mardi 31 octobre 2023

Mater a Clivis Imperat : Carmina Occulta (annonce/annuncio)


FR : ce 31 octobre 2023, en ce jour de Samhain (quelle coïncidence !), le deuxième album de Mater à Clivis Imperat - Carmina Occulta est enfin disponible dans les formats suivants : CD, LP et box Limited LP.
Pour toute information ou commande, écrivez à blackwidow@blackwidow.it .
"Samael von Martin est capable de donner forme musicale à ses « cauchemars » et de créer un univers artistique unique et envoûtant. Je suis heureuse d’en faire partie et d’avoir apporté ma contribution. Depuis l’époque de mon projet Le Temple des Sabliers, j’ai toujours essayé d’exprimer et d’interpréter l’obscurité. Dans l’obscurité se trouve souvent la lumière de la beauté" (Elisa Montaldo).

IT : Oggi 31 ottobre 2023, in questo giorno di Samhain (che coincidenza!), è disponibile il secondo lavoro dei Mater a Clivis Imperat - carmina Occulta nei seguenti formati : cd , lp e box Limited lp . Per informazioni o ordini scrivete a blackwidow@blackwidow.it .
"Samael von Martin è capace di dare forma musicale ai propri « incubi » e creare un universo artistico unico e ammaliante. Sono contenta di farne parte e aver dato il mio apporto. Fin dai tempi del mio progetto Il Tempio delle Clessidre ho sempre cercato di esprimere e interpretare l’oscurità. Nell’oscurità si trova spesso la luce della bellezza" (Elisa Montaldo).

Campagne Abonnés Followers

 

 

Bonjour, pour un raison qui m'échappe, tous les abonnés de mon blog ont soudainement disparus sauf...1. C'est presque un gag du 1er avril. Comme je n'ai pas la possibilité de contacter tout le monde (cela représente quand même plusieurs centaines de personnes), je vous remercie de bien vouloir vous remettre en follower. C'est simple, vous cliquez juste sur "s'abonner". Si vous avez un compte Gmail, çà va se faire tout seul. Un grand merci a tous.

Ciao, per qualche ragione che non capisco. Tutti i miei followers sono improvvisamente scomparsi tranne...1. È quasi uno scherzo. Dato che non ho la possibilità di contattare tutti (si tratta pur sempre di diverse centinaia di persone), vi prego di rimettervi in seguito. È semplice, basta cliccare su "abonnés". Se hai un account Gmail, questo sarà fatto da solo. Molte grazie a tutti.

lundi 23 octobre 2023

Le Orme ...and friends !


Bien, évacuons tout de suite l'histoire du coffret 3 CD. Le 2ème CD appelé "friends" (qui correspond au 2ème vinyle) présente une partie de titres (5) composés par Tony Pagliuca et une autre avec des versions plus ou moins anciennes de chansons (5) sur lesquelles on trouve des membres qui ont joué dans Le Orme (Tony Pagliuca, Tolo Marton, Francesco Sartori, Jimmy Spilateri) avec des exécutants variés. Bon à la rigueur pourquoi pas, il y a plusieurs titres sympas comme "Partire", "La mia Musica" (une chute de la via della seta ?), "The waiting" et surtout "Al mito orme", mais franchement l'intérêt de certains morceaux  dans un coffret estampillé Le Orme me paraît limité ("Prologo", "Valzette") voire hors sujet ("L'indeciso", "Adamo dove sei", "Fly fly my friends", "If I could go back"). Le 3ème CD (pas d'équivalent en vinyle cette fois) contient des titres de formations "amies". A part le fait que pour une bonne partie, ce sont des musiciens que j'apprécie, je ne vois carrément pas le rapport puisqu'il ne s'agit pas de chansons de Le Orme interprétées par ces groupes mais bien de morceaux apportés par eux et déjà connus de surcroît. Ah si, il y a un rapport ! Ce sont tous des groupes de l'écurie Ma.Ra.Cash. J'espère que vous suivez toujours car moi je m'y perds un peu. Nous en arrivons donc au CD 1 (ou au 1er vinyle) qui s'intitule Il Leone e la Bandiera. De là à en conclure qu'il s'agit de l'album principal, il n'y a pas de doute ! De là à supputer que le coffret 3 CD ou sa version double vinyle édition limitée ne sont que les deux facettes d'une opération marketing destinée à vendre le produit plus cher (28 euros pour le coffret 3 CD, 60 euros pour le double vinyle), il n' y a qu'un pas. A vous de juger. Moi je vais me concentrer sur l'histoire du drapeau de Venise qui arbore fièrement le Lion de la place Saint Marc symbole de la puissance et du rayonnement de la république vénitienne. 

L'écoute d'Il Leone e la Bandiera. démarre par une ouverture qui rassure sur la direction prise. C'est bien le son Le Orme que l'on entend et je dois avouer que cette introduction est plutôt dynamique. "Acqua di luna" permet de faire connaissance avec Luca Sparagna, le nouveau frontman du groupe. Sa voix est effectivement très proche de celle d'Aldo avec par contre moins de puissance. Mais la ressemblance reste troublante. Le morceau est beau et n'a clairement rien à envier aux chansons pop écrites par Aldo. "Ferro e fuoco" démarre sur un intrigant chorus d'orgue Hammond, la section rythmique entre rapidement en action et le groupe déroule ensuite jusqu'au chant de Luca qui passe en mode rocker. Étonnant mais très réussi. Les arabesques jouées au synthé par Michele Bon sont du pur Le Orme. Le Orme dans un exercice de hard swinguant, c'est pour le moins réjouissant. "Lucciole di Vetro" est une très belle chanson enlevée, sûrement une des perles de cet album qui peut sans honte rejoindre les grandes compositions romantiques d'Aldo. "L'alba della Partenza" est un croisement réussi entre le style Le Orme et celui d'E.L.P.. Il semble que Michele Bon se soit vraiment fait plaisir sur ce morceau. Imperceptiblement, au fil des pistes,  la voix de Luca Sparagna affirme sa personnalité ce qu'il confirme d'ailleurs également sur "Rosa dei Venti" avec sa ligne mélodique sublime reprise en fin de morceau par un chœur mixte le transformant en hymne. L'album se termine par l'énorme instrumental "Caigo" construit en forme de happening, titre dans lequel on distingue facilement la patte de Michele Bon qui rappelle ce qu'il avait apporté au groupe pour les albums Elementi et L'infinito. J'en profite pour décerner une mention spéciale à Luca Sparagna qui assure comme un chef et pas seulement sur cet album car pour l'avoir entendu en concert il fait vraiment le job avec classe. Et Dieu sait que remplacer dignement Aldo Tagliapietra à la fois à la guitare, à la basse et surtout au chant n'est pas un rôle facile. Luca Sparagna, lui, se hisse au niveau de son illustre prédécesseur sans problème !

Ce nouvel album de Le Orme est en fait excellent. Le meilleur pour moi depuis le départ d'Aldo en 2008, çà ne fait aucun doute car si La Via della seta (2011) était également très bon, il ne présentait pas le même niveau d’homogénéité que ce Il Leone e la Bandiera qui, en outre, n'a pas de moments faibles. Je ressens même une forme de régénération avec le sang neuf apporté par Luca Sparagna qui est, désolé de me répéter, la très belle surprise de ce disque. L'homme du match en quelque sorte ! Cet album se suffisait donc à lui-même. Alors quel besoin y avait-il de rajouter ces autres titres, franchement ?   

CD 1 : Il Leone e la Bandiera

1. Ouverture
2. Acqua di Luna
3. Ferro e Fuoco
4. Lucciole di Vetro
5. L'alba della Partenza
6. Rosa dei Venti
7. Caigo

CD 2 : Friends

(feat. Tony Pagliuca)
1. L'Indeciso
2. Partire
3. Adamo Dove Sei
4. Prologo
5. Fly Fly My Friends

(feat. Tolo Marton, Jimmy Spilateri, Francesco Sartori)
6. The Waiting
7. If I Could Go Back
8. Valzette
9. La mia Musica
10. Al Mito Orme

CD 3 : Ma.Ra.Cash team

1. Il Mio Capitano (The Trip)
2. Prog Garden Medley (Osanna)
3. The Mask (Mangala Vallis)
4. 21.12.12 (Mangala Vallis)
5. Tango Zoppo (Divae Project)
6. La Città Sotile (Divae Project + Gianni Nocenzi)
7. Just You and Me (Moongarden)
8. Lava Bollente
9. E Nata Una Stella (Sezione Frenante)
10. Sleeping Sand, Silent Cloud (Monkey Diet)
11. Salto nel Buio (Le folli arie)
12. Sirima (Tal Neunder)


jeudi 19 octobre 2023

Marco Leodori : Anima Naif (album + interview FR)


Mais qui est ce Marco Leodori qui nous propose cet album sorti de nulle part avec une aussi belle pochette et ses treize morceaux magnifiques faits d'un mélange de rock FM 24 carats et de prog classieux (je pense ici tout particulièrement aux trois instrumentaux et aux deux chansons interprétées en italien) ?
Le plus simple était  de poser quelques questions à Marco. Vous en saurez ainsi plus sur lui et sur sa musique en deuxième partie de cet article. 
En attendant, je peux déjà vous affirmer que vous pouvez écouter ce disque les yeux fermés (lien YT ici). Il a été fait avec le cœur, cela se sent, ou plutôt s'entend. Accessoirement, cet album est vraiment très bien foutu avec une succession de morceaux mélodiques, parfaitement arrangés, qui font mouche à chaque fois. Il me rappelle un peu, dans son ton d'ensemble (notamment pour les références aux années 80), celui du récent Planetarium de The Waking Sleeper Band que j'ai commenté il y a quelques jours dans ce même blog. En tout cas, avec Anima Naif on sent une grande expérience de musicien et un vrai savoir-faire. Étonnant pour quelqu'un qui a soixante deux ans et dont c'est le premier album. Je sais ! Mais heureusement qu'il arrive encore ce genre de petit miracle parce que c'est ce qui donne un sens à notre quête musicale à tous. 
 

La tracklist : 

  1. Empty blue skies
  2. A winter day dream
  3. Lonesome man
  4. Legends
  5. Guardando le stelle
  6. Look at your heart
  7. Come un gabbiano
  8. Unity
  9. La sorgente
  10. In the king's name
  11. Only one day
  12. Genesi
  13. Dream is over
 
Voici la liste des musiciens qui interviennent sur cet album. Vous pourrez constater que le monsieur a quelques relations dans le milieu du prog italien !
 
Alessandro Carmassi (Swappers Eleven, Neverland) : chant (1, 8, 13)
Alessandro Corvaglia (Quasar, La Maschera di Cera, Delirium) : chant (2, 3, 13)
Andrea Amici (Leviathan) : claviers (5)
Carlo Matteucci (Dancing Knights, Playing the History) : basse (1, 3, 4, 5, 7, 8 à 12)
Claudio Braccio : saxophone (1, 6, 7, 11)
Dario Hakim (Il Giardino Onirico) : ingénieur du son
Emanuele Brignola (6 Suoi Ex, Tiro Mancino, Max Gazzè, Daniele Silvestri) : basse (2,6)
Emanuele Telli (Il Giardino Onirico) : piano, claviers (1, 2, 5, 11)
Federica Leodori (Esordiente) : chant (6, 7, 9, 11)
Filippo Marcheggiani (Banco del Mutuo Soccorso) : guitares (2)
Giovanni Quilici (Naif) : piano, claviers (3 à 7, 10, 12, 13)
Guglielmo Mariotti (Taproban, La Bocca della verità, Fufluns) : basse (13)
Maria Teresa De Donatis : flûte (3, 4, 9, 10 à 12)
Marco Leodori (Naif, Alta Quota, Secret World) : piano, clavier
Massimo Moscatelli (Il Giardino Onirico) : batterie
Mauro Montobbio (Narrow Pass) :guitares, claviers (1 à 6, 8, 11 à 13)
Paolo Carnelli (Ellesmere) : claviers (2)
Roberta Petteruti (Aristocratica) : chant (5)
Stefano Avigliana (Il Giardino Onirico) : guitare (10)
Stefano Vicarelli (La Batteria) : claviers (2, 9)
 

 *** Interview avec Marco Leodori ***
 

Bonjour Marco, on parle de toi et de ton parcours artistique ?

Je suis né à Rome le 28 février 1961. Mon amour pour la musique remonte à mon enfance. À 15 ans, je commence à jouer de la guitare et je prend ensuite des leçons avec  le Maestro Riccardo Martinini. En 1979, je fonde avec Vittorio Lubatti, le groupe Naif et je commence à composer des morceaux intéressants. En 1983, je rejoins Alta Quota, un groupe avec lequel je me produis pour la première fois en public en présentant mes compositions. L’expérience dure deux ans. Entre-temps, je reprends du service avec Naif, qui devient un véritable groupe. S’ensuivent des années de concerts avec aussi la composition de nouvelles chansons en duo avec le pianiste Giovanni Quilici. Dans la seconde moitié des années 80, j'étudie la Théorie Musicale avec le Maître Franco Riva. Les Naifs restent ensemble jusqu’à l’été 1990. Après quoi il y aura une longue pause. En 1994, je rejoins le groupe Secret World, l’un des premiers cover band de Peter Gabriel au monde. Après deux ans, la formation s’arrête et se reforme à la fin de 1999 pour quelques concerts. Je continue ensuite à écrire des morceaux mais sans activité live. Fin 2000, début 2001, des démos sont enregistrées par une nouvelle incarnation de Naif. Mais le résultat n'est pas à la hauteur des espérances, les morceaux envoyés au Japon n'aboutissent pas. Pour revoir Naif en activité, il faudra attendre 2013, quand le groupe, réuni avec de nouveaux membres, jouera en tant que backing band d’Aldo Tagliapietra, jouant deux morceaux avec lui. Après cela, le long chemin pour Anima Naif commencera.

En quel format sort ton album ?

L’album est en numérique, bientôt en CD et peut-être en vinyle, mais ce n’est pas encore sûr. J’aimerais beaucoup, de toute façon.

Pourquoi avoir fait cet album Marco ?

Parce que je ne voulais pas que ma musique reste dans un tiroir. Il y avait un fort désir de la partager et de raconter mon histoire d’artiste.

Je suis l'élaboration de cet album depuis plusieurs années. Je croyais même que tu avais lâché l'affaire. Ça a été long !

Tout a été fait pendant mon temps libre, celui de Dario Hakim, l’ingénieur du son, et des musiciens impliqués. Entre les deux, il y a eu une longue pause pour cause de maladie (j’ai été très malade) et à cause de la pandémie. En tout, je crois que j’ai travaillé sur Anima Naif pendant 9 ans. Mais le projet et plusieurs morceaux remontent au début des années 80.

Tu as composé toute la musique ?

Toute la musique est de moi, ainsi que les textes des versions originales des chansons, puis nous avons traduit deux chansons et les textes anglais ont été écrits par Alessandro Carmassi qui les a également chantés.

Justement, pourquoi le chant en anglais sauf sur deux chansons ?

Parce que l’anglais est une langue plus contractée et plus facile à utiliser en musique. Ensuite, parce que, plus ou moins, tout le monde le comprend.

Il y a plusieurs chanteurs sur cet album ?

Oui, parce que je voulais le chanteur adapté pour chaque chanson. Le projet est réalisé par un soliste. Il n’y a pas de groupe. Je formerai un groupe s'il y a des demandes pour des concerts.On verra alors pour le chanteur.

J'ai le plaisir de constater que l'on retrouve notre ami commun Alessandro Corvaglia chante sur ton album. Quel plaisir de le retrouver ici !

Avec Alessandro, nous sommes frères en musique et au-delà. Nous nous sommes rencontrés il y a de nombreuses années, via Facebook, car nous avions des centre d'intérêts musicaux en commun. Cest le premier chanteur auquel j’ai pensé quand j’ai décidé de poursuivre le projet.

 Que signifie pour toi le titre de l’album ?

C ’est un hommage à mon groupe qui s’appelait Naif, mais c’est aussi que mon âme est vraiment naïve, naïve, colorée et très poétique.

Quelles sont les (groupes et les musiciens qui ont influencé la musique de ton album ?

Il y en a beaucoup. Je dirais la plupart des groupes que j’ai suivis depuis ma jeunesse. Si tu veux vraiment un nom parmi tous ces groupes, c'est Genesis, mais il y en a beaucoup d'autres, même Toto qui a été un peu prog.

Est-ce que c'est volontaire de ta part que les trois instruments (très beaux !) soient les pièces les plus longues ? Est-ce le côté prog de l'album pour contre-balancer les morceaux chantés qui sont les plus accessibles ?

Quand il s’agit de musique instrumentale, je ne me limite pas et mon imagination se déchaîne. De manière libre parce que la musique instrumentale n’a pas les contraintes d’une chanson. Je tiens beaucoup à ces trois morceaux. Surtout à "Genesi" qui, je crois, a été mon sommet créatif (NDT : je confirme !).

J’adore "Guardando le stelle" et "La Sorgente" qui sont les chansons en italien! avec la flûte. Çà marche toujours pour moi quand c’est bien écrit, ce qui est le cas Sinon, il y a de vrais "hits" potentiels sur ton album, comme "Unity" ou "Look at your heart" évidemment.

Oui, "Look at your heart" a un bon rythme et une mélodie accrocheuse. C'est un tube potentiel. Mais nous jouons à part, dans un championnat où il n'y a ni hits ni succès (rires)

Tu vas toujours à des concerts ?

J’en ai vu une infinité. Maintenant, j’ai ralenti à cause du Covid et parce que, comme je te l’ai dit j'ai eu de sérieux problèmes de santé. Les concerts à l’étranger ou dans des endroits très éloignés avec des heures et des heures d’attente, ne sont plus pour moi. Je ne m’éloigne plus tellement de la maison et je préfère les situations plus calmes, avec des places même chères mais numérotées, et avec une bonne visibilité. Je me suis embourgeoisé et j''ai vieilli (rires).

Alors Marco, tu nous fais un autre album bientôt ?

Peut-être que oui (rires). Je le confirmerai plus tard.

Tu nous dit un dernier mot Marco ?

Oui, si tu veux, plutôt une phrase pour toi et pour tes followers : "It is said that God himself is a musical note, the sound of which pervades the entire universe".







dimanche 15 octobre 2023

Monkey Diet : Ant Death Spiral

 

 Quand Daniele Piccinini, bassiste de son état, a quitté l'excellent groupe de jazz rock fusion Accordo Dei Contrari, il a souhaité aller vers quelque chose de plus ouvert musicalement. Pour cela il a été rejoint par le guitariste de PropheXy, Gabriele Martelli qui était dans la même démarche artistique. Le temps de récupérer Roberto Bernardi, le batteur éclair d'Altare Thotemico et l'équipe était au complet pour se lancer dans l'aventure Monkey Diet. Trois ans après sa formation, en 2017, le trio sortait son premier album (Inner Gobi) plutôt bien foutu, beaucoup moins marqué jazz rock qu'Accordo Dei Contrari, avec en prime une couverture très réussie, présentant une scène mêlant fantastique et horreur. 
 
Avec Ant Death Spiral, les musiciens de Bologne restent dans le même registre avec à nouveau, un certaine distance prise avec le jazz rock.  Et c'est tant mieux car ils proposent à nouveau une musique inventive qui se rattache beaucoup au post rock avec des ramifications abordant  plusieurs styles qui vont du rock psychédélique, au space rock musclé de "Ant Death Spiral", en passant par le heavy rock à la Jimi Hendrix avec la présence remarquée sur "Sleepin sand, silent cloud" d'Eric Gales, auteur d'une performance faramineuse dont il a le secret et qui apporte une teinte blues rock marquée dans cet album, la fin du morceau étant illuminée par les vocalises de Donella Del Monaco (Opus Avantra). On remarque aussi à plusieurs reprises des références explicites, que ce soit à King Crimson pour "Hungry Horace" ou à Ozric Tentacles pour "Marsquake" (Silas Wynne ne joue pas pour rien sur ce morceau !). La Ozric connexion semble d'ailleurs être une influence importante car la piste cachée qui vous attend après "Special Order 937" est spacey et floating ambient en diable !
Le groupe fait preuve d'une capacité à aller sur des développements aussi imprévisibles que convaincants, ce qui fait que d'un morceau à l'autre, l'auditeur se trouve embarquer à chaque fois dans une, voire plusieurs directions. Aucun risque de s'ennuyer donc, car pas une piste de ce disque ne ressemble à une autre. Pour un album de musique instrumentale, il faut également reconnaître que l'on évite quasi systématiquement les exercices de virtuosité stériles au profit de chorus bien construits, ce qui est le cas même sur "Raptus' qui reste le titre le plus démonstratif de ce disque et qui, accessoirement, permet à Gabriele Martelli de se distinguer par ses prouesses rythmiques.
J'ai mis à part "Special order 937" car pour moi cette piste est vraiment la pièce maîtresse de l'album, la plus originale et sans aucun doute la plus aboutie en ce qui concerne une fusion homogène et réussie entre le post rock et le rock progressif.

En résumé, il s'agit d'un disque solide, réalisé par des techniciens de très haut niveau, qui s'adresse à un public beaucoup plus large qu'il ne peut y paraître de prime abord. Vous l'avez compris, il s'agit d'un must de plus à ajouter à la déjà longue liste de tous les excellents albums sortis en RPI en 2023.

Musiciens invités sur l'album: Eric Gales (lead guitare, 3); Donella Del Monaco (voix, 3), Silas Neptune (synth.,4), Nicola Schelfi (vibraphone, 2), Riccardo Lolli (claviers, 6).

La tracklist :

  1. Hungry Horace
  2. Ant Death Spiral
  3. Sleeping sand, silent cloud
  4. Marsquake
  5. Raptus
  6. Special Order 937

 

Bandcamp du groupe : Monkey Diet

Label :  Black Widow Records 

jeudi 12 octobre 2023

Le Orme & friends

 

Je vous l'avais annoncé un peu en avance, il y a deux mois, voici la sortie, le 13 octobre 2023, chez Ma.Ra.Cash Records, du coffret 3 CD (ou double LP en vinyle) intitulé Le Orme & friends. 

Ce projet est né d’une idée d’Enrico Vesco, qui collabore avec Le Orme depuis le milieu des années 90. Il a réussi a associer Michi Dei Rossi et Tony Pagliuca (qui a officiellement quitté le groupe depuis trente ans) puis à réunir ensuite tous les musiciens qui ont participé à l’histoire musicale et artistique de Le Orme sauf...Aldo Tagliapietra, ce qui bien sûr terni un peu la beauté du projet. De ce fait, l’entreprise ne peut être considérée qu'à moitié satisfaisante.

Nous avons donc au choix :

- Une édition double LP vinyle, limitée et numérotée, de seulement 500 copies contenant uniquement des inédits du Le Orme actuel avec le revenant Tony Pagliuca, Tolo Marton (guitariste, présente sur Smogmagica en 1975), Germano Serafin (guitariste entre 1973 et 1980, décédé depuis), Francesco Sartori (dans le groupe jusqu’en 1997), Fabio Trentini (le remplaçant d'Aldo Tagliapietra de 2009 à 2018), Jimmy Spitaleri (le chanteur mythique de Metamorfosi et la voix de Le Orme en 2011 et 2012 notamment pour l'album La via della seta).

- Un triple Boxet CD édition limitée, numérotée, en 999 copîes comprenant le contenu des deux vinyles ainsi qu'un troisième CD regroupant les morceaux des "friends" et là il y à boire et à manger comme vous pourrez en juger par vous-même : Osanna et Lino Vairetti, The Trip de Pino Sinnone avec  Nico Di Palo, Divae Project avec Gianni Nocenzi, Mangala Vallis (Gigi Cavalli Cocchi, Bernardo Lanzetti, Roberto Tiranti), Moongarden, Alex Carpani, Monkey Diet, Sezione Frenante, Le Folli Arie, Tal Neunder.

Pour l'instant, je ne peux pas vous affirmer que je suis épaté outre mesure. Pour tout vous dire, depuis le départ d'Aldo Tagliapietra, à part l'album La Via della Seta qui tenait la route, toutes les sorties discographiques suivantes de Le Orme ont été franchement calamiteuses. Je ne suis donc pas franchement rassuré surtout après avoir écouté les deux premiers titres mis en ligne. On en reparle bientôt.

lundi 9 octobre 2023

Gleemen : Dove vanno le stelle quando vienne giorno ?

Gleemen est un très vieux groupe génois fondé par le guitariste Bambi Fossati. L'histoire est que la formation a en fait muée rapidement pour devenir le mythique Garybaldi. Ce changement de nom de groupe correspondait également aux aspirations plus progressives de Fossati et à sa volonté de se détacher ainsi d'un Gleemen trop marqué années soixante (cf. le 45 tours sorti en 1968 avec la reprise de "Lady Madonna"). Mais Gleemen n'a en fait jamais réellement disparu car les membres du groupe ont continué à se retrouver et à jouer épisodiquement entre eux, rejoints au cours des années par d'autres musiciens de la scène pop rock prog de Gênes. C'est ainsi qu'en 2013, un album est paru (Oltre...lontano, lontano) avec un Bambi Fossati bien mal en point dont ce fût une des dernières apparitions avant son décès en juin 2014. Depuis, à chaque fois que j'allais à Gênes, on me disait qu'un nouvel album pourrait se faire avec Marco Zoccheddu déjà présent en 2013 et accessoirement figure incontournable du rock génois (lui et Bambi Fossati ont toujours partagé et revendiqué une connexion avec Jimi Hendrix).  

La surprise est finalement arrivée dix ans plus tard avec ce Dove vanno le stelle quando vienne giorno. L'album démarre de manière étonnante avec une reprise des Beatles et pas n'importe laquelle puisqu'il s'agit de l'expérimental, psychédélique et pour tout dire lysergique "Tomorrow never knows". Mais l'idée se révèle finalement assez originale et donne un signe fort sur la couleur de la musique qui nous attend dans ce disque de cinquante cinq minutes. "Le Tue Dita al Buio" permet de retrouver les sonorités très seventies du groupe avec ces guitares acid-rock très en avant (il y a trois guitaristes dans le groupe !). D'ailleurs "La Mia Chitarra" parle aussi de guitare et il s'agit en plus d'un hommage à Bambi Fossati, le morceau ayant été écrit çà partir d'une série de riffs joués à l'origine par lui. " What I Want to Say" est un blues rock basique pris sur un tempo plutôt lent mais accompagné d'un sacrément bon refrain pop qui donne envie de chanter. Ce qui nous amène à la deuxième reprise des Beatles. Cette fois il s'agit du " Within You, Without You" de Georges Harrison. Les Gleemen ont trouvé amusant d'en faire une version psychédélique affublée d'une énorme basse. Le rendu est absolument bluffant. L'original apparaît d'un coup bien fragile au regard de cette performance heavy qui rapproche finalement plus le morceau de "Helter Skelter" ! La très belle chanson folk "Sulla Collina" permet de mettre en valeur la voix magnifique de Maurizio Cassinelli qui, outre le fait d'être le batteur du groupe, a toujours assuré le chant principal pour Gleemen (et Garybaldi) et honnêtement c'est un bonheur à chaque fois renouvelé de l'entendre. L'instrumental "Intolerance" est un bel exercice de hard rock pysché soutenu avec, en plein milieu du morceau, un décollage des guitares à tomber par terre. La piste dure six minutes et je peux vous dire que çà envoie. Le genre de titre qui, en live, fait headbanger les têtes des papys aux cheveux blancs (ben oui, il faut bien être lucide quand même !). Si vous pensez que vous en êtes quitte avec le côté rocker du groupe, vous allez vite être remis dans l'ambiance avec un "Diario di Un Dromedario" qui cache bien son jeu (je vous laisse la surprise à l'écoute). Je peux juste vous dire que quand Marco Zoccheddu quitte momentanément sa guitare électrique pour l'orgue Hammond, il ne rigole pas. "Dove Vanno Le Stelle?" Où vont les étoiles (...quand le jour se lève). Le côté poétique de cette question se retrouve dans ce beau morceau gorgé de synthés et de programmations qui pourrait presque passer pour un titre inspiré de Steve Hackett (je sais, je provoque un peu là !) avec en sus un gros effet de vibrato chorus omniprésent et surtout très typé fourni par la pédale Marshall de Mauro Culotta. Des rocks comme "Facili Illusioni", Gleemen en a pondu plusieurs, c'est d'ailleurs une des marques de fabrique du groupe mais çà fait à chaque fois son effet surtout quand Marco Zoccheddu (encore lui) envoie la sauce sans prévenir. Des chansons comme "Ragazze di Giorno, Ragazze di Sera", Gleemen en a aussi enregistrées plusieurs et celle là a pour elle de finir l'album sur une note délicate. Peut être l'occasion aussi pour vous de noter (si vous ne l'aviez pas déjà remarqué) la parenté troublante de la voix de Maurizio Cassinelli avec celle de John Lennon. Un mot enfin pour Alesssandro Paolini qui remplace Angelo Traverso à la basse. Non seulement il fait très bien le job mais son rôle dans le groupe se révèle aujourd'hui précieux (il était déjà sur l’album de 2013 et sur les récents Garybaldi).

En 2023, il est évident que le groupe Gleemen a son avenir derrière lui et qu'un album comme celui là permet à ses membres de jouer la musique qu'ils aiment depuis toujours avec au passage un niveau technique que beaucoup pourraient leur envier. C'est donc un album plaisir pour eux mais aussi pour nous avec des caisses pleines à ras bord de moments jouissifs. Là est l'essentiel ! 

Le groupe : Mauro Culotta (guitares), Marco Zoccheddu (guitares, claviers, orgue Hammond), Maurizio Cassinelli (batterie, chant lead), Alessandro Paolini (basse, contrebasse, programmation, synthé, chœurs), Giampaolo Casu (guitares, chœurs)

 Tracklist :

1. Tomorrow Never Knows
2. Le Tue Dita al Buio
3. La Mia Chitarra
4. What I Want to Say
5. Within You, Without You
6. Sulla Collina
7. Intolerance
8. Diario di Un Dromedario
9. Dove Vanno Le Stelle?
10. Facili Illusioni (bonus)
11. Ragazze di Giorno, Ragazze di Sera (bonus)


Label :  Black Widow Records


jeudi 5 octobre 2023

Sfaratthons : Odi et amo (trad. it)


Quattro anni dopo l'album Appunti di Viaggio, il gruppo sinfonico italiano Sfaratthons pubblica il suo nuovo album, il terzo, in gran parte concepito durante la recente pandemia, Odi e Amo (questo è il suo nome) comprende sette nuovi brani tra cui cinque mini-suite di oltre otto minuti, secondo la tradizione di un certo rock progressivo e il risultato è all'altezza delle ambizioni dei suoi membri.
L'album inizia con lo squisito brano strumentale omonimo con un'atmosfera celestiale e delicata: una trama intrecciata da un pianoforte, un Mellotron e persino un Moog con il flauto rotante dell'ospite, l'inglese Geoff Warren, già presente negli altri due album e che aveva accompagnato la band sul palco del teatro Ariston a Sanremo nel 2020. Per darvi un'idea, Geoff Warren è un amico di John Marshall e Roy Babbington tra gli altri. Con "Odi e Amo" non si può sognare un inizio migliore per entrare nell'atmosfera.
"La donna Amata" conferma che c'è una sonorità propria di questo album che si immerge lontano nella storia del rock progressivo italiano. Pensate a Errata Corrige, Alusa Fallax, Murple, Delirium, Quella Vecchia Locanda e altri. La lunga introduzione è al tempo stesso evocativa di un passato nostalgico e generatrice di piacevoli sensazioni. Questa musica è amichevole e perfettamente pacifica. Il canto evoca un po' la band italiana Eneide. Il tono su "Maddalena" si fa più cupo. Si capisce che la donna evocata qui ha sofferto durante la sua vita. Il flauto viene a portare una luce salutare e gli altri strumenti si mettono in sintonia mentre un organo liturgico viene a scurire di nuovo il cielo. Questa sequenza di quasi nove minuti è davvero molto bella.
Non c'è bisogno di molte spiegazioni per capire che "Saffo" è dedicata alla poetessa. L'introduzione vede la melodia che cerca di farsi strada tra le percussioni dissonanti. Il canto è qui sussurrato. Il sassofono di Sabatino Matteucci illumina più volte il brano emanando molta malinconia. Il ponte centrale, chiaramente sinfonico, è un grande successo. La seconda parte della traccia è molto più potente e diventa davvero coinvolgente all'ultimo minuto.
Il titolo "Zarina" ha la particolarità di essere stato composto dal flautista Geoff Warren. Il tono generale rimane lo stesso, molto classico e irrefrenabilmente malinconico. Si tratta di una vera e propria canzone con testi scritti da Pietro Lugli. Artisti quali Jumbo e Alvaro Fella non sono lontani. La parte centrale vi confermerà questa impressione. È espressivo, è vivo, è italiano!
Il gruppo riferisce che "Ti dono una canzone" è stato composto a distanza durante questo sfortunato periodo di pandemia. La canzone ringrazia i caregivers e si sente molto rispetto e affetto nel tono.
L'ultima traccia dell'album è una reinterpretazione libera del tema ricorrente della canzone. Le improvvisazioni suonate con il flauto, le voci lontane, i gocciolamenti di note filtrate da diversi effetti (eco, Flanger, delay) lo rendono un momento libero vicino a una forma d'avanguardia innocua.
Non ho alcun dubbio ad affermare che questo album, dal quale traspare una grande serenità, è buono quanto i due precedenti. con qualcosa in più, probabilmente qui il flauto di Geoff Warren diventa onnipresente e imperioso. Vi avverto: ascoltando questo disco, accettate di fare un salto all'indietro; a me ha fatto molto bene !

Il gruppo Giovanni Di Nunzio (chant lead, guitares), Cecilio Luciano (batterie), Luca Di Nunzio (claviers, guitares, chant), Giovanni Casciato (guitares), Mario Di Nunzio (basse)

Ospiti : Geoff Warren (flûte)

Tracklist :

1. Odi et Amo
2. La donna Amata
3. Maddalena
4. Saffo
5. Zarina
6. Ti dono una Canzone
7. Odi et Amo (Closing session)



Sfaratthons : Odi et amo


Quatre ans après l’album Appunti di viaggio, le vieux groupe italien de prog symphonique Sfaratthons, ressuscité depuis maintenant douze ans,  publie son nouvel effort, le troisième, en grande partie conçu pendant la récente pandémie, donc en 2020 avec une période d'enregistrement qui s'est prolongée jusqu'en 2022. D'où sa sortie uniquement maintenant. Odi et amo (c'est son nom) comprend sept nouveaux morceaux dont cinq mini-suites de plus de huit minutes, cédant ainsi à la tradition d'un certain rock progressif qui revendique des développements à rallonge pour se distinguer. Des fois l'effort est vain et parfois çà fonctionne. Avec Sfaratthons le résultat est à la hauteur des ambitions de ses membres.
L’album démarre avec l'exquis instrumental éponyme duquel se dégage une atmosphère céleste et délicate  portée par une trame tissée par un piano, un Mellotron et même un Moog avec déjà la flûte virevoltante de l'invité de choix de cet album, l'anglais Geoff Warren déjà présent sur les deux autres albums et qui avait accompagné le groupe sur la scène du théâtre Ariston à Sanremo en 2020. Pour vous donner une idée, Geoff Warren est un compère hanituel de John Marshall et Roy Babbington entre autres. Avec "Odi et amo", on ne peut pas rêver de meilleur opener pour se mettre dans l'ambiance.
"La donna Amata" confirme qu'il y a bien une sonorité propre à cet album qui plonge loin dans l'histoire du rock progressif italien. Celui qui s’accommodait sans problème des citations classiques liées à un langage pop mâtiné de jazz. Vous pensez à Errata Corrige, Alusa Fallax, Murple, Delirium, Quella Vecchia Locanda et autres. Moi aussi ! La longue introduction est à la fois évocatrice d'un passé nostalgique et génératrice de sensations agréables. Cette musique est amicale et parfaitement pacifique. Le chant évoque un peu Eneide en moins rugueux heureusement. Le ton sur "Maddalena" est plus grave et le climat est nettement dépressif. On comprend que la femme évoquée ici a souffert durant sa vie. Heureusement la flûte vient apporter l'éclaircie salutaire et les autres instrument se mettent au diapason le temps qu'un orgue liturgique vienne à nouveau assombrir le ciel. Cette séquence de presque neuf minutes est vraiment très belle.
Pas besoin de beaucoup d’explications pour comprendre que "Saffo" est dédiée à la poétesse hellène. L'introduction est torturée et la mélodie a du mal à se frayer un chemin au milieu de percussions dissonantes. Le chant est ici susurré plus que réellement affirmé. Le saxophone de Sabatino Matteucci illumine à plusieurs reprises le morceau duquel émane une grande tristesse et beaucoup de mélancolie. Le pont central, clairement symphonique, est une grande réussite. La deuxième partie de la piste est beaucoup plus puissante et devient réellement prenante sur la dernière minute. 
Le titre "Zarina" a la particularité d'avoir été composé par le flûtiste Geoff Warren. Le ton général reste le même, très classique et irrépressiblement mélancolique. Il s'agit d'une vraie chanson avec des paroles écrites par Pietro Lugli. Jumbo et Alvaro Fella ne sont pas loin. La partie centrale vous confirmera d'ailleurs cette impression. C'est expressif, c'est vivant, c'est italien !
Le groupe indique que "Ti dono una Canzone" a été composé à distance pendant cette malheureuse période de pandémie. La chanson remercie les soignants et on sent beaucoup de respect et d'affection dans le ton. 
La dernière piste de l’album est une réinterprétation libre du thème récurrent de la chanson-titre. Les improvisations jouées à la flûte, les voix lointaines, les ruissellements de notes filtrées par différents effets (écho, flanger, delay) en font un moment free proche d'une forme d'avant-garde inoffensive. 

Je n'ai pas beaucoup de doute à affirmer que cet album, duquel il se dégage une grande sérénité, est aussi bon que ses deux prédécesseurs. avec un truc en plus, probablement ici la flûte de Geoff Warren à la fois omniprésente et impériale. Je vous préviens également : en écoutant ce disque, vous acceptez d'intégrer un processus régressif. Moi, honnêtement çà m'a plutôt fait du bien. 

 Le groupe :  Giovanni Di Nunzio (chant lead, guitares), Cecilio Luciano (batterie), Luca Di Nunzio (claviers, guitares, chant), Giovanni Casciato (guitares), Mario Di Nunzio (basse)

Invité : Geoff Warren (flûte)

 La tracklist :

1. Odi et Amo
2. La donna Amata
3. Maddalena
4. Saffo
5. Zarina
6. Ti dono una Canzone
7. Odi et Amo (Closing session)



lundi 2 octobre 2023

Sophya Baccini : Animatesi

Vous avez aimé Sophya Baccini avec Aradia pour le magnifique Runnin' with the Wolves ? Oui bien sûr, alors je vous invite à une autre rencontre, cette fois intimiste, avec la chanteuse à l'occasion d'un album, Animatesi, qui est sorti en 2022. Et en même temps, je vous propose de mieux connaître Sophya Baccini.(*).

Avec Animatesi, Sophya revient à la source : ses premières années d'études en tant que pianiste et chanteuse, les bases de ce qui lui a permis de se construire artistiquement. "J’ai commencé le piano quand j’avais cinq ans. Mon père, qui avait été ténor dans sa jeunesse, m’a fait étudier parce qu’il s’était rendu compte que nous partagions la même passion. J’ai continué pendant une dizaine d’années, puis j’ai commencé à m’accompagner avec ma voix et je suis allée étudier le chant chez le même maître que mon père. Ce furent des années merveilleuses pour moi, chaque jour était une découverte. J’écoutais de tout, de l’opéra au rock en passant par les compositeurs italiens et étrangers. C’est là que j’ai décidé que la musique serait ma vie, et c’est certainement à partir de cette période que sont nées les bases de toute ma production, à la fois avec Presence et avec mes albums solo".

Sophya a bien sûr composé toute la musique alors que les paroles de plusieurs chansons ont été écrites par la poétesse Viviana Pernetti. Pour servir ses dix compositions, elle a choisi avec soin le piano et le studio d'enregistrement qui devaient lui permettre d'obtenir les sonorités et le rendu phonique qu'elle avait en tête. 

Elle s'est alors retrouvé seule face au clavier de son piano avec la sensation de vivre une nouvelle expérience qu'elle a vite transformée en un défi personnel motivant et même carrément enthousiasmant selon ses dires. Là, il est important de s’arrêter un moment pour comprendre ce que Sophya a voulu réaliser. je la cite "je reviens avec cet album à mon amour premier "piano et voix. C'est un disque sans filet, sans excuse et sans alibi. J'y ai mis toute mon âme". 

La couverture est une allégorie de ce qu'est la musique d'aujourd'hui vue par Sophya. Je la laisse une nouvelle fois exprimer ce qu'elle a voulu faire passer comme message : " Sur l’image, je suis allongée sur le piano, la tête renversée sur les touches tandis qu’un vampire en costume noir et blanc me suce le sang du cou. De l’autre côté, il y a une fille, qui ignore la tragédie qui se déroule sous ses yeux. Elle regarde fixement sur une tablette. C’est une image de ce que je pense que vit notre scène musicale actuelle. La musique se sacrifie en donnant même son sang, mais les nouvelles générations sont distraites par de fausses technologies - regardez l’usage immodéré de l’autotune et des bases électroniques - et elles n’ont aucun moyen de s’en rendre compte. C’est aussi pour cette raison que j’ai décidé de réaliser ce travail : un disque avec de vrais sons, avec un instrument réel, enregistré en direct, avec la seule aide de quelques réverbérations un peu plus sophistiquées où il faut".

Dans la récente recension au sujet de Runnin' with the Wolves je vous parlais d'un album somptueux dans lequel Sophya Baccini exprimait toute l'étendue de son talent. Avec Animatesi vous avez la grâce en plus ! Bis repetita placent.

(*) Les citations de Sophya sont extraites d'une interview donnée le 5 juillet 2023 à Giuseppe Felice Cassatella pour le compte du site Il Raglio del Mulo. 

La tracklist :

  1. C'era la luna
  2. Animatesi
  3. Non vale una guerra
  4. Angelica
  5. Jimmy
  6. Dylan and Joan
  7. Allodola
  8. Lamed
  9. Baruc
  10. Ponente

 Label :  Black Widow Records


dimanche 1 octobre 2023

Sophya Baccini's Aradia : Runnin' with the Wolves

Il y a un peu plus d'un an, rencontre à Gênes avec Sophya. Je lui dis que le temps est long depuis le dernier album d'Aradia, sorti en 2013 (Big Red Dragon) et que j'aimerai bien entendre sa voix sur de nouveaux morceaux. Sophya me dit que le nouvel album est en route et elle me donne gentiment un scoop avec son titre, Runnin' with the Wolves, qui ne manque pas de m'intriguer. Le 5 août 2023, nous y voilà enfin avec la présentation officielle de Runnin' with the Wolves au Porto Antico ProgFest.

L'occasion pour Sophya de présenter sa nouvelle équipe d'amazones, puisqu'à part la fidèle Marilena Striano aux claviers, déjà présente sur Big Red Dragon en 2009 et qui a assuré depuis toutes les prestations live d'Aradia, le reste de la formation a été entièrement renouvelée.

Évidemment question visuel, entre la pochette ambiance dark gothic et les photos des musiciennes, çà en jette. Mais les fans de prog que nous sommes ne s'arrêtent pas à ces considérations esthétiques. Le contenu musical constitue bien sûr l'intérêt premier de cet album.
Je vous rassure la direction artistique que prend ce disque, dès l'imposant et grandiose opener "Runnin' with the Wolves", est conforme à ce que l'on peut attendre d'une artiste du niveau de Sophya Baccini. On retrouve tout au long des sept pistes de Runnin' with the wolves ce qui fait la signature sonore de la Napolitaine. Je parle ici de compositions amples alliant le meilleur du classique mis au service de morceaux pop rock prog. Le style de Sophya Baccini's Aradia, immédiatement reconnaissable, est particulier car il représente bien sûr son univers personnel mais il est aussi unique pour une bonne et simple raison : la voix de Sophya elle-même. Sophya Baccini c'est un chant à la fois expressif et puissant, chaud et altier, juste jusque dans ces intonations. Ecoutez "Ordalia", sûrement le morceau le plus sombre de cet album, pour bien comprendre ce que représente cette voix.
Je vous laisse découvrir et savourer cet opus mais je peux vous dire que LA Sophya s'est ici surpassée. On touche régulièrement au sublime et pas seulement sur "Never" qui pourra vous évoquer Renaissance ou encore sur "Continua" qui est un véritable tour de force stylistique, une mini suite prog baroque de plus de neuf minutes comme je n'en ai pas entendue depuis très longtemps. Je pourrais aussi vous parler longtemps de "Gargantua" qui reprend la recette de "Continua", alliant inspiration classique et développements prog , mais en y ajoutant cette fois une très jolie mélodie aux accents slaves, avec aussi sur la deuxième partie du titre ce qu'il faut d'énergie rock pour en faire un autre must de cet album qui se termine avec une chanson presque intimiste, "Sleepin' with the Lioness", qui me fait penser à Kate Bush.  L'originalité, si originalité il y a, outre la présence récurrente d'un saxo, vient du morceau 'La Mia Soluzione' sur lequel Sophya adopte à plusieurs reprises un phrasé qui utilise une ponctuation rythmique très particulière (pour tout dire hachée).  

Runnin' with the Wolves est ce que j'appelle une offrande. Sophya Baccini nous fait un très beau cadeau avec cet album somptueux qui fait jeu égal avec Big Red Dragon et qui vient confirmer, si besoin était, le talent rare de Sophya Baccini dans un microcosme prog qui cède trop souvent et depuis trop longtemps à la facilité. Avec Runnin' with the Wolves on est clairement dans l'univers sélect de la haute couture.


Le groupe : Sophya Baccini (chant, piano), Marilena Striano (piano, synthés, chœurs), Francesca Masucci (violon), Sonia Scialanca (guitares, sax alto, chœurs), Anais Noir (basse, chœurs), Chiara Cotugno (batterie, chœurs)

 

La trackist :

1. Runnin' with the Wolves
2. La Mia Soluzione
3. Ordalia
4. Never
5. Continua
6. Gargantua
7. Sleepin' with the Lioness

Label :  Black Widow Records