mardi 7 octobre 2025

Bambi Fossati : il castello tira sassi

 

Les fans les plus fervents du rock progressif italien se rappellent obligatoirement du groupe Garybaldi et de ses deux albums, surtout Nuda (1972) auréolé de sa pochette culte signée Guido Crepax.
Derrière Garybaldi, il y avait le guitariste Pier Niccolo Fossati aka Bambi Fossati trop tôt décédé en juin 2014, qui après la dissolution de son groupe en 1974 avait poursuivi sa carrière en solo ainsi qu'au sein d'une formation dont le nom rappelait son diminutif : Bambibanda. Étaient bien sûr venues s'ajouter des reformations ponctuelles de Garybaldi, la dernière en 2010, Bambi Fossati ayant ensuite dû faire face à la maladie qui allait l'amener à sa disparition. Bien que peu connu du grand public, son nom apparaissait de temps en temps quand on évoquait les légendes du vieux prog italien des 70.
Maintenant une petite histoire pour lancer cette chronique.     
Il y a environ deux ans, je suis sur la place Giacomo Matteotti à Gênes à discuter avec deux vendeurs de disques. L'un d'entre eux me raconte alors une histoire incroyable. En déménageant la cave de la maison de Fossati, quelqu'un de la famille a retrouvé des bandes enregistrées par le guitariste. La question se pose évidemment de savoir si elles sont exploitables et si quelqu'un serait intéressé pour les publier. J'avoue ne plus avoir pensé à cette anecdote ensuite. Des histoires comme ça, on en entend régulièrement sans qu'il n'y ait jamais de suite.
Une année plus tard, en passant chez  Black Widow Records, je me retrouve avec ce CD entre les mains, Pino et Massimo me racontant à nouveau cette même histoire de bandes exhumées. Mais cette fois, c'est du concret. Car une fois encore, la team de BWR a fait des miracles ou plutôt un miracle en réhabilitant ces enregistrements pas forcément très anciens puisque l'on peut les situer dans une période allant de 1994 à 2003.
Il castello tira sassi ne peut pas être considéré à proprement parlé comme un testament de Bambi Fossati, mais plutôt comme un témoignage de sa verve artistique. Il y a toujours quelque chose d'émouvant lorsque l'on écoute bien des années après des prises qui n'étaient pas forcément destinées à être publiées, un peu comme si l'on ouvrait pour la première fois un journal intime.         
Grâce au travail méticuleux de post-production réalisé par Alessandro Paolini, les 11 tracks proposées (l'intro est parlée) présentent une qualité d'écoute globalement satisfaisante mais elles ont surtout toutes pour point commun de présenter le guitariste gênois dans un registre différent de celui de Garybaldi, car même si les sonorités et les intonations sont proches évidemment, le Fossati que l'on entend sur cet album est beaucoup plus roots. C'est principalement vrai pour ce qui concerne les 4 brûlots blues rock "Reprimanda mores", "Qualcosa non va", "Trattoria Celeste" et "In una stanza" enregistrés durant la même session (probablement live) par le trio Fossati / Nuovibri / Olivieri. Un peu plus loin le bloc "Palazzo pazzo", "Mille città", "Schizzo metropolitano" datant probablement des années 90 est d'une veine plus pop-rock débridée, "Schizzo metropolitano" s'approchant beaucoup du style Osanna. Quant à la très belle chanson "Madre di cose perdute", elle sonne comme du Gleemen, Maurizio Cassinelli et Gian Paolo Casu sont d'ailleurs présents sur l'enregistrement. Au passage, ce morceau est incontestablement la perle de cet album avec en prime les vocalises de Vania Altrinetti.
Les bonus tracks viennent encore ajouter un surcroît de bonnes surprises, surtout avec "Toledo" qui permet d'entendre un nouveau solo d'anthologie de Fossati. Car pour ceux qui ne le connaissaient peu ou pas, ils pourront se rendre compte que Bambi Fossati n'avait vraiment pas usurpé son sobriquet d'Hendrix du sud. Tout y était : une attaque de cordes brute et anguleuse, un son de guitare acide et des décollages psychédéliques amplifiés et renforcés par les effets tordus qu'il réussissait à faire sortir de ses pédales. Il avait aussi pour lui une voix pas toujours exceptionnelle mais caractérisée par des inflexions très typées et par une chaleur bluesy.
il castello tira sassi (qui peut être traduit par "le château en ruine") constitue un bel hommage posthume dédié à celui dont le nom a toujours été prononcé à Gênes avec beaucoup de respect.  
Gloria animae suae.

La tracklist : 
  1. Intro
  2. Reprimanda mores
  3. Qualcosa non va
  4. Trattoria Celeste
  5. In una stanza
  6. Mona
  7. Palazzo pazzo
  8. Mille città
  9. Schizzo metropolitano
  10. Madre di cose perdute
  11. Toledo (bonus track - studio live)
  12. 26 Febbraio 1700 (bonus track - live)

mercredi 1 octobre 2025

IMAGINAERIUM : Siege

Cela fait très longtemps que je ne me suis pas intéressé à Clive Nolan, je l'avoue. Les albums d'Arena, de Shadowland ou encore de Strangers on a Train (avec la regrettée Tracy Hitchings) me semblent être relégués très loin dans mes souvenirs d'expériences musicales, pas toujours satisfaisantes, d'il y a trente et encore vingt ans. Je suis de plus de nature assez circonspect face à ces artistes qui multiplient les projets musicaux avec comme corollaire une production pléthorique d'albums (Neal Morse et même Roine Stolt en font aussi partie).
Il était donc temps de se rebrancher sur l'Anglais Clive Nolan. La présence de trois Italiens dans le projet Imaginaerium dont la tonique chanteuse Laura Piazzai m'en a donné l'occasion. Les autres représentants italiens étant Mirko Sangrigoli et Simone Milliava (également associé au projet Chamber of Creation d'Antonello Epifani pour ce dernier).
Côté musique, avec pour postulat que Clive Nolan est l'unique auteur-compositeur-arrangeur, et me rappelant de ses précédents projets associant des voix féminines, notamment Tracey Hitchings mais aussi Agnieszka Swita avec Caamora, je m'attendais à quelque chose tournant entre le rock opera et la comédie musicale. Au final, le résultat est à la fois plus complexe et plus diversifié que l'on pouvait l'imaginer. Je considère cet album comme un conte musical épique relevant de l'heroic-fantasy avec quand même pas mal de grands moments que ce soit "Cry Boudica", "The Final Redoubt", "When My Eyes Are Closed", "To The Victor Go The Spoils". Je mets à part le final "Blood Moon" qui se distingue par une ambiance vraiment prenante, voire énorme, dont l'impact est un peu affadi par une sortie en fade out. Sur l'ensemble de l'album, la forme adoptée, voulant coller au récit, entraîne automatiquement une hétérogénéité stylistique. On peut comprendre que certains thèmes (la rébellion, la guerre ou la désespérance après la défaite par exemple) soit traités avec des atmosphères musicales très différentes. Je reste par contre assez dubitatif au sujet de "Never Burn the Cakes" qui me semble hors sujet tant au niveau du style musical que de l'anecdote évoquée. De même, le chant de Clive Nolan sur "The Last Arrow" vient casser la superbe dynamique insufflée jusque là par Laura, dans une resucée de "La belle et la bête" ! 
Car il est évident que la voix généreuse et expressive de Laura tire les chansons vers le haut. Son style de chant, que l'on peut qualifier d'habité, convient parfaitement à ces compositions au demeurant excessivement mélodiques. Laura n'est pas du genre à s'investir à moitié, et cela se ressent dans ses performances vocales pour lesquelles elle met tout ce qu'elle a dans le ventre. On sent qu'elle s'identifie complètement à ses personnages. C'est particulièrement le cas pour la reine Boudica dont l'histoire inspire la première chanson de cet album. Avec l'héroïne Boudica (Boadicée), Nolan et Piazzai nous ramènent ainsi en Angleterre, dans le Norfolk, au Ier siècle après JC pour conter les malheurs de cette reine guerrière se révoltant contre les occupants romains, après avoir été fouettée en place publique (là, il y avait quelque chose de plus croustillant à faire, dommage !). Rien d'étonnant à tout cela, quand on sait que Clive Nolan est un grand passionné d'histoire (britannique de préférence) et qu'il adore tout ce qui touche à l'ésotérisme.  .
Côté artwork, il faut reconnaître que, comme pour The rise of Medici, de gros moyens ont été mis pour proposer un produit fini de grande qualité avec au final l'opprtunité de posséder un véritable objet d'art, consistant en un livre de plus de trente pages, comprenant illustrations, photos, textes, accompagnant le CD principal, un CD bonus et un DVD avec des vidéos bonus et un making off de la réalisation du projet.   
Si vous voulez offrir un chouette cadeau de Noël à un ami progueux, alors vous avez, avec ce très beau coffret Imaginaerium - Siege, de quoi lui faire vraiment plaisir (les liens pour commander sont en fin de page). 

Musiciens :

Clive Nolan : claviers, piano, chant lead vocals (8), chœurs (1,3,7,10)
Laura Piazzai : chant lead et chœurs
Mirko Sangrigoli : batterie, guitares (1,3,6,7)
Luis Nasser : basse
Simone Milliava : guitares (1,2,5,7,8,10)
Soheila Clifford, Caron Morgan,,Ethan Barnett, Ryan Morgan  : voix (1)


Tracklists : 
 
CD 1 :
1. Cry Boudica
2. The Final Redoubt
3. Footprints
4. All There Is to See
5. When My Eyes Are Closed
6. To The Victor Go The Spoils
7. Never Burn the Cakes
8. The Last Arrow
9. Deep
10. Blood Moon

CD bonus :
1. Dorian Gray (re-visit)
2. The Last Arrow (acoustic guitar and voice)
3. Cry Boudica (instrumental guitar version)
4. When My Eyes Are Closed (piano and voice)
5. All There Is to See (duet version)
6. The Final Redoubt (instrumental guitar version)
7. Deep (pure strings)
8. Dorian Gray (acoustic guitar mix)
9. Footprints (Viking walk)

DVD/Blu-Ray 

1. Official Video "The Final Redoubt" (4:35)
2. Video Documentary "The Making Of and More" (43:53)

Bandcamp Imaginaerium - Siege 

Site web Imaginaerium

 

 




 

 

samedi 27 septembre 2025

Caravaggio : We all we are


Cette année, le festival Veruno 2 Days + 1, c'était un peu Noël avant l'heure avec plusieurs sorties d'album programmées pour coïncider avec cette évènement devenu désormais la place la plus importante du prog en Europe. Il suffit pour s'en convaincre de constater le nombre conséquent de nouveaux venus chaque fin d'été à Revislate, dont beaucoup de Français d'ailleurs.  
Avec les excellents et accrocheurs singles "Isolation et "Rejoice", présents sur l'EP publié l'année dernière,  nous avions déjà eu un avant-goût de ce que pourrait donner ce nouveau disque de Caravaggio. Il n'empêche ! We all we are surprend quand même. Ce constat est d'autant plus inattendu que le groupe garde son identité si particulière couvrant un spectre assez improbable qui va du folk méditerranéen au prog métal (dosé mon frère, dosé !) en passant par l'art rock et le post rock. Mais voilà, ses membres, et en particulier Fabio Troiani et Vittorio Ballerio, semblent n'avoir aucunement l'intention de faire du sur place et encore moins envie de reproduire à l'infini la même recette. 
De fait, ce deuxième album intronise Caravaggio comme une formation créative qui démontre une évidente envie d'aller explorer de nouveaux paysages sonores avec comme un fil rouge, cet accordéon, instrument emblématique du son du groupe. Le piano à bretelles est souvent présent discrètement comme une évidence, mais parfois aussi il est introduit dans un univers musical décalé par rapport à son registre naturel, et ça fonctionne bien aussi !
Même si je reste un peu dubitatif sur le côté U2/Joshua Tree de "In the place where I was born", je dois dire que je n'ai pas bouder mon plaisir à l'écoute de cet album qui m'a parfois gentiment bousculé ("We all we are") pour mieux me  charmer ensuite avec "Controversial" ou encore avec "Behind the mask" (également présent sur l'EP de 2024), un morceau articulé en deux parties : tout d'abord, une simple chanson un peu triste et très mélancolique, avec un accompagnement minimaliste, puis ensuite une deuxième section entamée par un riff métal. On y retrouve les ingrédients qui forment la marque de fabrique du groupe avec ce chant généreux et cet accordéon qui s'invite partout mais ne s'impose jamais. "Behind the Mask, part 2" est réellement un titre aventureux, rempli de rebondissements qui garde pourtant une grande fluidité.
Mais tout cela, c'est sans compter avec la dernière piste, "Divine comedy Tarantella", une composition hybride (une de plus !), entraînante, au pouvoir littéralement envoûtant. Cette fin en forme de derviche tourneur pourrait d'ailleurs faire penser à une transition voire à un passage mystique vers le prochain album. 
En attendant, je n'ai pas fini d'écouter et de savourer cet album si original et si décalé par rapport à un rock progressif italien plus classique. 

Pour les amateurs d'art, la couverture est une reproduction d'un tableau du peintre Giuseppe Pellizza da Volpedo, intitulé Il quarto stato, une huile sur toile que vous pouvez contempler au Musée d'Art Moderne de Milan.

Le groupe : Vittorio Ballerio (chant), Fabio Troiani (guitares, programmation), Serhan Kazaz (guitares, bouzouki, chant sur 6), Stefano Spitale (accordéon), Piero Chiefa (basse, glockenspiel), Alessio Del Ben (batterie).
Avec :  Guido Block (chœurs), Tiziano Chiapelli (accordéon sur 3), Margherita Fossati (choeurs sur 3), Giulia Bertassi (accordéon sur 8), Lorenzo D'Erasmo (percussions et flûtes sur 9).

La tracklist :

1. Isolation
2. Rejoice
3. In the place where I was born
4. We all we are
5. Controversial
6. White lies on our black tongues
7. Behind the mask, Part 1
8. Behind the mask, Part 2
9. Divine comedy Tarantella




Releases information

Cover: Guiseppe Pellizza da Volpedo
Label: Ma.Ra.Cash Records
Format: CD, Digital
September 5, 2025

mardi 23 septembre 2025

Elisa Montaldo : Il fascino dell'Insolito (chronique)


Voilà un nouveau projet parallèle d'Elisa Montaldo qui m'a fasciné dès sa mise en chantier. Pour qu'il n'y ait pas de quiproquo, je précise tout de suite qu'il s'agit d'un projet insolite en marge du prog (vous noterez au passage les deux allusions discrètes au titre de l'album) .
Ce disque, un peu particulier, présente neuf thèmes musicaux qui illustraient des séries télé des années 70 en Italie, le plus souvent diffusées sur des chaînes de la RAI. Tous ces téléfilms avaient la particularité de baigner dans le mystère ésotérique et de mélanger le fantastique avec la science-fiction. Tous les génériques ont été composés par des compositeurs italiens réputés : Bruno Nicolai, Romolo Grano, Mario Migliardi, Stelvio Cipriani, Egisto Macchi, Riz Ortolani, Berto Pisani. De manière assez étonnante, nous avons une nouvelle fois travaillez en même temps sur des sujets proches avec Elisa puisque mon dernier livre Le cinéma de genre italien comme vous ne l'avez jamais entendu, évoque nommément tous ces compositeurs ainsi que les téléfilms en question.
Je garderais longtemps en mémoire la première audition de ce CD en conditions Hifi chez Black Widows avec Elisa Montaldo et Massimo Gasperini, un moment réellement émouvant et prenant, tout particulièrement à l'écoute de la dernière piste "Ho incontrato un'ombra".
De manière assez inattendue, mais finalement pas si étonnante que cela, ces morceaux collent parfaitement au style musical d'Elisa Montaldo. Elle y apporte en plus une profondeur qui fait la différence. De fait, le rendu musical obtenu par Elisa est absolument remarquable tant par le soin qu'elle a mis à reproduire l'atmosphère de ces thèmes que par la sensibilité toute personnelle qu'elle y apporte. Le sentiment d'effectuer un voyage en arrière dans le temps est absolument troublant. L'illusion est parfaite. Pour ceux, rares en France je le concède, qui ont regardé ces téléfilms, il y a évidemment une forme de nostalgie qui s'installe à l'écoute de ces vieux génériques. 
Elisa Montaldo réussit parfaitement son entreprise de régénération de ces thèmes aux atmosphères mystérieuses, témoins d'une époque où l'euphonie musicale était encore la norme. Il est en tout cas bien difficile de résister à ce petit plaisir, certes un peu suranné, mais tellement doux et gracieux.

Ce CD a été pressé à 100 exemplaires. Voici le lien bandcamp d'Elisa Montaldo pour le commander.
Bandcamp Elisa Montaldo
Quelques copies sont également en vente chez Black Widow Records. 

La tracklist : 

  1. Voci notturne 
  2. La dama dei veleni
  3. Il segno del comando
  4. A come Andromeda (écoute possible en cliquant sur le titre)
  5. Il fauno di marmo
  6. L'amaro caso della baronessa di Carini
  7. ESP
  8. Rittrato di donna velata
  9. Ho incontrato un'ombra

Crédits : 

Elisa Montaldo : piano, claviers, synthétiseurs, theremin, lyre, sons et effets, voix.  

Mastering au studio Neraluce de Barbara Rubin  

L'artwork, à la fois approprié et original, est signé Maira Pedroni (cf. aussi son travail pour Albus Diabolus).

 


 

dimanche 21 septembre 2025

Il Segno del Comando : Sublimazione (chronique)


Il y a quelques semaines le groupe Il Segno del Comando annonçait la sortie d'un album live pour juillet 2025. Un petit évènement en soi puisque que jusque là, en fait de live, nous avions seulement un enregistrement, datant de 2017, certes réalisé en conditions live mais en studio, nommé Il Segno del Comando : ... Al passato, al presente, al futuro...Live, un album présenté sur ce blog à l'occasion de sa réédition 2024, chronique ici.
Mais cette fois, c'est du sérieux puisque nous avons l'essentiel du concert assuré par les génois le 31 janvier 2025 à Pesaro, soit sept morceaux auxquels ont été ajoutés trois titres bonus provenant d'un concert un peu plus ancien (30 octobre 2022) en Hollande, pour une durée totale d'écoute de 78 minutes. Pour ses trente années d'existence, le groupe s'offre donc enfin un vrai album live et quel album!
Car au-delà du fait que la set-list jouée constitue une sorte de best of des meilleurs titres d'Il Segno del Comando, nous avons enfin l'opportunité de pouvoir entendre le vrai son du groupe en conditions live. Et je peux vous affirmer que cela fait toute la différence notamment au niveau des parties de guitares qui sont une des vraies forces des génois en concert avec les deux guitaristes, Davide et Roberto, qui ont la bonne habitude d'aligner des soli de folie à tomber par terre. C'est aussi l'occasion de savourer le chant de Riccardo Morello dont la voix s'épanouit dans sa nudité la plus naturelle, sans filet, confirmant l'excellence de ce chanteur, évidemment irrésistible sur "Sulla via della veglia". Et puis, il y a bien sûr l'inamovible Diego Banchero, véritable pilier du groupe, impérial au passage sur l'instrumental sur "Aseità", dont les lignes de basse soutiennent solidement l'ensemble de l'édifice. Il est épaulé dans sa mission rythmique par Paolo Serboli, le dernier arrivé (avec au passage un petit salut amical à Fernando Cherchi). Enfin, il est plaisant d'entendre parfaitement les accompagnements de Beppi Menozzi aux synthés et ainsi se rendre compte que le claviériste génois connaît sur le bout des doigts les codes du rock progressif symphonique italien, comme il le démontre sur "La taverna dell'angelo" ou encore sur "Il mio nome è menzogna" par exemple. 
Tout est exceptionnel dans ce live, mais si vous voulez appréhendez au mieux l'essence même de ce groupe, alors écoutez en priorité l'emblématique "Il segno del comando" qui tient autant de l'orgie sonore gothique que du festival pyrotechnique en mode dark prog (en même temps, je m'en veux déjà de ne pas citer les autres morceaux, tiens "Il mio nome è menzogna" ou "Missa nigra" au hasard !).
Ne soyez pas surpris : la prise de son est à la fois brute et généreuse, sans aucun fard. C'est ce qui fait tout l'intérêt de ces captations car c'est réellement comme cela que sonne cette formation capable de délivrer un flot musical à la fois puissant, efficace et roboratif. 
Cet enregistrement rend donc vraiment justice au groupe génois qui après trois décennies sur le pont, sans jamais baisser la garde, peut aujourd'hui légitimement être considéré comme un des grands noms du prog italien contemporain. Quod erat demonstrandum !
Sublimazione n'est pas un album juste "essentiel" mais un live absolument "indispensable" à posséder.
 
Le groupe : Diego Banchero (basse), Davide Bruzzi (guitare et claviers), Roberto Lucanato (guitare), Riccardo Morello (chant), Beppi Menozzi (claviers, 1 à 7), Paolo Serboli (batterie, 1 à 7), Fernando Cherchi (batterie, 8 à 10).
 

La tracklist:

  1. Il domenicano bianco
  2. Sulla via della veglia
  3. Nel labirinto spirituale
  4. La bianca strada
  5. La taverna dell’angelo
  6. Il segno del comando
  7. Aseità
  8. Il mio nome è menzogna (bonus track)
  9. Missa nigra (bonus track)
  10. Il calice dell’oblio (bonus track)
Petite précision très utile : cet album est réalisé en auto-production. Je vous mets donc ici l'adresse du site du groupe Il Segno del Comando pour vous permettre de faire vos petits achats directement !

vendredi 19 septembre 2025

G.O.L.E.M. : Still Life (EP)

 

Le groupe G.O.L.E.M. a profité de son passage en opener au Festival 2 Days + 1 de Veruno, le 5 septembre 2025, pour présenter un EP, Still life,  faisant suite aux deux albums Gravitational Objects of Light, Energy and Mysticism de 2022 et Gathering Of the Legendary Elephant Monsters de 2024.
Nous avions eu un avant goût de ce nouveau travail avec la sortie en mai 2025 d'un 45 tours vinyle comprenant uniquement le morceau "Born erased". Cette fois l'EP propose la suite intégrale Still life en trois parties pour une durée totale de 14 mn 40.
Alors, vous allez me dire que le titre Still life vous rappelle quelque chose. Et pour cause, Van der Graaf Generator est bien une des sources d'inspirations du groupe à défaut d'être une influence musicale directe, quoique ! Nous allons en reparler justement.
Car cet EP marque une forme de rupture avec le passé musical du groupe. Si "Born erased" porte encore les stigmates d'un bon gros hard prog, avec "Sons of death" et "Still dreaming", les musiciens de G.O.L.E.M. semblent vouloir évoluer vers un son plus fluide, s'éloignant du heavy prog pour flirter avec un rock sombre et quasi atmosphérique, mâtiné de quelques parties abstraites, à la limite de l'expérimental, placées en arrière-plan. Bien que l'ambiance générale reste gothique, on décèle une volonté d'ouvrir l'horizon musical vers quelque chose de plus expressif, nettement proche d'un format chanson exaltant une poésie noire (tiens tiens !) dans la deuxième et surtout dans la troisième partie de la suite. 
Voilà une mutation stylistique plutôt inattendue mais toutefois bienvenue. Le groupe semble à l'aise dans ce registre différent qui, accessoirement, convient très bien au timbre vocal de Marco Vincini. 
Cette nouvelle voie explorée par G.O.L.E.M. demande maintenant une concrétisation sur un format album, mais en tout cas cet EP en forme de teaser ne peut que donner confiance pour la suite. 
L'EP a été pressé à 100 exemplaires, je ne saurais trop vous conseiller de vous précipiter sur l'objet car pas mal de copies sont déjà parties.

Le groupe : Paolo Apollo Negri (orgue et synthétiseurs), Marco Vincini (chant), Emil Quattrini (pianos électriques, mellotron), Marco Zammati (bassse), Francesco Lupi (batterie). 

La tracklist : 

1. Still life (Part 1) : Born erased

2. Still life (Part 2) : Sons of death

3. Still life (Part 3) : Still dreaming

Label : Black Widow Records

 

jeudi 28 août 2025

Break, Veruno and other stories

 

Étant en Italie pour plusieurs semaines sans toujours pouvoir bénéficier de conditions d'accès faciles à Internet, je dois maintenant mettre mon blog en stand-by. Rassurez-vous, je serai de retour courant septembre avec beaucoup de belles et bonnes nouvelles  (sorties d'albums, concerts ...). Parmi les moments musicaux forts des jours à venir, il y a bien sûr ce festival 2 Days + 1 Prog à Gattico - Veruno. Un rassemblement pour les progueux purs et durs qui n'a jamais été égalé à ce jour (je précise que les 3 jours sont gratuits) que ce soit en qualité de programmation mais aussi en terme d'ambiance. Pour cette édition 2025, vous pouvez encore rajouter aux douze formations à l'affiche, les noms des groupes de prog italiens suivants qui se produiront sur une scène annexe : Aliante, Melting Clock,  Le Vele di Oniride, Phil Selvini & The Mind Warp. Unique, je vous dis !

samedi 23 août 2025

Elisa Montaldo : Il fascino dell'Insolito (annonce)


Aujourd'hui je vous propose la couverture officielle et un titre à écouter du prochain album d'Elisa Montaldo, Il fascino dell'insolito

 "Tema di Andromeda"

Enfin je vous remets le lien Bandcamp pour réserver très vite ce CD qui ne sera pressé qu'à 100 exemplaires !

Bandcamp Elisa Montaldo 

lundi 4 août 2025

Elisa Montaldo (coming soon)

Elisa Montaldo sortira au mois de septembre un album contenant neuf thèmes tirés des B.O. des téléfilms cultes italiens des années 70, des séries télé parfois très courtes qui mélangeaient le mystérieux, le fantastique et l'occulte avec une bonne dose d'atmosphères sombres et inquiétantes.
Réalisé intégralement par Elisa, cet enregistrement a été mastérisé par Barbara Rubin. L'artwork est signé Maira Pedroni. 

Si vous êtes intéressés, soyez prêts car le nombre d'exemplaires CD sera extrêmement limité (probablement 50).


Voici le teaser visible sur YT : "Il Fascino dell'insolito"

dimanche 3 août 2025

L'Ombra della Sera

 

Le deuxième album de l'Ombra della Sera (Fabio Zuffanti, Agostino Macor, Andrea Orlando et Alessandro Corvaglia) est en cours de finalisation. Il comportera dix thèmes tirés des bandes son des téléfilms italiens fantastiques des années 70, traités dans un mode symphonique.
En version vinyle, il s'agira d'un double album.

lundi 28 juillet 2025

Le cinéma de genre italien comme vous ne l'avez jamais entendu !


Je suis vraiment heureux de vous annoncer la sortie de ce nouveau livre, le sixième en français pour ce qui concerne mon activité de musicographe ; avec cette fois, un sujet 100%  cinéma ou pour être plus exact, 100% musiques de film. Mais, je reste fidèle à tout ce qui émane culturellement et artistiquement de la péninsule italienne puisqu'il s'agit avec cet ouvrage d'évoquer les compositeurs italiens et leurs B.O. sur une période qui va de 1964 à 1984, vingt années qui ont été d'une étonnante richesse pour le cinéma de genre italien, autrement appelé cinéma bis ou encore cinéma d'exploitation dans sa forme la moins glorieuse, mais aussi et peut-être surtout pour les musiques de film qui l'ont illustré. Pour la première fois, un livre écrit en français recense de manière ordonnée les compositeurs italiens qui ont créé ces bandes originales, devenues pour certaines cultes. À côté des signatures incontournables que sont Ennio Morricone, Riz Ortolani, ou Armando Trovajoli, de nombreux noms apparaissent, moins connus du grand public. Certains ont apporté des contributions anecdotiques, mais d'autres ont réellement fait jeu égal avec les maîtres du genre. Pour chacun d'entre eux, le lecteur pourra consulter une biographie synthétique suivie d'une proposition de leurs bandes-son les plus intéressantes et les plus significatives. Il s'agit donc bien et avant tout d'un guide de la musique de film de genre italien avec deux cent cinquante compositeurs présentés, mille cinq cents films évoqués, mille bandes originales sélectionnées, commentées et évaluées par une cote d'intérêt.
J'espère qu'il répondra aux attentes des curieux et des passionnés des B.O. du cinéma de genre italien et de leurs compositeurs. 
Voici les liens principaux pour acquérir ce livre :

dimanche 20 juillet 2025

Doracor : Unexpected Intersections

 

Après pile trente années d'existence et neuf albums publiés, Doracor aka Corrado Sardella reste toujours aussi discret et finalement très peu connu à part pour quelques initiés du rock progressif italien dont vous faites sûrement partie chers lecteurs (-trices ?) sinon vous ne seriez pas sur cette page en train de lire cette chronique.
Pourtant Corrado Sardella pourrait facilement la ramener car il a régulièrement accompagné, comme claviériste, des musiciens plutôt bien établis comme Bruno "Red" Canzian (Capsicum Red, I Pooh), Stefano Marazzi (Pino Daniele), Roberto Tiranti (Mangalla Vallis, Labyrinth, Wonderworld), Titta Tani (Goblin, Astra) et même Ian Mosley (Marillion).
Son activité de session-man reconnu, et donc très demandé, l'a pas mal occupé ces dernières années, ce qui explique les dix ans qui séparent ce nouvel album du dernier, le double CD Passioni postmoderne di un musicista errante, qui était au passage une belle réussite.
Il semble que la rencontre en 2024 avec la musicienne Lorena Cossu ait accéléré le processus de mise en chantier de Unexpected Intersections, un album ambitieux de 75 minutes comprenant 14 morceaux dont une suite de 15 mn 33, elle-même découpée en 11 sous-parties. Tout cela pour évoquer de manière sublimée l'enfant qui est (reste) en nous. 
A l'écoute, la présence de Lorena Cossu se fait largement sentir autant du côté composition que du côté chant bien sûr pour un résultat qui oscille entre pop et prog. Le penchant pop, que l'on entend plutôt sur les titres courts, est en fait plus proche d'une pop symphonique empreinte d'un grand romantisme.  Le prog peut lui être apparenté à du néo prog tour à tour rutilant et chatoyant. Il concerne principalement les morceaux plus longs, "Remnants of memories" et surtout "Unexpected Intersections", la suite de 15 minutes qui se termine par la reprise réellement magnifique du thème de "Our better world", joué cette fois à la cornemuse. Complètement à part, l'étonnant funky-soul "Distant lights" fait un peu figure d'OVNI dans le décors, mais se savoure avec plaisir.
Au final cet album de Doracor se révèle facile d'accès et ouvert à des oreilles étrangères au prog, ce qui n'exclut pas, loin de là, une exigence dans l'écriture pour un rendu qui ne manque pas de grandeur.

Les musiciens : 

Corrado Sardella : claviers, guitares, basse
Lorena Cossu : chant, choeurs
Kostas Milonas : batterie

+ John Jowitt (basse), Mirko De Maio (batterie), Simona Malandrino (guitare), Elisa Montaldo (chant, claviers).

La Tracklist :
1. Journey
2. Remnants of memories
3. After waking
4. Il coraggio di essere
5. Distant lights (You can't forget)
6. Quel folle volo
7. That silent tear - Intro
8. That silent tear
9. And I miss you…
10. Simply you
11. Stella d'agosto
12. Laurie
13. Esegesi di una fiaba inenarrata
14. Unexpected intersections
a. Playing with fears (choir intro)
b. The forest of fear (01:04)
c. Can you listen to my voice?
d. Ethereal waves
e. Laurie Caurie (choirs)
f. Our better world
g. Voices
h. The purple nose
i. Us again
j. Our better world (bagpipes theme)
15. Di quei giorni infiniti

Sortie le 18 juillet 2025

Label : AMS Records

Distribution : www.btf.it

mardi 15 juillet 2025

Il Segno del Comando : Sublimazione (annonce)

Il Segno del Comando annonce la sortie d'un album live pour juillet 2025 C'est un petit évènement en soi puisque que le seul témoignage in vivo du groupe consistait jusque là en un enregistrement en conditions live mais en studio en ... 2017. Il s'agit d'Il Segno del Comando : ... Al passato, al presente, al futuro...Live que je vous avais présenté il y a déjà quelque temps à l'occasion de sa réédition 2024, chronique ici.

En attendant de vous en dire plus, je vous laisse méditer ces quelques mots de présentation du leader du groupe, Diego Banchero : "La SUBLIMATION, pris dans son sens ésotérique, concerne les étapes de la croissance spirituelle, mais le terme est utilisé dans de nombreux domaines scientifiques pour désigner des processus de purification et de développement. Un live est aussi une évolution de morceaux écrits au fil des ans sous une nouvelle forme".


vendredi 11 juillet 2025

Hora Prima : Hora Prima (2)

En 2020 L'uomo delle genti avait permis de faire connaissance avec Hora Prima, un jeune groupe en provenance de Bari, œuvrant jusque là dans la grande lignée du rock progressif italien le plus traditionnel qui soit.
Depuis le groupe a effectué quelques remaniements internes et non des moindres avec les départ du guitariste Gianluca De Bene et de la bassiste Valeria Tritto, cette dernière étant remplacée par Roberto Di Lernia, et enfin l'arrivée d'un "vrai" chanteur en la personne d'Andrea Catalano que l'on avait déjà croisé avec la formation de prog metal Mujen. C'est avec cette composition de groupe récente que Hora Prima s'est d'ailleurs présenté au Forum 19 du festival Veruno en 2024.
Bien que la pochette de ce nouvel album éponyme fasse plutôt penser à un énième brûlot de pagan metal, je vous rassure Hora Prima n'a pas viré sa cuti. Il s'agit bien d'un disque de rock progressif. Tout au plus s'étonnera-t-on de sa durée relativement courte, 32 minutes sans la bonus track.
Pour le reste, c'est à dire les six morceaux de l'album, le groupe navigue avec aisance dans un RPI qui évoque assez facilement des groupes relativement récents comme La Coscienza di Zeno, Not a Good Sign ou encore FeM (flagrant sur "Intelligenza Artificiale"). Mais les musiciens se plaisent aussi à brouiller les pistes, que ce soit pour le très 'expérimental "Deus ex Machina" dont la deuxième partie permet de respirer agréablement avec une séquence jazz fusion très réussie, ou encore pour le funky jazzy "Al Khwarizmi". Quant à "Diari dalla IV Dimensione", on ne peut qu'apprécier son côté prog enlevé et exigeant, quelque part entre Il bacio della Medusa et Ingranaggi della Valle. Enfin, on prendra plaisir à écouter "Delirium omnibus", une chanson survitaminée et accrocheuse, sans prétention, mais dont le long pont central instrumental est vraiment très jouissif. La reprise des New Trolls, placée en piste bonus, n'apporte rien à l'original mais reste une belle performance au niveau vocal, l'exécution du morceau demandant un réel savoir-faire en matière de polyphonie et de chant en canon.
Incontestablement plus éclectique mais aussi plus audacieux, ce second album n'en reste pas moins un travail de transition qui appelle un troisième album qui devra démontrer une ligne directrice plus claire ou tout au moins un style musical plus affirmé. Dans cette optique, les morceaux "Intelligenza Artificiale" et surtout "Diari dalla IV Dimensione" me semblent de solides bases à exploiter.

Le groupe : Andrea Catalano (chant), Domenico De Zio (guitares), Roberto Di Lernia (basse, chœurs), Francesco Bux (batterie, synthés, chœurs), Roberto Gomes (claviers, chœurs).

La tracklist :

1. Uomo Ancestrale (Primordio)
2. Intelligenza Artificiale
3. Deus Ex Machina
4. Delirium Omnibus
5. Diari dalla IV Dimensione
6. Al Khwarizmi
7. Le Roi Soleil (bonus track)

Sortie : le 4 juillet 2025


jeudi 3 juillet 2025

I Giullari di Corte : Via Fulton 4

En 2020, vous pouviez déjà lire sur ce blog la chronique du premier enregistrement du groupe I Giullari di Corte, Presa di Coscienza, un album qui était d'ailleurs mis au tableau d'honneur des meilleures sorties RPI de l'année de ce même blog. Depuis, cinq années ont passé et, après pas mal de péripéties, le groupe revient avec un deuxième disque, Via Fulton 4, publié cette fois par un label (Areasonica Records). Il ne reste plus maintenant qu'à l'écouter !
Les trois premières pistes de l'album sont assez disparates et évoquent plusieurs mouvances prog. Si "Genesi" est à l'évidence une réminiscence d'un RPI à l'ancienne, l'instrumental qui suit, "Fatto, sfatto e soddisfatto", doté d'une très belle fin épique, lorgne plus vers le IQ des années 80 (cf. les multiples changements de rythmes et les sonorités de synthés) alors que "Shine on your crazy divac." est, comme son nom l'indique, un clin d’œil au Floyd, au moins pour ce qui est de l'intro du morceau car après la 3ème minute, le groupe bascule dans un univers plus proche de celui du vénérable Greenslade . Mais ne vous laissez surtout pas abuser par cette entrée en matière tout azimut, car les Bolognais haussent ensuite franchement le ton et se lancent sans retenue dans un hard prog vintage. Ils alignent ainsi quatre titres de belle tenue ("La corsa sul tempo" "Giullare", "Venerdi", "Il cappellalaio matto") avant de terminer sans forcer avec le bluesy rock "Che fine ha fatto la signora Colombo ?", pas très éloigné de Wishbone Ash. Je note au passage que les musiciens savent appuyer sur la pédale d’accélération quand il le faut. Le final de "Giullare" en est, à cet égard, un bon exemple.
Autre point intéressant à souligner : le groupe a un son bien à lui que j'aime beaucoup. Il est très souvent fait de timbres clairs avec une utilisation d'effets de base (disto, wah wah) sur la guitare électrique, une basse lourde, une batterie qui va à l'essentiel sans fioriture inutile et enfin ces sons d'orgues vintage inimitables avec des machines modernes. 
En jouant habilement sur les deux tableaux, prog rock et heavy prog, I Giullari di Corte réussit à offrir un résultat global qui tient la route même si, à mon avis, c'est bien dans ses performances hard rock, et accessoirement hard blues ("Il cappellaio matto"), que le trio de Bologne est le plus convaincant. Mais, j'insiste, la cohabitation avec les séquences plus prog se fait de toute façon très bien. 
Même si I Giullari di Corte ne va rien révolutionner avec Via Fulton 4, vous pouvez être sûr que vous trouverez du plaisir à écouter les huit pistes de cet album, chacune d'entre elles recelant des idées intéressantes développées en toute simplicité sans jamais donner l'impression de vouloir en rajouter mais avec gardant en permanence un grand sens de l'efficacité. 
En tout cas, contrairement à ce que le nom du groupe pourrait laisser croire, les bouffons du rock progressif ne sont pas à chercher du côté d'I Giullari di Corte ! (just a joke bien sûr !). 
 
Le groupe : Alessio De Angelis (batterie, chant sur 3), Matteo Balestrazzi (basse, chant sur 5), Paolo Zacchi (guitares, claviers, chant sur 1).
 
La  tracklist : (écoute possible en cliquant sur chaque titre)

dimanche 22 juin 2025

Diego Petrini : La materia del suono


Il fallait bien que ça arrive ! Très impliqué dans le processus de composition de son groupe, Il Bacio della Medusa, le batteur (et claviériste) Diego Petrini a franchi le pas de l’œuvre en solitaire et nous propose son premier album solo. Certes, les équipiers du radeau de la méduse ne sont pas bien loin puisqu'ils sont presque tous présents pour épauler Diego. Il manque juste le bassiste Federico Caprai et le chanteur Simone Cecchini, l'autre tête pensante du groupe. 
La Materia del Suono est le résultat de plusieurs années d'un processus d'élaboration de compositions personnelles regroupées sur un album qui se présente en deux parties comprenant chacune six titres. Le tout est instrumental à une exception près dont on va reparler. La musique est dans l'ensemble très fluide. L'omniprésence du piano y étant sans doute pour beaucoup. Ce pianoforte est de fait le fil conducteur de chaque composition, souvent appuyé par les instruments à vent d'Eva Morelli.
La première partie, "L'armonia della natura", parfois proche du smooth jazz, est surtout marquée par le lumineux et épique "Macchia verde". Les morceaux se suivent, sans jamais se ressembler, et font penser à autant d'illustrations musicales pour un documentaire visuel imaginaire. 
Mais ma préférence va très nettement à la deuxième partie de l'album, "Sull'artificio dell'uomo". Cette succession de six titres est réellement magique. Ce n'est sans doute pas un hasard si elle évoque à plusieurs reprises les intonations d'Il Bacio della Medusa. Beaucoup plus prog, elle présente de nombreuses variations intéressantes avec en prime quelques traits mélodiques très réussis ("Fragole di Cinabro" et "Mimesi"). Quelques touches de musique ethnique ("Antropomorfa") et de musique folklorique ("Sublimazione") viennent judicieusement donner de belles couleurs à cette deuxième partie de l'album. Les deux derniers morceaux sont eux  particulièrement remarquables. "La plastica" tout d'abord, est une composition nettement plus mouvementée que le reste de l'album. Elle évolue sur une suite de rythmiques impaires. Sage jusque là, le piano y est ici complètement endiablé. Passionnant pendant ses presque huit minutes, le morceau semble être un condensé d'énergies puissantes habilement domptées par Diego Petrini. "Ciò che trascende" ensuite est donc le seul titre chanté. Alvaro Fella (Jumbo) y apparaît à son avantage et est bien plus à sa place en invité dans le contexte de cette forte chanson que dans celui d'un pseudo prog italien fabriqué au jus d'IA (suivez mon regard).  
Avec La Materia del suono, Diego Petrini démontre qu'il n'est pas que le batteur et claviériste d'Il Bacio della Medusa mais également un excellent compositeur. Il dévoile aussi beaucoup de sa personnalité et de sa sensibilité qui étaient jusque-là masquées par l'identification à un groupe qui possède, il est vrai, une forte identité musicale. Ce premier album solo de Diego Petrini, longuement mitonné, méritait vraiment de voir le jour.  

La tracklist

"L’Armonia della Natura"
1. Come in mare le onde 8:23
2. Alla Deriva 6:51
3. Macchia Verde 2:36
4. Immagini al Tramonto 5:55
5. Etere 7:38
6. Sangue Freddo 4:17

"Sull'artificio dell'uomo"
7. Fragole di Cinabro 4:01
8. Antropomorfa 3:37
9. Sublimazione 3:23
10. Mimesi 5:00
11. La Plastica 7:52
12. Ciò che Trascende 5:44
 
Sortie : le 20 jui 2025
 

Liens écoute :  

mercredi 11 juin 2025

Celeste : Anima Animus

Depuis le réveil de Celeste en 2016, Ciro Perrino enchaîne les sorties d'albums à un rythme soutenu, qu'on en juge : Il risveglio del principe en 2019, Il principe del regno perduto en 2020, Celeste with Celestial Symphony Orchestra en 2022 et à peine un an après, Echi di un futuro passato en 2024, cet Anima Animus. Il est vrai que Ciro est entouré d'une équipe solide de musiciens tous fidèles à leur poste depuis la renaissance du groupe, sur lesquels il peut compter. Il est également avéré que l'ami Ciro fait preuve d'une créativité prolifique. Pour preuve ce nouvel opus intitulé Anima Animus. Un titre qui fait évidemment référence à la théorie développée par Carl Gustav Jung notamment dans Types psychologiques. Il tente, dans ce livre, d'étudier la personnalité humaine (définitions et interactions) en se basant sur des identifications de fonctions psychiques, d'attitudes et de concepts sexués (anima et animus donc), la transposition la plus pertinente restant sûrement celle qui est relative à la Persona. Tout cela non pas pour étaler ma science mais bien pour éclairer le propos musical de Ciro Perrino qui, à l'évidence, a voulu exposer en un peu plus de 60 minutes de belle musique sa vision de la pensée jungienne. Comme l'affirmait justement Jung : "Il n’y a pas de création sans ombre et sans le côté obscur des choses".
Normalement à ce point de ma chronique, j'ai sûrement perdu quelques lecteurs. Alors, pour que tout le monde recolle au peloton, on va parler musique et uniquement musique ! Et croyez-moi, cet album le mérite. Le titre d'ouverture, "Anima animus", s'impose d'emblée comme une très belle composition progressive assimilable à un prélude relativement libre dans sa forme tout en étant rigoureux dans son contenu. Après ce premier morceau épatant, l'album prend une tournure un peu différente avec le très jazzy "Roots and leaves" propulsé par un irrésistible groove, hanté par un Mellotron et illuminé de longs chorus funky de flûte et de saxo. Cet incroyable titre semble tout naturellement ouvrir pour "Cosmic Carnival" qui, tout en gardant une forte tonalité jazzy, a été pensé sur une trame rythmique relativement complexe nécessitant l'intervention de nombreuses percussions. Il y a d'ailleurs bien un air de carnaval qui émane de ce morceau ou plus exactement une réminiscence de déambulation d'un orchestre de rue comme on en entend si souvent à la Nouvelle Orléans, impression encore renforcée par les ponctuations régulières de saxophones. A côté, "De Rerum Natura" se révèle beaucoup plus calme, à la frontière d'un romantisme naturaliste. Plusieurs instruments à vent personnifiant à tour de rôle des êtres vivants de la faune et de la flore. Ainsi va la nature des choses tentait d'expliquer Lucrèce en son temps. Le décors est ainsi prêt pour accueillir Ines Aliprandi dont les vocalises vont enchanter tour à tour "Lilith" puis "El Mundo Perdido", ce dernier morceau oscillant entre New Age, World music et résonances ethniques. Tout le monde se détend le temps du jazzy cool "Secret Crime" émaillé du malicieux chant en doo-wop d'Ines. Difficile de résister à l'envie de bouger en rythme sur cette très longue parenthèse décalée mais à la vibration régénérante.
On comprend facilement que Ciro ait gardé le morceau le plus symphonique et le plus majestueux pour la fin. "Moon and Cloud Dancing" est une très belle suite assimilable à de la prog pastorale gorgée de nombreux instruments à vent (bois et cuivre) mais aussi de piano et de guitare classique, remarquablement orchestrés. Il est bon de noter la très grande habileté de Ciro qui réussit à tenir l'intérêt pendant 12 minutes grâce à des enchaînements parfaitement naturels de performances instrumentales et vocales avec un prime un joli petit final d'accord de piano plaqué en sustain.

Pour ce cinquième épisode du Celeste du XXIème siècle, son démiurge, Ciro Perrino, démontre qu'il reste sur une trajectoire gagnante que l'on pourrait très simplement justifiée par l'inspiration, ce qui serait déjà bien et qui est d' ailleurs le cas. Mais je vois trois autres raisons qui font la différence :
- d'abord, une évidente qualité dans l'écriture musicale, autrement dit un vrai travail de compositeur.
- ensuite, une couleur différente d'un album à l'autre avec une volonté de ne pas reproduire les mêmes schémas et le même type de musique à chaque fois (vous pouvez me faire confiance, je viens de réécouter tous les CD à la chaîne).
- enfin, Ciro a été batteur avant d'élargir son spectre de musicien instrumentiste, notamment aux claviers, et cela se ressent. Le travail sur les percussions et plus généralement sur les parties rythmiques fait souvent la différence sans que l'auditeur s'en rende forcément compte.

Et ce n'est pas fini ! Car loin d'être à court de projets, Ciro Perrino prévoit déjà une performance pour la fin de l'année, "Celeste meets Celtic Harp", qui sera l'occasion de proposer une musique acoustique basée sur la harpe celtique de Claudia Murachelli accompagnée d'instruments divers comme des flûtes baroques, du luth de la Renaissance ou encore du oud. Puis en 2026, pour les 50 ans de la sortie de Principe di un giorno, le groupe actuel en fera une nouvelle interprétation avec cette fois les paroles en anglais comme cela était prévu à l'origine en 1976. Voilà qui augure encore de très beaux moments musicaux.

Le groupe : Ciro Perrino (Mellotron, Eminent, Solina, Oberheim, Minimoog, ARP 2600, EMS AKS, percussions), Enzo Cioffi (batterie), Francesco Bertone (basse), Marco Moro (flûtes), Mauro Vero (guitares).
Autres intervenants : Ines Aliprandi (chant), Marco Canepa (piano), Mirco Rebaudo (saxophones, clarinette), Paolo Maffi (saxophones), Enrico Allavena (trombone, tuba), Davide Mocini (guitare 12 cordes sur 3 et 6), Marco Fadda (percussions).

La tracklist :

1. Anima Animus
2. Roots and Leaves
3. Cosmic Carnival
4. De Rerum Natura
5. Lilith
6. El Mundo Perdido
7. Secret Crime
8. Moon and Cloud Dancing

Sortie : 30 avril 2025 (digital), 15 mai 2025 (CD, vinyle)
Label: Inner Garden Records 

samedi 7 juin 2025

Cafuné : Tra le corde dei racconti

Avec la sortie de ce premier album du groupe Cafuné, nous sommes clairement plus dans l'univers musical de la folk anglaise des années 60 et 70 que dans celui du rock progressif italien voir même du prog tout court. Mais je me dois de vous en parler car le line-up du groupe comprend Antonio Pincione, ancien membre des groupes Lethean et surtout Bededeum dont vous aviez pu lire sur ce blog, une chronique de l'album Oltre il sipario qui reste pour moi un modèle du genre. La présence d'Antonio Pincione est à elle seule un gage de qualité et de délicatesse.
Le mot "Cafuné" est un terme portugais intraduisible qui exprime la manière tendre de passer ses mains dans les cheveux de l'être aimé, de son conjoint, mais aussi d'un enfant, d'un bébé.
C'est bien cette douceur humaine que Cafuné veut faire passer dans son album qui est constitué de 9 chansons pour autant d'histoires musicales qui sonnent comme des contes ancestraux.
Car comme je l'évoquais en introduction, difficile de ne pas penser aux grandes références britanniques du genre à commencer par Pentangle, Fairport Convention, Fotheringay, Amazing Blondel mais aussi le vieux Jethro Tull grâce aux parties de flûtes jouées par Floriana Benedetti.
Si vous êtes preneurs de magnifiques ballades raffinées et de mélodies splendides évocatrices du temps passé et des terres lointaines du Mordor, et plus récemment si vous avez aimé Anandammide, alors cet album est fait pour vous. Il est toujours agréable de retrouver le charme d'un folk british à l'ancienne.

Le groupe : Antonio Pincione (guitares acoustiques, bouzouki), Irene Lippolis (chant), Chiara Vatteroni (harpe celtique), Emanuele Casu (basse), Floriana Benedetti (flûte, synthétiseur), Michele Vannucci (batterie, percussions). 

La tracklist :
1 - Cafuné
2 - Fata del Jazz
3 – La Huesera
4 – Aronte e la Sirena
5 - Follia
6 - Giordano
7 – Caligo
8 – Alhambra 1492
9 – Ninna Nanna

Sortie : 21 juin 2025

Label : M.P. & Records
Distribué par G.T. Music Distribution

jeudi 5 juin 2025

Phil Selvini & The Mind Warp : T.E.T.R.U.S.


Nouveau venu sur la scène prog italienne, Phil Selvini est un musicien qui pratique habituellement la guitare et le chant. Egalement compositeur, il publie aujourd'hui son premier album solo accompagné de son groupe : The Mind Warp.
Vous remarquerez une illustration de pochette qui représente un personnage qui semble être un improbable croisement entre un animal préhistorique et un monstre tout droit sorti d'un mauvais film de Sci-Fi. La petite bête répond au nom de T.E.T.R.U.S. qui est en fait un acronyme regroupant les mots suivants Time, Eternal, Try, Redemption, Unique, Shine. Même si la signification paraît un peu absconse, il semble qu'il s'agisse d'une sorte de message codé que doit délivrer le bestiau aux futurs civilisations qui peupleront la Terre. J'en profite pour préciser que cet artwork n'est pas une génération IA mais a bien un créateur humain, en l’occurrence l'artiste Francesco Mucciacito.
Avec T.E.T.R.U.S. Phil Selvini propose une musique qui rend hommage au rock progressif des années 70 (cf. notamment des allusions régulières à King Crimson) avec la volonté de créer des structures complexes et des chansons de longue durée pour ne pas dire étirées. Nous allons voir que c'est effectivement le cas avec, et c'est la bonne surprise (j'anticipe un peu), du très bon contenu musical. Pour beaucoup, les morceaux présentés ont déjà été préalablement joués par Phil Selvini avec d'autres groupes. C'est peut être ce qui donne cette maturité étonnante à l'ensemble de l'album duquel se dégage également une réelle profondeur.
"To Make Ends Meet" traite de l'aliénation et du contrôle des masses. Malgré des structures rythmiques nerveuses et heurtées, les ambiances développées gardent un côté lancinant à la fois attachant et déstabilisant. Dans la deuxième partie du morceau, plus onirique, le chant évoque Sigur Ros. Il y a dès ce premier titre quelques belles envolées qui augurent du meilleur pour la suite de l'album. Ce qui va être le cas ! "Reverie" est une composition instrumentale qui regorge de sonorités d'orgue vintage sans oublier une guitare électrique qui prend le lead mélodique. Le morceau est réellement passionnant et le rythme, ici très soutenu, ne fait qu'amplifier cette impression de cavalcade symphonique. Un vrai petit bonheur de 5 mn à lui tout seul. Le faussement calme "Riding In The Fog" se distingue par ses mélodies ascendantes et ses passages fantomatiques évoquant des délires nocturnes où les rêves se transforment en cauchemars. Il se dégage de ce morceau une force tranquille qui tient l'auditeur en haleine pendant plus de 8 mn quand même. La ligne de basse, lourde et omniprésente sans être envahissante, est particulièrement bien vue. Le  long chorus final de guitare électrique clôt en apothéose ce titre. Avec son piano mélancolique  et son chant introspectif, "The Last 48 Hours" fait penser à une élégie touchante et sincère de laquelle monte progressivement une sensation d'émotions difficilement contenues. L’enchainement avec la longue suite "The Mind Warp" se fait tout naturellement avec cette intro portée par ce piano toujours dépressif et ce chant plaintif régulièrement doublé. La suite du morceau se révèle heureusement plus vivante voire parfois même carrément très rock sur certaines séquences. Mais de manière plus générale, après ce que l'on pourrait appeler un faux départ de 3 mn 30, cette pièce baigne dans les sonorités vintage de guitares fuzz et surtout de claviers (piano, orgues, Mellotron, synthés) dont Selvini et Sebartoli font un usage intensif mais toujours parfaitement pertinent. Certains passages sont absolument sublimes et rappellent à nouveau Sigur Ros par leur pureté. S'il ne fallait retenir qu'un morceau de cet album, ce serait incontestablement cette suite à rebondissements remarquablement menée de bout en bout jusqu'à ce long final suffocant et pachydermique (oui il y a du doom là-dedans), dégageant une tension et un sentiment de puissance implacable comme je n'en avait pas ressentis depuis longtemps. Ce très long titre, proche de la demi-heure (26 mn 18), se révèle également beaucoup moins rétro-prog qu'on aurait pu l'imaginer. Je lui trouve même des accents de modernité parfaitement bienvenus. Je ne vous cache pas non plus qu'en écoutant ce morceau, j'ai pensé à Steven Wilson (il y a quelques rares moments qui s'approchent de ses travaux en solo notamment de The Raven that refuse dto sing) et je me suis fait la réflexion que les Italiens se hissaient largement à la hauteur de l'Anglais.
Enfin, une remarque concernant la voix de Phil Selvini qui s'avère être un réel plus à chaque fois qu'il intervient avec un chant en anglais qui prend ici tout son sens et se fond parfaitement dans le contexte de ces compositions.
Voilà qui fait de T.E.T.R.U.S. une belle découverte mais aussi un premier album très prometteur pour le devenir artistique de Phil Selvini & The Mind Warp. Je me dis qu'avec des musiciens de ce calibre, il y a encore de belles années à venir et de beaux moments à vivre pour le rock progressif.

The Mind Warp : Phil Selvini (guitares, chant, Mellotron, effets divers), Leonardo Spampinato (guitares), Davide Sebartoli (claviers), Francesco Scordo (basse), Leonardo Puglisi (batterie).

La tracklist

  1. To make ends meet
  2. Reverie
  3. Riding on the fog
  4. The last 48 hours
  5. The mind warp

Label : Luminol Records (http://www.luminolrecords.com


dimanche 1 juin 2025

Daal : Decoding the emptiness

Decoding the emptiness, le nouvel album studio de Daal sort exactement à la même date (14 mai 2025) que le live Waves from the underground. Voilà qui pose quand même largement la question, du coté du label du groupe, de la pertinence de ces deux mises sur le marché concomitantes. Mais après tout, Daal étant une groupe qui fait dans la qualité, on ne pourra que se réjouir de cette abondance soudaine d'offres musicales.
Car, une fois encore le travail réalisé par le duo Costa/Guidoni est de très belle facture. Tout au long de l'album et de ses huit pistes, on y trouvera ce qui fait la force de Daal : tout principalement des recherches d'atmosphères sonores inspirées par des états d'âme introspectifs mais aussi une manière très personnelle d'expérimenter dans la douceur, et enfin une volonté permanente de préserver une qualité mélodique qui de fait ne se dément jamais.
Au premier abord, l'univers musical de Daal pourra vous sembler un peu froid, en marge d'un prog nordique ("Mademoiselle X" évidemment !). De fait, la sensation est bien réelle même si une chanson comme "Twilight" vient tempérer cette impression.
Mais ce qui compte c'est le résultat et il se révèle vraiment à la hauteur. Il se pourrait même que Decoding the emptiness soit le meilleur album de Daal, en témoignent :
- la magnifique pièce " Horror vacui" aussi rugueuse dans ses moments tortueux qu'ensorceleuse dans ses phases plus calmes.
- l'imparable vortex sonore "Simulacea" qui semble vouloir vous engloutir avec ses contorsions reptiliennes.
- les 13 minutes d'émotions fortes délivrées par "D.O.O.M." qui n'est ni plus ni moins qu'un inexorable voyage sonore s'apparentant à des montagnes russes fait d'emballements soudains et de dépressions inattendues !
- l’énigmatique "Return from the spiral mind" qui recèle une multitude d'éclats moirés. Les amateurs du groupe relèveront d'ailleurs que ce titre est une relecture de la longue pièce de 22 minutes que l'on trouvait en 2 parties sur l'album précédent Daedalus.

Decoding the emptiness se savoure donc pour ce qu'il est, c'est à dire un album sans faille recelant moult moments de grande beauté, mais aussi comme une confirmation de l'excellence du savoir-faire du groupe Daal et plus particulièrement de ses deux maîtres à penser Alfio Costa et Davide Guidoni efficacement épaulés par Ettore Salati  et Bobo Aiolfi. Finalement l'évidence est là : Daal ne déçoit jamais !

Le groupe : Alfio Costa (piano, Fender Rhodes, orgue Hammond, Mellotron, Minimoog, Moog, synthés), Davide Guidoni (batterie, percussions, samplers), Ettore Salati (guitares), Bobo Aiolfi (basse).

Avec aussi : Joe Sal (chant sur 1) et Alphabeard (chant sur 3)

La tracklist

  1. Decoding the emptiness
  2. Attic clouds
  3. Twilight
  4. Horror vacui
  5. Simulacea
  6. Mademoiselle X
  7. D.O.O.M.
  8. Return form the spiral mind

jeudi 29 mai 2025

Albus Diabolus : Compendio Esoterico Elettronico

Normalement si vous suivez mon blog, vous connaissez maintenant bien Mater a Clivis Imperat, le groupe drivé par Samael von Martin. Si c'est le cas, il ne vous a pas échappé que la claviériste d'Il Tempio delle Clessidre, Elisa Montaldo, avait été associée à la réalisation des deux albums de cette formation assimilée au dark prog. Dans la continuité de cette collaboration, il était donc logique que les deux musiciens montent un projet commun. 
Voici donc Albus Diabolus !
Tremblez pauvres mortels car avec Compendio Esoterico Elettronico, vous entrez dans le monde des morts-vivants. Chaque note qui vibre provoque le malaise ("Homorphus", "Outro"), chaque son qui résonne évoque la peur ("Elettro sabba", "Potentissimis", "Noctua"). 
Derrière l'obscurité, Pandémonium existe donc réellement, cette ville où règnent Satan et ses pairs, le royaume des cérémonies occultes ("Albus diabolus", "Liturgica", "E cosi sia") et des rites ("Dada shining" "Rituale") dédiés au culte du diable blanc. Mais il y aussi une cantina, pas celle de Mos Eisley bien sûr, pourtant l'ambiance n'en est pas si éloignée. Incubes et succubes s'y trémoussent joyeusement ("Sommi spiriti") sur le dance floor.
Le projet musical porté par Albus Diabolus a le mérite de sortir des sentiers battus sans non plus être furieusement novateur. Car la base d'inspiration revendiquée par Samael est bien la synthwave des années 2010, elle-même héritée de la coldwave des années 80. Si l'on en restait là, votre serviteur serait sûrement au plus mal pour continuer cette chronique. Mais tout l'art de Samael et d'Elisa est justement de partir de ce susbstrat musical et d'y rajouter des doses de dark wave, de gothic ambient, d'electronic sounds et même de metal doom dans des proportions qui relèvent du secret d’alchimiste. Car si je prends les trois premiers morceaux qui ouvrent l'album mais aussi un peu plus loin "Elettro sabba", le résultat est absolument bluffant. Le concept atteint pour moi ses limites avec "Sommi spiriti" mais d'un autre côté il permet aussi des concrétions sonores inattendues comme "E cosi sia", "Noctua" et "Outro".
La manière de jongler entre ces différents genres musicaux, quand même très typés, est assez bien vu. Cette façon de perturber brusquement par des salves de guitares surpuissantes ou mieux par des montées orgasmiques d'orgue liturgique, ces atmosphères musicales d'un froid glacial, façonnées par des synthés et des boîtes à rythmes, donne des effets sonores assez saisissants.
Je ne sais pas si ce projet aura une suite mais ce qui est sûr, c'est que la collaboration entre Samael Von Martin et Elisa Montaldo, entamée avec Matera Clivis Imperat, entérinée avec Albus Diabolus, se révèle vraiment intéressante sur la durée. Le fait est que leurs univers musicaux se rejoignent, leur permettant ainsi d'aboutir à une complémentarité fructueuse mais aussi à une identité artistique commune qui pourrait être qualifiée de dark mood ésotérique. Alors, à quand un projet complètement axé Jacula/Antonius Rex ?

Le line up:
Il Diavolo (Samael Von Martin): chant lead, guitares, synthés, claviers, basse
Elisa Montaldo: chant, chœurs, claviers, synthés, programming, arrangements.
Simòn Fèrètro : guitare lead
Alessio Saglia : orgue d"église
Natalija Brankovic : récitante

La tracklist:
1. Albus Diabolus
2. Homorphus
3. Liturgica (en écoute en cliquant sur le titre)
4. Potentissimis
5. E Così Sia...
6. Dadashining
7. Elettro Sabba
8. Sommi Spiriti
9. Noctua
10. Rituale
11. Outro

Sortie prévue le 11 avril 2025 puis le 30 mai 2025 et une nouvelle fois reportée !

Label : My Kingdom Music

 


 

samedi 17 mai 2025

Paola Tagliaferro e La compagnia dell' Es : Il suono delle sfere - The sound of the spheres

Ces dernière années, Paola Tagliaferro a très souvent fait parler d'elle (en bien) en sortant des enregistrements rendant hommage aux chansons de Greg Lake. Mais Paola est avant tout une artiste complète à la spiritualité profonde. Pour mieux vous situer la dame, elle a ainsi collaboré avec Paul Roland, Paolo Tofani, Francesco Paolo Paladino, Claudio Milano, entre autres.
Cette fois, elle se propose de nous présenter un projet imaginé et construit sur le concept de l'ankh, la clé égyptienne antique qui représente la vie éternelle. Les textes, écrits par Paola, sont ainsi déclinés sur l'idée d'une approche du cosmos à travers ses pulsations et ses vibrations énergétiques. José Pulido est l'auteur des paroles de "Plutone". Quant à la poésie illustrant "Marte", elle est signée d'une de mes vieilles connaissances, Claudio Pozzani. Le tableau artistique est complété par une couverture allusive créée par une jeune illustratrice talentueuse, Fiamma Diletta Cremonese. Pour ce dessin, elle a pris pour base une photo de Paola pour en faire émerger une silhouette éthérée et puissante représentant la lumière du corps astral projetée vers les sphères célestes.
L'univers musical de Paola est fluide, calme et serein. Les pistes se succèdent avec une sensation d'harmonie permanente. La tonalité générale est très homogène tout en attribuant à chaque chanson sa propre personnalité avec parfois quelques surprises comme le symphonisme qui émane de "Pianeta degli anelli" ou encore l'orientation nettement jazzy appliquée à "Plutone". L'odyssée de Paola oscille entre le format chanson et l'influence d'un soft prog toujours amené par petites touches, "Mercurio" étant un bon exemple de cette manière de construire les morceaux avec, en l'espèce, de délicieuses sonorités de mellotron en arrière-plan. D'ailleurs, à l'écoute de l'album, on comprend que chaque musicien a su innover et apporter quelques traits d’originalité sur certaines parties. Ainsi Pier Gonella se fend d'un solo néo-baroque à la Malmsteen sur "Titani ghiacciati". Sur "Marte" qui détonne un peu avec un rythme plus affirmé et un chant beaucoup plus énergique de la part de Paola, le même Pier Gonella en profite pour délivrer un autre chorus dont il a le secret. Sur "Luna", c'est Luca Scherani qui illumine tout le morceau de ses synthés.
Dans Il suono delle sfere Paola se livre. La femme et l'artiste ne font qu'une. C'est sans doute pour cette raison que la sincérité de Paola transparaît à chaque instant de cet enregistrement. C'est aussi pour cela que sa musique a une âme qui confine même parfois à l'envoûtement comme sur "Giove". Dans tous les cas, c'est vraiment un moment de grâce que nous fait vivre Paola.
Ajoutons que l'album est présenté dans une édition bilingue Il Suono Delle Sfere / The Sound of the Spheres. Il sera déposé sur les plateformes digitales habituelle le 18 mai 2025 et il sera ensuite proposé en version CD à partir du 30 mai 2025 par BTF et Black Widow. 
 

La Compagnia dell’Es : Paola Tagliaferro (chant), Pier Gonella (guitares, basse), Luca Scherani (piano, claviers), Andrea Orlando (batterie).

La Tracklist :

  1. Ankh
  2. Luna
  3. Sole
  4. Mercurio
  5. Venere
  6. Marte
  7. Giove
  8. Titani ghiacciati
  9. Pianeta degli anelli
  10. Plutone

Label : OWL RECORDS

Voici les liens YT pour :

écouter l'album

voir la video de "Ankh, il viaggio"