le lien pour récupérer ma musique, d'abord je ne le recevais pas et ensuite, 6 mois après, quand je l'ai reçu, je me suis rendu compte que le producteur n'avait gardé que 10 % de ma musique et le reste c'était des bruitages faits par un autre mec. J'aurais dû prendre un avocat mais honnêtement c'était un petit film et dans ce cas là, je considère que ce que je reçois, c'est la possibilité d'écrire. Je vais te dire une chose car je crois que tu es la personne qui peut la comprendre. J'adore faire des expérimentations parfois et je voulais mettre dans le thème principal des parties de morceaux qui étaient à moi dans la période Fulci. Je les ai utilisées en jouant dessus pour que les gens puissent entendre comme çà quelque chose des originaux. En tout cas, j'adore cette musique. je la trouve vraiment mienne.

LdN : Un petit mot au sujet de Beware of Darkness, le court-métrage français que tu as musicalisé. Cela c'est fait comment et dans quelles conditions ?

FF : Cela c'est fait à un moment où je gagnais de l'argent car je travaillais pour la télé. En Italie, quand tu fais la télé, tu gagne. Quand tu fais les films, rien ! Ma femme sait très bien ça (il regarde Francesca et ils rient). Alors, j'étais à l'aise financièrement et je me suis dit on va aider quelqu'un. C'était des garçons de Montpellier, des fans. Guillaume Beylard et Nima Rafighi, des gens vraiment très bien. Ils m'ont contacté. Alors,  je leur ai dit de venir à Rome et nous les avons hébergés chez nous. On a parlé de leur projet. J'ai écrit la musique. On l'a éditée en disque. Je dois te dire que je joue le thème pour piano dans certains de mes concerts, mais pas demain. 

LdN : Si tu devais citer le soundtrack dont tu es le plus fier, ce serait lequel Fabio ?

FF : C'est impossible (il rie) mais je vais te répondre. Il y a un film de Lucio qui était un peu pauvre, c'est vrai, c'était Manhattan Baby. Mais tu sais, il se déroule en partie en Égypte et moi j'ai toujours adoré l’Égypte alors que j'y ai jamais été. Mais quand je regardais les images du film, j'ai adoré. Je dois dire que mes musiciens avec lesquels je joue en ce moment adorent cette musique, comme celle de Blastfighter d'ailleurs. 

LdN : Et maintenant, si tu devais citer une musique de toi moins connue à découvrir absolument ?

FF : Bellissima ! j'adore cette question. Il y a des côtés de ma vie de musicien que personne ne connaît. C'est normal. Tout le monde connaît mes travaux avec Fulci ou Fantozzi par exemple en Italie mais si tu considères que je travaille tous les jours depuis cinquante ans, j'ai fait beaucoup de musiques. Alors, je te propose deux réponses.
Je ne sais pas si tu au courant mais j'ai écrit plusieurs ballets. J'étais ami avec une danseuse étoile russe pour laquelle j'ai écrit six ballets sur des textes de Steinbech Puis, quelques années après, elle est devenue la directrice de l'Académie de danse de Rome et elle m'a demandé une chose impossible. Tu sais Tchaïkovsky a fait le "Capriccio italien", dans lequel il raconte l'Italie à sa façon avec les vieilles mélodies inoubliables (il chantonne plusieurs airs), alors elle voulait que je compose un nouveau capriccio italiano, mais comme si j'avais été en contact avec lui, comme si nous avions pu travailler ensemble. Alors, j'ai travaillé six mois là dessus. J'ai écrit quelque chose à la fois classique mais aussi moderne. Il y a la rythmique, le grand orchestre. La suite dure quarante minutes et elle a été déposée à la S.I.A.E. (NdT : l'équivalent de la S.A.C.E.M. en Italie) sous les noms de Frizzi et de Tchaïkovsky. Car il y a dans cette composition des allers-retours permanents entre des choses à lui et des choses à moi.
Ensuite, tu sais, je suis guitariste au départ et j'ai écrit sept préludes pour guitares et j'ai aussi composé sur des poèmes de Lovecraft, des thèmes pour 12 cordes et 6 cordes classiques. J’aimerais bien que les gens écoutent ça aussi.

LdN : Quelques questions sur le rock progressif que tu évoques comme une influence musicale de jeunesse. Tout d'abord, quelle est ta vision de ce style de musique aujourd'hui par rapport à ce qui se faisait dans les seventies ?

FF : Ma vie au début,  c'est Bach et les Beatles. Le baroque et la pop. Mais mon frère Fabrizio adorait des groupes comme Genesis. Il y avait aussi Fabio Pignatelli qui avant Goblin jouait dans un groupe qui faisait du Yes. Alors, j'ai écouté comme ça et puis peu à peu je suis tombé amoureux. Alors je suis heureux qu'il y ait aujourd'hui des gens qui veuillent aller de l'avant. Beaucoup de ces musiciens me contactent pour me faire écouter ce qu'ils font mais je ne peux pas être juge. Mais en fait je crois que l'on a eu tellement de belles choses à l'époque que, quand je peux, j'écoute ce qui s'est fait dans les seventies et que j'aimais vraiment.  

LdN : Quels sont les trois albums de rock progressif que tu mets dans top 3 ?

FF : In the court of the Crimson de King Crimson, The Yes Album de Yes et puis Pictures at an Exhibition d'Emerson, Lake and Palmer. J'ai réécouté cet album il y a une semaine pour une illustration musicale que je suis en train de faire en Italie pour laquelle le réalisateur voulait que la musique soit inspirée de Moussorgski. C’était des génies. Ils faisaient des trucs incroyables.  

LdN : Tu vas jouer demain ton spectacle complet audio/son et images vidéo projetées Frizzi 2 Fulci. As-tu l'impression de donner ainsi à tes compositions une vie différente avec une dimension nouvelle ? Peut-être que tu as fais des arrangements spéciaux pour ces performances live ?

FF : Je crois que la musique jouée est la vraie musique. Tu sais la renaissance de la musique, c'est chaque jour en fait. Alors disons que Frizzi 2 Fulci est une expérience incroyable car des jeunes musiciens - ils ont quarante ans - se sentent les interprètes officiels, authentiques, de ma musique. En plus, tu as raison, j'ai dû réécrire une partie des musiques déjà car je n'ai pas les partitions originales, ce qui fait que ces musiciens font vraiment leur cette musique qui est ma musique. Tu sais aussi, la crise des droits nous a obligé à revenir sur scène. Normalement un vieux musicien devrait vivre de ses droits. Pour nous musiciens, Internet nous apporté beaucoup mais nous a surtout enlevé beaucoup.

Intervista in Italiano

Abbiamo incontrato Fabio Frizzi a Genova il 2 agosto 2024 per il suo spettacolo Frizzi 2 Fulci, in programma il giorno successivo al Prog Fest Festival al Porto Antico. È stata l'occasione per ringraziare ancora una volta quest'uomo affabile e sempre disponibile in ogni circostanza, per la prefazione che ha scritto per il mio libro Giallo & Rosso, e anche per fare una breve intervista con lui. Lo so, di interviste a Fabio ce ne sono parecchie, ma ho deciso di fargli delle domande un po' diverse da quelle che gli vengono poste di solito. Giudicate voi. In ogni caso, Fabio si è divertito molto!
Devo anche sottolineare che il tempo trascorso a parlare fuori dalla registrazione ha probabilmente superato di gran lunga quello dell'intervista stessa, ma alla fine siamo comunque riusciti a fare un po' di lavoro!
Un grande ringraziamento a Fabio per l'entusiasmo e la voglia di condividere, e a Francesca per la pazienza e la gentilezza.

LdN: Innanzitutto una domanda preliminare Fabio, come sei arrivato a parlare così bene il francese?

FF: Diciamo che in famiglia i miei genitori parlavano più francese che inglese. E poi andavo in vacanza a Riccione, vicino a Rimini, quando avevo 15/16 anni. Lì c'erano molti francesi che avevano figli e figlie. La sera andavamo a ballare e poi, sai, avevo una, no, due fidanzate francesi (ride). Devo dire che è anche una questione di destino. Ho sempre avuto molti amici francesi e mi piace parlare con loro. Ma sa, a volte, per scrivere bene il francese, uso anche la traduzione di Google!  

LdN: Torniamo indietro nel tempo, Fabio, agli esordi come compositore. Che ricordi ha del lavoro con Bixio e Tempera?

FF: È una domanda interessante. Inizio parlando delle cose positive. Mi sono trovato con Vincenzo Tempera, che aveva un'esperienza incredibile come musicista e già come compositore, e con Franco Bixio, anch'egli compositore ma soprattutto figlio di Cesare Andrea Bixio, anch'egli grande compositore. Ci siamo subito divisi i compiti. Bixio era quello che conosceva a fondo la produzione, soprattutto quando si trattava di musica per film, proprio per il lavoro di preparazione e di sequenze. Tempera era un uomo che stava in studio di registrazione 365 giorni all'anno. Era un grande pianista e un buon direttore d'orchestra. C'era una grande atmosfera e le cose funzionavano bene tra di noi. Riuscivamo a fare tre colonne sonore alla volta.  Ma a un certo punto, ero io a spingere di più e alla fine mancava la prospettiva. Tempera aveva anche molte altre cose da fare. Così, a un certo punto, ci siamo detti "lasciamo perdere". È stato quando ho avuto la mia prima figlia. Mi sono chiesta se fossi in grado di comporre da sola. Se ne fossi davvero capace. La prima volta è stata nel 1977 per un film di Maurizio Costanzo, un film che non è molto conosciuto in Francia, un film non molto bello chiamato Melodrammore. Per quel primo film, che ho fatto da solo, ricordo che ero nello studio di Bixio per registrare la musica perché avevo affittato il suo studio. Entrai nello studio. Presi la bacchetta e iniziai a dirigere l'orchestra. Avevo la bocca completamente asciutta. E Tempera era lì ad aiutarmi perché in effetti Bixio lo aveva chiamato perché non sapeva se ce l'avrei fatta da solo. Un'altra cosa che devo dire, sempre in positivo, è che Franco Bixio è ancora uno dei miei migliori amici. Ora è un grande editore con una grande casa editrice, ma quando gli parlo dei concerti che faccio, della musica che compongo (quest'anno ho fatto altri tre pezzi), e quando vede che sono sempre in prima linea, mi chiede come faccio a fare tutto questo.

LdN: In un certo senso, lo invidi.

FF: Sì, è proprio così. Perché ora è tranquillo con la sua solidissima azienda e mi vede fare ancora quello che facevo quando eravamo ragazzi. È una cosa che può ancora far venire i brividi.

LdN: È corretto dire che questa collaborazione a tre è stata un passo fondamentale per lei?

FF: Sì, credo che per me sia stato come "fare la gavetta", come si dice in italiano. Quando si inizia, bisogna imparare. Se devo fare la valutazione vera e propria. Sa, quando si redige un bilancio, bisogna sempre pensare alle cose belle, non a quelle piccole. E quando si tratta di cose grandi, sono assolutamente contento di quello che è successo.

LdN: Alla fine, la separazione da Bixio e Tempera è stata una cosa molto positiva per lei, sia in termini di liberazione della sua creatività artistica che di sviluppo della sua carriera?

FF: Può immaginare che avevo 24 anni all'inizio di questa storia e 29 quando ci siamo separati. Bisogna tenere presente che l'adolescenza oggi è più precoce di allora. A 24 anni ero davvero molto giovane e avevo una certa ingenuità. Quindi quelli sono stati anni davvero formativi per me. Lo facevamo ogni giorno e passavo molto tempo con loro. È un po' come il mio certificato di nascita come compositore. Ho imparato molto.

LdN: In seguito ha lavorato per Fulci in diversi film. Le farò una domanda a questo proposito. Non so se qualcuno te l'abbia mai chiesto e come la prenderai. Pensi che si possa paragonare la tua collaborazione con Fulci ad altri sodalizi regista/compositore come quello di Morricone con Leone, di Rota con Fellini o di Goblin con Argento?

FF: Grazie Louis, perché è una domanda molto bella. Penso che la comunicazione tra un musicista e un regista sia molto importante. Se funziona, funziona. Se non funziona, non funziona. Non c'è una via di mezzo. Sa, prima di lavorare con me, Fulci ha lavorato con tutti i grandi musicisti italiani, Morricone, Ortolani ecc... Ho iniziato a lavorare per Fulci con Bixio e Tempera, poi ho composto da solo per i suoi film horror. Una decina di anni fa, parlando con Antonella Fulci, la figlia di Lucio, mi raccontò alcune cose, che spero siano vere. Mi disse: "Papà aveva una grande stima di te. Pensava che tu potessi scrivere musica unica per lui". Eravamo molto distanti per età, perché lui era nato nel 1927, aveva l'età di mia madre, ma a volte le cose tra vecchi e giovani possono funzionare.   

LdN: La colonna sonora di House of Forbidden Secrets nel 2013 è stata un vero e proprio evento per molti dei tuoi fan, e li hai davvero resi felici, quindi capirai perché te lo sto dicendo. Li avete davvero accontentati e capirete perché ve lo sto dicendo. Non so se sei d'accordo con questo?  Il che mi fa anche venire voglia di sapere in che stato d'animo hai composto questa colonna sonora, perché mi sembra proprio che siamo nello stesso mood di Aldilà.

FF: Ah, bravo! Volevo scrivere qualcosa del genere. Poi questo ragazzo mi ha contattato dall'America. Mi ha detto: "Sono tra la vita e la morte. Sono solo con il mio cane in ospedale. Se sopravvivo, voglio fare un film con la tua musica". Ho iniziato a comporre e registrare. Ho incontrato Todd a Chicago. Con lui c'era un produttore molto strano, un architetto di giardini, completamente pazzo. Non sapete cosa ha fatto? Vi racconto una storia strana. Mi hanno pagato, senza problemi. Ma avevo bisogno del permesso di depositare i brani in Italia per pubblicare la mia musica. Ma quando ho chiesto il link per riavere la mia musica, prima non l'ho ricevuto e poi, 6 mesi dopo, quando l'ho ricevuto, mi sono reso conto che il produttore aveva tenuto solo il 10% della mia musica e il resto erano effetti sonori fatti da un altro ragazzo. Avrei dovuto rivolgermi a un avvocato, ma onestamente si trattava di un piccolo film e in quel caso ritengo che ciò che sto ottenendo sia l'opportunità di scrivere. Le dirò una cosa perché penso che lei sia la persona che può capirla. A volte mi piace sperimentare e ho voluto inserire nel tema principale parti di brani che erano miei durante il periodo di Fulci. Li ho usati e ci ho suonato sopra in modo che la gente potesse sentire qualcosa degli originali. In ogni caso, amo questa musica e credo che sia davvero mia.

LdN: Una breve parola su Beware of Darkness, il cortometraggio francese di cui ha curato la colonna sonora. Come è nato e in quali condizioni?

FF: È successo in un periodo in cui guadagnavo soldi perché lavoravo per la televisione. In Italia, quando fai televisione, guadagni. Quando fai film, non guadagni nulla! Mia moglie lo sa bene (guarda Francesca e ridono). Quindi stavo bene economicamente e mi sono detto: aiutiamo qualcuno. C'erano questi ragazzi di Montpellier che erano dei fan. Guillaume Beylard e Nima Rafighi, persone davvero in gamba. Mi hanno contattato. Ho detto loro di venire a Roma e li abbiamo ospitati a casa nostra. Abbiamo parlato del loro progetto. Ho scritto la musica. L'abbiamo registrato. Devo dirvi che in alcuni concerti suono il tema del pianoforte, ma non domani. 

LdN: Se dovessi indicare la colonna sonora di cui sei più orgoglioso, quale sarebbe, Fabio?

FF: È impossibile (ride) ma ti rispondo. C'è un film di Lucio che era un po' povero, è vero, era Manhattan Baby. Ma sai, si svolge in parte in Egitto e io ho sempre amato l'Egitto anche se non ci sono mai stato. Ma quando ho visto le immagini del film, l'ho adorato. Devo dire che i musicisti con cui suono al momento amano questa musica, così come la musica di Blastfighter.

LdN: E ora, se dovesse nominare un brano meno conosciuto della sua musica da scoprire assolutamente?
FF: Bellissima! Adoro questa domanda. Ci sono aspetti della mia vita di musicista che nessuno conosce. È abbastanza normale. Tutti conoscono il mio lavoro con Fulci o Fantozzi in Italia, per esempio, ma se si considera che lavoro ogni giorno da cinquant'anni, ho fatto un sacco di musica. Quindi le darò due risposte.
Non so se lo sa, ma ho scritto diversi balletti. Ero amico di una prima ballerina russa per la quale ho scritto sei balletti su testi di Steinbech. Poi, qualche anno dopo, è diventata direttrice dell'Accademia di danza di Roma e mi ha chiesto di fare qualcosa di impossibile. Sapete che Tchaikovsky ha fatto il "Capriccio italiano", in cui racconta la storia dell'Italia a modo suo, con le indimenticabili melodie antiche (canta diverse arie), quindi lei voleva che componessi un nuovo capriccio italiano, ma come se foste in contatto con lui, come se poteste lavorare insieme. Così ci ho lavorato per sei mesi. Ho scritto qualcosa che fosse allo stesso tempo classico e moderno. C'è il ritmo, la grande orchestra. La suite dura quaranta minuti ed è stata registrata presso la S.I.A.E. con i nomi di Frizzi e Tchaikovsky. Perché in questa composizione c'è un continuo avanti e indietro tra cose sue e cose mie.
Poi, sai, ho iniziato come chitarrista e ho scritto sette preludi per chitarra e ho anche composto temi per strumenti classici a 12 e 6 corde basati su poesie di Lovecraft. Mi piacerebbe che la gente ascoltasse anche questo.

LdN: Qualche domanda sul progressive rock, che lei cita come prima influenza musicale. Innanzitutto, come vede questo stile musicale oggi rispetto a quello che si faceva negli anni Settanta?

FF: La mia prima vita è stata caratterizzata da Bach e dai Beatles. Barocco e pop. Ma mio fratello Fabrizio amava gruppi come i Genesis. C'era anche Fabio Pignatelli che, prima dei Goblin, suonava in un gruppo che faceva gli Yes. Quindi l'ho ascoltato così e poi a poco a poco me ne sono innamorato. Quindi sono felice che oggi ci siano persone che vogliono andare avanti. Molti di questi musicisti mi contattano per farmi ascoltare quello che fanno, ma non posso essere io a giudicare. Ma in realtà credo che all'epoca ci fossero così tante cose belle che, quando posso, ascolto ciò che è stato fatto negli anni Settanta e che mi è piaciuto molto.  

LdN: Quali sono i tre album di rock progressivo che metteresti nella tua top 3?

FF: In the court of the Crimson dei King Crimson, The Yes Album degli Yes e poi Pictures at an Exhibition di Emerson, Lake and Palmer. Ho riascoltato quell'album una settimana fa per un'illustrazione musicale che sto facendo in Italia e per la quale il regista voleva che la musica fosse ispirata a Mussorgsky. Erano dei geni. Hanno fatto cose incredibili.  

LdN: Domani eseguirai il tuo spettacolo completo Frizzi 2 Fulci audio/suono e video proiettato. Sente di aver dato alle sue composizioni una vita diversa e una nuova dimensione? Forse ha fatto degli arrangiamenti speciali per queste esibizioni dal vivo?

FF: Credo che la musica suonata sia la vera musica. Sai, la musica rinasce ogni giorno. Quindi diciamo che Frizzi 2 Fulci è un'esperienza incredibile perché i giovani musicisti, che hanno quarant'anni, si sentono gli interpreti ufficiali, autentici, della mia musica. Inoltre, hai ragione, ho già dovuto riscrivere alcune musiche perché non ho le partiture originali, quindi questi musicisti stanno davvero facendo propria questa musica, che è la mia musica. Sai, la crisi dei diritti ci ha costretto a tornare sul palco. Normalmente, un vecchio musicista dovrebbe vivere dei suoi diritti. Per noi musicisti, Internet ci ha portato molto, ma soprattutto ci ha tolto molto.