Interview en français
Rencontre avec Fabio Frizzi à Gênes le 2 août 2024 à l'occasion de sa prestation Frizzi 2 Fulci programmée le lendemain au Festival Prog Fest au Porto Antico. L'occasion de remercier une fois encore cet homme affable et disponible en toute circonstance, pour la préface écrite pour mon livre Giallo & Rosso mais aussi de faire une petite interview avec lui. Alors, je sais, les interviews de Fabio sont assez nombreuses mais je suis parti sur l'idée de lui proposer des questions décalées par rapport à celles qui lui sont habituellement posées. A vous de juger du résultat. En tout cas, Fabio s'est beaucoup amusé !
Je dois également préciser que le temps de discussion off a sans doute largement dépassé celui de l'interview proprement dite, mais enfin nous avons quand même réussi à travailler un peu !
Un grand merci à Fabio pour son enthousiasme et son envie de partager et à Francesca pour sa patience et sa gentillesse.
LdN : tout d'abord une question préliminaire Fabio, d'où vient que tu parles aussi bien le français ?
FF : Disons que dans ma famille, mes parents parlaient plus le français que l'anglais. Et puis j'allais en vacances à Riccione à côté de Rimini, quand j'avais 15/16 ans. Il y avait beaucoup de Français qui avaient des fils et des filles. Le soir on allait danser et alors tu sais j'ai eu une, non deux copines françaises (il rigole). Je dois dire aussi que c'est une histoire de destin. J'ai toujours eu beaucoup d'amis français et j'aime tellement parler avec eux. Mais tu sais, des fois, pour bien écrire le français, j'utilise aussi la traduction de Google !
LdN : On va remonter le temps Fabio et revenir à tes débuts en tant que compositeur. Quels souvenirs gardes-tu de ta collaboration avec Bixio et Tempera ?
FF : C'est une question intéressante. Si je parle d'abord des choses positives. Je me retrouvais avec Vincenzo Tempera qui avait une expérience incroyable comme musicien et déjà comme compositeur, et avec Franco Bixio qui était aussi compositeur mais surtout le fils de Cesare Andrea Bixio lui-même grand compositeur. Nous avons tout de suite divisé les tâches. Bixio était celui qui connaissait bien la production surtout au niveau des musiques de film justement pour les travaux préparatoires et les séquencements. Tempera était un homme qui était 365 jours sur 365 dans un studio d'enregistrement. C'était un grand pianiste et un bon chef d'orchestre. L'atmosphère était belle et ça fonctionnait bien entre nous. On pouvait faire trois B.O. à la fois. Mais à un moment, j'étais celui qui poussait le plus et finalement, cela manquait de perspectives. Et aussi, Tempera avait beaucoup d'autres choses à faire. Alors, à un moment, on a dit "on laisse". C'était la période où j'ai eu ma première fille. Je me suis posé la question de savoir si je pouvais composer tout seul. Si j'étais vraiment capable. La première fois, c'était en 1977 pour un film de Maurizio Costanzo, un film qui est très peu connu en France, un film pas terrible qui s'appelle Melodrammore. Pour ce premier film que j'ai fait tout seul , je me souviens que j'étais dans le studio de Bixio pour enregistrer la musique car j'avais loué son studio. Je suis rentré dans le studio. J'ai pris la baguette et j'ai commencé à diriger l'orchestre. J'avais la bouche complètement sèche. Et il y avait Tempera qui était là pour m'aider car en fait Bixio l'avait appelé car il ne savait pas si je pourrais y arriver seul. Une autre chose que je dois dire, toujours dans le positif, c'est que, encore aujourd'hui, Franco Bixio est un de mes meilleurs amis. Lui maintenant il est un grand éditeur avec une grosse maison d'édition mais quand je lui parle des concerts que je fais, des musiques que je compose (j'ai encore fait trois musiques cette année), quand il voit aussi que je suis toujours dans la prima linea (NdA : en première ligne), il me demande comment je fais pour faire tout ça.
LdN : Tu lui fais envie en quelque sorte.
FF : Oui, c'est exactement ça. Car, lui maintenant il est tranquille avec sa société très solide et il me voit qui fait toujours comme quand on était jeunes garçons. C'est quelque chose qui peut toujours te donner des frissons.
LdN : Peut-on dire que cette collaboration à trois était un passage obligé pour toi ?
FF : oui, je crois que c'était pour moi comme de "faire la gavetta" on dit en italien (NdT : le fait de partir de rien). Quand tu commences, tu dois apprendre. Si je dois faire le vrai bilan. Tu sais quand tu fais un bilan, la balance, tu dois toujours penser aux belles choses, pas aux petits trucs. Et sur les grandes choses, je suis absolument heureux de ce qui s'est passé.
LdN : Finalement, le fait de se séparer de Bixio et Tempera aura été une très bonne chose pour toi, aussi bien pour libérer ta création artistique que pour faire ta propre carrière ?
FF : Tu peux imaginer que j'avais 24 ans au début de cette histoire et 29 ans quand on s'est quitté. Il faut considérer qu'aujourd'hui l'adolescence est plus tôt qu'à l'époque. A 24 ans, J'étais vraiment très jeune et j'avais une certaine ingénuité. Alors, ça a été réellement des années de formation pour moi. L'expérience, on l'a fait tous les jours et j'ai passé beaucoup de temps avec eux. C'est un peu comme mon acte de naissance de compositeur. J'ai appris beaucoup.
LdN : Après tu as travaillé pour Fulci pour de nombreux films. Je vais te poser une question par rapport à ça. Je ne sais pas si on te l'a déjà posée et comment tu vas la prendre. Voilà : tu crois que l'on peut comparer ta collaboration avec Fulci avec d'autres associations réalisateur/compositeur comme celles de Morricone avec Leone, de Rota avec Fellini ou encore de Goblin avec Argento ?
FF : Je te remercie Louis parce que c'est une très belle question. Alors, je crois que la communication qu'il faut entre un musicien et un réalisateur, c'est quelque chose de très important. Si çà fonctionne, çà fonctionne. Si ça fonctionne pas, ça fonctionne pas. Il n'y a pas de voie médiane. Tu sais, avant de travailler avec moi, Fulci a travaillé avec tous les grands musiciens italiens, Morricone, Ortolani etc... J'ai commencé à travailler pour Fulci avec Bixio et Tempera, ensuite j'ai composé tout seul pour ses films d'horreur. Il y a une dizaine d'années, quand j'ai parlé avec Antonella Fulci, la fille de Lucio, elle m'a dit des choses, j'espère qu'elles sont vraies. Elle m'a dit : "papa avait une estime incroyable pour toi. Il pensait que tu pouvais écrire des musiques uniques pour lui". On était éloigné en âge car il était né en 1927, il avait l'âge de ma mère, mais parfois il y a la possibilité que cela fonctionne entre vieux et jeunes.
LdN : Le soundtrack de House of Forbidden secrets en 2013 a vraiment été un évènement pour beaucoup de tes fans.Tu leur as vraiment fait plaisir et tu vas comprendre pourquoi je te dis ça. : par moments, cette musique sonne vraiment comme une suite à l'Aldilà. Je ne sais pas si tu es d'accord avec ça ? Ce qui me donne aussi envie de savoir dans quel état d'esprit tu as composé cette B.O. car vraiment je trouve qu'on est dans les mêmes ambiances que l'Aldilà.
FF : Ah bravo ! J'avais envie d'écrire un truc comme ça. Et quand il y a eu ce mec qui m'a contacté d'Amérique (NdT : Todd Sheets). Il m'a dit "je suis entre la vie et la mort. Je suis seul avec mon chien à l’hôpital. Si je survie, je veux faire un film avec ta musique". J'ai commencé à composer et à enregistrer. J'ai rencontré Todd à Chicago. Il avait avec lui un producteur très étrange, un architecte des jardins, complètement fou. Tu ne sais pas ce qu'il a fait ? Je vais te raconter une histoire bizarre. Ils m'ont payé, pas de problème. Mais j'avais besoin de l'autorisation pour déposer les morceaux en Italie pour éditer ma musique. Mais quand j'ai demandé le lien pour récupérer ma musique, d'abord je ne le recevais pas et ensuite, 6 mois après, quand je l'ai reçu, je me suis rendu compte que le producteur n'avait gardé que 10 % de ma musique et le reste c'était des bruitages faits par un autre mec. J'aurais dû prendre un avocat mais honnêtement c'était un petit film et dans ce cas là, je considère que ce que je reçois, c'est la possibilité d'écrire. Je vais te dire une chose car je crois que tu es la personne qui peut la comprendre. J'adore faire des expérimentations parfois et je voulais mettre dans le thème principal des parties de morceaux qui étaient à moi dans la période Fulci. Je les ai utilisées en jouant dessus pour que les gens puissent entendre comme çà quelque chose des originaux. En tout cas, j'adore cette musique. je la trouve vraiment mienne.
LdN : Un petit mot au sujet de Beware of Darkness, le court-métrage français que tu as musicalisé. Cela c'est fait comment et dans quelles conditions ?
FF : Cela c'est fait à un moment où je gagnais de l'argent car je travaillais pour la télé. En Italie, quand tu fais la télé, tu gagne. Quand tu fais les films, rien ! Ma femme sait très bien ça (il regarde Francesca et ils rient). Alors, j'étais à l'aise financièrement et je me suis dit on va aider quelqu'un. C'était des garçons de Montpellier, des fans. Guillaume Beylard et Nima Rafighi, des gens vraiment très bien. Ils m'ont contacté. Alors, je leur ai dit de venir à Rome et nous les avons hébergés chez nous. On a parlé de leur projet. J'ai écrit la musique. On l'a éditée en disque. Je dois te dire que je joue le thème pour piano dans certains de mes concerts, mais pas demain.
LdN : Si tu devais citer le soundtrack dont tu es le plus fier, ce serait lequel Fabio ?
FF : C'est impossible (il rie) mais je vais te répondre. Il y a un film de Lucio qui était un peu pauvre, c'est vrai, c'était Manhattan Baby. Mais tu sais, il se déroule en partie en Égypte et moi j'ai toujours adoré l’Égypte alors que j'y ai jamais été. Mais quand je regardais les images du film, j'ai adoré. Je dois dire que mes musiciens avec lesquels je joue en ce moment adorent cette musique, comme celle de Blastfighter d'ailleurs.
LdN : Et maintenant, si tu devais citer une musique de toi moins connue à découvrir absolument ?
FF : Bellissima ! j'adore cette question. Il y a des côtés de ma vie de musicien que personne ne connaît. C'est normal. Tout le monde connaît mes travaux avec Fulci ou Fantozzi par exemple en Italie mais si tu considères que je travaille tous les jours depuis cinquante ans, j'ai fait beaucoup de musiques. Alors, je te propose deux réponses.
Je ne sais pas si tu au courant mais j'ai écrit plusieurs ballets. J'étais ami avec une danseuse étoile russe pour laquelle j'ai écrit six ballets sur des textes de Steinbech Puis, quelques années après, elle est devenue la directrice de l'Académie de danse de Rome et elle m'a demandé une chose impossible. Tu sais Tchaïkovsky a fait le "Capriccio italien", dans lequel il raconte l'Italie à sa façon avec les vieilles mélodies inoubliables (il chantonne plusieurs airs), alors elle voulait que je compose un nouveau capriccio italiano, mais comme si j'avais été en contact avec lui, comme si nous avions pu travailler ensemble. Alors, j'ai travaillé six mois là dessus. J'ai écrit quelque chose à la fois classique mais aussi moderne. Il y a la rythmique, le grand orchestre. La suite dure quarante minutes et elle a été déposée à la S.I.A.E. (NdT : l'équivalent de la S.A.C.E.M. en Italie) sous les noms de Frizzi et de Tchaïkovsky. Car il y a dans cette composition des allers-retours permanents entre des choses à lui et des choses à moi.
Ensuite, tu sais, je suis guitariste au départ et j'ai écrit sept préludes pour guitares et j'ai aussi composé sur des poèmes de Lovecraft, des thèmes pour 12 cordes et 6 cordes classiques. J’aimerais bien que les gens écoutent ça aussi.
LdN : Quelques questions sur le rock progressif que tu évoques comme une influence musicale de jeunesse. Tout d'abord, quelle est ta vision de ce style de musique aujourd'hui par rapport à ce qui se faisait dans les seventies ?
FF : Ma vie au début, c'est Bach et les Beatles. Le baroque et la pop. Mais mon frère Fabrizio adorait des groupes comme Genesis. Il y avait aussi Fabio Pignatelli qui avant Goblin jouait dans un groupe qui faisait du Yes. Alors, j'ai écouté comme ça et puis peu à peu je suis tombé amoureux. Alors je suis heureux qu'il y ait aujourd'hui des gens qui veuillent aller de l'avant. Beaucoup de ces musiciens me contactent pour me faire écouter ce qu'ils font mais je ne peux pas être juge. Mais en fait je crois que l'on a eu tellement de belles choses à l'époque que, quand je peux, j'écoute ce qui s'est fait dans les seventies et que j'aimais vraiment.
LdN : Quels sont les trois albums de rock progressif que tu mets dans top 3 ?
FF : In the court of the Crimson de King Crimson, The Yes Album de Yes et puis Pictures at an Exhibition d'Emerson, Lake and Palmer. J'ai réécouté cet album il y a une semaine pour une illustration musicale que je suis en train de faire en Italie pour laquelle le réalisateur voulait que la musique soit inspirée de Moussorgski. C’était des génies. Ils faisaient des trucs incroyables.
LdN : Tu vas jouer demain ton spectacle complet audio/son et images vidéo projetées Frizzi 2 Fulci. As-tu l'impression de donner ainsi à tes compositions une vie différente avec une dimension nouvelle ? Peut-être que tu as fais des arrangements spéciaux pour ces performances live ?
FF : Je crois que la musique jouée est la vraie musique. Tu sais la renaissance de la musique, c'est chaque jour en fait. Alors disons que Frizzi 2 Fulci est une expérience incroyable car
des jeunes musiciens - ils ont quarante ans - se sentent les interprètes
officiels, authentiques, de ma musique. En plus, tu as raison, j'ai dû
réécrire une partie des musiques déjà car je n'ai pas les partitions
originales, ce qui fait que ces musiciens font vraiment leur cette
musique qui est ma musique. Tu sais aussi, la crise des droits nous a obligé à revenir sur scène. Normalement un vieux musicien devrait vivre de ses droits. Pour nous musiciens, Internet nous apporté beaucoup mais nous a surtout enlevé beaucoup.
Intervista in Italiano
Abbiamo incontrato Fabio Frizzi a Genova il 2 agosto 2024 per il suo spettacolo Frizzi 2 Fulci, in programma il giorno successivo al Prog Fest Festival al Porto Antico. È stata l'occasione per ringraziare ancora una volta quest'uomo affabile e sempre disponibile in ogni circostanza, per la prefazione che ha scritto per il mio libro Giallo & Rosso, e anche per fare una breve intervista con lui. Lo so, di interviste a Fabio ce ne sono parecchie, ma ho deciso di fargli delle domande un po' diverse da quelle che gli vengono poste di solito. Giudicate voi. In ogni caso, Fabio si è divertito molto!
Devo anche sottolineare che il tempo trascorso a parlare fuori dalla registrazione ha probabilmente superato di gran lunga quello dell'intervista stessa, ma alla fine siamo comunque riusciti a fare un po' di lavoro!
Un grande ringraziamento a Fabio per l'entusiasmo e la voglia di condividere, e a Francesca per la pazienza e la gentilezza.
LdN: Innanzitutto una domanda preliminare Fabio, come sei arrivato a parlare così bene il francese?
FF: Diciamo che in famiglia i miei genitori parlavano più francese che inglese. E poi andavo in vacanza a Riccione, vicino a Rimini, quando avevo 15/16 anni. Lì c'erano molti francesi che avevano figli e figlie. La sera andavamo a ballare e poi, sai, avevo una, no, due fidanzate francesi (ride). Devo dire che è anche una questione di destino. Ho sempre avuto molti amici francesi e mi piace parlare con loro. Ma sa, a volte, per scrivere bene il francese, uso anche la traduzione di Google!
LdN: Torniamo indietro nel tempo, Fabio, agli esordi come compositore. Che ricordi ha del lavoro con Bixio e Tempera?
FF: È una domanda interessante. Inizio parlando delle cose positive. Mi sono trovato con Vincenzo Tempera, che aveva un'esperienza incredibile come musicista e già come compositore, e con Franco Bixio, anch'egli compositore ma soprattutto figlio di Cesare Andrea Bixio, anch'egli grande compositore. Ci siamo subito divisi i compiti. Bixio era quello che conosceva a fondo la produzione, soprattutto quando si trattava di musica per film, proprio per il lavoro di preparazione e di sequenze. Tempera era un uomo che stava in studio di registrazione 365 giorni all'anno. Era un grande pianista e un buon direttore d'orchestra. C'era una grande atmosfera e le cose funzionavano bene tra di noi. Riuscivamo a fare tre colonne sonore alla volta. Ma a un certo punto, ero io a spingere di più e alla fine mancava la prospettiva. Tempera aveva anche molte altre cose da fare. Così, a un certo punto, ci siamo detti "lasciamo perdere". È stato quando ho avuto la mia prima figlia. Mi sono chiesta se fossi in grado di comporre da sola. Se ne fossi davvero capace. La prima volta è stata nel 1977 per un film di Maurizio Costanzo, un film che non è molto conosciuto in Francia, un film non molto bello chiamato Melodrammore. Per quel primo film, che ho fatto da solo, ricordo che ero nello studio di Bixio per registrare la musica perché avevo affittato il suo studio. Entrai nello studio. Presi la bacchetta e iniziai a dirigere l'orchestra. Avevo la bocca completamente asciutta. E Tempera era lì ad aiutarmi perché in effetti Bixio lo aveva chiamato perché non sapeva se ce l'avrei fatta da solo. Un'altra cosa che devo dire, sempre in positivo, è che Franco Bixio è ancora uno dei miei migliori amici. Ora è un grande editore con una grande casa editrice, ma quando gli parlo dei concerti che faccio, della musica che compongo (quest'anno ho fatto altri tre pezzi), e quando vede che sono sempre in prima linea, mi chiede come faccio a fare tutto questo.
LdN: In un certo senso, lo invidi.
FF: Sì, è proprio così. Perché ora è tranquillo con la sua solidissima azienda e mi vede fare ancora quello che facevo quando eravamo ragazzi. È una cosa che può ancora far venire i brividi.
LdN: È corretto dire che questa collaborazione a tre è stata un passo fondamentale per lei?
FF: Sì, credo che per me sia stato come "fare la gavetta", come si dice in italiano. Quando si inizia, bisogna imparare. Se devo fare la valutazione vera e propria. Sa, quando si redige un bilancio, bisogna sempre pensare alle cose belle, non a quelle piccole. E quando si tratta di cose grandi, sono assolutamente contento di quello che è successo.
LdN: Alla fine, la separazione da Bixio e Tempera è stata una cosa molto positiva per lei, sia in termini di liberazione della sua creatività artistica che di sviluppo della sua carriera?
FF: Può immaginare che avevo 24 anni all'inizio di questa storia e 29 quando ci siamo separati. Bisogna tenere presente che l'adolescenza oggi è più precoce di allora. A 24 anni ero davvero molto giovane e avevo una certa ingenuità. Quindi quelli sono stati anni davvero formativi per me. Lo facevamo ogni giorno e passavo molto tempo con loro. È un po' come il mio certificato di nascita come compositore. Ho imparato molto.
LdN: In seguito ha lavorato per Fulci in diversi film. Le farò una domanda a questo proposito. Non so se qualcuno te l'abbia mai chiesto e come la prenderai. Pensi che si possa paragonare la tua collaborazione con Fulci ad altri sodalizi regista/compositore come quello di Morricone con Leone, di Rota con Fellini o di Goblin con Argento?
FF: Grazie Louis, perché è una domanda molto bella. Penso che la comunicazione tra un musicista e un regista sia molto importante. Se funziona, funziona. Se non funziona, non funziona. Non c'è una via di mezzo. Sa, prima di lavorare con me, Fulci ha lavorato con tutti i grandi musicisti italiani, Morricone, Ortolani ecc... Ho iniziato a lavorare per Fulci con Bixio e Tempera, poi ho composto da solo per i suoi film horror. Una decina di anni fa, parlando con Antonella Fulci, la figlia di Lucio, mi raccontò alcune cose, che spero siano vere. Mi disse: "Papà aveva una grande stima di te. Pensava che tu potessi scrivere musica unica per lui". Eravamo molto distanti per età, perché lui era nato nel 1927, aveva l'età di mia madre, ma a volte le cose tra vecchi e giovani possono funzionare.
LdN: La colonna sonora di House of Forbidden Secrets nel 2013 è stata un vero e proprio evento per molti dei tuoi fan, e li hai davvero resi felici, quindi capirai perché te lo sto dicendo. Li avete davvero accontentati e capirete perché ve lo sto dicendo. Non so se sei d'accordo con questo? Il che mi fa anche venire voglia di sapere in che stato d'animo hai composto questa colonna sonora, perché mi sembra proprio che siamo nello stesso mood di Aldilà.
FF: Ah, bravo! Volevo scrivere qualcosa del genere. Poi questo ragazzo mi ha contattato dall'America. Mi ha detto: "Sono tra la vita e la morte. Sono solo con il mio cane in ospedale. Se sopravvivo, voglio fare un film con la tua musica". Ho iniziato a comporre e registrare. Ho incontrato Todd a Chicago. Con lui c'era un produttore molto strano, un architetto di giardini, completamente pazzo. Non sapete cosa ha fatto? Vi racconto una storia strana. Mi hanno pagato, senza problemi. Ma avevo bisogno del permesso di depositare i brani in Italia per pubblicare la mia musica. Ma quando ho chiesto il link per riavere la mia musica, prima non l'ho ricevuto e poi, 6 mesi dopo, quando l'ho ricevuto, mi sono reso conto che il produttore aveva tenuto solo il 10% della mia musica e il resto erano effetti sonori fatti da un altro ragazzo. Avrei dovuto rivolgermi a un avvocato, ma onestamente si trattava di un piccolo film e in quel caso ritengo che ciò che sto ottenendo sia l'opportunità di scrivere. Le dirò una cosa perché penso che lei sia la persona che può capirla. A volte mi piace sperimentare e ho voluto inserire nel tema principale parti di brani che erano miei durante il periodo di Fulci. Li ho usati e ci ho suonato sopra in modo che la gente potesse sentire qualcosa degli originali. In ogni caso, amo questa musica e credo che sia davvero mia.
LdN: Una breve parola su Beware of Darkness, il cortometraggio francese di cui ha curato la colonna sonora. Come è nato e in quali condizioni?
FF: È successo in un periodo in cui guadagnavo soldi perché lavoravo per la televisione. In Italia, quando fai televisione, guadagni. Quando fai film, non guadagni nulla! Mia moglie lo sa bene (guarda Francesca e ridono). Quindi stavo bene economicamente e mi sono detto: aiutiamo qualcuno. C'erano questi ragazzi di Montpellier che erano dei fan. Guillaume Beylard e Nima Rafighi, persone davvero in gamba. Mi hanno contattato. Ho detto loro di venire a Roma e li abbiamo ospitati a casa nostra. Abbiamo parlato del loro progetto. Ho scritto la musica. L'abbiamo registrato. Devo dirvi che in alcuni concerti suono il tema del pianoforte, ma non domani.
LdN: Se dovessi indicare la colonna sonora di cui sei più orgoglioso, quale sarebbe, Fabio?
FF: È impossibile (ride) ma ti rispondo. C'è un film di Lucio che era un po' povero, è vero, era Manhattan Baby. Ma sai, si svolge in parte in Egitto e io ho sempre amato l'Egitto anche se non ci sono mai stato. Ma quando ho visto le immagini del film, l'ho adorato. Devo dire che i musicisti con cui suono al momento amano questa musica, così come la musica di Blastfighter.
LdN: E ora, se dovesse nominare un brano meno conosciuto della sua musica da scoprire assolutamente?
FF: Bellissima! Adoro questa domanda. Ci sono aspetti della mia vita di musicista che nessuno conosce. È abbastanza normale. Tutti conoscono il mio lavoro con Fulci o Fantozzi in Italia, per esempio, ma se si considera che lavoro ogni giorno da cinquant'anni, ho fatto un sacco di musica. Quindi le darò due risposte.
Non so se lo sa, ma ho scritto diversi balletti. Ero amico di una prima ballerina russa per la quale ho scritto sei balletti su testi di Steinbech. Poi, qualche anno dopo, è diventata direttrice dell'Accademia di danza di Roma e mi ha chiesto di fare qualcosa di impossibile. Sapete che Tchaikovsky ha fatto il "Capriccio italiano", in cui racconta la storia dell'Italia a modo suo, con le indimenticabili melodie antiche (canta diverse arie), quindi lei voleva che componessi un nuovo capriccio italiano, ma come se foste in contatto con lui, come se poteste lavorare insieme. Così ci ho lavorato per sei mesi. Ho scritto qualcosa che fosse allo stesso tempo classico e moderno. C'è il ritmo, la grande orchestra. La suite dura quaranta minuti ed è stata registrata presso la S.I.A.E. con i nomi di Frizzi e Tchaikovsky. Perché in questa composizione c'è un continuo avanti e indietro tra cose sue e cose mie.
Poi, sai, ho iniziato come chitarrista e ho scritto sette preludi per chitarra e ho anche composto temi per strumenti classici a 12 e 6 corde basati su poesie di Lovecraft. Mi piacerebbe che la gente ascoltasse anche questo.
LdN: Qualche domanda sul progressive rock, che lei cita come prima influenza musicale. Innanzitutto, come vede questo stile musicale oggi rispetto a quello che si faceva negli anni Settanta?
FF: La mia prima vita è stata caratterizzata da Bach e dai Beatles. Barocco e pop. Ma mio fratello Fabrizio amava gruppi come i Genesis. C'era anche Fabio Pignatelli che, prima dei Goblin, suonava in un gruppo che faceva gli Yes. Quindi l'ho ascoltato così e poi a poco a poco me ne sono innamorato. Quindi sono felice che oggi ci siano persone che vogliono andare avanti. Molti di questi musicisti mi contattano per farmi ascoltare quello che fanno, ma non posso essere io a giudicare. Ma in realtà credo che all'epoca ci fossero così tante cose belle che, quando posso, ascolto ciò che è stato fatto negli anni Settanta e che mi è piaciuto molto.
LdN: Quali sono i tre album di rock progressivo che metteresti nella tua top 3?
FF: In the court of the Crimson dei King Crimson, The Yes Album degli Yes e poi Pictures at an Exhibition di Emerson, Lake and Palmer. Ho riascoltato quell'album una settimana fa per un'illustrazione musicale che sto facendo in Italia e per la quale il regista voleva che la musica fosse ispirata a Mussorgsky. Erano dei geni. Hanno fatto cose incredibili.
LdN: Domani eseguirai il tuo spettacolo completo Frizzi 2 Fulci audio/suono e video proiettato. Sente di aver dato alle sue composizioni una vita diversa e una nuova dimensione? Forse ha fatto degli arrangiamenti speciali per queste esibizioni dal vivo?
FF: Credo che la musica suonata sia la vera musica. Sai, la musica rinasce ogni giorno. Quindi diciamo che Frizzi 2 Fulci è un'esperienza incredibile perché i giovani musicisti, che hanno quarant'anni, si sentono gli interpreti ufficiali, autentici, della mia musica. Inoltre, hai ragione, ho già dovuto riscrivere alcune musiche perché non ho le partiture originali, quindi questi musicisti stanno davvero facendo propria questa musica, che è la mia musica. Sai, la crisi dei diritti ci ha costretto a tornare sul palco. Normalmente, un vecchio musicista dovrebbe vivere dei suoi diritti. Per noi musicisti, Internet ci ha portato molto, ma soprattutto ci ha tolto molto.